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Château de Chokier

Gian Giacom Barbiano, comte de Belgiojoso.

Jean Jacques Barbiano, comte de Bellejoyeuse (souverain bailly d'entre Sambre et Meuse)

Le grand dictionaire historique,
ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane

par Louis Moreri, 1740

JEAN JACQUES (GIAN GIACOMO) DE BARBIANO

Comte de Belgioioso, de Cunio & de Lugo, naquit en 1565, de Louis (Lodovico) de Barbiano Commandant de Navarre. Il s'exerça de bonne heure dans le métier des armes, & entra à l'âge de 15 ans au service d'Espagne dans la guerre qu'elle eut contre Antoine Roi de Portugal. Après avoir fait plusieurs voyages, il prit service dans les Païs Bas sous le Duc de Parme, & fut blessé dangereusement devant Berg op Zoom. Il accompagna le Duc en France dans son expédition pour le secours de la Ligue, et il fut fait alors général des troupes du Pape. Après le retour du Duc de Parme, il resta encore quelque temps auprès du Duc du Maine, aida à faire lever le siège de Rouen, & marcha au secours du Duc de Savoye. Etant rappelé dans les Païs-Bas, il donna d'éclatantes preuves de sa valeur à la prise de Cambrai, au secours jetés dans Dourlens qui était bloqué, à la défense de Nieuport, à la délivrance de Bois le Duc, & dans plusieurs autres occasions, & fut fait général de la cavalerie. En 1603, l'empereur Rodolphe le prit à son service, lui confiant le gouvernement de Caschau, et le commandement des troupes de la Haute Hongrie, ou il emporta plusieurs avantages sur les Turcs. mais il y fit de fort mauvais traitement aux Protestants, les dépouillant de leur Eglises et les faisant payer de grosses amendes. Dans la fuite, il maltraita la noblesse, et fit mourir de faim trois nobles, qui étaient accusé de sédition. Il s'acharna surtout contre le fameux Etienne Borschkay, de qui il extorqua une grosse somme d'argent. Par tous ces actes de sévérité, il fut cause qu'en 1604 plusieurs Grands de Hongrie & toute la Transsylvanie se détachèrent du parti de l'empereur. Il fut ensuite repoussé avec grande perte par Borschkay, perdi Caschau, & après s'être enfermé dans Zips, qui fut vigoureusement assiégée, il aurait été obligé de rendre cette forteresse; si elle n'eut été secourue par Georges Basta. Après cela il se rendit à Prague auprès de l'Empereur, mais il eut là quelque démêlés avec le Général Rusworm qui l'accusait de l'avoir calomnié & mis à mal dans l'esprit de S. M. Impériale. Cela alla si loin que ce général tua François de Barbiano frère de celui qui fait la matière de cet article & Colonel au service de l'Empereur. Barbiano poussa cette affaire si vivement, qu'il en coûta la vie à Rusworm (1). mais comme il n'était pas de bon oeil à cause de la révolte des Transsylvanien, & qu'on jugea qu'il serait inutile en Hongrie à cause de la haine que les Protestants avaient contre lui, il demanda sa démission, & retourna dans les Païs-Bas, où le roi d'Espagne lui confia le gouvernement de tout le pays qui est entre Sambre et Meuse. Depuis ce temps là, il se tint presque toujours à Liège, où il épousa une femme riche. Il mourut en 1626, sans laisser d'héritiers.

Gr. Dict. Univ. Holl. Morigius, Della Nobili di Milano, l4 c 22. Gualdus, de vira & factis clar. Viror De Thou , l. 131. 133. Imhof, Corpus geneal Hist. Ital. & Hispan.


(1) Le maréchal autrichien Russwurm, général de réputation, qui avait rendu à l'empereur les services les plus éminents dans la guerre contre les Turcs, étant à Prague, se prit de querelle avec le frère du comte Belgiojoso, qui avait été forcé, à cause de ses crimes, de fuir Milan, où sa tête était mise à prix, pour 1200 couronnes. Russworm blessa mortellement, dans une rencontre son agresseur, qui fut achevé par un Italien, poussé par le désir de recevoir la récompense promise. L'Empereur fit poursuivre le maréchal pour ce meurtre, et le fit exécuter avec la plus grande précipitation; le véritable motif de cette exécution se trouve expliqué ici, pour la première fois. On voit que l'empereur se défit de Russwurm, parce qu'il le soupçonnait de travailler à l'élection du Duc de Bavière. On avait jusqu'ici, imputé sa mort aux intrigues de ses ennemis personnels. (Voyer Kheveshuller, Annales Ferdinandei, tom. VI, anno 1605.)

Note extraite de Correspondance inédite de Henri IV, roi de France et de Navarre, avec Maurice le savant du Landgrave de Hesse, par Christoph von Rommel, Paris, 1840.

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