LA SECTION BELGE
CHAPITRE VIII
LA CLASSE 27
SECTION A. - LA MODE
Dans un chapitre préliminaire traitant de l'architecture à l'Exposition, nous avons eu l'occasion d'évoquer comme il convient le Lido, ce prestigieux centre d'attraction dont tous les visiteurs auront gardé le souvenir le plus agréable.
Nous y faisons à nouveau allusion ici, parce que nous devons rendre compte de la participation des industries belges de la parure et du camping occupant une partie de la grande rotonde qui dominait majestueusement ce vaste ensemble. Nous ne nous y attarderons pas outre mesure car cette section n'entrait pas directement dans le cadre du Programme général. Quelques objets, il est vrai, présentaient une certaine relation avec le thème de l'eau, la plupart cependant n'avaient aucun rapport avec celui-ci. Mais le Lido, centre d'élégance et de mondanité, sorte d'oasis de fraîcheur et de lumière, convenait mal à la présentation des éléments techniques, quelquefois un peu arides, constituant le leitmotiv de l'Exposition. C'est tout naturellement que l'on fut amené à y aménager, en marge de la Classification générale, une section spéciale intitulée « Parure et Plein Air ».
Le matériel de camping et les produits de parfumerie se partageaient le rez-de-chaussée de cette rotonde. Le visiteur y trouvait du charme et de la couleur les tons chatoyants, les formes gracieuses des parasols, des tentes, des fauteuils de plage, du mobilier et du matériel de camping créaient une atmosphère attrayante. Les grands spécialistes du pays y figuraient Parasolerie Franco-Belge, Usines Belisia, Usines Torck, Van den Bossche Frères. On remarquait particulièrement une belle roulotte admirablement aménagée par la Maison Herck.
Appuyées contre une des parois, dans un décor de contes de fées, s'alignaient les élégantes vitrines de nos parfumeurs et fabricants de produits de beauté, groupés à l'initiative de leur Chambre syndicale.
Le premier étage était occupé par les industries du vêtement et des accessoires de la mode. Le vaste hémicycle aux lignes sobres et harmonieuses abritait une trentaine de vitrines dans lesquelles les produits les plus divers de ces industries étaient mis en valeur. Il nous est impossible de dénombrer la grande diversité d'articles exposés. Chaque branche était représentée par les premières maisons du pays. Au centre, un exposant avait drapé une immense colonne des tissus les plus riches et, sur les côtés, trois stands muraux complétaient cet ensemble qui, faut-il l'ajouter, était agréablement fleuri. Les industries de la parure y faisaient une vivante démonstration de leur activité et de leur vitalité.
La section « Parure et Plein Air » eut le succès mérité: elle retint et intéressa le public. Et c'est tout à l'honneur de ses organisateurs qui la mirent sur pied en un laps de temps relativement court.
SECTION B. - LE MATÉRIEL SPORTIF
Faisant corps avec le Pavillon de la Pêche (n° 29), le Palais n° 28 de la Section belge fut réservé au matériel des Sports nautiques. On y réalisa un ensemble heureux de tous les genres d'embarcations sportives avec les accessoires concernant spécialement les sports de l'eau. Les hors-bords, canoës et avirons voisinaient avec d'autres petits bateaux de course et de plaisance. La décoration intérieure fut particulièrement soignée. Des peintures murales de fort belle allure, à la gloire des sports nautiques, faisaient tout le tour du hall.
Si cette participation connut la réussite, il faut cependant signaler que, pour arriver à un ensemble quelque peu complet, il fallut faire assez largement appel aux produits étrangers. La production nationale, déficitaire dans le domaine des embarcations sportives, n'était guère représentée que par des objets accessoires.
C'est ainsi que quelques exposants belges présentaient des collections très complètes et de bonne facture de coupes et de trophées sportifs (Quintin, Bruno Wiskemann, Wolfers), de médailles, breloques et insignes (Fisch, Fonson), de montres et chronographes de sport (Kinsbergen), de certains articles publicitaires (affiches de l'Imprimerie Bénard), etc.
Il convient d'ajouter qu'une partie des objets se rapportant à la matière considérée étaient groupés avec les articles de la mode, au Lido. Il en était ainsi, par exemple, du matériel de camping et de plein air qui attira vivement l'attention il vient du reste d'en être parlé dans la notice précédente.
Dans son ensemble, la participation aura fait ressortir davantage combien la Belgique est en retard sur la plupart des autres pays en matière de construction de matériel sportif et spécialement d'embarcations.
SECTION C. - LE TOURISME
Pénétrant dans l'Exposition par l'entrée principale de Coronmeuse, le visiteur découvrait directement sur sa droite un palais à la fois coquet et imposant dénommé le Palais du Tourisme.
Dès qu'il en passait la porte, il se croyait à l'intérieur d'un grand palace et il lui semblait qu'un maître d'hôtel stylé et des chasseurs empressés allaient se précipiter vers lui. Une véritable atmosphère de voyage! Aux comptoirs, des employés accueillants étaient prêts à lui donner tous renseignements: un bureau d'agence de voyage, un service des postes, de télégraphe et des cabines téléphoniques étaient mis à sa disposition. Il trouvait là aussi une agence des Chemins de fer belges, des délégués du Touring Club et de l'Automobile Club de Belgique, un bureau de change, un service de guide et toute la documentation qu'il pouvait consulter à son aise.
C'était une véritable ruche au travail, car on y donnait des renseignements sur l'Exposition, sur la ville, les environs, les voyages à l'étranger, les spectacles, les fêtes, les manifestations sportives, les conditions de déplacement, de logement et d'entretien des groupes, etc.
Le visiteur attiré plus avant découvrait ensuite une grande salle dans laquelle, au moyen de fresques, dioramas et cartes lumineuses, nos meilleurs artistes avaient reproduit le mystère de nos grottes et de nos forêts, l'enchantement de nos paysages baignés par des rivières capricieuses. En outre, plus de trois cents reproductions photographiques rappelaient les sites pittoresques de Liège et de ses environs. Cet ensemble impressionnant avait été réalisé grâce à la collaboration de la Ville de Liège (Office communal de Tourisme), de la Province (Fédération provinciale de Tourisme) et de l'Union des Syndicats d'Initiative de la Province de Liège. Ce fut un émerveillement pour le visiteur qui en emporta l'impression que jamais un effort pareil n'avait encore été fait pour mettre en valeur les beautés naturelles du pays. Une propagande aussi éloquente et présentée avec autant de sens artistique mériterait d'être poursuivie d'une façon permanente.
Dans le fond de la salle, après être passé devant une très belle participation de la Sabena, le visiteur était conduit par un plan incliné vers une galerie qui n'était autre que le pont promenade d'un paquebot, avec à l'horizon un vaste diorama du littoral belge baigné par les vagues de la mer du Nord. C'était le stand du Ministère des Communications.
On aboutissait ainsi dans le grand hall du premier étage où le visiteur pouvait se faire une idée complète de ce qui a été fait jusqu'à présent pour le tourisme de luxe, si l'on peut dire, et pour le tourisme populaire. Au centre, sur une grande carte de la Belgique, on voyait de minuscules bâtisses: c'étaient les auberges de la jeunesse, les homes de délassement, les auberges des amis de la nature. Ces institutions, nouvelles chez nous, ont une portée sociale considérable donner aux jeunes l'occasion de vivre une vie saine, dans la nature et à des conditions accessibles à tous, quelle que soit leur situation de fortune. Cette préoccupation de considérer l'aspect social du tourisme mérite de retenir l'attention, et les nouvelles dispositions légales assurant des congés payés à tous les travailleurs ne manqueront pas d'accroître l'importance de ce problème.
Le pourtour de la salle était garni de nombreux stands qui rivalisaient d'intérêt et de bon goût. La Société nationale des Chemins de fer belges avait pris comme thème: un siècle de progrès au service du tourisme et faisait ressortir l'effort qu'elle ne cesse de poursuivre en vue d'améliorer le confort, la rapidité et la sécurité des voyages. Les Chemins de fer vicinaux nous montraient leur rôle dans la vie touristique belge. On sait combien à la côte, dans les Ardennes, en Campine, dans le Brabant, ils ont contribué à la découverte de régions dont les beautés étaient ignorées. Citons encore les participations des provinces de Brabant, Hainaut et Namur, des administrations communales ou syndicats d'initiative de Comblain, Foy-Notre-Dame, Tongres et Tournai, et d'autres encore...
Et, en descendant, le visiteur trouvait sur sa gauche, une belle salle de cinéma où étaient projetés des films de propagande touristique lui permettant de prendre un contact encore plus intime avec les beautés naturelles et les trésors artistiques du pays.
Après avoir décrit le Palais du Tourisme, il convient de signaler l'effort remarquable accompli par certains exposants belges dans des pavillons séparés.
La participation de la Ville d'Anvers, dont nous avons déjà parlé, se rapportait plus spécialement aux classes des ports, de la navigation maritime et des constructions navales. Elle mérite cependant d'être rappelée ici, car les importantes installations du port d'Anvers, particulièrement mises en valeur dans le pavillon, constituent un attrait du plus haut intérêt pour le touriste belge et étranger. De plus, la Ville avait tenu à exposer quelques éléments de sa richesse artistique dont la renommée est faite depuis longtemps.
De même, la Ville de Gand avait fait la place la plus large dans son pavillon individuel à la représentation de ses installations portuaires et du volume de son trafic maritime et fluvial. Ici, cependant, un stand spécial très intéressant avait été consacré au tourisme. La ville est, en effet, un des principaux centres artistiques du pays aux trésors archéologiques inestimables. L'eau de ses rivières donne à l'oeuvre des architectes médiévaux un charme prenant qui attire irrésistiblement le touriste et dont il emporte une impression inoubliable.
Un grand diorama reproduisait le Vieux-Gand avec, à l'avant-plan, le Château de Gérard le Diable, la Cathédrale Saint-Bavon, le Beffroi, l'Eglise Saint-Nicolas et le célèbre Quai aux Herbes. Au deuxième plan se distinguait le Château des Comtes, tandis qu'à l'arrière-plan on découvrait une vue panoramique des installations
maritimes et des champs de bégonias. Gand est aussi la ville des fleurs!
Ostende qui plus qu'aucune autre ville du pays doit tant à l'eau, à qui le port de pêche, le port de commerce et la station de cure fournissent ses principales ressources, se devait d'occuper également une place d'honneur à l'Exposition. C'est pourquoi elle avait réuni dans son pavillon une abondante documentation concernant ses installations maritimes, balnéaires et thermales. A d'autres endroits de ce rapport, il a été rappelé les éléments de cette participation en ce qui concerne l'activité du port d'Ostende. Il a également été fait mention déjà de la qualité de ses eaux de cure et de boisson.
Au point de vue proprement touristique, la Ville tenait à montrer les améliorations apportées à ses installations balnéaires ainsi que la réalisation de son magnifique Palais des Thermes. Elle n'avait aucune peine à faire ressortir toute la grandeur et tout l'attrait de sa plage avec les multiples attractions mondaines et sportives qui ont assuré sa renommée. Ostende reste la Reine des Plages!
Enfin, la Ville de Namur, dans un pavillon modeste, il est vrai, mais combien digne et élégant, étalait les charmes de son site et l'importance de sa situation géographique au point de vue touristique. Namur est un centre de tourisme, facilement accessible de tous les points du pays et situé au carrefour de grandes routes internationales. De là partent mille chemins qui sillonnent dans la vallée de la Meuse, dans l'Entre-Sambre-et-Meuse et dans les Ardennes.
Un grand diorama rendait un aspect classique de Namur: le château-fort, le fleuve et le vieux pont de Jambes. Des panneaux attiraient l'attention sur les curiosités folkloriques et autres de la cite; le musée archéologique, les musées de l'Hôtel de Croix et diocésain, les monuments civils et religieux, les cortèges religieux et folkloriques, les fêtes, etc. Les sports y étaient figurés aussi, car Namur est un endroit idéal pour tous les genres de délassement. D'autres documents intéressaient encore le visiteur de ce petit pavillon, situé un peu à l'écart, mais dont l'attrait n'en était pas moins grand.
Pour terminer, nous devons mentionner que les Grottes de Han et de Rochefort étaient représentées dans un petit pavillon spécial. Leur réputation n'est plus à faire, mais leur présence à l'Exposition s'imposait impérieusement, car quelle est la curiosité touristique, sinon celle-ci, qui doit tout à l'eau!
L'Exposition avait justement fait une large place au tourisme. Les participations dans ce domaine étaient aussi abondantes que pleines d'intérêt. Elles témoignaient d'une part de l'importance du rôle joué par l'eau dans les sites et dans les centres de délassement, et d'autre part, de la place prépondérante occupée par le tourisme dans la vie et l'économie nationales. Le mouvement touristique crée un important volume d'affaires. Il porte des répercussions profondes sur l'existence et le développement de nombreuses entreprises commerciales et industrielles. Toute notre économie nationale en profite plus ou moins et l'industrie hôtelière, à elle seule, a pris de telles proportions qu'elle peut, à l'heure actuelle, occuper autant de travailleurs que certaines branches de notre grande industrie.
Le tourisme constitue un appoint important pour notre balance des comptes. En 1937, par exemple, il nous a laissé un solde actif de plus de 600 millions de francs. Cela représentait l'excédent des dépenses effectuées dans le pays par les touristes étrangers sur celles faites par nos compatriotes visitant les autres pays.
Le tourisme n'a pas seulement un aspect technique et économique il pose encore des problèmes d'ordre social et national. Nous avons fait allusion au point de vue social au sujet de la participation des centres d'hébergement destinés aux classes les moins aisées de la population. Il reste dans ce domaine beaucoup à faire. Ajoutons, pour terminer, que du point de vue national, la propagande touristique tend à mieux faire connaître notre pays. Et nous l'aimerons d'autant mieux que nous le connaîtrons davantage!