Aller à la citation
La province de Liège offre des visages multiples, aussi attachants les uns que les autres.
Toute la rive gauche de la Meuse est occupée par la Hesbaye, immense plateau couvert de betteraves sucrières et de riches moissons, de villages gris et de fermes opulentes. Entre la Meuse, le Namurois et l'Ardenne, le Condroz aux grosses fermes fortifiées, pratique surtout l'élevage.
L'industrie a défiguré la vallée mosane, en amont et en aval de la cité. Au soir tombant, du haut des hauteurs qui l'enserrent, le paysage prend un visage particulièrement tragique. Des milliers de points lumineux parsèment cette vaste région chaotique qu'enlaidissent les innombrables usines bruyantes et poussiéreuses, et les cités ouvrières blotties au pied des pyramides sorties des entrailles de la terre. D'une forêt de cheminées surgissent ca et là les lueurs de l'incendie allumé dans les fours à coke et les fourneaux.
Au Nord, entre la Meuse et la Vesdre, une région herbagère et fruitière: le Pays de Herve.
En Ardenne liégeoise, nous admirons des beautés naturelles le long de l'Ourthe et de ses affluents: rivières claires et poissonneuses reflétant les cimes bleutées des forêts, se frayant un chemin parmi les massifs rocheux, disparaissant en chantoirs, créant de merveilleux palais souterrains.
Plus haut, la Fagne déserte et inculte, tragique et émouvante, a aussi ses fervents.
Au centre de l'écrin, fine et belle, la vaillante et glorieuse cité de Saint Lambert.
Les voyageurs se bornent généralement à visiter les bonnes villes, leurs trésors architecturaux et plastiques, leurs musées; à remonter la Vesdre et à descendre l'Amblève et l'Ourthe. La province de Liège offre cependant d'autres éléments d'intérêt. Nous partirons aujourd'hui à la découverte des châteaux éparpillés dans toute la province. Nous irons non seulement en Hesbaye et dans le Condroz, mais encore dans le Pays de Herve, dans les cantons rédimés, le long de la Meuse et de ses affluents.
Comme il sera beaucoup question d'Histoire dans les pages qui vont suivre, jetons un coup d'oeil sur une carte du début du XVIIIe siècle.
La Principauté de Liège englobe non seulement une grande partie de l'actuelle province de Liège mais encore la presque totalité de la province de Limbourg (comté de Looz), une partie notable de l'actuelle province de Namur et une portion du Hainaut.
Dés le Xe siècle, le prince-évêque de Liège s'efforce d'agrandir ses possessions territoriales afin d'assurer son indépendance et de pouvoir défendre ses positions stratégiques. Sous Notger, la Principauté s'accroît du comté de Huy (985) et du comté de Burgeron (987) qui entourait Landen. En 1014, de la terre de Franchimont avec ses trois bancs de Verviers, de Theux et de Spa; marquisat en 1550 seulement. En I040, du comté d'Haspinga région de Waremme). En 1153, du comté de Duras. En 1227, à la suite de la victoire de Steppes, elle reçoit le comté de Moha. En 1361, elle annexe l'important comté de Looz. Sur les armoiries de la province de Liège qui sont celles de l'ancienne Principauté, on remarque entre les armes de Franchimont (d'argent à trois lions de sinople) et les armes de Looz (burelé d'or et d'argent de dix pièces), celles du comté de Hornes acheté par le Prince-Evêque de Liège en 1568.
Le Pays de Herve, la région d'Eupen et une partie des Ardennes liégeoises, forment le Duché de Limbourg, brabançon depuis 1288, et dont la capitale est la petite ville de Limbourg sur la Vesdre.
Une autre principauté indépendante, celle de Stavelot-Malmédy, s'étend le long de l'Amblève et de l'Ourthe. Ses armes portent à dextre de Stavelot, à senestre de Malmédy, en pointe de Logne.
L'abbé de Stavelot n'est comte de Logne que depuis 1552. Cet important comté comprenait quatre quartiers: Hamoir, Ocquier, Comblain au Pont, Louveigné.
Ajoutez à cela les enclaves. C'est ainsi qu'aux portes de Liège, Herstal est au duc de Brabant, Argenteau relève d'Anvers, Sclessin dépend de Stavelot. Comme on le voit, l'actuelle province de Liège formait un curieux kaléidoscope.
Vint la Révolution qui balaya toutes les subdivisions en les réunissant dans le département de l'Ourthe.
Après 1830, la Prusse nous ravit les cantons d'Eupen, Malmédy, Saint Vith, mais ils nous seront rétrocédés au traité de Versailles.
* * *
Nous visiterons successivement la Hesbaye, le Condroz, la Haute et la Basse Meuse, le Pays de Herve. Nous suivrons ensuite lés vallées de la Vesdre, de l'Amblève et de l'Ourthe.
* * *
LA HESBAYE.
Remontant la Légia, nous gagnons Ans qui a conservé ses moulins. Sur le plateau, nous ouvrons la porte de la Hesbaye en même temps que nous en atteignons le point culminant (182 m. d'altitude). C'est de la haute tour du château de WAROUX à Alleur que nous aurons la meilleure vue d'ensemble sur la plantureuse Hesbaye dont la population était déjà très dense huit mille ans avant notre ère. Immense plateau ondulé, « mer d'or du sein de laquelle les villages émergent comme des îles d'émeraude », c'est au cours des chaudes journées de juillet que nous découvrons le mieux son charme austère.
Certain jour de l'an de grâce 1298, on célébra à Alleur le mariage d'Adoule et d'Hanneceau, malgré l'opposition du sire d'Awans. Ce mariage déchaîna la terrible guerre des Awans et des Waroux, qui décima la noblesse hesbignonne. Le 28 juillet 1347, le Prince-Évêque La Marck et les Liégeois y signent la Paix.
Le château fut la propriété des Clercx de Waroux (1800 à 1904) successeurs des de Mérode (depuis environ 1525). De nos jours, il appartient à Madame la baronne Everard de Harzir. C'est un des rares châteaux féodaux du pays de Liege. Il est de forme circulaire et possède encore sa poterne d'entrée et son donjon carré surmonté d'une flèche élancée. Le château de WAROUX a subi de nombreux sièges et a joué un rôle important dans l'Histoire liégeoise.
A Alleur, il existe encore un château au hameau de HOMBROUX. Son châtelain le plus original fut certes Wathy de Hombroux, sénéchal du pont d'Amercoeur qui, au milieu du XIVe siècle, plutôt que de payer la dîme préféra céder un dixième de ses terres à l'église. Il paraît que ce dixième resta fort longtemps en friche.
A droite de la chaussée Liège-Saint Trond, et jusqu'au Geer bruissant de peupliers, s'étend une région où l'on tresse la paille blanche d'épeautre. C'est une succession de paisibles villages possédant chacun un ou plusieurs château: Odeur, Villers l'Évêque, Xhendremael, Fexhe-Slins, Roclenge sur Geer, Glons (château SAINT LAURENT) que connaissent bien les Liégeois. Le château d'OTHEE bâti par Guillaume de la Marck de 1595 à 1631 reçut sa décoration intérieure dans le dernier tiers du XVIIIe siècle.
Tout près de WAROUX, un château aux quatre tours carrées à flèche uniforme, BIERSET, datant du début du XVIIIe siècle. L'intérieur, meublé avec goût, mérite une visite. Plus loin, le château de FRELOUX aux deux tours carrées encadrant le vaste corps de logis, propriété des de Bex de 1603 à 1792. Tout au bout de la province, Lens sur Geer dont l'église du Xe siècle possède une tour massive aussi large que le corps du temple.
Si les environs de Waremme manquent de pittoresque, ils ont néanmoins trouvé leur chantre en Hubert Stiernet. Qui ne se souvient de « Haute Plaine » et d'autres excellents contes inspirés par la Hesbaye. Le château des Sélys-Longchamps à Waremme, est un ensemble de style empire orné d'un péristyle et d'un attique. Il s'y trouve une terre cuite de Ruxthiel, copie réduite de l'Hermaphrodite Borghése du Louvre.
Le seul nom de BERLO évoque les pages les plus glorieuses de l'histoire liégeoise. La plupart des membres de cette illustre famille ont occupé les plus hautes charges et ont joué un rôle essentiel dans les affaires du Pays de Liège. Le nom de BERLO s'éteignit en 1855 par le décès, au château de BERLO de la baronne de Tornaco. La comtesse de Westerholt-de-Renesse propriétaire actuelle, descend de cette célèbre Maison mais par la voie maternelle. BERLO fut d'abord une imposante forteresse entourée de fossés pleins d'eau, bâtie au XIIe siècle et démolie au XVIIIe siècle. Le château actuel, précédé d'un magnifique vivier, comprend un bâtiment parallélipédique (1710) auquel furent ajoutés en 1765, deux bâtiments plus élevés avec toits à la Mansard formant marteau. Derrière le château, l'église où, sous le choeur, reposent les BERLO. Au milieu de la cour de la ferme castrale (1617), un donjon qui ne date que de la moitié du siècle dernier.
Le château de BOELHE est un ensemble quadrangulaire d'où émerge une tour coiffée d'une toiture bulbeuse. L'ancien château fortifié fut modernisé vers 1779; c'est de cette époque que date la série des toiles peintes formant tapisserie du salon.
Du château-fort d'HANNUT, réputé imprenable (château à trois tour où logea le duc d'Albe en 1578), il ne reste que des débris.
Revenons aux sources du Geer, à Hollogne, où subsistent quelques vestiges de l'ancien château: une tour ronde, des dépendances et l'ancien moulin seigneurial.
Omal, sur la chaussée romaine Bavay- Tongres, présente outre cinq tumuli, un château en ruines et dans l'église d'intéressantes pierres tombales des d'Oumal et des Thiriou.
Le château de SAIVES, à Celles-lez-Waremme, date de 1748. Lambert van den Steen en ordonna la reconstruction. Son homonyme, chanoine d'Amay, fit refaire la chapelle castrale en 1754.
Les Waleffes sont deux paroisses: Saint Georges qui relevait de la Principauté de Liège, et Saint Pierre dépendance de la Principauté de Stavelot. Un gros tumulus occupe le centre de Waleffe Saint Georges, village natal d'Hubert Krains qui décrivit la Hesbaye avec une tendresse frémissante dans « Figures du Pays » et « Pain Noir'». Le château a disparu; il avait été rebâti à différentes reprises notamment après la bataille des Waleffes (20 juillet 1347) ou Englebert de La Mark, allié occasionnel du duc de Brabant, écrasa les milices liégeoises. Le duc de Brabant fit néanmoins raser le château malgré les supplications du Prince-Evêque. A l'autre bout de Waleffe Saint Pierre, un parc enchanteur encadre le château de Potesta. C'est une construction mansardée se prolongeant en deux séries de dépendances moins élevées, disposées perpendiculairement au château. Marguerite de Alajon, seconde femme de Pierre Curtius et mère de l'écrivain, le fit bâtir en 1661. Blaise Henri de Corte, baron de Waleffe, aimait s'y retirer pour écrire. Le poète descendait de Jean Curtius, le célèbre munitionnaire des armées espagnoles, protecteur des arts, qui avait été anobli par lettres patentes du 29 décembre 1628, conservées au château. La famille de Potesta, chatelaine depuis 1766, continue à 1'embellir en y rassemblant de précieuses oeuvres d'art.
Un autre bâtiment rectangulaire jouxtant le premier pourrait s'appeler « le château ancien ». Percé de fenêtres à meneaux et d'un porche à plein cintre, il est accolé à une tour circulaire à toit conique qu'un poète a très justement comparé à un cierge.
Voisinant le château, la vieille ferme Saint Pierre qui, chose étonnante, n'est point castrale. Elle eut d'ailleurs toujours des propriétaires différents de ceux du château. On y voit une porte à cintre surbaissé, couronnée de deux blasons et surtout une remarquable cheminée ancienne (XIVe siècle) dont le vaste linteau porte les armes de Bellefroid (à g.), d'Awans (à dr.) et du Prince-Evêque de La Marck avec texte, couronne et chapeau au centre.
Il y a encore au hameau de Henriquette, une intéressante construction restaurée en 1840, appartenant aux de Woot de Trixhe qui y ont rassemblé des collections remarquables.
Comme le château appartint aux Hemricourt aux XVIIe et XVIIIe siècles, le propriétaire actuel a eu l'idée de faire encastrer dans le mur deux pierres tombales provenant de l'hôtel d'Hemricourt à Liège.
Il existe un troisième Waleffe: VIEUX WALEFFE, qui possède un château entouré d'un parc bien ombragé. Les anciens seigneurs ont établi leur nécropole le long de la route qui mène à Fallais, dans une émouvante chapelle isolée qu'ombragent les tilleuls.
A Fallais, nous découvrons la Méhaigne, charmante et capricieuse, qui nous vient de Meux dans le Namurois. Les castels de WASSEIGES (rectangulaire avec attique), d'AVIN, de MOXHE, de BRAIVES, se sont mirés dans ses eaux paresseuses avant qu'elles ne baignent les tours du château féodal de FALLAIS qui n'en possède plus que trois, la quatrième ayant été rasée par ordre de Louis XIV, hôte de Fallais en 1675.Louis XI et Charles le Téméraire y vinrent ensemble le 25 octobre 1468. Le Brabant et le Liège se disputèrent cette importante forteresse où l'on avait le droit de battre monnaie dans une des tours. De nos jours, le château est la propriété d'une société d'assurances qui y a installé un centre d'accueil où les vieux travailleurs finissent leurs jours dans la quiétude.
Le vieux château de WARNANT-DREYE est à l'origine de la célèbre Maison d'Oultremont. Les membres de la famille Warnant qui s'étaient le plus distingués dans les guerres du Milanais, « oultre les monts », au milieu du XIIe siècle, prirent le nom d' « Oultremont ». Le « chestial » féodal de Warnant-Dreye se complétait de sept fortifications dont il reste des vestiges entre autres la tour de Narméa et le château-ferme de Chantraine. Détruit par les croates de Jean de Weert au cours de la guerre de Trente ans, le château de Warnant fut réédifié en 1649. Inhabité, bien qu'il soit demeuré en excellent état, le château appartient toujours à la famile d'Oultremont. Plus loin on remarque l'importante ferme de Hinnisdael.
Le château de FUMAL, bâti en moellons du pays, s'abrite contre le massif donjon carré à toiture bulbeuse.
La Méhaigne, de plus en plus pittoresque, nous entraîne à Huccorgne aux maisons étagées sur le penchant de la colline. Nous ne pouvons omettre les ruines du château-fort de Fasseroule et le pittoresque manoir de Famelette où Edmond Picard écrivit plusieurs de ses oeuvres.
La Méhaigne s'engage maintenant entre les rochers abrupts dont l'un est couronné par les ruines toutes blanches du château de MOHA: donjon en nid d'hirondelle d'où l'on détaille un très vaste panorama, quelques murs, des souterrains, un puits très profond alimenté par les eaux de la Méhaigne. Ces ruines sont la propriété de l'État depuis 1889. Centre d'un important comté de 52 villages qui fut l'apanage des Dasbourg, des d'Alsace, des de Flandre,... Moha fut détruit par les Hutois en 1376. La remarquable chapelle Sainte Gertrude a subsisté jusqu'en 1804.
De la terrasse du château moderne de VINALMONT, on jouit d'un vaste panorama de la région hutoise. Une route secondaire relie Vinalmont à Seraing-le-Château en passant par Fize-Fontaine et par Chapon-Seraing. Contrairement à ce que l'on pense généralement, le château de SERAING, d'aspect moyennageux, avec fenêtres à meneaux, est un château moderne rebâti vers 1870. Il fut aux d'Oultremont (XVe siècle), aux La Marck (du milieu du XVe siècle à 1812), de nouveau aux d'Oultremont, puis aux Hamal et Radzitzky d'Ostrowick.
Le pittoresque château de Donceel, aux Chestret de Haneffe, est une ancienne grosse ferme agrandie et transformée en château de style Louis XV. Le moulin Bertrand à Donceel est le dernier moulin à vent de la province de Liège.
A Verlaine, le château d'ODOUMONT est flanqué de deux tours carrées.
A Jehay Bodegnée, petit village agreste, surgit des eaux un des châteaux les plus originaux de Belgique. On y retrouve le domaine seigneurial complet tel qu'il existait au XVIe siècle, le tout bâti sur pilotis. Le château se pare de façades et de tours en damier qui lui donnent un aspect pittoresque et tout à fait caractéristique. Très pittoresque aussi est le pavillon d'entrée coiffé d'un bulbe octogonal (XVIe siècle), postérieur au château. La façade qui donne sur la cour d'honneur est une réussite du style Renaissance mosane. Les châtelains de Jehay reposent dans la chapelle castrale bâtie sur un îlot relié au château. Son desservant portait le titre de recteur, pas moins! On a gardé le souvenir d'Arnould de Jehain, châtelain de Jehay au temps de la guerre des Awans et des Waroux, ennemi acharné de ces derniers, seigneur pillard et incendiaire qui, ne pouvant brûler le sire de Fize, n'hésita pas à l'enterrer vif. Wathier Datin, sire de Jeneffe et chatelain de Jehay, célèbre démagogue liégeois, banni de la Cité en 1428, vit ses biens confisqués et remis à Gérard Gossuin dit de Beyne. Jehay passa à son gendre Quentin de Towin puis, par héritage, à Marguerite de Falloux et à Jehan Helmant du Sart (fin XVe siècle) qui rebâtit le château. Par alliance toujours, il est aux de Mérode (1498 à 1680) qui achèvent la construction du château, embellissent le domaine et donnent à Jehay son aspect actuel.
Warfusée, commune de Saint Georges sur Meuse est un des plus beaux domaines du pays de Liège. Depuis 1703, il est l'apanage de la célèbre famille d'Oultremont dont la filiation ne s'est pas interrompue depuis le XIVe siècle. Il appartint longtemps à la puissante famille du nom de Warfusée. Par une chaude journée d'été, on vit s'arrêter un jeune chevalier devant le château de Warfusée, il s'appelait Raes à la Barbe, comte de Dammartin, et il aimait la vie errante. Au même moment une ravissante fille, Alice, sortait de la chapelle castrale. Alice de Warfusée, car elle était jeune fille du sire de Warfusée, sourit au chevalier qui sauta bas de sa monture pour aller présenter ses hommages à la gente dame. Le chevalier ne retourna plus au doux pays de France... et c'est ainsi que Warfusée fut aux comtes de Dammartin puis, en 1525, à Jehan de Trazegnies. Marie-Isabelle de Bavière-Schlagen, épouse de Jean François d'Oultremont, l'acheta en 1670 aux comtes de Renesse, chatelains de Warfusée depuis le début du XVIIe siècle. De nombreux membres de l'illustre maison d'Oultremont ont rendu d'importants services au Pays de Liège et à la Belgique.
Tout près de Warfusée, au milieu de cent hectares de terres le château d'OULHAYE ne manque pas d'intérêt. Château-fort entouré d'eau, il possédait deux grosses tours et trois plus petites, meurtrières, chapelle castrale (disparue aujourd'hui). Ce château a subi diverses transformations afin de le rendre habitable, surtout au XVIIme siècle. Monsieur le comte M. de Minette d'Oulhaye en est le propriétaire.
Il y avait autrefois deux Awirs: le village qui porte ce nom et Awir Notre Dame qui a troqué le sien contre celui de Gleixhe. Bâti sur un rocher très élevé, quasi inaccessible, Aigremont évoque bien le nid d'aigles des temps moyenâgeux. Un étroit sentier caché dans les végétations prend naissance au ruisseau des Awirs et grimpe au château d'où l'on jouit d'un point de vue unique sur la vallée de la Meuse. Les chansons de geste nous racontent comment Charlemagne envoya son fils Lothier et cent chevaliers pour mettre à la raison Beuve sire d'Aigremont, qui n'avait point satisfait à ses obligations militaires vis- à-vis de l'Empereur. Ne pouvant réduire cette forteresse imprenable, ils demandèrent à parlementer. Ils pénétrèrent au château où une mêlée terrible s'ensuivit. Seuls survécurent dix chevaliers chargés de rapporter le corps de son fils à Charlemagne qui se trouvait à Paris. Le sire d'Aigremont périt peu après sous les coups du traitre Gamelom.
Le Prince-évêque Louis de Bourbon détruisit le château féodal d'Aigremont où le sanglier des Ardennes et ses marcassins s'étaient retirés. Reconstruit une nouvelle fois, il fut aux mains des La Marck jusqu'en 1583 puis passa aux Ligne. Aigremont fut refait une quatrième fois par les Clercx dans la première moitié du XVIIIe siècle, famille qui le possède toujours.
De la cour du château d'Aigremont, on découvre, isolé sur un autre rocher, le château de HAUTEPENNE, commune de Gleixhe. C'est un ensemble de constructions d'époques différentes d'aspect pittoresque. La haute tour munie d'une espèce de minaret n'est pas la moins curieuse. Marguerite de Waroux ayant forfait à l'Évêque de Liège, perdit sa seigneurie de Hautepenne en 1409.
Hautepenne fut aux Berlaymont de 1409 à 1653, année où Marie de Berlaymont l'offrit à son fils le comte Philippe d'Egmont, prince de Gane, puis aux d'Arenberg (1752- 1892).
Il y a trois châteaux à HORION-HOZEMONT: FONTAINE, HORION et LEXHY. Le château féodal d'Horion entouré d'eau, ne comprend pas moins de trois grosses tours rondes en pierre se terminant en lanternes. Les tours occupent les extrémités et le point de jonction des deux ailes perpendiculaires constituant le château (avant corps) avec fronton aux armes des Grathy.
Le château de LEXHY, terminé en 1851, renferme de très intéressantes collections appartenant au comte de Borchgrave d'Altena. De la tourelle dominant les bâtiments on a de fort jolies vues sur le domaine et sur la vielle ferme contiguë (XVIIeXVIIIe siècles).
Il ne subsiste plus rien du château d'HOZEMONT qu'habitèrent les Berlo du XVe siècle à la Révolution.
Il y a lieu de citer le château d'HOLLOGNE-aux-PIERRES en Louis XII liégeois. Il y a encore le château de COURTEJOIE (1653) à Grace Berleur (en ruines) et celui de LONCIN.
LE CONDROZ.
A la fois sur l'Ourthe et sur la Meuse, Angleur, berceau de l'industrie du zinc, est encore un village forestier. Village très ancien, cité comme bien de l'abbaye de Saint Remy à Reims en 847, il a conservé la ferme où fut signée la Paix d'Angleur en 1313.
En face, une grande bâtisse de la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec fronton armorié, connue sous le nom de Château NAGELMACKERS ou de FRAIPONT. L'Hôtel de ville y a installé ses services depuis la destruction du château de KINKEMPOIS. Car le guerre a mutilé Angleur comme toutes les autres communes de la banlieue liégeoise. L'Hôtel de Ville sera néanmoins reconstruit dans son état primitif et les promeneurs du bois de Kinkempois auront encore la joie d'entendre la délicieuse mélodie de Raynaldo Hahn détaillée par le carillon de l'Hôtel de Ville.
Le château était une harmonieuse construction parallélipédique du XVIIIe siècle bâtie en briques avec encadrements de pierres de taille, entouré d'eau. Le château fut restauré en 1885 à la suite d'un incendie et en 1935, lors de son aménagement en Hôtel Communal. C'est de cette seconde restauration que date le campanile abritant le carillon et l'horloge.
Il y eut d'abord en cet endroit, une demeure fortifiée tenue en fief du Prince-Evêque de Liège. On a conservé les noms de Raes de Haccourt et de Gérard de Berghes, châtelains au XIVe siècle; de Jean de Grimberghe, seigneur d'Assche et de Guillaume de Momalle, sire d'Emptinnes au XVe siècle. Le 7 juillet 1457, l'abbaye liégeoise de Saint Laurent achète la haute vouerie d'Angleur et conserve le château jusqu'à la Révolution. Vendu aux Desoer comme bien national en 1796, il passe successivement aux mains du vicomte de Clérembault, de la marquise de Péralta qui y meurt en 1919, des Gontault-Biron.
A l'intérieur du château, on trouvait plusieurs éléments intéressants, entre autres une superbe cheminée au décor de feuilles et de fruits sculptée en plein bois et, dans la chapelle désaffectée construite en hors-d'oeuvre, des pierres sculptées du XIVe siècle.
Parmi les célébrités qui ont séjourné au château, on cite le maréchal Turenne, Ferdinand de Lesseps, l'infante Eulalie. Les touristes se souviennent qu'un théâtre de verdure pouvant contenir trois mille spectateurs avait été aménagé dans les jardins et qu'on y donna d'excellentes représentations.
La route du Condroz s'amorce près du château PERALTA, passe par Plainevaux dont le château n'offre guère d'intérêt, et rejoint La Neuville. Le domaine de Tornaco (700 hectares) avait pu être maintenu intact jusqu'à ces dernières années. Si vous allez à la Neuville, vous assisterez le coeur serré, à l'anéantissement d'un des beaux domaines condruziens. Les arbres superbes se transformeront sous vos yeux en une multitude de traverses de chemin de fer prêtes à l'usage. On redoute un sort semblable pour le château qui, bien qu'inhabité depuis longtemps, est encore en excellent état et mérite d'être sauvegardé. De belles allées mènent au château entouré d'eau, relié par des ponts à deux arches au parc, aux beaux jardins et à un ensemble de dépendances situées du côté droit.
La demeure féodale qu'habitèrent les Dammartin-Warfusée (XIVe siècle) et les Warnant, fut modernisée par les Lannoy-Clervaux au XVIIIe siècle. Le comte de Tornaco en fut le dernier châtelain.
Dans le village, château-ferme « La Maison Rouge », très intéressante construction du XVIe siècle précédée d'eau.
Le long de la route Liège - Marche, s'égrène toute une série de belles demeures: châteaux de la COSTERIE et d'ENGIHOUL à Ehein, d'YERNÉE et de FRAINEUX, de la TOUR aux BOIS à Villers le Temple, de SOHEIT (aux marquis Imperiali) et de TINLO, de CLAVIER, de BOIS BORSU, sans oublier cette remarquable eglise de Saint Séverin en Condroz qui nous rappelle Cluny.
La gendarmerie de Fraiture est un ancien château féodal que l'on peut dater du XIVe siècle. La région que nous parcourons en ce moment est riche en vieilles fermes fortifiées flanquées d'un donjon quadrangulaire fort impressionnant.
La principale curiosité de Fraiture, c'est son beau château de style Louis XVI malheureusement inhabité et vidé de ses collections. Le domaine proprement dit a subi d'irréparables outrages. La S. A. d'Ougrée-Marihaye, propriétaire actuel, se propose d'y installer ses oeuvres sociales.
Tavier n'est pas loin. Le château de XHOS, demeure très agréable à habiter, fut aux Brialmont dès 1574, puis aux de Glimes, au baron de Méan, et enfin aux d'Oultremont. Il se compose d'un bâtiment en moellons gris brun, se prolongeant en ailes formant cour. La décoration intérieure d'époque Empire, les meubles liégeois, les cheminées gothiques provenant de fermes environnantes, un buste du Prince-Evêque d'Oultremont signé Evrard (1763), retiendront l'attention. Le PETIT XHOS vous ravira avec ses vieux arbres, sa roseraie, ses toiles d'Ertuick (1740) et sa galerie de tableaux (peintres belges anciens et modernes).
Au milieu du village d'Anthisnes prés Nandrin, un ensemble de tours et de hautes murailles ne peut manquer de retenir l'attention La route sépare la « Ville » du « Gouvernement », autrement dit, la ferme seigneuriale du château de l'avoué (XIIIe, XVIIe, XVIIIe siècles), car la seigneurie d'Anthisnes, seigneurie ecclésiastique, avait des avoués, administrateurs laïcs qui rendaient aussi la justice. Propriété des bénédictins de Waulsort au Xe siècle, Anthisnes fut cédé en 1660 à l'abbaye Saint Laurent de Liège qui le conserva jusqu'à la Révolution.
A Anthisnes, il y a encore un château de VIEN (XIXe siècle) et un château moderne avec bulbe à Ouhar.
Revenons à Tinlot, dont le château très ancien flanqué de tours, a subi des transformations malencontreuses. Le parc est fort beau.
Derrière Tinlot, à demi caché par de hauts arbres, le vieux château féodal d'ABÉE. Nous nous rapprochons et nous distinguons le donjon a clocheton (XVIIe siècle), le corps de logis de la même époque et, un peu plus loin, le donjon carré à toit pointu du XIIe siècle. Un avis affiche sous la poterne nous informe que le château est un monument historique et que I entrée en est rigoureusement interdite. Franchissons néanmoins la poterne et détaillons à droite et à gauche les bâtiments de la ferme. En face, un pont jeté sur les fossés donne accès au château.
Le château d'ABÉE-SCRY très ancien, était le siège de l'importante seigneurie liégeoise d'Abée. Il ne connut que quatre familles seigneuriales: les Abée (portant fleurs de lys) jusque vers 1350, puis les Blehen (1350-1565), les Eynatten (1565-1758). En 1758, le baron d Eynatten légua ses biens par testament au comte Maximilien Henri de Horion grand prévôt de Saint Lambert.
Nous nous arrêterons plus longuement dans le vaste village de Clavier, un des principaux bourgs du Condroz. On n'y compte pas moins de cinq châteaux intéressants, les ruines d'un château moyenâgeux: SURVILLERS, un vieux puits, la fameuse pierre aux loups et un moulin ravis
Au hameau de Vervoz, existent un élégant castel et une jolie chapelle seigneuriale dédiée à Saint Hubert, propriétés du baron de Tornaco qui a choisi l'écrivain Abel Lurkin comme régisseur.
Au hameau d'Atrin, un château moderne et au hameau de Ponthoz, le château de la famille des comtes van der Straeten.
A Clavier toujours, mais à l'autre bout du village, le remarquable domaine d'Ochain comprenant un spacieux château abritant de riches collections, une grande pièce d'eau, des bois aux arbres remarquables, de jolies charmilles.
Une splendide allée (drève) de hêtres de 40 mètres de largeur, toute droite, relie le parc au hameau de Pair où se trouve un autre château.
Ochain fut, pendant plus de quatre siècles, l'apanage de l'illustre maison d'Argenteau, très ancienne famille liégeoise descendant des ducs de Limbourg qui prétendaient provenir d'un preux de Charlemagne. Le château appartint d'abord à la famille qui portait le nom d'Ochain, chevaliers célèbres par leur loyauté et leur courage, entre autres à Wathy d'Ochain qui mourut glorieusement devant Grenade en 1321. La seigneurie d'Ochain, relevant féodalement du comté de Montaigu, fut achetée le 15 janvier 1461 par Guillaume d'Argenteau, seigneur d'Outrelawe à Berneau, pour la somme de 6.ooo florins du Rhin. En 1467, il donne l'hospitalité au célèbre Raes de Heers fuyant la cité meurtrie. Parmi les membres de cette illustre famille, Jean d'Argenteau Ochain, un des premiers signataires du compromis des Nobles, fut banni; Eugène de Mercy-Argenteau (1741-1819), stratège malheureux, fut feld-maréchal au service de l'Autriche; Charles Joseph d'Argenteau Ochain (1787-1879), colonel au 8e Hussard, décoré par l'Empereur sur le champ de bataille d'Hanau, perdit sa fiancée (une de la Tour d'Auvergne) la veille de son mariage. Inconsolable, il prend les ordres, devient archévêque in partibus de Tyrr, nonce à Munich, et se retire finalement aux Bénédictines de Liège où il meurt. Il repose sous un monument funéraire à l'église de Clavier. Cette famille de Mercy-Argenteau s'est éteinte en la personne de la mère du propriétaire actuel, le comte de Pimodan.
La ferme-château de HOMBROUX à Bois-Borsu sur la route de Marche, est dominée par une massive tour carrée à clocheton et girouette datant du XVe siècle.
Un magnifique panorama du Condroz s'étale sous nos yeux. Le Hoyoux nous attend aux Avins et nous conduira d'enchantement en enchantement jusqu'à Huy. Et déjà il nous entraîne par Petit Modave (dont le château-ferme a été démoli inutilement en 1941) dans le merveilleux parc du château de MODAVE.
Le château offre cette particularité qu'il présente un visage différent selon qu'on l'aborde du plateau ou du parc. Bâti sur un rocher, son imposante masse de pierres blanches surplombe de 57 mètres la vallée du Hoyoux. On y distingue une partie plus ancienne, reste du château brûlé par les Chiroux en 1649 incorporé au vaste château rebâti par Jean Gaspard de Marchin de 1659 à 1666.
Contrairement à ce qu'on affirme généralement, Jean Goujon n'a pu donner les plans de Modave car il était décédé depuis trois quarts de siècle.
Figure attachante que ce Monsieur de Marchin; grand homme de guerre, compagnon et ami de Condé, son mariage (165I) avec Marie de Balzac d'Entragues fille du marquis de Clermont, l'avait mis à la tête d'une belle fortune. Si la bravoure de Marchin ne fut jamais mise en doute, il n'en fut point de même pour la noblesse de ses origines; Saint Simon écrira qu'il était « un liégeois de peu de chose ». Piqué au vif, Marchin demanda à Albert de Launay d'établir sa généalogie. Dressée d'une manière un peu trop intéressée, c'est celle qui se révèle à vous aussitôt franchie la Porte d'entrée du château. Comme tout grand seigneur de son temps, Marchin voulut un mausolée digne de son nom dans l'église de sa seigneurie. Il en confia l'exécution à Luc Faid'Herbe. Les superbes gisants en marbre blanc de Carrare sont dans le faux transept droit aménagé en chapelle seigneuriale.
Une belle allée d'un kilomètre relie le fastueux château à l'église et au village qui a gardé la charmante rusticité d'autrefois. Le monument funéraire qui occupe le transept nord du sanctuaire est celui du baron Arnold de Ville, décédé en 1722. C'est lui qui fit établir par Rennekin Sualem la célebre machine hydraulique destinée à élever les eaux du Hoyoux au château. Cette célèbre invention, appliquée à très grande échelle à Versailles, est connue sous le nom de « machine de Marly ». Le baron de Ville négocia cette importante affaire au détriment de Sualem, le véritable inventeur.
Le constructeur du château laissa un fils, Ferdinand de Marchin, maréchal de France mort au combat devant Turin en 1706. Il avait confié l'administration de ses biens au baron de Ville dont nous venons de parler. Ce dernier vendit Modave au Prince-Evêque de Liège Henri Maximilien de Bavière qui l'offrit au cardinal de Furstenberg. Celui-ci s'étant endetté vis-à-vis du baron de Ville, ce dernier fit saisir le domaine en 1708 pour le donner à son gendre le duc de Montmorency. A l'époque de la Révolution, le château donna asile aux émigrés entre autres au duc d'Artois. On y attendait aussi la famille Royale mais elle était déjà retenue à Varennes. En 1817, Les Montmorency cédèrent Modave â Mr. C. A. Lamarche qui le restaura. De nos jours, il appartient à l'Intercommunale des Eaux de Bruxelles qui y capte les nombreuses sources du Hoyoux.
Le château renferme de nombreuses oeuvres d'art: tapisseries de Bruxelles, sculptures, stucs signés J. C. Hansche, lustres de Venise, tableaux de Cockers, J. M. Morel, portrait du Prince-Evêque Henri Maximilien de Bavière, d'Arnold de Ville par J. B. Santerre, beau et riche mobilier. Ce qui vous ravira davantage, c'est le merveilleux point de vue sur les gorges du Hoyoux qu'on découvre d'une terrasse carrée que protège une balustrade de pierre.
Plus à gauche, sur la route Seraing-Dinant, l'aimable village de Pailhe dont le remarquable château de Liedekerke a été détruit par un incendie y a peu d'années.
Au hameau de Saint Fontaine, le château du comte Cornet d'Elzius dont la chapelle castrale, nécropole des châtelains de Saint Fontaine voisine avec le château.
L'édifice le plus remarquable au point de vue archéologique est 1.. grande ferme, ancien château SAINT LAMBERT, qui dissimule un intérieur ancien bien conservé. Une intéressante cheminée ancienne meuble une pièce du XVIe siècle au remarquable plafond armorié.
Le château de THAROUL se compose de deux parties d'âges très différents: corps de logis à façades de style Louis XIV et, perpendiculaire, vers l'Est, une ferme en moellons du pays portant les armes des marquis de Radiguès (XVIIIe siècle).
Tharoul appartint à la famille de ce nom jusqu'en 1730, puis à la Maison de Radiguès de Saint Guedal de Chenevières, d'origine espagnole, enfin aux Morren-Godin (milieu XIXe siècle).
A Vyle, un ensemble complexe et hétéroclite tapissé de vigne vierge précède un parc agréable où se trouve une théothèque en pierre blanche (1530). Nous rejoignons le Hoyoux au Pont de Bonne, confluent de la Bonne et de la Vyle avec le Hoyoux.
Plus loin, la ferme-château de ROYSEUX du XVIe siècle. Sur la colline de gauche, Marchin. La belle maison datée de 1726 présente une cour d'honneur (côté Sud) formée d'un bâtiment central à fronton, encadré de deux pavillons carrés, se prolongeant en deux ailes symétriques. L'intérieur est d'un grand intérêt; on y voit notamment cinq toiles représentant des portraits des Princes-Evêques liégeois de 1688 à 1763 et une chapelle qui occupe le côté gauche de la cour d'honneur.
C'est une autre gloire militaire liégeoise qui bâtit le château de VIERSET sur la rive droite du Hoyoux. Le baron Charles Albert de Billehé-Vierset, général major au service de l'Autriche leva, en 1757, cinq régiments d'infanterie légers qui prirent son nom. Ils reçurent un uniforme blanc avec parements et revers bleus, chapeau brodé d'or. Plusieurs de leurs trophées (queue de cheval, étendards turcs,...) ne manquent pas d'étonner les visiteurs de Notre Dame de la Sarthe à Huy.
Les Billehé-Vierset furent seigneurs de Vierset et avoués de Huy de 1509 à la Révolution. Après la tourmente, le château devint la propriété des Mercy-Argenteau, des barons d'Overchies de Neerijsche, et enfin des Lamarck.
Sur une hauteur dominant le Hoyoux, dans un endroit sauvage, se cachent les ruines du château de BARSE dont il reste peu de chose: une tour ronde et un mur d'enceinte. Barse appartint d'abord à la famille de Beaufort mais il fut séparé de la terre de Beaufort dans la seconde moitié du XIe siècle. En 1232, le seigneur de Barse fait hommage de son alleu au Prince-Evêque de Liège. En 1314, le Prince-Evêque Adolphe de la Marck, n'ayant pu obtenir le paiement d'une amende de 6.ooo livres imposée aux bourgeois de Huy par son prédécesseur, les excommunia tous. Plusieurs chanoines de Saint Lambert, venus en négociateurs s'en retournaient lorsqu'ils furent enlevés par le sire de Lonchin et par le sire de Barse. Le peuple de Huy se fâcha, attaqua Lonchin et ruina complètement le château de Barse.
En contrebas, le long du Hoyoux, un château-ferme encadré de trois tours d'angle chaperonnées dont les murs portent les dates de 1635 et de 1692. Barse fut aux de Ramelot, aux Strée à Gilles Aubry, aux de Ramelot jusqu'en 1558 et enfin par mariage de Vérone de Ramelot avec Philippe de Crissingnée à ces derniers jusqu'en 1732. Par héritage, Barse passa aux Mercy-Argenteau d'Ochain qui le conservèrent jusqu'en 1880.
Par la Sarthe, nous gagnons la Meuse en nous attardant à Huy pour contempler trois merveilles: li Rondia, li Bassinia, li Tchestia.
HAUTE MEUSE.
Accompagnons maintenant la Meuse de l'endroit où elle pénètre dans la province jusqu'à Maestricht.
Nous irons l'accueillir à 12 kilomètres de Huy, à Andenne que protège Sainte Begge. Sur la rive droite s'amorce le Condroz, en face commence la Hesbaye. Le premier village sur la rive gauche, Landenne sur Meuse, le « village gris », cher a Jean Tousseul, n'a pas conservé son château « mystérieux comme une maison de géant invisible ». C'était cependant une construction fort originale, vaste pavillon rectangulaire entouré d'eau. Bâti en 1557, propriété des d'Oultremont (1626-1700), restauré vers 1771 par les Méan qui les possédèrent jusqu'en 1873, il fut finalement rasé au niveau des caves en 1947. Le bel escalier monumental a pu être sauvé.
Le château de SEILLES, propriété des de Kerchove de Denterghem, présente une façade encadrée de deux tours rondes, agrémentée de pignons à gradins.
La façade du château d'ENVOZ à Lompré-Couthuin, encadrée de tours rondes, percée de trois portes en plein cintre, est surmontée d'un fronton. Le château, orienté vers le sud, se prolonge par deux bâtiments perpendiculaires où sont installées les dépendances.
De l'autre côté de la Meuse, Ben Ahin qui en réalité se compose de quatre villages: Ahin, Lovegnée, Ben, Gives. Le château aux deux tours en poivrières que l'on remarque à gauche de la route Huy-Namur, posé au fond d'un gracieux vallon, est le château d'AHIN, propriété du baron van Zuylen. Il subsiste peu d'éléments anciens (tours) dans le château actuel, refait il y a un demi siècle environ. Derrière le château, des dépendances en style Tudor témoignent des ravages que le gothique anglais fit dans nos régions au XIXe siècle.
Ce château appartint aux Abrion ou de Brion dès 1468 et notamment au triste sire Erard de Brion, seigneur hautain et brutal, auteur d'actes de cruautés inqualifiables qui dut s'enfuir pour éviter la justice de son pays. Un général d'Arberg (les Arberg-Valangin furent châtelains d'Ahin du XVIe à la fin du XVIIIe siècle), propriétaire d'un régiment wallon fit la guerre contre les Turcs. Le prince Polydore de Looz- Corswarem restaure, si l'on peut dire, le château en 1880, puis le cède à Alfred Dansaert qui le vend aux de L'Honneux. L'intérieur contient d'intéressantes collections provenant d'autres châteaux liégeois. On y voit de beaux meubles (dont des Boule), d'intéressantes sculptures sur bois (dont une remarquable Vierge et l'Enfant), de bons tableaux (Fisen, Defrance, Joachim Beukelaer...), un autre attribué à Van Dyck, une collection de bois de Spa, etc... Dès qu'on pénètre dans le salon installé dans la vieille tour de gauche, l'attention est attirée par une cheminée remarquable au dessus de laquelle se voit un curieux tableau (primitivement à la cathédrale Saint Lambert de Liège), portrait de Denis de Berlo, grand mayeur de Liège.
Plus loin, c'est Lovegnée et son charmant moulin, blotti au pied d'un roc escarpé dominant la Meuse où vous irez voir le célèbre château de BEAUFORT dont il ne reste que des ruines. Fief tenu du soleil, Beaufort était une puissante forteresse, berceau de la Maison de Beaufort d'où sont elles-mêmes issues les familles de Fallais, Goesnes, Spontin et Celles. Devenu la propriété de Philippe le Bon, successeur de Jean de Namur, il est pris par surprise par les Hutois en 1429 et incendié. Relevé peu après, il est finalement anéanti par les Français en 1554. Les Valengin Arberg le rachetèrent pour 30.1OO livres en 1642 et le conservèrent jusqu'en 1792. La famille de Beaufort est redevenue propriétaire des ruines.
Une route en lacets qui nous ménage des coups d'oeil splendides sur la région hutoise, permet d'atteindre Solières. Le château que nous apercevons à droite est le château moderne de « ROCHE EN PRÉ ». Solières: un château dont la façade se reflète dans une pièce d'eau, une vieille ferme mosane, la chapelle à « Saint Zouï to », un moulin qu'alimente le ruisseau de Solières.
Abbaye, puis château, Solières a été acquis par la coopérative d'assurances « La Prévoyance Sociale » en 1934 pour y installer un préventorium pour adolescents. D'abord monastère double d'Augustins et d'Augustines, il fut finalement réservé aux seules cistériennes en 1261, puis fut vendu à la Révolution à Ackerman, prête-nom qui dupa la communauté cistercienne réfugiée à Huy chez Bastin, révolutionnaire. Ce dernier avait trouvé asile à l'abbaye quelques années plus tôt. L'abbaye fut en grande partie démolie. Les bâtiments entouraient deux cours rectangulaires ayant côté commun et qui formaient la ferme (première cour) et le quartier des moines (deuxième cour) dont la partie sud était occupée par le cloître. En face se trouvait l'Hospitium; à gauche (façade W.) les dortoirs (bâtiments plus anciens); à droite (Est) la façade postérieure qui est le château actuel. L'église occupait l'angle formé par le château actuel et le corps de logis de la ferme.
Le château est un bâtiment rectangulaire avec fronton triangulaire, complément obligatoire de toute demeure liégeoise du XVIIIe siècle. Un couloir donne accès aux trois grandes pièces du rez-de-chaussée et aux deux escaliers installés aux extrémités du bâtiment. I1 y a vingt ans, Solières possédait un mobilier magnifique: meubles en bois, tableaux, sculptures anciennes dont un St. Georges en tilleul (fin XVe siècle), lit Empire rehaussé de victoires en bronze ayant servi à la Reine Hortense...
A l'emplacement du fort de Huy où tant de patriotes furent incarcérés au cours de la dernière guerre, se trouvait un château déjà cité en 890 et qui subit de nombreux sièges. Une gravure du XVIIe siècle nous montre un château puissamment fortifié perché sur un roc au dessus de la Meuse.
Au centre de Tihange, village essentiellement maraîcher, le château (1588) était devenu une auberge villageoise. Au milieu du XIXe siècle, Mr. Posnick le restaura et y rassembla un mobilier intéressant comprenant notamment des portraits de Vernet.
A l'entrée du bois de Tihange, le château de BONNE ESPERANCE (1779) dont l'intérieur s'enrichit de tableaux de Lovinfosse. Le domaine de La Neuville sous Huy, beaucoup plus important, comprend un beau parc très étendu, de belles pièces d'eau, des terrasses et une cour d'honneur précédant l'imposant château des Princes de Ligne. La tradition en attribue les plans à Vauban.
Le château de style Louis XIV s'amplifie de deux ailes terminées par deux pavillons carrés coiffés de dômes finissant en lanternes. Deus autres pavillons isolés et moins élevés, recouverts de toits à la Mansard les précèdent. L'intérieur n'offre plus guère d'intérêt depuis l'affectation du château en home d'enfants de bateliers. La ferme (XVIe siècle) occupe la place de l'ancien château-fort. Le linteau de la poterne d'entrée porte les écus jumelés des Royer et des Crisgnée, anciens châtelains du lieu dont les dalles funéraires se trouvent à l'église proche.
Le domaine fut cédé en 1860 par le baron de Grady aux Princes de Ligne qui le conservérent jusqu'en 1917.
Du château-fort d'Amay il subsiste une solide tour (XIIe siècle) carrée en grès et calcaire, surmontée d'un toit à quatre pans à chenaux d'angles. Un escalier en pierre ménagé dans le mur Sud relie les différents étages.
A Ampsin, un château ancien d'intérêt limité. Au modeste château de Rorive vécut le général français Clément Thomas, ex-commandant de la Garde nationale de la Seine, massacré par les Communards.
Le château-fort d'Hermalle subit de nombreux sièges et fut rasé par les hutois en 1313. Rebâti sur plan rectangulaire, flanqué de quatre tours, il fut transformé et rendu habitable au XVIIIe siècle. Toute la décoration intérieure rappelle la chasse, ce qui est naturel pour un château situé à la lisière des bois.
Godefroid de Bouillon offrit son château de Ramioul au Chapitre Saint Servais de Maestricht au moment de son départ pour la Terre Sainte. Le château fut la propriété de l'abbaye de Saint Lambert jusqu'à la Révolution.
Le château de Ramet est une pittoresque construction avec grosse tour carrée surmontée d'une lanterne, précédée de douves, restaurée aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La TORETTE, qui plut beaucoup à de Saumery, fait face au château de CHOKIER. Un voyageur anglais, relatant son passage le long de la Meuse (1787), écrivait: «Le château de Shoquières est un bel édifice construit dans le goût moderne; il est situé sur un rocher escarpé qui s'élève majestueusement à une grande hauteur et qui est taillé d'un grand nombre de formes très variées ». C'est un ancien bien des Berlaymont (1584), puis des Berlo (XVIIIe siècle). Le général français Loison, un des meilleurs lieutenants de l'Empereur, y mourut. La famille de Surlet, dont l'un des membres fut Régent en 1830, lui succéda.
A Flémalle, nous abordons la grande banlieue industrielle liégeoise, avec ses sites brutaux et ses monstrueuses usines où peine un peuple ardent et courageux. Le château de PETIT FLEMALLE est un bâtiment à fenêtres rectangulaires, surmonté d'un fronton encadré par deux tours carrées couvertes de petites lanternes. Abandonné par son propriétaire, il est tout naturellement devenu la Maison Communale de Flémalle Haute. Le château de FLEMALLE GRANDE fut d'abord une commanderie fortifiée de Saint Jean de Jerusalem, détruite en partie au XVIe siècle puis restaurée par les de Lonchin. En 1715, les Cartier de Forvil, seigneurs du lieu jusqu'en 1792, firent rebâtir et moderniser le château. Au milieu du XIXe siècle on l'appelait encore Commanderie de Mutzhagen, du nom du propriétaire de l'époque, Thirion de Mutzhagen.
Jemeppe sur Meuse est le pays du thaumaturge Antoine, ancien mineur, fondateur d'une religion nouvelle: l'Antoinisme. Jemeppe a conservé trois châteaux: COURTEJOIE, ANTOINE et ORDANGE, propriété du métier des cuveliers liégeois (1520) puis des de Fourneau (XVIIe siècle). Un pont en pierre précéde le château dont les deux tours rondes sont surmontées d'un toit aigu. Plusieurs pièces ne manquent point d'intérêt: salle à manger avec plafond à rosaces et à guirlandes d'époque Louis XVI, cuisine Renaissance, ancienne chapelle castrale.
En face, sur la rive droite, Seraing, cité du fer et du feu. Un auteur du XVIIIme siècle vante les charmes rustiques de Seraing et « le bon air qu'on y respire » car jadis, une grande partie du village était couverte de bois. La Vecquée, forêt de 1566 bonniers, appartenait aux Princes Evêques qui y possédaient aussi un château de plaisance. Le Princeévoque G. L. de Berghes le fit rebâtir de ses deniers près du pont sur la Meuse, de 1724 à 1743. Seraing devint une somptueuse demeure où les meilleurs artistes liégeois de l'époque vinrent travailler, entre autres le sculpteur Evrard. Le château est toujours « le joli château bordé des ondes de la Meuse » du poète mais certes plus un « séjour gai et délicieux ».
Le Prince-évêque Hoensbrocek le quitta le 26 août 1689 pour l'Allemagne. Saisi comme bien national, «hopital Egalité», magasin à poudre, le domaine épiscopal est acheté par John Cockerill le 29 janvier 1817 pour 45.000 frs!
Du château, il subsiste un bâtiment à double fronton qui fait face à la Meuse. Les armoiries du constructeur ont été remplacées par celles de Guillaume d'Orange qu'accompagne sa devise: « Je maintiendrai ». A l'intérieur, on trouve quelques éléments du XVIIIe siècle, malgré les aménagements nécessités par la nouvelle destination des locaux: grand escalier, vaste salle décorée de lambris et de stucs, chambre à coucher du Prince ornée d'une alcove et de lambris.
A Sclessin, face à la Meuse, non loin du terrain de foothall du Standard, un château que l'on dit hanté. Ougrée Sclessin était une enclave de Stavelot aux portes de la Cité. L'abbé de Stavelot confia ses droits seigneuriaux et la garde du château de Sclessin aux de Berlo le 27 novembre 1400. Ils conservèrent Sclessin jusqu'en 1792. Le château fut refait par François Ferdinand, baron de Berlo, comte de Hozémont, seigneur de Sclessin vers 1713. Construction en briques dans le style du XVIe siècle. Les de Sauvage le défigurèrent au début du XIXe siècle puis le vendirent aux Vercour (1895).
Depuis 1913, il est aux mains de la commune d'Ougrée qui y a installé divers services municipaux. Dans la chapelle disparue, se trouvaient les belles pierres tombales d'Arnult de Berlo et Marie de Coutreau, actuellement au Musée Curtius.
En face, sur la rive droite, près de Renory, se trouvait le château d'OUGRÉE de la fin du XVIIe siècle entouré d'eau, disparu en 1870.
Sur l'autre rive, au pied du plateau de Cointe, le château de Beaumont ou de PETIT BOURGOGNE dont les coteaux ensoleillés étaient couverts de vigne. La coquette maison de plaisance que Velbruck y fit bâtir en 1772 par le bon architecte liégeois J. B. Renoz, menace de disparaitre. Pour la décoration intérieure, il fit appel aux meilleurs artistes liégeois de l'époque. Résidence du Préfet de l'Ourthe, il passe ensuite par différentes mains et finalement à la famille Renard qui y avait établi un restaurant de quelque notoriété régionale.
BASSE MEUSE.
Par une douce matinée de printemps, nous gagnons la Batte, ce vieux quai qu'anime un marché pittoresque et bruyant. Tout ici nous parle d'Histoire. Cette maison Havard échappa à la fureur du Téméraire. Curtius construisit ce somptueux Hotel Renaissance qui, de nos jours, abrite les trésors archéologiques. L'Empereur se reposa au Musée d'Armes, ancienne préfecture de l'Ourthe. Au delà du Pont des Arches, le joyeux « Dju là ». Nous ne pouvons nous attarder car le « mouche » qui nous transportera à Visé arrive du « Petit Paradis ».
Voici d'abord Coronmeuse, le port fluvial et la statue du Roi Soldat, puis Herstal, Jupille, Wandre, Cheratte où triomphe l'industrie.
Assiagé par les fabriques et les maisons tristes, le château SAROLEA est un pittoresque ensemble de bâtiments Renaissance mosane (1641) bâti en briques, pierre de taille et tuffeau de Maestricht que domine, au Sud, une grosse tour carrée. Le propriétaire, amoureux des choses du passé, embellit sans cesse un mobilier qui ne manque cependant pas d'intérêt, tels cette cheminée à foyer rectangulaire et fortement mouluré, cet escalier à double balustre, des étoffes, des meubles anciens. Leroux, un artiste français de passage ici, offrit à son hôte un beau groupe en marbre blanc « Héloïse et Abélard», signé et daté (1780), pour le remercier de son hospitalité. C'est à Chératte que se fabriquaient les anciennes cheminées en grès sculpté.
Les usines disparaissent bientôt, les vergers fleurissent sur les coteaux, le paysage s'amplifie et s'enjolive davantage. Le château que l'on aperçoit à mi-côte, au milieu des peupliers, occupe une place importante dans l'Histoire de la musique moderne. Nous ne pouvons résister au désir de le connaître davantage. Abandonnant le bateau qui glisse vers Visé dont le clocher bulbeux se dessine à l'horizon, nous nous arrêtons à Argenteau. En franchissant le pont qui mène au château, nous nous reportons trois quarts de siècle en arrière. L'abbé Liszt Borodine où César Cui (qui composera « le Flibustier », à Argenteau) nous accompagne. La bonne fée d'Argenteau, la délicieuse comtesse Louise née princesse de Chimay, s'avance souriante. Après avoir connu la trépidante vie parisienne et les réceptions de Compiègne, la petite fille de Madame Tallien s'était, à trente ans, retirée à Argenteau. Passionnée de musique, elle se complaisait en la compagnie des artistes. C'est grâce au soutien de la comtesse qu'un grand concert de musique russe, le premier donné en Belgique, eut lieu à Liège le 7 janvier 1885. Franz Liszt vint plusieurs fois à Argenteau pour se reposer. Le dimanche, il aimait s'installer à l'harmonium de la chapelle de Wixhoux et donner libre cours à ses improvisations.
Cette chapelle, de style byzantin (185I) fut construite par le comte François de Mercy Argenteau, ambassadeur de Napoléon Ier à la Cour de Bavière, grand-chambellan de Guillaume Ier des Pays-Bas. Elle remplaçait une chapelle plus modeste dédiée à Notre Dame d'Argenteau et datant de 1683. La chapelle de Wixhoux sert de sépulture à la famille d'Argenteau. Une plaque rappelle le souvenir du comte Florimond Claude de Mercy Argenteau, le célèbre ambassadeur d'Autriche à Paris (1766) qui négocia le mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette. Gouverneur général des Pays-Bas, il doit s'enfuir à Londres où il mourut (1794). Il avait exprimé sa volonté d'être inhumé à Hermallesous-Argenteau; malheureu-sement, son corps n'a pu être retrouvé. Le grand diplomate n'était pas insensible au charme des parisiennes, entre autres de Rosalie Levasseur de l'Opéra.
Le château d'Argenteau, sans grand intérêt du point de vue architectural, fut bâti au XVIIe siècle par le comte de Claris marquis de Laverne. Il succède à une forteresse puissante comprenant pont-levis, tours, place d'armes, ainsi qu'il se voit sur les anciennes gravures. Cité au XIe siècle, il est « mis en plaine » le 15 juillet 1347 par les Milices liégeoises outrées des droits de batelage prélevés par le seigneur d'Argenteau. Refait, il est pris par le Marquis de Bellefonds le 16 mai 1674. Ce dernier fit sauter le château le 5 juin suivant, à la grande joie des habitants de Visé.
Terre libre, neutre et indépendante, la seigneurie d'Argenteau mouvait cependant du margraviat d'Anvers. Au XVIe siècle, elle fut définitivement soumise à la juridication du Conseil du Brabant. Les sires d'Argenteau sont probablement enterrés dans l'église d'Hermalle-sous-Argenteau de l'autre côté de la Meuse car on y voit le beau tombeau de Renaud VI d'Argenteau et de Marie de Trazegnies.
Jean II d'Argenteau n'ayant pas eu d'héritiers de Marie de Hamalle, légua ses biens à Scheiffart de Mérode, sa nièce, qui épousa Jean Philippe de Mérode, marquis de Trélon. Mis en vente publique le 9 novembre 167I, le château est acheté pour 200.000 florins par Léon Alexandre Van den Hove, capitaine au service de l'Espagne, pour Louis Ferdinand de Claris-Clermont, passe ensuite par les femmes aux Limbourg-Stirum, à la branche cadette des Argenteau d'Ochain (1779), enfin à Hubert de Bériade, duc d'Avaray qui le vendit (vers 1899) au baron van Zuylen, propriétaire actuel.
Près d'Argenteau, à une demi lieue de Visé, sur la Berwinne BERNEAU où une haute tour ne manque pas d'attirer l'attention. C'est un puissant donjon en grès calcaire (XIVe siècle) surmonté d'un machicoulis placé à la corniche et flanqué d'une élégante tourelle à toiture conique contenant l'escalier. Notons encore la poterne avec molettes du pont-levis, portes à voliges, pentures et gros clous.
Au delà de Visé, que connaissent bien folkloristes et gourmets, le petit village de Lixhe où se trouvent le château de Loën et les restes d'un château-fort. Plus loin, toujours sur la rive gauche et vis-à-vis d'Argenteau, le modeste village d'Oupeye. Au tournant de la route, une allée d'arbres mène aux dépendances et au château entouré d'eau. A droite de la cour d'honneur, une antique et solide tour en partie refaite au XVIIe siècle, connue sous le nom de Tour d'Alpaïde, du nom de la concubine de Pépin de Herstal.
A gauche, le corps de bâtiment bâti par Jean Curtius, bourgmestre de Liège au XVIIe siècle. L'intérieur, remanié en Louis XVI aux environs de 1780, renferme une belle salle à manger et un salon lambrissé dont le plafond est percé au centre d'un grand ovale entouré de stucs.
Redescendant vers la Cité, nous nous arrêtons sur la Licourt à Herstal. Le palais des Pépins où naquit Charlemagne occupait toute cette vaste place publique. Il subsiste peu de chose du palais parachevé par Charles Martel: un pan de mur côté S. W. dans la propriété Vercheval. La tour avec baies de pierre de taille que l'on présente parfois comme vestige du palais carolingien est en réalité un reste d'une construction moyenâgeuse. Au XVIe siècle, un petit château dit Maison Hauxeler remplaça les ruines du palais des Pépins; il disparut à son tour en 1854
La seigneurie d'Herstal, bien que située aux confins de la cité, ne devint liégeoise qu'en 1741, SOUS le Prince-Evêque Georges Louis de Berghes. Elle avait appartenu successivement au duc de Brabant (1096-1339), aux de Hornes (1339-1368), aux Gronsveld d'Oupeye (1368-1435), aux de Croy (1435-1458), aux comtes de Nassau princes d'Orange (1458-1702-1732), au roi de Prusse (1732-1740).
Pour atteindre ces ruines sans grand intérêt d'ailleurs, nous avons côtoyé une élégante construction mosane (1854). De l'autre côté de la place, la vénérable église Notre-Dame de style romano-byzantin, puis la Meuse.
Aux environs de la rue Pépin de Herstal se trouvait un autre château cité dès 1652. Une vieille hystérique « L'Ange Gabriel » y mit le feu en 1904.
Plus loin, sur une éminence, le château de BERNALMONT domine des corons tristes. Plus loin encore, aux Bouxtay, à Vottem une chapelle vétuste, seul reste du château féodal, a conservé de remarquables fenêtres ogivales. Nous regagnons la cité en descendant le fond Pirette par où passèrent les 600 Franchimontois dans la nuit du 29 au 30 septembre 1468.
PAYS DE HERVE.
Parcourons maintenant le Pays de Herve, plateau aux ondulations harmonieuses où les vergers et les prairies ont remplacé les forêts d'autrefois. C'est une région de petites propriétés où les habitations éparpillées ont des intérieurs modestes très caractéristiques. Nous y verrons des châteaux intéressants certes, mais cependant point de domaines de l'importance de Modave ou de Warfusée.
A Jupille, le beau parc de Fayembois nous réservera d'agréables promenades autour d'un modeste château entouré de fossés asséchés. C'est un gros pavillon quadrangulaire percé de fenêtres rectangulaires. Dans la partie centrale demi-circulaire formant avancée, on a logé l'escalier desservant les différents étages, escalier que l'on atteint en franchissant une porte baroque percée dans l'avancée.
Les Pépins possédaient un très vaste domaine à Jupille et Berthe au long pied y séjourna. Un certain fayn fit rebâtir le château actuel en 1625 et il y rassembla de très riches collections de tapisseries et de peintures.
De l'autre côté de la route de Herve, Grivegnée n'a conservé aucun château. Ont disparu vers 1900 le très intéressant château servant de rendez-vous de chasse (début XVIe siècle) et le château de Gaillardmont.
Le domaine provincial de Wégimont à Ayeneux et Soumagne, legs de la Maison d'Oultremont (1920) est très populaire au Pays de Liège. En 1938, la Province restaura le château et transforma Wégimont en centre de vacances.
Le château-fort de Wégimont, fortement endommagé par les Grignoux en 1636, fut rebâti en Renaissance liégeoise. Il appartint longtemps aux d'Aspremont-Lynden, puis aux Eynatten et aux d'Oultremont. Un chemin légèrement montueux mène du pavillon d'entrée situé sur la route Fléron-Soumagne-Herve au château, ensemble de bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles, disposé selon trois côtés d'un vaste quadrilatère entouré de douves.
Tout près de Wégimont, à Micheroux, le château d'HINNISDAEL à tours carrées.
Le château de CEREXHE-HEUSEUX, aux deux tours à clochetons pointus est de style Louis XVI (1766). Il possède une décoration intérieure intéressante, datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle: hall, salon dont le dessus de cheminée s'embellit de stucs représentant Minerve et des Amours soutenant les attributs des Arts; une peinture de Fisen dans la chapelle (1724), etc...
Les curieux de folklore ne manqueront pas de visiter la chapelle de NOBLE HAYE à Bolland où les jeunes filles qui souhaitent un mari viennent, en cachette « hagnî el l'grile » (mordre dans la grille) qui occupe le milieu du charmant sanctuaire.
Bolland a donné son nom à Jean, illustre réformateur de l'hagiographie; son hameau Grétry à donné le sien à l'illustre musicien dont la famille était originaire de l'endroit.
Terre libre, seigneurie franche relevant du marquisat d'Anvers, Bolland eut un château-fort détruit en 1674 par le marquis de Bellefonds, officier au service de Louis XIV.
Le château actuel, du XVIIe siècle pour la plus grande partie, se mire dans l'eau tranquille d'un étang. Il voisine avec l'Église paroissiale et la ferme castrale. Bolland fut aux Houffalize (XIIIe siècle), aux Bolland (XIVe siècle, Brandenburg, Eynatten, de Lannoy (XVIIe siècle), Berlaymont et, de nos jours, au baron de Royer de Dour de Fraula.
Au bout de Charneux, village contigu à Bolland, dans un vallon boisé, nous découvrons l'abbaye bénédictine de VAL DIEU réédifiée au XVIIIe siècle. Dans le quartier des hôtes, transformé en château à l'époque révolutionnaire, on admire surtout la riche décoration intérieure: stucs, toiles peintes, boiseries, etc...
Herve, célèbre par ses fromages, possède encore des vieilles maisons qui ont gardé leurs enseignes de jadis. Elle est le centre administratif et intellectuel de la région située entre la Meuse et la Vesdre. Il s'y trouve un château en Renaissance mosane (164~) connu sous le nom de château de CRÈVE-COEUR.
Sur la route d'Henri-Chapelle, le château des Crawhez, commune de Clermont sur la Berwinne.
A Henri-Chapelle, le vieux château-ferme du RUYFF, démoli et réédifié vers 1716. Au XVIIe siècle, le châtelain du Ruyff, un Groonenborg, surpris à fabriquer de la fausse monnaie, eut ses biens saisis et fut banni pour toujours.
Plus loin, tout près de la voie ferrée, deux tours jumelles carrées, à bulbes très curieux, encadrent le bâtiment principal du château de BAELEN, du XVIIIe siècle. Les fenêtres sont de style Louis XIV avec toiture à la Mansard. Les constructeurs, de Pirons et de Franquinet, ont fait placer leurs armes au fronton. Une partie des bâtiments de la cour d'honneur remonte cependant au XVIIe siècle.
Descendant la vallée de la Gheule, affluent de la Meuse, nous nous arrêtons d'abord à Montzen. Le château de GRAAF-MONTZEN, fort ancien (XIIe, XVe, XVIe et XVIIe siècles) n'a plus de châtelain. Nous pénétrons d'abord dans une cour rectangulaire dont les deux côtés sont occupés par des dépendances et le fond par une large douve que franchit un pont à trois arches conduisant au château. A l'extrémité de l'aile droite de cette première cour se trouve la chapelle dont le linteau de la porte d'entrée porte la couronne et les blasons des comtes de Belderbusch, châtelains du XVIe au XIXe siècle. Le château proprement dit se déploie autour de la seconde cour.
Ce sont d'intéressantes constructions, la plupart très anciennes telles cette petite tour ronde en moellons du XIIe siècle, la façade vers l'est (XVe siècle) et la façade vers le nord (XIIIe- XIVe siècles). Dans une salle du château, on trouve un curieux pavement fait de minces lames en terre cuite posées sur champ (XIIIe siècle). Une grande salle (XVe siècle) couverte d'une voûte en plein cintre ornée de fresques en haut allemand s'appelle `< salle de chasse n.
Toujours le long de la Gheule, le château de REMERSDAEL est un long bâtiment rectangulaire à tour ronde coiffée d'un toit pointu, aux nombreuses fenêtres à meneaux, flanqué de deux légères avancées. D'une architecture assez quelconque, le château possède néanmoins une décoration intérieure intéressante où nous notons des tapisseries d'Audenaerde (vers 1700) un très beau coffre Renaissance (1550), un beau mobilier ancien...
Un peu plus loin, Sippenacken, seigneurie de Beusdael, appartint longtemps au roi d'Espagne. Le château de BEUSDAEL passe en r557 aux Colyn qui le lèguent (1757) au comte de HOENSBROECK, Prince Evêque de Liège, ensuite aux Méan, Stockem, Oultremont.
C'est une curieuse construction, entourée, en grande partie moyenâgeuse, avec quelques ajoutes du XVIIe siècle. Les bulbes qui coiffent les tours lui donnent un aspect très pittoresque.
Toujours le long de la Gheule, à deux pas de la frontière hollandaise, se trouve le château de TEUVEN. C'est une longue construction rectangulaire à toit mansardé, dont la date de construction (1754) se lit sur le fronton chantourné qui occupe le milieu de l'édifice. Ancien prieuré des dames nobles de Sinnich, fondé au XIIIe siècle (la tour de la chapelle est de cette époque), refait au XVIIe siècle, il fut parachevé au XVIIIe siècle comme d'ailleurs la plupart de nos abbayes. Sinnich a conservé trois côtés de ses anciens cloîtres.
Les Fourons ne sont pas moins de trois commune: Fouron le Comte, contre la frontière hollandaise, Fouron Saint Martin et Fouron Saint Pierre. Au milieu d'un cirque boisé aux sources de la Voer voici, à Fouron Saint Pierre, le château de la COMMANDERIE, dans un site ravissant.
Daniel de Fouron, seigneur de Fouron Saint Pierre, admis dans l'ordre teutonique, lui offre tous ses biens. L'ordre y installe une commanderie qui fut rebâtie dans les premières années du XVIIe siècle sous les commandeurs Gérard van Streithagen et Guillaume von Metternich. Son successeur, Guillaume Quadt de Beeck (1631-1661) acheva l'aménagement intérieur et réédifia l'église voisine avec des matériaux provenant de l'ancienne construction.
La commanderie subit des dommages à l'époque révolutionnaire et fut vendue comme bien national. Aménagée en demeure privée, elle appartint aux Sauvage (184I-1856), baron de Loë de Mheer (1856-1893), baron de Waleffes et, actuellement, à sa fille Madame la comtesse Marie Ferretti de Castelferretto.
A Neufchâteau, sur la hauteur, un château moderne d'où l'on découvre un large horizon.
Dalhem, charmante villette, posée au confluent du Bolland et de la Berwinne, a conservé le souvenir du grand colonial Albert Thys et la tradition séculaire du cramignon auquel il nous fut donné de participer.
Les ruines de la puissante forteresse féodale, déjà citée en 1105, bombardée en 1648, dominent toujours la région.
Dalhem était le centre d'un important comté conquis par le duc de Brabant en 1257.
Il y a encore à Dalhem une intéressante construction moderne (1914) dite château de CRONWEZ.
Ce sont encore des ruines féodales que nous rencontrons en descendant vers Saives. Le Château-fort de Saives, rasé par le Prince-Evêque Louis de Bourbon en 1474, fut refait au XVIIe siècle puis détruit par la suite. Les imposantes ruines datent en partie du XVIIe siècle.
Au château de MÉAN, dont la façade est de style Louis XIV, naquit le Prince-Evêque de ce nom le Ier juillet 1750.
A Wandre, un vieux château en Renaissance mosane (restauré 1714) encadré de deux ailes qui se font vis-à-vis et entouré d'une double ceinture de douves.
VALLEE DE LA VESDRE.
Remontons maintenant la vallée de la Vesdre de son confluent à sa source. Le sanctuaire célèbre de Chevremont domine le confluent de l'Ourthe et de la Vesdre au pont de Chênée. Ce couvent remplace un château-fort dont Notger s'empara par la ruse et qu'il fit raser.
Dans la vallée, Chaudfontaine qui, naguère, était un important centre de fabrication de canons, de fusils de chasse.
Au lieu dit « la Rochette », sur un roc escarpé, le château GRISARD, refait au XIXe siècle. C'est à la Rochette que se fabriquaient ces curieuses briques de foyer décorées et armoriées.
L'altitude élevée de Beaufays nous permettra d'admirer deux jolis panoramas: celui de la vallée de l'Ourthe et celui de la vallée de la Vesdre où nous distinguons les tourelles du château de BANNEUX. Plus loin, le castel de TANCREMONT et de CHAITYFONTAINE.
Le château de Beaufays est une ancienne abbaye du XIIe siècle, remaniée au XIIIe siècle. La décoration intérieure qui date du milieu du XIIIe siècle a été maintenue. De beaux lambris en chêne sculpté courent encore au long des murs. Les toiles peintes et les sculptures (dont un émouvant Christ en Croix au dessus d'une cheminée), sont toutes d'inspiration religieuse. Dans la salle à manger, on notera des stucs en Louis XIV signés « Sculpebat BoviAnno 1733 », de même que dans la salle contiguë. La décoration intérieure a été complétée par l'apport de meubles liégeois de l'époque et par de remarquables toiles peintes représentant des scènes champêtres qui proviennent du château limbourgeois de Wittem.
Nous retrouvons la Vesdre à Fôret, où le château a été incendié par les Allemands en 1944. Il était de style Louis XV et comprenait notamment deux tours à clochetons et un fronton historié figurant une chasse au cerf. (37 membres de 1'A. S. y furent martyrisés).
Au hameau de Trooz, une intéressante construction en Renaissance mosane qui appartint longtemps aux La Marck, connue sous le nom de LA FENDERIE.
Les ruines du château de MIERMONT occupent le sommet d'une colline au hameau de Prayon.
Basse Fraipont relevait du Pays de Liège, tandis que le seigneur de Haute Fraipont rendait hommage au nouvel abbé de Stavelot en lui présentant un brochet dans la main droite. Lorsqu'on refit le château de Haute Fraipont en 1784, on conserva la partie Sud-Est et la tour de l'ancien château. Fraipont appartint à la famille de ce nom de 1286 à 1920.
Montons vers Tancrémont en passant par Louveigné où se trouve le château des Fawes et Banneux Notre Dame dont le château moderne offre peu d'intérêt. A Tancrémont, on jouit d'un panorama immense sur les deux vallées de la Vesdre et de la Hoëgne. Le Christ de Tancrémont est, cas unique en Belgique, revêtu d'une tunique à manches, sculptée dans le bois avec le corps du Sauveur.
Et c'est la prestigieuse descente vers le remarquable château en gothique moderne, connu sous le nom de château des MAZURES, bâti à l'endroit où, selon la tradition, Pépin de Herstal aurait rencontré la belle Alpaïde.
La dernière guerre a détruit le château de SOHAN à Pepinster, château où le comte de Las Cases, compagnon de Napoléon, écrivit son « Mémorial de Sainte Hélène ».
A Pépinster, la Vesdre se grossit de la Hoëgne, rivière cascadeuse qui descend des Fagnes. Elle passe par Sart-lez-Spa, par Polleur où se trouve le château-ferme de FAYS (XVIIe siècle) dont la façade sud est encadrée de deux tours rondes et par Theux où l'Eau de Spa la rejoint au pied des ruines de Franchimont.
Il va sans dire que les châteaux sont nombreux dans la cité des Bobelins. Nous en choisirons trois: LESBIOLES, FRAINEUX et LA NEUBOIS. La construction du manoir des Lesbioles, d'allure féodale, commencée par Georges Neyt en 1908, fut achevée par Edmond Dresse, père du propriétaire actuel Paul Dresse, le poète bien connu. Il y reçut de nombreux écrivains: Léon Daudet, le duc de la Force, Marcel Thiry, Henri Davignon, Arsène Soleil, Marie Gevers.
On ne se lasse pas d'admirer cette demeure incomparable, ses terrasses fleuries, son magnifique point de vue vers la grande Vecquée que Léon Daudet décrit dans ses « Vingt-neuf mois d'exil », son merveilleux domaine de 404 hectares à la faune si intéressante, traversé par trois rivières: le Tolifaz, l'Eau Rouge, l'Eau du Renard, ménageant trois ravins dont les célèbres gorges de Tolifaz.
Le château renferme d'intéressantes collections, entre autres une belle série de bois de Spa.
Ensuite, la Fraineuse où, en 1920, se réunirent les membres de la Conférence de la Paix: Millerand, Foch, Leoyd Georges... et enfin, la Neubois aux Peltzer de Rasse où le Kaiser s'était fait construire un solide abri que les touristes ne manquent jamais de visiter.
Les ruines de FRANCHIMONT sont posées sur un piton rocheux dominant le village de Theux. Au IXe siècle, il existait déjà un château sur cette position stratégique de première importance. Terre liégeoise dès 898, Franchimont fut restauré par Henri de Leyden en 1146. Il passe ensuite à la puissante famille des La Marck, championne de l'influence française au pays de Liège, qui ne consentit à la céder aux Princes-Evêques ses rivaux, qu'en 1503.
Le Prince-Evêque Ernest de Bavière restaura Franchimont et y reçut Alexandre Farnèse en 1584. En partie démoli par les Français en 1676, ses ruines romantiques furent souvent visitées par d'illustres personnages tels Pierre le Grand (1717), Gustave III de Suède (1780). Walter Scott y rêva. Juste Lipse et le Nonce apostolique vinrent frapper sans succès à sa porte. A cette époque, il servait de prison. On raconte que le duc de Chartres ne consentit à le visiter en la compagnie de Madame de Genlis qu'après avoir rassemblé la rançon de l'unique prisonnier qui s'y trouvait.
Pris et incendié par les Sans-culottes en 1794, ses ruines étaient complètement abandonnées lorsqu'on se décida à les dégager en enlevant 14.000 mètres cubes de terre. Cédé par le comte de Lannoy d'Anvaing (qui porte les mêmes armes que celles de Franchimont) à l'État en 1899, Franchimont et les bois environnants furent repris par le Touring Club de Belgique (1926) qui veille avec le soin que l'on sait à sa parfaite conservation.
Si nous citons les châteaux du BELVÉDÈRE, de HODBOMONT, de JEVOUMONT et de JUSLENVILLE (1799); de 1'OURLAINE, de THEUX, nous aurons nommé tous les châteaux de cette vieille cité. La Reine Hortense trouva asile au château de Juslenville en 181O.
Repassons sur la rive droite de la Vesdre où nous rencontrons à Cornesse, un château bâti en 1587 mais fortement transformé. Il a perdu ses douves. Un long bâtiment rectangulaire à un étage est percé en son milieu, d'une porte plein cintre surmontée d'une fenêtre avec balcon en fer forgé et d'un fronton. Deux ailes bâties perpendiculairement lui ménagent une cour d'honneur.
Les rivières ont parfois d'étonnantes fantaisies; c'est ainsi qu'au hameau de Goffontaine à Cornesse, un bras de la Vesdre s'engouffre sous les rochers pour reparaître quinte cents mètres plus loin.
Le château de SOIRON est de style Louis XIV. Son constructeur, Nicolas Ignace de Woelmont, a tenu à faire figurer ses armes sur le fronton triangulaire qui occupe le centre de la longue façade symétrique. Son parc est vaste et la girouette de la ferme castrale est fort jolie.
Il existe un grand et un petit Rechain dont le nom est en raison inverse de la population. A l'ombre du château de GRAND RECHAIN, propriété des Waestenraedt de 1648 à 1742 naquit le grand architecte Dewez.
Au détour de la route, entre la vieille chaussée de Liège et le chemin des Morts, le château de PETIT RECHAIN se complète d'une chapelle, d'étangs, et d'une ancienne ferme (XVIIe siècle). C'est le classique château à fronton, aux ailes perpendiculaires, dont les toits sont à la Mansard. Les armes des Libotte et de son épouse de Beyer datent la construction (entre 1741 et 1754). Le portail d'enceinte oriental date des environs de 1780.
Le château d'OLNE (vers 1700) a été démoli en 19~7, malgré les énergiques protestations des amis des vieux monuments. On en attribuait les plans à Vauban. C'était une jolie construction Louis XIII avec ferme attenante, avant-corps, perron et fronton portant les armes des barons d'Olne, châtelaine de 1694 à 1860.
Sans nous attarder aux quatre châteaux d'Adrimont ni au château-ferme de Villers (1755) à Bilstain, nous gagnons Limbourg, ancienne capitale de l'important duché de ce nom, à mi-chemin entre Verviers et Eupen.
Puissante forteresse située à 80 mètres au dessus de la Vesdre, entourée de créneaux, LIMBOURG fut assiégé une dizaine de fois. Il ne s'y trouve plus de châteaux anciens mais plusieurs beaux domaines modernes dont celui de la « Porte d'Ardenne ».
Une plaque placée au dessus de la porte d'entrée de la gentilhommière de GOE rappelle que Léopold Ier et le père du Roi Albert y séjournaient régulièrement lors de leurs chasses dans l'Hertogenwald.
Et voici Eupen, dont la population est formée en majeure partie de descendants de tisserands gantois et brugeois venus s'établir ici au XIVe siècle.
Son « Burg Stockem » qui existait au XIVe siècle, a été refait plusieurs fois, puis transformé. La porte charretière de la ferme castrale porte la date 1654 et les armoiries du constructeur.
Bien que le portail du château de WELKENRAEDT porte 1738 avec armes, le château est moderne (1853).
Le long de la route Eupen-Aix la chapelle Kettenis, dont le « Schloss Liberme » entouré d'eau date en partie de 1534. La poterne d'entrée formée de deux tours rondes coiffées de toits coniques est de cette époque. Le corps de logis comprenant deux bâtiments placés en équerre, percés de baies rectangulaires a, ultérieurement, reçu des toits à la Mansard. Au XVIIIe siècle, il appartint aux de Hemricourt, puis aux de Fraipont et fut restauré de 1919 à 1921.
Une vieille gravure nous montre le château CRAPOEL à Walhorn, entouré d'eau et précédé de communs. Le château fut refait par les Simonis en 1692. L'autre château de Walhorn, 1'HAUS THOR de 1740, à Astenet, comporte une série de bâtiments du XVIIIe siècle (style Louis XIV), bâtis par la famille Heyendael, d'où émerge une tour crénelée.
Le château de LONTZEN (1853), construction mansardée avec fronton central, est entouré d'eau. Il montre des constructions plus anciennes, notamment aux dépendances. Les armes des reconstructeurs (Grand Ry) figurent au dessus de la porte d'entrée de la chapelle moderne.
A Hergenrath, le château d'EMMABURG existait déjà au XIVe siècle; de 1537 à 1786, il fut aux barons de Dobbestein, fut rebâti en 1904 par l'architecte L. Arntz selon d'anciens plans. La chapelle, bel édifice, renferme des oeuvres anciennes d'art religieux. Les collections du château sont remarquables: mobilier ancien, sculptures, orfèvreries, porcelaines de Chine et du Japon, tableaux de maîtres, tapisseries.
D'un rocher où sont les ruines de SCHYMPER à Moresnet, on domine la vallée de la Geule. Selon la tradition, c'est ici qu'Emma, la cadette de Charlemagne, vint abriter ses amours avec Eginhard, secrétaire de l'Empereur. On raconte que Charlemagne, chassant dans la région, s'y arrêta pour s'y restaurer. Il ne reconnaît tout d'abord pas sa fille mais, ayant mangé du poisson, son plat préféré, il se leva et dit: « C'est Emma qui l'a préparé ». Il fit venir Emma et Eginhard près de lui et leur pardonna.
Moresnet possédait un statut très particulier avant 1914. Son viaduc gigantesque et son Chemin de Croix grandiose retiennent l'attention des touristes.
Le château de BEMPT est de style Louis XIII avec des restes d'une tour gothique.
Quant au château d'EULENBOURG, c'est une construction moderne (fin XIXe siècle) très vaste et très développée, aux nombreuses tours rondes ou carrées dont certaines ont des toitures en forme d'oignons.
A Eynatten, un château de style Louis XV entouré de fossés. A Hausset, les ruines de l'Alten Burg.
Raeren fut le centre d'une importante industrie d'art: les poteries de grès, surtout célèbres entre 1560 et 161O. Hubert Schiffers, écrivain, parent d'un potier célèbre tenta, sans succès, de rénover cet art à la fin du XIXe siècle.
Le château, bâti en 1465 par la famille von Schvartzenberg, a subi des transformations notamment au XVIe siècle.
CANTON DE SAINT VITH.
Des trois cantons qui composent la nouvelle Belgique, celui d'Eupen est très nettement séparé de ceux de Malmédy-Saint Vith, par la masse sombre de l'Hertogenwald et par la solitude des Fagnes. Vous verrez mieux tout cela de la Tour de la Baraque Michel. Au Nord, les bois bleutés de l'Hertogenwald que contourne la Vesdre, Eupen que nous venons de quitter, le pays de Herve, et plus prés de nous, le barrage de la Gileppe, le premier qui ait été construit en Europe. En face, les crêtes condruziennes barrent l'horizon. Vers le Sud, par delà les Fagnes, Malmédy la Romane, l'Amblève, Saint-Vith, l'Ardenne pathétique.
Saint Vith est une villette charmante, presque entièrement débarrassée de son enceinte de tours et de murailles. Une série de ruines romantiques jalonnent l'Our, affluent de la Sûre.
Ruine féodales à Manderfeld, Schonberg où subsistent les fondations d'une villa royale carolingienne (855) qu'habitait Lothaire Ier, oncle de Charlemagne, et les ruines du château-fort (1l38) situé sur la hauteur, détruit par les Français en 1689.
Ruines du château d'OUREN, détruit par Louis XIV.
BURG REULAND fut un important château-fort qui appartint à Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg et roi de Bohème, puis aux Pallant (jusqu'en 1625) aux von Berghes (1736), au comte d'Arbey et aux Barbançon. Du château, à plan quadrangulaire, il reste plusieurs tours, bases de tours et murailles dominant la rivière. Dans l'église, un superbe gisant (1625) en marbre noir de Theux, de la célèbre famille des Pallant, seigneurs de Reuland.
Floris de Pallant offrit son hôtel de Bruxelles (actuelle caserne des Grenadiers), pour y organiser le célèbre banquet des Gueux (1566).
Les ruines féodales de BRACHT ont été remplacées par un château de style Louis XIV, bâti par les von Montigny en 1779.
A Recht, où s'extraient les pierres qui servent à façonner les curieuses croix qui bordent les chemins de Malmédy, un burg ruiné sur la hauteur.
VALLEE DE L'AMBLEVE.
Descendre l'Amblève, c'est aller d'enchantement en enchantement. C'est une suite de tableaux ravissants qui servent de cadre à de délicieuses légendes. Les affluents de l'Amblève sont nombreux. C'est tout d'abord la Warche sauvage, qui ne forme pas moins de deux lacs: Butgenbach, que dominent les ruines du vieux burg, posées sur un promontoire, et Robertville voisinant les célèbres ruines de REINARDSTEIN.
Butgenbach, âprement disputé entre le comte de Vianden et le duc de Luxembourg, appartint finalement aux Vianden, puis aux Nassau qui le conservèrent jusqu'à la Révolution. Un autre château de 1754 est utilisé à des fins commerciales.
Des ruines de Reinardstein, on jouit d'un splendide panorama de la vallée de la Warche. Le château appartint à Wenceslas, roi de Bohème (1354) et aux Metternich notamment au père du chancelier autrichien. Le vieux manoir féodal était encore habité en 1641 et 1647. Ce qui en subsiste est la propriété de l'État.
L'Eau rouge se jette dans l'Amblève aux environs de Stavelot qui a conservé une grande partie des anciens bâtiments de sa célèbre abbaye « où on mangeait joyeusement et très bien d'ailleurs », comme l'écrit Alfiéri qui y fut reçu. Après la destruction de Logne en 1531, Guillaume de Manderscheidt fit bâtir un nouveau château à une demi lieue Est de Stavelot (1524 à 1534). Il n'en reste que peu de chose mais nous pouvons aisément nous le représenter car le plan du château existe toujours aux archives de Düsseldorf. Il comprenait notamment deux tours reliées par un bâtiment et deux cours, la première triangulaire, la seconde carrée.
Il y a encore à Stavelot un château de BINSTA d'époque Empire.
A Wanne, au Sud-Est, un château (1712) en pierre du pays, flanqué d'une porte pittoresque, ancienne propriété des abbés de Stavelot-Malmédy.
L'Amblève se grossit à Trois-Pont de la Salm et à Stoumont de la Lienne. La vallée de la Lienne est une région accidentée fortement boisée, d'un calme reposant où l'on ne rencontre que quelques petites villages épars, quelques grosses maisons de campagne, et aucun monument historique si ce n'est sur une colline boisée, l'ancien château de l'abbé de Stavelot dit de Noirefontaine, sis à Lierneux, village où naquit le grand sculpteur Ruxthiel.
Face à l'Amblève, l'imposant château de Stoumont (fin XIXe siècle), bâti par Hanssen pour Madame de Terwagne, a remplacé l'ancien château de FROIDCOURT (1564 et 1629).
Le château-ferme de la VAUX-RENARD à Roanne, caractérisé par une tour ronde placée en avancée au milieu de la façade principale, possède des communs ornés d'une belle girouette en fer de 1779.
Le Ninglinspo est le plus original des affluents de l'Amblève qu'il rejoint aux Fonds de Quarreux après avoir baigné Diane et Vénus.
Et c'est Remouchamps, où la masse grise du château de MONTJARDIN cadre parfaitement avec le site boisé qui l'environne. La partie ancienne est reliée au château moderne par une belle terrasse à balustrade, le tout formant un ensemble très homogène. Le château fut aux Mondersdorp, aux Barbançon, aux Ligne, au riche marchand anversois Pierre Dams (1640), aux Gallo de Salamanca, famille espagnole qui céda Montjardin aux de Theux (1734).
A Sprimont, un très modeste château date de 1586. C'est dans une maison de campagne de Sprimont que Henri Simon, le bon poète wallon, passa une grande partie de sa vie. Il y écrivit la plupart de ses oeuvres entre autres « Li Pan de Bon Diu ».
Nous nous arrêterons plus longuement à Aywaille, dominée par les ruines du NEUFCHASTEL sur Amblève, rasé par la sape sur ordre de Farnèse. De l'endroit où se trouvait le gibet, on jouit d'un splendide panorama sur la vallée.
Blanche, fille unique du sire de Montfort sur Ourthe était fort courtisée par Raoul de Reinardstein. Mais Raoul lui préféra Mathilde, fille du sire d'Amblève qui décida que la main de sa fille appartiendrait au vainqueur du tournoi qu'il donnerait à Neufchastel. Raoul triompha, mais non sans peine, d'un chevalier mystérieux qui, après le tournoi, marcha droit à Mathilde. «Je vous aimais, dit-il à mi-voix. Accordez-moi du moins une faveur; venez me voir dans l'allée de hêtres que voilà, entre onze heure et minuit. Il y va de votre bonheur et de votre salut ». Et il disparut. Mathilde s'en fut au rendez-vous. Le lendemain, la noce ne fut pas gaie; quand Raoul voulut rejoindre la jeune fille, il la trouva baignant dans une mare de sang et s'écroula.
Au hameau d'Awans, il y a un château du XVIIIe siècle qui comprend un haut pavillon rectangulaire à toit à la Mansard, relié par une aile de bâtiment à un donjon carré surmonté d'un clocher bulbeux. Une grille monumentale précède le château de FANSON dont les bâtiments se répartissent autour de deux cours. Il comprend des parties de différentes époques, principalement de 1764. L'ensemble a été soigneusement restauré vers 1925.
Fanson appartint longtemps aux Sélis dont les armes se retrouvent plusieurs fois dans le château. On y voit encore une grande vasque en marbre rouge montée sur un socle mouluré daté 1697, attribuée à Delcour. Le cadran solaire formé d'un phyllade violet et bronze doré se trouve dans le potager du château.
Si nous en croyons la tradition, Harzé porte malheur à ses seigneurs. Le château, bâti en pierre du pays, est un bâtiment rectangulaire construit près d'un donjon carré. On montre, au bout du château, une salle dite du comte. Un seigneur d'Harzé avait l'habitude de s'y enfermer pour compter ses sacs d'or. L'entrée en était défendue par une porte à bascule. Or, certain jour, la porte bascula et le comte fut enfermé comme un rat. Il mourut de faim, et c'est l'odeur nauséabonde qui fit découvrir le cadavre.
A Harzé encore un intéressant château-ferme du PARADIS, de différentes époques.
VALLEE DE L'OURTHE.
Rejoignons l'Ourthe aux rochers de Sy, plus exactement à Vieuxville, au moment où elle pénètre dans la province de Liège. Les ruines de Logne couvrent le sommet d'un rocher séparant les vallées de l'Ourthe et de la Lembrée. Déblayées vers 1899, elles sont parmi les plus importantes du pays.
Le château de LOGNE cité au IXe siècle, remis en état par Wibald en 1l38, appartenait aux La Marck au XVe siècle. Guillaume de La Marck étant en lutte ouverte contre les Bourguignons et Charles-Quint, le château fut assiégé et conquis par Henri de Nassau le premier mai 152I. Le vainqueur fit pendre les 22 défenseurs sur la colline de Palogne et détruire le château de fond en comble.
Du XVIe siècle à la Révolution. Logne et son comté furent à l'abbé de Stavelot. Cette formidable forteresse était défendue par trois enceintes successives. On y distingue encore trois bâtiments principaux reliés par des ponts-levis jetés à plus de 25 mètres de hauteur. Un châtelet puissamment fortifié en défendait l'entrée. Le donjon surplombait la rivière, de même que la chapelle audacieusement jetée sur un pic au XIe siècle. Le château comprenait encore des dépendances: forge, ateliers, brasserie. Les ruines de Logne font partie du domaine de Palogne où se trouve un château moderne (1896).
Le château de RENNE à Hamoir, comprend une grosse tour carrée et une partie plus moderne s'inspirant du style du XVIIe siècle. Des dépendances ornées d'une girouette (1753) datent réellement de cette époque. Le château d'Hamoir-Lassus est remarquable.
Les châteaux féodaux qui surveillaient la vallée de l'Ourthe ont presque totalement disparu. Bien souvent, il n'en reste qu'une tour. C'est le cas à Comblain-la-Tour (tour du XIVe siècle avec linteau sculpté), Comblain-au-Pont (tour rectangulaire XIIe siècle), Poulseur (Tour des Choucas).
MONTFORT à Esneux, était au Moyen-Age une forteresse redoutable. Comme il était finalement devenu un repaire de hors-la-loi rançonnant les voyageurs, le Prince-Evêque décida d'en finir et il chargea Guillaume de Juliers de le détruire en 1495.
Le Seigneur d'Esneux habitait le château de la TOUR dont la façade porte encore les armes d'Argenteau. C'est une construction sans grand intérêt, la tour elle-même étant moderne.
Près du Parc Communal se trouve le château du ROND CHÉNE, bâti par les Orban (XIXme siècle), considérablement amélioré par les Montefiore, grands philantropes.
En face, sur l'autre rive, le château LA VAUX dont la grille d'entrée porte les armes des Berleur et Nizet, appartint longtemps à une famille noble du nom d'Esneux, qui ne possédait cependant pas la seigneurie principale.Le château d'AVIONPUITS date de 1756.
Vient ensuite toute une série de châteaux d'un intérêt limité. Le château de MONCEAU à Méry porte une belle devise: « Rien sans Dieu ,, (1648)
Sur le sommet de la montagne dominant Tilff, le château de BRIALMONT rebâti par l'Evêque suffrageant de Liège, Charles Antoine de Grady, en 1739.
Le château de TILFF, aux deux tours basses et aux hautes toitures date du XVIIIe siècle. Le château de SAINVAL, plus moderne, baigne ses pieds dans la rivière.
Au lieu dit Colonster, une vaste colline boisée est couronnée d'un château ancien transformé au XVIIe siècle. Sa situation, les éléments défensifs qui subsistent (4 tours, épaisseurs des murs en moellons, fossés secs...) tout nous indique que le château est une ancienne forteresse.
Et de fait, ce furent les Horion qui, au début du XVIIIe siècle, transformèrent le château-fort en château de plaisance. Les origines de COLONSTER n'étant pas exactement connues, et plutôt que de répéter des données incertaines, nous nous bornerons à dire qu'il était un fief du Prince-Evêque de Liège, propriété des Des Prez au XVe siècle. En 1512, il échoit à l'Évêque Éverard de La Marck, le donateur du buste reliquaire de Saint Lambert. En 1524, il est aux Horion qui le conservent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs familles se succèdent alors à Colonster mais ne font qu'y passer notamment les barons de Chestret (1863-1882), la baronne de Waha (1882-1891) et le baron van Zuylen depuis 1920.
On doit regretter la disparition du château de BEAUFRAIPONT qui se trouvait à une demi lieue de Colonster sur la rive droite. Cité en 1291, brûlé par les soldats de Jean de Bohème en 1318 et par ceux du maréchal de Boufflers en 1691, Beaufaipont avait été refait aux environs de l'an 1700. Les patriotes l'attaquèrent en 1789 mais le châtelain aidé de ses gens résista.
En regagnant la cité, nous jetterons un coup d'oeil au petit château des GROSSES BATTES â Angleur, de style Louis XIV (1731).
* * *
Au cours de notre périple, nous avons rencontré de nombreux châteaux remarquables dont beaucoup sont peu connus. Les châteaux féodaux furent peu nombreux, mais d'un vif intérêt. Plus fréquents furent les châteaux d'époque Renaissance. D'autres châteaux sont de styles Louis XIII, XIV, XV, XVI, ou Empire. Beaucoup de châteaux liégeois s'ornent d'un fronton armorié.
Nous avons rejoint Liège qui, pendant neuf siècles fut la capitale d'un état indépendant. De nos jours, Liège est encore capitale mais d'un état qui n'envoie pas d'ambassadeurs, qui n'applique pas de barrières douanières, mais qui est particulièrement cher à notre coeur: le PAYS WALLON.