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Liège Expo 1939

EXPOSITION INTERNATIONALE DE L'EAU A LIEGE

Rapport de l'Exposition de l'Eau à Liège

Aquarelle du palais du Commissariat général par l'architecte Dedoyard
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LA SECTION BELGE

CHAPITRE III

LE GENIE CIVIL


La matière de ce chapitre se caractérise par son ampleur et par son importance. Constituée par les participations belges ressortissant aux classes 4 à 16 incluse, elle porte sur l'essentiel du programme de l'Exposition. Dans cette description analytique, ces treize classes ont été considérées ensemble à cause de leur grande affinité. Toutes, en effet, se rapportent à 1a technique de l'eau dans ses innombrables applications, dans les multiples activités qui sont du domaine propre de l'ingénieur.

On verra en détail dans la suite que les travaux hydrauliques entrepris en Belgique ont pris, ces dernières années, une extension considérable. On constatera aussi que la technique de l'eau intéresse à plus d'un titre la plupart de nos industries de base. Il n'était donc pas étonnant que la Section belge présentât, dans ces classes, un intérêt exceptionnel tant par la valeur des objets figurant dans les stands, que par le nombre des exposants. Ceux-ci comprenaient environ les trois quarts du total et occupaient près de dix grands palais.

Pour la facilité de la lecture, le chapitre a été divisé en cinq sections qui se définissent suffisamment par leur titre. Ce sont


Section A. - Les Voies hydrauliques et les Ports (cl. 4 à 8).

Section B. - Les Travaux urbains et ruraux (cl. 9).

Section C. - L'Epuration des Eaux (cl. 10).

Section D. - L'Eau et les Industries (cl. 13 - 14 - 15).

Section E. - Le Matériel et les Matériaux des Ouvrages hydrauliques (cl. 11 - 12 - 16).


SECTION A. - LES VOIES HYDRAULIQUES ET LES PORTS


Dans le Programme général, l'étude des voies hydrauliques et des ports était judicieusement réparties en cinq classes. La première se rapportait aux Rivières et Canaux (cl. 4), la deuxième aux Fleuves à marée et Mers (cl. 5) et les trois autres respectivement aux Ports intérieurs (cl. 6), aux Ports maritimes (cl. 7) et aux Ports de pêche (cl. 8). Le caractère de l'Exposition autorisait une pareille spécialisation permettant de mettre en relief des problèmes techniques et des réalisations qui, dans les expositions précédentes, n'avaient jamais fait l'objet que de présentations synthétiques.

La place d'honneur revenait tout naturellement aux voies de communication par eau, étant donné qu'un vaste programme de travaux était en voie d'achèvement dans le pays, programme dont le Canal Albert et la Meuse liégeoise étaient les pièces maîtresses.

Depuis quelques années, nos voies navigables ont bénéficié de la sollicitude du Gouvernement. Celui-ci prit l'initiative d'une campagne de travaux publics destinés à améliorer l'outillage économique du pays, surtout en ce qui concerne les moyens de transport. Les voies navigables, abandonnées à un sort injuste depuis à peu près un demi-siècle, furent remises à l'honneur. On se rendit compte qu'elles constituaient un élément important de l'expansion économique du pays.

On sait qu'en 1830, notre réseau de voies navigables était déjà fort développé. Au cours des premières années de notre indépendance, on entreprit la construction de plusieurs canaux importants et des travaux d'amélioration d'anciennes voies. De cette époque datent, pour ne citer que les plus importants, le canal de Charleroi à Bruxelles, la jonction Meuse*Escaut par les canaux dits « de la Campine » et le canal Liège-Maastricht. Cette période relativement heureuse pour la navigation ne fut pas de longue durée. Le chemin de fer dont le réseau commençait à couvrir tout le pays de ses mailles serrées, eut de plus en plus la primauté sur les autres moyens de transport. Il fallut attendre la fin de la guerre 1914-1918 pour qu'on s'intéressât de nouveau plus activement au sort de nos voies navigables.

A ce moment, leur situation était critique. Non seulement beaucoup d'ouvrages étaient détruits ou hors de service par suite des hostilités, mais l'ensemble du réseau, par sa vétusté et son manque d'homogénéité, ne répondait plus aux exigences du trafic moderne.

Divers projets furent mis à l'étude, mais ce n'est qu'après la résolution de la crise monétaire que l'on entra dans la voie des réalisations. En 1927, fut instituée la Commission nationale des Grands Travaux qui dressa un programme définitif d'une rare envergure dans lequel la part réservée aux voies navigables était prépondérante. Les points les plus importants en étaient l'aménagement de la Meuse et de la Sambre tant pour améliorer les conditions de navigation que pour réduire les dangers des crues, l'établissement d'une meilleure communication par eau entre Liège et Anvers, la mise à grande section du canal de Charleroi à Bruxelles, entre cette ville et Clabecq.

En 1939, le Canal Albert était terminé, il en était de même, du moins en grande partie, des travaux de la Meuse liégeoise. De plus, d'importants ouvrages étaient réalisés sur la Sambre et la mise à grande section du canal de Charleroi, entre Clabecq et Bruxelles, était achevée. En outre, de nombreux travaux hydrauliques avaient été entrepris sur d'autres voies navigables de sorte que l'Exposition de Liège pouvait présenter un bilan remarquable de l'oeuvre gigantesque destinée à doter le pays d'un réseau complètement régénéré de voies navigables.

A l'heure actuelle, celles-ci s'étendent approximativement sur une longueur de 1.700 kilomètres. La part des canaux y est légèrement supérieure à celle des voies naturelles presque toutes canalisées. C'est le réseau le plus dense de l'Europe après celui des Pays-Bas (Nous nous abstenons de donner des chiffres comparatifs de l'étranger. Les bases des statistiques varient d'un pays à l'autre et doivent être interprétées: ce qui nous conduirait à de trop longues considérations. On peut affirmer, cependant, que la densité du réseau néerlandais est plus du double de celui de la Belgique. Après celle-ci, en Europe, se classent dans l'ordre: l'Allemagne et la France.). Toutefois, cette densité est fort inégale: la majorité de nos voies navigables sont comprises dans le bassin de l'Escaut et le long de la côte, tandis que le bassin de la Meuse n'en comporte guère que 375 kilomètres environ. Certaines régions, comme le Brabant méridional et la partie située au sud de la Sambre et de la Meuse, en sont totalement dépourvues. Si, pour des raisons orographiques, il est quasi impossible de remédier à ce défaut, on a, depuis la guerre mondiale, rendu notre réseau beaucoup plus homogène. Lorsque les travaux en cours sur la Sambre et la modernisation du canal de Charleroi à Bruxelles en amont de Clabecq seront terminés, les bateaux portant 600 tonnes pourront pénétrer loin à l'intérieur du pays et accomplir, par exemple, un circuit Anvers-Bruxelles-Charleroi-Namur-Liège-Anvers, pour desservir nos grands centres industriels et nos principales agglomérations. Il en sera de même pour la desserte du Borinage après l'achèvement des travaux du bassin de l'Escaut. Plus de 900 kilomètres seront alors accessibles aux kasts de 600 tonnes qui répondent admirablement aux nécessités de notre trafic.

La fin de ces travaux marquera une nouvelle étape dans l'évolution de notre navigation intérieure: elle permettra une exploitation rationnelle et économique adaptée aux besoins actuels de notre industrie et de notre commerce. La voie navigable pourra alors donner la pleine mesure de ses moyens et prendre la place qui lui revient dans l'ensemble de notre appareil de transport

Dans un article préliminaire, nous avons précisé le problème particulier du Canal Albert sa raison d'être, l'importance et les particularités des travaux, de même que l'intérêt des travaux d'amélioration de la Meuse liégeoise. Examinons maintenant comment l'Exposition avait mis tout cela en valeur, en même temps que d'autres travaux importants entrepris un peu partout dans le pays.

1. Les classes 4 (Rivières et Canaux) et 5 (Fleuves à marée et Mers)

Les participations belges ressortissant à ces deux classes étaient abritées en majeure partie au Palais du Génie Civil. Toutefois, elles avaient une telle ampleur qu'elles débordaient dans les deux palais adjacents de la Mer et de la Navigation Intérieure. Cette disposition était heureuse: sans nuire à la présentation propre de chacune des matières, elle marquait leur intime connexité et dégageait une puissante impression générale.

Ces classes réunissaient deux catégories d'exposants: les services intéressés de l'Administration des Ponts et Chaussées et les entreprises de travaux publics, fluviaux et maritimes. C'est dans un esprit de sincère collaboration que s'étaient établies leurs relations réciproques et ce fut au bénéfice de l'ensemble qui apparut parfaitement homogène.

En pénétrant dans le Palais du Génie Civil, une grande fresque se déroulant tout le long des hautes parois, au-dessus des stands latéraux, attirait immédiatement l'attention. Elle figurait, d'une manière particulièrement frappante, d'une part, le Canal Albert de Liege à Anvers, la Meuse et la Sambre avec le canal du Centre, et, d'autre part, Ostende et Zeebrugge, l'Escaut maritime, l'Escaut et le canal de Bruges, le canal Mons-Condé-Escaut et, enfin, l'Yser. C'était une belle synthèse du programme assigné aux deux classes.

Le stand d'honneur était occupé par une grande maquette du Canal Albert; il était complété par deux stands de plans. Tout près, des modèles et des dioramas de grande dimension représentaient entre autres les écluses de Petit-Lanaye et de Genk, le pont Vierendeel soudé de Beringen, le siphon de la Petite Nèthe à Grobbendonk, le bassin de Strasbourg à Anvers. Cela formait l'essentiel de la participation des deux Services spéciaux du Canal Albert et des Canaux dans les Provinces d'Anvers, de Liège et de Limbourg.

Le Service spécial de la Meuse occupait trois stands relatifs: l'un, au barrage et au complexe d'écluses de Monsin avec une maquette de ce barrage mobile; l'autre, au barrage éclusé de Ramet-Ivoz avec également une maquette d'une travée de cet ouvrage dont les vannes soudées sont en acier spécial d'un type particulier; le troisième, aux travaux de normalisation et d'endiguement de la Meuse en aval de Huy.

Le compartiment du Service spécial de la Sambre renfermait principalement une maquette au 1/100 de l'écluse barragée d'Auvelais.

Un des stands du Service spécial de l'Escaut maritime et de ses Affluents soumis à la Marée renfermait le modèle de l'écluse double en construction à Duffel, qui permettra la liaison du Canal Albert au Rupel par le nouveau canal de la Nèthe, en vue d'une navigation plus rapide entre l'est et l'ouest de la Belgique et vers la capitale.

Ces contributions importantes des services des Ponts et Chaussées étaient complétées par celles des entrepreneurs ayant exécuté les travaux. On remarquait notamment

- Une maquette de la tranchée profonde de Caster, site impressionnant et caractéristique du Canal Albert où, en 1930, le Roi Albert donna le premier coup de pelle (Entreprises réunies);

- Une réduction des écluses de Genk et d'un des murs-digues dans la traversée Haccourt-Lixhe du canal (Pieux Franki);

- Des maquettes en plan et en coupe en travers de la tranchée d'Eigenbilzen où le Canal Albert coupe la crête de partage des bassins de la Meuse et de l'Escaut, travail d'une conception et d'une exécution particulièrement délicates (S. A. d'Entreprises, anciennement Dumon et Vander Vin);

- Une maquette du groupe d'écluses de Kwaadmechelen montrant leur fonctionnement, et une réduction du groupe d'écluses d'Oolen, permettant de se rendre compte de leur exécution: deux ouvrages importants de la nouvelle voie d'eau (Laboremus)

- Une maquette de la vallée de la Meuse depuis le pont d'Ougrée (en amont) jusqu'au pont de Visé (en aval), une autre du pont de Visé sur la Meuse et une troisième du barrage éclusé de Marcinelle sur la Sambre (Construction, Etude et Ouvraison).

Ajoutons que le stand collectif de la Société belge des Bétons et de la S. A. Cobétons contenait une documentation photographique sur les écluses de Hasselt et de Wijnegem du Canal Albert, que les Entreprises A. Grégoire et J. Abras et la Société métallurgique d'Enghien-Saint-Eloi avaient participé au stand du Service de l'Escaut maritime en présentant l'écluse double de Duffel, enfin que ces stands renfermaient encore de nombreux documents graphiques et photographiques relatifs aux travaux en question. On se rendra compte de l'effort accompli pour informer et documenter le visiteur sur les importants ouvrages exécutés récemment.

Une participation méritait une mention particulière: celle du Service spécial d'Etudes d'Ouvrages d'art, relative aux constructions métalliques et spécialement aux constructions soudées. On sait que les ponts soudés, du type Vierendeel en majeure partie, constituent une des particularités techniques du Canal Albert. Dans des vitrines, les éléments du stand montraient à quel point est arrivé le contrôle officiel de ces constructions, notamment par la radiographie. Il est conforme à l'esprit de l'Exposition de noter que ce service travaille en collaboration avec l'Université de Liège. Il présentait encore des dioramas de divers ponts édifiés en des régions pittoresques sur la Meuse et deux de ses affluents, la Semois et l'Ourthe.

Un stand central très important du Service spécial de la Vesdre montrait une grande maquette, entourée d'un beau diorama, du barrage-réservoir en construction sur la Vesdre, en amont d'Eupen, type de barrage poids de 65 mètres de hauteur environ. A l'avant-plan, une carte en relief de l'est de la Belgique indiquait l'important delta de confluents de la Meuse à Liège et l'étagement de ses affluents et sous-affluents (la Vesdre, l'Ourthe, l'Amblève, la Warche, etc.), jusqu'aux confins de la Haute-Belgique, avec leurs vallées accidentées et les emplacements des barrages-réservoirs existants ou en construction. Image saisissante d'une des principales réserves hydrologiques du pays et de la seule région qui lui fournisse jusqu'à présent de l'énergie hydro-électrique. Cette carte rappelait au visiteur la relation certaine, encore que peu facile à percevoir par les personnes non prévenues, qui existe entre la construction du nouveau barrage sur la Vesdre et les travaux de la région de Liège et du Canal Albert.

La Compagnie belge de Chemins de fer et d'Entreprises qui construit ce barrage, avait dans son stand un diorama de l'ouvrage, une coupe transversale et des échantillons très intéressants concernant les forages, les injections d'étanchement et la nature spéciale des bétons mis en oeuvre.

La S. A. « Centrales, électriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy » exposait dans un stand voisin une maquette du barrage-réservoir de Butgenbach sur la Warche (repéré sur la carte en relief précitée) et un diorama des installations hydroélectriques de Lorcé-Heid de Goreux, sur l'Amblève.

Quatre stands se rapportaient aux travaux des canaux et cours d'eau des provinces de Brabant et du Hainaut. Le Service spécial du Borinage exposait de nombreux documents relatifs au canal de Mons à Condé, au canal du Centre et au nouveau canal de Nimy à Blaton. Au sujet de ce dernier, deux maquettes à grande échelle montraient des coupes transversales du canal en section d'étanchement bétonné et en section d'étanchement bitumeux de la cunette. A proximité, la Société coloniale de Construction présentait une maquette de diverses phases de la construction de cette voie navigable.

Le Service spécial des Canaux houillers avait réalisé une importante exposition concernant la modernisation du canal de Charleroi à Bruxelles. Il s'y trouvait notamment une maquette de vanne à décollement préalable du système Chanteux et une autre de l'écluse de Molenbeek-Saint-Jean. Le service s'occupe également de l'amélioration des conditions d'écoulement des crues de la Senne, auquel le canal de Charleroi participe. De nombreux documents graphiques étaient présentés et l'attention était attirée sur une maquette et un plan relatifs à des ouvrages de caractère moderne et d'inspiration scientifique: le modèle d'une vanne à segment tubulaire entièrement soudée de forme hydrodynamique, système Willems, et le plan de la batterie de siphons-déversoirs auto-amorceurs projetés à Vilvorde, d'après des essais sur modèle effectués au Laboratoire de Recherches hydrauliques des Ponts et Chaussées à Anvers. Un modèle de siphon auto-amorceur en fonctionnement figurait d'ailleurs au stand de ce laboratoire dont il sera question plus longuement un peu plus loin.

D'autre part, la Société « Ponts, Tunnels et Terrassements » présentait un modèle des travaux du voûtement de la Woluwe, affluent de la Senne.

Quant au Service spécial du Bassin fluvial de l'Escaut, il s'était appliqué à faire ressortir l'importance du noeud fluvial de Gand.

De nombreuses firmes d'entreprises et l'Association belge des Entrepreneurs de Travaux publics, des ateliers de constructions métalliques, des ingénieurs-conseils et la Chambre belge des Ingénieurs-conseils de Belgique, des organismes d'assurance et de contrôle pour la sécurité des constructions, enfin des firmes, associations et organismes divers complétaient par des plans, photographies et statistiques l'ensemble de la classe 4, en si grand nombre qu'il est impossible de les citer. Beaucoup de ces participations figuraient dans d'autres pavillons, notamment au Palais des Industries Lourdes où l'on trouvait

1° La maquette du pont soudé d'Ougrée sur la Meuse et d'un noeud du pont de Haccourt sur le Canal Albert (La Soudure « Arcos »);

2° Un modèle d'assemblage de deux maîtresses-poutres et d'une pièce de pont, en grandeur naturelle, dudit pont d'Ougrée (S. A. d'Ougrée-Marihaye) ;

3 Un beau modèle de pont basculant du type « Strauss » (Les Ateliers métallurgiques de Nivelles).

Au Palais n° 18, on voyait figurer entre autres une magnifique maquette du barrage-réservoir en construction sur la Vesdre exposée par la ville d'Eupen, et un modèle du pont Vierendeel soudé de Vivegnis sur le Canal Albert (Ateliers de La Louvière-Bouvy). Enfin, au Palais de la Navigation Intérieure, l'Administration des Ponts et Chaussées exposait en fonctionnement d'intéressants modèles d'échelles à poissons du système Denil.

Les exposants de la CLASSE 5 s'étaient surtout appliqués à l'Escaut maritime et ses annexes, ainsi qu'à la côte maritime belge.

Les Services maritimes d'Anvers occupaient à juste titre un emplacement central et le plus vaste du Palais du Génie Civil. Un aménagement agréable attirait ingénieusement le visiteur vers le stand le plus scientifique consacré entièrement aux travaux du Laboratoire de Recherches hydrauliques des Ponts et Chaussées, à Anvers. A côté du petit modèle de siphon auto-amorceur en fonctionnement déjà cité, figurait un grand modèle de rivière à marée, avec un appareil producteur de marée en fonctionnement conçu par le laboratoire et réalisé avec le concours de firmes belges. C'était là un centre d'attraction pour le visiteur encore que c'était une gageure réussie de rendre suffisamment compréhensible au public une installation aussi compliquée. Les travaux de ce laboratoire ont été effectués jusqu'à présent dans des locaux provisoires, mais un grand laboratoire hydraulique définitif dont la maquette ornait le stand, est en voie d'achèvement à Anvers.

Tout près de ce stand scientifique, un autre de moindre étendue, mais du même caractère, renfermait la participation du Laboratoire de Géotechnie relevant du Service spécial d'Etudes d'Ouvrages d'art et installé dans les locaux de l'Université de Gand. De nombreux appareils et diagrammes donnaient des résultats d'investigations sur le terrain. Ce service ressortit autant à la classe 4 qu'à la classe 5. De même que le Laboratoire de Recherches hydrauliques et le Service de Contrôle des Constructions métalliques, il témoigne que l'Administration s'est engagée avec succès dans la voie de l'organisation de services scientifiques.

Le Service spécial de l'Escaut maritime et de ses Affluents soumis à la Marée consacrait deux beaux stands au complexe des nouveaux ponts pour route et chemin de fer sur l'Escaut maritime et la Dendre, au confluent de Termonde. Une maquette reproduisait le plan du complexe, deux autres, les nouveaux ponts sur l'Escaut avec une travée mobile Scherzer, et sur la Dendre, avec une travée mobile levante. Plusieurs firmes avaient contribué à l'édification de ces stands, notamment les Entreprises Mallems et Cornélis, Wegenbouw, J. Mylle, les Ateliers du Thiriau, les Ateliers métallurgiques, la firme Rouvroy et Fils, etc.

Un stand particulier de l'Office central d'Electricité et d'Electromécanique schématisait la manoeuvre de divers types de ponts mobiles, dont les deux de Termonde cités ci-dessus et celui sur le Rupel, à Boom.

Le stand de l'entrepreneur Maurice Delens montrait, par un intéressant modèle, le mode de construction d'une pile double de ce nouveau pont sur le Rupel, tandis que le Service des Routes de la Province d'Anvers exposait, en collaboration avec diverses firmes, une imposante maquette de ce pont.

Sous les grands fleuves maritimes, dans certains cas, les tunnels constituent un moyen de passage préféré aux ponts, à raison des inconvénients inhérents à ces derniers pour la navigation. La S.A. Pieux Franki exposait plusieurs modèles de détails des tunnels sous l'Escaut à Anvers construits avec succès par elle, tandis que la S.A. Foraky présentait une maquette relative à l'application du procédé de congélation du sol au creusement, dans les terrains aquifères, des fouilles des puits de ventilation de ces tunnels.

Le Service spécial de la Côte développait en deux stands des plans et photos de divers ouvrages maritimes concernant surtout les épis de défense des côtes, les ouvrages de l'arrière-port de Nieuport, l'écluse du port de pêche et un mur de quai d'accostage à Ostende, ainsi que le port de pêche de Zeebrugge. Le stand de la firme Van Huele complétait les précédents en ce qui concerne les travaux de défense des côtes. La firme Citravo montrait une intéressante coupe du mur de quai d'accostage à Ostende et les Entreprises Decloedt et Fils, une maquette du port de Zeebrugge.

Au Palais de la Mer, le Service spécial de la Côte exposait aussi un modèle suggestif du complexe des ouvrages de l'arrière-port de Nieuport, dont le rôle fut décisif lors des inondations sur I'Yser, en 1914. Enfin, les Services maritimes de l'Escaut y présentaient des modèles et photographies de bouées et lanternes de balisage du fleuve.

Diverses sociétés d'entreprises avaient tenu à faire état de travaux maritimes exécutés au Congo belge (Société d'Entreprises de Travaux en Béton au Katanga) et à l'étranger: port de Valence, en Espagne (Société belge des Bétons); Port Alfred (Afrique du Sud), Tamatave (Madagascar), Afrique équatoriale française (Société d'Entreprises de Travaux en Béton au Katanga), ainsi que la Compagnie belge de Chemins de fer et d'Entreprises, la S.A. Ackermans et Van Haaren, etc.

Les objets de ces stands étaient de telle nature, de telle importance et si nombreux, qu'ils auraient mérité d'être relatés dans un volumineux recueil de monographies, à l'exemple de ce qui fut fait dans le passé au sujet des galeries de machines et de locomotives des expositions universelles.

Si cette description comporte nécessairement de nombreuses omissions, elle n'en sera pas moins édifiante sur l'ampleur des travaux publics hydrauliques et maritimes exécutés en Belgique au cours de ces dix dernières années et sur la puissance de réalisation du pays dans ce domaine.

Considérés dans leur ensemble, ces travaux dénotent, par rapport à ceux des périodes précédentes, une envergure beaucoup plus considérable et un esprit de modernisme très marqué, quoique en général sagement pondéré et dépourvu d'outrance. La tendance à l'application rationnelle des résultats de la recherche scientifique se manifeste par la création récente de services et de laboratoires dont les participations faisaient ressortir un état en voie de développement rapide. On peut exprimer le voeu que, dans les domaines déjà abordés et dans d'autres, l'Administration des Ponts et Chaussées et les Sociétés d'entreprises persévèrent dans cette voie féconde.

On peut constater aussi avec une grande satisfaction la puissance, consacrée tant en Belgique qu'à l'étranger, des moyens de réalisation et de l'expérience des entrepreneurs belges de travaux publics, leur permettant de mener à bien, avec succès et avec rapidité, les travaux les plus difficiles par leur nature aléatoire et par leur importance.

Les participations aux classes 4 et 5 ont été non seulement une remarquable réussite qui fait le plus grand honneur aux exposants, mais constituaient aussi un gage de succès pour l'avenir de l'équipement économique du pays et les perspectives de son industrie des travaux publics.

Le grand travail national du Canal Albert n'aura pas seulement soutenu la prospérité de la Belgique pendant une période de difficultés économiques et réalisé ses buts directs de renforcer l'armature nationale, mais il aura marqué aussi le début d'une véritable rénovation des travaux publics dans le pays.

L'Exposition de Liège peut revendiquer le mérite d'en avoir fait ressortir les résultats par une manifestation impressionnante.

2. Les classes 6 (Ports intérieurs), 7 (Ports maritimes) et 8 (Ports de pêche)

C'était également dans les Palais du Génie Civil, de la Mer et de la Navigation Intérieure que se trouvaient les participations belges ressortissant à ces trois classes, en liaison avec celles relatives aux deux classes précédentes. L'avantage de ce groupement a déjà été signalé. Cependant, ici aussi quelques exposants importants étaient installés dans d'autres palais, notamment le n° 18 et celui des industries lourdes. Enfin, les trois grandes villes maritimes: Anvers, Gand et Ostende exposaient dans leur pavillon respectif.

Les PORTS INTÉRIEURS étaient représentés par les grands ports publics belges: Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand, Liège et Merksem. De nombreux ports privés récemment construits ou améliorés en raison de l'exécution du Canal Albert, des travaux de la Meuse et des canaux de la Campine, exposaient des maquettes et des dioramas très suggestifs. Citons les nouveaux ports charbonniers de Zolder, Genk et Beringen, sur le Canal Albert, celui de Cheratte sur la Meuse, de Eisden sur le Zuid-Willemsvaart et les installations métallurgiques de Balen-Wezel et de Hoboken sur l'ancien canal de jonction Meuse-Escaut.

L'outillage est généralement adéquat: ces dernières années ont été marquées par des progrès considérables, grâce à une sage politique d'encouragement de l'Administration. Peut-être eût-il été intéressant de donner de cette initiative une image plus synthétique en caractérisant la situation générale actuelle des principaux ports intérieurs.

Dans l'ensemble, ce sont les ports d'intérieur appartenant à des entreprises privées qui dominent en Belgique. Leur outillage est souvent supérieur à celui des ports publics. Parmi ces derniers, ce sont surtout les ports maritimo-fluviaux, particulièrement Anvers et Gand, qui sont à signaler. A la suite, se classent les deux grands ports intérieurs: Bruxelles et Liège.

Les PORTS MARITIMES belges sont peu nombreux, mais importants. La participation officielle d'Anvers, dans son grand pavillon, était remarquable à tout point de vue. La maquette du port, à assez grande échelle et disposée en contre-bas, était un objet du plus haut intérêt.

De beaux modèles des écluses Royers et du Kruisschans, de cales sèches, de hangars à potasse, de grues de manutention, complétaient l'ensemble auquel s'ajoutaient des participations privées concernant des engins de manutention (Stocatra).

Gand présentait également une belle maquette permettant de se rendre compte de l'étendue et de l'équipement de ses installations maritimes. Dans son pavillon, figuraient aussi une maquette reproduisant le quai Port-Arthur avec le hangar textile à trois étages et entièrement « fire-proof » et un modèle d'une grue de 3 tonnes. Cela donnait une idée exacte des possibilités de manutention de ces installations très modernes. Une abondante documentation graphique contribuait à faire valoir les avantages du port.

Enfin, dans son pavillon individuel également, Ostende ne manquait pas non plus d'attirer l'attention du public sur ses installations maritimes, tandis que l'Administration de la Marine exposait, au Palais de la Mer, une magnifique maquette de ce port. D'autre part, l'Administration des Ponts et Chaussées présentait deux belles maquettes de Zeebrugge et de Nieuport. Naturellement, les Sociétés des Canaux et des Installations maritimes de Bruges et de Bruxelles participaient aussi dans cette section.

En ce qui concerne les PORTS DE PECHE, figuraient Ostende, Zeebrugge et Nieuport.

La maquette d'Ostende dont nous venons de parler, faisait particulièrement ressortir l'étendue des installations du port de pêche et l'importance du réseau ferré qui le dessert.

On sait que ce port, de construction récente et considéré comme un des plus modernes de l'Europe, est outillé de façon à ce que toutes les opérations puissent s'effectuer avec le maximum de célérité, d'économie et de propreté. Il est pourvu notamment d'un vaste bassin à flot, d'un bassin à marée (pour les petits bateaux) et de deux chantiers roulants pour nettoyer, peindre et réparer les bateaux en un minimum de temps. En moins de cinq ans, une véritable cité industrielle a pris naissance à proximité de ces bassins et les familles de pêcheurs s'y installent en grand nombre.

Le port de Zeebrugge a également été agrandi et modernisé au cours de ces dernières années, comme le montrait la maquette dont il a été question un peu plus haut.

Enfin, pour les trois classes, diverses firmes exposaient, surtout au Palais des Industries Lourdes, des engins de manutention et des appareils relatifs à l'exploitation des ports et à l'industrie de la pêche.

L'impression d'ensemble de ces classes indiquait à quel haut degré de développement et d'avancement est arrivée l'activité portuaire en Belgique, tant intérieure que maritime, et l'on doit souhaiter que le pays soutienne cet effort en vue de l'extension et du perfectionnement de ce précieux outillage économique.

SECTION B. - LES TRAVAUX URBAINS ET RURAUX

Au chapitre II (Les Eaux de cure et de boisson), nous avons rappelé brièvement la valeur et la localisation des ressources aquifères de la Belgique. Cette étude de caractère scientifique pourrait servir également d'introduction à l'exposé qui suit, puisqu'il s'agit, en ordre principal, du captage, de la distribution et de l'utilisation de l'eau pour les besoins de nos agglomérations et de nos industries.

Nous nous trouvons, par conséquent, en présence du problème de l'eau sous son aspect le plus familier. Le plus familier et, sans doute, le plus essentiel aussi, car l'élément liquide est d'une manière indiscutable le facteur le plus indispensable à la vie humaine: il conditionne d'une façon décisive l'établissement et le développement des sociétés, il joue un rôle capital dans l'exploitation de la plupart de nos entreprises industrielles.

La classe 9 groupant tous les travaux hydrauliques urbains et ruraux revêtait, de ce chef, une importance primordiale. Pour la Belgique, elle présentait un intérêt tout particulier par suite de la densité de sa population et de ses centres urbains et industriels. Comme nous allons le voir, le champ des travaux de ce genre s'y est considérablement étendu depuis quelques années, et de nombreux projets se distinguant par leur ampleur sont encore à l'étude. Le thème fondamental de cette classe était donc rien de moins que de montrer tout ce qui a été fait, et tout ce qui reste à faire, pour assainir et améliorer les conditions de vie dans notre pays. En conséquence, il n'est pas étonnant que cette classe ait constitué un des grands centres d'intérêt de la Section belge et de toute l'Exposition. Le nombre et la valeur des participations qui y furent enregistrées le prouvent à suffisance.

Au surplus, l'intérêt des présentations s'est trouvé considérablement accru par suite de la collaboration intime qui s'y est manifestée entre les exposants privés, entrepreneurs et fabricants de matériaux et de matériel, et les services publics participants. Les divers comités de classe s'étaient d'ailleurs appliqués à créer une réelle harmonie entre ces deux groupes d'exposants, soit en provoquant la formation de collectivités homogènes, soit en dressant un programme d'ensemble dans lequel toutes les participations, même individuelles, étaient établies en accord avec le thème général à développer. C'était une classe où les dévouements à l'oeuvre commune furent particulièrement nombreux et l'on nous permettra de mettre spécialement à l'honneur M. F. Campus, professeur à l'Université de Liège, qui, en sa qualité de Commissaire, voulut bien y consacrer le meilleur de lui-même.

Il est intéressant de noter que la Classification générale annexée au Règlement de l'Exposition, avait prévu la présentation d'une rétrospective, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, des grands ouvrages d'art hydraulique et des machines s'y rapportant. En mettant sous les yeux du public des documents faisant ressortir l'importance de l'activité déployée dans ce domaine au cours des siècles passés, on démontrait péremptoirement que, vu sous cet angle, le problème de l'eau se confond avec celui de la vie de l'homme.

Dans la section contemporaine, plusieurs subdivisions s'imposaient, car la question actuelle de l'eau urbaine et rurale présente des aspects multiples. Naturellement, cette matière est dominée par tout ce qui se rapporte au captage, à la distribution et à l'évacuation des eaux: cela formera trois subdivisions importantes dans lesquelles seront envisagés tous les procédés perfectionnés utilisés à notre époque et le matériel approprié aux travaux. Comme corollaire, on étudiera l'utilisation de l'eau dans certains cas particuliers, ce qui fera l'objet de trois nouvelles sous-classes intitulées respectivement la protection contre les incendies, les bains et piscines, l'eau dans l'agriculture. Enfin, un exemple de l'eau devenue nuisible et même dangereuse qu'il s'agit de drainer et de refouler sera traité sous la rubrique exhaure et démergement.

Telle quelle, cette subdivision répond assez exactement aux diverses préoccupations que pose le problème de l'eau dans nos cités et dans nos campagnes. Elle a permis une parfaite mise en valeur de tous les travaux hydrauliques entrepris dans le pays. Et, il est réconfortant de constater que si bien des choses restent à faire, cette démonstration ne plaçait pas la Belgique en état d'infériorité vis-à-vis de l'étranger. Quant au matériel présenté par nos industriels, il ne souffrait pas davantage, bien au contraire, de la comparaison avec la plupart des produits similaires des autres sections nationales.

En ordre principal, la participation belge à la classe 9 s'étendait dans trois grands palais successifs et reliés entre eux (les n° 19, 20 et 21) qu'elle occupait presque en entier, de même qu'un vaste espace à l'air libre, près du Palais des Industries Lourdes. Enfin, quelques exposants étaient encore dispersés dans divers palais, notamment dans le dernier cité.

1. La Section historique du captage et de la distribution d'eau

Il paraît naturel que cette section, bien que située au coeur de la participation belge et organisée par un groupe de savants de chez nous, dût être internationale. En effet, elle ne pouvait se concevoir sans le rappel des principaux travaux réalisés, au cours des siècles, dans tous les pays du monde et sans le concours de tous les musées qui possèdent des éléments s'y rapportant. Il va sans dire qu'elle n'avait qu'une pensée scientifique et didactique. Bien que faisant appel également à l'intervention matérielle ou financière, parfois importante, de nombreux industriels, aucune préoccupation de nature mercantile ne fut admise. A ce sujet, il convient de louer le sentiment élevé de ces exposants qui contribuèrent puissamment à la réalisation de cette section, renonçant à en tirer le moindre avantage commercial.

Située dans le palais n° 19, cette section occupait une surface de plus de 500 mètres carrés. Par une heureuse disposition des objets et des vitrines, elle faisait passer le visiteur de la période la plus ancienne par tous les siècles intermédiaires, jusqu'aux éléments modernes de la technique hydraulique représentée par quelques pièces caractéristiques.

Le but n'était pas de présenter un ensemble complet. Les organisateurs n'avaient d'autre ambition que de mettre en évidence, par des exemples choisis, ce que le génie, le labeur et la collaboration du savant, de l'administrateur, de l'ingénieur et de l'ouvrier ont su réaliser dans le domaine de l'adduction des eaux et des machines hydrauliques.

Même limitée à cet objet fort raisonnable, elle présenta encore de grandes difficultés de réalisation. En plus des préoccupations d'ordre matériel, c'est au prix de longs mois de recherches et d'études que son comité d'organisation, présidé par M. A. du Chesne, professeur à l'Université de Liège, réussit à en arrêter le programme et à en assurer les moyens d'exécution. Nous avons déjà dit que de nombreux emprunts à des musées étrangers étaient indispensables. D'autre part, des reconstitutions, autant que possible animées, s'avéraient de grande nécessité pour mieux documenter le visiteur. Les multiples démarches et les minutieuses mises au point coûtèrent bien des efforts aux organisateurs. En rendant hommage à tous ceux qui y apportèrent leur concours dévoué, il convient d'évoquer particulièrement la collaboration importante de M. B. Buffet, ingénieur en chef à la Compagnie générale des Conduites d'eau, à Liège.

La section se divisait en plusieurs compartiments pas tous complètement séparés les uns des autres, mais suffisamment isolés pour marquer les diverses époques de l'histoire auxquelles ils se rapportaient.

La Haute Antiquité était représentée par quelques textes choisis rappelant le rôle important de l'eau dans la vie des peuples anciens.

Venait ensuite la Grèce antique. Elle était évoquée par des plans, photographies et textes relatifs aux aqueducs d'Athènes, de Samos, de Smyrne, de Thylissos, et aux conduites de drainage du palais de Minos à Knossos (1700 avant J.-C.). La fontaine de Priène, une amphore grecque, un tuyau de pierre de l'aqueduc de Smyrne, des tuyaux et rigoles des aqueducs d'Athènes et de Samos avaient été reconstitués spécialement.

On sait combien importants furent les travaux hydrauliques chez les Romains. Aussi le compartiment y consacré était-il très vaste et documenté avec abondance. Ici, pour montrer les méthodes romaines de nivellement, une reconstitution de la dioptre de Héron d'Alexandrie et du chorobate de Vitruve. Là, des reproductions en plâtre de la fontaine de Side (Asie mineure), de la citerne de Carthagène, du château d'eau de Nîmes. Plus loin, d'autres reproductions en plâtre des aqueducs de Cherchel (Tunisie), d'Aspendos et d'Ephèse (Asie mineure), du tracé des aqueducs de la ville de Rome, de l'aqueduc du pont du Gard, à Nîmes, des différents types de maçonneries romaines: le tout commenté à profusion par des textes choisis.

Le souci de représenter la période romaine d'une manière aussi brillante que possible avait conduit à reconstituer quelques installations de distribution d'eau. On voyait successivement en groupe des éléments rappelant les travaux hydrauliques de Rome, Lyon, Apamée, Strasbourg, Vaison-la-Romaine, Arles, Nîmes et Bath. C'étaient des aqueducs, des siphons, des réservoirs, des conduites et, enfin, les fameux bains romains. Souvent, on avait tenu à exposer également des photographies des ruines de ces ouvrages.

Ce n'était pas tout. Après les installations, on rappelait les matériaux et les machines. Voici une étude très approfondie de l'industrie romaine du plomb. Le travail d'une « laverie », les différents types de soudures des tuyaux de plomb, des lingots, une collection complète de tuyaux, étaient représentés. Voici encore des tuyaux en autres matériaux (pierre calcaire, béton, poterie) provenant des fouilles d'Apamée. En plus, la robinetterie romaine avec une série de robinets en bronze. Enfin, les principales machines élévatoires et les pompes. Il avait été réalisé, par exemple, des reproductions animées d'un grand et d'un petit tympan, d'une vis d'Archimède et de la pompe de Ctésibius. A noter aussi une reconstitution de la noria de Hamah.

Il nous faut citer, avant de terminer, qu'au point de vue iconographique figuraient les bustes d'Agrippa, d'Auguste, de Claude et d'Hadrien.

Sortant du stand réservé à l'Empire Romain, le visiteur était attiré plus avant vers une succession de petits compartiments dont les éléments le rapprochaient de plus en plus de la période contemporaine. De l'Empire Romain au XIX siècle, tel était le titre de cette nouvelle section.

On y évoquait tout d'abord la hardiesse des Liégeois dans le creusement des areines permettant ainsi, dès le XIIIe siècle, l'exploitation de la houille. Des gravures représentaient d'anciennes fontaines liégeoises et des textes retraçaient l'histoire de l'épuration des eaux de Paris.

Ensuite, une belle documentation concernait les installations hydrauliques de Versailles. Des plans, des gravures, des cartes, des documents de toute espèce étaient étalés sous le yeux du visiteur. Ici, une reproduction animée de la pompe de Clagny. Là, une reconstitution en plâtre du projet d'aqueduc de Maintenon. Et l'on découvrait avec intérêt que des tuyaux de fonte et des robinets en bronze avaient été déterrés spécialement à Versailles pour les faire figurer dans cette rétrospective.

Voici évoquée la Machine de Modave par une reproduction animée, des photographies, des gravures. Et la Machine de Marly: des gravures, des planches anciennes, une abondante documentation en faisaient ressortir les caractéristiques. C'était l'occasion de rappeler le souvenir de deux Liégeois audacieux: Arnold de Ville et Rennequin-Sualem qui ont à leur actif ces deux belles réalisations du XVIIe siècle. La vie et les travaux de ces deux hommes de génie étaient naturellement évoqués dans ce stand.

Enfin, la section historique de l'adduction des eaux faisait valoir l'évolution des différentes techniques principalement du XVe au XIXe siècle. Au moyen de spécimens judicieusement choisis, par des reproductions, des photographies, on faisait ainsi l'histoire du tuyau de fonte, du tuyau de bois, du tuyau de plomb, du robinet, de la pompe, etc. Trois maquettes figuraient les trois âges du haut fourneau: 1823, 1872, 1900 et la roue hydraulique était représentée dans ses différents stades de perfectionnement.

La visite se terminait par la période moderne. La fabrication des tuyaux au XXe siècle: tuyaux de fonte, d'acier, d'asbeste-ciment. Quelques pompes modernes: pompes à piston, bélier hydraulique, pompe centrifuge de 1900 et de 1939.

Il est certain que l'effort extraordinaire accompli par les organisateurs de cette section aura été vivement apprécié par les visiteurs. C'est avec le plus grand souci d'exactitude qu'on avait tenu à retracer la contribution des siècles passés à l'étude des travaux hydrauliques et à la construction des machines s'y rapportant. Par la valeur et l'abondance de la documentation réunie, cette section fut une des plus remarquables de l'Exposition. Il est regrettable que les nécessités du lotissement général ne permirent pas de lui attribuer un emplacement un peu plus étendu. Les nombreux objets dont on vient de lire une énumération sommaire se tenaient mal à l'aise dans les 500 mètres carrés réservés. Sans doute, le stand occupait-il au sein des palais belges une place de choix, formant le noyau central de l'importante participation de la classe 9. Mais un peu plus d'espace aurait permis de mieux encore mettre en valeur tous ces objets qui ne représentaient pas moins de vingt siècles de progrès.

Cela n'a pas empêché la section historique du captage et de la distribution d'eau de remporter le plus brillant succès. Elle fut accueillie avec admiration tant par les spécialistes que par le public en général. Elle méritait les éloges les plus vifs car elle réunissait une documentation d'une rare valeur sur un thème tout à fait inédit. C'était un morceau de choix!

2. Les Travaux urbains et ruraux contemporains

a) Le Captage des eaux

Dans le domaine du captage des eaux, comme dans celui des autres activités groupées sous la rubrique des travaux hydrauliques urbains et ruraux, l'Exposition faisait ressortir, d'une part, les travaux réalisés ou projetés des services publics intéressés et, d'autre part, les moyens de réalisation et la capacité des industries spécialisées.

Ces dernières, représentées par des fabricants de matériel de sondage et par des entrepreneurs, exposaient en majeure partie sur un emplacement extérieur situé à côté du Palais des Industries Lourdes. On y trouvait des sondeuses à main et à moteur en état de fonctionnement, un puits en cours de creusement et de l'outillage divers parmi lequel un gros trépan. Ce matériel perfectionné et pratique était tout à fait à la hauteur de la capacité reconnue des spécialistes belges. C'est sous le nom de « Collectivité des Sondeurs » que six industriels belges avaient constitué un ensemble à cet endroit. Ajoutons qu'une importante firme de sondage exposait au Palais du Génie Civil et qu'une autre présentait du matériel de puits filtrants au Palais des Industries Lourdes. On se référera à ce sujet à la notice de la classe 16 (voir la section E du présent chapitre), de même que pour les tubes, raccords, pompes et accessoires. Des diagrammes de sondage complétaient cette exposition de matériel.

Au Palais n° 19, étaient réunis de nombreux services publics qui présentaient un grand nombre de graphiques, plans, dessins et coupes géologiques à trois dimensions ou maquettes en matières transparentes, figurant des dispositifs variés de captage dans les eaux courantes, les alluvions des cours d'eau, les craies et calcaires, et les sources. On voyait aussi bien des captages par galeries, drains, puits filtrants et puits artésiens. Citons à cet égard les stands des Provinces d'Anvers, de Brabant, de Liège et de Namur, des Villes de Hasselt, Liège et Tournai, de la Société nationale des Distributions d'eau, des Intercommunales de Bruxelles, des Flandres et de l'Agglomération liégeoise. La Société nationale précitée montrait en outre une carte des ressources hydrologiques du pays.

Ensemble, les deux catégories d'exposants, services publics et industriels, donnaient une excellente idée de la manière scientifique dont l'eau potable, minéral de première nécessité, est recherchée et par quels moyens perfectionnés et efficaces, elle est captée en vue d'être livrée à la consommation.

b) La Distribution des eaux

Et voici le stade suivant la distribution, problème dont l'essentiel était traité dans deux compartiments contigus du Palais n° 19 groupant l'un, diverses provinces belges, l'autre, des organismes officiels, privés ou mixtes.

Les Provinces d'Anvers, de Brabant, de Liège, de Limbourg et de Namur exposaient des plans et dessins de distributions d'eau, de réservoirs et châteaux d'eau, d'installations de déferrisation et de démanganisation, accompagnés de graphiques et de diagrammes statistiques. Des objets analogues garnissaient les stands des Villes de Hasselt, de Liège et de Tournai, de l'Intercommunale bruxelloise et des Intercommunales des Flandres, de l'Agglomération liégeoise et du Veurne-Ambacht, de la Société des Distributions d'eau d'Anvers, de la Société nationale des Distributions d'eau, etc. Le stand de cette dernière contenait un beau modèle du château d'eau d'Eekloo et une maquette lumineuse du réseau de Namur. Quant au Service des eaux de Liège, il avait constitué une participation remarquable montrant des coupes géologiques transparentes à trois dimensions des captages dans la craie de Hesbaye ainsi que le tracé et le relief des anciens adducteurs et de ceux en construction. Le stand contenait aussi des modèles des réservoirs d'Ans (établis pour réduire au minimum les effets défavorables des affaissements miniers) et un modèle du château d'eau de Cointe, ainsi que des coupes et des diapositives relatives au captage et au traitement des eaux du gravier de la Meuse, au parc de la Boverie, à Liège.

L'Intercommunale liégeoise avait fait confectionner la maquette d'un important groupe de réservoirs modernes édifiés à Lamine et étudiés également pour résister aux affaissements miniers. Enfin, la Ville de Tournai exposait une maquette de ses installations de déferrisation et de démanganisation.

Le matériel pour l'établissement des distributions figurait en abondance et d'une manière à donner une haute idée de cette industrie spéciale. Ici, des contingences avaient rendu moins aisé le groupement des exposants. Les plus importants avaient trouvé leur place naturelle au Palais des Industries Lourdes où l'on voyait les tuyaux en fonte et en acier, les joints, vannes et accessoires des tuyauteries, les réservoirs métalliques et leurs charpentes de support, etc.

Du moins, les grandes usines avaient-elles, d'une manière digne d'éloge, pu s'entendre pour organiser, au Palais n° 19, un ensemble collectif en relation directe avec la section historique, à l'édification de laquelle elles avaient aussi contribué puissamment. Le contraste entre les vestiges authentiques d'anciennes canalisations en bois (Ciney, Stavelot, etc.) et en plomb (Liège) et les conduites modernes en acier, en éternit et en fonte, faisait apparaître les progrès remarquables de l'industrie.

Au Palais voisin n° 20, l'exposition de l'industrie des conduites était complétée par des spécimens de grande taille de tuyaux en béton centrifugé, en béton armé ou sidéro-ciment. La constitution de ces tuyaux était visible, ainsi que la disposition spéciale des joints (Béton centrifugé belge).

L'industrie des compteurs et des appareils de mesure et de réglage était représentée par trois firmes importantes exposant, aux Industries Lourdes, une gamme très étendue d'appareils basés sur des principes variés, utilisant toutes les ressources de la science hydraulique. La petite tuyauterie de distribution domestique en acier, cuivre, zinc, plomb, fonte, éternit, avec les accessoires, joints, vannes, robinets de tous systèmes et de toutes apparences, remplissait les stands de nombreuses firmes, prouvant la vitalité de la moyenne et de la petite industrie et un véritable degré de raffinement dû à l'ingéniosité des fabricants. Ces stands étaient établis pour la plupart au Palais n° 20. Des exposants dont l'activité principale relevait d'autres classes étaient aussi inscrits à la classe 9: les bureaux d'études techniques de construction (réservoirs et châteaux d'eau), les ateliers de constructions métalliques (réservoirs en acier), les entreprises de travaux publics (voir les classes 4, 5 et 16). Ensuite, les producteurs de tous les matériaux et produits servant aux divers usages des eaux de distribution: installations sanitaires et domestiques en matériaux divers, appareils de chauffage à l'eau chaude, réfrigérateurs, pompes à main et à moteur, adoucisseurs d'eau et tous les accessoires analogues.

De tout cela se dégageait une impression de grande vitalité. Le visiteur apprenait, à son avantage personnel, la multiplicité des emplois journaliers de l'eau mise à sa disposition à profusion, à bon marché et dans les meilleures conditions d'hygiène.

c) La Protection contre les incendies

La lutte contre l'incendie dont l'eau reste l'agent le plus puissant, était le thème d'un ensemble imposant édifié au Palais n° 21 sous les auspices du Ministère de l'Intérieur. Des échelles de pompiers, dont certaines remarquables, des pompes d'extinction, des lances, des vêtements anti-feu, des masques, des tuyaux d'incendie, des véhicules, prouvaient à la fois la perfection de l'équipement de nos corps de sapeurs-pompiers et les ressources considérables de l'industrie belge spécialisée dans la confection de ce matériel. Une collection de photographies de grands incendies attirait particulièrement l'attention et faisait comprendre l'importance d'une organisation efficace de la lutte contre le feu. Dans d'autres pavillons, des tuyaux d'incendie et divers types d'extincteurs étaient également exposés.

d) Les Egouts et Collecteurs

L'évacuation des grandes quantités d'eaux usées des principales agglomérations et des volumes plus considérables encore d'eaux pluviales tombant sur leurs surfaces rendues imperméables (par les constructions, par les revêtements des routes, etc.) pose aux édilités des problèmes ardus.

Une grande partie de la participation des provinces y était consacrée. Citons la Province de Liège (égouts-types), celle de Namur (égouts de Ciney), de Limbourg (égouts de Tongres et de Maaseik), la Province de Brabant (collecteur de la Woluwe, détournement et voûtement de la Senne, collecteurs du Maelbeek et du Molenbeek, etc.). Enfin, la Province d'Anvers présentait une impressionnante coupe et perspective d'un collecteur principal du réseau d'égouts projeté du Grand-Anvers. Le projet retenait l'attention par son ampleur: par analogie avec les intercommunales de distribution, il est basé sur l'idée ingénieuse de grouper les installations d'évacuation des eaux d'un ensemble de communes couvrant un vaste territoire. C'est là une voie nouvelle pouvant, dans certains cas, présenter un intérêt technique, administratif et économique. Un groupement semblable, dont il sera question un peu plus loin, existe déjà dans la région liégeoise, pour d'autres fins. A signaler dans le même stand un diagramme des intensités de pluie dans la région en fonction de leur durée.

Le stand de la Ville de Tournai contenait aussi de nombreux dessins relatifs à son réseau d'égouts et, sous l'impulsion du Service de la voirie de Liège, le Comité de la section de classe avait groupé un certain nombre d'exposants au Palais n° 20, pour réaliser une coupe en grandeur réelle de la disposition des égouts dans une rue, avec la reproduction complète en coupe des raccords de voirie et des raccords particuliers. Aux alentours, étaient réunies les participations de divers producteurs d'appareils en grès ou en fonte (tuyaux, coudes, orifices de voirie, taques, échelons, raccords, puits de visite, pompes, revêtements de voirie et de trottoirs, tuyaux en béton, fosses septiques, etc.).

La section des égouts et collecteurs réalisait donc un ensemble très complet et d'impression assez synthétique.

e) Les Bains et Piscines

Cette section présentait moins d'unité. La Ville de Tournai exposait un projet de bassin de natation couvert, révélant les préoccupations modernes de la vieille cité romaine, tandis que le Palais de la Ville d'Anvers s'ornait de photographies de la plage populaire du Noordkasteel.

Quantité de matériaux spéciaux et du matériel approprié pour bains et piscines étaient exposés dans les stands repris à la section de la distribution ou relevant d'autres classes, 10 et 16, par exemple, et dispersés dans divers palais. Il s'agissait notamment de céramiques, panneaux en matériaux divers, fonte émaillée, métaux spéciaux et inoxydables, baignoires, douches, pédiluves, séchoirs, épurateurs et filtres, hublots transparents, appareils d'éclairage sous eau, ventilateurs, radiateurs, cabines, lampes à rayons ultraviolets, etc.

La collectivité « Eau et Santé », dont il sera question plus longuement au chapitre VII de cette partie du rapport général, comprenait beaucoup d'objets relevant particulièrement de la section des bains et piscines. On y voyait figurer notamment un grand modèle de piscine moderne, des installations de bains domestiques économiques, des reproductions de diverses plages. C'était là le seul effort de synthèse concernant la matière considérée.

f) L'Exhaure et le Démergement

Cette section comportait un stand collectif remarquable édifié au Palais n° 20, sous l'égide de l'Association intercommunale pour le Démergement des Communes de la Région de Liège.

D'une manière suggestive, un panneau de photographies rappelait les désastres causés dans cette région par les inondations périodiques, et notamment celles de 1925-1926.

La région y est gravement exposée à raison de l'abaissement considérable et continu de son sol sous l'effet de l'exploitation des mines, tandis que le niveau des grandes crues de la Meuse est maintenu constant par l'invariabilité des niveaux d'aval. La hauteur des crues s'élève ainsi continuellement au-dessus du sol. Les grands travaux d'amélioration de la Meuse dans la traversée de Liège, prévus au programme de 1927 du Fonds National des Grands Travaux et dont l'exécution est déjà très avancée, améliorent considérablement cet état de choses sans cependant y remédier entièrement. Des endiguements importants ont dû être exécutés pour mettre la région à l'abri des inondations, en dépit des meilleures conditions d'écoulement des crues. Ces endiguements ont comme corollaire indispensable de grands travaux de drainage et d'assainissement de la plaine protégée, avec l'obligation de refouler l'effluent dans le cours d'eau en crue par des stations d'exhaure et de démergement. Ces ouvrages sont considérables, à raison de l'étendue à drainer et des grandes dénivellations à racheter. En certains endroits particulièrement affaissés, situés sous le niveau normal de la retenue du bief de Liège de la Meuse canalisée, le refoulement est permanent. Les travaux sont bien avancés et leur exécution s'effectue suivant un système permettant de parer aux effets des affaissements continus, de réduire les quantités d'eau à refouler et de réaliser la plus grande économie possible d'installation et d'exploitation. Ils ont nécessité la création d'une puissante intercommunale, apte à faire face à une pareille entreprise, avec le concours indispensable et justifié des pouvoirs publics.

Si l'Intercommunale avait jugé opportun de rappeler, par des documents éloquents, les calamités dont la suppression est sa raison d'être, elle avait su donner une idée complète de son activité intense et fructueuse, par des graphiques, plans, perspectives et maquettes du plus haut intérêt et par la représentation, en vraie grandeur, de son système à clapet automatique anti-refouleur de raccordement de cave. Dans ce stand, les firmes exposantes montraient des pompes spéciales pour le but proposé (eaux claires et boueuses), les appareils anti-refouleurs de caves, les raccords, les joints, les tuyaux, les pièces spéciales, le matériel électrique, une coupe de cheminée de visite tout équipée. L'Intercommunale elle-même exposait, avec tous les détails, la confection de ses tuyaux en béton armé vibrés, d'un diamètre intérieur variant de 0,40 à 2 m 55, avec la démonstration de l'étanchéité du système de joint déformable à manchon. Stand très important et cependant concentré, résumant toute la section en une synthèse vigoureuse.

La station d'exhaure de la Ville de Liège, située dans l'enceinte de l'Exposition et accessible aux visiteurs, constituait un exemple réel de station de démergement: elle sert au refoulement des eaux d'égouts en période de crue du fleuve. D'autre part, sur l'emplacement extérieur occupé par la Collectivité des Sondeurs, se trouvait un aermotor pour assèchement de petits bassins poldériens.

g) L'Eau dans l'Agriculture (assèchements, irrigations, etc.)

Outre des pompes (voir ci-après section E, § 1er) et l'aermotor précité, pour les asséchements comme pour les irrigations, cette section comprenait le stand du Limbourg avec des photos et dessins de wateringues et d'irrigations et, au Palais de la Navigation Intérieure, l'Office de la Navigation qui montrait les heureux effets des irrigations de la Campine par les eaux des canaux de navigation.

Mais la principale participation belge à cette section était constituée par l'édification d'une ferme démonstrative, à l'entrée du Gay Village mosan.

3. La Ferme démonstrative

En agriculture, les applications de l'eau ont une importance primordiale. Au jardin comme aux champs, cet élément joue un rôle essentiel: si les terrains sont trop secs, il faut les irriguer; s'ils sont trop humides, il faut les assainir, les drainer.

Mais l'eau a également de multiples usages dans l'exploitation de la ferme, dans les étables, à la laiterie, et aussi, dans le ménage rural, à la cuisine, à la buanderie.

Somme toute, les différents aspects de cette intervention de l'élément liquide ont été traités séparément dans les autres sections. C'est ainsi, par exemple, que les méthodes de captage, les systèmes de distribution, les installations d'hygiène et d'entretien à envisager dans toute exploitation agricole rationnelle, ne constituent que des cas particuliers des problèmes généraux examinés sous les rubriques précédentes.

Toutefois, il ne manquait ni d'intérêt, ni d'opportunité, de mettre les principes fondamentaux de ces diverses techniques en application directe dans une exploitation rurale « modèle » c'est ce qui a été réalisé.

Il était fatal que les promoteurs d'une pareille démonstration synthétique dussent sortir des limites, cependant assez larges, du problème spécial de l'eau à la campagne. Plusieurs raisons les ont tout naturellement amenés à bâtir une vraie ferme avec tout le matériel et le cheptel nécessaires.

Tout d'abord, le succès de la démonstration semblait lié à la présentation d'un ensemble homogène et fonctionnel où l'agriculteur, à qui l'on s'adressait avant tout, pût retrouver facilement, dans un cadre familier, tous les éléments de sa vie et de son labeur quotidien.

Ensuite, l'ambiance, le Gay Village, dans lequel la présence d'une véritable exploitation rurale semblait s'imposer pour compléter le caractère rustique et intime de cette magnifique reconstitution folklorique.

Enfin, la manifestation projetée, organisée principalement par les chevilles ouvrières de la Commission nationale pour l'Embellissement de la Vie rurale, était de même inspiration que l'ensemble des réalisations que ce groupement marquait déjà à son actif et dont la portée est hautement progressiste et éducatrice.

C'est d'ailleurs sous une forme analogue et sous l'impulsion des mêmes personnalités, que s'était manifestée la participation agricole belge à la plupart des expositions précédentes et notamment à Bruxelles, en 1935. La formule avait fait ses preuves.

La Ferme démonstrative de l'Exposition de Liège était donc une vraie ferme, fonctionnant à peu près comme dans la réalité. Elle comprenait, en ordre principal, deux groupes de bâtiments l'un constituant l'habitation du fermier et de sa famille, l'autre les locaux destinés aux animaux. Comme l'exige l'hygiène, les deux groupes étaient nettement séparés; seul, un passage couvert permettait de circuler de l'un à l'autre à l'abri des intempéries.

Les matériaux judicieusement choisis donnaient à l'ensemble un caractère bien régional et l'architecture marquait parfaitement le style mosan imposé par le voisinage du « Gay Village ».

L'habitation était spacieuse et souriante. Confortablement meublée, elle comprenait au rez-de-chaussée: la salle de famille, le bureau, la cuisine avec l'arrière-cuisine, la buanderie, la laiterie. A l'étage: les chambres, la salle de bain, un atelier (pour jeune fille par exemple). En outre, des caves et mansardes. Tous les appareils et ustensiles appropriés se trouvaient à leur place, comme si la maison était réellement habitée.

Du côté de l'exploitation, en plus des locaux réservés spécialement aux différentes espèces d'animaux, il y avait une salle d'alimentation, un atelier d'artisanat, un silo, un fenil, des hangars, magasins à engrais, etc. Partout, l'outillage et l'équipement adéquats. Un jardin tout fleuri et une belle serre complétaient cet ensemble rustique.

Nous avons dit qu'un cheptel important y avait été placé, cela signifie qu'à ce point de vue la ferme vivait sa vraie vie. Il est intéressant d'ajouter que dans la demeure se faisaient en permanence des démonstrations pratiques, à la cuisine, à la buanderie, à la laiterie, effectuées par des élèves d'écoles ménagères. L'atelier d'artisanat était également en activité.

C'était un coin très animé de l'Exposition.

Le monde des cultivateurs et fermières, et même le public en général, y trouvaient des suggestions intéressantes au point de vue de l'amélioration de la vie à la campagne, et même de la vie tout court. Les agriculteurs de toutes les régions pouvaient y puiser des enseignements utiles en les adaptant, bien entendu, aux conditions particulières de leur propre exploitation. Ils y trouvaient d'innombrables applications rationnelles des progrès de l'art de la construction, de la technique et de la science dans le domaine rural.

Les promoteurs de cette belle réalisation se sont dépensés sans compter pour mener à bien leur entreprise. Ils ont trouvé sur leur route de nombreux collaborateurs dévoués et des concours efficaces d'un grand nombre d'industriels et de techniciens. Eux et tous ont droit aux plus vifs éloges.

SECTION C. - L'ÉPURATION DES EAUX

On connaît les trois phases (évaporation - condensation - précipitation) du cycle continu accompli par l'eau sur la terre.

L'eau météorique provient de l'évaporation qui se produit, sous l'action des rayons solaires, à la surface des mers, des lacs et des cours d'eau. La vapeur s'élève et atteint des zones plus froides où elle se condense et forme des nuages, et ensuite la pluie ou la neige. L'eau des précipitations reprend son cycle naturel en un temps dont la longueur dépend des conditions atmosphériques et de la nature du sol. Evidemment, lorsqu'elle retombe à la surface d'une nappe liquide, le cycle peut recommencer immédiatement. Il en est de même d'une certaine quantité d'eau qui atteint les parties solides du globe et qui se transforme tout de suite en vapeur. Le reste suit un chemin qui diffère suivant la nature des terrains. Sur les roches imperméables ou sur les terres devenues impénétrables (à cause de revêtements, bâtisses, etc.), l'eau ruisselle à la surface et s'écoule vers les points bas en formant les cours d'eau. Si le terrain est perméable, l'eau pénètre à plus ou moins grande profondeur dans le sol et forme les nappes aquifères dont le trop-plein s'écoule au jour sous forme de sources. Celles-ci contribuent à l'alimentation du réseau hydrographique au même titre que l'eau de ruissellement. En même temps, une partie de l'eau qui a pénétré dans le sol regagne directement l'atmosphère par évaporation lors des saisons sèches (Eaux industrielles et Géologie Communication de M. P. FOURMARIER aux Journées de l'Epuration des Eaux (Liège, juin 1939) « Revue universelle des Mines », novembre 1939, p. 546.)

Selon les cas, c'est à l'un ou l'autre point de ce parcours souterrain ou à l'air libre de l'eau que sont effectués les captages en vue de l'alimentation des habitations et des industries. De même, après son utilisation, l'eau est évacuée et rendue à son cours d'écoulement naturel, généralement aux rivières et aux fleuves. Les problèmes du captage, de la distribution et de l'évacuation des eaux ont fait l'objet de la section précédente de ce chapitre. Ce sont en somme des questions de transport de liquide. Nous pouvons rappeler ici également certains ouvrages de génie civil (les barrages par exemple) destinés à régulariser le régime de certaines eaux de ruissellement. Ils servent à constituer des réserves d'alimentation.

Toutefois, même dans les usines, l'eau est rarement utilisable telle qu'on la capte: elle doit généralement subir un traitement approprié.

Théoriquement, l'eau météorique peut être comparée à une eau distillée puisqu'elle provient de la condensation de vapeur. Déjà, en traversant l'atmosphère, elle se charge de poussières et de germes pathogènes en proportion variable suivant les endroits. Mais l'eau se souille surtout lorsqu'elle vient en contact avec le sol et qu'elle s'infiltre dans la partie superficielle du terrain. Elle se charge alors, en quantité plus ou moins grande, d'éléments organiques et de matières minérales en suspension ou en dissolution.

On ne peut toujours compter sur l'auto-épuration qui se produit, soit à la surface du sol sous l'action de l'air et de la lumière, soit à l'intérieur des terres par filtration à travers les roches dites « perméables en petit » qui constituent d'excellents filtres, pour la débarrasser de toutes ces matières, tout au moins dans la mesure où elles sont nuisibles. La « production » d'eau ainsi épurée naturellement ne peut couvrir les besoins croissants de nos agglomérations et de nos centres industriels. Leur développement considérable nécessite des captages toujours plus étendus et d'un débit en progression constante. En outre, il ne peut être perdu de vue que l'eau industrielle doit généralement répondre à des conditions particulières, ce qui exige de toute manière un traitement préalable.

Au moment du captage, les eaux contiennent donc des impuretés de nature organique ou minérale, dont la composition et l'importance résultent à la fois de l'origine des eaux (eaux de surface, eaux superficielles, eaux des nappes profondes), de la constitution des terrains qu'elles ont traversés et du trajet plus ou moins long qu'elles ont parcouru à l'air libre avant d'être puisées. Il est bien évident que si ces eaux naturelles entrent en contact avec des eaux usées, leur charge en matières nuisibles peut s'accroître dans des proportions considérables au point de les rendre inutilisables sans un traitement prolongé et énergique. Les réserves aquifères doivent par conséquent être sérieusement protégées à cet égard.

D'autre part, en ce qui concerne les eaux résiduaires (ou usées), il s'en faut de beaucoup que le phénomène d'auto-épuration qui se produit dans les cours d'eau soit suffisant pour rendre inoffensifs les effluents de plus en plus considérables qui y sont rejetés. En bref, c'est avant comme après leur utilisation que les eaux potables et industrielles doivent être traitées d'une manière convenable.

Cette matière était le thème de la classe 10 qui était divisée en quatre sections dont les titres suffisent à préciser les objets:

1° Eaux résiduaires,

2° Eaux pour usages industriels, d'hygiène et d'agrément;

3° Eaux potables;

4° Eau distillée.

Tel qu'il se pose à l'heure actuelle, le problème de l'épuration des eaux ne date pas depuis longtemps. Il est notoire que son importance échappe encore au grand public et que celui-ci est bien peu mis en garde contre les dangers de l'eau impure. C'était une obligation pour l'Exposition de Liège 1939 d'exercer une action énergique dans ce sens. Elle n'y a pas manqué. Entre autres, au Palais des Universités et au stand « Eau et Santé » du Ministère de la Santé publique (voir les chapitres I et VII), l'attention était portée sur les dangers des eaux impropres à la consommation et sur les inconvénients résultant de l'évacuation massive d'eaux résiduaires provenant de nos agglomérations et de nos centres industriels. En outre, un ensemble groupé au Palais 19 avait été constitué par les participations d'organismes publics et d'industriels intéressés.

L'épuration des EAUX RÉSIDUAIRES, objet de la première section de la classe, se justifie pour plusieurs raisons, notamment pour des raisons hygiéniques et économiques.

La salubrité de nos villes et de nos campagnes exige, comme des travaux scientifiques viennent de le mettre en évidence, que les eaux souillées par leur passage dans les habitations et dans les usines ne soient plus rendues en quantités de plus en plus grandes, à la terre ou aux cours d'eau, sans subir un traitement d'épuration. Celui-ci aura pour but d'éviter les émanations nocives ou nauséabondes, d'écarter les dangers de contamination des réserves aquifères, de parer à la menace de destruction de notre faune aquatique par la pollution des rivières.

Dans son stand au Palais 19, l'Office de l'Epuration des Eaux usées du Ministère des Travaux publics, dont les initiatives ont déjà retenu l'attention, faisait ressortir, d'une manière suggestive, le bienfait des rivières pures opposé aux dangers des cours d'eau malpropres et des sources contaminées. L'étude des rivières belges, quant à leur degré de pollution, faisait l'objet de cartes et de commentaires; une maquette représentait l'aménagement des stations expérimentales projetées.

Au point de vue économique, le traitement des eaux usées peut se concevoir de trois façons différentes soit par leur utilisation en agriculture ou en pisciculture (épuration naturelle), soit par la récupération de certaines matières provenant d'une fabrication, soit encore, dans certains cas, en vue de la récupération directe de l'eau elle-même.

En agriculture et en pisciculture, on peut, sous certaines conditions, tirer profit des matières fertilisantes contenues dans les eaux d'égouts et dans certaines eaux industrielles. Dans ces cas, leur utilisation permet en outre d'économiser et de protéger les réserves aquifères souterraines si précieuses pour l'alimentation des centres urbains et industriels. Dans certains pays, l'utilisation rationnelle des eaux et des boues d'égouts est, depuis quelques années, en voie de développement rapide et systématique. Notons à ce sujet, qu'au Palais de la Pêche, l'Administration des Eaux et Forêts attirait l'attention sur l'intérêt de l'alimentation des étangs par les eaux d'égouts au point de vue du rendement piscicole. Il en sera d'ailleurs question plus longuement au chapitre V (section B) à suivre.

Dans certaines industries, les eaux ayant parcouru les cycles de fabrication entraînent bien souvent des matières ayant encore une certaine valeur, sans compter que leur élimination allège d'autant l'épuration de la canalisation dans laquelle ces eaux seraient rejetées. Une récupération de ce genre peut présenter un intérêt dans les sucreries, les distilleries, les cokeries, les fabriques de produits chimiques, les industries textiles, et d'autres encore.

Enfin, il arrive même qu'il soit intéressant d'épurer les eaux de décharge en vue de les remployer, en circuit fermé, dans la même fabrication ou de les diriger vers d'autres centres d'utilisation pour lesquels une eau de qualité moindre peut convenir. L'emploi de l'eau en circuit fermé présente un gros avantage pour certaines industries consommant beaucoup d'eau. Cela se pratique couramment pour les eaux de réfrigération et de condensation. Cela s'impose en papeterie, par exemple, où pour la fabrication proprement dite d'un kilo de papier, il faut jusqu'à 200 litres d'eau, sans compter les quantités nécessaires à la production de la force motrice et à la préparation des matières premières.

En matière de traitement d'eaux résiduaires, la Belgique ne pouvait guère faire état de réalisations importantes, du moins dans le domaine public. Bien entendu, de nombreuses industries possèdent des installations d'épuration établies moins par mesure d'hygiène, que pour les raisons économiques que nous venons de développer.

Au point de vue de la salubrité publique, certains projets d'envergure ont été élaborés ou envisagés par les pouvoirs publics compétents. Il y a bien longtemps qu'on parle de l'épuration des eaux du Grand-Bruxelles. Bien que dans ce domaine une solution s'impose de plus en plus, il semble bien que l'on soit encore loin de la réalisation. A l'Exposition, rien ne rappelait le projet en question.

En ce qui concerne les procédés de traitement et le matériel approprié, l'Institut provincial d'Hygiène et de Bactériologie du Hainaut exposait, au Palais 19, son matériel de laboratoire pour les analyses d'eaux résiduaires. De son côté, au Palais du Génie Civil, la Société Franki présentait une maquette de la station d'épuration des eaux de l'Espierres, fortement polluées, et une synthèse de son système d'épuration par procédé chimique. Les autres procédés étaient évoqués également: procédés biologiques par lits bactériens (Assainissement Rationnel - Sobelco - Triclair), procédés par boues activées (Jadoul), procédé électro-chimique (Eubioclar). Citons aussi un système spécial d'égouts avec auto-épuration (Tubes de la Meuse). Tous ces exposants figuraient au Palais 19. L'un d'eux (Sobelco), en plus de son stand dans ce palais, avait édifié un pavillon indépendant dans les jardins.

Dans divers palais et dans des stands se rapportant principalement à d'autres matières de la Classification, se trouvait le matériel des installations d'épuration: appareillage de mesure des débits, pompes de circulation, grilles, décanteurs de toute forme, bassins à boues activées, filtres percolateurs, appareils de stérilisation, fosses septiques, etc. La Société Intégra, au Palais des Industries Lourdes, exposait des appareils de mesure et de réglage automatique du pH, ainsi que ceux enregistrant les traces de certaines impuretés dans les eaux. Le matériel de ce genre est chaque jour utilisé davantage en raison des exigences croissantes dans la qualité des eaux et du développement des installations automatiques de correction: l'opération tout en offrant plus de garantie autorise le contrôle.

Certains métaux non ferreux intéressaient cette section en raison de leur résistance à des agents agressifs pouvant entrer dans la constitution des eaux polluées.

La deuxième subdivision de la classe était consacrée aux eaux pour usages industriels, d'hygiène et d'agrément, communément appelées EAUX INDUSTRIELLES, par opposition aux eaux potables.

Les eaux utilisées par les industries proviennent, soit des distributions urbaines, soit, dans la majorité des cas, de captages établis par les entreprises elles-mêmes dans les nappes, aux sources ou dans les cours d'eau. C'est évidemment dans un but d'économie que les industries puisent elles-mêmes les eaux dont elles ont besoin, surtout que certaines d'entre elles en consomment des quantités considérables. Nous avons vu précédemment que certains barrages avaient été réalisés spécialement à cet effet (voir section A du même chapitre). Quelle qu'en soit l'origine, les eaux doivent souvent être traitées avant leur utilisation dans les procédés de fabrication, principalement à cause des matières minérales dont elles sont chargées.

Cependant, certaines eaux possèdent des qualités naturelles convenant particulièrement pour des industries déterminées. On connaît depuis longtemps les propriétés caractéristiques des eaux de la Lys et de la Vesdre indiquées particulièrement, les premières pour le rouissage du lin, les secondes pour le lavage des laines et la préparation des peaux des tanneries.

Parmi les eaux industrielles, on distingue habituellement celles destinées à l'alimentation des générateurs à vapeur (eaux de chaudières) et celles qui interviennent directement dans les procédés de fabrication. Ces dernières doivent répondre à des conditions différentes suivant le genre d'industrie. Ce n'est pas la même eau qui peut convenir aux industries textiles, chimiques, photographiques, ou aux tanneries, papeteries et fabriques de produits alimentaires. Le traitement varie donc aussi bien d'après la provenance des eaux, par conséquent suivant leur composition, que d'après le genre d'industrie où elles doivent être utilisées.

Parmi les usagers, la Section belge de l'Exposition ne comportait guère que deux participations dignes d'être signalées: celles de la Société nationale des Chemins de fer belges et de la Société des Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul, toutes deux installées au Palais 19.

La première avait tenu à donner une idée synthétique de ses réalisations en ce qui concerne les eaux pour locomotives. On sait que l'alimentation de celles-ci est un problème fort complexe tant par suite des quantités considérables d'eaux nécessaires, que des qualités qu'elles doivent avoir pour éviter la détérioration prématurée du matériel et assurer le meilleur rendement d'exploitation.

D'autre part, les Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul faisaient état de leur station de traitement pour leurs installations hygiéniques et industrielles. L'eau utilisée provient du canal de Mons à Condé fortement pollué. C'est un exemple typique d'installation privée procurant une eau convenable à un prix de revient peu élevé.

D'un autre côté, les organismes et industriels spécialistes étaient bien représentés, surtout en ce qui concerne le traitement des eaux de chaudières. L'Association Vinçotte attirait l'attention sur une collection d'échantillons montrant les phénomènes auxquels l'eau et la vapeur peuvent donner lieu dans les générateurs. L'Institut provincial du Hainaut, déjà cité ci-dessus, présentait ici également son matériel de laboratoire d'analyse.

Chez les installateurs, on relevait les procédés utilisant la chaux, la soude, les phosphates. Mentionnons parmi les nouveautés, la préparation d'eau douce par filtration sur masses spéciales (ZéoCarb de Phillips et Pain). D'autre part, deux systèmes particuliers de traitement méritaient notre attention. Leur but n'était pas d'adoucir l'eau, mais de faire en sorte que le dépôt qui se produira fatalement dans la chaudière ne soit plus incrustant. Ces procédés font appel, le premier à une action de courants alternatifs de faible intensité (O. C. P.), le second à l'effet de « décharges électriques » (R. Loesch). L'action de ces curieux traitements se manifesterait par une modification de la structure cristalline du carbonate calcique précipitant dans les générateurs à vapeur.

Pour mémoire, rappelons certains produits adoucisseurs destinés au traitement immédiat de petites quantités d'eau dans les ménages (Dubois). Pour ceux-ci d'ailleurs, il ne manque pas d'appareils adoucisseurs pratiques, filtres, etc.

En plus, la Société Sihi présentait des pompes spéciales pour chaudières et chaufferies et la Compagnie des Conduites d'eau, des indicateurs de pertes de charge dans les filtres. Rappelons que les exposants déjà cités pour le traitement des eaux résiduaires, présentaient du matériel à mentionner ici (pompes, filtres, débitmètres, etc.).

Il ne nous paraît pas sans intérêt de signaler qu'il convient de rapprocher cette section du traitement des eaux industrielles de celle relative à la protection des métaux contre la corrosion (voir section E à suivre). En effet, c'est un moyen parfois commode de lutte contre la corrosion que de faire en sorte que les eaux soient moins agressives.

Le problème des EAUX POTABLES faisait l'objet de la troisième section de la classe 10. Ces eaux, de même que celles utilisées dans les industries, sont également captées à différents points de la circulation naturelle souterraine ou à l'air libre de l'eau et doivent le plus souvent subir une correction avant d'être livrées à la consommation.

Pour les eaux utilisées pour l'alimentation humaine (ou dans certaines industries alimentaires aussi) c'est surtout la présence des matières organiques et particulièrement des microorganismes et germes pathogènes qui présente du danger. Les procédés d'épuration les plus courants sont la filtration, l'ozonisation et l'épuration par les procédés chimiques (généralement par le chlore). A la classe 9 (voir section B précédente), nous avons pu nous rendre compte du développement croissant des installations de distribution d'eau potable dans toutes les régions du pays. Les quantités de plus en plus considérables consommées exigent de la part des autorités responsables une surveillance vigilante des qualités bactériologiques des eaux distribuées.

Il arrive que les eaux captées puissent servir directement à la consommation. Ce cas, plutôt rare en Belgique, se présente pour l'alimentation de la Ville de Liège dont la plus grosse partie des eaux provient de la Hesbaye. Ces eaux, parfaitement filtrées par leur passage à travers l'épais manteau de limon et de sable recouvrant la craie du plateau, se classent au point de vue bactérien, parmi les meilleures du pays. Le Service des Eaux de la Ville a cependant fait établir un autre captage dans le second gravier de la Meuse, dont les eaux sont déferrisées, démanganisées et stérilisées à la station du parc de la Boverie, à Liege. Cette activité était schématisée au stand de la Ville, au Palais 19. De son côté, Tournai, dans le même palais, présentait ses installations de déferrisation en vue de l'alimentation de la cité.

Certaines eaux destinées à la distribution urbaine doivent subir des traitements prolongés et méticuleux. C'est le cas notamment pour la Ville d'Anvers dont les eaux proviennent de la Nèthe, à Waelhem. Au début de l'exploitation, elles pouvaient parfaitement convenir après un simple filtrage. Elles se sont peu à peu polluées par suite du développement des industries de la Campine et de l'extension des effluents d'eaux usées que l'agglomération bruxelloise déverse dans la Senne, car la Nèthe, sujette à marée, est envahie à chaque marée haute par les eaux du Rupel qui reçoit les eaux de la Senne.

Au Palais de la Ville d'Anvers, les « Antwerpsche Waterwerken » faisaient état de leurs importantes installations de décantation, de filtrage et de javelisation. Elles figurent parmi les plus importantes du pays et fournissent journellement 80.000 mètres cubes d'eau parfaitement épurée. Faut-il ajouter que la qualité des eaux distribuées est sévèrement contrôlée?

Dans certains stands, il était encore fait mention d'aménagements divers concernant les eaux potables. La station déjà citée des Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul fournit une eau potable. Mentionnons également au Palais du Génie Civil, le barrage de la Warche avec station d'épuration à l'ozone et de déferrisation pour l'alimentation de la Ville de Malmédy. C'est l'installation la plus complète du pays. Signalons également les installations de l'Intercommunale bruxelloise qui doit stériliser une partie de ses eaux (par le procédé dit à la chloramine).

Enfin, les industriels groupés au Palais 19 montraient, outre des dispositifs communs aux sections déjà décrites, des appareils de stérilisation. Les procédés au chlore étaient à cet égard les plus nombreux, le procédé Bunau-Varilla en particulier. Pour la désodorisation, on trouvait principalement le traitement au charbon actif.

Une quatrième section de la classe se rapportait à l'EAU DISTILLÉE. Il s'agissait de l'appareillage divers de production de l'eau en somme dépourvue de toute matière soluble, pour des usages divers (laboratoires, certaines industries) ou dans des circonstances particulières (distillation de l'eau de mer).

La plupart des dispositifs exposés ont déjà été cités. Une mention revient à la préparation d'eau absolue au moyen des allassions (Société SEMIC), soit le passage de l'eau au contact de masses spéciales absorbant les unes les anions, les autres les cathions. Les élément libérés étant des ions H+ et des ions OH-, ces masses peuvent être aisément régénérées.

La distillation par « électro-osmose » est à retenir également, de même que les procédés « Zéo-Carb-Déminéralite » déjà signalés (Phillips et Pain).

La distillation classique dans les appareils modernes avait donné lieu à une présentation bien réussie (Sobelco).

Nous croyons pouvoir affirmer que l'Exposition de Liège 1939 a exercé une action méritoire en faveur d'une solution complète du problème de l'eau urbaine et industrielle. Elle a montré que si le pays est doté de puissantes installations de captage, de distribution et d'évacuation d'eau, il lui manque encore, surtout pour des raisons d'hygiène publique, un outillage approprié pour le traitement des eaux résiduaires.

Un outillage de ce genre existe et fonctionne d'une manière satisfaisante à la tête du circuit, pour la correction des eaux avant leur utilisation dans les habitations et les industries. Il fait à peu près complètement défaut à la sortie, c'est-à-dire que les eaux souillées sont généralement abandonnées à leur écoulement naturel vers nos cours d'eau ou dans le sol, sans aucune épuration préalable.

Le thème de l'Exposition se prêtait à merveille pour attirer efficacement l'attention du public sur les dangers d'une pareille situation: dangers directs sur la salubrité urbaine et rurale à cause des émanations nocives provenant des eaux usées, dangers indirects de contamination de nos réserves aquifères avec lesquelles ces eaux chargées risquent de venir en contact.

Dans un pays comme le nôtre, ces réserves naturelles, bien alimentées par un réseau hydrographique excellent, constituent une richesse nationale qu'il convient de sauvegarder. Les autorités responsables doivent y être attentives et prendre les mesures énergiques qui s'imposent.

L'étude sommaire que l'on vient de lire suffit à se rendre compte que l'importance de la question dépasse les limites des intérêts d'une commune, voire d'une agglomération même étendue. C'est sur un plan régional, ou de préférence national, que la solution doit être conçue, car notre système hydrographique est trop étroitement lié pour que des mesures d'ordre local puissent être considérées comme suffisantes.

Le problème présente des aspects variables d'un pays à l'autre. On constate cependant que dans certains pays étrangers, on est entré résolument dans la voie des réalisations par le traitement rationnel ou même l'utilisation des eaux résiduaires. La nécessité d'une législation sévère, et appliquée soigneusement, s'y est révélée indispensable. Chez nous, comme ailleurs, il faut agir sans faiblesse.

La participation belge à la classe de l'épuration des eaux a rempli le rôle qui lui était dévolu: elle a situé exactement les problèmes qui se posent et indiqué les voies à suivre pour leur résolution. Dans le domaine industriel, elle a montré, par l'ensemble des appareillages exposés, qu'il existe actuellement des dispositifs à toute échelle convenant aussi bien pour les besoins d'une ville entière que pour la correction des eaux d'un ménage. Notre industrie, relativement jeune dans cette branche, donnait des garanties qu'elle sera à même de faire face aux demandes croissantes qui ne manqueront pas de se manifester prochainement sur le marché.

SECTION D. - L'EAU ET LES INDUSTRIES

Pas à pas, nous suivons le chemin parcouru par l'eau. Depuis sa source, nous l'avons vue emprunter les canalisations que l'homme lui a construites, subir les traitements d'épuration nécessaires, intervenir de mille et une façons dans la vie domestique et à la ferme: voici qu'elle nous convie à poursuivre ce merveilleux voyage par la visite des nombreuses industries où, comme partout, elle joue un rôle de vedette.

Tout d'abord, l'industrie électrique, la plus moderne de nos entreprises et une des plus développées aussi, nous fera connaître combien l'élément liquide lui est indispensable dans ses centrales et quels sont ses rapports avec lui dans la distribution et dans l'utilisation de l'énergie produite. Elle nous apprendra aussi sous quelles formes ses relations avec l'eau peuvent présenter des inconvénients, voire même des dangers. C'était l'objet de la classe 13.

Ensuite, une classe spéciale était réservée à une industrie assez récente et de grand avenir, trouvant sa raison d'être dans certaines propriétés caractéristiques de l'élément liquide. En effet, l'industrie du froid, objet de la classe 14, est née de la nécessité de produire de la glace artificielle pour les besoins de l'industrie et du commerce. Si les procédés de production de basses températures ont évolué, la glace constitue toujours un facteur important de génération et de conservation du froid pour les usages domestiques et industriels.

Enfin, la classe 15 devait mettre en évidence les nombreuses interventions de l'eau dans la plupart des industries, soit comme véhicule pour le transport de matières en solution ou en suspension, soit comme source ou agent de transmission de chaleur, soit comme agent de réfrigération, soit encore comme milieu ou agent de réaction (catalyseur).

Cette vaste démonstration englobait nos principales industries de transformation, depuis les industries chimiques jusqu'à celles des produits alimentaires en y comprenant les industries textiles.

De même, les mines, carrières, sablières et certaines branches spéciales étaient intéressées à cette classe.

1. La Technique de l'Eau et l'Electricité (cl. 13)

L'électricité qui joue un rôle de plus en plus important dans la vie domestique et sans laquelle on ne conçoit plus guère d'exploitation industrielle, se devait d'occuper une place marquante à l'Exposition. Elle n'a pas failli à cette obligation. Plus de quarante firmes beiges étaient représentées. Il faut citer notamment l'Association des Constructeurs de Matériel électrique de Belgique (A.C.M.E.B.) qui avait amené la plupart de ses membres à exposer, et les participations collectives de deux autres groupements importants l'Union des Exploitations électriques en Belgique (U.E.E.B.), comptant quarante-sept membres parmi les entreprises de production et de distribution d'énergie électrique, et l'Association des Centrales électriques industrielles de Belgique (A.C.E.I.B.), dont les cent trois affiliés producteurs ou usagers de courant appartiennent à presque tous les genres d'industries. On peut donc avancer, sans risque d'être contredit, que tout ce qui en Belgique touche au domaine de l'électricité était représenté.

Le programme de la classe 13 prévoyait six sections où, d'une manière simple et concrète, les rôles les plus immédiats de l'eau devaient être mis en évidence. La plupart des exposants belges étaient réunis au Palais des Industries Lourdes (n° 34). Quelques-uns figuraient ailleurs notamment au Palais du Génie Civil et dans celui dit « de la Mer ».

a) L'eau et la production de l'énergie électrique

L'eau agit dans la production de l'énergie électrique

1° Comme agent moteur direct, soit sous son état liquide naturel dans les centrales hydro-électriques, soit à l'état de vapeur dans les centrales thermiques;

2° Comme agent auxiliaire pour la condensation de la vapeur et la réfrigération des moteurs.

Ce double rôle était clairement illustré au Palais n° 34 par un panneau synthétique montrant l'eau coulant de la source à la rivière et puisée par l'industrie pour alimenter les turbines hydrauliques, les chaudières, les condenseurs de vapeur et pour refroidir les moteurs à explosion.

Le visiteur pouvait se faire une idée de l'importance de la production d'énergie électrique en Belgique par la lecture de cartes et tableaux synoptiques lui montrant qu'en 1938 une puissance totale installée de 2.462.000 KW avait produit 5.278 millions de KWH.

La Belgique n'est pas riche en « houille blanche ». Cependant, certaines sources y ont été rationnellement utilisées comme on s'en rendait compte par l'examen de maquettes et photographies diverses des installations hydro-électriques de Butgenbach et de Heid-de-Goreux (Centrales de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy).

Par contre, riche en charbon, le pays a concentré la majeure partie de la production d'énergie électrique dans des centrales thermiques d'une puissance moyenne élevée, dotées de fortes unités génératrices économiques. De plus, toutes les énergies de déchet, notamment les gaz de hauts fourneaux, sont complètement récupérées. Les derniers progrès de la science, tant en ce qui concerne la thermodynamique et l'écoulement des fluides, que la connaissance des matériaux, entre autres le comportement des métaux aux hautes températures, ont été mis en pratique par les constructeurs toujours soucieux de faire marcher de pair la science et la technique.

De nombreuses représentations en relief ou photographiques, des panneaux descriptifs et des appareils de démonstration mettaient en évidence les réalisations les plus modernes dans la construction des turbines à vapeur avec soutirages, des moteurs à explosion à cylindres compartimentés avec chemises refroidissantes et d'importantes installations de réfrigération et de condensation.

D'autre part, tous les éléments accessoires intervenant dans les installations de centrales et notamment les appareils de contrôle d'eau, de gaz et d'électricité, ainsi que les appareils électriques de commande à distance, étaient présentés de manière très intéressante par leurs constructeurs.

b) L'eau et la distribution de l'énergie électrique

D'un court passage au Palais n° 34, le visiteur en lisant une carte et quelques tableaux emportait une impression nette de l'oeuvre accomplie par l'initiative privée dans le domaine de l'électricité en Belgique.

Si, désireux de s'en instruire plus à fond, il prenait place au cinéma mis à sa disposition au stand de FU.E.E.B., il ne manquait pas d'être tout à fait initié à l'organisation de la production, du transport et de la distribution de l'électricité dans le pays, et à ses applications industrielles et domestiques.

Des réseaux aux mailles serrées de conducteurs, haute et basse tensions, couvrent le territoire et transportent l'énergie dans des conditions optima de sécurité et d'économie vers la presque totalité des communes belges. Avec une consommation annuelle de 650 KWH. par habitant, la Belgique se classe actuellement en tête des pays pauvres en chutes d'eau, comme elle occupe un des premiers rangs entre toutes les nations par la coordination rationnelle et économique de ses moyens de production.

Si le visiteur cherchait quel est le rôle de l'eau dans la distribution de l'énergie électrique, il avait lieu de satisfaire sa curiosité et de s'étonner, peut-être, que l'élément liquide au lieu d'être ici un auxiliaire bienfaisant, remplit un rôle qui, pour n'être pas toujours néfaste à proprement parler, crée cependant des difficultés qu'il ne fut pas aisé de vaincre dans certains cas.

La traversée de vallées profondes et l'escalade à flancs de coteaux escarpés des lignes aériennes, le passage des fleuves par des câbles immergés étaient illustrés par des photographies montrant souvent beaucoup de hardiesse de construction. De même, les effets du givre sur les conducteurs et l'action de la pluie sur les isolateurs étaient bien imagés. Il sied de citer en particulier une maquette remarquable montrant comment, par drainage et sectionnements électriques, il est possible de protéger les canalisations souterraines contre les courants vagabonds résultant du retour par la terre du courant électrique (participation des Sociétés Distrigaz et Traction et Electricité, au Palais n° 19).

Signalons aussi combien les constructeurs s'évertuent à combattre l'action nuisible de l'eau dans la distribution de l'énergie électrique par la création de matériel blindé ou spécialement isolé. Nombre d'appareils de ce genre étaient à la portée du visiteur.

c) L'eau et l'utilisation de l'énergie électrique

C'est vraisemblablement dans le domaine de l'électrolyse que l'électricité et l'eau se sont, en premier lieu, trouvées en présence, industriellement parlant.

Cependant, les applications tardèrent à prendre un développement considérable et se limitèrent à la galvanoplastie. Mais l'Exposition a montré combien, en ces derniers temps, les phénomènes électrolytiques ont pris d'importance dans le domaine de la métallurgie et de la chimie.

Traitement de minerais, raffinage de métaux, dépôts électrolytiques épais, zingage électrolytique, décapage électrolytique, fabrication de sels chimiques, dépôts d'aluminite, accumulateurs, etc., dont de multiples échantillons étaient exposés, donnaient une idée du développement rapide de ces nouveaux consommateurs d'énergie électrique.

Il convient de signaler ici, car l'eau y joue son rôle réfrigérant, les applications de l'électrothermie dont l'importance ne le cède en rien aux précédentes. Le souci de jour en jour plus impérieux d'obtenir des produits purs ou affinés de haute qualité, a mis en évidence ce mode de chauffage. La possibilité d'atteindre des températures extrêmement élevées dépassant 3.000 degrés, la facilité de réglage de la température, la réalisation d'un milieu chimiquement neutre en font un système de chauffage idéal. L'électrométallurgie à elle seule a consommé, en 1937, 41 milliards de KWH, soit près de 10 % de la production mondiale d'énergie électrique.

Bien que, dans les pays riches en combustible et pauvres en chutes d'eau comme la Belgique, l'emploi de l'électricité pour susciter des réactions thermiques et chimiques soit apparu jusqu'à présent comme un détour anti-économique, un examen précis plaide cependant souvent en faveur de cette utilisation.

Les fabrications électrochimiques et électrothermiques ne sont pas l'apanage des seules contrées riches en houille blanche et il est certain que, dans notre pays, l'électrométallurgie peut jouer un rôle considérable. L'objection du prix trop élevé du KWH. tombe devant le fait que la récupération rationnelle de tous les produits de déchets et l'organisation générale de la production et du transport de l'énergie électrique telle qu'elle existe en Belgique, mettent à la disposition des usagers de l'énergie à des prix nullement prohibitifs.

La nouveauté et l'importance des sujets qui précèdent ne nous font pas oublier que, dans le domaine plus connu de l'utilisation de l'énergie électrique comme force motrice, les constructeurs de pompes de tous genres avaient, à l'Exposition, des participations importantes présentant un vif intérêt. Le jet d'eau record du monde de 100 mètres de hauteur, construit par les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi, en était une belle application.

La soudure électrique avait également ses représentants spécialisés en soudure à arc, par point, soudure continue, soudure par galet, soudure effectuée sous pression, soudure sous eau, etc. avec tout le matériel accessoire. Au Palais n 34 figurait en service, un appareil de construction belge pour le contrôle des soudures par radiographie (Usines Balteau).

Enfin, il n'est pas possible de terminer cet exposé sans faire mention des fontaines lumineuses, des jardins d'eau et de la roseraie de l'Exposition où l'électricité et l'eau s'étaient associées dans des ruissellements de perles et de couleurs pour l'émerveillement des milliers de visiteurs.

d) L'électricité et l'hygiène de l'eau. - e) L'électricité et les grands travaux hydrauliques

Les installations commandées par l'hygiène publique et celles se rapportant aux grands travaux hydrauliques étaient exposées, en ordre principal, dans les départements du Génie Civil et de la Santé Publique. Le visiteur y constatait l'importance des réalisations effectuées à ce jour dans notre pays et à l'étranger. Son attention était attirée sur le fait que, dans toutes ces installations, l'électricité intervient comme auxiliaire obligé.

Renoncer à cette forme d'énergie dont la souplesse n'est égalée par aucune autre, ce serait exposer d'avance toute réalisation à un surcroît de difficultés et de dangers ainsi qu'à des délais d'achèvement plus longs. Les distributions d'eau, captages de sources, évacuations d'eaux usées, l'utilisent principalement comme force motrice et accessoirement comme moyen de commande automatique à distance des appareils.

Une application particulièrement intéressante en avait été faite aux installations de démergement des eaux d'égout de Liège qui rendent des services incalculables en temps-de crue du fleuve et dont une sous-station avait été construite à l'Exposition. Notons également que la généralité des écluses, barrages, ponts, ascenseurs, transbordeurs, sont commandés électriquement comme en faisaient foi divers plans et maquettes du Palais du Génie Civil. Il y était montré aussi que l'opération très délicate du rabattement des nappes aquifères peut s'effectuer électriquement avec le maximum de facilité et de sécurité.

Au Palais n° 19, était faite une démonstration des procédés électrolytiques pour le conditionnement de l'eau et la réduction de son degré hydrotimétrique (voir section C de ce chapitre).

Enfin, l'hygiène domestique consomme une quantité d'énergie électrique en constante progression dans les appareils stérilisateurs d'eau, chauffe-eau, boilers, frigidaires, lessiveuses, etc., dont l'usage se développe considérablement. La plupart des applications ci-dessus impliquent l'emploi d'appareillage blindé, hermétique, à refroidissement naturel ou forcé, que les visiteurs pouvaient examiner.

f) L'électricité et la navigation

Primitivement l'électricité n'a été utilisée à bord des navires que pour des services auxiliaires, l'éclairage par exemple.

Mais, depuis l'introduction des moteurs à explosion dans la marine et notamment des moteurs Diesel employés à la propulsion des bâtiments, l'électricité a remplacé la vapeur dans la plupart des applications. Tous les services du bord (éclairage, pompage, signalisation, manutention, etc.) sont électrifiés et dans certains navires modernes ce sont des moteurs électriques qui attaquent les arbres de couche. Une mention spéciale doit être faite d'un appareil à gouverner, commandé par moteur continu, dont un spécimen figurait à l'Exposition (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

Aux ports et sur les côtes, l'emploi de l'énergie électrique s'est également généralisé tant pour l'éclairage ordinaire, le balisage, les phares et les bouées, que pour les engins les plus divers servant aux manutentions. Enfin, pour la sécurité des navires, citons les applications chaque jour plus nombreuses et plus perfectionnées de la radiogonioscopie et de la radioélectricité auxquelles des milliers de marins doivent la vie sauve. Il en sera d'ailleurs question plus longuement au chapitre suivant (sections B et C).

Il eût fallu à cet aperçu un développement considérable pour pouvoir rendre compte de façon détaillée de la participation de chacun des exposants la place nous en fait défaut.

De ce qui précède, il résulte à suffisance que l'électricité a occupé à l'Exposition une place digne de son importance tout en s'attachant cependant à répondre aux désidérata du programme imposé, c'est-à-dire en ne sortant pas du domaine de ses rapports avec l'eau.

L'excellence des produits exposés faisait le plus grand honneur à l'industrie électrique belge. Leur haute qualité a été sanctionnée par le Jury international des Récompenses qui a attribué aux exposants belges de la classe 13 de nombreuses récompenses supérieures.

2. L'Industrie du Froid (cl. 14)

On sait l'importance du froid industriel dont les applications s'étendent dans les domaines les plus variés. Ainsi, en métallurgie, il permet l'asséchement de l'air des hauts fourneaux autorisant de la sorte des économies énormes de combustible; il assure également la séparation des gaz des fours à coke et spécialement de l'hydrogène utilisé pour la fabrication de l'ammoniaque. En industrie mécanique, citons les essais et la détermination des appareils et matériaux destinés à être utilisés aux basses températures, l'amélioration du rendement des moteurs. Dans l'industrie chimique, il sert à la liquéfaction des gaz et à la récupération des solvants volatils. Dans les mines, il intervient dans le fonçage des puits par congélation des terrains aquifères et dans le conditionnement d'air des galeries. Enfin, dans les industries alimentaires, il aide à la conservation et au transport des matières périssables, sans compter ses nombreuses applications dans les industries diverses et son emploi pour améliorer, dans certaines conditions, le confort et l'hygiène.

Les multiples manifestations de cette classe faisaient l'objet, du point de vue belge, de quelques stands importants à la SECTION DU FROID installée dans une des salles du Grand Palais des Fêtes, ainsi que de quelques participations figurant dans d'autres palais, notamment celui des Industries Lourdes, et d'un pavillon individuel établi en commun par les Sociétés Hamon et Sobelco.

Etaient représentés les appareils frigorifiques à ammoniac et au chlorure de méthyle, les pompes pour frigos, des appareils à carbo-glace, des wagons isothermes, des armoires frigorifiques pour usage domestique, des appareils pour le conditionnement de l'air, des moules à glace, etc. Les Services frigorifiques de l'Etat avaient apporté leur concours à cet ensemble.

Si tous les types d'appareils étaient exposés et toutes les applications du froid schématisées, il y a lieu cependant de faire remarquer qu'aucun effort de synthèse ne fut tenté. Les exposants belges de cette classe furent préoccupés uniquement par le souci de faire de la propagande commerciale. Cependant, l'intervention sans cesse élargie du froid dans la vie domestique était un thème qu'il eût été facile de développer dans un but didactique et éducatif. Les perspectives d'avenir qui s'étendent de jour en jour pour cette industrie, justifiaient le petit sacrifice matériel nécessaire.

Enfin, c'est dans le cadre des réalisations de la classe 14, qu'il y a lieu d'évoquer la construction de la PISTE OLYMPIQUE DE PATINAGE de l'Exposition. Cette installation, qui fait honneur à notre industrie nationale, fut confiée à une de nos plus anciennes entreprises spécialisées (Les Ateliers B. Lebrun, à Nimy) Les pistes de patinage connaissent depuis quelques années une vogue croissante. Non seulement le patinage est actuellement fort à la mode, mais encore les exhibitions artistiques et les matches de hockey sur glace jouissent de plus en plus de la faveur du public.

L'Exposition de l'Eau se devait d'inscrire des manifestations de ce genre à son programme. La construction d'une piste fut donc prévue et, en accord avec la Ville de Liège, elle fut établie dans le Grand Palais des Fêtes dont la propriété, comme on le sait, devait revenir à la Ville, à la clôture de l'Exposition. La Cité ardente serait ainsi dotée d'une piste moderne.

Voici une brève description de l'installation.

La piste couvre une surface d'environ 1.500 mètres carrés (58 X 26 m.). Elle est établie sur un terrain bien nivelé sur lequel s'étend un important radier en béton, lui-même recouvert d'une couche isolante faite de plaques de liège aggloméré. Cette isolation est protégée contre les infiltrations par une chape imperméable sur laquelle repose la zone réfrigérante proprement dite, celle dont la construction offre le plus d'intérêt.

Les réseaux réfrigérants en tubes d'acier d'un développement total de plus de 18.000 mètres, sont enrobés dans une couche de béton renforcée par un treillis métallique spécial. Celui-ci est relié aux tuyaux par un grand nombre d'attaches en acier, ce qui améliore sensiblement la conductibilité thermique du système.

Des précautions spéciales ont été prises pour combattre les effets de contraction et de dilatation dues aux variations de température. Elles consistent dans l'emploi d'un béton spécial et dans la création de joints élastiques judicieusement raccordés dans l'épaisseur de la plate-forme. Il est à remarquer d'ailleurs que l'immense table de ciment est libre sur toute sa périphérie, étant donné l'espace d'expansion qu'on a laissé subsister sous la plinthe. Cela permet également de récolter l'eau provenant de la fusion ou du nettoyage de la piste.

Les machines ont été installées dans une des salles latérales du Palais. Malgré l'exiguïté de l'emplacement disponible, on a pu réaliser une installation pratique et d'une conduite aisée.

La saumure froide est fournie par une installation frigorifique des plus modernes comportant, en ordre principal, deux compresseurs d'ammoniaque verticaux, à deux cylindres, à flux continu, d'une puissance de 250.000 frigories chacun. L'un d'eux est suffisant pour assurer l'exploitation en régime normal, l'autre servant de réserve et étant mis en service pour la congélation de la piste ou dans les moments de grande affluence. Chaque compresseur est entraîné par un moteur électrique de 150 CV. Le condenseur prévu pour la puissance des deux compresseurs, est du type vertical à ruissellement intérieur. Ce type est d'une très grande efficacité sous un encombrement réduit, le nettoyage peut en être effectué pendant la marche des appareils.

Le refroidisseur de saumure d'un type vertical breveté par l'entreprise adjudicataire, à circulation rapide, est également d'un encombrement restreint.

Deux groupes moto-pompe, dont un de réserve, assurent la circulation de la saumure dans les réseaux réfrigérants. Les tuyauteries principales d'arrivée et de départ courent dans un caniveau parallèle au grand axe de la piste. Pour ces tuyaux, on a adopté une disposition favorable à une répartition uniforme de la saumure froide sur toute la surface de la glace. De même, la combinaison du circuit assure une égale température partout, d'où découle une consistance uniforme très appréciée du patineur. Des vannes d'arrêt disposées le long des conduites principales, permettent de limiter à 1/3 ou à 2/3 la surface gelée.

Cette piste fut un gros succès pour l'Exposition de Liège. Elle permettait d'y disputer tous les matches officiels de hockey sur glace et toutes les exhibitions de patinage artistique. Chaque jour, à certaines heures, elle était accessible au public qui pouvait s'y livrer à l'aise à son sport favori. Lorsque la salle devait servir à des manifestations d'un autre genre, un plancher facilement démontable était posé sur la piste de façon à mettre tout le vaste vaisseau à la disposition des spectateurs qui ne cessaient de l'envahir lors des fêtes, concerts, etc.

3. L'Eau dans les industries (cl. 15)

La classe 15, primitivement prévue pour présenter au visiteur le matériel et les procédés mettant en relief le rôle technique spécial de l'eau dans l'industrie, vit, par la force des choses, son domaine se développer considérablement. Des industries extractives aux industries alimentaires, en passant par les industries chimiques, électrochimiques, elle s'étendit aux industries diverses telles que le tabac, le cuir, ainsi que la brochure et la reliure. De plus, par une tendance bien naturelle, les exposants donnèrent une importance plus grande à leurs fabricats plutôt qu'aux appareils spéciaux en liaison avec la technique de l'eau dans leur industrie.

Il n'est donc pas étonnant que l'on n'ait pas trouvé dans cette classe une orientation définie, ni une unité de présentation. Cependant, pour le visiteur, la nature des objets exposés fut une révélation sur le rôle joué par l'eau dans des domaines où son intervention ne se manifeste pas toujours d'une manière apparente.

Le palais réservé à cette classe était celui portant le n° 18, auquel il faut ajouter le n° 17 affecté uniquement à l'alimentation. De nombreuses participations étaient encore installées ailleurs et notamment au Palais des Industries Lourdes. Nous synthétiserons l'effort de ces exposants belges en les reprenant par catégorie d'industrie ou mieux, suivant les sept sections de la classe.

Dans les INDUSTRIES EXTRACTIVES, et spécialement les charbonnages, les points de contact avec l'eau sont nombreux. Les participations belges dans ce domaine, aussi nombreuses qu'intéressantes, étaient groupées au Palais n° 18.

La Fédération des Associations charbonnières de Belgique, en collaboration avec l'Administration des Mines, présentait des documents et maquettes relatifs à l'exhaure, à la protection contre les eaux de mines et à l'utilisation de l'eau dans les charbonnages. En plusieurs stands individuels ou collectifs, nombre d'industriels exposaient un matériel fort bien mis au point comprenant: des appareils de lavage et débourbage des charbons et des minerais, des dispositifs pour le traitement par flottation, des procédés de protection contre les eaux, de creusement de puits par congélation, cimentation, etc., des pompes diverses (pompes d'exhaure, de flottation, de remblayage, de lavage, de circulation, pompes hydrauliques, etc.), jusqu'aux bains douches, armoires et lavabos indispensables à l'hygiène du personnel d'exploitation.

A cette section se rattachait aussi l'utilisation rationnelle des combustibles, notamment pour la vaporisation de l'eau dans les générateurs. Nombreux étaient les appareils présentés sous cette rubrique tels que dispositifs de préparation des briquettes, grilles mécaniques, dépoussiéreurs, etc.

Accessoirement, un stand important avait groupé plusieurs constructeurs spécialisés dans la fabrication du petit matériel de mines et carrières (matériel de transport, marteaux, lampes, etc.).

Dans un autre domaine, le Groupement des Carrières et Fours à Chaux de la Vallée de la Meuse avait tenu à se faire représenter.

Le problème du développement et des perspectives des INDUSTRIES ELECTROCHIMIQUES ET ÉLECTROTHERMIQUES mérite qu'on s'y arrête un peu. Les pays comme le nôtre, riches en combustibles mais pauvres en houille blanche, n'avaient guère jusqu'en 1914 développé leurs industries de ce genre. Il a fallu les circonstances économiques de l'après-guerre pour engager quelques industriels entreprenants à donner un essor à ce département des industries chimiques et métallurgiques, en utilisant l'énergie électrique provenant du charbon. De nombreuses fabrications furent mises en train à l'échelle semi-industrielle, notamment pour utiliser le courant des centrales aux heures creuses. A ce propos, on peut penser que l'extrême souplesse de l'énergie électrique ouvre un avenir nouveau dans notre pays à des industries électrochimiques très spécialisées, de moyenne ou petite envergure descendant même jusqu'à l'unité artisanale. Comme il en a déjà été question un peu plus haut (voir au n° 1, classe 13), la multiplication d'industries de ce genre ouvrirait à l'électricité des débouchés intéressants.

A l'Exposition, la participation la plus remarquable dans ce domaine était celle de l'Association des Centrales électriques industrielles de Belgique et du Comité belge de l'Electrothermie et de l'Electrochimie où le problème était envisagé dans son ensemble. Notons également le stand de la Société belge d'Electrochimie productrice de cyanamide calcique et de carbure de calcium par fours électriques, et quelques participations moins importantes se rapportant surtout au matériel des entreprises sous rubrique.

Les troisième et quatrième sections de la classe étaient consacrées respectivement aux INDUSTRIES CHIMIQUES ET DE SYNTHESE.

Les résidus des anciennes alunières, une des caractéristiques les plus curieuses de la vallée de la Meuse liégeoise, attestent à suffisance de l'ancienneté des industries chimiques belges. Notre pays a d'ailleurs joué un rôle prépondérant dans le développement de certaines fabrications. Pour le prouver, il suffit de citer les noms de Solvay et de Fourcault, parmi les nombreux autres. Actuellement, notre industrie chimique est digne de son brillant passé et contribue en moyenne pour 15 % au volume total de nos exportations.

D'autre part, les industries de synthèse, parmi lesquelles on range généralement celles qui réalisent la fabrication des produits chimiques par combinaison d'éléments simples, se sont aussi largement développées chez nous, grâce à l'importance de notre production charbonnière.

Dans toutes les fabrications, l'eau intervient tantôt comme matière première, tantôt comme véhicule dissolvant ou transporteur, même comme source de chauffage. Moyen de réfrigération, sous forme liquide ou de glace, l'eau agit dans des tours de lavage, condenseurs, radiateurs divers, dans des dispositifs pour chambres frigorifiques ou dans des appareils ménagers. D'un autre côté, on voyait figurer dans divers stands une série d'appareils tels que les délayeurs, les tamiseurs et les broyeurs de toute espèce qui, par leur degré de perfection, ont permis des progrès énormes, par exemple en cimenterie et dans les industries céramiques. On trouvait également des pompes spéciales pour la circulation des liquides corrosifs tels que les acides ou les eaux acides et salines utilisées couramment dans les industries chimiques.

Mentionnons également les appareils dessicateurs (presses déshydrates) pour l'élimination de l'eau de certaines matières telles que charbon, argile, terres diverses, etc., ainsi que les différents filtres destinés à la séparation des solides et liquides.

Les industries chimiques avaient eu soin de faire figurer dans leurs stands les nombreux produits organiques ou minéraux de leur fabrication. Le visiteur pouvait ainsi se rendre compte, par l'examen des divers acides, engrais, produits pharmaceutiques, gélatines, colles, savons, insecticides, etc., du degré de perfection auquel le travail à l'usine permettait de présenter les matières préparées.

Parmi les participations réalisées avec le plus de bonheur, nous devons citer en première place celle de la Collectivité des Industries du Cuir. En une série de stands aussi attrayants qu'instructifs, il y était présenté les diverses phases de fabrication des principales industries du cuir, en portant l'accent spécialement sur le rôle primordial joué par l'eau dans la préparation des peaux. Pour la documentation du visiteur, des spécimens soigneusement sélectionnés des principaux articles de cuir étaient exposés.

Notons également, toujours au Palais n° 18, un beau stand de la Fédération belge de l'Azote voisinant avec celui de la Société belge de l'Azote et des Produits chimiques du Marly. Citons aussi le joli pavillon édifié dans les jardins par la Collectivité cimentière belge, groupement de tous les producteurs belges des différentes catégories de ciments: Portland, métallurgiques, métallurgiques sursulfatés et de laitier, et celui d'une firme de produits de lessivage et d'entretien ménager (Société Persil). Enfin, il se trouvait au Palais n° 21 une petite section des encres, colles et divers articles de bureau.

Les INDUSTRIES GAZIERES faisaient l'objet de la cinquième section de la classe. L'eau peut y jouer un rôle digne d'intérêt notamment dans la production du gaz à l'eau, dans la récupération des sous-produits et comme réfrigérant dans l'extinction des cokes. Dans la distribution du gaz, elle peut jouer un rôle néfaste par l'humidification des conduites.

Force nous est de constater qu'aucun des aspects de ce problème n'avait fait l'objet d'une étude à l'Exposition. Si, sous l'égide de l'Association des Gaziers belges, les entreprises intéressées occupèrent un stand important au Palais n° 18, cette participation était consacrée entièrement à la présentation des appareils, surtout domestiques, fonctionnant au gaz. C'était là un stand qui manquait d'allure scientifique ou didactique et qui se confinait à une pure publicité commerciale.

Une remarque semblable peut être faite en ce qui concerne les INDUSTRIES ALIMENTAIRES reprises à la sixième subdivision de la classe. Malgré l'étendue de leur participation qui remplissait tout le Palais n 17, il ne s'y découvrait aucune tentative de démonstration technique. Il convient d'ailleurs d'ajouter que la participation des boissons (surtout les vins et liqueurs) était dominante et qu'il s'agissait là d'une matière sans rapport direct avec le Programme. Celui-ci, dans la branche des produits alimentaires, ne pouvait concerner que les industries de fermentation. Or, celles-ci ne s'y trouvaient guère.

Le Palais de l'Alimentation était fort heureusement aménagé. Une belle frise décorative, à la gloire du vin, formait le fronton du stand collectif des exposants de vins et liqueurs. Elle dominait agréablement toute la vue intérieure et donnait la note de circonstance à la visite des étals de biscuits, chocolats, sirop, conserves, etc.

Enfin, la septième section groupait les INDUSTRIES DIVERSES. Elle comprenait une participation importante, vraiment à sa place, de la Ville d'Eupen (au Palais n° 18) qui présentait la maquette du nouveau barrage en construction sur la Vesdre, à Eupen. Cet ouvrage est destiné à fournir l'eau à toutes les industries nouvelles qui ne manqueront pas de s'installer dans la région. En plus de cette participation remarquable, il y a lieu de citer celle de la Société intercommunale belge d'Electricité qui, dans son pavillon particulier, avait tenu à attirer l'attention sur ses installations de distribution de vapeur dans la région de Verviers. C'est une formule nouvelle de fourniture d'énergie qui peut offrir un intérêt considérable dans certaines régions du pays. Mentionnons également les Sociétés Hamon et Sobelco, spécialisées dans l'installation de réfrigérants industriels et de traitements d'eau pour tout usage, qui exposaient dans leur pavillon commun et au Palais 18. De même sont à citer ici les stands de la collectivité des tabacs (Palais 18) et de la collectivité de la reliure et de la brochure (Palais 21).

La classe 15 était peut-être une des classes les plus caractéristiques de l'Exposition, tant par son intérêt au point de vue de la réalisation du programme fondamental, que par la diversité et la valeur des industries ressortissantes. D'une manière générale, tous les exposants belges s'y montrèrent à la hauteur de leur tâche aussi bien par la qualité des objets que par le soin donné à la présentation. Comme nous l'avons dit au commencement de cette notice, il était fatal que la grande variété d'industries représentées rendît difficile, sinon impossible, toute tentative de coordination ou de synthèse dans les démonstrations mises à la portée du visiteur. Toutefois, celui-ci ne pouvait manquer d'être frappé par la remarquable vitalité de ces entreprises, sur les progrès considérables qu'elles ne cessent d'accomplir. Il est regrettable que dans ce vaste panorama de notre production nationale, les industries textiles qui constituent une de nos principales activités industrielles et dans lesquelles l'intervention de l'eau se manifeste d'une manière souvent prépondérante (rouissage du lin, par exemple), se soient abstenues de prendre place.

SECTION E. - LE MATÉRIEL ET LES MATÉRIAUX DES OUVRAGES HYDRAULIQUES

Cette section achève la description des travaux du génie civil par l'examen des machines, de l'outillage et, en général, de tous les facteurs techniques ou scientifiques de réalisation de ces travaux. En tête se placent les moteurs et machines hydrauliques, objet de la classe 11. A ce sujet, il n'est pas inutile de rappeler que la rétrospective du captage et de la distribution d'eau, décrite au premier paragraphe de la section B du même chapitre, s'était en grande partie consacrée à faire ressortir l'évolution de la technique des machines hydrauliques au cours des siècles. Cette participation mérite d'être remémorée ici pour la rapprocher de la très intéressante présentation de matériel moderne que nos industriels avaient réalisée tout particulièrement en lait de pompes et de turbo-pompes. La description des stands a été complétée, dans un paragraphe suivant, par une notice documentaire sur les installations hydrauliques de l'Exposition assurant le fonctionnement des jeux d'eau. Bien qu'il ne s'agît pas à proprement parler de matériel exposé, il nous a paru nécessaire d'attirer l'attention sur l'ampleur de ces installations qui faisaient honneur à notre industrie.

Dans la classe 12, la Belgique ne pouvait guère briller. En effet, sauf une seule exception, nos réalisations en matière de centrales hydrauliques et hydro-électriques sont négligeables.

Par contre, la classe 16 intéressait au plus haut degré l'industrie belge. Il s'agissait non seulement de faire valoir les recherches, les essais et les conceptions scientifiques concernant les travaux hydrauliques, mais encore de mettre en relief la qualité de nos matériaux, de notre matériel, de notre outillage, dans tous les domaines techniques relatifs à ces travaux. Depuis nos industries des métaux, jusqu'à celles du bois et du verre, en passant par tous les genres de produits et en y comprenant presque toute l'industrie mécanique, cette classe permettait de faire le tour de nos possibilités de fabrication et de la valeur de nos produits. Elle reprenait aussi, au point de vue des moyens et des procédés d'exécution, l'activité des entrepreneurs de tous travaux du génie civil dont il a déjà été fait état dans les sections précédentes du chapitre.

1. Les Moteurs et Machines hydrauliques (cl. 11)

La participation belge dans le domaine de la classe 11 était groupée principalement au Palais des Industries Lourdes (n° 34). Elle se limitait presque exclusivement aux pompes hydrauliques et il ne pouvait guère en être autrement. Les installations de force motrice hydraulique sont tellement réduites en Belgique, que nos constructeurs n'ont pu étendre leurs recherches et leur fabrication dans cette direction.

Peut-être la possibilité de pouvoir satisfaire à des demandes futures de la Colonie aurait-elle pu inciter les grandes entreprises à étudier la question. Nous savons que plusieurs d'entre elles ont eu l'occasion d'y réaliser des unités importantes, mais en utilisant les études faites par des firmes étrangères spécialisées.

Quoi qu'il en soit, s'il est vrai que nous n'avions à présenter en matière de turbines hydrauliques aucune réalisation transcendante, nous pouvons dire que, dans cette compétition internationale, les firmes belges figuraient en bonne place en ce qui concerne les pompes et, en particulier, les turbo-pompes.

Ce domaine à lui seul est d'ailleurs extrêmement vaste et varié. Sous l'effet des besoins accrus par le développement considérable de notre industrie chimique notamment, la construction des pompes à piston, puis des turbo-pompes, s'est développée et orientée vers la réalisation de modèles spéciaux à revêtement interne, ou bien construits en matériaux résistant à la corrosion et à l'érosion par les agents chimiques. Dans cette branche, le rendement n'est pas l'élément essentiel, bien que haut rendement signifie faible perte par remous et que réduire ceux-ci, c'est restreindre l'activité chimique et les détériorations qui en résultent.

Ce qui compte avant tout, c'est la robustesse, la facilité d'accès, de démontage, du remplacement aisé et peu coûteux des parties usées c'est, en fin de compte, la diminution des frais d'entretien et d'exploitation. Il y a là un champ d'activité pour la recherche méthodique des solutions adéquates qui ne peut être exploré que par l'expérience directe, car les connaissances scientifiques dans ce domaine ne sont pas assez avancées pour pouvoir discerner à priori, et avec une certitude suffisante, les matériaux appropriés. La question des bourrages est de grande importance ici et, dans les turbo-pompes, le problème est à l'heure actuelle résolu d'une manière satisfaisante, même pour les hautes pressions et les températures élevées.

Les pompes spéciales dont nous parlerons en tout premier lieu, parce qu'elles représentent une réelle contribution aux progrès de l'industrie chimique, comportent des revêtements en plomb, en ébonite, en caoutchouc d'une dureté appropriée. Pour certaines applications, on utilise des fontes à forte teneur en manganèse dont la dureté conduit à des usinages laborieux et obligent le constructeur à rechercher des formes simplifiées pour le corps principal. Des modèles fort bien étudiés figuraient à l'Exposition, de même que des pompes de dragage, qui ne sont pas nouvelles, mais auxquelles on est conduit à donner aujourd'hui des dimensions et une puissance considérables.

Les pompes pour travaux hydrauliques qui doivent être robustes, sont de nos jours construites de façon soignée, elles comportent des tracés de roues hélico-centrifuges convenant aux débits élevés et aux faibles hauteurs, et à haut rendement. Seules, des portes de visite les différencient des pompes courantes. Pour l'irrigation et le démergement, on est arrivé aux pompes hélicoïdes: une véritable hélice est logée dans une enveloppe appropriée avec un organe destiné à la récupération de l'énergie cinétique à la sortie (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

Des pompes semblables sont utilisées dans la région pour le pompage des eaux d'égouts: la station de la Ville de Liège de la rive droite de la Meuse comporte notamment cinq unités de 5.000 m3/heure chacune à 2 mètres de hauteur de refoulement, à attaque directe à 320 t/m par machine à vapeur (Ateliers de Construction d'Ensival).

Par contre, la nouvelle station sur la rive gauche incorporée dans l'Exposition et utilisant comme force motrice des moteurs électriques et des moteurs Diesel, comporte des pompes hélico-centrifuges.

Après les pompes destinées à l'industrie chimique et au génie civil, il reste à examiner celles plus courantes utilisées notamment dans les charbonnages et les centrales électriques pompes d'exhaure, pompes pour la circulation, pompes pour l'alimentation des centrales qui doivent surtout assurer un excellent rendement. En effet, ces appareils ont une durée d'utilisation considérable et la moindre amélioration dans le rendement a des répercussions sur les frais d'exploitation. Ils doivent répondre aux conditions de service les plus variées et les exposants faisaient ressortir les progrès réalisés dans ce domaine depuis une vingtaine d'années. Des rendements de 0,80 et même 0,85 sont actuellement possibles avec des débits de 5 à 6.000 m3/heure et des hauteurs d'élévation de 7 à 8 mètres, en utilisant l'attaque directe à 585 t/m.

Un rotor d'une pompe semblable qui témoigne de l'importance des recherches effectuées pour arriver à la solution optimum, figurait dans un des stands de la classe 11. On pouvait voir également une pompe complète adaptée à ce genre de circulation pour l'alimentation des condenseurs de navire.

Dans la centrale moderne, le problème de l'alimentation des chaudières à haute pression est résolu au moyen de pompes multicellulaires à 7 ou 8 roues à 3.000 t/m lorsqu'il s'agit de débits moyens et à un nombre de tours plus élevés, lorsque les débits sont de 10 à 15 m3/heure. Au-dessous de 7 à 10 m3/heure, la solution par pompe centrifuge multicellulaire devient discutable et l'on a recours aux pompes à piston dont il sera question plus loin.

On sait que le problème de l'exhaure des mines est à l'origine de tous les progrès en matière de pompes centrifuges. Actuellement on utilise la pompe multicellulaire et de nombreux exemplaires en étaient présentés par les différents constructeurs. Le système qui prévaut actuellement est celui à éléments séparés sous enveloppe, bloqués ensemble par des boulons logés dans celle-ci (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

L'équilibrage de la poussée axiale, problème important dans ce genre d'application, est résolu par l'utilisation d'un piston d'équilibrage automatique qui diffère fort peu d'un constructeur à l'autre. Par l'utilisation de cet organe, les deux bourrages sont soustraits à l'action de la haute pression, et il suffit par une circulation d'eau appropriée d'empêcher les rentrées d'air à l'aspiration, pour satisfaire à toutes les exigences pratiques.

Nous venons de parcourir un certain nombre de domaines d'application des turbo-pompes, mais il en reste de nombreux autres, les applications à la marine notamment, et celles, moins importantes mais tout aussi intéressantes, aux services de l'habitation.

Dans la marine, les pompes doivent être fort robustes et facilement accessibles. Généralement du type vertical, elles sont conçues de telle sorte que leur démontage puisse se faire sans toucher au moteur. De plus, elles doivent être à amorçage automatique et résister à l'eau de mer. Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi et la Société Rateau en présentaient des types.

L'amorçage automatique s'impose pour l'alimentation d'une habitation ou d'un réseau de distribution. Le problème se pose comme suit: lorsque le niveau dans le réservoir de régularisation descend au-dessous d'une valeur donnée, la pompe doit se mettre automatiquement en marche et assurer l'alimentation. Or la pompe centrifuge ne peut s'amorcer que si le corps est entièrement rempli d'eau et pour qu'il en soit ainsi on ne peut compter sur l'étanchéité suffisante et permanente du clapet de pied. Dans ces conditions, le problème de l'auto-amorçage est résolu par une pompe auxiliaire à tore liquide susceptible de faire le vide et de provoquer la montée de l'eau dans la pompe proprement dite. Pour les petites installations des habitations, la pompe centrifuge peut être remplacée par une série de pompes en tension du type à tore liquide. Le rendement en est médiocre, mais c'est là un défaut peu grave étant donné la durée réduite d'utilisation.

Différentes firmes présentaient des solutions très bien étudiées de l'auto-amorçage. Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi notamment exposaient en fonctionnement une installation de démonstration de pompe multicellulaire auto-amorçante, d'un système intéressant.

Dans le domaine des pompes à piston, plusieurs exposants présentaient des appareils bien adaptés pour les moyennes et hautes pressions avec attaque par courroie à section triangulaire multiple avec carter fermé et graissage continu, bourrage accessible, du type horizontal. Des pompes triplex du type vertical à trois coudées pour des pressions très élevées, étaient exposées par plusieurs constructeurs.

Les Ateliers des Pompes Dia présentaient plusieurs modèles de pompes spéciales à diaphragme pour les liquides chargés: vidange de bassins à schlams, évacuation de bassins de décantation, pompes pour lavoirs à minerais, etc.

Plusieurs groupes de pompes centrifuges commandées par moteurs à essence et adaptés au service d'incendie étaient également présentés; ils étaient munis d'une pompe auxiliaire d'amorçage généralement du type rotatif. Celles de ce dernier type étaient d'ailleurs peu nombreuses elles ne peuvent se justifier que pour des applications spéciales, telles les pompes pour pâte à papier.

Dans tout cet ensemble, on pouvait distinguer un grand souci d'assurer la robustesse en même temps que la présentation élégante des appareils avec leur moteur d'attaque: moteur électrique, moteur à essence ou Diesel, ou encore turbine à vapeur.

L'utilisation de l'acier soudé avait donné lieu à un très bel essai de réalisation par la Société Rateau. La solution peut s'indiquer dans les grandes dimensions, en vue d'éviter les frais de modèle et de diminuer le poids du groupe; malgré les difficultés de découpage et de cintrage de certaines parties de la volute et du joint horizontal relativement très compliqué de forme, le constructeur était arrivé à respecter des tracés rationnels et à constituer un ensemble très élégant. Il y a là une voie intéressante lorsqu'il y a intérêt à réduire le poids, soit en cas de transport à grande distance (colonies), soit pour les pompes marines.

Par la variété des types exposés, le soin apporté dans les études et dans la réalisation, les constructeurs belges ont montré qu'ils pouvaient satisfaire à toutes les exigences de notre industrie. Nous signalerons en passant que certains constructeurs spécialisés dans les turbo-pompes, présentaient des réalisations importantes dans le domaine des turbo-soufflantes et des ventilateurs.

D'autre part, on pouvait se rendre compte que les principes rationnels apportés dans l'étude des pompes à piston modernes, étaient appliqués à la réalisation de compresseurs de faible puissance et de pompes à vide bien étudiées: carter fermé à graissage continu de tous les organes, bourrages aisément accessibles, attaque par courroie avec moteur porté sur le carter et facile à déplacer pour assurer le maintien sous tension convenable de la courroie de commande.

Signalons ici l'importance prise par les installations hydrauliques de l'Exposition pour l'alimentation des jeux d'eau. Toutes ces installations étaient munies de groupes de pompes centrifuges dont certaines très importantes. Là encore des résultats atteints prouvaient que l'industrie belge est à même de réaliser dans ce genre d'application de la mécanique tout ce que la technique la plus perfectionnée peut atteindre dans la puissance comme dans la beauté de ses créations. Au paragraphe suivant, nous donnerons quelques détails au sujet de ces remarquables réalisations, la plupart inédites, qui contribuèrent pour beaucoup au succès de l'Exposition.

Si, passant au domaine de l'adduction et du contrôle, on était amené à parcourir les stands de quelques grandes firmes qui y sont spécialisées, une impression aussi réconfortante se dégageait de cette visite. Non seulement on pouvait aisément se rendre compte de la puissance des moyens de fabrication, mais encore du souci d'établir un contrôle permanent de la valeur du produit et d'entretenir une activité constante dans le domaine des recherches techniques susceptibles d'amener des progrès.

La question du choix des matériaux pour s'opposer à l'érosion et à la corrosion était abordée par plusieurs exposants qui présentaient des échantillons remarquables de pièces les plus diverses pour la construction des pompes, des vannes et des soupapes, capables de résister aux eaux acides ou alcalines et à la vapeur surchauffée.

De grands progrès ont été faits dans les appareils enregistreurs de niveau d'eau à distance qui sont nécessaires dans l'exploitation des centrales ou sur les voies navigables.

La mesure des débits totalisés, des débits instantanés avec enregistreurs, la mesure des pressions, ont donné lieu à la création d'instruments de précision maniables et durables qui sont aujourd'hui suffisamment au point pour que l'industriel puisse les utiliser pour déceler les déficiences même faibles dans le rendement des installations. Certains stands faisaient clairement ressortir la valeur de notre industrie à ce point de vue.

Chemin faisant, nous avons cité la plupart des exposants belges de pompes de divers modèles. Rappelons que l'industrie belge des appareils de mesure et de contrôle était représentée par l'Automatique électrique de Belgique, la Compagnie des Compteurs et Manomètres, la Société E.G.E.A. et la Société Intégra. Quelques autres participants étaient également inscrits à cette classe pour des éléments accessoires.

2. Les Jeux d'eau de l'Exposition

Il nous parait indispensable de compléter l'article qui précède par une description succincte des moyens de réalisation des principaux jets d'eau et fontaines lumineuses de l'Exposition. A d'autres endroits du rapport général, notamment au chapitre préliminaire « L'Architecture à l'Exposition », on a décrit la prodigieuse féerie d'eau et de lumière qui donnait à l'Exposition de Liège une note si caractéristique. Ici, nous ajouterons quelques détails techniques sur les installations réalisées, à l'appui de ce qui vient d'être dit sur la valeur de la production belge en matière de machines hydrauliques.

C'est à une de nos plus grandes entreprises spécialisées (Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi) que fut confiée l'exécution complète des jeux d'eau dont certains n'avaient jamais été réalisés jusqu'alors. Cette firme ne se borna pas à fournir les pompes et les moteurs mais étudia, construisit et mit en oeuvre toutes les autres parties de l'installation, notamment les corps des fontaines, la tuyauterie, les tuyères de jet et la robinetterie très importante.

En bref, les installations comportaient

- Un ponton amarré au milieu de la Meuse, dans l'axe de l'entrée principale de Coronmeuse, duquel s'élançait un jet d'eau de 100 mètres de hauteur, ceci constituant un record du monde,

- Diverses fontaines et motifs architecturaux établis sur la rive droite dans l'allée centrale et formant ensemble le « Jardin d'Eau ».

La réalisation du JET D'EAU DE 100 METRES posait des problèmes difficiles que l'entreprise adjudicataire dut résoudre en procédant à un grand nombre d'essais dans ses usines. La détermination de la pression à maintenir dans l'ajutage, le choix de la tuyère convenant le mieux, l'influence du vent sur la forme du jet et la hauteur atteinte, étaient autant de questions, parmi bien d'autres, qu'il fallait mettre au point au préalable. Elles furent résolues en quelques mois de travail persévérant et les visiteurs auront constaté eux-mêmes à quels résultats on avait abouti.

Le ponton solidement amarré au milieu du fleuve, et lesté, était long de 40 mètres environ. Il avait un tirant d'eau de 1 m 60.

Son équipement électromécanique comprenait un groupe moteur-pompe d'un débit horaire de 800 m3 à la pression de 220 mètres, le moteur étant triphasé à bagues de 850 CV, 6.000 V, 50 périodes 1.480 t/m. L'aspiration de ce groupe pouvait se faire soit directement en Meuse, soit en charge sous pression de 50 mètres fournie par une deuxième pompe. La mise en série des deux pompes permettait d'obtenir la pression requise pour lancer, par temps calme, le jet principal à 105 mètres de hauteur.

La deuxième pompe était capable d'un débit horaire de 1.000 m3 à 50 mètres ou de 1.750 m3 à 40 mètres. Elle était accouplée directement à un moteur triphasé à bagues de 320 CV, 6.000 V, 50 périodes 1.480 t/m. Lorsque la force du vent ne permettait pas de porter la hauteur de jet à 100 mètres, celui-ci était alimenté uniquement par la pompe du premier groupe aspirant directement en Meuse, pour obtenir un jet de 80 mètres environ.

Pour faire varier les effets esthétiques, il était possible d'émulsionner le jet en faisant aspirer par la tuyère, fonctionnant alors en injecteur, un mélange d'eau et d'air. La pompe de 850 CV. pouvait également être connectée sur une couronne circulaire comportant huit ajutages de 25 millimètres de diamètre, donnant un effet d'ensemble de corbeille. La pompe de 320 CV. alimentait aussi les jets d'about, les puissants jets d'encorbellement et quatre jets candélabres verticaux pouvant atteindre 40 mètres de hauteur. Lors des grands vents, on réalisait ainsi des effets dont la variété compensait la réduction de hauteur du jet principal.

Outre les deux groupes principaux, un troisième desservait en ordre principal une rampe de jets dits « de pulvérisation » entourant le ponton pour en cacher la partie non immergée. Cette pompe pouvait également alimenter des jets d'ornementation disposés en encorbellement dans l'axe longitudinal. Enfin, un quatrième groupe moteur-pompe servait à la vidange des eaux de fuite.

L'énergie électrique à haute tension était amenée au ponton par quatre câbles immergés (dont un de réserve) et l'installation permettait une déconnexion facile de manière à pouvoir déplacer le ponton dans le minimum de temps lorsque les eaux devaient être entièrement libres, pour certaines manifestations sportives, par exemple.

Les jeux de lumière destinés à assurer l'éclairage des jets principaux étaient constitués par soixante-quatre projecteurs de 800 millimètres de diamètre, avec lampes de 3.000 W - 130 V, dont cinquante-deux éclairaient les jets verticaux et les douze autres, les éventails d'about. Par un jeu approprié d'écrans, les jets s'illuminaient en blanc ou en jaune d'or.

Enfin, pour éclairer les jets de pulvérisation, deux cent trente huit lampes de 200 W étaient montées dans une corniche entourant la partie supérieure du ponton.

On conçoit que la chaleur dégagée par tous ces foyers lumineux nécessitait un renouvellement permanent de l'atmosphère du ponton. Une installation spéciale de ventilation était prévue à cet effet.

Quant aux FONTAINES DE L'ALLEE CENTRALE, elles présentaient certaines particularités communes. Tout le matériel d'éclairage devait fonctionner entièrement noyé, ce qui nécessita des constructions spéciales. Les lampes immergées étaient de 500 W orientables à volonté et attachées en général par groupe de dix à un tringlage dont la hauteur était réglable. Les projecteurs également immergés étaient de 1.500 W et pouvaient aussi être orientés dans toutes les directions. Au total, on a utilisé mille cent sept lampes et trente-huit projecteurs.

Chacun des quatre motifs (Voûte d'eau, Motif central, Hémicycle et Jardin d'eau) possédait sa salle de pompe installée sous terre. Un système spécial permettait de maintenir le niveau d'eau de manière à ce que les appareils immergés soient constamment recouverts d'eau.

On sait que la VOUTE D'EAU surplombait la rivière artificielle qui serpentait à travers toute l'allée. Elle était formée par une série de jets partant de deux poutres tubulaires formant le plafond du motif. En outre, à la base de chacun des bassins latéraux se trouvait une tuyauterie portant une série d'ajutages « de pulvérisation », dont le rôle était de former un fond à la voûte vue des barquettes naviguant sur la rivière.

La pompe, du type hélicoïde, assurait un débit horaire de 960 m3, à une hauteur manométrique de 8 mètres en tournant à 1.460 t/m. Le moteur qui l'entraînait était triphasé à bagues d'une puissance nominale de 52 CV.

Un dispositif spécial permettait d'obtenir une parfaite synchronisation de tous les jets. Le maximum de luminosité était réalisé au moyen de deux cent cinquante lampes de 500 W.

Le MOTIF CENTRAL était situé non loin de là, au milieu de l'ensemble décoratif. Il comportait une plate-forme circulaire de 21 mètres de diamètre d'où l'on jouissait d'une vue idéale sur tout le jardin d'eau. On y avait accès par des rampes courbes de faible inclinaison.

Le bassin central avait un diamètre de 17 m 50. Du milieu, s'élançait à quelque 30 mètres de hauteur le jet principal qui, à la sortie de la tuyère avait le diamètre énorme de 102 mm. Il était constitué de façon à produire une émulsion d'air et d'eau dont le pouvoir réflecteur amplifiait encore l'effet spectaculaire lorsque les projecteurs s'illuminaient.

L'installation comprenait une pompe du type centrifuge débitant 720 m3 à l'heure, à une hauteur manométrique de 30 mètres en tournant à 1.460 t/m, le moteur triphasé à bagues développait une puissance de 115 CV.

La pièce centrale, en béton, abritait l'ajutage et douze projecteurs immergés de 1.500 W. Au pied des pilastres supportant la plate-forme circulaire, seize caissons de marbrite cachaient seize projecteurs identiques de sorte que le jet central était éclairé par vingt-huit grands projecteurs. La circonférence intérieure de la plate-forme et son plancher étaient éclairés par des tubes luminescents rouges formant trois cercles concentriques.

Plus loin, le JARDIN D'EAU comportait une profusion de motifs variés et inédits d'un sens artistique remarquable.

Il y avait au total vingt-huit fontaines, dont quatorze différaient comme jeux d'eau et de lumière. Trois cents ajutages les plus divers étaient éclairés par autant de lampes aussi puissantes que les précédentes.

L'installation mécanique comportait trois groupes moteur-pompe dont les caractéristiques étaient respectivement les suivantes: 80 m3/heure, à 32 mètres de pression, 2.900 t/m; 675 m3/heure, à 20 mètres et 1.460 t/m; et 415 m3/heure, à 8 mètres et 960 t/m. Les moteurs développaient respectivement 16, 86 et 20 CV.

Remarquons également que, à part deux éléments fixes, toutes les fontaines de cet ensemble pouvaient aisément être déplacées au gré de l'architecte.

Enfin, l'HEMICYCLE fermait la petite rivière à son extrémité sud (vers l'entrée de Bressoux). Sa partie architecturale était constituée par un bassin en forme de couronne semi-circulaire auquel deux bassins latéraux conduisaient. L'ensemble prenait l'aspect d'un vaste théâtre d'eau avec dans le fond du bassin central une magistrale cascade et, sur le pourtour des bassins latéraux, une longue série de petits jets en forme d'anse. Le bassin central était agrémenté par un jet puissant de 78 millimètres de diamètre au sortir de la tuyère et de seize jets plus petits en forme de candélabres. Plus de cinq cents lampes de 500 W et dix projecteurs de 1.500 W illuminaient cet ensemble.

L'installation technique comportait trois pompes dont les caractéristiques étaient respectivement: 1.880 m3/heure, 11 mètres de pression et 580 t/m (moteur de 120 CV), 1.340 m3/heure, à 7 mètres de hauteur manométrique et 730 t/m (moteur de 44 CV) et 360 m3/heure, à 22 mètres et 1.460 t/m (moteur de 52 CV).

3. Les Centrales hydrauliques et hydro-électriques (cl. 12)

Si, dans notre pays pauvre en houille blanche, il était possible d'entrevoir par des travaux gigantesques une utilisation rationnelle des cours d'eau de la Haute Belgique, l'entreprise ne serait guère justifiable, du moins à grande échelle, dans l'état actuel de nos ressources en charbon.

A l'heure actuelle, une seule réalisation remarquable de ce genre a été faite par les Centrales Electriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy. Par l'exécution à Robertville sur la Warche, affluent de l'Amblève, d'un barrage de grande hauteur, et d'un autre de grande retenue, en amont, à Butgenbach, cette société a pu construire un ensemble d'une certaine ampleur groupant trois unités de 5.000 CV à haute chute (150 m) et une unité de 3.000 CV à basse chute (25 m). D'autre part, deux unités de chute moyenne (45 m) de 5.000 CV ont été installées à Heid-de-Goreux, sur l'Amblève partiellement régularisée par l'action des barrages d'amont.

Au Palais du Génie Civil, la société montrait le parti qu'elle a pu tirer de cet ensemble hydro-électrique marchant en parallèle avec des unités thermiques, la station à haute chute de Malmédy intervenant comme unité de pointe. Cette réalisation, unique en Belgique, fait honneur à l'esprit d'entreprise de nos producteurs d'énergie électrique.

De son côté, au Palais des Industries Lourdes, l'Union des Exploitations électriques en Belgique faisait ressortir l'ampleur de l'effort réalisé pour assurer, par interconnexion des réseaux, une meilleure utilisation des unités installées et un abaissement du prix de revient par l'emploi rationnel des gaz de hauts fourneaux à la production de l'énergie électrique.

Là encore, la Belgique ne s'est pas laissée devancer par les autres grands pays industriels et les éléments figurant dans les stands des différentes firmes ayant contribué à la mise au point de ces installations, étaient en tous points remarquables.

Dans cette classe 12, plusieurs constructeurs de matériel électrique présentaient des appareillages blindés servant à équiper plus particulièrement les centrales hydro-électriques.

Enfin, deux grandes firmes montraient l'une les possibilités de sa fabrication au point de vue de la construction des conduites forcées (Société d'Ougrée-Marihaye), l'autre ses réalisations en ce qui concerne l'exécution de centrales hydro-électriques à l'étranger et plus particulièrement au Congo belge (Société d'Entreprises de Travaux au Katanga).

L'impression produite était encourageante parce que les quelques participations belges à la classe 12 mettaient malgré tout en évidence l'esprit d'initiative de nos industriels et de nos entrepreneurs dans un domaine qui, par l'essence des ressources naturelles de notre pays, ne nous paraissait pas à priori particulièrement réservé.

4. La Classe 16

La classe 16 de l'Exposition concernait « le matériel et les procédés de recherches, d'exécution et de réalisation des ouvrages repris aux classes précédentes ». Elle se divisait en quatre sections:

1° Les conceptions scientifiques, recherches et essais;

2° Les matières et les matériaux;

3° Le matériel et l'outillage;

4° Les réalisateurs et les modes de réalisation des ouvrages se rapportant à la technique de l'eau.

Elle couronnait le vaste panorama des travaux du génie civil que constituait l'ensemble des participations ressortissant aux classes 4 à 15.

Programme très vaste et d'un intérêt capital pour l'industrie belge. Aussi, cette classe comprenait-elle de loin les participations les plus nombreuses et les plus importantes. Les stands qui s'y rapportaient se trouvaient dans tous les palais de la Section belge.

La première section consacrée aux CONCEPTIONS SCIENTIFIQUES, RECHERCHES ET ESSAIS était principalement représentée au Palais du Génie Civil. Il était normal que les bureaux d'études et les organismes de contrôle et d'assurance se fussent rapprochés des entrepreneurs dont ils sont les collaborateurs les plus précieux. On remarquait la participation de la Chambre des Ingénieurs-conseils de Belgique et celle d'une collectivité de Compagnies d'Assurances et de Bureaux de Contrôle. Le thème en était la sécurité des constructions civiles, leur contrôle et l'assurance couvrant la responsabilité des entrepreneurs. En plus, quelques exposants, principalement au Palais des Industries Lourdes (n° 34), présentaient des éléments comme le contrôle des soudures et des matériaux par rayons X (Usines Balteau), du matériel d'essais et de laboratoire hydraulique (Compagnie des Conduites d'eau), des études et applications industrielles de la vibration (Vibrogir). Dans un esprit purement scientifique, les Sociétés Distrigaz et Traction & Electricité avaient aménagé, au Palais 19, au centre de la section de la corrosion dont il sera question un peu plus loin, une démonstration très suggestive de la protection des conduites souterraines contre les courants vagabonds.

Il est nécessaire de rappeler à cet endroit l'activité des services d'études et de recherches du Ministère des Travaux publics. Il s'agit du Service spécial de Géotechnique, du Laboratoire de Recherches hydrauliques et du Service spécial d'Essais et Radiographie dont les participations, au Palais du Génie Civil, ont été commentées à la section A du même chapitre.

La deuxième section groupant LES MATIERES ET LES MATERIAUX, se subdivisait en plusieurs sous-sections suivant la nature des produits.

Pour les métaux ferreux et non ferreux, les participations étaient très abondantes. Epinglons celle du Groupement des Hauts Fourneaux et Aciéries belges qui avait édifié, au Palais 34, un stand d'une parfaite réussite à la gloire de la métallurgie belge. Venait ensuite, dans le même palais, un stand plus modeste de l'Union des Lamineurs belges de Zinc. On devrait enfin mentionner toutes les aciéries, tous les laminoirs, tous les fondeurs qui, en des stands privés parfois impressionnants, retenaient l'attention du visiteur, nonobstant pour beaucoup d'entre eux leur contribution à la participation collective du Groupement des Hauts Fourneaux déjà citée.

L'utilisation des métaux rencontre inévitablement comme corollaire la lutte contre leur corrosion, phénomène dans lequel l'eau joue cette fois un rôle néfaste. Cela appelait forcément la figuration à l'Exposition de toutes les firmes se préoccupant de combattre ce mal universel. Nous rencontrions dans cette deuxième sous-section, groupée entièrement au Palais 19, les spécialistes dans les revêtements par vernis, émaux et peintures; les ateliers s'occupant de métallisation, chromage, nickelage et cadmiage, les producteurs d'asphaltes, bitume, hydrofuge, enduits gras, etc. Certaines présentations, comme celle de la Fabrique nationale d'Armes de guerre, permettaient au visiteur de comparer les diverses phases du traitement d'une même pièce de fer, notamment en vue de la protéger contre les agents agressifs.

Cet ensemble comprenant trois séries importantes de collectivités (les couleurs et vernis, les asphaltes et bitumes, les procédés divers de protection des métaux), était remarquable par l'ampleur des participations. Les exposants s'étaient concertés pour assurer le maximum de réussite dans la présentation. Nous ne pouvons pas ne pas citer l'amusante frise décorative qui ornait tout le fronton des stands des fabricants de couleurs et vernis. Au point de vue scientifique, nous avons déjà relevé plus haut la participation des Sociétés Distrigaz et Traction & Electricité. Rapprochons-la de celle de la Commission belge pour l'Etude de la Protection contre la Corrosion (ABEM IV) dont la contribution au problème en question devient de jour en jour plus efficace. Enfin, quelques fabricants d'hydrofuges avaient apporté leur concours à la collectivité « Eau et Santé » (Palais 20) dans une démonstration pratique de la lutte contre l'humidité dans les habitations.

Il n'est plus nécessaire d'insister sur le fait que nos carrières, briqueteries et sablières donnent des produits de toute première qualité en marbre, petit granit, grès, calcaire, porphyre, briques, tuiles, sables, graviers, grenailles et autres matériaux pierreux. Et notre pays possède de grandes cimenteries livrant toute la gamme des ciments Portland, métallurgiques ou spéciaux à haute résistance et s'opposant à l'attaque des eaux.

Ces entreprises prirent une part importante à l'Exposition. Elles s'éparpillèrent cependant pour la raison bien simple que chaque branche chercha la meilleure formule de présentation.

Dans son magnifique pavillon particulier, la participation de la Collectivité cimentière belge était tout à fait complète. Le grand panneau du fond, face à l'entrée, rappelait l'importance de l'industrie cimentière belge dont la capacité de production atteint actuellement 5 millions de tonnes par an et dont les produits sont universellement réputés pour leur qualité. D'ailleurs, la Belgique est le plus grand pays exportateur du monde (1/5 du commerce mondial) une planisphère montrait du reste les pays qui importent du ciment belge.

La participation comprenait en outre des maquettes, des vitrines et plusieurs panneaux schématiques. Elle avait pour but de taire apparaître l'importance du rôle de l'eau dans toutes les utilisations du ciment.

Une grande maquette sur table, placée devant le panneau du fond, représentait une usine moderne. Un schéma permettait de suivre aisément le processus de fabrication des différentes sortes de ciment.

Un grand panneau, à gauche de l'entrée, faisait ressortir le rôle de l'eau dans la prise du ciment. Des échantillons et des études faites en laboratoire illustraient cette démonstration. Sous une forme semblable, à droite, on avait schématisé l'influence de la quantité d'eau de gâchage sur la plasticité et la résistance du béton. On montrait également comment la plasticité est réglée suivant le mode de transport au lieu d'utilisation et la manière dont le béton est mis en oeuvre.

Un troisième panneau était consacré à l'influence de l'humidité extérieure pendant le durcissement. Ici aussi, des échantillons et des essais au laboratoire complétaient cette démonstration fort intéressante sur les variations du retrait et de la résistance du béton, suivant que l'atmosphère est humide ou sèche.

La résistance aux eaux agressives faisait de même l'objet d'une exposition particulière prouvant que les bétons confectionnés avec les soins voulus et les ciments appropriés résistent parfaitement.

Enfin, deux grands panneaux étaient consacrés, l'un, aux grands travaux réalisés en béton et où l'eau joue un rôle, l'autre, à la normalisation des ciments et à leur contrôle au laboratoire. Un meuble-pupitre portait tous les renseignements concernant les normes et spécifications définies des ciments fabriqués par le Groupement: rapidité de prise, stabilité, finesse de mouture, résistance à la traction et à la compression.

La participation de la Collectivité cimentière belge fut une des belles contributions privées à l'Exposition.

Non moins remarquable fut celle des carrières de grès, petit granit et calcaire qui en commun aménagèrent dans les jardins, face à l'entrée principale de Bressoux, un ensemble décoratif réellement impressionnant. Une pareille collaboration mériterait d'être poursuivie et devrait servir d'exemple dans les prochaines expositions. C'est la meilleure façon d'assurer la défense professionnelle d'un groupe d'industries dont les produits sont appelés à se compléter l'un l'autre dans leur utilisation réelle.

En outre, quelques exposants se présentaient dans des stands particuliers. Au Palais 18, le Comptoir tuilier de Courtrai, vaste organisme de vente de produits de briqueteries et tuileries des Flandres, avait aménagé un beau stand d'une parfaite conception architecturale et décorative. Les plaques de revêtement créées récemment par cette firme, furent utilisées dans la construction du Palais des Fêtes de l'Exposition. Egalement au Palais 18, se trouvait la participation déjà citée à la classe 15 du Groupement des Carrières et Fours à Chaux de la Vallée de la Meuse. A la section « Eau et Santé », quelques producteurs de matériaux avaient collaboré à titre d'exposants à certaines démonstrations. Mentionnons également le coquet pavillon édifié dans les jardins par l'Union belge des Marbritiers et, enfin, quelques participations individuelles portant sur des ciments métallurgiques, briques de laitier et bétons.

Une dernière subdivision de cette importante section de la classe 16 était réservée au bois et au verre.

Le commerce des bois de construction, des bois spéciaux pour travaux hydrauliques, des bois imprégnés résistant à l'action de l'humidité, avait trouvé place à la Section internationale (Palais 22). Les industries belges y voisinaient avec quelques exposants étrangers. Dans le domaine du verre, signalons la participation des Glaceries réunies qui, au Palais 18, faisaient une démonstration des avantages de l'application de la glace Sécurit sous toutes ses formes.

La troisième section de la classe concernait LE MATERIEL ET L'OUTILLAGE. De tout temps, le matériel et les procédés généraux ont déterminé et limité les possibilités d'exécution des constructions et plus particulièrement des travaux hydrauliques, en raison des difficultés considérables et des sujétions pénibles résultant de l'eau et de ses effets. De grands progrès ont été réalisés au cours des derniers lustres par suite du développement des industries métallurgiques, mécaniques et électriques. Les réalisateurs ont promptement apprécié les avantages qu'ils pouvaient en tirer. Il en est résulté de tels changements dans les possibilités d'exécution, que les ingénieurs des administrations publiques et des bureaux d'étude ont dû en tenir compte dans la conception de leurs projets. Ceux-ci en ont été profondément influencés dans leurs formes générales, dans leur ampleur, leur hardiesse et leur efficacité, cependant que l'exécution même gagnait en sûreté et en sécurité, en économie et en rapidité. Les grands travaux exécutés en Belgique au cours de ces dernières années ont mis cela en évidence d'une manière frappante, particulièrement ceux du Canal Albert, de la Meuse, des tunnels sous l'Escaut, de la Jonction Nord-Midi.

L'Exposition de Liège ne pouvait séparer cet objet de celui des travaux hydrauliques considérés en eux-mêmes. Au point de vue national, l'intérêt de cette section de la classe 16 résidait dans une sorte de revue de la puissance du matériel et de l'outillage de nos entrepreneurs et dans une confrontation de la production des industries spéciales belges et de ses concurrents étrangers. Il serait vain de celer que la Belgique utilise beaucoup de matériel et d'outillage importés et que les fabricants nationaux ne sont pas encore maîtres du marché intérieur. Cependant, de grands progrès ont été enregistrés au cours des dernières années non seulement pour le petit matériel mécanique d'usage général, mais encore pour certains procédés très spéciaux et tout à fait modernes. L'impression d'ensemble produite par la participation belge était très favorable et l'on peut espérer que notre industrie, encouragée par de saines mesures administratives, pourra bientôt non seulement défier la concurrence étrangère sur le marché intérieur, mais sera même capable, par la qualité éprouvée de ses produits autant que par ses Prix avantageux, de prendre pied sur les marchés d'exportation.

En raison de la diversité des branches intéressées et de la subdivision très poussée de la Classification, la participation belge à cette section se trouvait dispersée dans de nombreux palais. Cette dispersion, évidemment défavorable en général à une impression synthétique, accusait l'absence d'un groupement industriel spécial qui se justifierait cependant amplement.

Le matériel flottant de chantier et de dragage était représenté surtout aux Palais du Génie Civil et de la Navigation Intérieure, par de belles collections de modèles réduits de dragues de diverses espèces, de pontons-bigues, de grues flottantes, de sonnettes, etc., exposées par des Sociétés d'entreprises et de dragages. La puissance du matériel de nos entrepreneurs était ainsi prouvée, et elle est bien connue, mais on remarquait qu'un grand nombre de ces engins était d'origine étrangère. Cependant, les industries belges produisent toutes les pièces de ce materiel, qu'il s'agisse de godets de dragues en aciers spéciaux, de maillons de chaînes à godets, de tubes de succion, de joints flexibles, de treuils et de cabestans, de chaînes, de câbles et d'ancres, de moteurs, de pompes et de transmissions, de carènes et de charpentes, etc. En bonne justice on doit reconnaître que l'industrie nationale est techniquement et industriellement à même de construire du matériel flottant de haute qualité pratique: l'Exposition en donnait plus d'une preuve. Peut-être, les conditions propices à une spécialisation ne sont-elles pas encore favorables?

En ce qui concerne le matériel d'excavation et les moteurs de chantier ainsi que les accessoires, les mêmes remarques sont à faire mais à un degré moindre et seulement au sujet du matériel de grande puissance. Le matériel d'abattage, notamment pneumatique et électrique, le matériel mécanique d'excavation de dimensions moyennes dont l'usage est le plus répandu, les engins de manutention et de levage, les bull-dosers et les tracteurs, les explosifs, les moteurs divers et treuils, les tuyaux, vannes et accessoires, les transmissions, les isolants thermiques, le matériel de battage et d'arrachage, les concasseurs, pulvérisateurs, classeurs et cribles, les transporteurs et tapis roulants, les trémies oscillantes, les presses, le matériel électrique, les pompes et les ventilateurs, le matériel de transport et de voies ferrées en général, étaient généreusement représentés d'une manière qui faisait honneur à la qualité et au fini de la production nationale.

Le matériel de bétonnage et de maçonnerie était assez peu nombreux en raison sans doute de la spécialisation de l'Exposition. L'abstention des firmes spécialisées était certes regrettable, car le rôle du béton dans les ouvrages hydrauliques et les qualités spéciales que le matériel moderne est susceptible de lui conférer dans ses applications, justifiaient, nous semble-t-il, une participation importante. Les bétons compacts exposés au Palais des Universités (stand du génie civil) et au Palais du Génie Civil (barrage de la Vesdre - Compagnie belge des Chemins de fer et d'Entreprises) constituaient des nouveautés capables, au jugement de spécialistes étrangers de la plus grande valeur, d'ouvrir des voies nouvelles à la technique du béton massif et ne sont possibles que grâce à la vibration et à la pervibration. Une firme belge (Vibrogir) exposait du reste des vibrateurs au Palais 34. En ce qui concerne l'outillage, citons au même palais les échafaudages métalliques tubulaires (Usines à Tubes de la Meuse).

Mais on ne peut laisser subsister l'impression que l'industrie belge, tant en raison de ses conditions particulières que de la spécialisation du thème de l'Exposition, ne présentait pas dans la troisième section de la classe 16, une participation de premier plan. Au contraire, nous avons réservé pour la fin ce qui, dans la technique de l'eau, lui confère une place prédominante: le matériel et les procédés de fondations hydrauliques. Cela se rapporte précisément à la partie essentielle et la plus difficile des ouvrages hydrauliques. Dans ce domaine, l'industrie belge occupe un rang international et elle a pu, à l'Exposition, faire valoir les mérites de ses remarquables réalisations en Belgique et à l'étranger.

Au Palais des Universités, un chantier naval exposait la maquette d'un grand caisson à air comprimé. Ce procédé de fondation n'est cependant plus utilisé qu'en cas de nécessité, à raison des avantages des autres procédés plus récents.

Les palplanches métalliques de grande longueur permettent, avec les procédés modernes d'épuisement, d'établir des fouilles de fondations à ciel ouvert ou souterraines asséchées, à grande profondeur sous le niveau de la nappe phréatique et de les soustraire aux pressions ascendantes des nappes captives sous-jacentes. L'industrie belge a permis des applications remarquables de cette méthode si avantageuse et si sûre, aux grands travaux récents (Canal Albert, tunnels sous l'Escaut, etc.). De très belles maquettes d'un chantier de la Jonction Nord-Midi à Bruxelles, en montraient un impressionnant exemple.

Une société métallurgique, spécialiste de palplanches (Société d'Ougrée-Marihaye), exposait son importante collection de profilés au Palais 34; elle avait d'ailleurs tiré un heureux parti de ce matériel dans l'aménagement de son stand. D'autre part, les fabricants belges de pompes avaient des participations étendues, d'ailleurs décrites au premier paragraphe ci-dessus. Les puits filtrants de rabattement de la nappe aquifère étaient également exposés et le Palais du Génie Civil en contenait de nombreux exemples d'application.

Les fondations profondes en terrain aquifère ou non par pieux, spécialement par pieux moulés dans le sol, étaient également exposées dans le même palais par des firmes belges de réputation internationale, tant en ce qui concerne le matériel proprement dit que ses applications. Il est intéressant de signaler que c'est selon le procédé d'une de ces firmes (Compagnie des Pieux Franki) que les fondations des pylônes du téléphérique de l'Exposition nationale Suisse de 1939, contemporaine de celle de Liège, avaient été établies. Elles étaient réalisées dans un terrain difficile, au bord du lac de Zurich, que le téléphérique devait franchir.

Egalement au Palais du Génie Civil, une maquette représentait l'application du procédé de congélation du sol au creusement des puits profonds de ventilation du tunnel pour véhicules sous l'Escaut, à Anvers. La Société Foraky qui a réalisé ce travail est aussi spécialiste de la consolidation et de l'imperméabilisation des terrains aquifères par la cimentation et la méthode chimique. La Société Franki exposait aussi le procédé d'injection de bitume pour les étanchements souterrains.

Tous ces procédés spéciaux soigneusement mis au point et dont les firmes belges ont effectué des applications nombreuses et couronnées de succès, conféraient à la participation nationale une valeur exceptionnelle, particulièrement adaptée au thème de l'Exposition et qu'il importait de mettre à l'honneur.

Dans un domaine moins en rapport direct avec l'eau, il importe aussi de signaler la remarquable participation des industries de la soudure, du coupage igné et de la construction soudée. Ces techniques, fort répandues chez nous, y ont même pris parfois un caractère d'avant-garde, et leurs applications aux éléments métalliques des ouvrages hydrauliques sont devenues tout à fait courantes et presque indispensables. Il en a été fait largement usage dans les travaux du Canal Albert, de la Meuse et des autres voies d'eau, pour les barrages, les écluses et les ponts.

Enfin, la QUATRIEME SECTION de la classe 16 devait mettre à l'honneur les entreprises de travaux publics qui peuvent s'enorgueillir à juste titre de récentes réalisations remarquables par leur ampleur inaccoutumée et leur exécution avec une maîtrise et un rythme tels qu'il serait profondément injuste de les dénigrer en raison de quelques accidents auxquels l'opinion publique a donné un écho exagéré. C'est le cas ou jamais d'affirmer que si la critique est aisée, l'art est difficile.

Par la nature des choses, le compte rendu de la participation belge à cette section a été détaillé à propos des classes précédentes (voir surtout les sections A et B de ce chapitre).

CHAPITRE II

LES EAUX DE CURE ET DE BOISSON

Au chapitre précédent, a été décrite succinctement la participation scientifique dans le domaine de l'hydrogéologie qui, avec la géographie, était reprise par la Classification générale dans les deux premières sections de la classe 3. La troisième section de cette classe se rapportait à la mise en valeur des gisements aquifères spécialement comme eaux de cure et de boisson.

Avant d'en aborder la description, nous passerons brièvement en revue les ressources en eau de la Belgique. Cette étude constituera à la fois une liaison avec le chapitre I et une introduction scientifique aux problèmes à envisager par la suite, notamment au chapitre III (section B) où il sera question de l'alimentation du pays en eau potable et industrielle.

SECTION A. - LES RESSOURCES EN EAU DE LA BELGIQUE

Trois facteurs principaux interviennent pour régler cette distribution:

1° Le climat et en particulier les précipitations pluviales;

2° La nature et la répartition des terrains constituant le sol et le sous-sol,

3° Des influences profondes.

1. Pluviométrie

Les précipitations pluviales varient beaucoup en importance d'un point à l'autre du territoire; alors qu'au bord de la mer elles sont de 650 à 700 mm, elles atteignent, en Haute Belgique, 1.100 à 1.250 mm par an. Par conséquent, les nappes aquifères sont mieux alimentées dans les parties élevées du pays.

2. Constitution géologique

Cependant le facteur lithologique joue de loin le rôle le plus important dans la répartition et la nature des réserves aquifères. Un examen sommaire de la carte géologique suffit à mettre la chose en évidence.

a) Eaux des terrains paléozoïques

Ces terrains affleurent largement au sud d'une ligne Sambre-Meuse-Vesdre.

Dans les zones franchement schisteuses ou phylladeuses, comme il en existe en Ardenne et comme c'est le cas surtout pour la Fagne et la Famenne, les eaux souterraines font pratiquement défaut: celles de ruissellement dominent. C'est la raison des grandes variations du débit des rivières; c'est là qu'il convient de créer des réserves d'eaux superficielles par la construction de barrages. Plusieurs localités sont alimentées de cette manière (Verviers, Malmédy).

Les zones où dominent les grès renferment de l'eau en quantité plus considérable: il ne peut cependant être question d'y établir des captages de très grande importance. Il n'empêche que des localités populeuses s'y alimentent, telles Pepinster, Seraing, Charleroi ( « pro parte »), Binche, etc. La zone du Dévonien inférieur s'allongeant au sud du sillon Sambre-Meuse-Vesdre, et parallèlement à lui, a été spécialement étudiée à cet égard. De même, les roches gréseuses de la partie haute du Dévonien supérieur sont assez aquifères et plusieurs galeries captantes y ont été établies, surtout dans le Condroz.

Dans le terrain houiller où les grès et les roches psammitiques prennent parfois un développement suffisant, des captages du même genre ont pu être réalisés.

Par contre, les terrains calcaires sont les formations aquifères par excellence. Les calcaires dévoniens et carbonifères qui occupent de larges surfaces dans le Condroz, l'Entre-Sambre-et-Meuse, le long de la Vesdre et en bordure du bassin houiller de Sambre-Meuse, renferment des réserves énormes d'ailleurs largement exploitées pour l'alimentation de l'agglomération bruxelloise, de nombreuses communes de la province de Liège, pour les cités balnéaires du littoral, les villes de Tournai et de Soignies, diverses communes du Centre, etc.

b) Eaux des terrains mésozoïques

Les terrains jurassiques du Bas-Luxembourg renferment des nappes faciles à capter, dont le trop-plein s'épanche par des sources importantes le long de certaines vallées. Des sondages artésiens ont été réalisés pour le captage de certaines d'entre elles. Les villes d'Arlon et de Virton notamment y trouvent leur eau.

Le terrain crétacé du centre et du nord de la Belgique constitue également un réservoir important d'eaux souterraines. Toutefois, il s'y produit des variations marquées dans la composition chimique de l'eau: dans les parties hautes du réservoir, l'eau est dure, fortement chargée de bicarbonate calcique, à plus grande profondeur, elle est douce, mais renferme des carbonates alcalins; plus bas encore, elle acquiert une salinité considérable la rendant impropre à la consommation courante et aux usages industriels. Elle peut cependant être utilisée par endroits comme eau médicinale (Ostende-Thermal) d'autant plus qu'elle atteint une température supérieure à celle des eaux captées près de la surface.

La ville de Liège, par ses galeries captantes, prend les eaux de la craie sous le plateau de la Hesbaye; la plupart des communes de la région s'alimentent à la même nappe. Il en est ainsi dans le Pays de Herve et dans le sud-est du Limbourg; le Crétacé du Hainaut fournit l'eau à Mons et à de nombreuses agglomérations du Centre et de l'arrondissement de Soignies. C'est dans les couches sableuses du Crétacé inférieur (Wealdien) que Courtrai trouve les eaux qui lui sont nécessaires.

c) Eaux des terrains cénozoïques

Les niveaux sableux des terrains cénozoïques (tertiaires) renferment aussi des quantités d'eau considérables; les nombreuses sources que l'on voit sourdre dans le fond des vallées des parties sableuses du Brabant, des Flandres, du Hainaut, ne laissent aucun doute à cet égard. Aussi, ces réserves ont-elles été largement mises à contribution: Bruxelles, Louvain, Charleroi et de nombreuses localités des Flandres s'y fournissent en eau potable.

Toutefois, beaucoup de niveaux sableux du Tertiaire sont ferrugineux et, dans la Campine, on a dû faire appel à des eaux superficielles. Anvers notamment est alimentée par les eaux de la Nèthe. C'est la solution adoptée également dans les régions où les roches tertiaires sont de nature argileuse, par exemple pour l'alimentation de la ville d'Ypres.

d) Eaux du Quaternaire

Dans la chaîne de dunes s'étendant avec un développement fort inégal en bordure de la mer du Nord, se trouvent des réserves intéressantes. La base de la nappe d'eau douce, suivant un principe bien connu, descend sous le niveau de la mer, ce qui augmente considérablement le cube disponible. De nombreux puits filtrants ont été forés dans les dunes pour alimenter nos stations balnéaires, telles que Knokke, Middelkerke, Heist, etc.

Les nappes contenues dans les dépôts de graviers alluviaux du fond des vallées, et accessoirement des terrasses, sont également à prendre en considération. Depuis quelques années, on est entré résolument dans cette voie. On y a trouvé des eaux de bonne qualité et des débits importants, bien que ces gisements soient souvent assez hétérogènes quant à leur rendement et à la composition chimique de leurs eaux.

La vallée de la Meuse se présente dans des conditions favorables. Plusieurs villes, telles Namur, Liège, Bruxelles, trouvent dans le gravier alluvial du fleuve un appoint intéressant pour leur alimentation.

Les dépôts superficiels d'altération du substratum paléozoïque renferment aussi des réserves non négligeables pour les besoins de communes ou d'agglomérations à population restreinte. Sur les plateaux d'Ardenne, des captages par galerie ou par drain ont été exécutés pour récolter ces eaux.

3. Influences profondes

Il convient d'attribuer à des influences profondes l'origine de certaines réserves aquifères du pays. Les sources carbo-gazeuses de l'Est sont, selon toute vraisemblance, en relation avec les manifestations volcaniques d'âge quaternaire de l'Eifel, il serait difficile d'expliquer autrement les abondantes venues de gaz carbonique qui sont la caractéristique de ces sources. L'origine de l'eau elle-même est sans doute en rapport avec les précipitations atmosphériques, et le fer qui abonde dans beaucoup de ces sources, spécialement dans la région spadoise, est emprunté aux roches environnantes à l'intervention de l'anhydride carbonique.

Cette conception de la genèse de ces eaux explique leur localisation sur une partie limitée du territoire à proximité de la région où se dressent encore les cônes des volcans éteints.

Faut-il expliquer de la même manière la venue d'eau thermale (environ 36° C.) de Chaudfontaine? La question est encore controversée.

Indépendamment des interventions de profondeur relativement grande dues à la mise en place d'un magma profond, il se produit des modifications de la qualité des eaux des nappes captives lorsqu'elles s'enfoncent suffisamment bas sous la surface du sol. Par ces changements, des eaux normales peuvent prendre le caractère d'eaux minérales.

SECTION B. - LES EXPOSANTS DE LA CLASSE 3'''

De nombreuses installations sont établies en Belgique pour procéder à l'embouteillage des eaux de boisson, à la fabrication des eaux gazeuses et limonades, ainsi qu'à l'exploitation des eaux médicinales. Les plus importantes d'entre elles étaient représentées dans un ensemble collectif au Palais n° 21 de la Section belge, près de l'entrée principale de la rive droite.

Au centre du stand, une grande carte lumineuse montrait la répartition des exploitations dans le pays. Tout autour, s'alignaient les participations individuelles où, d'une manière aussi suggestive et aussi attrayante que possible, les différents aspects de l'activité des entreprises étaient présentés. Certaines d'entre elles avaient tenu, en outre, à établir dans les jardins un pavillon indépendant, soit pour leur propre compte, soit en partage avec l'administration de leur ville. C'était le cas pour Chaudfontaine, Ostende et Spa. Une seule exploitation, celle de Gand-Thermal, ne figurait pas dans la collectivité, mais uniquement au Pavillon de la Ville de Gand.

Parmi les EAUX DE BOISSON, on pouvait distinguer les eaux des nappes superficielles et celles des nappes profondes.

Les exposants des nappes superficielles étaient

- La Brasserie Piedbœuf qui, à Jupille, capte la source Charlemagne. Il s'agit d'une importante venue d'eau située au pied du versant oriental de la vallée de la Meuse, au contact du terrain houiller et des anciennes alluvions appartenant à l'une des terrasses du fleuve;

- La Société Hougardia exploitant à Hoegaarden une source importante sortant des terrains tertiaires; dans cette eau, on a signalé la présence de soufre sous forme colloïdale;

- La Société des Eaux de Spontin: l'eau de cette source sort du Calcaire carbonifère dans la vallée du Bocq, en aval du village de Spontin;

- La Société Cristal - Chaudfontaine puisant les eaux du Dévonien supérieur à une centaine de mètres de profondeur, à flanc de coteau sur la rive gauche de la Vesdre. Relativement riche en sulfates, la source se place exactement entre celle de Cachat d'Evian et celle des Dames de Plombières: les eaux ont, de ce fait, des propriétés thérapeutiques intéressantes,

- La Source du Suary, à Wépion, exploitée par J. Brouwers et connue depuis longtemps, elle sort d'un niveau gréseux du Dévonien inférieur dans le fond d'un ravin descendant du plateau de Marlagne;

- Enfin, la Source de la Reine, à Spa, alimentée par la nappe phréatique du plateau dominant la vallée du Wayai du côté sud; cette nappe est contenue dans la tête des bancs altérés du Cambrien. L'eau est très pauvre en principes minéraux et possède de ce chef une valeur thérapeutique remarquable comme boisson. Elle peut être chargée artificiellement d'émanation radio-active suivant le procédé du professeur Mund; ainsi traitée, et sous une forte concentration, elle peut être ajoutée au bain carbo-gazeux; après une dilution convenable, elle est administrée comme cure de boisson suivant avis du médecin.

Parmi les exploitations à forages profonds, figuraient les Sociétés de Gand-Thermal et d'Ostende-Thermal. La première a établi un puits artésien à la profondeur de 263 mètres. L'eau provient en majeure partie de la craie traversée entre 187 et 217 m, mais probablement aussi des roches cambriennes sous-jacentes. Elle est légèrement thermale et minéralisée.

La Compagnie d'Ostende-Thermal exploite, à Ostende, deux puits artésiens descendus jusqu'au substratum paléozoïque. Le puits du Parc est poussé à la profondeur de 307 m 40, celui des Thermes va jusqu'à 341 m 25 sous le niveau moyen de la mer. Les eaux sont légèrement thermales et toutes deux minéralisées. Bien que présentant de légères différences dans la teneur en sels, elles sont alcalines, chloro-bicarbonatées, sulfurées, lithinées et boratées sodiques, elles sont utilisées comme boisson et pour les bains.

Quant aux EAUX MINÉRALES ET MÉDICINALES, elles étaient représentées par les eaux carbo-gazeuses de Spa, Malmédy, Chevron et Harre, et par les eaux thermales de Chaudfontaine.

Comme il vient d'être exposé dans la première section, les venues d'eaux carbo-gazeuses sont nombreuses dans l'est de la Belgique.

La Compagnie fermière des Eaux et des Bains de Spa, indépendamment de la source de la Reine citée parmi les eaux de boisson, exploite les eaux ferrugineuses carbo-gazeuses sourdant dans la région et provenant du terrain cambrien. Ce sont les eaux minérales typiques des Ardennes liégeoises. II existe plus de vingt sources ferrugineuses aux environs de Spa, dont une dizaine ont été captées. Les plus importantes sont les sources Marie-Henriette et Wellington destinées à l'alimentation de l'établissement thermal.

Les eaux sont riches en fer ainsi qu'en manganèse et sont également saturées d'acide carbonique. Elles sont froides: leur température moyenne est de 10° C.

Jusqu'au XVIIIe siècle, on n'en connaissait d'autre utilisation que la boisson, comme cure de diurèse, de reminéralisation et surtout pour combattre l'anémie et la chlorose.

Ce mode d'utilisation ne tarda pas à être supplanté et même quelque peu perdu de vue depuis la réalisation, à partir de cette eau, des bains carbo-gazeux qui firent la réputation mondiale de Spa. Leur efficacité dans les maladies du coeur et des vaisseaux, dans certaines formes de rhumatisme, explique leur succès et justifie la confiance que le corps médical belge et étranger place aujourd'hui dans cet agent thérapeutique. L'action du bain carbo-gazeux sur la circulation sanguine a été péremptoirement illustrée par un travail du Dr André, exécuté au laboratoire de recherche de l'établissement.

Etudiant la résorption dans le sang du fer de certaines préparations médicamenteuses et du fer de nos eaux ferrugineuses, deux chercheurs, les docteurs Lederer et Bogaert, ont montré par des dosages extrêmement précis, que le fer des eaux était incontestablement le mieux résorbé et le plus rapidement assimilé par l'organisme. Cette nouvelle découverte n'a pas manqué de rendre un nouveau crédit à l'ancienne thérapeutique anti-chlorotique de nos eaux ferrugineuses.

On extrait journellement de grandes quantités d'acide carbonique naturel de l'eau des sources Marie-Henriette et Wellington. Ce gaz est accumulé dans un gazomètre et sert à saturer l'eau de la Reine pour la rendre pétillante.

L'eau ferrugineuse carbo-gazeuse est également mélangée à la tourbe; après un malaxage approprié, on obtient une pâte épaisse qui, réchauffée, sert à la préparation des bains de boue et des applications locales.

Une autre utilisation de ces eaux minérales consiste à les pulvériser en gouttelettes d'une extrême ténuité, entraînant ainsi les gaz de l'eau et réalisant un véritable humage. On sait que l'absorption d'une petite quantité d'acide carbonique est un excitant du centre respiratoire. Si on réalise la pulvérisation d'une façon plus énergique, sous pression et à une température plus élevée, on obtient alors un véritable brouillard d'eau carbo-gazeuse naturelle. Ce dernier, ainsi que les différentes douches d'eau carbo-gazeuse naturelle, constituent les nouveaux agents thérapeutiques de l'hydrothérapie moderne.

La Ville de Malmédy exploite une venue d'eau carbo-gazeuse, connue sous le nom de « Pouhon des Iles », qui se présente dans des conditions comparables à celles de Spa; elle se fait jour sur la rive droite de la Warche, à la limite de la plaine alluviale, au pied d'une falaise constituée par le « poudingue de Malmédy »; la température de l'eau, captée par un simple tubage, est de 9° C.

Il s'agit d'une source ferrugineuse; mais, contrairement aux eaux des pouhons ordinaires de l'Ardenne, elle se caractérise par une assez forte teneur en bicarbonate calcique et en bicarbonate magnésique dont l'origine doit probablement être attribuée à la composition même du poudingue qu'elle doit traverser pour atteindre la surface.

La Compagnie générale de Chevron exploite une eau carbo-gazeuse particulièrement riche en gaz carbonique, qui a traversé les roches du Dévonien inférieur formant le sous-sol de la région. C'est une eau ferrugineuse et magnésique, utilisée comme boisson après déferrisation par procédé physique. Ses propriétés thérapeutiques sont connues depuis longtemps.

La Compagnie des Eaux de Harre capte une source sortant du Dévonien inférieur; l'eau est légèrement ferrugineuse et, comme boisson, présente des qualités analogues à celles des venues carbo-gazeuses signalées précédemment.

Il reste à citer une source d'un type particulier celle de Thermal-Chaudfontaine. C'est la seule venue thermale naturelle qui se fasse jour en Belgique directement au sol. Le nom même de la localité indique qu'elle est connue depuis longtemps: il paraît bien établi que dès le XIIe siècle elle jouissait déjà de la faveur du public.

La température de l'eau à l'émergence varie peu elle est de 35 à 36°6. C'est une eau peu minéralisée, alcaline, bicarbonatée, calcique, magnésique, sodique. Elle est utilisée comme boisson et pour les bains; les traitements de Chaudfontaine sont remarquables dans le rhumatisme, l'arthritisme, les affections liées à un déséquilibre du système nerveux et certaines maladies de la peau.

A côté de l'eau présentée sous ses diverses formes d'utilisation, la classe 3 groupait encore quelques exposants qui fournissent aux exploitants d'eaux, les substances ou le matériel dont ils ont besoin. Il y a lieu de signaler les stands de l'Acide carbonique pur, à Bruxelles, de la Compagnie industrielle de et à Ans, de J. Morraye et Fils et de la Caisserie Casia, à Gand, et enfin, celui de la Crown Cork Company, à Merksem.

CHAPITRE III

LE GENIE CIVIL

La matière de ce chapitre se caractérise par son ampleur et par son importance. Constituée par les participations belges ressortissant aux classes 4 à 16 incluse, elle porte sur l'essentiel du programme de l'Exposition. Dans cette description analytique, ces treize classes ont été considérées ensemble à cause de leur grande affinité. Toutes, en effet, se rapportent à 1a technique de l'eau dans ses innombrables applications, dans les multiples activités qui sont du domaine propre de l'ingénieur.

On verra en détail dans la suite que les travaux hydrauliques entrepris en Belgique ont pris, ces dernières années, une extension considérable. On constatera aussi que la technique de l'eau intéresse à plus d'un titre la plupart de nos industries de base. Il n'était donc pas étonnant que la Section belge présentât, dans ces classes, un intérêt exceptionnel tant par la valeur des objets figurant dans les stands, que par le nombre des exposants. Ceux-ci comprenaient environ les trois quarts du total et occupaient près de dix grands palais.

Pour la facilité de la lecture, le chapitre a été divisé en cinq sections qui se définissent suffisamment par leur titre. Ce sont

Section A. - Les Voies hydrauliques et les Ports (cl. 4 à 8).

Section B. - Les Travaux urbains et ruraux (cl. 9).

Section C. - L'Epuration des Eaux (cl. 10).

Section D. - L'Eau et les Industries (cl. 13 - 14 - 15).

Section E. - Le Matériel et les Matériaux des Ouvrages hydrauliques (cl. 11 - 12 - 16).

SECTION A. - LES VOIES HYDRAULIQUES ET LES PORTS

Dans le Programme général, l'étude des voies hydrauliques et des ports était judicieusement réparties en cinq classes. La première se rapportait aux Rivières et Canaux (cl. 4), la deuxième aux Fleuves à marée et Mers (cl. 5) et les trois autres respectivement aux Ports intérieurs (cl. 6), aux Ports maritimes (cl. 7) et aux Ports de pêche (cl. 8). Le caractère de l'Exposition autorisait une pareille spécialisation permettant de mettre en relief des problèmes techniques et des réalisations qui, dans les expositions précédentes, n'avaient jamais fait l'objet que de présentations synthétiques.

La place d'honneur revenait tout naturellement aux voies de communication par eau, étant donné qu'un vaste programme de travaux était en voie d'achèvement dans le pays, programme dont le Canal Albert et la Meuse liégeoise étaient les pièces maîtresses.

Depuis quelques années, nos voies navigables ont bénéficié de la sollicitude du Gouvernement. Celui-ci prit l'initiative d'une campagne de travaux publics destinés à améliorer l'outillage économique du pays, surtout en ce qui concerne les moyens de transport. Les voies navigables, abandonnées à un sort injuste depuis à peu près un demi-siècle, furent remises à l'honneur. On se rendit compte qu'elles constituaient un élément important de l'expansion économique du pays.

On sait qu'en 1830, notre réseau de voies navigables était déjà fort développé. Au cours des premières années de notre indépendance, on entreprit la construction de plusieurs canaux importants et des travaux d'amélioration d'anciennes voies. De cette époque datent, pour ne citer que les plus importants, le canal de Charleroi à Bruxelles, la jonction Meuse*Escaut par les canaux dits « de la Campine » et le canal Liège-Maastricht. Cette période relativement heureuse pour la navigation ne fut pas de longue durée. Le chemin de fer dont le réseau commençait à couvrir tout le pays de ses mailles serrées, eut de plus en plus la primauté sur les autres moyens de transport. Il fallut attendre la fin de la guerre 1914-1918 pour qu'on s'intéressât de nouveau plus activement au sort de nos voies navigables.

A ce moment, leur situation était critique. Non seulement beaucoup d'ouvrages étaient détruits ou hors de service par suite des hostilités, mais l'ensemble du réseau, par sa vétusté et son manque d'homogénéité, ne répondait plus aux exigences du trafic moderne.

Divers projets furent mis à l'étude, mais ce n'est qu'après la résolution de la crise monétaire que l'on entra dans la voie des réalisations. En 1927, fut instituée la Commission nationale des Grands Travaux qui dressa un programme définitif d'une rare envergure dans lequel la part réservée aux voies navigables était prépondérante. Les points les plus importants en étaient l'aménagement de la Meuse et de la Sambre tant pour améliorer les conditions de navigation que pour réduire les dangers des crues, l'établissement d'une meilleure communication par eau entre Liège et Anvers, la mise à grande section du canal de Charleroi à Bruxelles, entre cette ville et Clabecq.

En 1939, le Canal Albert était terminé, il en était de même, du moins en grande partie, des travaux de la Meuse liégeoise. De plus, d'importants ouvrages étaient réalisés sur la Sambre et la mise à grande section du canal de Charleroi, entre Clabecq et Bruxelles, était achevée. En outre, de nombreux travaux hydrauliques avaient été entrepris sur d'autres voies navigables de sorte que l'Exposition de Liège pouvait présenter un bilan remarquable de l'oeuvre gigantesque destinée à doter le pays d'un réseau complètement régénéré de voies navigables.

A l'heure actuelle, celles-ci s'étendent approximativement sur une longueur de 1.700 kilomètres. La part des canaux y est légèrement supérieure à celle des voies naturelles presque toutes canalisées. C'est le réseau le plus dense de l'Europe après celui des Pays-Bas (Nous nous abstenons de donner des chiffres comparatifs de l'étranger. Les bases des statistiques varient d'un pays à l'autre et doivent être interprétées: ce qui nous conduirait à de trop longues considérations. On peut affirmer, cependant, que la densité du réseau néerlandais est plus du double de celui de la Belgique. Après celle-ci, en Europe, se classent dans l'ordre: l'Allemagne et la France.). Toutefois, cette densité est fort inégale: la majorité de nos voies navigables sont comprises dans le bassin de l'Escaut et le long de la côte, tandis que le bassin de la Meuse n'en comporte guère que 375 kilomètres environ. Certaines régions, comme le Brabant méridional et la partie située au sud de la Sambre et de la Meuse, en sont totalement dépourvues. Si, pour des raisons orographiques, il est quasi impossible de remédier à ce défaut, on a, depuis la guerre mondiale, rendu notre réseau beaucoup plus homogène. Lorsque les travaux en cours sur la Sambre et la modernisation du canal de Charleroi à Bruxelles en amont de Clabecq seront terminés, les bateaux portant 600 tonnes pourront pénétrer loin à l'intérieur du pays et accomplir, par exemple, un circuit Anvers-Bruxelles-Charleroi-Namur-Liège-Anvers, pour desservir nos grands centres industriels et nos principales agglomérations. Il en sera de même pour la desserte du Borinage après l'achèvement des travaux du bassin de l'Escaut. Plus de 900 kilomètres seront alors accessibles aux kasts de 600 tonnes qui répondent admirablement aux nécessités de notre trafic.

La fin de ces travaux marquera une nouvelle étape dans l'évolution de notre navigation intérieure: elle permettra une exploitation rationnelle et économique adaptée aux besoins actuels de notre industrie et de notre commerce. La voie navigable pourra alors donner la pleine mesure de ses moyens et prendre la place qui lui revient dans l'ensemble de notre appareil de transport

Dans un article préliminaire, nous avons précisé le problème particulier du Canal Albert sa raison d'être, l'importance et les particularités des travaux, de même que l'intérêt des travaux d'amélioration de la Meuse liégeoise. Examinons maintenant comment l'Exposition avait mis tout cela en valeur, en même temps que d'autres travaux importants entrepris un peu partout dans le pays.

1. Les classes 4 (Rivières et Canaux) et 5 (Fleuves à marée et Mers)

Les participations belges ressortissant à ces deux classes étaient abritées en majeure partie au Palais du Génie Civil. Toutefois, elles avaient une telle ampleur qu'elles débordaient dans les deux palais adjacents de la Mer et de la Navigation Intérieure. Cette disposition était heureuse: sans nuire à la présentation propre de chacune des matières, elle marquait leur intime connexité et dégageait une puissante impression générale.

Ces classes réunissaient deux catégories d'exposants: les services intéressés de l'Administration des Ponts et Chaussées et les entreprises de travaux publics, fluviaux et maritimes. C'est dans un esprit de sincère collaboration que s'étaient établies leurs relations réciproques et ce fut au bénéfice de l'ensemble qui apparut parfaitement homogène.

En pénétrant dans le Palais du Génie Civil, une grande fresque se déroulant tout le long des hautes parois, au-dessus des stands latéraux, attirait immédiatement l'attention. Elle figurait, d'une manière particulièrement frappante, d'une part, le Canal Albert de Liege à Anvers, la Meuse et la Sambre avec le canal du Centre, et, d'autre part, Ostende et Zeebrugge, l'Escaut maritime, l'Escaut et le canal de Bruges, le canal Mons-Condé-Escaut et, enfin, l'Yser. C'était une belle synthèse du programme assigné aux deux classes.

Le stand d'honneur était occupé par une grande maquette du Canal Albert; il était complété par deux stands de plans. Tout près, des modèles et des dioramas de grande dimension représentaient entre autres les écluses de Petit-Lanaye et de Genk, le pont Vierendeel soudé de Beringen, le siphon de la Petite Nèthe à Grobbendonk, le bassin de Strasbourg à Anvers. Cela formait l'essentiel de la participation des deux Services spéciaux du Canal Albert et des Canaux dans les Provinces d'Anvers, de Liège et de Limbourg.

Le Service spécial de la Meuse occupait trois stands relatifs: l'un, au barrage et au complexe d'écluses de Monsin avec une maquette de ce barrage mobile; l'autre, au barrage éclusé de Ramet-Ivoz avec également une maquette d'une travée de cet ouvrage dont les vannes soudées sont en acier spécial d'un type particulier; le troisième, aux travaux de normalisation et d'endiguement de la Meuse en aval de Huy.

Le compartiment du Service spécial de la Sambre renfermait principalement une maquette au 1/100 de l'écluse barragée d'Auvelais.

Un des stands du Service spécial de l'Escaut maritime et de ses Affluents soumis à la Marée renfermait le modèle de l'écluse double en construction à Duffel, qui permettra la liaison du Canal Albert au Rupel par le nouveau canal de la Nèthe, en vue d'une navigation plus rapide entre l'est et l'ouest de la Belgique et vers la capitale.

Ces contributions importantes des services des Ponts et Chaussées étaient complétées par celles des entrepreneurs ayant exécuté les travaux. On remarquait notamment

- Une maquette de la tranchée profonde de Caster, site impressionnant et caractéristique du Canal Albert où, en 1930, le Roi Albert donna le premier coup de pelle (Entreprises réunies);

- Une réduction des écluses de Genk et d'un des murs-digues dans la traversée Haccourt-Lixhe du canal (Pieux Franki);

- Des maquettes en plan et en coupe en travers de la tranchée d'Eigenbilzen où le Canal Albert coupe la crête de partage des bassins de la Meuse et de l'Escaut, travail d'une conception et d'une exécution particulièrement délicates (S. A. d'Entreprises, anciennement Dumon et Vander Vin);

- Une maquette du groupe d'écluses de Kwaadmechelen montrant leur fonctionnement, et une réduction du groupe d'écluses d'Oolen, permettant de se rendre compte de leur exécution: deux ouvrages importants de la nouvelle voie d'eau (Laboremus)

- Une maquette de la vallée de la Meuse depuis le pont d'Ougrée (en amont) jusqu'au pont de Visé (en aval), une autre du pont de Visé sur la Meuse et une troisième du barrage éclusé de Marcinelle sur la Sambre (Construction, Etude et Ouvraison).

Ajoutons que le stand collectif de la Société belge des Bétons et de la S. A. Cobétons contenait une documentation photographique sur les écluses de Hasselt et de Wijnegem du Canal Albert, que les Entreprises A. Grégoire et J. Abras et la Société métallurgique d'Enghien-Saint-Eloi avaient participé au stand du Service de l'Escaut maritime en présentant l'écluse double de Duffel, enfin que ces stands renfermaient encore de nombreux documents graphiques et photographiques relatifs aux travaux en question. On se rendra compte de l'effort accompli pour informer et documenter le visiteur sur les importants ouvrages exécutés récemment.

Une participation méritait une mention particulière: celle du Service spécial d'Etudes d'Ouvrages d'art, relative aux constructions métalliques et spécialement aux constructions soudées. On sait que les ponts soudés, du type Vierendeel en majeure partie, constituent une des particularités techniques du Canal Albert. Dans des vitrines, les éléments du stand montraient à quel point est arrivé le contrôle officiel de ces constructions, notamment par la radiographie. Il est conforme à l'esprit de l'Exposition de noter que ce service travaille en collaboration avec l'Université de Liège. Il présentait encore des dioramas de divers ponts édifiés en des régions pittoresques sur la Meuse et deux de ses affluents, la Semois et l'Ourthe.

Un stand central très important du Service spécial de la Vesdre montrait une grande maquette, entourée d'un beau diorama, du barrage-réservoir en construction sur la Vesdre, en amont d'Eupen, type de barrage poids de 65 mètres de hauteur environ. A l'avant-plan, une carte en relief de l'est de la Belgique indiquait l'important delta de confluents de la Meuse à Liège et l'étagement de ses affluents et sous-affluents (la Vesdre, l'Ourthe, l'Amblève, la Warche, etc.), jusqu'aux confins de la Haute-Belgique, avec leurs vallées accidentées et les emplacements des barrages-réservoirs existants ou en construction. Image saisissante d'une des principales réserves hydrologiques du pays et de la seule région qui lui fournisse jusqu'à présent de l'énergie hydro-électrique. Cette carte rappelait au visiteur la relation certaine, encore que peu facile à percevoir par les personnes non prévenues, qui existe entre la construction du nouveau barrage sur la Vesdre et les travaux de la région de Liège et du Canal Albert.

La Compagnie belge de Chemins de fer et d'Entreprises qui construit ce barrage, avait dans son stand un diorama de l'ouvrage, une coupe transversale et des échantillons très intéressants concernant les forages, les injections d'étanchement et la nature spéciale des bétons mis en oeuvre.

La S. A. « Centrales, électriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy » exposait dans un stand voisin une maquette du barrage-réservoir de Butgenbach sur la Warche (repéré sur la carte en relief précitée) et un diorama des installations hydroélectriques de Lorcé-Heid de Goreux, sur l'Amblève.

Quatre stands se rapportaient aux travaux des canaux et cours d'eau des provinces de Brabant et du Hainaut. Le Service spécial du Borinage exposait de nombreux documents relatifs au canal de Mons à Condé, au canal du Centre et au nouveau canal de Nimy à Blaton. Au sujet de ce dernier, deux maquettes à grande échelle montraient des coupes transversales du canal en section d'étanchement bétonné et en section d'étanchement bitumeux de la cunette. A proximité, la Société coloniale de Construction présentait une maquette de diverses phases de la construction de cette voie navigable.

Le Service spécial des Canaux houillers avait réalisé une importante exposition concernant la modernisation du canal de Charleroi à Bruxelles. Il s'y trouvait notamment une maquette de vanne à décollement préalable du système Chanteux et une autre de l'écluse de Molenbeek-Saint-Jean. Le service s'occupe également de l'amélioration des conditions d'écoulement des crues de la Senne, auquel le canal de Charleroi participe. De nombreux documents graphiques étaient présentés et l'attention était attirée sur une maquette et un plan relatifs à des ouvrages de caractère moderne et d'inspiration scientifique: le modèle d'une vanne à segment tubulaire entièrement soudée de forme hydrodynamique, système Willems, et le plan de la batterie de siphons-déversoirs auto-amorceurs projetés à Vilvorde, d'après des essais sur modèle effectués au Laboratoire de Recherches hydrauliques des Ponts et Chaussées à Anvers. Un modèle de siphon auto-amorceur en fonctionnement figurait d'ailleurs au stand de ce laboratoire dont il sera question plus longuement un peu plus loin.

D'autre part, la Société « Ponts, Tunnels et Terrassements » présentait un modèle des travaux du voûtement de la Woluwe, affluent de la Senne.

Quant au Service spécial du Bassin fluvial de l'Escaut, il s'était appliqué à faire ressortir l'importance du noeud fluvial de Gand.

De nombreuses firmes d'entreprises et l'Association belge des Entrepreneurs de Travaux publics, des ateliers de constructions métalliques, des ingénieurs-conseils et la Chambre belge des Ingénieurs-conseils de Belgique, des organismes d'assurance et de contrôle pour la sécurité des constructions, enfin des firmes, associations et organismes divers complétaient par des plans, photographies et statistiques l'ensemble de la classe 4, en si grand nombre qu'il est impossible de les citer. Beaucoup de ces participations figuraient dans d'autres pavillons, notamment au Palais des Industries Lourdes où l'on trouvait

1° La maquette du pont soudé d'Ougrée sur la Meuse et d'un noeud du pont de Haccourt sur le Canal Albert (La Soudure « Arcos »);

2° Un modèle d'assemblage de deux maîtresses-poutres et d'une pièce de pont, en grandeur naturelle, dudit pont d'Ougrée (S. A. d'Ougrée-Marihaye) ;

3 Un beau modèle de pont basculant du type « Strauss » (Les Ateliers métallurgiques de Nivelles).

Au Palais n° 18, on voyait figurer entre autres une magnifique maquette du barrage-réservoir en construction sur la Vesdre exposée par la ville d'Eupen, et un modèle du pont Vierendeel soudé de Vivegnis sur le Canal Albert (Ateliers de La Louvière-Bouvy). Enfin, au Palais de la Navigation Intérieure, l'Administration des Ponts et Chaussées exposait en fonctionnement d'intéressants modèles d'échelles à poissons du système Denil.

Les exposants de la CLASSE 5 s'étaient surtout appliqués à l'Escaut maritime et ses annexes, ainsi qu'à la côte maritime belge.

Les Services maritimes d'Anvers occupaient à juste titre un emplacement central et le plus vaste du Palais du Génie Civil. Un aménagement agréable attirait ingénieusement le visiteur vers le stand le plus scientifique consacré entièrement aux travaux du Laboratoire de Recherches hydrauliques des Ponts et Chaussées, à Anvers. A côté du petit modèle de siphon auto-amorceur en fonctionnement déjà cité, figurait un grand modèle de rivière à marée, avec un appareil producteur de marée en fonctionnement conçu par le laboratoire et réalisé avec le concours de firmes belges. C'était là un centre d'attraction pour le visiteur encore que c'était une gageure réussie de rendre suffisamment compréhensible au public une installation aussi compliquée. Les travaux de ce laboratoire ont été effectués jusqu'à présent dans des locaux provisoires, mais un grand laboratoire hydraulique définitif dont la maquette ornait le stand, est en voie d'achèvement à Anvers.

Tout près de ce stand scientifique, un autre de moindre étendue, mais du même caractère, renfermait la participation du Laboratoire de Géotechnie relevant du Service spécial d'Etudes d'Ouvrages d'art et installé dans les locaux de l'Université de Gand. De nombreux appareils et diagrammes donnaient des résultats d'investigations sur le terrain. Ce service ressortit autant à la classe 4 qu'à la classe 5. De même que le Laboratoire de Recherches hydrauliques et le Service de Contrôle des Constructions métalliques, il témoigne que l'Administration s'est engagée avec succès dans la voie de l'organisation de services scientifiques.

Le Service spécial de l'Escaut maritime et de ses Affluents soumis à la Marée consacrait deux beaux stands au complexe des nouveaux ponts pour route et chemin de fer sur l'Escaut maritime et la Dendre, au confluent de Termonde. Une maquette reproduisait le plan du complexe, deux autres, les nouveaux ponts sur l'Escaut avec une travée mobile Scherzer, et sur la Dendre, avec une travée mobile levante. Plusieurs firmes avaient contribué à l'édification de ces stands, notamment les Entreprises Mallems et Cornélis, Wegenbouw, J. Mylle, les Ateliers du Thiriau, les Ateliers métallurgiques, la firme Rouvroy et Fils, etc.

Un stand particulier de l'Office central d'Electricité et d'Electromécanique schématisait la manoeuvre de divers types de ponts mobiles, dont les deux de Termonde cités ci-dessus et celui sur le Rupel, à Boom.

Le stand de l'entrepreneur Maurice Delens montrait, par un intéressant modèle, le mode de construction d'une pile double de ce nouveau pont sur le Rupel, tandis que le Service des Routes de la Province d'Anvers exposait, en collaboration avec diverses firmes, une imposante maquette de ce pont.

Sous les grands fleuves maritimes, dans certains cas, les tunnels constituent un moyen de passage préféré aux ponts, à raison des inconvénients inhérents à ces derniers pour la navigation. La S.A. Pieux Franki exposait plusieurs modèles de détails des tunnels sous l'Escaut à Anvers construits avec succès par elle, tandis que la S.A. Foraky présentait une maquette relative à l'application du procédé de congélation du sol au creusement, dans les terrains aquifères, des fouilles des puits de ventilation de ces tunnels.

Le Service spécial de la Côte développait en deux stands des plans et photos de divers ouvrages maritimes concernant surtout les épis de défense des côtes, les ouvrages de l'arrière-port de Nieuport, l'écluse du port de pêche et un mur de quai d'accostage à Ostende, ainsi que le port de pêche de Zeebrugge. Le stand de la firme Van Huele complétait les précédents en ce qui concerne les travaux de défense des côtes. La firme Citravo montrait une intéressante coupe du mur de quai d'accostage à Ostende et les Entreprises Decloedt et Fils, une maquette du port de Zeebrugge.

Au Palais de la Mer, le Service spécial de la Côte exposait aussi un modèle suggestif du complexe des ouvrages de l'arrière-port de Nieuport, dont le rôle fut décisif lors des inondations sur I'Yser, en 1914. Enfin, les Services maritimes de l'Escaut y présentaient des modèles et photographies de bouées et lanternes de balisage du fleuve.

Diverses sociétés d'entreprises avaient tenu à faire état de travaux maritimes exécutés au Congo belge (Société d'Entreprises de Travaux en Béton au Katanga) et à l'étranger: port de Valence, en Espagne (Société belge des Bétons); Port Alfred (Afrique du Sud), Tamatave (Madagascar), Afrique équatoriale française (Société d'Entreprises de Travaux en Béton au Katanga), ainsi que la Compagnie belge de Chemins de fer et d'Entreprises, la S.A. Ackermans et Van Haaren, etc.

Les objets de ces stands étaient de telle nature, de telle importance et si nombreux, qu'ils auraient mérité d'être relatés dans un volumineux recueil de monographies, à l'exemple de ce qui fut fait dans le passé au sujet des galeries de machines et de locomotives des expositions universelles.

Si cette description comporte nécessairement de nombreuses omissions, elle n'en sera pas moins édifiante sur l'ampleur des travaux publics hydrauliques et maritimes exécutés en Belgique au cours de ces dix dernières années et sur la puissance de réalisation du pays dans ce domaine.

Considérés dans leur ensemble, ces travaux dénotent, par rapport à ceux des périodes précédentes, une envergure beaucoup plus considérable et un esprit de modernisme très marqué, quoique en général sagement pondéré et dépourvu d'outrance. La tendance à l'application rationnelle des résultats de la recherche scientifique se manifeste par la création récente de services et de laboratoires dont les participations faisaient ressortir un état en voie de développement rapide. On peut exprimer le voeu que, dans les domaines déjà abordés et dans d'autres, l'Administration des Ponts et Chaussées et les Sociétés d'entreprises persévèrent dans cette voie féconde.

On peut constater aussi avec une grande satisfaction la puissance, consacrée tant en Belgique qu'à l'étranger, des moyens de réalisation et de l'expérience des entrepreneurs belges de travaux publics, leur permettant de mener à bien, avec succès et avec rapidité, les travaux les plus difficiles par leur nature aléatoire et par leur importance.

Les participations aux classes 4 et 5 ont été non seulement une remarquable réussite qui fait le plus grand honneur aux exposants, mais constituaient aussi un gage de succès pour l'avenir de l'équipement économique du pays et les perspectives de son industrie des travaux publics.

Le grand travail national du Canal Albert n'aura pas seulement soutenu la prospérité de la Belgique pendant une période de difficultés économiques et réalisé ses buts directs de renforcer l'armature nationale, mais il aura marqué aussi le début d'une véritable rénovation des travaux publics dans le pays.

L'Exposition de Liège peut revendiquer le mérite d'en avoir fait ressortir les résultats par une manifestation impressionnante.

2. Les classes 6 (Ports intérieurs), 7 (Ports maritimes) et 8 (Ports de pêche)

C'était également dans les Palais du Génie Civil, de la Mer et de la Navigation Intérieure que se trouvaient les participations belges ressortissant à ces trois classes, en liaison avec celles relatives aux deux classes précédentes. L'avantage de ce groupement a déjà été signalé. Cependant, ici aussi quelques exposants importants étaient installés dans d'autres palais, notamment le n° 18 et celui des industries lourdes. Enfin, les trois grandes villes maritimes: Anvers, Gand et Ostende exposaient dans leur pavillon respectif.

Les PORTS INTÉRIEURS étaient représentés par les grands ports publics belges: Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand, Liège et Merksem. De nombreux ports privés récemment construits ou améliorés en raison de l'exécution du Canal Albert, des travaux de la Meuse et des canaux de la Campine, exposaient des maquettes et des dioramas très suggestifs. Citons les nouveaux ports charbonniers de Zolder, Genk et Beringen, sur le Canal Albert, celui de Cheratte sur la Meuse, de Eisden sur le Zuid-Willemsvaart et les installations métallurgiques de Balen-Wezel et de Hoboken sur l'ancien canal de jonction Meuse-Escaut.

L'outillage est généralement adéquat: ces dernières années ont été marquées par des progrès considérables, grâce à une sage politique d'encouragement de l'Administration. Peut-être eût-il été intéressant de donner de cette initiative une image plus synthétique en caractérisant la situation générale actuelle des principaux ports intérieurs.

Dans l'ensemble, ce sont les ports d'intérieur appartenant à des entreprises privées qui dominent en Belgique. Leur outillage est souvent supérieur à celui des ports publics. Parmi ces derniers, ce sont surtout les ports maritimo-fluviaux, particulièrement Anvers et Gand, qui sont à signaler. A la suite, se classent les deux grands ports intérieurs: Bruxelles et Liège.

Les PORTS MARITIMES belges sont peu nombreux, mais importants. La participation officielle d'Anvers, dans son grand pavillon, était remarquable à tout point de vue. La maquette du port, à assez grande échelle et disposée en contre-bas, était un objet du plus haut intérêt.

De beaux modèles des écluses Royers et du Kruisschans, de cales sèches, de hangars à potasse, de grues de manutention, complétaient l'ensemble auquel s'ajoutaient des participations privées concernant des engins de manutention (Stocatra).

Gand présentait également une belle maquette permettant de se rendre compte de l'étendue et de l'équipement de ses installations maritimes. Dans son pavillon, figuraient aussi une maquette reproduisant le quai Port-Arthur avec le hangar textile à trois étages et entièrement « fire-proof » et un modèle d'une grue de 3 tonnes. Cela donnait une idée exacte des possibilités de manutention de ces installations très modernes. Une abondante documentation graphique contribuait à faire valoir les avantages du port.

Enfin, dans son pavillon individuel également, Ostende ne manquait pas non plus d'attirer l'attention du public sur ses installations maritimes, tandis que l'Administration de la Marine exposait, au Palais de la Mer, une magnifique maquette de ce port. D'autre part, l'Administration des Ponts et Chaussées présentait deux belles maquettes de Zeebrugge et de Nieuport. Naturellement, les Sociétés des Canaux et des Installations maritimes de Bruges et de Bruxelles participaient aussi dans cette section.

En ce qui concerne les PORTS DE PECHE, figuraient Ostende, Zeebrugge et Nieuport.

La maquette d'Ostende dont nous venons de parler, faisait particulièrement ressortir l'étendue des installations du port de pêche et l'importance du réseau ferré qui le dessert.

On sait que ce port, de construction récente et considéré comme un des plus modernes de l'Europe, est outillé de façon à ce que toutes les opérations puissent s'effectuer avec le maximum de célérité, d'économie et de propreté. Il est pourvu notamment d'un vaste bassin à flot, d'un bassin à marée (pour les petits bateaux) et de deux chantiers roulants pour nettoyer, peindre et réparer les bateaux en un minimum de temps. En moins de cinq ans, une véritable cité industrielle a pris naissance à proximité de ces bassins et les familles de pêcheurs s'y installent en grand nombre.

Le port de Zeebrugge a également été agrandi et modernisé au cours de ces dernières années, comme le montrait la maquette dont il a été question un peu plus haut.

Enfin, pour les trois classes, diverses firmes exposaient, surtout au Palais des Industries Lourdes, des engins de manutention et des appareils relatifs à l'exploitation des ports et à l'industrie de la pêche.

L'impression d'ensemble de ces classes indiquait à quel haut degré de développement et d'avancement est arrivée l'activité portuaire en Belgique, tant intérieure que maritime, et l'on doit souhaiter que le pays soutienne cet effort en vue de l'extension et du perfectionnement de ce précieux outillage économique.

SECTION B. - LES TRAVAUX URBAINS ET RURAUX

Au chapitre II (Les Eaux de cure et de boisson), nous avons rappelé brièvement la valeur et la localisation des ressources aquifères de la Belgique. Cette étude de caractère scientifique pourrait servir également d'introduction à l'exposé qui suit, puisqu'il s'agit, en ordre principal, du captage, de la distribution et de l'utilisation de l'eau pour les besoins de nos agglomérations et de nos industries.

Nous nous trouvons, par conséquent, en présence du problème de l'eau sous son aspect le plus familier. Le plus familier et, sans doute, le plus essentiel aussi, car l'élément liquide est d'une manière indiscutable le facteur le plus indispensable à la vie humaine: il conditionne d'une façon décisive l'établissement et le développement des sociétés, il joue un rôle capital dans l'exploitation de la plupart de nos entreprises industrielles.

La classe 9 groupant tous les travaux hydrauliques urbains et ruraux revêtait, de ce chef, une importance primordiale. Pour la Belgique, elle présentait un intérêt tout particulier par suite de la densité de sa population et de ses centres urbains et industriels. Comme nous allons le voir, le champ des travaux de ce genre s'y est considérablement étendu depuis quelques années, et de nombreux projets se distinguant par leur ampleur sont encore à l'étude. Le thème fondamental de cette classe était donc rien de moins que de montrer tout ce qui a été fait, et tout ce qui reste à faire, pour assainir et améliorer les conditions de vie dans notre pays. En conséquence, il n'est pas étonnant que cette classe ait constitué un des grands centres d'intérêt de la Section belge et de toute l'Exposition. Le nombre et la valeur des participations qui y furent enregistrées le prouvent à suffisance.

Au surplus, l'intérêt des présentations s'est trouvé considérablement accru par suite de la collaboration intime qui s'y est manifestée entre les exposants privés, entrepreneurs et fabricants de matériaux et de matériel, et les services publics participants. Les divers comités de classe s'étaient d'ailleurs appliqués à créer une réelle harmonie entre ces deux groupes d'exposants, soit en provoquant la formation de collectivités homogènes, soit en dressant un programme d'ensemble dans lequel toutes les participations, même individuelles, étaient établies en accord avec le thème général à développer. C'était une classe où les dévouements à l'oeuvre commune furent particulièrement nombreux et l'on nous permettra de mettre spécialement à l'honneur M. F. Campus, professeur à l'Université de Liège, qui, en sa qualité de Commissaire, voulut bien y consacrer le meilleur de lui-même.

Il est intéressant de noter que la Classification générale annexée au Règlement de l'Exposition, avait prévu la présentation d'une rétrospective, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, des grands ouvrages d'art hydraulique et des machines s'y rapportant. En mettant sous les yeux du public des documents faisant ressortir l'importance de l'activité déployée dans ce domaine au cours des siècles passés, on démontrait péremptoirement que, vu sous cet angle, le problème de l'eau se confond avec celui de la vie de l'homme.

Dans la section contemporaine, plusieurs subdivisions s'imposaient, car la question actuelle de l'eau urbaine et rurale présente des aspects multiples. Naturellement, cette matière est dominée par tout ce qui se rapporte au captage, à la distribution et à l'évacuation des eaux: cela formera trois subdivisions importantes dans lesquelles seront envisagés tous les procédés perfectionnés utilisés à notre époque et le matériel approprié aux travaux. Comme corollaire, on étudiera l'utilisation de l'eau dans certains cas particuliers, ce qui fera l'objet de trois nouvelles sous-classes intitulées respectivement la protection contre les incendies, les bains et piscines, l'eau dans l'agriculture. Enfin, un exemple de l'eau devenue nuisible et même dangereuse qu'il s'agit de drainer et de refouler sera traité sous la rubrique exhaure et démergement.

Telle quelle, cette subdivision répond assez exactement aux diverses préoccupations que pose le problème de l'eau dans nos cités et dans nos campagnes. Elle a permis une parfaite mise en valeur de tous les travaux hydrauliques entrepris dans le pays. Et, il est réconfortant de constater que si bien des choses restent à faire, cette démonstration ne plaçait pas la Belgique en état d'infériorité vis-à-vis de l'étranger. Quant au matériel présenté par nos industriels, il ne souffrait pas davantage, bien au contraire, de la comparaison avec la plupart des produits similaires des autres sections nationales.

En ordre principal, la participation belge à la classe 9 s'étendait dans trois grands palais successifs et reliés entre eux (les n° 19, 20 et 21) qu'elle occupait presque en entier, de même qu'un vaste espace à l'air libre, près du Palais des Industries Lourdes. Enfin, quelques exposants étaient encore dispersés dans divers palais, notamment dans le dernier cité.

1. La Section historique du captage et de la distribution d'eau

Il paraît naturel que cette section, bien que située au coeur de la participation belge et organisée par un groupe de savants de chez nous, dût être internationale. En effet, elle ne pouvait se concevoir sans le rappel des principaux travaux réalisés, au cours des siècles, dans tous les pays du monde et sans le concours de tous les musées qui possèdent des éléments s'y rapportant. Il va sans dire qu'elle n'avait qu'une pensée scientifique et didactique. Bien que faisant appel également à l'intervention matérielle ou financière, parfois importante, de nombreux industriels, aucune préoccupation de nature mercantile ne fut admise. A ce sujet, il convient de louer le sentiment élevé de ces exposants qui contribuèrent puissamment à la réalisation de cette section, renonçant à en tirer le moindre avantage commercial.

Située dans le palais n° 19, cette section occupait une surface de plus de 500 mètres carrés. Par une heureuse disposition des objets et des vitrines, elle faisait passer le visiteur de la période la plus ancienne par tous les siècles intermédiaires, jusqu'aux éléments modernes de la technique hydraulique représentée par quelques pièces caractéristiques.

Le but n'était pas de présenter un ensemble complet. Les organisateurs n'avaient d'autre ambition que de mettre en évidence, par des exemples choisis, ce que le génie, le labeur et la collaboration du savant, de l'administrateur, de l'ingénieur et de l'ouvrier ont su réaliser dans le domaine de l'adduction des eaux et des machines hydrauliques.

Même limitée à cet objet fort raisonnable, elle présenta encore de grandes difficultés de réalisation. En plus des préoccupations d'ordre matériel, c'est au prix de longs mois de recherches et d'études que son comité d'organisation, présidé par M. A. du Chesne, professeur à l'Université de Liège, réussit à en arrêter le programme et à en assurer les moyens d'exécution. Nous avons déjà dit que de nombreux emprunts à des musées étrangers étaient indispensables. D'autre part, des reconstitutions, autant que possible animées, s'avéraient de grande nécessité pour mieux documenter le visiteur. Les multiples démarches et les minutieuses mises au point coûtèrent bien des efforts aux organisateurs. En rendant hommage à tous ceux qui y apportèrent leur concours dévoué, il convient d'évoquer particulièrement la collaboration importante de M. B. Buffet, ingénieur en chef à la Compagnie générale des Conduites d'eau, à Liège.

La section se divisait en plusieurs compartiments pas tous complètement séparés les uns des autres, mais suffisamment isolés pour marquer les diverses époques de l'histoire auxquelles ils se rapportaient.

La Haute Antiquité était représentée par quelques textes choisis rappelant le rôle important de l'eau dans la vie des peuples anciens.

Venait ensuite la Grèce antique. Elle était évoquée par des plans, photographies et textes relatifs aux aqueducs d'Athènes, de Samos, de Smyrne, de Thylissos, et aux conduites de drainage du palais de Minos à Knossos (1700 avant J.-C.). La fontaine de Priène, une amphore grecque, un tuyau de pierre de l'aqueduc de Smyrne, des tuyaux et rigoles des aqueducs d'Athènes et de Samos avaient été reconstitués spécialement.

On sait combien importants furent les travaux hydrauliques chez les Romains. Aussi le compartiment y consacré était-il très vaste et documenté avec abondance. Ici, pour montrer les méthodes romaines de nivellement, une reconstitution de la dioptre de Héron d'Alexandrie et du chorobate de Vitruve. Là, des reproductions en plâtre de la fontaine de Side (Asie mineure), de la citerne de Carthagène, du château d'eau de Nîmes. Plus loin, d'autres reproductions en plâtre des aqueducs de Cherchel (Tunisie), d'Aspendos et d'Ephèse (Asie mineure), du tracé des aqueducs de la ville de Rome, de l'aqueduc du pont du Gard, à Nîmes, des différents types de maçonneries romaines: le tout commenté à profusion par des textes choisis.

Le souci de représenter la période romaine d'une manière aussi brillante que possible avait conduit à reconstituer quelques installations de distribution d'eau. On voyait successivement en groupe des éléments rappelant les travaux hydrauliques de Rome, Lyon, Apamée, Strasbourg, Vaison-la-Romaine, Arles, Nîmes et Bath. C'étaient des aqueducs, des siphons, des réservoirs, des conduites et, enfin, les fameux bains romains. Souvent, on avait tenu à exposer également des photographies des ruines de ces ouvrages.

Ce n'était pas tout. Après les installations, on rappelait les matériaux et les machines. Voici une étude très approfondie de l'industrie romaine du plomb. Le travail d'une « laverie », les différents types de soudures des tuyaux de plomb, des lingots, une collection complète de tuyaux, étaient représentés. Voici encore des tuyaux en autres matériaux (pierre calcaire, béton, poterie) provenant des fouilles d'Apamée. En plus, la robinetterie romaine avec une série de robinets en bronze. Enfin, les principales machines élévatoires et les pompes. Il avait été réalisé, par exemple, des reproductions animées d'un grand et d'un petit tympan, d'une vis d'Archimède et de la pompe de Ctésibius. A noter aussi une reconstitution de la noria de Hamah.

Il nous faut citer, avant de terminer, qu'au point de vue iconographique figuraient les bustes d'Agrippa, d'Auguste, de Claude et d'Hadrien.

Sortant du stand réservé à l'Empire Romain, le visiteur était attiré plus avant vers une succession de petits compartiments dont les éléments le rapprochaient de plus en plus de la période contemporaine. De l'Empire Romain au XIX siècle, tel était le titre de cette nouvelle section.

On y évoquait tout d'abord la hardiesse des Liégeois dans le creusement des areines permettant ainsi, dès le XIIIe siècle, l'exploitation de la houille. Des gravures représentaient d'anciennes fontaines liégeoises et des textes retraçaient l'histoire de l'épuration des eaux de Paris.

Ensuite, une belle documentation concernait les installations hydrauliques de Versailles. Des plans, des gravures, des cartes, des documents de toute espèce étaient étalés sous le yeux du visiteur. Ici, une reproduction animée de la pompe de Clagny. Là, une reconstitution en plâtre du projet d'aqueduc de Maintenon. Et l'on découvrait avec intérêt que des tuyaux de fonte et des robinets en bronze avaient été déterrés spécialement à Versailles pour les faire figurer dans cette rétrospective.

Voici évoquée la Machine de Modave par une reproduction animée, des photographies, des gravures. Et la Machine de Marly: des gravures, des planches anciennes, une abondante documentation en faisaient ressortir les caractéristiques. C'était l'occasion de rappeler le souvenir de deux Liégeois audacieux: Arnold de Ville et Rennequin-Sualem qui ont à leur actif ces deux belles réalisations du XVIIe siècle. La vie et les travaux de ces deux hommes de génie étaient naturellement évoqués dans ce stand.

Enfin, la section historique de l'adduction des eaux faisait valoir l'évolution des différentes techniques principalement du XVe au XIXe siècle. Au moyen de spécimens judicieusement choisis, par des reproductions, des photographies, on faisait ainsi l'histoire du tuyau de fonte, du tuyau de bois, du tuyau de plomb, du robinet, de la pompe, etc. Trois maquettes figuraient les trois âges du haut fourneau: 1823, 1872, 1900 et la roue hydraulique était représentée dans ses différents stades de perfectionnement.

La visite se terminait par la période moderne. La fabrication des tuyaux au XXe siècle: tuyaux de fonte, d'acier, d'asbeste-ciment. Quelques pompes modernes: pompes à piston, bélier hydraulique, pompe centrifuge de 1900 et de 1939.

Il est certain que l'effort extraordinaire accompli par les organisateurs de cette section aura été vivement apprécié par les visiteurs. C'est avec le plus grand souci d'exactitude qu'on avait tenu à retracer la contribution des siècles passés à l'étude des travaux hydrauliques et à la construction des machines s'y rapportant. Par la valeur et l'abondance de la documentation réunie, cette section fut une des plus remarquables de l'Exposition. Il est regrettable que les nécessités du lotissement général ne permirent pas de lui attribuer un emplacement un peu plus étendu. Les nombreux objets dont on vient de lire une énumération sommaire se tenaient mal à l'aise dans les 500 mètres carrés réservés. Sans doute, le stand occupait-il au sein des palais belges une place de choix, formant le noyau central de l'importante participation de la classe 9. Mais un peu plus d'espace aurait permis de mieux encore mettre en valeur tous ces objets qui ne représentaient pas moins de vingt siècles de progrès.

Cela n'a pas empêché la section historique du captage et de la distribution d'eau de remporter le plus brillant succès. Elle fut accueillie avec admiration tant par les spécialistes que par le public en général. Elle méritait les éloges les plus vifs car elle réunissait une documentation d'une rare valeur sur un thème tout à fait inédit. C'était un morceau de choix!

2. Les Travaux urbains et ruraux contemporains

a) Le Captage des eaux

Dans le domaine du captage des eaux, comme dans celui des autres activités groupées sous la rubrique des travaux hydrauliques urbains et ruraux, l'Exposition faisait ressortir, d'une part, les travaux réalisés ou projetés des services publics intéressés et, d'autre part, les moyens de réalisation et la capacité des industries spécialisées.

Ces dernières, représentées par des fabricants de matériel de sondage et par des entrepreneurs, exposaient en majeure partie sur un emplacement extérieur situé à côté du Palais des Industries Lourdes. On y trouvait des sondeuses à main et à moteur en état de fonctionnement, un puits en cours de creusement et de l'outillage divers parmi lequel un gros trépan. Ce matériel perfectionné et pratique était tout à fait à la hauteur de la capacité reconnue des spécialistes belges. C'est sous le nom de « Collectivité des Sondeurs » que six industriels belges avaient constitué un ensemble à cet endroit. Ajoutons qu'une importante firme de sondage exposait au Palais du Génie Civil et qu'une autre présentait du matériel de puits filtrants au Palais des Industries Lourdes. On se référera à ce sujet à la notice de la classe 16 (voir la section E du présent chapitre), de même que pour les tubes, raccords, pompes et accessoires. Des diagrammes de sondage complétaient cette exposition de matériel.

Au Palais n° 19, étaient réunis de nombreux services publics qui présentaient un grand nombre de graphiques, plans, dessins et coupes géologiques à trois dimensions ou maquettes en matières transparentes, figurant des dispositifs variés de captage dans les eaux courantes, les alluvions des cours d'eau, les craies et calcaires, et les sources. On voyait aussi bien des captages par galeries, drains, puits filtrants et puits artésiens. Citons à cet égard les stands des Provinces d'Anvers, de Brabant, de Liège et de Namur, des Villes de Hasselt, Liège et Tournai, de la Société nationale des Distributions d'eau, des Intercommunales de Bruxelles, des Flandres et de l'Agglomération liégeoise. La Société nationale précitée montrait en outre une carte des ressources hydrologiques du pays.

Ensemble, les deux catégories d'exposants, services publics et industriels, donnaient une excellente idée de la manière scientifique dont l'eau potable, minéral de première nécessité, est recherchée et par quels moyens perfectionnés et efficaces, elle est captée en vue d'être livrée à la consommation.

b) La Distribution des eaux

Et voici le stade suivant la distribution, problème dont l'essentiel était traité dans deux compartiments contigus du Palais n° 19 groupant l'un, diverses provinces belges, l'autre, des organismes officiels, privés ou mixtes.

Les Provinces d'Anvers, de Brabant, de Liège, de Limbourg et de Namur exposaient des plans et dessins de distributions d'eau, de réservoirs et châteaux d'eau, d'installations de déferrisation et de démanganisation, accompagnés de graphiques et de diagrammes statistiques. Des objets analogues garnissaient les stands des Villes de Hasselt, de Liège et de Tournai, de l'Intercommunale bruxelloise et des Intercommunales des Flandres, de l'Agglomération liégeoise et du Veurne-Ambacht, de la Société des Distributions d'eau d'Anvers, de la Société nationale des Distributions d'eau, etc. Le stand de cette dernière contenait un beau modèle du château d'eau d'Eekloo et une maquette lumineuse du réseau de Namur. Quant au Service des eaux de Liège, il avait constitué une participation remarquable montrant des coupes géologiques transparentes à trois dimensions des captages dans la craie de Hesbaye ainsi que le tracé et le relief des anciens adducteurs et de ceux en construction. Le stand contenait aussi des modèles des réservoirs d'Ans (établis pour réduire au minimum les effets défavorables des affaissements miniers) et un modèle du château d'eau de Cointe, ainsi que des coupes et des diapositives relatives au captage et au traitement des eaux du gravier de la Meuse, au parc de la Boverie, à Liège.

L'Intercommunale liégeoise avait fait confectionner la maquette d'un important groupe de réservoirs modernes édifiés à Lamine et étudiés également pour résister aux affaissements miniers. Enfin, la Ville de Tournai exposait une maquette de ses installations de déferrisation et de démanganisation.

Le matériel pour l'établissement des distributions figurait en abondance et d'une manière à donner une haute idée de cette industrie spéciale. Ici, des contingences avaient rendu moins aisé le groupement des exposants. Les plus importants avaient trouvé leur place naturelle au Palais des Industries Lourdes où l'on voyait les tuyaux en fonte et en acier, les joints, vannes et accessoires des tuyauteries, les réservoirs métalliques et leurs charpentes de support, etc.

Du moins, les grandes usines avaient-elles, d'une manière digne d'éloge, pu s'entendre pour organiser, au Palais n° 19, un ensemble collectif en relation directe avec la section historique, à l'édification de laquelle elles avaient aussi contribué puissamment. Le contraste entre les vestiges authentiques d'anciennes canalisations en bois (Ciney, Stavelot, etc.) et en plomb (Liège) et les conduites modernes en acier, en éternit et en fonte, faisait apparaître les progrès remarquables de l'industrie.

Au Palais voisin n° 20, l'exposition de l'industrie des conduites était complétée par des spécimens de grande taille de tuyaux en béton centrifugé, en béton armé ou sidéro-ciment. La constitution de ces tuyaux était visible, ainsi que la disposition spéciale des joints (Béton centrifugé belge).

L'industrie des compteurs et des appareils de mesure et de réglage était représentée par trois firmes importantes exposant, aux Industries Lourdes, une gamme très étendue d'appareils basés sur des principes variés, utilisant toutes les ressources de la science hydraulique. La petite tuyauterie de distribution domestique en acier, cuivre, zinc, plomb, fonte, éternit, avec les accessoires, joints, vannes, robinets de tous systèmes et de toutes apparences, remplissait les stands de nombreuses firmes, prouvant la vitalité de la moyenne et de la petite industrie et un véritable degré de raffinement dû à l'ingéniosité des fabricants. Ces stands étaient établis pour la plupart au Palais n° 20. Des exposants dont l'activité principale relevait d'autres classes étaient aussi inscrits à la classe 9: les bureaux d'études techniques de construction (réservoirs et châteaux d'eau), les ateliers de constructions métalliques (réservoirs en acier), les entreprises de travaux publics (voir les classes 4, 5 et 16). Ensuite, les producteurs de tous les matériaux et produits servant aux divers usages des eaux de distribution: installations sanitaires et domestiques en matériaux divers, appareils de chauffage à l'eau chaude, réfrigérateurs, pompes à main et à moteur, adoucisseurs d'eau et tous les accessoires analogues.

De tout cela se dégageait une impression de grande vitalité. Le visiteur apprenait, à son avantage personnel, la multiplicité des emplois journaliers de l'eau mise à sa disposition à profusion, à bon marché et dans les meilleures conditions d'hygiène.

c) La Protection contre les incendies

La lutte contre l'incendie dont l'eau reste l'agent le plus puissant, était le thème d'un ensemble imposant édifié au Palais n° 21 sous les auspices du Ministère de l'Intérieur. Des échelles de pompiers, dont certaines remarquables, des pompes d'extinction, des lances, des vêtements anti-feu, des masques, des tuyaux d'incendie, des véhicules, prouvaient à la fois la perfection de l'équipement de nos corps de sapeurs-pompiers et les ressources considérables de l'industrie belge spécialisée dans la confection de ce matériel. Une collection de photographies de grands incendies attirait particulièrement l'attention et faisait comprendre l'importance d'une organisation efficace de la lutte contre le feu. Dans d'autres pavillons, des tuyaux d'incendie et divers types d'extincteurs étaient également exposés.

d) Les Egouts et Collecteurs

L'évacuation des grandes quantités d'eaux usées des principales agglomérations et des volumes plus considérables encore d'eaux pluviales tombant sur leurs surfaces rendues imperméables (par les constructions, par les revêtements des routes, etc.) pose aux édilités des problèmes ardus.

Une grande partie de la participation des provinces y était consacrée. Citons la Province de Liège (égouts-types), celle de Namur (égouts de Ciney), de Limbourg (égouts de Tongres et de Maaseik), la Province de Brabant (collecteur de la Woluwe, détournement et voûtement de la Senne, collecteurs du Maelbeek et du Molenbeek, etc.). Enfin, la Province d'Anvers présentait une impressionnante coupe et perspective d'un collecteur principal du réseau d'égouts projeté du Grand-Anvers. Le projet retenait l'attention par son ampleur: par analogie avec les intercommunales de distribution, il est basé sur l'idée ingénieuse de grouper les installations d'évacuation des eaux d'un ensemble de communes couvrant un vaste territoire. C'est là une voie nouvelle pouvant, dans certains cas, présenter un intérêt technique, administratif et économique. Un groupement semblable, dont il sera question un peu plus loin, existe déjà dans la région liégeoise, pour d'autres fins. A signaler dans le même stand un diagramme des intensités de pluie dans la région en fonction de leur durée.

Le stand de la Ville de Tournai contenait aussi de nombreux dessins relatifs à son réseau d'égouts et, sous l'impulsion du Service de la voirie de Liège, le Comité de la section de classe avait groupé un certain nombre d'exposants au Palais n° 20, pour réaliser une coupe en grandeur réelle de la disposition des égouts dans une rue, avec la reproduction complète en coupe des raccords de voirie et des raccords particuliers. Aux alentours, étaient réunies les participations de divers producteurs d'appareils en grès ou en fonte (tuyaux, coudes, orifices de voirie, taques, échelons, raccords, puits de visite, pompes, revêtements de voirie et de trottoirs, tuyaux en béton, fosses septiques, etc.).

La section des égouts et collecteurs réalisait donc un ensemble très complet et d'impression assez synthétique.

e) Les Bains et Piscines

Cette section présentait moins d'unité. La Ville de Tournai exposait un projet de bassin de natation couvert, révélant les préoccupations modernes de la vieille cité romaine, tandis que le Palais de la Ville d'Anvers s'ornait de photographies de la plage populaire du Noordkasteel.

Quantité de matériaux spéciaux et du matériel approprié pour bains et piscines étaient exposés dans les stands repris à la section de la distribution ou relevant d'autres classes, 10 et 16, par exemple, et dispersés dans divers palais. Il s'agissait notamment de céramiques, panneaux en matériaux divers, fonte émaillée, métaux spéciaux et inoxydables, baignoires, douches, pédiluves, séchoirs, épurateurs et filtres, hublots transparents, appareils d'éclairage sous eau, ventilateurs, radiateurs, cabines, lampes à rayons ultraviolets, etc.

La collectivité « Eau et Santé », dont il sera question plus longuement au chapitre VII de cette partie du rapport général, comprenait beaucoup d'objets relevant particulièrement de la section des bains et piscines. On y voyait figurer notamment un grand modèle de piscine moderne, des installations de bains domestiques économiques, des reproductions de diverses plages. C'était là le seul effort de synthèse concernant la matière considérée.

f) L'Exhaure et le Démergement

Cette section comportait un stand collectif remarquable édifié au Palais n° 20, sous l'égide de l'Association intercommunale pour le Démergement des Communes de la Région de Liège.

D'une manière suggestive, un panneau de photographies rappelait les désastres causés dans cette région par les inondations périodiques, et notamment celles de 1925-1926.

La région y est gravement exposée à raison de l'abaissement considérable et continu de son sol sous l'effet de l'exploitation des mines, tandis que le niveau des grandes crues de la Meuse est maintenu constant par l'invariabilité des niveaux d'aval. La hauteur des crues s'élève ainsi continuellement au-dessus du sol. Les grands travaux d'amélioration de la Meuse dans la traversée de Liège, prévus au programme de 1927 du Fonds National des Grands Travaux et dont l'exécution est déjà très avancée, améliorent considérablement cet état de choses sans cependant y remédier entièrement. Des endiguements importants ont dû être exécutés pour mettre la région à l'abri des inondations, en dépit des meilleures conditions d'écoulement des crues. Ces endiguements ont comme corollaire indispensable de grands travaux de drainage et d'assainissement de la plaine protégée, avec l'obligation de refouler l'effluent dans le cours d'eau en crue par des stations d'exhaure et de démergement. Ces ouvrages sont considérables, à raison de l'étendue à drainer et des grandes dénivellations à racheter. En certains endroits particulièrement affaissés, situés sous le niveau normal de la retenue du bief de Liège de la Meuse canalisée, le refoulement est permanent. Les travaux sont bien avancés et leur exécution s'effectue suivant un système permettant de parer aux effets des affaissements continus, de réduire les quantités d'eau à refouler et de réaliser la plus grande économie possible d'installation et d'exploitation. Ils ont nécessité la création d'une puissante intercommunale, apte à faire face à une pareille entreprise, avec le concours indispensable et justifié des pouvoirs publics.

Si l'Intercommunale avait jugé opportun de rappeler, par des documents éloquents, les calamités dont la suppression est sa raison d'être, elle avait su donner une idée complète de son activité intense et fructueuse, par des graphiques, plans, perspectives et maquettes du plus haut intérêt et par la représentation, en vraie grandeur, de son système à clapet automatique anti-refouleur de raccordement de cave. Dans ce stand, les firmes exposantes montraient des pompes spéciales pour le but proposé (eaux claires et boueuses), les appareils anti-refouleurs de caves, les raccords, les joints, les tuyaux, les pièces spéciales, le matériel électrique, une coupe de cheminée de visite tout équipée. L'Intercommunale elle-même exposait, avec tous les détails, la confection de ses tuyaux en béton armé vibrés, d'un diamètre intérieur variant de 0,40 à 2 m 55, avec la démonstration de l'étanchéité du système de joint déformable à manchon. Stand très important et cependant concentré, résumant toute la section en une synthèse vigoureuse.

La station d'exhaure de la Ville de Liège, située dans l'enceinte de l'Exposition et accessible aux visiteurs, constituait un exemple réel de station de démergement: elle sert au refoulement des eaux d'égouts en période de crue du fleuve. D'autre part, sur l'emplacement extérieur occupé par la Collectivité des Sondeurs, se trouvait un aermotor pour assèchement de petits bassins poldériens.

g) L'Eau dans l'Agriculture (assèchements, irrigations, etc.)

Outre des pompes (voir ci-après section E, § 1er) et l'aermotor précité, pour les asséchements comme pour les irrigations, cette section comprenait le stand du Limbourg avec des photos et dessins de wateringues et d'irrigations et, au Palais de la Navigation Intérieure, l'Office de la Navigation qui montrait les heureux effets des irrigations de la Campine par les eaux des canaux de navigation.

Mais la principale participation belge à cette section était constituée par l'édification d'une ferme démonstrative, à l'entrée du Gay Village mosan.

3. La Ferme démonstrative

En agriculture, les applications de l'eau ont une importance primordiale. Au jardin comme aux champs, cet élément joue un rôle essentiel: si les terrains sont trop secs, il faut les irriguer; s'ils sont trop humides, il faut les assainir, les drainer.

Mais l'eau a également de multiples usages dans l'exploitation de la ferme, dans les étables, à la laiterie, et aussi, dans le ménage rural, à la cuisine, à la buanderie.

Somme toute, les différents aspects de cette intervention de l'élément liquide ont été traités séparément dans les autres sections. C'est ainsi, par exemple, que les méthodes de captage, les systèmes de distribution, les installations d'hygiène et d'entretien à envisager dans toute exploitation agricole rationnelle, ne constituent que des cas particuliers des problèmes généraux examinés sous les rubriques précédentes.

Toutefois, il ne manquait ni d'intérêt, ni d'opportunité, de mettre les principes fondamentaux de ces diverses techniques en application directe dans une exploitation rurale « modèle » c'est ce qui a été réalisé.

Il était fatal que les promoteurs d'une pareille démonstration synthétique dussent sortir des limites, cependant assez larges, du problème spécial de l'eau à la campagne. Plusieurs raisons les ont tout naturellement amenés à bâtir une vraie ferme avec tout le matériel et le cheptel nécessaires.

Tout d'abord, le succès de la démonstration semblait lié à la présentation d'un ensemble homogène et fonctionnel où l'agriculteur, à qui l'on s'adressait avant tout, pût retrouver facilement, dans un cadre familier, tous les éléments de sa vie et de son labeur quotidien.

Ensuite, l'ambiance, le Gay Village, dans lequel la présence d'une véritable exploitation rurale semblait s'imposer pour compléter le caractère rustique et intime de cette magnifique reconstitution folklorique.

Enfin, la manifestation projetée, organisée principalement par les chevilles ouvrières de la Commission nationale pour l'Embellissement de la Vie rurale, était de même inspiration que l'ensemble des réalisations que ce groupement marquait déjà à son actif et dont la portée est hautement progressiste et éducatrice.

C'est d'ailleurs sous une forme analogue et sous l'impulsion des mêmes personnalités, que s'était manifestée la participation agricole belge à la plupart des expositions précédentes et notamment à Bruxelles, en 1935. La formule avait fait ses preuves.

La Ferme démonstrative de l'Exposition de Liège était donc une vraie ferme, fonctionnant à peu près comme dans la réalité. Elle comprenait, en ordre principal, deux groupes de bâtiments l'un constituant l'habitation du fermier et de sa famille, l'autre les locaux destinés aux animaux. Comme l'exige l'hygiène, les deux groupes étaient nettement séparés; seul, un passage couvert permettait de circuler de l'un à l'autre à l'abri des intempéries.

Les matériaux judicieusement choisis donnaient à l'ensemble un caractère bien régional et l'architecture marquait parfaitement le style mosan imposé par le voisinage du « Gay Village ».

L'habitation était spacieuse et souriante. Confortablement meublée, elle comprenait au rez-de-chaussée: la salle de famille, le bureau, la cuisine avec l'arrière-cuisine, la buanderie, la laiterie. A l'étage: les chambres, la salle de bain, un atelier (pour jeune fille par exemple). En outre, des caves et mansardes. Tous les appareils et ustensiles appropriés se trouvaient à leur place, comme si la maison était réellement habitée.

Du côté de l'exploitation, en plus des locaux réservés spécialement aux différentes espèces d'animaux, il y avait une salle d'alimentation, un atelier d'artisanat, un silo, un fenil, des hangars, magasins à engrais, etc. Partout, l'outillage et l'équipement adéquats. Un jardin tout fleuri et une belle serre complétaient cet ensemble rustique.

Nous avons dit qu'un cheptel important y avait été placé, cela signifie qu'à ce point de vue la ferme vivait sa vraie vie. Il est intéressant d'ajouter que dans la demeure se faisaient en permanence des démonstrations pratiques, à la cuisine, à la buanderie, à la laiterie, effectuées par des élèves d'écoles ménagères. L'atelier d'artisanat était également en activité.

C'était un coin très animé de l'Exposition.

Le monde des cultivateurs et fermières, et même le public en général, y trouvaient des suggestions intéressantes au point de vue de l'amélioration de la vie à la campagne, et même de la vie tout court. Les agriculteurs de toutes les régions pouvaient y puiser des enseignements utiles en les adaptant, bien entendu, aux conditions particulières de leur propre exploitation. Ils y trouvaient d'innombrables applications rationnelles des progrès de l'art de la construction, de la technique et de la science dans le domaine rural.

Les promoteurs de cette belle réalisation se sont dépensés sans compter pour mener à bien leur entreprise. Ils ont trouvé sur leur route de nombreux collaborateurs dévoués et des concours efficaces d'un grand nombre d'industriels et de techniciens. Eux et tous ont droit aux plus vifs éloges.

SECTION C. - L'ÉPURATION DES EAUX

On connaît les trois phases (évaporation - condensation - précipitation) du cycle continu accompli par l'eau sur la terre.

L'eau météorique provient de l'évaporation qui se produit, sous l'action des rayons solaires, à la surface des mers, des lacs et des cours d'eau. La vapeur s'élève et atteint des zones plus froides où elle se condense et forme des nuages, et ensuite la pluie ou la neige. L'eau des précipitations reprend son cycle naturel en un temps dont la longueur dépend des conditions atmosphériques et de la nature du sol. Evidemment, lorsqu'elle retombe à la surface d'une nappe liquide, le cycle peut recommencer immédiatement. Il en est de même d'une certaine quantité d'eau qui atteint les parties solides du globe et qui se transforme tout de suite en vapeur. Le reste suit un chemin qui diffère suivant la nature des terrains. Sur les roches imperméables ou sur les terres devenues impénétrables (à cause de revêtements, bâtisses, etc.), l'eau ruisselle à la surface et s'écoule vers les points bas en formant les cours d'eau. Si le terrain est perméable, l'eau pénètre à plus ou moins grande profondeur dans le sol et forme les nappes aquifères dont le trop-plein s'écoule au jour sous forme de sources. Celles-ci contribuent à l'alimentation du réseau hydrographique au même titre que l'eau de ruissellement. En même temps, une partie de l'eau qui a pénétré dans le sol regagne directement l'atmosphère par évaporation lors des saisons sèches (Eaux industrielles et Géologie Communication de M. P. FOURMARIER aux Journées de l'Epuration des Eaux (Liège, juin 1939) « Revue universelle des Mines », novembre 1939, p. 546.)

Selon les cas, c'est à l'un ou l'autre point de ce parcours souterrain ou à l'air libre de l'eau que sont effectués les captages en vue de l'alimentation des habitations et des industries. De même, après son utilisation, l'eau est évacuée et rendue à son cours d'écoulement naturel, généralement aux rivières et aux fleuves. Les problèmes du captage, de la distribution et de l'évacuation des eaux ont fait l'objet de la section précédente de ce chapitre. Ce sont en somme des questions de transport de liquide. Nous pouvons rappeler ici également certains ouvrages de génie civil (les barrages par exemple) destinés à régulariser le régime de certaines eaux de ruissellement. Ils servent à constituer des réserves d'alimentation.

Toutefois, même dans les usines, l'eau est rarement utilisable telle qu'on la capte: elle doit généralement subir un traitement approprié.

Théoriquement, l'eau météorique peut être comparée à une eau distillée puisqu'elle provient de la condensation de vapeur. Déjà, en traversant l'atmosphère, elle se charge de poussières et de germes pathogènes en proportion variable suivant les endroits. Mais l'eau se souille surtout lorsqu'elle vient en contact avec le sol et qu'elle s'infiltre dans la partie superficielle du terrain. Elle se charge alors, en quantité plus ou moins grande, d'éléments organiques et de matières minérales en suspension ou en dissolution.

On ne peut toujours compter sur l'auto-épuration qui se produit, soit à la surface du sol sous l'action de l'air et de la lumière, soit à l'intérieur des terres par filtration à travers les roches dites « perméables en petit » qui constituent d'excellents filtres, pour la débarrasser de toutes ces matières, tout au moins dans la mesure où elles sont nuisibles. La « production » d'eau ainsi épurée naturellement ne peut couvrir les besoins croissants de nos agglomérations et de nos centres industriels. Leur développement considérable nécessite des captages toujours plus étendus et d'un débit en progression constante. En outre, il ne peut être perdu de vue que l'eau industrielle doit généralement répondre à des conditions particulières, ce qui exige de toute manière un traitement préalable.

Au moment du captage, les eaux contiennent donc des impuretés de nature organique ou minérale, dont la composition et l'importance résultent à la fois de l'origine des eaux (eaux de surface, eaux superficielles, eaux des nappes profondes), de la constitution des terrains qu'elles ont traversés et du trajet plus ou moins long qu'elles ont parcouru à l'air libre avant d'être puisées. Il est bien évident que si ces eaux naturelles entrent en contact avec des eaux usées, leur charge en matières nuisibles peut s'accroître dans des proportions considérables au point de les rendre inutilisables sans un traitement prolongé et énergique. Les réserves aquifères doivent par conséquent être sérieusement protégées à cet égard.

D'autre part, en ce qui concerne les eaux résiduaires (ou usées), il s'en faut de beaucoup que le phénomène d'auto-épuration qui se produit dans les cours d'eau soit suffisant pour rendre inoffensifs les effluents de plus en plus considérables qui y sont rejetés. En bref, c'est avant comme après leur utilisation que les eaux potables et industrielles doivent être traitées d'une manière convenable.

Cette matière était le thème de la classe 10 qui était divisée en quatre sections dont les titres suffisent à préciser les objets:

1° Eaux résiduaires,

2° Eaux pour usages industriels, d'hygiène et d'agrément;

3° Eaux potables;

4° Eau distillée.

Tel qu'il se pose à l'heure actuelle, le problème de l'épuration des eaux ne date pas depuis longtemps. Il est notoire que son importance échappe encore au grand public et que celui-ci est bien peu mis en garde contre les dangers de l'eau impure. C'était une obligation pour l'Exposition de Liège 1939 d'exercer une action énergique dans ce sens. Elle n'y a pas manqué. Entre autres, au Palais des Universités et au stand « Eau et Santé » du Ministère de la Santé publique (voir les chapitres I et VII), l'attention était portée sur les dangers des eaux impropres à la consommation et sur les inconvénients résultant de l'évacuation massive d'eaux résiduaires provenant de nos agglomérations et de nos centres industriels. En outre, un ensemble groupé au Palais 19 avait été constitué par les participations d'organismes publics et d'industriels intéressés.

L'épuration des EAUX RÉSIDUAIRES, objet de la première section de la classe, se justifie pour plusieurs raisons, notamment pour des raisons hygiéniques et économiques.

La salubrité de nos villes et de nos campagnes exige, comme des travaux scientifiques viennent de le mettre en évidence, que les eaux souillées par leur passage dans les habitations et dans les usines ne soient plus rendues en quantités de plus en plus grandes, à la terre ou aux cours d'eau, sans subir un traitement d'épuration. Celui-ci aura pour but d'éviter les émanations nocives ou nauséabondes, d'écarter les dangers de contamination des réserves aquifères, de parer à la menace de destruction de notre faune aquatique par la pollution des rivières.

Dans son stand au Palais 19, l'Office de l'Epuration des Eaux usées du Ministère des Travaux publics, dont les initiatives ont déjà retenu l'attention, faisait ressortir, d'une manière suggestive, le bienfait des rivières pures opposé aux dangers des cours d'eau malpropres et des sources contaminées. L'étude des rivières belges, quant à leur degré de pollution, faisait l'objet de cartes et de commentaires; une maquette représentait l'aménagement des stations expérimentales projetées.

Au point de vue économique, le traitement des eaux usées peut se concevoir de trois façons différentes soit par leur utilisation en agriculture ou en pisciculture (épuration naturelle), soit par la récupération de certaines matières provenant d'une fabrication, soit encore, dans certains cas, en vue de la récupération directe de l'eau elle-même.

En agriculture et en pisciculture, on peut, sous certaines conditions, tirer profit des matières fertilisantes contenues dans les eaux d'égouts et dans certaines eaux industrielles. Dans ces cas, leur utilisation permet en outre d'économiser et de protéger les réserves aquifères souterraines si précieuses pour l'alimentation des centres urbains et industriels. Dans certains pays, l'utilisation rationnelle des eaux et des boues d'égouts est, depuis quelques années, en voie de développement rapide et systématique. Notons à ce sujet, qu'au Palais de la Pêche, l'Administration des Eaux et Forêts attirait l'attention sur l'intérêt de l'alimentation des étangs par les eaux d'égouts au point de vue du rendement piscicole. Il en sera d'ailleurs question plus longuement au chapitre V (section B) à suivre.

Dans certaines industries, les eaux ayant parcouru les cycles de fabrication entraînent bien souvent des matières ayant encore une certaine valeur, sans compter que leur élimination allège d'autant l'épuration de la canalisation dans laquelle ces eaux seraient rejetées. Une récupération de ce genre peut présenter un intérêt dans les sucreries, les distilleries, les cokeries, les fabriques de produits chimiques, les industries textiles, et d'autres encore.

Enfin, il arrive même qu'il soit intéressant d'épurer les eaux de décharge en vue de les remployer, en circuit fermé, dans la même fabrication ou de les diriger vers d'autres centres d'utilisation pour lesquels une eau de qualité moindre peut convenir. L'emploi de l'eau en circuit fermé présente un gros avantage pour certaines industries consommant beaucoup d'eau. Cela se pratique couramment pour les eaux de réfrigération et de condensation. Cela s'impose en papeterie, par exemple, où pour la fabrication proprement dite d'un kilo de papier, il faut jusqu'à 200 litres d'eau, sans compter les quantités nécessaires à la production de la force motrice et à la préparation des matières premières.

En matière de traitement d'eaux résiduaires, la Belgique ne pouvait guère faire état de réalisations importantes, du moins dans le domaine public. Bien entendu, de nombreuses industries possèdent des installations d'épuration établies moins par mesure d'hygiène, que pour les raisons économiques que nous venons de développer.

Au point de vue de la salubrité publique, certains projets d'envergure ont été élaborés ou envisagés par les pouvoirs publics compétents. Il y a bien longtemps qu'on parle de l'épuration des eaux du Grand-Bruxelles. Bien que dans ce domaine une solution s'impose de plus en plus, il semble bien que l'on soit encore loin de la réalisation. A l'Exposition, rien ne rappelait le projet en question.

En ce qui concerne les procédés de traitement et le matériel approprié, l'Institut provincial d'Hygiène et de Bactériologie du Hainaut exposait, au Palais 19, son matériel de laboratoire pour les analyses d'eaux résiduaires. De son côté, au Palais du Génie Civil, la Société Franki présentait une maquette de la station d'épuration des eaux de l'Espierres, fortement polluées, et une synthèse de son système d'épuration par procédé chimique. Les autres procédés étaient évoqués également: procédés biologiques par lits bactériens (Assainissement Rationnel - Sobelco - Triclair), procédés par boues activées (Jadoul), procédé électro-chimique (Eubioclar). Citons aussi un système spécial d'égouts avec auto-épuration (Tubes de la Meuse). Tous ces exposants figuraient au Palais 19. L'un d'eux (Sobelco), en plus de son stand dans ce palais, avait édifié un pavillon indépendant dans les jardins.

Dans divers palais et dans des stands se rapportant principalement à d'autres matières de la Classification, se trouvait le matériel des installations d'épuration: appareillage de mesure des débits, pompes de circulation, grilles, décanteurs de toute forme, bassins à boues activées, filtres percolateurs, appareils de stérilisation, fosses septiques, etc. La Société Intégra, au Palais des Industries Lourdes, exposait des appareils de mesure et de réglage automatique du pH, ainsi que ceux enregistrant les traces de certaines impuretés dans les eaux. Le matériel de ce genre est chaque jour utilisé davantage en raison des exigences croissantes dans la qualité des eaux et du développement des installations automatiques de correction: l'opération tout en offrant plus de garantie autorise le contrôle.

Certains métaux non ferreux intéressaient cette section en raison de leur résistance à des agents agressifs pouvant entrer dans la constitution des eaux polluées.

La deuxième subdivision de la classe était consacrée aux eaux pour usages industriels, d'hygiène et d'agrément, communément appelées EAUX INDUSTRIELLES, par opposition aux eaux potables.

Les eaux utilisées par les industries proviennent, soit des distributions urbaines, soit, dans la majorité des cas, de captages établis par les entreprises elles-mêmes dans les nappes, aux sources ou dans les cours d'eau. C'est évidemment dans un but d'économie que les industries puisent elles-mêmes les eaux dont elles ont besoin, surtout que certaines d'entre elles en consomment des quantités considérables. Nous avons vu précédemment que certains barrages avaient été réalisés spécialement à cet effet (voir section A du même chapitre). Quelle qu'en soit l'origine, les eaux doivent souvent être traitées avant leur utilisation dans les procédés de fabrication, principalement à cause des matières minérales dont elles sont chargées.

Cependant, certaines eaux possèdent des qualités naturelles convenant particulièrement pour des industries déterminées. On connaît depuis longtemps les propriétés caractéristiques des eaux de la Lys et de la Vesdre indiquées particulièrement, les premières pour le rouissage du lin, les secondes pour le lavage des laines et la préparation des peaux des tanneries.

Parmi les eaux industrielles, on distingue habituellement celles destinées à l'alimentation des générateurs à vapeur (eaux de chaudières) et celles qui interviennent directement dans les procédés de fabrication. Ces dernières doivent répondre à des conditions différentes suivant le genre d'industrie. Ce n'est pas la même eau qui peut convenir aux industries textiles, chimiques, photographiques, ou aux tanneries, papeteries et fabriques de produits alimentaires. Le traitement varie donc aussi bien d'après la provenance des eaux, par conséquent suivant leur composition, que d'après le genre d'industrie où elles doivent être utilisées.

Parmi les usagers, la Section belge de l'Exposition ne comportait guère que deux participations dignes d'être signalées: celles de la Société nationale des Chemins de fer belges et de la Société des Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul, toutes deux installées au Palais 19.

La première avait tenu à donner une idée synthétique de ses réalisations en ce qui concerne les eaux pour locomotives. On sait que l'alimentation de celles-ci est un problème fort complexe tant par suite des quantités considérables d'eaux nécessaires, que des qualités qu'elles doivent avoir pour éviter la détérioration prématurée du matériel et assurer le meilleur rendement d'exploitation.

D'autre part, les Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul faisaient état de leur station de traitement pour leurs installations hygiéniques et industrielles. L'eau utilisée provient du canal de Mons à Condé fortement pollué. C'est un exemple typique d'installation privée procurant une eau convenable à un prix de revient peu élevé.

D'un autre côté, les organismes et industriels spécialistes étaient bien représentés, surtout en ce qui concerne le traitement des eaux de chaudières. L'Association Vinçotte attirait l'attention sur une collection d'échantillons montrant les phénomènes auxquels l'eau et la vapeur peuvent donner lieu dans les générateurs. L'Institut provincial du Hainaut, déjà cité ci-dessus, présentait ici également son matériel de laboratoire d'analyse.

Chez les installateurs, on relevait les procédés utilisant la chaux, la soude, les phosphates. Mentionnons parmi les nouveautés, la préparation d'eau douce par filtration sur masses spéciales (ZéoCarb de Phillips et Pain). D'autre part, deux systèmes particuliers de traitement méritaient notre attention. Leur but n'était pas d'adoucir l'eau, mais de faire en sorte que le dépôt qui se produira fatalement dans la chaudière ne soit plus incrustant. Ces procédés font appel, le premier à une action de courants alternatifs de faible intensité (O. C. P.), le second à l'effet de « décharges électriques » (R. Loesch). L'action de ces curieux traitements se manifesterait par une modification de la structure cristalline du carbonate calcique précipitant dans les générateurs à vapeur.

Pour mémoire, rappelons certains produits adoucisseurs destinés au traitement immédiat de petites quantités d'eau dans les ménages (Dubois). Pour ceux-ci d'ailleurs, il ne manque pas d'appareils adoucisseurs pratiques, filtres, etc.

En plus, la Société Sihi présentait des pompes spéciales pour chaudières et chaufferies et la Compagnie des Conduites d'eau, des indicateurs de pertes de charge dans les filtres. Rappelons que les exposants déjà cités pour le traitement des eaux résiduaires, présentaient du matériel à mentionner ici (pompes, filtres, débitmètres, etc.).

Il ne nous paraît pas sans intérêt de signaler qu'il convient de rapprocher cette section du traitement des eaux industrielles de celle relative à la protection des métaux contre la corrosion (voir section E à suivre). En effet, c'est un moyen parfois commode de lutte contre la corrosion que de faire en sorte que les eaux soient moins agressives.

Le problème des EAUX POTABLES faisait l'objet de la troisième section de la classe 10. Ces eaux, de même que celles utilisées dans les industries, sont également captées à différents points de la circulation naturelle souterraine ou à l'air libre de l'eau et doivent le plus souvent subir une correction avant d'être livrées à la consommation.

Pour les eaux utilisées pour l'alimentation humaine (ou dans certaines industries alimentaires aussi) c'est surtout la présence des matières organiques et particulièrement des microorganismes et germes pathogènes qui présente du danger. Les procédés d'épuration les plus courants sont la filtration, l'ozonisation et l'épuration par les procédés chimiques (généralement par le chlore). A la classe 9 (voir section B précédente), nous avons pu nous rendre compte du développement croissant des installations de distribution d'eau potable dans toutes les régions du pays. Les quantités de plus en plus considérables consommées exigent de la part des autorités responsables une surveillance vigilante des qualités bactériologiques des eaux distribuées.

Il arrive que les eaux captées puissent servir directement à la consommation. Ce cas, plutôt rare en Belgique, se présente pour l'alimentation de la Ville de Liège dont la plus grosse partie des eaux provient de la Hesbaye. Ces eaux, parfaitement filtrées par leur passage à travers l'épais manteau de limon et de sable recouvrant la craie du plateau, se classent au point de vue bactérien, parmi les meilleures du pays. Le Service des Eaux de la Ville a cependant fait établir un autre captage dans le second gravier de la Meuse, dont les eaux sont déferrisées, démanganisées et stérilisées à la station du parc de la Boverie, à Liege. Cette activité était schématisée au stand de la Ville, au Palais 19. De son côté, Tournai, dans le même palais, présentait ses installations de déferrisation en vue de l'alimentation de la cité.

Certaines eaux destinées à la distribution urbaine doivent subir des traitements prolongés et méticuleux. C'est le cas notamment pour la Ville d'Anvers dont les eaux proviennent de la Nèthe, à Waelhem. Au début de l'exploitation, elles pouvaient parfaitement convenir après un simple filtrage. Elles se sont peu à peu polluées par suite du développement des industries de la Campine et de l'extension des effluents d'eaux usées que l'agglomération bruxelloise déverse dans la Senne, car la Nèthe, sujette à marée, est envahie à chaque marée haute par les eaux du Rupel qui reçoit les eaux de la Senne.

Au Palais de la Ville d'Anvers, les « Antwerpsche Waterwerken » faisaient état de leurs importantes installations de décantation, de filtrage et de javelisation. Elles figurent parmi les plus importantes du pays et fournissent journellement 80.000 mètres cubes d'eau parfaitement épurée. Faut-il ajouter que la qualité des eaux distribuées est sévèrement contrôlée?

Dans certains stands, il était encore fait mention d'aménagements divers concernant les eaux potables. La station déjà citée des Charbonnages d'Hensies-Pommeroeul fournit une eau potable. Mentionnons également au Palais du Génie Civil, le barrage de la Warche avec station d'épuration à l'ozone et de déferrisation pour l'alimentation de la Ville de Malmédy. C'est l'installation la plus complète du pays. Signalons également les installations de l'Intercommunale bruxelloise qui doit stériliser une partie de ses eaux (par le procédé dit à la chloramine).

Enfin, les industriels groupés au Palais 19 montraient, outre des dispositifs communs aux sections déjà décrites, des appareils de stérilisation. Les procédés au chlore étaient à cet égard les plus nombreux, le procédé Bunau-Varilla en particulier. Pour la désodorisation, on trouvait principalement le traitement au charbon actif.

Une quatrième section de la classe se rapportait à l'EAU DISTILLÉE. Il s'agissait de l'appareillage divers de production de l'eau en somme dépourvue de toute matière soluble, pour des usages divers (laboratoires, certaines industries) ou dans des circonstances particulières (distillation de l'eau de mer).

La plupart des dispositifs exposés ont déjà été cités. Une mention revient à la préparation d'eau absolue au moyen des allassions (Société SEMIC), soit le passage de l'eau au contact de masses spéciales absorbant les unes les anions, les autres les cathions. Les élément libérés étant des ions H+ et des ions OH-, ces masses peuvent être aisément régénérées.

La distillation par « électro-osmose » est à retenir également, de même que les procédés « Zéo-Carb-Déminéralite » déjà signalés (Phillips et Pain).

La distillation classique dans les appareils modernes avait donné lieu à une présentation bien réussie (Sobelco).

Nous croyons pouvoir affirmer que l'Exposition de Liège 1939 a exercé une action méritoire en faveur d'une solution complète du problème de l'eau urbaine et industrielle. Elle a montré que si le pays est doté de puissantes installations de captage, de distribution et d'évacuation d'eau, il lui manque encore, surtout pour des raisons d'hygiène publique, un outillage approprié pour le traitement des eaux résiduaires.

Un outillage de ce genre existe et fonctionne d'une manière satisfaisante à la tête du circuit, pour la correction des eaux avant leur utilisation dans les habitations et les industries. Il fait à peu près complètement défaut à la sortie, c'est-à-dire que les eaux souillées sont généralement abandonnées à leur écoulement naturel vers nos cours d'eau ou dans le sol, sans aucune épuration préalable.

Le thème de l'Exposition se prêtait à merveille pour attirer efficacement l'attention du public sur les dangers d'une pareille situation: dangers directs sur la salubrité urbaine et rurale à cause des émanations nocives provenant des eaux usées, dangers indirects de contamination de nos réserves aquifères avec lesquelles ces eaux chargées risquent de venir en contact.

Dans un pays comme le nôtre, ces réserves naturelles, bien alimentées par un réseau hydrographique excellent, constituent une richesse nationale qu'il convient de sauvegarder. Les autorités responsables doivent y être attentives et prendre les mesures énergiques qui s'imposent.

L'étude sommaire que l'on vient de lire suffit à se rendre compte que l'importance de la question dépasse les limites des intérêts d'une commune, voire d'une agglomération même étendue. C'est sur un plan régional, ou de préférence national, que la solution doit être conçue, car notre système hydrographique est trop étroitement lié pour que des mesures d'ordre local puissent être considérées comme suffisantes.

Le problème présente des aspects variables d'un pays à l'autre. On constate cependant que dans certains pays étrangers, on est entré résolument dans la voie des réalisations par le traitement rationnel ou même l'utilisation des eaux résiduaires. La nécessité d'une législation sévère, et appliquée soigneusement, s'y est révélée indispensable. Chez nous, comme ailleurs, il faut agir sans faiblesse.

La participation belge à la classe de l'épuration des eaux a rempli le rôle qui lui était dévolu: elle a situé exactement les problèmes qui se posent et indiqué les voies à suivre pour leur résolution. Dans le domaine industriel, elle a montré, par l'ensemble des appareillages exposés, qu'il existe actuellement des dispositifs à toute échelle convenant aussi bien pour les besoins d'une ville entière que pour la correction des eaux d'un ménage. Notre industrie, relativement jeune dans cette branche, donnait des garanties qu'elle sera à même de faire face aux demandes croissantes qui ne manqueront pas de se manifester prochainement sur le marché.

SECTION D. - L'EAU ET LES INDUSTRIES

Pas à pas, nous suivons le chemin parcouru par l'eau. Depuis sa source, nous l'avons vue emprunter les canalisations que l'homme lui a construites, subir les traitements d'épuration nécessaires, intervenir de mille et une façons dans la vie domestique et à la ferme: voici qu'elle nous convie à poursuivre ce merveilleux voyage par la visite des nombreuses industries où, comme partout, elle joue un rôle de vedette.

Tout d'abord, l'industrie électrique, la plus moderne de nos entreprises et une des plus développées aussi, nous fera connaître combien l'élément liquide lui est indispensable dans ses centrales et quels sont ses rapports avec lui dans la distribution et dans l'utilisation de l'énergie produite. Elle nous apprendra aussi sous quelles formes ses relations avec l'eau peuvent présenter des inconvénients, voire même des dangers. C'était l'objet de la classe 13.

Ensuite, une classe spéciale était réservée à une industrie assez récente et de grand avenir, trouvant sa raison d'être dans certaines propriétés caractéristiques de l'élément liquide. En effet, l'industrie du froid, objet de la classe 14, est née de la nécessité de produire de la glace artificielle pour les besoins de l'industrie et du commerce. Si les procédés de production de basses températures ont évolué, la glace constitue toujours un facteur important de génération et de conservation du froid pour les usages domestiques et industriels.

Enfin, la classe 15 devait mettre en évidence les nombreuses interventions de l'eau dans la plupart des industries, soit comme véhicule pour le transport de matières en solution ou en suspension, soit comme source ou agent de transmission de chaleur, soit comme agent de réfrigération, soit encore comme milieu ou agent de réaction (catalyseur).

Cette vaste démonstration englobait nos principales industries de transformation, depuis les industries chimiques jusqu'à celles des produits alimentaires en y comprenant les industries textiles.

De même, les mines, carrières, sablières et certaines branches spéciales étaient intéressées à cette classe.

1. La Technique de l'Eau et l'Electricité (cl. 13)

L'électricité qui joue un rôle de plus en plus important dans la vie domestique et sans laquelle on ne conçoit plus guère d'exploitation industrielle, se devait d'occuper une place marquante à l'Exposition. Elle n'a pas failli à cette obligation. Plus de quarante firmes beiges étaient représentées. Il faut citer notamment l'Association des Constructeurs de Matériel électrique de Belgique (A.C.M.E.B.) qui avait amené la plupart de ses membres à exposer, et les participations collectives de deux autres groupements importants l'Union des Exploitations électriques en Belgique (U.E.E.B.), comptant quarante-sept membres parmi les entreprises de production et de distribution d'énergie électrique, et l'Association des Centrales électriques industrielles de Belgique (A.C.E.I.B.), dont les cent trois affiliés producteurs ou usagers de courant appartiennent à presque tous les genres d'industries. On peut donc avancer, sans risque d'être contredit, que tout ce qui en Belgique touche au domaine de l'électricité était représenté.

Le programme de la classe 13 prévoyait six sections où, d'une manière simple et concrète, les rôles les plus immédiats de l'eau devaient être mis en évidence. La plupart des exposants belges étaient réunis au Palais des Industries Lourdes (n° 34). Quelques-uns figuraient ailleurs notamment au Palais du Génie Civil et dans celui dit « de la Mer ».

a) L'eau et la production de l'énergie électrique

L'eau agit dans la production de l'énergie électrique

1° Comme agent moteur direct, soit sous son état liquide naturel dans les centrales hydro-électriques, soit à l'état de vapeur dans les centrales thermiques;

2° Comme agent auxiliaire pour la condensation de la vapeur et la réfrigération des moteurs.

Ce double rôle était clairement illustré au Palais n° 34 par un panneau synthétique montrant l'eau coulant de la source à la rivière et puisée par l'industrie pour alimenter les turbines hydrauliques, les chaudières, les condenseurs de vapeur et pour refroidir les moteurs à explosion.

Le visiteur pouvait se faire une idée de l'importance de la production d'énergie électrique en Belgique par la lecture de cartes et tableaux synoptiques lui montrant qu'en 1938 une puissance totale installée de 2.462.000 KW avait produit 5.278 millions de KWH.

La Belgique n'est pas riche en « houille blanche ». Cependant, certaines sources y ont été rationnellement utilisées comme on s'en rendait compte par l'examen de maquettes et photographies diverses des installations hydro-électriques de Butgenbach et de Heid-de-Goreux (Centrales de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy).

Par contre, riche en charbon, le pays a concentré la majeure partie de la production d'énergie électrique dans des centrales thermiques d'une puissance moyenne élevée, dotées de fortes unités génératrices économiques. De plus, toutes les énergies de déchet, notamment les gaz de hauts fourneaux, sont complètement récupérées. Les derniers progrès de la science, tant en ce qui concerne la thermodynamique et l'écoulement des fluides, que la connaissance des matériaux, entre autres le comportement des métaux aux hautes températures, ont été mis en pratique par les constructeurs toujours soucieux de faire marcher de pair la science et la technique.

De nombreuses représentations en relief ou photographiques, des panneaux descriptifs et des appareils de démonstration mettaient en évidence les réalisations les plus modernes dans la construction des turbines à vapeur avec soutirages, des moteurs à explosion à cylindres compartimentés avec chemises refroidissantes et d'importantes installations de réfrigération et de condensation.

D'autre part, tous les éléments accessoires intervenant dans les installations de centrales et notamment les appareils de contrôle d'eau, de gaz et d'électricité, ainsi que les appareils électriques de commande à distance, étaient présentés de manière très intéressante par leurs constructeurs.

b) L'eau et la distribution de l'énergie électrique

D'un court passage au Palais n° 34, le visiteur en lisant une carte et quelques tableaux emportait une impression nette de l'oeuvre accomplie par l'initiative privée dans le domaine de l'électricité en Belgique.

Si, désireux de s'en instruire plus à fond, il prenait place au cinéma mis à sa disposition au stand de FU.E.E.B., il ne manquait pas d'être tout à fait initié à l'organisation de la production, du transport et de la distribution de l'électricité dans le pays, et à ses applications industrielles et domestiques.

Des réseaux aux mailles serrées de conducteurs, haute et basse tensions, couvrent le territoire et transportent l'énergie dans des conditions optima de sécurité et d'économie vers la presque totalité des communes belges. Avec une consommation annuelle de 650 KWH. par habitant, la Belgique se classe actuellement en tête des pays pauvres en chutes d'eau, comme elle occupe un des premiers rangs entre toutes les nations par la coordination rationnelle et économique de ses moyens de production.

Si le visiteur cherchait quel est le rôle de l'eau dans la distribution de l'énergie électrique, il avait lieu de satisfaire sa curiosité et de s'étonner, peut-être, que l'élément liquide au lieu d'être ici un auxiliaire bienfaisant, remplit un rôle qui, pour n'être pas toujours néfaste à proprement parler, crée cependant des difficultés qu'il ne fut pas aisé de vaincre dans certains cas.

La traversée de vallées profondes et l'escalade à flancs de coteaux escarpés des lignes aériennes, le passage des fleuves par des câbles immergés étaient illustrés par des photographies montrant souvent beaucoup de hardiesse de construction. De même, les effets du givre sur les conducteurs et l'action de la pluie sur les isolateurs étaient bien imagés. Il sied de citer en particulier une maquette remarquable montrant comment, par drainage et sectionnements électriques, il est possible de protéger les canalisations souterraines contre les courants vagabonds résultant du retour par la terre du courant électrique (participation des Sociétés Distrigaz et Traction et Electricité, au Palais n° 19).

Signalons aussi combien les constructeurs s'évertuent à combattre l'action nuisible de l'eau dans la distribution de l'énergie électrique par la création de matériel blindé ou spécialement isolé. Nombre d'appareils de ce genre étaient à la portée du visiteur.

c) L'eau et l'utilisation de l'énergie électrique

C'est vraisemblablement dans le domaine de l'électrolyse que l'électricité et l'eau se sont, en premier lieu, trouvées en présence, industriellement parlant.

Cependant, les applications tardèrent à prendre un développement considérable et se limitèrent à la galvanoplastie. Mais l'Exposition a montré combien, en ces derniers temps, les phénomènes électrolytiques ont pris d'importance dans le domaine de la métallurgie et de la chimie.

Traitement de minerais, raffinage de métaux, dépôts électrolytiques épais, zingage électrolytique, décapage électrolytique, fabrication de sels chimiques, dépôts d'aluminite, accumulateurs, etc., dont de multiples échantillons étaient exposés, donnaient une idée du développement rapide de ces nouveaux consommateurs d'énergie électrique.

Il convient de signaler ici, car l'eau y joue son rôle réfrigérant, les applications de l'électrothermie dont l'importance ne le cède en rien aux précédentes. Le souci de jour en jour plus impérieux d'obtenir des produits purs ou affinés de haute qualité, a mis en évidence ce mode de chauffage. La possibilité d'atteindre des températures extrêmement élevées dépassant 3.000 degrés, la facilité de réglage de la température, la réalisation d'un milieu chimiquement neutre en font un système de chauffage idéal. L'électrométallurgie à elle seule a consommé, en 1937, 41 milliards de KWH, soit près de 10 % de la production mondiale d'énergie électrique.

Bien que, dans les pays riches en combustible et pauvres en chutes d'eau comme la Belgique, l'emploi de l'électricité pour susciter des réactions thermiques et chimiques soit apparu jusqu'à présent comme un détour anti-économique, un examen précis plaide cependant souvent en faveur de cette utilisation.

Les fabrications électrochimiques et électrothermiques ne sont pas l'apanage des seules contrées riches en houille blanche et il est certain que, dans notre pays, l'électrométallurgie peut jouer un rôle considérable. L'objection du prix trop élevé du KWH. tombe devant le fait que la récupération rationnelle de tous les produits de déchets et l'organisation générale de la production et du transport de l'énergie électrique telle qu'elle existe en Belgique, mettent à la disposition des usagers de l'énergie à des prix nullement prohibitifs.

La nouveauté et l'importance des sujets qui précèdent ne nous font pas oublier que, dans le domaine plus connu de l'utilisation de l'énergie électrique comme force motrice, les constructeurs de pompes de tous genres avaient, à l'Exposition, des participations importantes présentant un vif intérêt. Le jet d'eau record du monde de 100 mètres de hauteur, construit par les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi, en était une belle application.

La soudure électrique avait également ses représentants spécialisés en soudure à arc, par point, soudure continue, soudure par galet, soudure effectuée sous pression, soudure sous eau, etc. avec tout le matériel accessoire. Au Palais n 34 figurait en service, un appareil de construction belge pour le contrôle des soudures par radiographie (Usines Balteau).

Enfin, il n'est pas possible de terminer cet exposé sans faire mention des fontaines lumineuses, des jardins d'eau et de la roseraie de l'Exposition où l'électricité et l'eau s'étaient associées dans des ruissellements de perles et de couleurs pour l'émerveillement des milliers de visiteurs.

d) L'électricité et l'hygiène de l'eau. - e) L'électricité et les grands travaux hydrauliques

Les installations commandées par l'hygiène publique et celles se rapportant aux grands travaux hydrauliques étaient exposées, en ordre principal, dans les départements du Génie Civil et de la Santé Publique. Le visiteur y constatait l'importance des réalisations effectuées à ce jour dans notre pays et à l'étranger. Son attention était attirée sur le fait que, dans toutes ces installations, l'électricité intervient comme auxiliaire obligé.

Renoncer à cette forme d'énergie dont la souplesse n'est égalée par aucune autre, ce serait exposer d'avance toute réalisation à un surcroît de difficultés et de dangers ainsi qu'à des délais d'achèvement plus longs. Les distributions d'eau, captages de sources, évacuations d'eaux usées, l'utilisent principalement comme force motrice et accessoirement comme moyen de commande automatique à distance des appareils.

Une application particulièrement intéressante en avait été faite aux installations de démergement des eaux d'égout de Liège qui rendent des services incalculables en temps-de crue du fleuve et dont une sous-station avait été construite à l'Exposition. Notons également que la généralité des écluses, barrages, ponts, ascenseurs, transbordeurs, sont commandés électriquement comme en faisaient foi divers plans et maquettes du Palais du Génie Civil. Il y était montré aussi que l'opération très délicate du rabattement des nappes aquifères peut s'effectuer électriquement avec le maximum de facilité et de sécurité.

Au Palais n° 19, était faite une démonstration des procédés électrolytiques pour le conditionnement de l'eau et la réduction de son degré hydrotimétrique (voir section C de ce chapitre).

Enfin, l'hygiène domestique consomme une quantité d'énergie électrique en constante progression dans les appareils stérilisateurs d'eau, chauffe-eau, boilers, frigidaires, lessiveuses, etc., dont l'usage se développe considérablement. La plupart des applications ci-dessus impliquent l'emploi d'appareillage blindé, hermétique, à refroidissement naturel ou forcé, que les visiteurs pouvaient examiner.

f) L'électricité et la navigation

Primitivement l'électricité n'a été utilisée à bord des navires que pour des services auxiliaires, l'éclairage par exemple.

Mais, depuis l'introduction des moteurs à explosion dans la marine et notamment des moteurs Diesel employés à la propulsion des bâtiments, l'électricité a remplacé la vapeur dans la plupart des applications. Tous les services du bord (éclairage, pompage, signalisation, manutention, etc.) sont électrifiés et dans certains navires modernes ce sont des moteurs électriques qui attaquent les arbres de couche. Une mention spéciale doit être faite d'un appareil à gouverner, commandé par moteur continu, dont un spécimen figurait à l'Exposition (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

Aux ports et sur les côtes, l'emploi de l'énergie électrique s'est également généralisé tant pour l'éclairage ordinaire, le balisage, les phares et les bouées, que pour les engins les plus divers servant aux manutentions. Enfin, pour la sécurité des navires, citons les applications chaque jour plus nombreuses et plus perfectionnées de la radiogonioscopie et de la radioélectricité auxquelles des milliers de marins doivent la vie sauve. Il en sera d'ailleurs question plus longuement au chapitre suivant (sections B et C).

Il eût fallu à cet aperçu un développement considérable pour pouvoir rendre compte de façon détaillée de la participation de chacun des exposants la place nous en fait défaut.

De ce qui précède, il résulte à suffisance que l'électricité a occupé à l'Exposition une place digne de son importance tout en s'attachant cependant à répondre aux désidérata du programme imposé, c'est-à-dire en ne sortant pas du domaine de ses rapports avec l'eau.

L'excellence des produits exposés faisait le plus grand honneur à l'industrie électrique belge. Leur haute qualité a été sanctionnée par le Jury international des Récompenses qui a attribué aux exposants belges de la classe 13 de nombreuses récompenses supérieures.

2. L'Industrie du Froid (cl. 14)

On sait l'importance du froid industriel dont les applications s'étendent dans les domaines les plus variés. Ainsi, en métallurgie, il permet l'asséchement de l'air des hauts fourneaux autorisant de la sorte des économies énormes de combustible; il assure également la séparation des gaz des fours à coke et spécialement de l'hydrogène utilisé pour la fabrication de l'ammoniaque. En industrie mécanique, citons les essais et la détermination des appareils et matériaux destinés à être utilisés aux basses températures, l'amélioration du rendement des moteurs. Dans l'industrie chimique, il sert à la liquéfaction des gaz et à la récupération des solvants volatils. Dans les mines, il intervient dans le fonçage des puits par congélation des terrains aquifères et dans le conditionnement d'air des galeries. Enfin, dans les industries alimentaires, il aide à la conservation et au transport des matières périssables, sans compter ses nombreuses applications dans les industries diverses et son emploi pour améliorer, dans certaines conditions, le confort et l'hygiène.

Les multiples manifestations de cette classe faisaient l'objet, du point de vue belge, de quelques stands importants à la SECTION DU FROID installée dans une des salles du Grand Palais des Fêtes, ainsi que de quelques participations figurant dans d'autres palais, notamment celui des Industries Lourdes, et d'un pavillon individuel établi en commun par les Sociétés Hamon et Sobelco.

Etaient représentés les appareils frigorifiques à ammoniac et au chlorure de méthyle, les pompes pour frigos, des appareils à carbo-glace, des wagons isothermes, des armoires frigorifiques pour usage domestique, des appareils pour le conditionnement de l'air, des moules à glace, etc. Les Services frigorifiques de l'Etat avaient apporté leur concours à cet ensemble.

Si tous les types d'appareils étaient exposés et toutes les applications du froid schématisées, il y a lieu cependant de faire remarquer qu'aucun effort de synthèse ne fut tenté. Les exposants belges de cette classe furent préoccupés uniquement par le souci de faire de la propagande commerciale. Cependant, l'intervention sans cesse élargie du froid dans la vie domestique était un thème qu'il eût été facile de développer dans un but didactique et éducatif. Les perspectives d'avenir qui s'étendent de jour en jour pour cette industrie, justifiaient le petit sacrifice matériel nécessaire.

Enfin, c'est dans le cadre des réalisations de la classe 14, qu'il y a lieu d'évoquer la construction de la PISTE OLYMPIQUE DE PATINAGE de l'Exposition. Cette installation, qui fait honneur à notre industrie nationale, fut confiée à une de nos plus anciennes entreprises spécialisées (Les Ateliers B. Lebrun, à Nimy) Les pistes de patinage connaissent depuis quelques années une vogue croissante. Non seulement le patinage est actuellement fort à la mode, mais encore les exhibitions artistiques et les matches de hockey sur glace jouissent de plus en plus de la faveur du public.

L'Exposition de l'Eau se devait d'inscrire des manifestations de ce genre à son programme. La construction d'une piste fut donc prévue et, en accord avec la Ville de Liège, elle fut établie dans le Grand Palais des Fêtes dont la propriété, comme on le sait, devait revenir à la Ville, à la clôture de l'Exposition. La Cité ardente serait ainsi dotée d'une piste moderne.

Voici une brève description de l'installation.

La piste couvre une surface d'environ 1.500 mètres carrés (58 X 26 m.). Elle est établie sur un terrain bien nivelé sur lequel s'étend un important radier en béton, lui-même recouvert d'une couche isolante faite de plaques de liège aggloméré. Cette isolation est protégée contre les infiltrations par une chape imperméable sur laquelle repose la zone réfrigérante proprement dite, celle dont la construction offre le plus d'intérêt.

Les réseaux réfrigérants en tubes d'acier d'un développement total de plus de 18.000 mètres, sont enrobés dans une couche de béton renforcée par un treillis métallique spécial. Celui-ci est relié aux tuyaux par un grand nombre d'attaches en acier, ce qui améliore sensiblement la conductibilité thermique du système.

Des précautions spéciales ont été prises pour combattre les effets de contraction et de dilatation dues aux variations de température. Elles consistent dans l'emploi d'un béton spécial et dans la création de joints élastiques judicieusement raccordés dans l'épaisseur de la plate-forme. Il est à remarquer d'ailleurs que l'immense table de ciment est libre sur toute sa périphérie, étant donné l'espace d'expansion qu'on a laissé subsister sous la plinthe. Cela permet également de récolter l'eau provenant de la fusion ou du nettoyage de la piste.

Les machines ont été installées dans une des salles latérales du Palais. Malgré l'exiguïté de l'emplacement disponible, on a pu réaliser une installation pratique et d'une conduite aisée.

La saumure froide est fournie par une installation frigorifique des plus modernes comportant, en ordre principal, deux compresseurs d'ammoniaque verticaux, à deux cylindres, à flux continu, d'une puissance de 250.000 frigories chacun. L'un d'eux est suffisant pour assurer l'exploitation en régime normal, l'autre servant de réserve et étant mis en service pour la congélation de la piste ou dans les moments de grande affluence. Chaque compresseur est entraîné par un moteur électrique de 150 CV. Le condenseur prévu pour la puissance des deux compresseurs, est du type vertical à ruissellement intérieur. Ce type est d'une très grande efficacité sous un encombrement réduit, le nettoyage peut en être effectué pendant la marche des appareils.

Le refroidisseur de saumure d'un type vertical breveté par l'entreprise adjudicataire, à circulation rapide, est également d'un encombrement restreint.

Deux groupes moto-pompe, dont un de réserve, assurent la circulation de la saumure dans les réseaux réfrigérants. Les tuyauteries principales d'arrivée et de départ courent dans un caniveau parallèle au grand axe de la piste. Pour ces tuyaux, on a adopté une disposition favorable à une répartition uniforme de la saumure froide sur toute la surface de la glace. De même, la combinaison du circuit assure une égale température partout, d'où découle une consistance uniforme très appréciée du patineur. Des vannes d'arrêt disposées le long des conduites principales, permettent de limiter à 1/3 ou à 2/3 la surface gelée.

Cette piste fut un gros succès pour l'Exposition de Liège. Elle permettait d'y disputer tous les matches officiels de hockey sur glace et toutes les exhibitions de patinage artistique. Chaque jour, à certaines heures, elle était accessible au public qui pouvait s'y livrer à l'aise à son sport favori. Lorsque la salle devait servir à des manifestations d'un autre genre, un plancher facilement démontable était posé sur la piste de façon à mettre tout le vaste vaisseau à la disposition des spectateurs qui ne cessaient de l'envahir lors des fêtes, concerts, etc.

3. L'Eau dans les industries (cl. 15)

La classe 15, primitivement prévue pour présenter au visiteur le matériel et les procédés mettant en relief le rôle technique spécial de l'eau dans l'industrie, vit, par la force des choses, son domaine se développer considérablement. Des industries extractives aux industries alimentaires, en passant par les industries chimiques, électrochimiques, elle s'étendit aux industries diverses telles que le tabac, le cuir, ainsi que la brochure et la reliure. De plus, par une tendance bien naturelle, les exposants donnèrent une importance plus grande à leurs fabricats plutôt qu'aux appareils spéciaux en liaison avec la technique de l'eau dans leur industrie.

Il n'est donc pas étonnant que l'on n'ait pas trouvé dans cette classe une orientation définie, ni une unité de présentation. Cependant, pour le visiteur, la nature des objets exposés fut une révélation sur le rôle joué par l'eau dans des domaines où son intervention ne se manifeste pas toujours d'une manière apparente.

Le palais réservé à cette classe était celui portant le n° 18, auquel il faut ajouter le n° 17 affecté uniquement à l'alimentation. De nombreuses participations étaient encore installées ailleurs et notamment au Palais des Industries Lourdes. Nous synthétiserons l'effort de ces exposants belges en les reprenant par catégorie d'industrie ou mieux, suivant les sept sections de la classe.

Dans les INDUSTRIES EXTRACTIVES, et spécialement les charbonnages, les points de contact avec l'eau sont nombreux. Les participations belges dans ce domaine, aussi nombreuses qu'intéressantes, étaient groupées au Palais n° 18.

La Fédération des Associations charbonnières de Belgique, en collaboration avec l'Administration des Mines, présentait des documents et maquettes relatifs à l'exhaure, à la protection contre les eaux de mines et à l'utilisation de l'eau dans les charbonnages. En plusieurs stands individuels ou collectifs, nombre d'industriels exposaient un matériel fort bien mis au point comprenant: des appareils de lavage et débourbage des charbons et des minerais, des dispositifs pour le traitement par flottation, des procédés de protection contre les eaux, de creusement de puits par congélation, cimentation, etc., des pompes diverses (pompes d'exhaure, de flottation, de remblayage, de lavage, de circulation, pompes hydrauliques, etc.), jusqu'aux bains douches, armoires et lavabos indispensables à l'hygiène du personnel d'exploitation.

A cette section se rattachait aussi l'utilisation rationnelle des combustibles, notamment pour la vaporisation de l'eau dans les générateurs. Nombreux étaient les appareils présentés sous cette rubrique tels que dispositifs de préparation des briquettes, grilles mécaniques, dépoussiéreurs, etc.

Accessoirement, un stand important avait groupé plusieurs constructeurs spécialisés dans la fabrication du petit matériel de mines et carrières (matériel de transport, marteaux, lampes, etc.).

Dans un autre domaine, le Groupement des Carrières et Fours à Chaux de la Vallée de la Meuse avait tenu à se faire représenter.

Le problème du développement et des perspectives des INDUSTRIES ELECTROCHIMIQUES ET ÉLECTROTHERMIQUES mérite qu'on s'y arrête un peu. Les pays comme le nôtre, riches en combustibles mais pauvres en houille blanche, n'avaient guère jusqu'en 1914 développé leurs industries de ce genre. Il a fallu les circonstances économiques de l'après-guerre pour engager quelques industriels entreprenants à donner un essor à ce département des industries chimiques et métallurgiques, en utilisant l'énergie électrique provenant du charbon. De nombreuses fabrications furent mises en train à l'échelle semi-industrielle, notamment pour utiliser le courant des centrales aux heures creuses. A ce propos, on peut penser que l'extrême souplesse de l'énergie électrique ouvre un avenir nouveau dans notre pays à des industries électrochimiques très spécialisées, de moyenne ou petite envergure descendant même jusqu'à l'unité artisanale. Comme il en a déjà été question un peu plus haut (voir au n° 1, classe 13), la multiplication d'industries de ce genre ouvrirait à l'électricité des débouchés intéressants.

A l'Exposition, la participation la plus remarquable dans ce domaine était celle de l'Association des Centrales électriques industrielles de Belgique et du Comité belge de l'Electrothermie et de l'Electrochimie où le problème était envisagé dans son ensemble. Notons également le stand de la Société belge d'Electrochimie productrice de cyanamide calcique et de carbure de calcium par fours électriques, et quelques participations moins importantes se rapportant surtout au matériel des entreprises sous rubrique.

Les troisième et quatrième sections de la classe étaient consacrées respectivement aux INDUSTRIES CHIMIQUES ET DE SYNTHESE.

Les résidus des anciennes alunières, une des caractéristiques les plus curieuses de la vallée de la Meuse liégeoise, attestent à suffisance de l'ancienneté des industries chimiques belges. Notre pays a d'ailleurs joué un rôle prépondérant dans le développement de certaines fabrications. Pour le prouver, il suffit de citer les noms de Solvay et de Fourcault, parmi les nombreux autres. Actuellement, notre industrie chimique est digne de son brillant passé et contribue en moyenne pour 15 % au volume total de nos exportations.

D'autre part, les industries de synthèse, parmi lesquelles on range généralement celles qui réalisent la fabrication des produits chimiques par combinaison d'éléments simples, se sont aussi largement développées chez nous, grâce à l'importance de notre production charbonnière.

Dans toutes les fabrications, l'eau intervient tantôt comme matière première, tantôt comme véhicule dissolvant ou transporteur, même comme source de chauffage. Moyen de réfrigération, sous forme liquide ou de glace, l'eau agit dans des tours de lavage, condenseurs, radiateurs divers, dans des dispositifs pour chambres frigorifiques ou dans des appareils ménagers. D'un autre côté, on voyait figurer dans divers stands une série d'appareils tels que les délayeurs, les tamiseurs et les broyeurs de toute espèce qui, par leur degré de perfection, ont permis des progrès énormes, par exemple en cimenterie et dans les industries céramiques. On trouvait également des pompes spéciales pour la circulation des liquides corrosifs tels que les acides ou les eaux acides et salines utilisées couramment dans les industries chimiques.

Mentionnons également les appareils dessicateurs (presses déshydrates) pour l'élimination de l'eau de certaines matières telles que charbon, argile, terres diverses, etc., ainsi que les différents filtres destinés à la séparation des solides et liquides.

Les industries chimiques avaient eu soin de faire figurer dans leurs stands les nombreux produits organiques ou minéraux de leur fabrication. Le visiteur pouvait ainsi se rendre compte, par l'examen des divers acides, engrais, produits pharmaceutiques, gélatines, colles, savons, insecticides, etc., du degré de perfection auquel le travail à l'usine permettait de présenter les matières préparées.

Parmi les participations réalisées avec le plus de bonheur, nous devons citer en première place celle de la Collectivité des Industries du Cuir. En une série de stands aussi attrayants qu'instructifs, il y était présenté les diverses phases de fabrication des principales industries du cuir, en portant l'accent spécialement sur le rôle primordial joué par l'eau dans la préparation des peaux. Pour la documentation du visiteur, des spécimens soigneusement sélectionnés des principaux articles de cuir étaient exposés.

Notons également, toujours au Palais n° 18, un beau stand de la Fédération belge de l'Azote voisinant avec celui de la Société belge de l'Azote et des Produits chimiques du Marly. Citons aussi le joli pavillon édifié dans les jardins par la Collectivité cimentière belge, groupement de tous les producteurs belges des différentes catégories de ciments: Portland, métallurgiques, métallurgiques sursulfatés et de laitier, et celui d'une firme de produits de lessivage et d'entretien ménager (Société Persil). Enfin, il se trouvait au Palais n° 21 une petite section des encres, colles et divers articles de bureau.

Les INDUSTRIES GAZIERES faisaient l'objet de la cinquième section de la classe. L'eau peut y jouer un rôle digne d'intérêt notamment dans la production du gaz à l'eau, dans la récupération des sous-produits et comme réfrigérant dans l'extinction des cokes. Dans la distribution du gaz, elle peut jouer un rôle néfaste par l'humidification des conduites.

Force nous est de constater qu'aucun des aspects de ce problème n'avait fait l'objet d'une étude à l'Exposition. Si, sous l'égide de l'Association des Gaziers belges, les entreprises intéressées occupèrent un stand important au Palais n° 18, cette participation était consacrée entièrement à la présentation des appareils, surtout domestiques, fonctionnant au gaz. C'était là un stand qui manquait d'allure scientifique ou didactique et qui se confinait à une pure publicité commerciale.

Une remarque semblable peut être faite en ce qui concerne les INDUSTRIES ALIMENTAIRES reprises à la sixième subdivision de la classe. Malgré l'étendue de leur participation qui remplissait tout le Palais n 17, il ne s'y découvrait aucune tentative de démonstration technique. Il convient d'ailleurs d'ajouter que la participation des boissons (surtout les vins et liqueurs) était dominante et qu'il s'agissait là d'une matière sans rapport direct avec le Programme. Celui-ci, dans la branche des produits alimentaires, ne pouvait concerner que les industries de fermentation. Or, celles-ci ne s'y trouvaient guère.

Le Palais de l'Alimentation était fort heureusement aménagé. Une belle frise décorative, à la gloire du vin, formait le fronton du stand collectif des exposants de vins et liqueurs. Elle dominait agréablement toute la vue intérieure et donnait la note de circonstance à la visite des étals de biscuits, chocolats, sirop, conserves, etc.

Enfin, la septième section groupait les INDUSTRIES DIVERSES. Elle comprenait une participation importante, vraiment à sa place, de la Ville d'Eupen (au Palais n° 18) qui présentait la maquette du nouveau barrage en construction sur la Vesdre, à Eupen. Cet ouvrage est destiné à fournir l'eau à toutes les industries nouvelles qui ne manqueront pas de s'installer dans la région. En plus de cette participation remarquable, il y a lieu de citer celle de la Société intercommunale belge d'Electricité qui, dans son pavillon particulier, avait tenu à attirer l'attention sur ses installations de distribution de vapeur dans la région de Verviers. C'est une formule nouvelle de fourniture d'énergie qui peut offrir un intérêt considérable dans certaines régions du pays. Mentionnons également les Sociétés Hamon et Sobelco, spécialisées dans l'installation de réfrigérants industriels et de traitements d'eau pour tout usage, qui exposaient dans leur pavillon commun et au Palais 18. De même sont à citer ici les stands de la collectivité des tabacs (Palais 18) et de la collectivité de la reliure et de la brochure (Palais 21).

La classe 15 était peut-être une des classes les plus caractéristiques de l'Exposition, tant par son intérêt au point de vue de la réalisation du programme fondamental, que par la diversité et la valeur des industries ressortissantes. D'une manière générale, tous les exposants belges s'y montrèrent à la hauteur de leur tâche aussi bien par la qualité des objets que par le soin donné à la présentation. Comme nous l'avons dit au commencement de cette notice, il était fatal que la grande variété d'industries représentées rendît difficile, sinon impossible, toute tentative de coordination ou de synthèse dans les démonstrations mises à la portée du visiteur. Toutefois, celui-ci ne pouvait manquer d'être frappé par la remarquable vitalité de ces entreprises, sur les progrès considérables qu'elles ne cessent d'accomplir. Il est regrettable que dans ce vaste panorama de notre production nationale, les industries textiles qui constituent une de nos principales activités industrielles et dans lesquelles l'intervention de l'eau se manifeste d'une manière souvent prépondérante (rouissage du lin, par exemple), se soient abstenues de prendre place.

SECTION E. - LE MATÉRIEL ET LES MATÉRIAUX DES OUVRAGES HYDRAULIQUES

Cette section achève la description des travaux du génie civil par l'examen des machines, de l'outillage et, en général, de tous les facteurs techniques ou scientifiques de réalisation de ces travaux. En tête se placent les moteurs et machines hydrauliques, objet de la classe 11. A ce sujet, il n'est pas inutile de rappeler que la rétrospective du captage et de la distribution d'eau, décrite au premier paragraphe de la section B du même chapitre, s'était en grande partie consacrée à faire ressortir l'évolution de la technique des machines hydrauliques au cours des siècles. Cette participation mérite d'être remémorée ici pour la rapprocher de la très intéressante présentation de matériel moderne que nos industriels avaient réalisée tout particulièrement en lait de pompes et de turbo-pompes. La description des stands a été complétée, dans un paragraphe suivant, par une notice documentaire sur les installations hydrauliques de l'Exposition assurant le fonctionnement des jeux d'eau. Bien qu'il ne s'agît pas à proprement parler de matériel exposé, il nous a paru nécessaire d'attirer l'attention sur l'ampleur de ces installations qui faisaient honneur à notre industrie.

Dans la classe 12, la Belgique ne pouvait guère briller. En effet, sauf une seule exception, nos réalisations en matière de centrales hydrauliques et hydro-électriques sont négligeables.

Par contre, la classe 16 intéressait au plus haut degré l'industrie belge. Il s'agissait non seulement de faire valoir les recherches, les essais et les conceptions scientifiques concernant les travaux hydrauliques, mais encore de mettre en relief la qualité de nos matériaux, de notre matériel, de notre outillage, dans tous les domaines techniques relatifs à ces travaux. Depuis nos industries des métaux, jusqu'à celles du bois et du verre, en passant par tous les genres de produits et en y comprenant presque toute l'industrie mécanique, cette classe permettait de faire le tour de nos possibilités de fabrication et de la valeur de nos produits. Elle reprenait aussi, au point de vue des moyens et des procédés d'exécution, l'activité des entrepreneurs de tous travaux du génie civil dont il a déjà été fait état dans les sections précédentes du chapitre.

1. Les Moteurs et Machines hydrauliques (cl. 11)

La participation belge dans le domaine de la classe 11 était groupée principalement au Palais des Industries Lourdes (n° 34). Elle se limitait presque exclusivement aux pompes hydrauliques et il ne pouvait guère en être autrement. Les installations de force motrice hydraulique sont tellement réduites en Belgique, que nos constructeurs n'ont pu étendre leurs recherches et leur fabrication dans cette direction.

Peut-être la possibilité de pouvoir satisfaire à des demandes futures de la Colonie aurait-elle pu inciter les grandes entreprises à étudier la question. Nous savons que plusieurs d'entre elles ont eu l'occasion d'y réaliser des unités importantes, mais en utilisant les études faites par des firmes étrangères spécialisées.

Quoi qu'il en soit, s'il est vrai que nous n'avions à présenter en matière de turbines hydrauliques aucune réalisation transcendante, nous pouvons dire que, dans cette compétition internationale, les firmes belges figuraient en bonne place en ce qui concerne les pompes et, en particulier, les turbo-pompes.

Ce domaine à lui seul est d'ailleurs extrêmement vaste et varié. Sous l'effet des besoins accrus par le développement considérable de notre industrie chimique notamment, la construction des pompes à piston, puis des turbo-pompes, s'est développée et orientée vers la réalisation de modèles spéciaux à revêtement interne, ou bien construits en matériaux résistant à la corrosion et à l'érosion par les agents chimiques. Dans cette branche, le rendement n'est pas l'élément essentiel, bien que haut rendement signifie faible perte par remous et que réduire ceux-ci, c'est restreindre l'activité chimique et les détériorations qui en résultent.

Ce qui compte avant tout, c'est la robustesse, la facilité d'accès, de démontage, du remplacement aisé et peu coûteux des parties usées c'est, en fin de compte, la diminution des frais d'entretien et d'exploitation. Il y a là un champ d'activité pour la recherche méthodique des solutions adéquates qui ne peut être exploré que par l'expérience directe, car les connaissances scientifiques dans ce domaine ne sont pas assez avancées pour pouvoir discerner à priori, et avec une certitude suffisante, les matériaux appropriés. La question des bourrages est de grande importance ici et, dans les turbo-pompes, le problème est à l'heure actuelle résolu d'une manière satisfaisante, même pour les hautes pressions et les températures élevées.

Les pompes spéciales dont nous parlerons en tout premier lieu, parce qu'elles représentent une réelle contribution aux progrès de l'industrie chimique, comportent des revêtements en plomb, en ébonite, en caoutchouc d'une dureté appropriée. Pour certaines applications, on utilise des fontes à forte teneur en manganèse dont la dureté conduit à des usinages laborieux et obligent le constructeur à rechercher des formes simplifiées pour le corps principal. Des modèles fort bien étudiés figuraient à l'Exposition, de même que des pompes de dragage, qui ne sont pas nouvelles, mais auxquelles on est conduit à donner aujourd'hui des dimensions et une puissance considérables.

Les pompes pour travaux hydrauliques qui doivent être robustes, sont de nos jours construites de façon soignée, elles comportent des tracés de roues hélico-centrifuges convenant aux débits élevés et aux faibles hauteurs, et à haut rendement. Seules, des portes de visite les différencient des pompes courantes. Pour l'irrigation et le démergement, on est arrivé aux pompes hélicoïdes: une véritable hélice est logée dans une enveloppe appropriée avec un organe destiné à la récupération de l'énergie cinétique à la sortie (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

Des pompes semblables sont utilisées dans la région pour le pompage des eaux d'égouts: la station de la Ville de Liège de la rive droite de la Meuse comporte notamment cinq unités de 5.000 m3/heure chacune à 2 mètres de hauteur de refoulement, à attaque directe à 320 t/m par machine à vapeur (Ateliers de Construction d'Ensival).

Par contre, la nouvelle station sur la rive gauche incorporée dans l'Exposition et utilisant comme force motrice des moteurs électriques et des moteurs Diesel, comporte des pompes hélico-centrifuges.

Après les pompes destinées à l'industrie chimique et au génie civil, il reste à examiner celles plus courantes utilisées notamment dans les charbonnages et les centrales électriques pompes d'exhaure, pompes pour la circulation, pompes pour l'alimentation des centrales qui doivent surtout assurer un excellent rendement. En effet, ces appareils ont une durée d'utilisation considérable et la moindre amélioration dans le rendement a des répercussions sur les frais d'exploitation. Ils doivent répondre aux conditions de service les plus variées et les exposants faisaient ressortir les progrès réalisés dans ce domaine depuis une vingtaine d'années. Des rendements de 0,80 et même 0,85 sont actuellement possibles avec des débits de 5 à 6.000 m3/heure et des hauteurs d'élévation de 7 à 8 mètres, en utilisant l'attaque directe à 585 t/m.

Un rotor d'une pompe semblable qui témoigne de l'importance des recherches effectuées pour arriver à la solution optimum, figurait dans un des stands de la classe 11. On pouvait voir également une pompe complète adaptée à ce genre de circulation pour l'alimentation des condenseurs de navire.

Dans la centrale moderne, le problème de l'alimentation des chaudières à haute pression est résolu au moyen de pompes multicellulaires à 7 ou 8 roues à 3.000 t/m lorsqu'il s'agit de débits moyens et à un nombre de tours plus élevés, lorsque les débits sont de 10 à 15 m3/heure. Au-dessous de 7 à 10 m3/heure, la solution par pompe centrifuge multicellulaire devient discutable et l'on a recours aux pompes à piston dont il sera question plus loin.

On sait que le problème de l'exhaure des mines est à l'origine de tous les progrès en matière de pompes centrifuges. Actuellement on utilise la pompe multicellulaire et de nombreux exemplaires en étaient présentés par les différents constructeurs. Le système qui prévaut actuellement est celui à éléments séparés sous enveloppe, bloqués ensemble par des boulons logés dans celle-ci (Ateliers de Constructions électriques de Charleroi).

L'équilibrage de la poussée axiale, problème important dans ce genre d'application, est résolu par l'utilisation d'un piston d'équilibrage automatique qui diffère fort peu d'un constructeur à l'autre. Par l'utilisation de cet organe, les deux bourrages sont soustraits à l'action de la haute pression, et il suffit par une circulation d'eau appropriée d'empêcher les rentrées d'air à l'aspiration, pour satisfaire à toutes les exigences pratiques.

Nous venons de parcourir un certain nombre de domaines d'application des turbo-pompes, mais il en reste de nombreux autres, les applications à la marine notamment, et celles, moins importantes mais tout aussi intéressantes, aux services de l'habitation.

Dans la marine, les pompes doivent être fort robustes et facilement accessibles. Généralement du type vertical, elles sont conçues de telle sorte que leur démontage puisse se faire sans toucher au moteur. De plus, elles doivent être à amorçage automatique et résister à l'eau de mer. Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi et la Société Rateau en présentaient des types.

L'amorçage automatique s'impose pour l'alimentation d'une habitation ou d'un réseau de distribution. Le problème se pose comme suit: lorsque le niveau dans le réservoir de régularisation descend au-dessous d'une valeur donnée, la pompe doit se mettre automatiquement en marche et assurer l'alimentation. Or la pompe centrifuge ne peut s'amorcer que si le corps est entièrement rempli d'eau et pour qu'il en soit ainsi on ne peut compter sur l'étanchéité suffisante et permanente du clapet de pied. Dans ces conditions, le problème de l'auto-amorçage est résolu par une pompe auxiliaire à tore liquide susceptible de faire le vide et de provoquer la montée de l'eau dans la pompe proprement dite. Pour les petites installations des habitations, la pompe centrifuge peut être remplacée par une série de pompes en tension du type à tore liquide. Le rendement en est médiocre, mais c'est là un défaut peu grave étant donné la durée réduite d'utilisation.

Différentes firmes présentaient des solutions très bien étudiées de l'auto-amorçage. Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi notamment exposaient en fonctionnement une installation de démonstration de pompe multicellulaire auto-amorçante, d'un système intéressant.

Dans le domaine des pompes à piston, plusieurs exposants présentaient des appareils bien adaptés pour les moyennes et hautes pressions avec attaque par courroie à section triangulaire multiple avec carter fermé et graissage continu, bourrage accessible, du type horizontal. Des pompes triplex du type vertical à trois coudées pour des pressions très élevées, étaient exposées par plusieurs constructeurs.

Les Ateliers des Pompes Dia présentaient plusieurs modèles de pompes spéciales à diaphragme pour les liquides chargés: vidange de bassins à schlams, évacuation de bassins de décantation, pompes pour lavoirs à minerais, etc.

Plusieurs groupes de pompes centrifuges commandées par moteurs à essence et adaptés au service d'incendie étaient également présentés; ils étaient munis d'une pompe auxiliaire d'amorçage généralement du type rotatif. Celles de ce dernier type étaient d'ailleurs peu nombreuses elles ne peuvent se justifier que pour des applications spéciales, telles les pompes pour pâte à papier.

Dans tout cet ensemble, on pouvait distinguer un grand souci d'assurer la robustesse en même temps que la présentation élégante des appareils avec leur moteur d'attaque: moteur électrique, moteur à essence ou Diesel, ou encore turbine à vapeur.

L'utilisation de l'acier soudé avait donné lieu à un très bel essai de réalisation par la Société Rateau. La solution peut s'indiquer dans les grandes dimensions, en vue d'éviter les frais de modèle et de diminuer le poids du groupe; malgré les difficultés de découpage et de cintrage de certaines parties de la volute et du joint horizontal relativement très compliqué de forme, le constructeur était arrivé à respecter des tracés rationnels et à constituer un ensemble très élégant. Il y a là une voie intéressante lorsqu'il y a intérêt à réduire le poids, soit en cas de transport à grande distance (colonies), soit pour les pompes marines.

Par la variété des types exposés, le soin apporté dans les études et dans la réalisation, les constructeurs belges ont montré qu'ils pouvaient satisfaire à toutes les exigences de notre industrie. Nous signalerons en passant que certains constructeurs spécialisés dans les turbo-pompes, présentaient des réalisations importantes dans le domaine des turbo-soufflantes et des ventilateurs.

D'autre part, on pouvait se rendre compte que les principes rationnels apportés dans l'étude des pompes à piston modernes, étaient appliqués à la réalisation de compresseurs de faible puissance et de pompes à vide bien étudiées: carter fermé à graissage continu de tous les organes, bourrages aisément accessibles, attaque par courroie avec moteur porté sur le carter et facile à déplacer pour assurer le maintien sous tension convenable de la courroie de commande.

Signalons ici l'importance prise par les installations hydrauliques de l'Exposition pour l'alimentation des jeux d'eau. Toutes ces installations étaient munies de groupes de pompes centrifuges dont certaines très importantes. Là encore des résultats atteints prouvaient que l'industrie belge est à même de réaliser dans ce genre d'application de la mécanique tout ce que la technique la plus perfectionnée peut atteindre dans la puissance comme dans la beauté de ses créations. Au paragraphe suivant, nous donnerons quelques détails au sujet de ces remarquables réalisations, la plupart inédites, qui contribuèrent pour beaucoup au succès de l'Exposition.

Si, passant au domaine de l'adduction et du contrôle, on était amené à parcourir les stands de quelques grandes firmes qui y sont spécialisées, une impression aussi réconfortante se dégageait de cette visite. Non seulement on pouvait aisément se rendre compte de la puissance des moyens de fabrication, mais encore du souci d'établir un contrôle permanent de la valeur du produit et d'entretenir une activité constante dans le domaine des recherches techniques susceptibles d'amener des progrès.

La question du choix des matériaux pour s'opposer à l'érosion et à la corrosion était abordée par plusieurs exposants qui présentaient des échantillons remarquables de pièces les plus diverses pour la construction des pompes, des vannes et des soupapes, capables de résister aux eaux acides ou alcalines et à la vapeur surchauffée.

De grands progrès ont été faits dans les appareils enregistreurs de niveau d'eau à distance qui sont nécessaires dans l'exploitation des centrales ou sur les voies navigables.

La mesure des débits totalisés, des débits instantanés avec enregistreurs, la mesure des pressions, ont donné lieu à la création d'instruments de précision maniables et durables qui sont aujourd'hui suffisamment au point pour que l'industriel puisse les utiliser pour déceler les déficiences même faibles dans le rendement des installations. Certains stands faisaient clairement ressortir la valeur de notre industrie à ce point de vue.

Chemin faisant, nous avons cité la plupart des exposants belges de pompes de divers modèles. Rappelons que l'industrie belge des appareils de mesure et de contrôle était représentée par l'Automatique électrique de Belgique, la Compagnie des Compteurs et Manomètres, la Société E.G.E.A. et la Société Intégra. Quelques autres participants étaient également inscrits à cette classe pour des éléments accessoires.

2. Les Jeux d'eau de l'Exposition

Il nous parait indispensable de compléter l'article qui précède par une description succincte des moyens de réalisation des principaux jets d'eau et fontaines lumineuses de l'Exposition. A d'autres endroits du rapport général, notamment au chapitre préliminaire « L'Architecture à l'Exposition », on a décrit la prodigieuse féerie d'eau et de lumière qui donnait à l'Exposition de Liège une note si caractéristique. Ici, nous ajouterons quelques détails techniques sur les installations réalisées, à l'appui de ce qui vient d'être dit sur la valeur de la production belge en matière de machines hydrauliques.

C'est à une de nos plus grandes entreprises spécialisées (Les Ateliers de Constructions électriques de Charleroi) que fut confiée l'exécution complète des jeux d'eau dont certains n'avaient jamais été réalisés jusqu'alors. Cette firme ne se borna pas à fournir les pompes et les moteurs mais étudia, construisit et mit en oeuvre toutes les autres parties de l'installation, notamment les corps des fontaines, la tuyauterie, les tuyères de jet et la robinetterie très importante.

En bref, les installations comportaient

- Un ponton amarré au milieu de la Meuse, dans l'axe de l'entrée principale de Coronmeuse, duquel s'élançait un jet d'eau de 100 mètres de hauteur, ceci constituant un record du monde,

- Diverses fontaines et motifs architecturaux établis sur la rive droite dans l'allée centrale et formant ensemble le « Jardin d'Eau ».

La réalisation du JET D'EAU DE 100 METRES posait des problèmes difficiles que l'entreprise adjudicataire dut résoudre en procédant à un grand nombre d'essais dans ses usines. La détermination de la pression à maintenir dans l'ajutage, le choix de la tuyère convenant le mieux, l'influence du vent sur la forme du jet et la hauteur atteinte, étaient autant de questions, parmi bien d'autres, qu'il fallait mettre au point au préalable. Elles furent résolues en quelques mois de travail persévérant et les visiteurs auront constaté eux-mêmes à quels résultats on avait abouti.

Le ponton solidement amarré au milieu du fleuve, et lesté, était long de 40 mètres environ. Il avait un tirant d'eau de 1 m 60.

Son équipement électromécanique comprenait un groupe moteur-pompe d'un débit horaire de 800 m3 à la pression de 220 mètres, le moteur étant triphasé à bagues de 850 CV, 6.000 V, 50 périodes 1.480 t/m. L'aspiration de ce groupe pouvait se faire soit directement en Meuse, soit en charge sous pression de 50 mètres fournie par une deuxième pompe. La mise en série des deux pompes permettait d'obtenir la pression requise pour lancer, par temps calme, le jet principal à 105 mètres de hauteur.

La deuxième pompe était capable d'un débit horaire de 1.000 m3 à 50 mètres ou de 1.750 m3 à 40 mètres. Elle était accouplée directement à un moteur triphasé à bagues de 320 CV, 6.000 V, 50 périodes 1.480 t/m. Lorsque la force du vent ne permettait pas de porter la hauteur de jet à 100 mètres, celui-ci était alimenté uniquement par la pompe du premier groupe aspirant directement en Meuse, pour obtenir un jet de 80 mètres environ.

Pour faire varier les effets esthétiques, il était possible d'émulsionner le jet en faisant aspirer par la tuyère, fonctionnant alors en injecteur, un mélange d'eau et d'air. La pompe de 850 CV. pouvait également être connectée sur une couronne circulaire comportant huit ajutages de 25 millimètres de diamètre, donnant un effet d'ensemble de corbeille. La pompe de 320 CV. alimentait aussi les jets d'about, les puissants jets d'encorbellement et quatre jets candélabres verticaux pouvant atteindre 40 mètres de hauteur. Lors des grands vents, on réalisait ainsi des effets dont la variété compensait la réduction de hauteur du jet principal.

Outre les deux groupes principaux, un troisième desservait en ordre principal une rampe de jets dits « de pulvérisation » entourant le ponton pour en cacher la partie non immergée. Cette pompe pouvait également alimenter des jets d'ornementation disposés en encorbellement dans l'axe longitudinal. Enfin, un quatrième groupe moteur-pompe servait à la vidange des eaux de fuite.

L'énergie électrique à haute tension était amenée au ponton par quatre câbles immergés (dont un de réserve) et l'installation permettait une déconnexion facile de manière à pouvoir déplacer le ponton dans le minimum de temps lorsque les eaux devaient être entièrement libres, pour certaines manifestations sportives, par exemple.

Les jeux de lumière destinés à assurer l'éclairage des jets principaux étaient constitués par soixante-quatre projecteurs de 800 millimètres de diamètre, avec lampes de 3.000 W - 130 V, dont cinquante-deux éclairaient les jets verticaux et les douze autres, les éventails d'about. Par un jeu approprié d'écrans, les jets s'illuminaient en blanc ou en jaune d'or.

Enfin, pour éclairer les jets de pulvérisation, deux cent trente huit lampes de 200 W étaient montées dans une corniche entourant la partie supérieure du ponton.

On conçoit que la chaleur dégagée par tous ces foyers lumineux nécessitait un renouvellement permanent de l'atmosphère du ponton. Une installation spéciale de ventilation était prévue à cet effet.

Quant aux FONTAINES DE L'ALLEE CENTRALE, elles présentaient certaines particularités communes. Tout le matériel d'éclairage devait fonctionner entièrement noyé, ce qui nécessita des constructions spéciales. Les lampes immergées étaient de 500 W orientables à volonté et attachées en général par groupe de dix à un tringlage dont la hauteur était réglable. Les projecteurs également immergés étaient de 1.500 W et pouvaient aussi être orientés dans toutes les directions. Au total, on a utilisé mille cent sept lampes et trente-huit projecteurs.

Chacun des quatre motifs (Voûte d'eau, Motif central, Hémicycle et Jardin d'eau) possédait sa salle de pompe installée sous terre. Un système spécial permettait de maintenir le niveau d'eau de manière à ce que les appareils immergés soient constamment recouverts d'eau.

On sait que la VOUTE D'EAU surplombait la rivière artificielle qui serpentait à travers toute l'allée. Elle était formée par une série de jets partant de deux poutres tubulaires formant le plafond du motif. En outre, à la base de chacun des bassins latéraux se trouvait une tuyauterie portant une série d'ajutages « de pulvérisation », dont le rôle était de former un fond à la voûte vue des barquettes naviguant sur la rivière.

La pompe, du type hélicoïde, assurait un débit horaire de 960 m3, à une hauteur manométrique de 8 mètres en tournant à 1.460 t/m. Le moteur qui l'entraînait était triphasé à bagues d'une puissance nominale de 52 CV.

Un dispositif spécial permettait d'obtenir une parfaite synchronisation de tous les jets. Le maximum de luminosité était réalisé au moyen de deux cent cinquante lampes de 500 W.

Le MOTIF CENTRAL était situé non loin de là, au milieu de l'ensemble décoratif. Il comportait une plate-forme circulaire de 21 mètres de diamètre d'où l'on jouissait d'une vue idéale sur tout le jardin d'eau. On y avait accès par des rampes courbes de faible inclinaison.

Le bassin central avait un diamètre de 17 m 50. Du milieu, s'élançait à quelque 30 mètres de hauteur le jet principal qui, à la sortie de la tuyère avait le diamètre énorme de 102 mm. Il était constitué de façon à produire une émulsion d'air et d'eau dont le pouvoir réflecteur amplifiait encore l'effet spectaculaire lorsque les projecteurs s'illuminaient.

L'installation comprenait une pompe du type centrifuge débitant 720 m3 à l'heure, à une hauteur manométrique de 30 mètres en tournant à 1.460 t/m, le moteur triphasé à bagues développait une puissance de 115 CV.

La pièce centrale, en béton, abritait l'ajutage et douze projecteurs immergés de 1.500 W. Au pied des pilastres supportant la plate-forme circulaire, seize caissons de marbrite cachaient seize projecteurs identiques de sorte que le jet central était éclairé par vingt-huit grands projecteurs. La circonférence intérieure de la plate-forme et son plancher étaient éclairés par des tubes luminescents rouges formant trois cercles concentriques.

Plus loin, le JARDIN D'EAU comportait une profusion de motifs variés et inédits d'un sens artistique remarquable.

Il y avait au total vingt-huit fontaines, dont quatorze différaient comme jeux d'eau et de lumière. Trois cents ajutages les plus divers étaient éclairés par autant de lampes aussi puissantes que les précédentes.

L'installation mécanique comportait trois groupes moteur-pompe dont les caractéristiques étaient respectivement les suivantes: 80 m3/heure, à 32 mètres de pression, 2.900 t/m; 675 m3/heure, à 20 mètres et 1.460 t/m; et 415 m3/heure, à 8 mètres et 960 t/m. Les moteurs développaient respectivement 16, 86 et 20 CV.

Remarquons également que, à part deux éléments fixes, toutes les fontaines de cet ensemble pouvaient aisément être déplacées au gré de l'architecte.

Enfin, l'HEMICYCLE fermait la petite rivière à son extrémité sud (vers l'entrée de Bressoux). Sa partie architecturale était constituée par un bassin en forme de couronne semi-circulaire auquel deux bassins latéraux conduisaient. L'ensemble prenait l'aspect d'un vaste théâtre d'eau avec dans le fond du bassin central une magistrale cascade et, sur le pourtour des bassins latéraux, une longue série de petits jets en forme d'anse. Le bassin central était agrémenté par un jet puissant de 78 millimètres de diamètre au sortir de la tuyère et de seize jets plus petits en forme de candélabres. Plus de cinq cents lampes de 500 W et dix projecteurs de 1.500 W illuminaient cet ensemble.

L'installation technique comportait trois pompes dont les caractéristiques étaient respectivement: 1.880 m3/heure, 11 mètres de pression et 580 t/m (moteur de 120 CV), 1.340 m3/heure, à 7 mètres de hauteur manométrique et 730 t/m (moteur de 44 CV) et 360 m3/heure, à 22 mètres et 1.460 t/m (moteur de 52 CV).

3. Les Centrales hydrauliques et hydro-électriques (cl. 12)

Si, dans notre pays pauvre en houille blanche, il était possible d'entrevoir par des travaux gigantesques une utilisation rationnelle des cours d'eau de la Haute Belgique, l'entreprise ne serait guère justifiable, du moins à grande échelle, dans l'état actuel de nos ressources en charbon.

A l'heure actuelle, une seule réalisation remarquable de ce genre a été faite par les Centrales Electriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse et de la Région de Malmédy. Par l'exécution à Robertville sur la Warche, affluent de l'Amblève, d'un barrage de grande hauteur, et d'un autre de grande retenue, en amont, à Butgenbach, cette société a pu construire un ensemble d'une certaine ampleur groupant trois unités de 5.000 CV à haute chute (150 m) et une unité de 3.000 CV à basse chute (25 m). D'autre part, deux unités de chute moyenne (45 m) de 5.000 CV ont été installées à Heid-de-Goreux, sur l'Amblève partiellement régularisée par l'action des barrages d'amont.

Au Palais du Génie Civil, la société montrait le parti qu'elle a pu tirer de cet ensemble hydro-électrique marchant en parallèle avec des unités thermiques, la station à haute chute de Malmédy intervenant comme unité de pointe. Cette réalisation, unique en Belgique, fait honneur à l'esprit d'entreprise de nos producteurs d'énergie électrique.

De son côté, au Palais des Industries Lourdes, l'Union des Exploitations électriques en Belgique faisait ressortir l'ampleur de l'effort réalisé pour assurer, par interconnexion des réseaux, une meilleure utilisation des unités installées et un abaissement du prix de revient par l'emploi rationnel des gaz de hauts fourneaux à la production de l'énergie électrique.

Là encore, la Belgique ne s'est pas laissée devancer par les autres grands pays industriels et les éléments figurant dans les stands des différentes firmes ayant contribué à la mise au point de ces installations, étaient en tous points remarquables.

Dans cette classe 12, plusieurs constructeurs de matériel électrique présentaient des appareillages blindés servant à équiper plus particulièrement les centrales hydro-électriques.

Enfin, deux grandes firmes montraient l'une les possibilités de sa fabrication au point de vue de la construction des conduites forcées (Société d'Ougrée-Marihaye), l'autre ses réalisations en ce qui concerne l'exécution de centrales hydro-électriques à l'étranger et plus particulièrement au Congo belge (Société d'Entreprises de Travaux au Katanga).

L'impression produite était encourageante parce que les quelques participations belges à la classe 12 mettaient malgré tout en évidence l'esprit d'initiative de nos industriels et de nos entrepreneurs dans un domaine qui, par l'essence des ressources naturelles de notre pays, ne nous paraissait pas à priori particulièrement réservé.

4. La Classe 16

La classe 16 de l'Exposition concernait « le matériel et les procédés de recherches, d'exécution et de réalisation des ouvrages repris aux classes précédentes ». Elle se divisait en quatre sections:

1° Les conceptions scientifiques, recherches et essais;

2° Les matières et les matériaux;

3° Le matériel et l'outillage;

4° Les réalisateurs et les modes de réalisation des ouvrages se rapportant à la technique de l'eau.

Elle couronnait le vaste panorama des travaux du génie civil que constituait l'ensemble des participations ressortissant aux classes 4 à 15.

Programme très vaste et d'un intérêt capital pour l'industrie belge. Aussi, cette classe comprenait-elle de loin les participations les plus nombreuses et les plus importantes. Les stands qui s'y rapportaient se trouvaient dans tous les palais de la Section belge.

La première section consacrée aux CONCEPTIONS SCIENTIFIQUES, RECHERCHES ET ESSAIS était principalement représentée au Palais du Génie Civil. Il était normal que les bureaux d'études et les organismes de contrôle et d'assurance se fussent rapprochés des entrepreneurs dont ils sont les collaborateurs les plus précieux. On remarquait la participation de la Chambre des Ingénieurs-conseils de Belgique et celle d'une collectivité de Compagnies d'Assurances et de Bureaux de Contrôle. Le thème en était la sécurité des constructions civiles, leur contrôle et l'assurance couvrant la responsabilité des entrepreneurs. En plus, quelques exposants, principalement au Palais des Industries Lourdes (n° 34), présentaient des éléments comme le contrôle des soudures et des matériaux par rayons X (Usines Balteau), du matériel d'essais et de laboratoire hydraulique (Compagnie des Conduites d'eau), des études et applications industrielles de la vibration (Vibrogir). Dans un esprit purement scientifique, les Sociétés Distrigaz et Traction & Electricité avaient aménagé, au Palais 19, au centre de la section de la corrosion dont il sera question un peu plus loin, une démonstration très suggestive de la protection des conduites souterraines contre les courants vagabonds.

Il est nécessaire de rappeler à cet endroit l'activité des services d'études et de recherches du Ministère des Travaux publics. Il s'agit du Service spécial de Géotechnique, du Laboratoire de Recherches hydrauliques et du Service spécial d'Essais et Radiographie dont les participations, au Palais du Génie Civil, ont été commentées à la section A du même chapitre.

La deuxième section groupant LES MATIERES ET LES MATERIAUX, se subdivisait en plusieurs sous-sections suivant la nature des produits.

Pour les métaux ferreux et non ferreux, les participations étaient très abondantes. Epinglons celle du Groupement des Hauts Fourneaux et Aciéries belges qui avait édifié, au Palais 34, un stand d'une parfaite réussite à la gloire de la métallurgie belge. Venait ensuite, dans le même palais, un stand plus modeste de l'Union des Lamineurs belges de Zinc. On devrait enfin mentionner toutes les aciéries, tous les laminoirs, tous les fondeurs qui, en des stands privés parfois impressionnants, retenaient l'attention du visiteur, nonobstant pour beaucoup d'entre eux leur contribution à la participation collective du Groupement des Hauts Fourneaux déjà citée.

L'utilisation des métaux rencontre inévitablement comme corollaire la lutte contre leur corrosion, phénomène dans lequel l'eau joue cette fois un rôle néfaste. Cela appelait forcément la figuration à l'Exposition de toutes les firmes se préoccupant de combattre ce mal universel. Nous rencontrions dans cette deuxième sous-section, groupée entièrement au Palais 19, les spécialistes dans les revêtements par vernis, émaux et peintures; les ateliers s'occupant de métallisation, chromage, nickelage et cadmiage, les producteurs d'asphaltes, bitume, hydrofuge, enduits gras, etc. Certaines présentations, comme celle de la Fabrique nationale d'Armes de guerre, permettaient au visiteur de comparer les diverses phases du traitement d'une même pièce de fer, notamment en vue de la protéger contre les agents agressifs.

Cet ensemble comprenant trois séries importantes de collectivités (les couleurs et vernis, les asphaltes et bitumes, les procédés divers de protection des métaux), était remarquable par l'ampleur des participations. Les exposants s'étaient concertés pour assurer le maximum de réussite dans la présentation. Nous ne pouvons pas ne pas citer l'amusante frise décorative qui ornait tout le fronton des stands des fabricants de couleurs et vernis. Au point de vue scientifique, nous avons déjà relevé plus haut la participation des Sociétés Distrigaz et Traction & Electricité. Rapprochons-la de celle de la Commission belge pour l'Etude de la Protection contre la Corrosion (ABEM IV) dont la contribution au problème en question devient de jour en jour plus efficace. Enfin, quelques fabricants d'hydrofuges avaient apporté leur concours à la collectivité « Eau et Santé » (Palais 20) dans une démonstration pratique de la lutte contre l'humidité dans les habitations.

Il n'est plus nécessaire d'insister sur le fait que nos carrières, briqueteries et sablières donnent des produits de toute première qualité en marbre, petit granit, grès, calcaire, porphyre, briques, tuiles, sables, graviers, grenailles et autres matériaux pierreux. Et notre pays possède de grandes cimenteries livrant toute la gamme des ciments Portland, métallurgiques ou spéciaux à haute résistance et s'opposant à l'attaque des eaux.

Ces entreprises prirent une part importante à l'Exposition. Elles s'éparpillèrent cependant pour la raison bien simple que chaque branche chercha la meilleure formule de présentation.

Dans son magnifique pavillon particulier, la participation de la Collectivité cimentière belge était tout à fait complète. Le grand panneau du fond, face à l'entrée, rappelait l'importance de l'industrie cimentière belge dont la capacité de production atteint actuellement 5 millions de tonnes par an et dont les produits sont universellement réputés pour leur qualité. D'ailleurs, la Belgique est le plus grand pays exportateur du monde (1/5 du commerce mondial) une planisphère montrait du reste les pays qui importent du ciment belge.

La participation comprenait en outre des maquettes, des vitrines et plusieurs panneaux schématiques. Elle avait pour but de taire apparaître l'importance du rôle de l'eau dans toutes les utilisations du ciment.

Une grande maquette sur table, placée devant le panneau du fond, représentait une usine moderne. Un schéma permettait de suivre aisément le processus de fabrication des différentes sortes de ciment.

Un grand panneau, à gauche de l'entrée, faisait ressortir le rôle de l'eau dans la prise du ciment. Des échantillons et des études faites en laboratoire illustraient cette démonstration. Sous une forme semblable, à droite, on avait schématisé l'influence de la quantité d'eau de gâchage sur la plasticité et la résistance du béton. On montrait également comment la plasticité est réglée suivant le mode de transport au lieu d'utilisation et la manière dont le béton est mis en oeuvre.

Un troisième panneau était consacré à l'influence de l'humidité extérieure pendant le durcissement. Ici aussi, des échantillons et des essais au laboratoire complétaient cette démonstration fort intéressante sur les variations du retrait et de la résistance du béton, suivant que l'atmosphère est humide ou sèche.

La résistance aux eaux agressives faisait de même l'objet d'une exposition particulière prouvant que les bétons confectionnés avec les soins voulus et les ciments appropriés résistent parfaitement.

Enfin, deux grands panneaux étaient consacrés, l'un, aux grands travaux réalisés en béton et où l'eau joue un rôle, l'autre, à la normalisation des ciments et à leur contrôle au laboratoire. Un meuble-pupitre portait tous les renseignements concernant les normes et spécifications définies des ciments fabriqués par le Groupement: rapidité de prise, stabilité, finesse de mouture, résistance à la traction et à la compression.

La participation de la Collectivité cimentière belge fut une des belles contributions privées à l'Exposition.

Non moins remarquable fut celle des carrières de grès, petit granit et calcaire qui en commun aménagèrent dans les jardins, face à l'entrée principale de Bressoux, un ensemble décoratif réellement impressionnant. Une pareille collaboration mériterait d'être poursuivie et devrait servir d'exemple dans les prochaines expositions. C'est la meilleure façon d'assurer la défense professionnelle d'un groupe d'industries dont les produits sont appelés à se compléter l'un l'autre dans leur utilisation réelle.

En outre, quelques exposants se présentaient dans des stands particuliers. Au Palais 18, le Comptoir tuilier de Courtrai, vaste organisme de vente de produits de briqueteries et tuileries des Flandres, avait aménagé un beau stand d'une parfaite conception architecturale et décorative. Les plaques de revêtement créées récemment par cette firme, furent utilisées dans la construction du Palais des Fêtes de l'Exposition. Egalement au Palais 18, se trouvait la participation déjà citée à la classe 15 du Groupement des Carrières et Fours à Chaux de la Vallée de la Meuse. A la section « Eau et Santé », quelques producteurs de matériaux avaient collaboré à titre d'exposants à certaines démonstrations. Mentionnons également le coquet pavillon édifié dans les jardins par l'Union belge des Marbritiers et, enfin, quelques participations individuelles portant sur des ciments métallurgiques, briques de laitier et bétons.

Une dernière subdivision de cette importante section de la classe 16 était réservée au bois et au verre.

Le commerce des bois de construction, des bois spéciaux pour travaux hydrauliques, des bois imprégnés résistant à l'action de l'humidité, avait trouvé place à la Section internationale (Palais 22). Les industries belges y voisinaient avec quelques exposants étrangers. Dans le domaine du verre, signalons la participation des Glaceries réunies qui, au Palais 18, faisaient une démonstration des avantages de l'application de la glace Sécurit sous toutes ses formes.

La troisième section de la classe concernait LE MATERIEL ET L'OUTILLAGE. De tout temps, le matériel et les procédés généraux ont déterminé et limité les possibilités d'exécution des constructions et plus particulièrement des travaux hydrauliques, en raison des difficultés considérables et des sujétions pénibles résultant de l'eau et de ses effets. De grands progrès ont été réalisés au cours des derniers lustres par suite du développement des industries métallurgiques, mécaniques et électriques. Les réalisateurs ont promptement apprécié les avantages qu'ils pouvaient en tirer. Il en est résulté de tels changements dans les possibilités d'exécution, que les ingénieurs des administrations publiques et des bureaux d'étude ont dû en tenir compte dans la conception de leurs projets. Ceux-ci en ont été profondément influencés dans leurs formes générales, dans leur ampleur, leur hardiesse et leur efficacité, cependant que l'exécution même gagnait en sûreté et en sécurité, en économie et en rapidité. Les grands travaux exécutés en Belgique au cours de ces dernières années ont mis cela en évidence d'une manière frappante, particulièrement ceux du Canal Albert, de la Meuse, des tunnels sous l'Escaut, de la Jonction Nord-Midi.

L'Exposition de Liège ne pouvait séparer cet objet de celui des travaux hydrauliques considérés en eux-mêmes. Au point de vue national, l'intérêt de cette section de la classe 16 résidait dans une sorte de revue de la puissance du matériel et de l'outillage de nos entrepreneurs et dans une confrontation de la production des industries spéciales belges et de ses concurrents étrangers. Il serait vain de celer que la Belgique utilise beaucoup de matériel et d'outillage importés et que les fabricants nationaux ne sont pas encore maîtres du marché intérieur. Cependant, de grands progrès ont été enregistrés au cours des dernières années non seulement pour le petit matériel mécanique d'usage général, mais encore pour certains procédés très spéciaux et tout à fait modernes. L'impression d'ensemble produite par la participation belge était très favorable et l'on peut espérer que notre industrie, encouragée par de saines mesures administratives, pourra bientôt non seulement défier la concurrence étrangère sur le marché intérieur, mais sera même capable, par la qualité éprouvée de ses produits autant que par ses Prix avantageux, de prendre pied sur les marchés d'exportation.

En raison de la diversité des branches intéressées et de la subdivision très poussée de la Classification, la participation belge à cette section se trouvait dispersée dans de nombreux palais. Cette dispersion, évidemment défavorable en général à une impression synthétique, accusait l'absence d'un groupement industriel spécial qui se justifierait cependant amplement.

Le matériel flottant de chantier et de dragage était représenté surtout aux Palais du Génie Civil et de la Navigation Intérieure, par de belles collections de modèles réduits de dragues de diverses espèces, de pontons-bigues, de grues flottantes, de sonnettes, etc., exposées par des Sociétés d'entreprises et de dragages. La puissance du matériel de nos entrepreneurs était ainsi prouvée, et elle est bien connue, mais on remarquait qu'un grand nombre de ces engins était d'origine étrangère. Cependant, les industries belges produisent toutes les pièces de ce materiel, qu'il s'agisse de godets de dragues en aciers spéciaux, de maillons de chaînes à godets, de tubes de succion, de joints flexibles, de treuils et de cabestans, de chaînes, de câbles et d'ancres, de moteurs, de pompes et de transmissions, de carènes et de charpentes, etc. En bonne justice on doit reconnaître que l'industrie nationale est techniquement et industriellement à même de construire du matériel flottant de haute qualité pratique: l'Exposition en donnait plus d'une preuve. Peut-être, les conditions propices à une spécialisation ne sont-elles pas encore favorables?

En ce qui concerne le matériel d'excavation et les moteurs de chantier ainsi que les accessoires, les mêmes remarques sont à faire mais à un degré moindre et seulement au sujet du matériel de grande puissance. Le matériel d'abattage, notamment pneumatique et électrique, le matériel mécanique d'excavation de dimensions moyennes dont l'usage est le plus répandu, les engins de manutention et de levage, les bull-dosers et les tracteurs, les explosifs, les moteurs divers et treuils, les tuyaux, vannes et accessoires, les transmissions, les isolants thermiques, le matériel de battage et d'arrachage, les concasseurs, pulvérisateurs, classeurs et cribles, les transporteurs et tapis roulants, les trémies oscillantes, les presses, le matériel électrique, les pompes et les ventilateurs, le matériel de transport et de voies ferrées en général, étaient généreusement représentés d'une manière qui faisait honneur à la qualité et au fini de la production nationale.

Le matériel de bétonnage et de maçonnerie était assez peu nombreux en raison sans doute de la spécialisation de l'Exposition. L'abstention des firmes spécialisées était certes regrettable, car le rôle du béton dans les ouvrages hydrauliques et les qualités spéciales que le matériel moderne est susceptible de lui conférer dans ses applications, justifiaient, nous semble-t-il, une participation importante. Les bétons compacts exposés au Palais des Universités (stand du génie civil) et au Palais du Génie Civil (barrage de la Vesdre - Compagnie belge des Chemins de fer et d'Entreprises) constituaient des nouveautés capables, au jugement de spécialistes étrangers de la plus grande valeur, d'ouvrir des voies nouvelles à la technique du béton massif et ne sont possibles que grâce à la vibration et à la pervibration. Une firme belge (Vibrogir) exposait du reste des vibrateurs au Palais 34. En ce qui concerne l'outillage, citons au même palais les échafaudages métalliques tubulaires (Usines à Tubes de la Meuse).

Mais on ne peut laisser subsister l'impression que l'industrie belge, tant en raison de ses conditions particulières que de la spécialisation du thème de l'Exposition, ne présentait pas dans la troisième section de la classe 16, une participation de premier plan. Au contraire, nous avons réservé pour la fin ce qui, dans la technique de l'eau, lui confère une place prédominante: le matériel et les procédés de fondations hydrauliques. Cela se rapporte précisément à la partie essentielle et la plus difficile des ouvrages hydrauliques. Dans ce domaine, l'industrie belge occupe un rang international et elle a pu, à l'Exposition, faire valoir les mérites de ses remarquables réalisations en Belgique et à l'étranger.

Au Palais des Universités, un chantier naval exposait la maquette d'un grand caisson à air comprimé. Ce procédé de fondation n'est cependant plus utilisé qu'en cas de nécessité, à raison des avantages des autres procédés plus récents.

Les palplanches métalliques de grande longueur permettent, avec les procédés modernes d'épuisement, d'établir des fouilles de fondations à ciel ouvert ou souterraines asséchées, à grande profondeur sous le niveau de la nappe phréatique et de les soustraire aux pressions ascendantes des nappes captives sous-jacentes. L'industrie belge a permis des applications remarquables de cette méthode si avantageuse et si sûre, aux grands travaux récents (Canal Albert, tunnels sous l'Escaut, etc.). De très belles maquettes d'un chantier de la Jonction Nord-Midi à Bruxelles, en montraient un impressionnant exemple.

Une société métallurgique, spécialiste de palplanches (Société d'Ougrée-Marihaye), exposait son importante collection de profilés au Palais 34; elle avait d'ailleurs tiré un heureux parti de ce matériel dans l'aménagement de son stand. D'autre part, les fabricants belges de pompes avaient des participations étendues, d'ailleurs décrites au premier paragraphe ci-dessus. Les puits filtrants de rabattement de la nappe aquifère étaient également exposés et le Palais du Génie Civil en contenait de nombreux exemples d'application.

Les fondations profondes en terrain aquifère ou non par pieux, spécialement par pieux moulés dans le sol, étaient également exposées dans le même palais par des firmes belges de réputation internationale, tant en ce qui concerne le matériel proprement dit que ses applications. Il est intéressant de signaler que c'est selon le procédé d'une de ces firmes (Compagnie des Pieux Franki) que les fondations des pylônes du téléphérique de l'Exposition nationale Suisse de 1939, contemporaine de celle de Liège, avaient été établies. Elles étaient réalisées dans un terrain difficile, au bord du lac de Zurich, que le téléphérique devait franchir.

Egalement au Palais du Génie Civil, une maquette représentait l'application du procédé de congélation du sol au creusement des puits profonds de ventilation du tunnel pour véhicules sous l'Escaut, à Anvers. La Société Foraky qui a réalisé ce travail est aussi spécialiste de la consolidation et de l'imperméabilisation des terrains aquifères par la cimentation et la méthode chimique. La Société Franki exposait aussi le procédé d'injection de bitume pour les étanchements souterrains.

Tous ces procédés spéciaux soigneusement mis au point et dont les firmes belges ont effectué des applications nombreuses et couronnées de succès, conféraient à la participation nationale une valeur exceptionnelle, particulièrement adaptée au thème de l'Exposition et qu'il importait de mettre à l'honneur.

Dans un domaine moins en rapport direct avec l'eau, il importe aussi de signaler la remarquable participation des industries de la soudure, du coupage igné et de la construction soudée. Ces techniques, fort répandues chez nous, y ont même pris parfois un caractère d'avant-garde, et leurs applications aux éléments métalliques des ouvrages hydrauliques sont devenues tout à fait courantes et presque indispensables. Il en a été fait largement usage dans les travaux du Canal Albert, de la Meuse et des autres voies d'eau, pour les barrages, les écluses et les ponts.

Enfin, la QUATRIEME SECTION de la classe 16 devait mettre à l'honneur les entreprises de travaux publics qui peuvent s'enorgueillir à juste titre de récentes réalisations remarquables par leur ampleur inaccoutumée et leur exécution avec une maîtrise et un rythme tels qu'il serait profondément injuste de les dénigrer en raison de quelques accidents auxquels l'opinion publique a donné un écho exagéré. C'est le cas ou jamais d'affirmer que si la critique est aisée, l'art est difficile.

Par la nature des choses, le compte rendu de la participation belge à cette section a été détaillé à propos des classes précédentes (voir surtout les sections A et B de ce chapitre).

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