La Cité, de son côté, possédait sa maison officielle: la Violette, située sur le côté méridional de la place du Marché. Il y avait longtemps que la maison communale était là; lors du sac de Liège par Charles le Téméraire, en 1468, l'ancien édifice avait été démoli. Quelques années plus tard, on en commença un nouveau, en style gothique tertiaire, qui, en 1480, avait été poussé jusqu'au-dessus des fenêtres du rez-de-chaussée. A cette époque, les guerres civiles, la misère du temps ne permirent pas de poursuivre l'oeuvre commencée, et l'on se vit obligé d'achever l'édifice par des étages en charpentage, construction provisoire, comme le dit Philippe de Hurges, qui tenait sans doute cette opinion des Liégeois eux-mêmes. Dans les temps qui suivirent, le manque de ressources, empêcha le remplacement des étages en charpentage par une construction en matériaux durs et, à la fin du règne d'Ernest de Bavière, on se contenta de restaurer la Violette. La façade en fut peinte en vert, couleur traditionnelle, on la décora de blasons, de l'aigle impériale et de l'aigle liégeoise, je pense, de devises, et l'on plaça, au sommet du perron ou escalier de la façade, un dais de cuivre soutenu par les statues, en cuivre, de Saint-Lambert et Notre Dame, C’était du haut de ce perron de la Violette que se faisaient les proclamations légales, précédées d'un triple appel de trompettes et qu'on nommait, pour celà, cris du Perron. Peu monumentale, ressemblant, selon Philippe de Hurges, à une auberge allemande, la Violette ne laissait pas d'être pittoresque et s'harmonisait à merveille, à cette époque, avec les vieilles maisons du Marché, telles que les figure Harrewyn aux deux côtés de Saint-André.
Je ne me hasarderai pas à parler de ce qu'était, à l'intérieur ou par derrière, ce bâtiment: il a été brûlé par le bombardement exécuté par Boufflers, et nous n'en avons comme souvenir qu'un croquis à la plume fait par le héraut d'armes Abry.
E. POLAIN, La vie à Liège sous Ernest de Bavière
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