LA SECTION BELGE
CONCLUSIONS
Point n'est besoin de terminer cette description analytique de la Section belge par de longues conclusions. Celles-ci ont été formulées dans chaque chapitre au fur et à mesure de l'examen des matières exposées. Pour chaque branche de notre activité nationale, elles ont surgi tout naturellement de nos observations sur la valeur des produits présentés et sur l'effort accompli par nos exposants. Cet exposé, complet dans toutes ses parties, ne pourrait se résumer en quelques lignes. Nous nous bornerons à exprimer ici quelques considérations générales concernant l'ensemble de la participation.
On remarquera que l'étude qui précède a porté exclusivement sur les participations dont l'objet était compris dans les classes 1 à 27 du Programme général. C'est dans des chapitres ultérieurs que nous aurons l'occasion de rappeler la part prise par nos compatriotes aux expositions d'art et, en général, à toutes les manifestations d'apparat de l'Exposition.
Il n'a pas été possible de citer tous les exposants: ceux-ci étaient trop nombreux. En outre, ils présentaient des produits tellement variés que, pour être complet, il aurait bien souvent fallu mentionner la même firme deux ou trois fois de suite dans une seule notice au fur et à mesure que les spécialités relatives à chaque classe étaient analysées. D'une manière générale, nous avons seulement signalé les participants dont le matériel était nettement caractéristique. A ce sujet, nous rappellerons que tous les exposants récompensés par le Jury international sont repris au Palmarès général alphabétique inséré en appendice au rapport du Jury supérieur (voir 3 partie).
En ce qui concerne le thème fondamental, nous avons constaté que d'une manière plus ou moins complète, il fut soigneusement suivi dans toute la Section belge. Bien entendu, l'effort ne fut pas égal partout. C'est ainsi que nous avons pu observer que dans certaines classes on s'écarta quelque peu du programme en montrant davantage les produits finis plutôt que le rôle technique spécial de l'eau dans la fabrication.
Ces cas exceptionnels mis à part, il faut reconnaître que la Section belge de l'Exposition de Liège 1939 fut en tout point une révélation. Particulièrement par rapport au rôle de l'eau dans l'économie nationale, le public ne pouvait se douter du nombre et de l'importance des activités scientifiques, techniques et industrielles dans lesquelles cet élément intervient. Sans doute, ne s'attendait-il pas à trouver à l'Exposition tant d'exposants belges et parmi les firmes les plus considérables du pays.
Les méthodes de présentation furent bien différentes d'un palais à l'autre, d'une classe à une autre.
En général, les exposants belges avaient fait preuve d'une grande discipline. La présentation était partout ordonnée: on avait volontiers suivi les recommandations des architectes responsables de l'aménagement intérieur. On n'avait pas cherché à attirer l'attention du visiteur par des stands d'allure trop singulière, voire trop fantaisiste. Une tactique de ce genre, en opposition avec le caractère essentiellement didactique d'une exposition, ne semble plus guère tenter les exposants. Cela marque un progrès certain dont la signification apparaîtra encore davantage dans les expositions futures.
On alla même plus loin. On remarquait en effet une tendance caractérisée vers une coordination volontaire de la part des exposants en ce qui concerne le produit exposé lui-même. L'exemple le plus frappant était celui du Palais du Génie Civil. Non seulement les exposants s'y étaient mis d'accord en vue de l'aménagement collectif des stands, mais encore ils s'étaient concertés sur la matière même à présenter. Ils réalisèrent ainsi un ensemble parfaitement homogène et complet où les doubles emplois ne risquaient pas de fatiguer et de décourager le visiteur. Le rendement de chaque participation en fut sensiblement amélioré.
Un résultat semblable a été atteint chaque fois que l'exposition d'une classe ou d'un groupe de classes était agglomérée autour de la participation officielle d'un service public. Cette dernière participation formait un noyau central autour duquel venaient se greffer les présentations individuelles des industriels intéressés. L'accord se réalisait d'autant plus facilement que l'initiative et la direction de l'ensemble étaient prises par les délégués du service public en question.
Dans plusieurs cas (par exemple au stand « L'Eau et la Défense Nationale » à la classe 24), une pareille collaboration amena la disparition complète du stand individuel. Ces réalisations nous mirent en présence de concours presque totalement désintéressés d'industriels qui n'intervenaient plus que comme « prêteurs de matériel ». La présentation était laissée au soin du comité organisateur qui employait les objets au mieux en vue d'une démonstration d'ensemble sur un thème bien déterminé. Une petite enseigne rappelait discrètement le nom du producteur. Les ensembles de ce genre, de plus en plus nombreux dans les expositions, offrent le grand avantage de mieux intéresser le visiteur en le documentant d'une façon complète et systématique.
Le stand individuel ne peut évidemment disparaître tout à fait car les industriels y trouvent bien souvent un intérêt commercial direct. Mais la formule qui nous semble digne d'être généralisée est celle du noyau central à créer au sein de chaque classe, dans un but didactique d'abord, et puis, au bénéfice des exposants, pour la défense efficace de leurs intérêts professionnels. Autour de ce noyau, se grouperaient alors les participations personnelles.
Au sujet des palais, d'une façon générale ceux-ci étaient pourvus d'une décoration assez sobre, et cela convenait au caractère technique du Programme. D'autre part, en raison du temps limité dont ils disposaient, les organisateurs firent établir la plupart des constructions dans les dimensions moyennes de 2 à 3.000 mètres carrés. Par la suite, cela gêna quelque peu le lotissement général de la Section. En effet, le manque de correspondance entre la superficie des palais et la place exigée par chaque groupe d'exposants, fit que certaines classes chevauchaient sur deux ou trois palais, tandis que d'autres étaient groupées ensemble alors que les matières traitées étaient parfois différentes l'une de l'autre.
Dans le même ordre d'idées, signalons aussi - et ceci est un défaut commun à de nombreuses expositions - que la hauteur libre intérieure était parfois importante. Or, beaucoup d'éléments de la technique publicitaire moderne (maquettes, dioramas, etc.) s'accommodent mal des grands vides qui s'étendent au-dessus d'eux. Les organisateurs de l'Exposition de Liège furent attentifs à ces détails. Toutes leurs réalisations prouvent qu'ils eurent le plus grand soin à tirer profit des expériences des expositions antérieures où des défauts de ce genre furent maintes fois signalés. S'ils ne purent toujours les éviter, c'est sans aucun doute à cause de circonstances particulières.
Enfin, que dire de la valeur des participations?
Nous donnons à la suite, en deux tableaux, les statistiques des récompenses décernées par le Jury international aux exposants belges et à leurs collaborateurs. Dans l'ensemble, les exposants d'ordre public remportèrent 93 % de récompenses de premières catégories (Grand Prix, Diplôme d'Honneur ou Médaille d'Or), tandis que pour les exposants privés ce pourcentage se limita à 49.
A première vue, ce dernier chiffre pourrait sembler un peu faible. A ce sujet, ne perdons pas de vue que la Belgique, pays invitant, ne pouvait se permettre de faire une sélection aussi sévère que la plupart des pays étrangers. Par la force même des choses, elle était dans l'obligation de meubler des palais dont la surface, toutes proportions gardées, était en dehors de toute comparaison possible avec celle occupée par les autres nations.
Si la qualité fut parfois sacrifiée au bénéfice du nombre, il est réconfortant de constater que dans les classes les plus importantes, le palmarès belge affiche des pourcentages de hautes récompenses bien supérieurs à la moyenne générale. On y dépasse souvent les 60 %, ce qui est remarquable.
Dans l'ensemble, il n'est pas exagéré de dire que la Section belge de l'Exposition de Liège 1939 a dépassé les espérances des plus optimistes. Dans cette compétition internationale, que le caractère technique du programme rendait bien ardue, notre pays a fait très bonne figure. Sur une surface de l'ordre de 70.000 mètres carrés, nos quelque quinze cents exposants ont rivalisé d'adresse et de goût pour mettre en valeur les produits de notre activité nationale. Les initiatives louables furent nombreuses aucun effort n'avait été ménagé.
Pour l'avenir, ce qui importe ce sont les leçons à tirer de cette épreuve. Au cours de notre exposé, nous les avons formulées au fur et à mesure qu'elles nous étaient suggérées par l'examen des participations. Elles sont riches de promesses, car nous croyons bien que nos compatriotes en tireront le meilleur profit, au bénéfice de notre prospérité et de notre grandeur nationales.