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Paroisse de Saint Remacle au Pont à Liège

NOTES - DOCUMENTS INEDITS

par Georges DELARGE, trésorier de la fabrique d'Eglise de St-Remacle

Saint Remacle au Pont - 1649 - Milheuser

PREFACE


En 1909, à la mort du Révérend curé Hislaire, feu mon père, trésorier de la Fabrique d'église avait découvert, dans une soupente de l'ancien presbytère, un vieux meuble qui renfermait, gisant pêle-mêle, un certain nombre de registres et de documents anciens.

Jusqu'à cette heureuse trouvaille, les Marguilliers croyaient, se basant sur la note suivante signée par les membres du Conseil vers 1879, qu'il n'existait plus, à St-Remacle, en fait d'archives, que deux ou trois pièces, d'ailleurs de peu d'intérêt:

« Il est impossible de donner des renseignements exacts sur les anciennes fondations (1) attendu que presque la totalité des papiers, registres, etc., de cette église ont été brûlés ou égarés lors du bombardement de 1794 et l'incendie du faubourg »

Cette affirmation était erronée: de nombreux documents, débris vénérables du passé, avaient échappé à la tourmente. Mon père, très attaché à l'église paroissiale, mettant à profit ses rares moments de loisir, avait commencé patiemment le classement de ces précieux papiers. La mort vint l'interrompre en plein travail. Ma ligne de conduite m'était tracée: j'ai continué sa tâche.

En fouillant dans les gros registres reliés en cuir brun, en compulsant ces livres aux coins écornés, aux feuillets jaunis mais à l'écriture nette encore, en lisant et en relisant ces actes divers autour desquels, je gage, ont dû s'élever, parfois, tant d'âpres débats, j'ai revécu, vraiment, un intéressant passé. Les aïeux se levaient pour me conter leur histoire. Et c'étaient des choses inédites qu'ils une disaient et que rendait d'autant plus captivant, leur long et mystérieux oubli.

Bien vite, ils sont devenus mes amis, de bons amis même, ces chroniqueurs de St-Remacle. Alors, je leur ai dit gaîment: «Parlez plus haut, parlez à tous. Racontez donc votre histoire, « notre» histoire. »

Pour la plupart d'entre nous, en effet, n'est-ce pas dans la paroisse qui les a vus naître que se déroulera toute l'existence? Les aïeux, sur ce coin de terre, y ont vécu; ils y sont morts; leurs petits enfants y grandissent à leur tour et y demeurent, continuant, sur le même sol, des traditions séculaires.

Pour beaucoup, la paroisse est une petite patrie dans la grande et c'est dans cette petite patrie-là, près de son cher clocher, qu'à certains jours l'âme belge, comme au temps jadis, toujours éprise d'idéal et de libertés, vibre surtout de patriotisme et de foi.

Avec les aïeux, guides expérimentés, j'ai parcouru l'église et ses alentours. On s'est arrêté, chemin faisant, à la porte de quelques monastères et, tout en devisant, l'on est arrivé aux confins mêmes de la paroisse.

L'accueil, partout, a été très cordial. N'étaient-ils pas nos aïeux, tout comme leurs descendants, aujourd'hui, de vrais et francs liégeois?

G.D.



AVERTISSEMENT


Afin de présenter au lecteur, d'une manière attrayante, ces documents, nombreux sans doute mais épars, qui ont si rarement de la cohésion entre eux, par suite des lacunes qui existent dans nos archives, j'ai jugé nécessaire, pour les combler, de recourir à quelques-uns de nos bons historiens.

J'ai fait appel aux vieux auteurs, Bouille, Foullon, Mouhin, Saumery et à des contemporains, aujourd'hui décédés, le chanoine Dans, le peintre Helbig, Godefroid Kurth.

J'ai ouvert aussi, avec quel profit, le magnifique ouvrage, si fouillé de M. Th. Gobert « Les Rues de Liège » et les très intéressantes collections « Lohest frères à Liège », qui sont, celles-ci, inédites et que j'ai été autorisé à consulter.

Je tiens, enfin, à remercier chaleureusement, ici, pour les traductions qu'il m'a si aimablement faites des documents latins, l'un de mes anciens condisciples du Collège St-Louis, à Liège, qui actuellement, revêtu de l'habit d'ignace de Loyola, est revenu - prêtre - dans cette chère maison d'étude où se sont passées, pour tant de paroissiens de St-Remacle de ma génération, les belles années de notre fugitive jeunesse.

Le Révérend Père Vervier ne m'en voudra pas de le citer car en le citant je puis ainsi rendre hommage à mes anciens maîtres, vivants ou disparus dont je garde, dans la vie, un souvenir ému et reconnaissant.

La couverture et les planches n° I et VIII de ce volume ont été reproduites d'après les dessins si artistement exécutés et si rigoureusement exacts de M. Henri Marneffe, lauréat de l'école St-Luc à Liege, paroissien de St-Remacle.



LIVRE I

MA PAROISSE


CHAPITRE I.

Le Patron de la Paroisse

« A tout Seigneur, tout honneur. »

PROVERBE.


Saint Remacle, issu d'une famille distinguée, naquit à Bourges, sur l'Yère, vers 612. Sa première éducation fut confiée à St-Sulpice. Remacle entra, ensuite, au monastère de Solignac, sur la Loire, fondé et dirigé par Saint Eloi. Lorsque celui-ci fut promu à l'évêché de Noyon, Remacle fut élevé à la dignité abbatiale. Peu après, il fut appelé à la cour de Dagobert, roi de Francs, mais la conquête des âmes, sur un champ plus vaste, plus aride aussi, tentait cet homme prédestiné. Il s'achemina donc vers nos contrées où était encore vivace le souvenir des druides.

Attristé de voir les populations de nos Ardennes sacrifier au paganisme, il se fixa dans une grotte d'où avec une inlassable ardeur, il convertit au christianisme toute la région de Malmedy. Il éleva, là, un monastère et une église. Mais son zèle ne connait pas le repos. Par ses soins, une abbaye est bâtie à Stavelot. Il évangélise ensuite Sommeleville, village qui devint, plus tard, l'importante ville de Verviers. Ame ardente, il porte la bonne nouvelle à Spa et dans la région avoisinante. Ses supérieurs ont apprécié son zèle, son savoir, ses vertus; aussi le nomment-ils au siège épiscopal de Maestricht.

Sur ce nouveau champ d'action, à la poursuite de son idéal toujours, Remacle déploie la même réconfortante énergie.

Vers 660, croit-on, le pieux apôtre, après avoir résigné les charges épiscopales, alla finir, dans le cloître qu'il avait fait construire à Stavelot, une vie toute remplie d'activité et de désintéressement.

Dans ce val silencieux et solitaire, entouré d'épaisses forêts, l'âme du saint, absorbée dans la paix promise par Dieu aux hommes de bonne volonté, pouvait, plus intensément encore communier avec l'Etre mystérieux vers qui, tôt ou tard, va chaque vie.

La tradition situe entre 671 et 677 la mort de cet admirable missionnaire.



CHAPITRE II.

Fondation de l'Église - Création de la Paroisse

« Partout où passent les saints,
ils laissent quelque chose de Dieu. »

Curé D'ARS.


1071! Date à marquer d'une pierre blanche pour notre paroisse.

Les Malmédiens se révoltent contre les moines de Stavelot, leurs chefs. Ceux-ci accourent à Liège solliciter l'appui d'Henri IV (2) qui se trouvait dans la cité mosane. Dans leur rude voyage, ils transportent avec eux la châsse de leur saint fondateur. L'empereur les accueille et leur rend justice.

Les moines s'en retournent, maintenant, imposant cortège, vers la lointaine ardenne, pays de légende. Ils viennent de franchir la porte de Liège. Les voici dans la plaine (3), à quelques pas du mont Cornillon. Tantôt, il faudra gravir avec peine la rude montée de Robermont. Le pieux cortège s'arrête. En plein air, dans un champ, encore enthousiasmés de l'impérial accueil, les religieux chantent une messe d'actions de grâces puis, processionnellement, se remettent en marche vers leur cloître austère.

Le propriétaire du champ où venaient de se dérouler les saints mystères offrit alors au saint cette terre désormais bénie.

Quelques mois plus tard, au-dessus des moissons d'or, une petite cloche égrenait lentement ses angelus... l'église St-Remacle était née.

Il est très probable que, primitivement, notre église ait relevé du doyen de l'église des SS. Apôtres à Cologne. Plus tard, la chose est certaine, elle dépendit du Prévôt d'Aix-la-Chapelle (4). La copie ancienne d'une charte du XIIIe siècle va nous révéler quelques détails à ce sujet (5).

Garsilius, doyen de la Collégiale N.-D. à Aix, confia, en 1274, la desservitude perpétuelle des églises de Jupille, de St-Remacle au_Pont et de Grivegnée à l'abbé des Prémontrés de Cornillon. Il lui assignait la portion congrue, soit 15 livres, fixée par les statuts du diocèse. Il lui céda, à cet effet, les revenus de 4 bonniers de terre, les dîmes de trois journaux de terre et d'un pré, une rente de deux setiers d'épeautre et une autre de 4 solidi (6).

Les Prémontrés ne semblent guère avoir joui de cette desservitude.



CHAPITRE III.

Notre Église à travers les Ages

Ces temples sont à nous; là, nos aieux fidèles
Ont épanché leur âme et ployé leurs genoux;
Ils ont, pour notre foi, bâti ces citadelles;
Ils étaient là chez eux; nous y sommes chez nous.

(P. DELAPORTE, S. J.).

Nos archives ne disent rien quant à la première église St-Remacle édifiée en 1071. D'après certains chroniqueurs (7), le petit temple aurait été incendié vers 1075. Reconstruit, a-t-il pu subsister jusqu'au milieu du XVe siècle, époque à laquelle, indiscutablement, l'une des églises St-Remacle a été réédifiée? Ce point, malheureusement, n'est pas éclairci et nous sommes contraints de commencer notre étude sur l'église en prenant, comme point de départ, une date plus rapprochée de nous.

Tout d'abord, allons visiter la tour. Vestige des siècles passés, elle est l'un des rares témoins des évènements qui se sont déroulés dans la paroisse au cours de ces six derniers siècles.

D'après les constatations de M. Edm. Jamar, architecte et archéologue distingué de notre ville, dont tout le monde connait la haute compétence, la partie en pierres de taille remonte à la première moitié du XVe siècle.

Quoi d'étonnant à ce que la tour ait été reconstruite vers cette époque puisque nous lisons dans le testament de William de Bouxhemont datant du 13 février 1420:

« ... je laisse pour Dieù en aùmosne des bons pesants florins d'or une seùle foys a payer apres mon deces, tantos que annoncé serat en bonne foy a oùvier et Laboùrer alle vestition et reparation delle thoûr et clochier de L'Eglise Sainct Remacle ... » (8)

Dans cette tour, comme dans tous les monuments de l'espèce bâtis au moyen âge, règne, en maîtresse, une obscurité profonde. Une unique baie y donne accès. En passant sous cette ancienne porte, constatons la robustesse des murailles. Elles ont 1m20 d'épaisseur. Remarquez-vous les traces d'un très ancien crépi sur les trois murs en pierre? Seul - et c'est sur ce point que j'attire votre attention - le mua « Est », parallèle donc à la nef de St-Roch, est construit en briques. Il n'est ni crépi, ni blanchi.

A un peu plus de trois mètres du sol, nous apercevons l'une du côté Sud, l'autre à l'Ouest (celle-ci rebouchée) deux anciennes fenêtres de forme ogivale. Gravissons les trente cinq marches, en vieux chêne, d'un escalier tournant qui va nous conduire au premier palier de la tour. Nos pas qui résonnent sur chaque marche, réveillant, semble-t-il, les échos du passé, font voleter autour de la petite flamme de notre bougie, la poussière que, sur ces degrés jamais époussetés, les siècles, lentement, y ont accumulée. Le grave sujet de méditation!

Approchons du mur (Est) en briques, dont nous venons de parler. Voyez l'immense ogive en pierres de taille équarries, partant du sol, dont les arcs se rejoignent à près de 10 mètres de hauteur! De l'église actuelle, nul ne soupçonne même cette ligne harmonieuse de nos anciens temples. Le mur de la nef de St-Roch, en effet, à l'endroit exact où se voit la « fausse » fenêtre masque ce très archaïque souvenir.

Examinez maintenant, profondément encastrées dans les épaisses murailles, ces nombreuses, consoles en pierre, usées et patinées par le temps, cet ouvrier impitoyable. Jadis, elles ont servi à recevoir une charpente.

Faisons un nouvel et dernier effort: vingt-huit marches et nous sommes au second palier, juste devant les cloches. Levons les yeux pour admirer l'épaisse charpente en chêne massif qui, reposant sur l'extrémité des murs en pierre (ils se rétrécissent ici et se continuent en briques) gagne là-bas, très haut, le faîte du clocher. Quel assemblage de belles pièces! Voyez sur une poutre maîtresse, poutre située presqu'au sommet de la maçonnerie en briques, la date « 1617 » profondément gravée dans 19 bois. La charpente daterait d'alors et le clocher aurait été exhaussé, lui aussi, à cette époque.

Vous pourriez, en grimpant péniblement sur deux hautes échelles, arriver près de l'ancienne horloge, mais le vertige pourrait saisir certains visiteurs... Concluons donc, d'autant plus que le vétuste plancher sur lequel nous circulons accuse son grand âge. Il pourrait, vermoulu qu'il est dans ses fibres, s'affaisser sous notre poids.

Les primitives églises de St-Remacle étaient orientées, toutes, dans le sens voulu par la liturgie, le choeur regardant vers l'Est. Elles étaient donc perpendiculaires à la rue d'Amercoeur actuelle, dénommée alors le « Real chemin ». (9) La baie qui nous a livré passage, tantôt, était la porte d'entrée de ces différents, temples qui se sont succédés dans le cours des âges jusqu'au début du XVIIIe siècle. La tour dans laquelle nous nous trouvons a survécu à tous les avatars, défiant aussi bien le temps et les invasions que la pioche des démolisseurs.

L'ogive que nous avons examinée séparait l'église proprement dite du parvis.

Le mur de fondation, épais de 0m70, que j'ai découvert en 1918, lorsque j'ai exploré l'ossuaire de l'église (10), mur qui est dans le prolongement du mur Nord de la tour, vient donner à ces différentes constatations toute leur valeur.

Le crépi, pauvre et bosselé, nous révèle à son tour combien était pitoyable - telles ces humbles églises de nos ardennes - les premières églises de St-Remacle.

Gagnons l'air et la lumière et complétons, de la rue même, notre documentation.

On peut d'ici se rendre parfaitement compte de l'endroit où se termine la partie ancienne de la tour. C'est là où commence la maçonnerie en briques. Remarquez-vous de chacun des quatre côtés, dans la partie en pierre, ces anciennes ouvertures, bouchées aujourd'hui? C'étaient des abat-son jumelés et de style ogival si je m'en rapporte aux côtés Est et Ouest. Derrière leurs arceaux, avant 1612, étaient suspendues les cloches (11).

Il est permis de supposer que seule l'église actuelle a été réédifiée avec le choeur situé au Sud.

Le temple précédent ayant pâti des ravages causés par le bombardement de 1691 et par les évènements de 1702, on le reconstruisit tout en conservant la vieille tour qui, jusqu'à cette époque, avait tout à la fois servi de clocher et de parvis.

Nos archives ne disent que peu de chose au sujet de cette réédification. Les historiens d'alors n'en parlent guère, eux non plus. Seul Saumery, dans son livre « Les Délices du Pays de Liège », signale que l'église vient d'être reconstruite et que son architecture est d'ordre toscan (12).

C'est probablement en 1714 que les travaux de reconstruction ont été commencés, car la Cité intervint cette année-là et l'année suivante par un subside de 2000 florins (13). Il est à remarquer, du reste, qu'un paroissien de St-Remacle, Urbain Leloup, dans son testament du 29 novembre 1713, stipule ce qui suit: « Comme aussi en cas on commence à travailler au choeur de la ditte église St-Remacle, il laisse 100 patacons une fois... » (14).

L'église, la maçonnerie du moins, doit avoir été terminée en 1715 à en juger par cette date, toujours la même, portée sur quatre de ses colonnes (15). Elle a été livrée au culte en 1716 (16), mais n'a été complètement achevée que plusieurs années après, si je m'en rapporte à la date « 1722 » gravée dans les bancs de la grande nef enlevés tous en 1896 et qui étaient posés à même le sol (17).

Le Curé de Magnery, qui s'était dépensé pour sa reconstruction, ne devait pas avoir la joie de voir consacrer le nouveau temple (18). II mourait en 1725 (19). Cette cérémonie eut lieu cinq ans plus tard, le 1er mai 1730, et fut présidée par Jean-Baptiste Gillis, évêque d'Amyzon (20) et suffragant de Liège (21). Le maître-autel fut dédié à St-Remacle, l'autel du côté droit à la Vierge et à la Sainte Croix, l'autel de gauche aux deux Saints Jean (l'Evangéliste et Jean-Baptiste), à St-Mangulphe et à St-Antoine.

Peu après le bombardement de 1794, des détachements autrichiens furent casernés dans notre église. Ces troupes purent d'autant mieux s'y livrer à des déprédations que le curé d'alors, l'abbé Olislagers, avait pris la fuite pour ne rentrer que quatre mois plus tard, en novembre (22). Ces soudards, un cuirassier notamment, ont écrit, en bas allemand, des notes ironiques au beau milieu d'un registre. L'un de ces troupiers se moque du malheureux Commissaire Moreau, de Longdoz, qui a été fusillé lâchement par eux; un autre invoque, en plaisantant, Ste Marie Reine de Hongrie (23). La populace, enfin, se livra à des excès, elle aussi, et détériora même les orgues (24).

Après la tourmente, et les années suivantes, il fut impossible de réparer convenablement l'église et la cure qui, toutes deux, avaient beaucoup souffert (25). Il fallut attendre jusqu'en 1811 pour voir, enfin, disparaître les graves meurtrissures causées par l'impitoyable bombardement.

En 1860, par suite des nombreuses constructions qui continuaient à s'élever dans la paroisse, la population s'était considérablement augmentée et même à peu près doublée. L'église n'était plus en rapport avec le nombre des fidèles qu'elle était destinée à recevoir; aussi le Conseil de Fabrique adressa-t-il, le 15 février de cette année-là, une demande au Conseil Communal, afin d'être autorisé à faire agrandir St-Remacle.

On projetait de surélever le maître-autel « que les hommes de l'art ont trouvé beau et imposant... » et de reculer les deux autels latéraux en empiétant sur les sacristies se trouvant derrière chacun d'eux (26). La Fabrique adressa maints rappels aux autorités sans cependant aboutir.

En 1863, elle soumettait de nouveaux plans. On écrivait notamment à l'Administration Communale qu'après réflexion on jugeait que des autels renfoncés produiraient un fort mauvais effet sans donner plus de place dans l'église; qu'on préférait construire dans le style de celle-ci une arcade de plus, en avançant la façade vers « la place » St-Remacle (27).

La Commune ne voulut pas intervenir dans la dépense parce que ces travaux - très importants - ne faisaient retrouver que 60 places. Ils auraient coûté 14.030 francs! (28) La Fabrique, qui manquait de ressources, abandonna le projet.

En avril 1869, l'abbé Hislaire, successeur du Curé Laoureux, fit étudier, à son tour, plusieurs plans pour l'agrandissement de l'église.

Il désirait reculer l'abside jusqu'à la propriété Cambresier (29), construire deux ailes pour y placer les petits autels, édifier deux avant-corps pour former le transept avec une porte de dégagement rue d'Amercœur puis, enfin, reconstruire la façade et des sacristies.

Le devis s'élevait à 58.025 francs. La Ville consentait, cette fois, à donner à la Fabrique un subside de 19.261 frs 55, mais le projet ne fut pas exécuté. L'abbé Hislaire, qui venait de construire à Dison, où il avait été curé, une très belle église, rêvait, sans doute, après un nouvel examen, de donner aux paroissiens de St-Remacle un temple tout aussi majestueux. Il chargea donc M. Halkin, architecte à Liège, d'en dresser les plans. En 1871, celui-ci soumettait son travail à la Fabrique mais l'oeuvre parut probablement trop modeste aux Membres du Conseil (elle eût cependant coûté 220.000 francs) qui réclamèrent un second projet. Celui-ci, trop grandiosement conçu - le devis se montait à 604.814 frs 96! - dut être remanié. La Fabrique approuvait, enfin, en juillet 1874, le plan d'une église de style gothique dont l'exécution entraînait une dépense de 535.940 francs. On sollicita un subside de la Ville et feu M. Fraigneux, Conseiller Communal (30), à la séance du 23 janvier 1875, appuya le projet et proposa même à la Ville de voter un crédit de 100.000 francs. Cette proposition, combattue par plusieurs membres, fut mise aux voix et fut rejetée par 14 voix contre 3. C'était l'échec complet après des tâtonnements bien laborieux.

Une question qui, depuis un siècle, a été examinée à différentes reprises déjà, est celle de la solidité du monument et de ses hors-plombs.

Le 30 ventôse, an XIII (30-2-1805), le Bureau des Marguilliers signalait au Préfet (31) que la voûte de l'église était crevassée en plusieurs endroits (32). Il est, cependant, probable que ces fissures étaient la conséquence du bombardement subi par l'église en 1794.

« En 1812, disent les archives de la Ville, un ouvrier travaillant sous les toits a traversé les voûtes en briques qui recouvrent la grande nef. En 1828, des briques s'en sont détachées. Vers 1820, les murs se sont fortement lézardés pour la première fois » (33).

En 1872, la situation empira. La Fabrique prétendit à cette époque que les travaux houillers entrepris sous l'édifice par le charbonnage de la Chartreuse avaient entraîné ces dégâts. L'Administration des Mines fit une enquête qui aboutit à la mise hors cause du charbonnage incriminé.

Saint Remacle au Pont - Tracé du charbonnage de la Chartreuse

Le travaux houillers, disait, en substance, l'Ingénieur Principal Geoffroy (34), poussés, autrefois, sous le faubourg d'Amercoeur, sont abandonnés depuis longtemps et noyés complètement. Ils n'ont donc absolument aucune communication avec les sièges actuellement en activité. L'Administration des Mines reconnut, il est vrai, que des tailles avaient passé aux environs de l'église et même en dessous de celle-ci, mais en laissant des massifs assez grands pour admettre qu'elles n'aient eu aucune influence sur la solidité de l'édifice (35). Du reste, ajoutait-elle, les affaissements du sol produits par l'exploitation des mines présentent, en général, par leur étendue un caractère qui permet le plus souvent de reconnaître leur origine et le rapport concluait que, parmi les nombreuses constructions groupées autour de l'église, aucune n'avait subi de dégradations (36).

L'état de délabrement de l'église s'accroît de jour en jour.

En 1907, la Fabrique, d'accord avec l'Administration Communale, a dû faire procéder à la consolidation de la charpente de la nef principale (37). En outre, en 1910, on a abattu les cordons en pierre de taille de la façade, qui s'effritaient (38). Plus récemment encore, en 1920, il a fallu arracher l'énorme croix en fer forgé qui couronnait le fronton de la façade et qui menaçait de venir s'effondrer sur le sol. Enfin, en 1924, c'est la partie supérieure de la façade elle-même qu'il a fallu démolir et reconstruire.

Dans sa séance du 14 avril 1910, le Conseil de Fabrique avait réexaminé la question posée depuis 1860 de la reconstruction de l'église. Le principe de cette reconstruction avait été adopté à l'unanimité (39). Le Bureau des Marguilliers confia à M. André Bage, architecte de talent et, alors, paroissien de St-Remacle, le soin d'étudier un projet. En 1912, celui-ci soumettait au Conseil un plan très réussi d'église romane.

Maheureusement, la guerre est survenue arrêtant forcément les études entreprises. Quelques mois plus tard, les prix des matériaux et de la main d'oeuvre augmentaient dans des proportions insoupçonnées. Dès lors, la réalisation du plan de style roman devenait impossible à cause du grand nombre de pierres de taille et de moellons de grès, matériaux coûteux, qui entraient dans sa construction.

Pendant l'été de 1918, le Conseil de Fabrique chargea M. Bage de mettre sur le métier un nouveau projet. Celui-ci prévoit la maçonnerie en briques; néanmoins, des pierres de taille provenant, en partie, de l'ancien édifice, sont habilement réparties dans le monument, afin de lui enlever la monotonie qu'il aurait s'il était uniformément en briques. La disposition du plan et l'allure assez mouvementée de l'élévation ont un caractère plutôt moderne; certains détails s'inspirent d'un gothique très primaire. La façade est orientée vers la « nouvelle percée » (40). L'église projetée serait ainsi construite parallèlement à la rue St-Remacle.

La tour - et c'est ce qui donne au projet une heureuse originalité - est située vers le milieu de l'édifice, sur le côté, au Nord-Ouest.

Projet de restauration de St Remacle au Pont par Gage

Dans la planche III, le lecteur pourra admirer la sveltesse des lignes, l'excellent éclairage du temple, ses proportions harmonieuses et l'intelligente distribution de cette construction qui embellirait singulièrement le modeste quartier d'Amercoeur.

M. le Curé Jacob - depuis, Révérend Curé-Doyen de St-Nicolas à Liège avait vu, toujours à cause de la guerre, ses laborieux efforts pour la reconstruction de l'église, malheureusement enrayés. Il avait cependant pu recueillir patiemment plusieurs milliers de francs.

M. l'abbé Fincoeur, son successeur, liégeois comme lui, prêtre d'un dévouement sans limite, s'est attelé, lui aussi, à cette tâche extrêmement complexe.

Mais, hélas! Qu'il y a donc loin de la coupe aux lèvres! Toutes ces études compliquées et ardues risquent, malheureusement, une fois de plus, de rester dans les cartons. « L'homme propose et Dieu dispose ». Pour ce nouveau projet, nous avions tout prévu sauf la marche vertigineusement ascensionnelle du prix des matériaux et de la main d'oeuvre.

Aussi, quelque désireux que soient le Conseil de Fabrique et les paroissiens de voir reconstruire l'église, d'après le plan qu'unanimement ils avaient approuvé, si opiniâtre que soit dans ses quêtes inlassables, leur vaillant Curé, je doute fort cependant que - même avec l'appui éventuel des pouvoirs publics - l'on puisse jamais recueillir les deux millions de francs qui seraient indispensables pour mener ce projet à bonne fin. Réduire ou simplifier ce plan est chose irréalisable.

A l'oeuvre, pourtant, rebâtiseurs. Le Conseil de Fabrique, bien que vinculé par les circonstances, garde, plus que jamais, une inébranlable confiance en l'avenir.

Si le projet actuel semble devoir être, lui aussi, condamné faute d'argent, l'architecte de la Fabrique, pressenti déjà, pourra, au besoin, doter le quartier de St-Remacle d'une église relativement peu coûteuse, aux proportions vastes cependant et aux lignes ultra-modernes.

Aux portes de Paris, ville d'art par excellence, se remarque, dans l'audacieuse originalité de notre époque, la claire silhouette de N.-D. du Raincy.

Vaisseau d'amples proportions, lignes simplement géométriques où s'enchâssent de grandes verrières d'une conception toute récente.

Dans l'intérieur de l'église, c'est une profusion de lumière; c'est en outre, le choeur surélevé avec, en dessous, les salles de catéchisme, le bureau de l'archiprêtre et même les lavatorys comme il sied dans notre siècle de progrès et d'hygiène.

Dans cette construction innovée de toutes pièces, le charme du pratique s'allie réellement au goût du confort.

Dans ce merveilleux Paris où l'on reste fervent des vieilles choses - ses anciens et grandioses monuments en sont le vivant témoignage - tous comprennent que le XXe siècle a, lui aussi, un indiscutable droit de cité. Aujourd'hui, c'est le triomphe du béton armé, c'est la construction solide, édifiée dans un minimum de temps avec un minimum de dépense. C'est, enfin, le jalon que plante à son tour sur la route millénaire de l'humanité l'homme d'à présent.

Notre Fabrique d'église, toute respectueuse qu'elle est de son passé, attend avec une ferme confiance que le nouvel effort de son Curé - il le fera - et la générosité non seulement des paroissien de St-Remacle mais même des bons liégeois lui permettent de voir se dresser bientôt, à la place du vieux temple lépreux et vermoulu qui se meurt, un monument digne de notre siècle jeune, aux conceptions hardies, j'en conviens, mais si fréquemment heureuses aussi (41).

A l'oeuvre tous, et dès maintenant, chers concitoyens; à l'oeuvre: « pour Dieu, Notre-Dame et St-Remacle! «



CHAPITRE IV.

Étendue de la Paroisse

Une colline escarpée s'élevait au milieu de la campagne
d'où l'on pouvait la découvrir de tous côtés.

OVIDE, Métamorph. Livre VII.


La paroise avait une très grande étendue. Si, dit Th. Gobert (42), elle ne renfermait que 403 maisons au XVIIe siècle, elle s'étendait, d'après les capitations paroissiales, aux « faubourgs (43) d'Amercœur, quartier de Longdoz, quartier de Basse-Wez, Cornillon et Péville, quartiers de Dessous l'eau et Bressoux, Bois-de-Breux, Grivegnée, commençant à Wez ».

Dans sa circonscription, se trouvaient notamment les établissements de Cornillon avec leur léproserie, le monastère de la Chartreuse, l'abbaye des Dames de Robermont, la chapelle Notre-Dame à Grivegnée, l'ermitage et, plus tard, la chapelle à Bois-de-Breux, le couvent des Religieuses conceptionistes et, enfin, la maison du Beau Mur, qui appartenait aux Prémontrés (44).

Constatons, tout d'abord, que jusqu'à la fin du XVIe siècle, le hameau de Wez dépendait de la paroisse de St-Vincent. Il en fut détaché le 16 janvier 1599 et réuni à celle de St-Remacle (45) dans les circonstances suivantes.

Les rares habitants de ce hameau (la pièce les désigne nominativement) adressèrent une requête au prince-évêque Ernest de Bavière, sollicitant leur rattachement à St-Remacle, faisant remarquer qu'à cause de trois cours d'eau, très rapides l'hiver, qui les isolaient de Fétinne, ils éprouvaient les plus grandes difficultés pour se rendre à leur église paroissiale. C'est au péril de leur vie et de celle de leurs enfants, disaient-ils dans leur supplique, qu'ils parvenaient à s'acheminer vers leur église. Cependant, est-il écrit dans le document, signé notamment par Antoine d'Ardenne, Curé de « Fetinne et d'Angleur », aucun malheur ne leur était jusqu'à présent survenu.

Le prince-évêque prescrivit une enquête qui démontra le bien-fondé de cette demande. Au surplus, le Curé de Fétinne et celui de St-Remacle étaient tous deux partisans de cette modification. Ernest de Bavière accueillit donc la requête des habitants de Wez, étant entendu que le Curé de Fétinne, et après lui, ses successeurs, recevraient à perpétuité la part « des revenus, émoluments et décimes » qu'on avait l'habitude de recueillir dans ce hameau. Les habitants de Wez durent souscrire solidairement à ces conditions qui allaient faire l'objet d'un acte officiel. Après le Concordat, on s'occupa, en 1803, de l'organisation générale des paroisses, des succursales et des chapelles auxiliaires.

Pour les quartiers de l'Est, St-Nicolas, ancienne église des Pères Récollets, fut désignée comme paroisse (46). St-Remacle-au-Pont, St-Pholien, St-Vincent, Jupille, Grivegnée et Angleur devinrent des succursales.

St-Remacle eut pour limites « celles de la commune de Jupille au Nord, le rempart de la Ville ou le bras de la rivière qui le baigne à l'Ouest, Fléron et Beyne à l'Est et Grivegnée au Sud » (47).

On promut à la nouvelle succursale de Grivegnée l'abbé Duchemin, Curé de St-Pholien, insoumis, qui refusa. Il fut remplacé par l'abbé Dufays, chanoine de la Collégiale Ste-Croix qui avait desservi les cures de St-Servais et de St-Georges.

Le 23 août 1806 (soit seulement 3 ans plus tard), le préfet supprima cette succursale et Grivegnée fut de nouveau rattachée à St-Remacle. Ses habitants, en effet, par suite des frais que l'érection d'une succursale entraînait, avaient préféré conserver le statu quo et relever de St-Remacle (48).

Cependant, le 1er juin 1832, Grivegnée, à laquelle quelques mois plus tard on devait adjoindre Bois-de-Breux, redevint succursale (49). La ligne de séparation entre les deux paroisses (Grivegnée et St-Remacle) fut modifiée à différentes reprises par l'autorité épiscopale, notamment en 1842 (50) et en 1909. Cette année-là (30-4-1909) Mgr Rutten fixa, comme suit, la délimitation du côté Sud-est, entre Grivegnée et notre paroisse:

« la limite sera le point de jonction des rues Beau Mur, Bonne-Femme, Billy et Haute-Wez. Conséquemment, toutes les maisons des rues Billy, Haute-Wez et Grégoire sont détachées de la paroisse de St-Remacle et rattachées à celle de Grivegnée (51) ».

En 1893, par suite du développement considérable qu'avait pris la commune de Bressoux où il n'y avait même pas de chapelle auxiliaire et étant donnée l'insuffisance de l'église St-Remacle que, nous l'avons vu, la Fabrique n'avait pas les moyens d'agrandir, feu Mgr Doutreloux y érigea une succursale sous le vocable de N.-D. du Rosaire. Les limites de la nouvelle paroisse furent celles de la commune même.

Le dimanche 10 décembre 1893, les fidèles de Bressoux étaient détachés de St-Remacle et soumis à la juridiction du nouveau desservant (52). Ce fut M. l'abbé Sauvenier, vicaire à St-Remacle, qui fut promu à ce poste de confiance (53).

Enfin, une église succursale, dédiée au S. C. de Jésus, a été érigée à Robermont par arrêté royal du 26 juillet 1909. M. l'abbé Hacken, actuellement Révérend Curé-Doyen de St-Martin à Liège, en fut le premier desservant (54).

Ces modifications successives et profondes ont singulièrement diminué l'étendue de notre paroisse, mais depuis l'on a gagné en population ce que l'on perdait en superficie et notre « St-Remacle » d'aujourd'hui reste pour des âmes d'apôtres un magnifique champ d'action où, à pleines mains, le prêtre peut cueillir en abondance, pour les offrir à son Dieu, cette admirable moisson qui surpasse nos pauvres rêves humains: l'idéale moisson des âmes!



CHAPITRE V.

Les Houblonnières

« C'était pour les étrangers de passage à Liège un sujet d'étonnement
que l'importance réelle prise chez nous par l'exploitation houblonnière. »

Th. GOBERT.


Malgré sa vaste superficie, la paroisse ne comptait, au commencement du siècle dernier, que 4500 âmes (55).

Les habitants s'occupaient principalement de la culture sol.

A une époque plus éloignée, l'on pouvait voir, chargées de grappes blondes et noires, prometteuses d'un bon vin mosan, de nombreuses vignes s'étalant sur les coteaux de Wez (56).

Aux alentours de l'église même (57), puis à Longdoz, à Grivegnée et à Bressoux s'étendaient, à perte de vue, des houblonnières, véritables forêts de perches sur lesquelles venaient s'enrouler, tels des pampres, le houblon précieux.

Quand une houblonnière faisait l'objet soit d'une vente, soit d'une location, l'acte spécifiait si la terre était garnie ou non de ses perches (58).

La récolte des houblons commençait à la fête de St Lambert, au mois de septembre et, si j'en crois Hock, c'était le rire aux lèvres que d'accortes « vendageuses », filles de Wallonie, cueillaient les cônes abondants. « Si vous venez à l'arrière saison», dit-il, « vous entendrez les ploktresse de houblon chanter très gaiement en coupant la fleur de cette précieuse plante » (59). Le dernier jour de la récolte, si le fermier était bien disposé, il réunissait tout son monde, lui offrait du genièvre, du café puis d'excellentes tartes de chez nous et la fête se terminait, tradition bien liégeoise, par de joyeux crâmignons.

Plusieurs paroissiens sexagénaires se rappellent très bien avoir vu, à St-Remacle, de ces champs de houblon (60), derniers arpents d'une culture séculaire qui se mourait à tout jamais.

Rien ne peut mieux le démontrer qu'une délibération prise en 1847 par le Conseil de Fabrique (61). Le vicaire - il n'y en avait qu'un à cette époque - sollicitait un supplément de traitement, parce que, disait-il, la quête du houblon, qui lui rapportait, jadis, un peu plus de 100 francs par an, était devenue insignifiante. « Cultures rares, mauvaises récoltes », ajoutait-il. Le Conseil accorda cent francs d'augmentation à son vicaire, mais l'on reste stupéfié en constatant sur quelle base vraiment instable avait été établi précédemment le traitement de ce modeste prêtre.

Dans une paroisse où l'on cultivait le houblon d'une manière intensive, rien d'étonnant _ surtout que l'on était aux portes d'une grande ville - à ce que de nombreuses « brassines » se soient installées dans nos « faubourgs ». Amercœur avait même, d'après Th. Gobert, la réputation de produire la meilleure cervoise (62).

L'industrie de la bière s'est maintenue dans le quartier, tout en se raréfiant cependant. Bon nombre de ses habitants se rappellent l'importance brasserie « Trasenster» qui appartenait à une ancienne famille de St-Remacle. En cherchant bien, ne retrouverait-on pas là cet établissement du « Cygne » (63) dont parlent fréquemment et à des dates très différentes nos vieux actes de ventes et de locations?

Enfin, l'un des anciens présidents du Conseil de Fabrique, feu Hubert Jeghers, arrivé chez nous en 1871, installa au pied du thier de Robermont une brasserie qui existe encore de nos jours.

On brasse donc depuis plusieurs siècles dans notre paroisse et ses habitants, que je présume tous, amateurs d'excellente bière, peuvent reprendre avec l'un de nos poètes ce refrain fameux, délicieusement tentateur:


« A plein verre, mes bons amis,

En la buvant, il faut chanter la bière

Il faut chanter la bière du pays » (64).



CHAPITRE VI.

Les bombardements de la Paroisse

« Le Président de la République Française décrète: Art. 1°).
La Croix de Chevalier de la Légion d'honneur est conférée à la Ville de Liège. »

Arrêté Ministériel du 7-8-1914.


L'église St-Remacle située sur la grand'route d'Aix-la-Chapelle se trouve ainsi sur une voie internationale et, partant, sur le chemin séculaire et sinistre des invasions.

Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, celles-ci vont s'échelonner sur de courtes périodes.

C'est de la colline de la Chartreuse, alors point stratégique de premier ordre, que l'ennemi, soit français, débouchant du Condroz, soit autrichien ou allemand venant de l'Est, assiège Liège dont les maisons qui s'étalent aux pieds de l'envahisseur seront une proie facile pour ses mortiers et ses bombardes.

Dans le couvent des Chartreux, hier encore rempli de quiétude, elles se sont tues les psalmodies des moines. L'ennemi a violé le pieux asile et ses soldats ont transformé en caserne le cloître paisible. Maintenant sur la ville horrifiée, les bouches à feu sèment la dévastation et la mort.

Comme elle le fit, vaillamment, hier, comme elle saura le faire demain encore si elle était de nouveau menacée, Liège résiste courageuse et stoïque. Il a fallu, à regret, situé qu'il est en dehors des portes de la cité, abandonner à son malheureux sort le faubourg d'Amercœur.

Les assiégeants que la poudre a grisés descendent pour le pillage et la tuerie, espérant trouver dans la petite agglomération entourant St-Remacle un avant-goût des plaisirs qu'ils convoitent pour bientôt à Liège. Oh! la voilà bien la guerre « fraîche et joyeuse» où s'inscrit en lettres de sang et de boue, dans le livre de l'Histoire, la bestialité de Caïn.

En 1649, les Liégeois contestent l'élection de Maximilien-Henri de Bavière comme prince-évêque (65). Celui-ci, après avoir fait preuve de patience, charge enfin une armée bavaroise d'aller soumettre la Cité. Ces allemands occupent nos faubourgs et quatre à cinq mille d'entre eux ravagent les environs de la ville et incendient Jupille et Fléron.

Quarante-deux ans plus tard, en 1691 (66), ce sont les Français qui, à leur tour, envahissent la Principauté. Leur armée, placée sous le haut commandement du Maréchal de Boufflers, traverse la Meuse, campe dans le Condroz, franchit l'Ourthe et s'avance devant la Chartreuse qui n'était pas entourée de fortifications. A coups de canon, elle en renverse les murailles, s'y installe et, pendant les fêtes de la Pentecôte, de Boufflers fait bombarder la ville. L'ordre est ensuite donné d'incendier l'église et les « deux maisons de Cornillon, le village de la Boverie et les habitations du faubourg d'Amercœur ». De par la volonté toute puissante d'un maréchal de France, l'on eut à déplorer ce grand désastre.

Onze ans après, nouvelle incursion. Cette fois, c'est l'armée des alliés (67). De nouvelles ruines vont joncher notre sol martyr...

De tous les bombardements - celui de 1914 compris - ce fut le bombardement de 1794 qui devait être, pour notre paroisse, le plus désastreux tant par sa violence que par ses effets.

Je résume Mouhin contemporain de cette époque tragique (68).

Le dimanche 27 juillet, dès l'aube, l'on entendit une canonnade assez lointaine mais dont l'intensité s'accroissait, laissant présager que l'armée française avançait à grands pas.

L'infanterie et les dragons autrichiens casernés au Couvent des Pères Récollets, Outre-Meuse, sont alertés et gagnent rapidement les ponts St-Julien et St-Nicolas. Dans l'entretemps, vers Hollogne, Loncin et Ans le combat se développait. Une poignée de Français fit reculer les Autrichiens jusque sur le pont des Arches. Ceux-ci y avaient installé plusieurs batteries. Qu'importe! L'assaillant, dépourvu de canon n'étant même pas appuyé par sa cavalerie, force - après deux heures de lutte - les Autrichiens à la retraite, s'empare de deux canons et fait de nombreux prisonniers. Les Autrichiens redoutant un désastre regagnent précipitamment la Chartreuse où ils s'étaient retranchés et fortifiés depuis plusieurs jours déjà. Les Français, qui n'étaient pas en nombre pour tenter l'assaut de cette place forte, se barricadèrent à la porte d'Amercœur et mirent en état de défense les points de la rive par lesquels l'ennemi aurait pu tenter d'envahir la ville. Pendant deux semaines, Autrichiens et Français échangèrent des coups de feu d'une berge à l'autre.

Durant ce siège, l'armée française eut à déplorer la mort d'une centaine de ses soldats tués à leur poste de combat, près de la porte fameuse. L'armée républicaine, maîtresse de la citadelle, réduisit au silence plusieurs batteries situées à la Chartreuse et à Bouhay. Les Autrichiens ripostèrent mais quantité de leurs boulets - intentionnellement, affirme Mouhin - vinrent s'abattre sur notre faubourg, incendiant plus d'une centaine de maisons. Leurs soldats déchaînés pillèrent d'autres immeubles puis y mirent le feu. Plusieurs habitants furent tués ou grièvement blessés dans les caves où ils s'étaient réfugiés. Pendant quatre jours, l'incendie fit rage et il eut continué si le général français n'avait prévenu les agresseurs que s'ils ne cessaient immédiatement leur carnage, son armée appliquerait, dans les villes autrichiennes où elle passerait, la même impitoyable rigueur. Le dénouement était, du reste, proche. Les 16, 17 et 18 septembre, dans une bataille décisive près d'Esneux, les Autrichiens furent battus. Ce cuisant échec contraignait leurs avant-postes à évacuer la Chartreuse. Du coup, notre paroisse retrouvait un peu l'apaisement. Le 18, on désobstrua la porte d'Amercceur pour laisser passer l'armée française triomphante.

Nous avons encore trop présente à l'esprit l'odieuse occupation teutonne d'août 1914 à novembre 1918 que pour ne pas nous rendre parfaitement compte des longues heures d'angoisse vécues, alors, par les malheureux habitants de St-Remacle livrés sans défense à la merci d'un vil oppresseur.

Quelques noms, parmi les paroissiens qui ont trouvé la mort dans ces journées tragiques, nous ont été conservés:

REGISTRUM
MORTUORUM
PAROCHIALIS ECCLESIAE
Sti REMACLI AD
PONTEM (69)

1794.

REGISTRE
DES MORTS
DE L'EGLISE PAROISSIALE
DE ST-REMACLE-AU-
PONT

1794.

petru andras (70), theresia gourlette uxor servatii mignon occisi in depredatione, etc.

1794.

27 Julii

Pierre André, Thérèse Gourlette, épouse de Servais Mignon, tués dans le pillage, etc.

1794.

27 juillet

in depredione bellicâ et incendio misere perierunt sequentes nostri Parochiani;

Par suite, des maux occasionnés par la guerre, périrent malheureusement dans le pillage et l'incendie, ceux d'entre nos paroissiens dont les noms suivent:

nicolaus-hermanus Moreau,Commissarius Civitatis leodiensis,
henricus Renardi,
joannes-joseph Groulard,
Bertrandus Daïet,
jacobus delarge,
joannes lehanne,
hubertus nicolaï et bàrbara pinet uxor ejus,
joannes detheux,
arnoldus Rousseau innocens ab infantia et mente simplex,
joannes delbouille et Mathias Dodeur uterque famulans in hâc parochiâ.

Nicolas-Herman Moreau, Commissaire de la Ville de Liège,
Henri Renard,
Jean-Joseph Groulard,
Bertrand Daïet,
Jacob Delarge,
Jean Lehanne,
Hubert Nicolas et Barbe Pinet, sa femme,
Jean Detheux,
Arnold Rousseau, innocent dès l'enfance et simple d'esprit,
Jean Delbouille et Mathieu Dodeur, l'un et l'autre, domestiques dans cette paroisse.

13a 8bris (71)

Cantata est Missa depositionis idae hubert viduae Joannis Donnay ex Londoz, quae misere periit tempore belli.

13 octobre.

Une messe d'enterrement a été chantée pour Ida Hubert, veuve de Jean Donnay de Longdoz, laquelle périt misérablement au temps de la guerre.

Deux ans plus tard, le 9 thermidor (27-7-1796), Liège, la nouvelle cité républicaine, célébrait avec éclat la fête de la Liberté. Notre faubourg ne s'était pas encore relevé de ses ruines.

Ici. nous laisserons parler Mouhin lui-même (72), ce modeste chantre de l'église de St-Nicolas dont l'âme naïve, profondément attachée à la cité natale, sut trouver des accents douloureusement vibrants pour nous parler de ces poignantes horreurs:

« Le cortège va au quartier d'Outre-Meuse. Quels déchirans souvenirs, il doit sortir par la porte d'Amer-Coeur. Tout y représente encore les effets de la rage autrichienne. On n'y voit que des débris, des ruines, des citoyens qui gémissent sous le poids de l'infortune et de la misère mais ils paraissent en ce moment oublier tous leurs maux, ils s'unissent à nous pour célébrer la Fête de la Victoire; ils s'écrient: Vive la liberté! Vive la République! Ils jurent haine éternelle à la tyrannie ....

O infortunés habitans d'Amercoeur! nous l'aurons enfin cette paix si désirée! ... »

Ainsi que nous l'avons vu précédemment, notre église resta debout mais fut assez endommagée par les boulets. On autorisa les habitants des maisons incendiées à s'emparer des pierres de taille et des pierres de sable de la cathédrale St-Lambert qu'on démolissait et les sinistrés réédifièrent leurs immeubles (73).

Le 7 août 1800, le Préfet de l'Ourthe fit paraître un plan pour le rétablissement du « faubourg d'Amercoeur ». Le 16 mai 1801, un autre plan pour l'alignement fut adopté. Il n'a pas été mis, semble-t-il, à exécution car le tracé actuel est très irrégulier (74).

Le 2 août 1803, Bonaparte qui passait par Liège, venant de Maestricht, tint à se rendre compte par lui-même du désastre qu'avait subi notre quartier. C'est à cheval et accompagné des généraux Duroc et Loison que le Premier Consul parcourut notre paroisse (75). Le peuple lui fit un enthousiaste accueil et, en son honneur, le soir, on illumina la ville. Peu après sa visite, Napoléon octroya un subside de 300.000 francs pour la restauration du faubourg.

Le magnifique tableau du peintre français Ingres, qui se trouve à notre musée des Beaux-Arts, représente le Premier Consul accordant le subside en question.

Le 7 août 1800, le Préfet de l'Ourthe fit paraître un plan pour le rétablissement du « faubourg d'Amercoeur »

C'est pour remercier Napoléon de son geste, qui lui coûtait bien peu cependant (76), qu'en 1805 les Liégeois donnèrent à la rue d'Amercoeur le nom de « faubourg Bonaparte », nom qu'elle a perdu à la chute de l'empereur.

Napoléeon et le pont d'Amercoeur par jehotte

Du bombardement de 1914 et de l'occupation allemande, nous dirons peu de chose. Nombre de livres très intéressants et très documentés ont parlé de l'héroïque résistance de notre Cité en pages émouvantes et sincères. La paroisse n'a du reste subi, en pertes matérielles du moins, que peu de dommages.

Je me bornerai à conter l'histoire du modeste drapeau que notre Fabrique avait fait arborer, dès la mobilisation, au sommet du clocher de l'église, humble carré de laine, mais qui, en ces jours-là, personnifiait, plus que jamais, la Patrie!

En août 1914, les établissements publics avaient reçu l'ordre du Ministère de l'Intérieur d'arborer le drapeau national sur leurs édifices (77).

A St-Remacle, ainsi qu'ils en ont l'habitude depuis nombre d'années pour la fête paroissiale, les frères Herzet, ardoisiers à Bressoux, tinrent à honneur d'aller déployer nos trois couleurs, au faîte extrême de la tour, sur la croix même, debout dirai-je, face à l'ennemi.

Et, en ces journées d'été, sous les rayons chatoyants du magnifique soleil d'août, notre immortel drapeau semblait dire à la paroisse enfiévrée: « Espérez! Dans mes plis mouvants, je porte depuis plus de 80 ans vos libertés! »

Hélas! Comme des coups de foudre, les opérations militaires se succédaient, prenant une ampleur et une gravité insoupçonnées. Des autos, à toute allure, portaient cette inscription bien en évidence: « On demande d'urgence des terrassiers pour la Chartreuse. Se munir d'une pelle ».

Et nos soldats vaillants et décidés, eux, passaient... passaient, gravissant le Thier de Robermont, ce chemin des morts, la voie sacrée de la Cité.

Une note gaie toutefois. Au coin des rues d'Amercceur et Sous-l'Eau, près de la maison Frédéric (78), venaient d'arriver, vers 12 heures, le 3 août, les « petits chasseurs » de Mons. Ils stationnèrent à cet endroit durant plusieurs heures. La « Musique » les accompagnait. Celle-ci mêla le son éclatant de ses cuivres au chant émouvant de nos cloches et, durant tout l'après-midi, « Le Doudou », « Sambre et Meuse», « Valeureux Liégeois », « La Brabançonne » éclatèrent en une joyeuse et patriotique fanfare. C'est acclamés, fleurs au fusil ou à la boutonnière, que les « petits chasseurs », fils de Belgique, flamands et wallons confondus, s'en allèrent vers Rabosée, vers le devoir, vers le sacrifice, beaucoup, hélas, vers la mort mais tous - oui, tous, certes! - vers la gloire.

Le 4 août, au matin, les forts de Liège, sentinelle avancée, commençaient à subir les assauts du parjure. Qui de nous ne se souvient de ces heures de folle angoisse où, réfugiés dans les caves, l'on écoutait avec effroi, le sifflement sinistre des shrapnells qui s'abattaient sur notre chère Cité, engins maudits qui embrumaient ce ciel d'été et dont l'odeur âcre répandait sur la ville réellement figée, une obsédante terreur.

Lors d'une accalmie, vers 4 heures de l'après-midi, l'on se décida, méfiants, à parcourir les alentours. Les bombes avaient fait, dans la paroisse, plusieurs victimes et abîmé quelques maisons, le vicariat notamment. L'église n'avait pas été touchée. L'aumônier des Soeurs de l'Espérance, l'abbé Vandervelpen, habitant rue Frédéric Nyst, avait été tué net, dans sa chambre, par un obus qui avait, en même temps, dévasté l'immeuble. Rue St-Remacle, plusieurs personnes avaient trouvé la mort. Nombre de bombes étaient tombées rue d'Amerceuur, l'une d'elles, dans le jardin de M. E. Van Ormelingen, président du Conseil de Fabrique. Certains paroissiens affolés venaient sonner chez M. le Curé (79) et chez moi, nous invitant à faire enlever le drapeau, cause de tout le mal, déclaraient-ils. Notre drapeau semblait, en effet, avoir été une cible et une cible idéale. Le bombardement, on le savait, allait reprendre avec plus d'intensité encore. Les gens étaient atterrés. Je me rendis donc chez les frères Herzet, mais ils venaient de quitter la paroisse. Je me renseignai à droite et à gauche, espérant trouver un homme de bonne volonté pour enlever l'emblème. Hélas! ce jour-là et les jours suivants, il eut fallu plus que du courage pour se hisser au sommet du clocher. On se faisait pressant. Des représailles de la part de l'ennemi qui venait de barricader le pont d'Amercceur et qui, ainsi, nous isolait du restant de la ville - étaient à craindre. Nous avions vu passer, hagardes, des familles de Visé que recueillirent généreusement les Révérends Pères Jésuites du Collège St-Louis. Sur nombre de maisons du quartier, de petits drapeaux blancs venaient de faire une subite apparition. La terreur commençait.

Et le drapeau belge, lui, flottait toujours au sommet de la vieille tour, semblant défier les Huns qui passaient en longues théories grises, hordes dressées pour des oeuvres de mort.

La population s'énervait. Notre drapeau était devenu, pour elle un réel cauchemar. La rue d'Amercoeur, à laquelle l'occupant avait menacé de mettre le feu, venait d'être évacuée par ses habitants. M. le Curé, obsédé par les insistances de quelques paroissiens, promit alors: de rémunérer très largement l'audacieux qui irait enlever le drapeau. Un matin, un ouvrier, un inconnu, se présenta et procéda à cette périlleuse besogne.

Les trois couleurs tombées, n'était-ce pas l'annonce des deuils cruels, des tristesses, des revers qui allaient frapper, pendant cinq douloureuses et interminables années, la paroisse et la Patrie!...

En 1918, l'humble drapeau a reconquis sa place et c'est trois semaines durant qu'il a claqué au souffle puissant de la victoire.




CHAPITRE VII

Les Statuts de I'Archidiaconé du Condroz

« La loi se fait par la constitution du prince
et par le consentement du peuple ».

D'un capitulaire de 864.


Avant de continuer notre promenade dans la paroisse, définissons le rôle des archidiacres, sorte de gouverneurs nommés par le prince-évêque lui-même, gouverneurs qui exerçaient, dans l'archidiaconé qui leur était dévolu, une autorité tout à la fois civile et religieuse.

L'origine de cette haute dignité remonte à la première moitié du moyen-âge. Le diocèse étant très étendu, il était impossible aux évêques de visiter toutes les églises paroissiales et de veiller par eux-mêmes aux affaires spirituelles et temporelles des paroisses (80). On avait, dit le chanoine Dans (81), divisé le diocèse en huit archidiaconés. St-Remacle dépendait de celui du Condroz qui comprenait, en 1790, trois conciles ou doyennés, à savoir: St-Remacle renfermant 50 cures, Ciney 32 cures et Ouffet 69 cures. Nous donnons, à la fin du présent chapitre, la liste des églises et chapelles qui formaient le concile de St-Remacle, concile qui, à différentes reprises, s'est réuni dans notre église (82).

L'archidiacre avait la main haute sur les affaires spirituelles et temporelles des paroisses, sur les menses des pauvres, sur les hôpitaux, les léproseries, les écoles, les chapelles et les ermitages. Il donnait l'institution canonique aux clercs préposés pour une cure ainsi qu'aux simples bénéficiers. Il présidait les conciles de son archidiaconé, visitait les paroisses, examinait et approuvait leurs comptes, nommait des juges synodaux.

Il y avait enfin, ajoute le chanoine Daris, une cour archidiaconale exerçant un pouvoir judiciaire touchant les personnes et les biens. Cette cour possédait quelques fonctionnaires spéciaux, entre autre un official particulier, un procureur fiscal et un notaire apostolique.

Comme dans le cours de notre ouvrage, nous aurons, à plusieurs reprises, l'occasion de nous appuyer sur ces statuts de l'archidiaconé du Condroz, extrayons de cet ancien « Record » qui, pendant de nombreux siècles et jusqu'à la Révolution française a régi les paroissiens de St-Remacle, les choses les mieux à même d'intéresser le lecteur.

Au début du XVIIe siècle, l'archidiacre Everard, Comte de Mandercheit, jugea utile de codifier les anciens statuts relatifs à l'administration religieuse, civile et judiciaire de sa circonscription. Jean Delderen (83), l'un de ses successeurs, prévôt de l'église collégiale de St-Barthélemy à Liège, remit à jour, dirai-je, ces règlements qui étaient toujours en vigueur mais qui, trop souvent, prêtaient à des interprétations erronées. Comme « en icelui » (84), dit l'archidiacre en parlant du statut établi par son prédécesseur, « se peut rencontrer quelque obscurité tant a cause du caractere que de la diversité des mandemens, des tems écoulés, changement D'état, de personnes, etc., ce qui fait souvent fois qu'il se rencontre diverses choses douteuses, beaucoup de querelles, grieves et aveugles contestations entre les sujets de notre archidiaconé », il st de notre devoir « de les mettre en matiere plus claire et intelligible ».

Ce sont donc ces statuts, rajeunis.., en 1634 et dont nous avons retrouvé plusieurs copies dans nos archives, que nous allons rapidement parcourir.

Le premier chapitre traite « De Lhonneteté et devoirs des Pasteurs ».

Les Curés vivront « avec pieté, devotion, justice, sobrieté, chasteté » car « ils sont les Lanternes mises sur le chandelier de leurs paroisses pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison de Dieu ». Ils rendront « le premier hommage et honneur à leurs paroissiens nobles et seigneur temporel du Lieu ». Ceux-ci les défendront et les aideront. Ils assisteront « aux messes paroissialles pour l'exemple des autres paroissiens ».

Les Curés, véritables juges de paix - somme toute - dans leur paroisse règleront les différends. Eventuellement, ils en référeront aux doyens. Si l'on n'aboutit pas, obligation est faite de « rédiger par écrit le sujet de la dispute » et d'envoyer ce rapport à l'archidiacre « pour en ordonner de droit ou amiablement ».

Dans le deuxième chapitre, il est question des « chapelains, margueliers et mambours ». Tous doivent obéissance à leur curé. Outre leur charge à l'église, ils sont tenus d'instruire les enfants « touchant les bonnes moeurs Lettres et catechisme de chrétiens ».

Lorsqu'une « mambournerie » deviendra vacante, les derniers mambours présenteront à leur curé une liste de trois ou quatre paroissiens jugés les plus aptes à remplir cette charge.

Le pasteur en choisira un ou deux selon les exigences de la Fabrique et de son église. Ces mambours prêteront le serment d'usage et seront nommés pour une année entière.

Les comptes de la Fabrique et des Pauvres se rendront en présence « du pasteur, des mambours precedens et de tous ceux de la Communauté qui s'y voudront trouver, y étant appellés par publication et par le son de la cloche ». Il est strictement défendu de faire « des gourmandises aux dépends de l'église et des pauvres ».

A cette époque, l'on était très négligent pour tenir les registres de l'église et pour annoter les paiements. De plus, l'on ne connaissait guère, comme aujourd'hui, les bienfaits d'une solide instruction. Pour obvier à ces graves lacunes, les pasteurs « lorsque les mambours ne sauront écrire » pourront « désigner quelque salaire à quelque écrivain député, selon les commodités de l'église, et le labeur dudit écrivain ».

Nous voici au chapitre III qui, lui, concerne les paroissiens.

Dans les endroits éloignés de l'église mère et où les paroissiens ont été autorisés à construire une chapelle, il est défendu d'y accepter des chapelains à l'insu soit de l'archidiacre, soit du curé, sous peine de nullité et de « reprehension rigoureuse ».

Obligation est faite aux fidèles de se rendre à l'église paroissiale les dimanches et fêtes, d'y entendre la messe, d'assister aux vêpres « sans frequenter les cabarets pendant l'office, à peine de correction ». Défense de vaquer aux affaires séculières les dimanches et fêtes « et de se divertir aux foires sans grande nécessité et permission des supérieurs a peine d'un florin d'or pour chaque fois ».

Ceux des « gentilshommes et autres » qui ont été autorisés à posséder une chapelle privée ne peuvent faire « célébrer messe en particulier avant la messe paroissialle ou sur le commencement d'icelle » car, ajoute l'archidiacre, c'est un devoir général, en effet, « que d'ouïr la messe paroissialle et une obligation à écouter ce qu'il y faut annoncer ».

Dans les paroisses « villageoises » - c'était donc le cas pour une grande partie de St-Remacle - il était interdit de faire sortir les bêtes avant la messe; que « sur ce les pasteurs et officiers du lieu prennent garde ».

Enfin, dans le but d'obliger les enfants à suivre assidûment l'école, il était recommandé aux parents de ne pas les envoyer « s'il est possible » garder les bêtes ou les troupeaux.

Le chapitre IV définit les devoirs des Curés.

« Les pasteurs » auront soin, écrit l'archidiacre, « que par leur faute, ou celle de autres, le peuple ne se puisse lasser d'ecouter les choses divines: et partant dans les messes et offices, qu'ils ne soient prolixes et ennuieux et qu'ils ne soient aussi precipitans outre mesure, mais qu'ils observent la juste et agréable mediocrité avec respect convenable ».

Il s'insurge contre la tendance de certains curés à laisser faire des processions absolument trop longues: « Il se fait en certains lieux des processions a des places fort éloignées, et de long circuit, non sans grande incommodité et insolence, et ou l'on n'etudie pas tant au salut de l'ame, ni a l'honneur de Dieu qu'aux gasouillemens et autres choses ». Désormais donc, l'on raccourcira ces processions ».

Abordons maintenant le cinquième chapitre qui traite « Des charges des Reparations en Genéral ». Ce chapitre définissant surtout la dîme, nous l'examinerons plus en détail.

Pendant le moyen-âge et jusqu'à la Révolution française - qui les supprima complètement (85) - certaines contributions afférentes aux églises, cures et monastères, contributions que devaient payer le Seigneur ou le manant, prenaient le nom de dîmes. Celles que percevaient les curés étaient dénommées « dîmes sacramentelles ».

On leur a souvent fait, à ces impôts des siècles passés, une odieuse réputation et, cependant, quel contribuable à notre époque ne désirerait voir renaître, sans qu'ils soient pour cette raison des impôts en nature, ces taxes judicieuses, très modiques, jamais outrancières.

Les possesseurs de la grosse dîme étaient obligés de fournir le maître-autel et de l'orner d'un tableau. Il en était de même pour les objets accessoires, les nappes, certains vêtements sacerdotaux, un calice, deux possinets » au vin et à l'eau, la « première chandelle », le vin, les hosties, un missel, un graduel et un psautier.

La troisième partie de cette dîme était appelée « la portion pastorale »; elle appartenait au « Vesti » (56) et était exempte de charges.

La grosse dîme devait construire et, éventuellement, entretenir la nef, les murailles, les toits et les voûtes de l'église sauf « l'internat de deux wères (87) du toit joindantes à la tour ce à tout quoi sont obligés les paroissiens ».

La grosse dîme avait à ses charges l'entretien du portail de l'église avec ses serrures et ses clés. Elle fournissait, en outre, la grande et banale cloche et telle qu'on la puise entendre dans tous les endroits où la grosse dîme se perçoit ».

Si le Curé touchait plus que la troisième partie de la grosse dîme, il devait intervenir pour une certaine quote-part avec les autres dîmeur.

La grosse dîme devait posséder et entretenir un taureau et un verrat destinés, tous deux, au service des personnes qui payaient cette grosse dîme.

Les paroissiens, même ceux qui étaient très éloignés de l'église - ce qui était le cas notamment pour les habitants de Bressoux et de Bois-de-Breux - devaient fournir la tour et le clocher. Une deuxième cloche, « un ciboire ou une remontrance, une honnête boëte du St-Sacrement a porter aux malades » et quelques autres objets étaient aussi à leur charge.

De plus, ils étaient tenus d'entretenir les fenêtres du côté du choeur et même si « quelques gentils hommes n'avoient leurs sièges au choeur », les paroisiens étaient obligés de les faire installer. Ils devaient fournir le balustre qui sépare le choeur de la nef, les confessionnaux, le portail de l'église, les murs « de la Cimetière », les fonds baptismaux et le « chaudron bénitoire et l'asperges pour répandre l'eau bénite sur le peuple ». Ils devaient acheter et entretenir la lampe du sanctuaire. Obligation leur était faite de fournir « un heritage au Curé, libre et exempt de toutes tailles et exactions ». Ils devaient faire bâtir une maison « commode et honnête sur le dit fond » et s'il y avait quelque dîme afférente à ce fond, les paroissiens étaient obligés de bâtir une grange (88) suivant la quantité de dîmes et autres fruits que le Curé avait à y conserver. Le pasteur devait entretenir ce presbytère en bon père de famille et, le cas échéant, les paroissiens pouvaient l'y contraindre.

Si l'habitation pastorale venait à être détruite ou endommagée par un cas fortuit ou s'était délabrée par suite de vétusté, la réparation en incombait aux paroissiens; par contre, s'il y avait de la faute du Curé, celui-ci était tenu de reconstruire l'immeuble « par exemple, si de la maison il en faisoit un cabaret et que vaquant de la sorte à une chose illicite, le feu viendroit a se mettre en la maison pastoralle fortuitement par les buveurs, ou hôtes insolens ». Néanmoins, même dans ce cas, les paroissiens étaient obligés « aux chariages des matériaux nécessaires, parmi un sobre rafraichisement qu'on leur donnera ».

Quant aux Curés, voici quelles étaient leurs charges.

Si le pasteur avait la troisième partie de la grosse dîme ou la menue, mais de notable valeur, il devait « l'entretenance du choeur, murailles, voûtes, toit, pavemens et fenêtre du côté de l'Orient » et « s'il avoit quelque quotte de la grosse dîme, au-delà de la tierce parte, il étoit obligé conjoinctement avec les autres dimeurs aux entretiens ci-devant dits ».

Le Curé devait enfin fournir et nourrir un bélier pour le service des paroissiens de qui il recueillait ces dîmes.

Le chapitre VI définit les droits du Pasteur, de la Fabrique et des Marguilliers.

Voici ce que j'y relève de particulier.

Chaque année à la fête de Pâques, tout père de famille marié ou « relaissé » (veuf) déposait sur l'autel, à titre d'offrande, un pattar brabant, au moins. Il en était de même pour les mères de famille, mariées et « autres nourrissantes » ou pour celles faisant leur propre ménage ou celui d'autrui. Les jeunes communiants déposaient, eux, un liard sur l'autel. En outre, chaque personne mariée payait au Curé « 6 oeufs en nature »; les célibataires, qui communiaient, 5 oeufs et ceux d'entre les enfants qui se confessaient seulement, 2 oeufs.

Aux Rogations, chaque famille apportait 6 oeufs à son Curé.

Les droits de mariage étaient d'un daller Roïal avec, détail typique, « une honnête paire de gands ».

Et le chapitre VI se termine par un appel à la charité « défendant de rien exiger des pauvres mendians » et de châtier avec sévérité les pasteurs s'ils ne veulent, lorsque le ca se présente, « ensevelir ou ensepulturer les pauvres ».

Enfin le chapitre VII est relatif aux doyens eux-mêmes.

« Ils devaient obligatoirement célébrer les obsèques des curés et des prêtres de leur doyenné, ainsi que celles des laïcs lorsque, à celles-ci, l'on faisait pompe des armoiries ».

Ordre leur était donné aussi « d'ensépulturer les Lépreux et de les separer du commun, pourquoi faire la communauté originaire du lépreux lui paiera un florin d'or et deux autres pour les droits de obsèques; a l'arbitrage duquel Doïen la disposition ou ordonnance des meubles par lui délaissés demeurera, sauve qu'il sera tenu se garder de toute infection ».

La bénédiction des cloches entrait aussi dans leurs attributions.

Le dernier feuillet du code archidiaconal du Condroz est tourné. Ses lois en sont paternes et sages. Mieux que des ukases, elles étaient - je gage - pour nos populations simples et droites le guide expérimenté et débonnaire.

Le Concile de St-Remacle, d'après un pouillé de 1538 (89)

Eglise de Sainte-Véronique s/Avroye. Eglise de Hermalle.
d'Esneux. de Jupille.
Chapelle de Fontin. de Louveigné.
de Plainevaux. de Lonchin.
Eglise de Baelen. d'Olne.
Chapelle d'Eupen. Chapelle de Saint-Hadelin.
Eglise de Bolland. Eglise de Rechain.
de Chênée. de Ruchelle.
de Dieupart. de Saint-Remacle.
de Fettines. de Sart.
Chapelle d'Angleur. Chapelle de Jalhay.
de Kinkempois. de Spa.
Eglise de Fléron. Eglise de Soiron.
de Forêt. Chapelle de Wanne.
de Goyé et Limbourg. Eglise de Soumagne.
Chapelle de Bilstein. Chapelle de Fecher.
Eglise de Herstal. Eglise de Saive.
de Henri-Chapelle. de Sougné
Chapelle de Lincé. de Sprimont.
Eglise Saint-Christophe. de Walhorn.
Sainte-Marguerite. Chapelle de Peerva Villa.
de Sainte-Gertrude. d'Eynatten.
de Tilleur. de Herkenrade.
de Tillf. Eglise de Verviers.
de Theux. Chapelle delle Chantour.
Chapelle d'Oneux. de Stembert.
de la Reid. Eglise de Wandre.
de Polleur. de Vivegnis.



CHAPITRE VIII.

La Cure

« Si le Seigneur lui-même n'édifie la maison,
c'est en vain que travaillent ceux qui l'élèvent ».

Ps. 126.


Ainsi que nous l'avons vu, les statuts de l'Archidiaconé du Condroz obligeaient les paroissiens et non la Commune à fournir un presbytère à leur Curé (90). Cette règle souffrait, naturellement, une exception quand un presbytère était bâti grâce à la donation d'un bienfaiteur. La Cure de St-Remacle parait avoir été dans ce cas, car elle est encore « grevée d'un anniversaire » (91). Même au début de la Révolution Française, cette Cure n'a jamais cessé d'être desservie (92). M. Olislagers d'abord (1781 à 1790), M. Grégoire ensuite, Curés de la Paroisse, furent maintenus, tous deux, dans la jouissance du presbytère, le second, notamment, par les décrets du 5 brumaire an VI (26 octobre 1797) et du 7 ventôse an VI (7 mars 1798). II n'y a donc pas eu lieu de le restituer à la suite de la loi du 18 germinal an X (22 mai 1802) qui rendait aux Curés la jouissance des presbytères non aliénés avec les jardins attenants. La jouissance du presbytère a passé des Curés Olislagers et Grégoire à tous leurs successeurs.

La maison d'habitation était située sur la route d'Aix-la-Chapelle, à quelques mètres de l'église et était entourée d'un très vaste jardin dont l'un des côtés longeait la rue de l'Aîte (93). Un second jardin, appelé « La Vesture » (94), était situé de l'autre côté de cette voie.

Le plus ancien document - une vieille copie - concernant la Cure date de 1597 (95). Il se rapporte à un échange de bandes de terrain entre le Curé et l'un de ses voisins:

« Le Maire et les tenans de la Courte jurée des biens appartenans à l'Eglise St-Remacle au Pont d'Amercoeur » dont le Curé était membre, permet à celui-ci « Maistre Hubert de Haberouvaux notre souverain mayeur et pasteur » d'échanger « une part d'heritage sur le real chemin » contre une bande de terrain « un cotillage» qui était la propriété d'un appelé Hubert Delle Vignette, terrain qui joignait le cimetière, la maison et les jardins « del vesture » vers la porte d'Amercœur.

En 1709, le Curé de Magnery demanda au Prince-Evêque et obtint d'aliéner, sous certaines conditions, une partie du jardin pour y bâtir des maisons. La pièce, rédigée partie en latin, partie en français, accordant au Curé l'autorisation en question résume très bien l'affaire:

Cette parcelle, dit le document (96), qui appartenait à la Cure et qui était contiguë au presbytère lui-même, avait été louée jadis à un exploitant briquetier. Celui-ci y faisait cuire des briques et payait annuellement au Curé pour l'occupation de ce terrain la somme modique de 18 à 20 florins. Or, comme il existait un second jardin preabytèral suffisant, celui-ci, «pour procurer des légumes au Curé », rien, dès lors, ne s'opposait à ce qu'on aliénât le premier de ces terrains, épuisé du reste. On en retirerait annuellement 80 florins de rente.

André de Beekman, doyen de la Collégiale de St-Jean I'Evangéliste à Liège, examinateur synodal, chargé d'étudier l'affaire, émit un avis favorable et le prince-évêque (Joseph-Clément) accorda, en conséquence, l'autorisation sollicitée. Il est curieux de constater que le document épiscopal donne même le texte français de l'annonce que devra faire le Curé pour cette vente de terrain. Les acheteurs, est-il écrit, ne pourront bâtir ou faire bâtir des maisons « pour y loger ou retirer des petits ménages, selon qu'il se pratique aujourd'huy dans le fauxbourg... La maison qui sera la plus voisinne de la maison pastoralle ne pourra a jamais être habitée par un artisant faisant bruit comme mareschal, charlier, chaudronier, menusier, maitre a danser, cloutier, cerurier, Tonnelier, brasseur, boulanger ou autres semblables et ne pourront avoir iour sur la maison pastoralle ».

Le Curé de Magnery, j'en ignore la raison, n'avait pas profité complètement de l'autorisation accordée par l'archidiacre. Son successeur (après Paul Grégoire), l'abbé Gangulphe Georis, une occasion se présentant en 1761 d'assurer à la cure l'entièreté de la « ditte rente » fait aliéner, lui, tout le jardin entourant son presbytère, se réservant simplement « une allée libre pour aller à son autre jardin appelé la vesture ».

Vingt et un ans plus tard, en 1782, « les mambours et les tenants » font remarquer à Mgr de Stockhem, alors archidiacre, que le jardin du presbytère est fort petit et ils sollicitent l'autorisation - qui leur est accordée - d'agrandir ce jardin. Dans leur requête, ils expliquaient que la paroisse possédait deux cimetières contigus, beaucoup trop vastes pour leurs besoins et ils demandaient à pouvoir disposer de l'un d'eux. Ils prirent donc « hors du cimetière, une demi verge grande ou environ » (97).

En 1786, on avait tracé un nouveau jardin « sous les vitres » de la maison pastorale mais le peu de hauteur du mur mitoyen causait maints désagréments au Curé Olislagers (98). D'accord avec sa voisine, la veuve Servais, qui tenait une auberge, le pasteur demanda à l'archidiacre l'autorisation d'exhausser cette muraille, chose qui lui fut accordée.

Lors du bombardement et du pillage du faubourg d'Amercoeur en 1794, la cure eut beaucoup à souffrir. On peut en juger par le document suivant. L'abbé Olislagers, qui était desservant de St-Remacle, à cette époque, écrit en 1816, de Visé où il était Curé:

« Je sousigné, Curé de Visé, cidevant Curé de St Remacle au pont, faubourg de Liège declare et atteste que les deux Billets de mil écus, chaque à charge des Etats du pays de Liège, légatés à l'Eglise dudit Saint Remacle pour la messe d'onze heures par testament de feu le Sr Jean Daiwaille et déposés à la maison pastorale dudit faubourg, ont été égarés, lacérés ou brulés dans l'incendie et devastation du faubourg en mil-sept-cent-quatre-vingt-quatorze, ainsi que tous mes meubles, papiers et regîtres concernant ma famille et maditte Cure, en foi de quoi j'ai signé l'a présente ce treize Juin mil huit cent seize » (99).

En août 1796, le Curé Jean-Gille Grégoire, successeur de M. Olislagers, sollicite de l'archidiacre l'autorisation d'accepter le rachat d'une rente de 7 florins et 10 sous pour faire procéder aux réparations les plus urgentes de la maison pastorale, triste victime écrit-il - du bombardement et du pillage du faubourg. Il obtint satisfaction et, avec le capital, 200 florins brabant, il put remettre très sommairement la maison en état (100).

Retenons cependant que la cure - pas plus que l'église du reste - n'a été incendiée. De nombreux documents ont été retrouvés et donnent somme toute raison au Maire de la Commune de Grivegnée qui, le 14 février 1811, écrivait au Préfet du Département de l'Ourthe: (101)

« et moi j'observe que lors du bombardement la maison pastorale n'a pas été brulée; j'observe que les registres aux rentes des pauvres, étoient pour les curés aussi précieux que ceux de Bapteme, mariages et décès qui en grande partie ont été conservés e qui sont aujourd'hui déposés aux archives de Liège... » Et comme le Maire était, à cette époque, en conflit aigu avec le Curé de St-Remacle, il ajoute, acerbe: « La délicatesse de la langue française, Monsieur, me refuse ici des termes pour exprimer le degré de confiance que je dois accorder au sieur Grégoire... » (102).

Après la Révolution française, le presbytère « maison et un jardin contenant 11 ares 107 milliares (environ 3 verges grandes) » fut évalué à 30 francs par les commissaires répartiteurs parce qu'il était dévasté de fond en comble « dans tout l'intérieur au bombardement » (103).

Enfin, en 1808, le Conseil de Fabrique écrivit au Préfet pour solliciter un subside pour la réparation du presbytère qui gardait toujours les traces des dévastations qu'il avait subies en 1794. Les travaux nécessaires (104) furent, enfin, exécutés et coûtèrent la modeste somme de 926 frs 44! L'heureuse époque!

Cette maison était beaucoup plus petite que la Cure que nous avons connue.

Le 12 septembre 1819, le Conseil de Fabrique écrivait à la Régence que le Curé, malgré l'exiguité de son logement, se voyait obligé d'héberger son vicaire et, dans sa requête, il faisait remarquer, avec raison du reste, que « la dignité du Curé exigerait qu'ils eussent leur logement séparément » (105).

Ce ne fut qu'entre 1850 et 1854 que le presbytère fut agrandi. On ajouta à la petite bâtisse, du côté de la rue St-Remacle, une salle au rez-de-chaussée, une chambre à l'étage et un grenier. Ces différents travaux coûtèrent 2.295 francs (106).

En 1896, avec l'assentiment de feu le Curé Hislaire, la Fabrique, afin d'augmenter ses ressources (107), décida la construction de cinq maisons sur une partie du jardin de la Cure (108). Celui-ci mesurait, alors, 18 ares 18 ca. et avait une clôture de 82 mètres à la rue St-Remacle. L'emprise fut de 6 ares 18 ca.

En 1898, afin de permettre à la Ville de réaliser le plan d'alignement de la rue St-Remacle, plan approuvé par arrêté royal du 29 avril 1887, la Fabrique céda 280 m2 de terrain, environ (109).

Le presbytère, dont l'état de délabrement était extrême, inhabité depuis mars 1909, fut démoli en 1912 (110). Dès le 5 avril de cette année-là, M. le Curé Jacob, successeur de l'abbé Hislaire, s'était installé dans une maison de la rue Lairesse, au n° 40, en attendant que le presbytère soit reconstruit. Celui-ci était conçu dans le style « Renaissance Liégeoise » rappelant sur toute sa physionomie l'architecture des intéressantes façades de la cour très archaïque des Prébendiers, dans la rue d'Amercœur. On se disposait à mettre la main à l'oeuvre et à réédifier la cure sur l'ancien emplacement, (111) lorsque la guerre éclata. L'adjudication, faite peu de jours auparavant, fut annulée et tous nos projets entièrement bouleversés. Force était d'attendre patiemment le retour à la paix. Enfin, en octobre 1922, la Fabrique reprit, sur de nouvelles bases, les négociations avec l'Administration Communale. La Fabrique proposa notamment d'aliéner plus de la moitié du jardin pastoral, afin de pouvoir couvrir, partiellement du moins, les frais de cette reconstruction. Elle décidait, en outre, d'abandonner définitivement à la Ville son droit de propriété sur la partie restante, quitte à l'Administration Communale à intervenir dans les frais des travaux suivant des modalités à convenir.

Grâce à M. l'Avocat F. Depresseux, Echevin des Travaux Publics de la Ville de Liège, paroissien de St-Remacle, la Fabrique a eu, enfin, la satisfaction de voir aboutir ses persévérants efforts.

La Cure réédifiée sur un plan qui cadrait mieux avec nos disponibilités présentes, conçue dans un style très moderne qui rappelle, cependant, sobrement par endroits, ce style « Renaissance Liégeoise » que la Fabrique eût désiré, est certes l'un des presbytères les plus réussis et les mieux étudiés de la cité liégeoise.

L'originalité de son style, l'élégance de ses lignes très simples mais artistement tracées, en font réellement, à tous points de vue emplacement, architecture et confort - la demeure noble, solide, pratique où, pendant de nombreux siècles encore, sur l'ancien emplacement des « vestis » de St-Remacle, le Révérend Curé Fincoeur, puis ses dignes successeurs, dirigeront les destinées de notre chère paroisse.

C'est dans la gaîté tout ensoleillée d'un dimanche de fête paroissiale, le 29 juin 1924, que la nouvelle Cure de St-Remacle a été inaugurée. Mgr Rutten, Révérendissime Evêque de Liège, Mgr Deseille, Vicaire Général et Mgr Lucas, secrétaire de l'Evêché, décédé depuis, avaient tenu à prouver, par leur présence, combien cette date marquait dans notre histoire paroissiale.

La Fabrique très attachée à ses souvenirs - ainsi qu'il sied à une institution qui a la garde d'un patrimoine respectable et sacré - a tenu à rappeler que c'est sous le pastorat de M. l'abbé Fincoeur que la Cure a été reconstruite.

C'est pour ce motif que, dans le fronton de la cheminée de l'une des pièces principales de la Cure, elle a fait graver cette sobre inscription:

PASTORALIS DOMUS
VICTORE FINCŒUR PASTORE
AEDIFICATA
ANNO DOM
INI 1924 (112).



CHAPITRE IX.

Les Curés de Saint-Remacle

« Ah! qu'il est grand et saint ton ministère ».

« Heures de Poésies ». P. BROUWERS, S. J.


Les archives paroissiales nous ont livré les noms de quelques Curés de St-Remacle. J'en ai dressé la liste; la voici, tout imparfaite qu'elle est.

Malgré des circonstances souvent contraires, ces hommes, depuis de longs siècles - se transmettent, immuables comme la Vérité qu'ils détiennent, ces fonctions redoutables et augustes de pasteurs des âmes. A ce titre vénéré, ils ont droits, les tous premiers, à voir leur nom inscrit dans le Livre d'Or de notre chère paroisse.

NOMS Date de leur
arrivée
Date de leur
départ
Theodore De Bossuto 1427 (113)
Messire Henry de Baules 1450 (114)
Jean Macket 1441 1481 ? (115)
Jean Goberant 1524 (116)
Denixhe Dolhain 1539 (117)
Jean de Court 1559? 1575? (118)
Hubert Verlemont 1593 (119)
Hubert de Haberouvaulx 1597 (120)
Poncelet Barra 1600 ? 1610? (121)
Sire Charle Ferir 1612 1619 (122)
Mathieu Arnoldi 1619 1653 (123)
Noël Hoyoul 1656 1691 (124)
Hubert Labbeye 1693 (125)
Mathieu de Magnery 1709 1725 (126)
Paul Grégoire 1738 1747 (127)
Gangulphe Georis 1747 1765 (128)
Carondelet 1765 1781 (129)
Charles-Joseph Olislagers 1781 1796 (130)
Jean-Gille Grégoire 1796 1803 (131)
François-Jos. Bertrand 1803 1807 (132)
Dieudonné Hagneux 1807 1819 (133)
J.-Nicolas Mattart 1819 1821 (134)
J.-J. Louis 1821 1828 (135)
Gilles-Fr.-Jos. Laoureux 1828 1865 (136)
Jean-Nicolas Hislaire 10-8-1865 5-3-1909 (137)
Joseph Jacob 25-4-1909 1-3-1921 (138)
Victor Fincoeur 28-2-1921 (139)

Ne terminons pas ce chapitre sans rappeler, en quelques mots, la vie du pieux et charitable Curé Hislaire dont tant de paroissiens conservent, vivace, le souvenir.

Saint Remacle au Pont - Curé Jean-Nicolas Hislaire

L'abbé Hislaire naquit à Liège le 29 novembre 1823; il fut ordonné prêtre le 3 mars 1849 et nommé, la même année, vicaire à Olne. De là, toujours en qualité de vicaire, il est désigné pour Huy N.-D. (1851). En 1852, ii devient curé à la Sarte puis, en 1856, il est nommé à Dison, où il a construit l'église actuelle. Le 10 août 1865, il arrive à St-Remacle où il mourut le 5 mars 1909.

Le Curé Hislaire fonda, dans la paroisse, l'école St-Charles, pour les garçons, et vit s'établir par les Soeurs de St-Vincent de Paul une école pour les filles. Il fut le créateur du Cercle catholique St-Ambroise, rue des Pitteurs (140) et du Cercle démocratique St-Remacle (141). Sous son pastorat, grâce à l'intelligente impulsion de M. le Vicaire Borgerhoff et de M. l'Avocat Henri Delarge, alors étudiant, le Patronage du Sacre-Coeur, oeuvre intéressante s'il en fut, accueillit ses premiers membres (142). Ce fut aussi l'abbé Hislaire qui - aidé par l'infatigable et regretté avocat Raikem - réalisa l'idée qu'il avait conçue d'organiser des pèlerinages pour Lourdes. En 1878, sous son entraînante direction, le tout premier train belge quittait la station de Mons, emmenant à la grotte des Espélugues, 311 de nos compatriotes. L'essor était donné et jusqu'à l'année 1913, la marche fut ascendante (12 trains, 5.000 pèlerins!) (143). En 1908, le Curé Hislaire - qui, depuis son premier voyage n'était guère retourné aux Massabielles - reprenait le bâton de pèlerin. Il était âgé de 85 ans.

Dans le peuple, le vénéré Curé était célèbre par les pèlerinages qu'il organisait, chaque année, à la Vierge de Montaigu, dans le Brabant.

En 1866, son inlassable dévouement auprès des cholériques lui valut, bon gré, mal gré, la décoration civique. Dans une note (144) où il parle du fléau, qui faisait « de très nombreuses victimes dans la paroisse». M. Hislaire écrit:

« Une neuvaine de prières et de sermons, commencée le 7 août 1866, se termina par une procession qui parcourut Bressoux et une partie de Liège... M. Piercot, bourgmestre, envoya le Commissaire en Chef Demany chez M. le Curé, pour empêcher la sortie de la procession, le 15 août. La rue St-Remacle était remplie, ce jour-là, au matin, de gendarmes à pied et à cheval, de tous les commissaires, sous-commissaires et nombreux agents de police. D'autre part, l'église était remplie d'hommes, porteurs de flambeaux, déterminés à accomplir le voeu juré de faire la procession et la rue d'Amercoeur était bondée de femmes qui voulaient à tout prix la sortie de la procession. La police voyant la détermination de ce peuple nombreux et irrité, l'autorité civile laissa faire cette procession, entourée d'agents et de gendarmes. Et instantanément, le choléra finit; plus un seul malade. »

Aussi étrange, aussi miraculeuse - dirai-je - que la chose puisse paraître, d'anciens paroissiens sont là pour attester la réalité du fait. Ce que l'abbé Hislaire tait, c'est que pendant toute la durée de l'épidémie, il s'est dépensé sans compter, apportant aux moribonds et à leurs familles, terriblement éprouvées, le réconfort de sa parole d'apôtre et une aide pécuniaire, large toujours. Mais si le Curé Hislaire était de tous les dévouements, il restait, dans toutes les circonstances, le liégeois affable et gai. Il aimait - les vieux paroissiens se le rappellent - de fêter des jubilés, « ses » jubilés. Quoi d'étonnant, du reste? Pendant sa longue et si féconde carrière à St-Remacle, les jubilés, jubilé de pastorat, jubilé de prêtrise, noces d'argent, noces d'or, noces de diamant même, venaient à lui à qui mieux. M. Hislaire les a accueillis tous avec la cordialité que l'on met à agréer de figures amies. Grâce, au surplus, à ces anniversaires, l'église s'est enrichie de quelques pièces de valeur offertes par les paroissiens à leur Curé vénéré (145).

Et, en ces jours, où la paroisse tout entière clamait sa joie, M. le Curé, après avoir remercié Dieu de toutes ses paternelles bontés, réunissait en de fraternelles agapes, ses parents, ses amis, les membres du Conseil de Fabrique, les hommes d'oeuvres. Et autour de la table pastorale en liesse, comme il convenait, à l'heure où un délicieux bourgogne égayait les convives, l'abbé Hislaire, qui a prouvé qu'une vie toute de sainteté et de travail n'excluait pas la saine joie, y allait de tout coeur de sa petite « pasqueïe ».

Homme de savoir et de grande valeur, l'abbé Hislaire ne dédaignait pas d'humbles besognes. L'une de ses occupations favorites était de découper du bois pour ses écoles. C'est en vaquant à ce travail, un matin d'hiver, le 1er mars 1909 (146), qu'il contracta la double pneumonie qui l'emportait quelques jours plus tard. Ses ouailles, qui le chérissaient, lui firent d'imposantes et solennelles funérailles.

Sa disparition, n'était-ce pas beaucoup du passé - et d'un noble passé - de la paroisse, qui s'en allait.

Un monument a été élevé à sa mémoire au Cimetière de Robermont où il repose. L'épitaphe en est simple mais éloquente. La voici:

A LA MÉMOIRE VÉNÉRÉE

DE M. L'ABBÉ J.-N. HISLAIRE
DÉCÉDÉ LE 5 MARS 1909
DANS LA 86e ANNÉE DE SON AGE
ET LA 61e DE SON SACERDOCE
CURÉ DE ST-REMACLE A LIÉGE
PENDANT 43 ANS.

EN RECONNAISSANCE
DU BIEN ACCOMPLI
PENDANT SON LONG MINISTÈRE
ET, PARTICULIÈREMENT, DE SON DÉVOUEMENT
POUR LES ENFANTS ET LES PAUVRES
LES PAROISSIENS DE ST-REMACLE
LUI O
NT ÉLEVÉ CE MONUMENT (147).



CHAPITRE X.

La Fabrique d'Église

« Si vous agissez constamment avec ardeur et fidélité,
Dieu aussi sera sans doute fidèle et magnifique dans ses récompenses ».

Imitation. Livre IV, chap. 25.


Jadis, « les affaires de la Fabrique de chaque église », écrit le chanoine Daris (148), « étaient gérées par le curé et par un ou deux mambours qui, dans la plupart des paroisses, étaient élus par la généralité des paroissiens. Les mambours devaient rendre chaque année un compte public de leur administration. Leurs attributions ne s'étendaient que sur la gestion journalière. Toute affaire d'une certaine importance devait être consentie par les paroissiens et approuvée par l'archidiacre » (149). C'était en ces circonstances qu'à St-Remacle l'on réunissait, pour les décisions à prendre, ainsi que nous le verrons dans le présent livre, au chapitre XX, les paroissiens dans le cimetière.

Lorsqu'il s'agissait de la gestion des biens de son église, locations ou ventes de terres, partages de propriétés, etc., la Fabrique dénommée souvent, alors, le « Luminair » formait une véritable cour de justice, une cour jurée composée de son « maire » (c'était le curé) et de ses « tenan » ou mambours.

Un acte, passé le 15 novembre 1493 (150) devant cette juridiction, stipule que le montant d'une rente - en l'espèce un muid d'épeautre - devait être livré sur le grenier du curé ou si celui-ci le désirait, à Liège même, « dedans les quatre porte de la Citté » à la fête de St André (le 30 novembre) ou à la « Candeleur» (le 2 février) au plus tard. Ce document mentionne, en outre, la ruelle des Aynes (151) qui se trouvait non loin de l'église ainsi que le grand moulin de Longdoz.

L'administration des biens d'églises continua à être gérée par les « mambours » jusqu'à la chaotique époque de la Domination française. L'occupant modifia profondément les errements suivis jusqu'alors. L'arrêté du 7 thermidor an XI (26-6-1803), qui était relatif à la restitution des biens des Fabriques non aliénés, décréta que ces biens seraient administrés par trois marguilliers nommés par le Préfet. Le Maire et le Curé devaient chacun présenter une liste de candidats, mais le Curé avait cependant voix consultative.

Je découvre dans nos archives une lettre du Préfet du Département de l'Ourthe (152), datée du 7 pluviôse an XII (27-1-1804) relative à la nomination de ces marguilliers dans notre paroisse. « Je vous adresse, citoyens », écrit-il, « l'acte par lequel je vous ai nommés pour remplir les fonctions de Marguilliers-Administrateurs des biens et revenus de la Succursale de St-Remacle. Je vous ai choisis d'après les bons témoignages qui m'ont qui m'ont (153) été rendus de votre probité et de votre zèle. Vous pourrez trouver d'abord quelques difficultés dans votre administration, mais vous les surmonterez... »

Dans ce même document, le Préfet signalait que les biens des fondations et les rentes pour les messes, les anniversaires et les obituaires devaient être rendus à la Fabrique; que ces biens et ces revenus devaient être spécialement affectés aux réparations et à l'entretien de l'église, aux frais d'achat et à l'entretien de tous les objets nécessaires au service du culte. Et le préfet, qui ne sous-estime pas la puissance d'un mot aimable, termine par cette phrase encourageante: « Je suis persuadé, Citoyens, que vous justifierez la confiance du Gouvernement et la mienne et que je n'aurai qu'à me féliciter de mon choix ».

Cette situation allait être transitoire, car le 30 décembre 1809 un décret impérial organisait définitivement les Fabriques d'Eglises telles qu'elles fonctionnent encore de nos jours.

Sur l'invitation du « Maire de Liège» la séance d'installation se tint dans une salle du presbytère, à l'issue de la grand'messe, le 23 septembre 1810 (154).

Le Curé Hagneux, membre de droit, était présent. Arnold Bourguignon, rentier, Pierre Simonis, ex-prieur, Lambert Declaye, Lambert Bouharmont et Jean Pirnay, tous trois « cultivateur-propriétaires » avaient été invités à faire partie du Conseil. La séance ne présenta rien de bien spécial.

Les anciens marguilliers firent la remise des registres, papiers et documents de la Fabrique, puis on examina et on approuva leurs comptes. Les membres allèrent, ensuite, tous ensemble, tel un petit cortège, remplis de la gravité de leur mission, procéder à l'ouverture des troncs. Ils recueillirent, en tout et pour tout, la modique somme de 24 francs. Recette combien symbolique! Car, pas plus en 1925 qu'en 1810, le diabolique argent dédaigné des saints du ciel mais si nécessaire aux temples du bon Dieu et aux hommes ne vient remplir l'escarcelle si pitoyablement pauvre de notre Fabrique d'Eglise.

De 1810 à 1870, la population de la paroisse ne dépassant pas 5.000 âmes (155), le Conseil ne compta que 5 membres plus le desservant qui - on le sait - est toujours membre de droit.

En 1870, bien que Bois-de-Breux et Grivegnée eussent été détachées de St-Remacle (156), la population de la paroisse comportait plus de 8.000 âmes. L'Autorité fit porter la composition du Conseil - ainsi le veut la Loi - de 5 à 9 membres, chiffre conservé depuis (157).

Les paroissiens parcoureront avec plaisir et curiosité aussi, je crois, la liste ci-après, absolument complète, des membres qui ont fait partie du Conseil de Fabrique depuis l'époque de sa création, en septembre 1810.

Ils y retrouveront beaucoup de noms sympathiquement connus d'hommes dévoués qui ont apporté à la Fabrique une collaboration active et précieuse.

Un grand nombre de ces familles sont, aujourd'hui, éteintes; d'autres ont quitté notre chère cité sans esprit de retour. Ainsi va la vie...

Les Membres du Conseil de Fabrique actuel s'inclinent devant tous ces disparus qui ont, certes, bien mérité de la paroisse. Ils maintiennent jalousement les saines traditions de leurs prédécesseurs: conserver et gérer le mieux possible les biens dont ils ont la garde.

Qu'il me soit permis ici - certain de l'assentiment de mes autres collègues de la Fabrique d'église - d'exprimer notre reconnaissance et notre vive admiration à Monsieur l'Avocat Ernest Van Ormelingen, le Président du Conseil actuel.

Depuis bientôt 40 ans, M. Van Ormelingen apporte à sa paroisse un dévouement absolu et noblement désintéressé. Dans les questions parfois délicates ou ardues qu'il faut résoudre M. Van Ormelingen a toujours la claire vision des choses. Sa science de jurisconsulte expérimenté, sa bonhomie, son accueil si cordial, sous des dehors qui paraissent cependant réservés, le font grandement estimer de tous. Sous son avisée direction, les affaires de l'église et de la Fabrique ont toujours reçu des solutions adéquates.

Le secrétaire du Conseil, Monsieur Edouard Philippart a, lui aussi, droit à notre grande sympathie. N'est-il pas notre doyen d'âge? Octogénaire, mais gardant une étonnante verdeur, voilà 36 ans qu'il participe activement aux travaux du Conseil.

M. Van Ormelingen a reçu, en mai 1911, la médaille civique de 1re classe et, le 10 juin 1920, la croix civique de 1re classe pour 35 années « de loyaux et dévoués services ».

M. Philippart qui, en 1920, était depuis 32 ans déjà au Conseil de Fabrique, reçut la médaille civique de 2me classe.

Croix et médailles dignement méritées et qui sont, pour notre Fabrique, de magnifiques et précieux joyaux.

NOMS (1) Professions et adresses Date de la
nomination
Date du
départ
Ont siégé
pendant
Hagneux Dieudonné Desservant
Membre de droit
23-9-1810 1819 9 ans
Declaye Lambert Cultivateur-propriétaire
Président
23-9-1810 Décédé 1814 4 ans
Bouhamont Lambert Cultivateur-propriétaire
Trésorier en 1813
23-9-1810 Démiss. 1814 4 ans
Bourguignon Arnold Rentier
Trésorier en 1812
23-9-1810 Démiss. 1814 4 ans
Simonis Pierre Ex-prieur
23-9-1810 Démiss. 1814 4 ans
Pirnay jean Cultivateur-propriétaire 23-9-1810 Démiss. en avril 1814
Rentre en juillet 1814
Meurt en 1817
7 ans
Lambinon jean-Gilles Négociant
10-4-1814 Décédé 1851 37 ans
Declaye Lambert-Jos. Propriétaire
Trésorier en 1815
10-4-1814 Décédé 1827 13 ans
Beaujean Guill. Négociant
10-4-1814 Décédé 1821 7 ans
Delvaux Gilles Prêtre
10-4-1814 Démiss.enjuillet 1814 3 mois
Deneumoulin Prêtre
10-4-1814 Démiss. en août 1814 4 mois
Lhoist Jean-Jacques Trésorier
22-8-1814 Décédé le 15-8-1834 20 ans
Vlekers Nicolas
7-9-1817 Démiss. en 1819 2 ans
Spineux Ferdinand
9-12-1819 Démiss. en 1826 7 ans
Mattard J.-N. Desservant
Membre de droit
1819 1821 2 ans
Lambinon Léonard Notaire
« Maire de Grivegnée »
4-3-1821 Non réélu 1834 13 ans
Louis J.-J. Desservant
Membre de droit
1821 1828 7 ans
Chapelle S
. . . . Parti en 1823 . . .
Martial
27-7-1823 Démiss. en 1827 4 ans
Xhauflair Pierre Marchand de grains
Faubourg d'Amercoeur, 92
24-11-1826 Démiss. en 1831 5 ans
Fléron Thomas Négociant
Faubourg d'Amercoeur, 297
16-6-1827 Démiss. en 1828 1 ans
Ranzy Michel
3-8-1828 Démiss. en 1829 1 ans
Laoureux Gilles Desservant
Membre de droit
1828 Mort en 1865 37 ans
Renard Jean-Pierre Professeur de Belles-Lettres
à Longdoz
5-4-1829 Démiss. en 1831
Nominé Principal au
College de Tongres
2 ans
Renson Antoine
3-4-1831 Décédé en 1850 19 ans
Beaujean Antoine Faubourg d'Amercoeur 3-4-1831 Démiss. en 1838 7 ans
Bidlot-Heptia
6-3-1834 Démiss. en 1849 15 ans
Lhoest joseph Avocat
Trésorier.
15-8-1834 Démiss, en 1838 4 ans
Beaujean Guillaume Trésorier
12-8-1838 1871 ? 33 ans?
Henrotay Edouard
12-8-1838 Décédé 1843 5 ans
Trasenster Charles Brasseur
Faubourg d'Amercoeur
3-1-1843 Démiss. en 1858 15 ans
Beckers Abbé
Trésorier
3-1-1847 Décédé en 1869 22 ans
Gillet François 1-4-1849 Quitte la paroisse en
1853
4 ans
Fraigneux jean Propriétaire (Longdoz)
7-4-1850 Démiss. en 1858 8 ans
Pascal jean Négociant
Faubourg d'Amercceur
6-7-1851 Décédé en 1867 16 ans
Plumier J. Propriétaire (Longdoz)
3-4-1853 Démiss. en 1856 3 ans
Vanhagendoren Guillaume Propriétaire au faub. d'Amercoeur
Président
6-4-1856 Décédé en 1882 26 ans
Gomrée Ferdinand Propriétaire-Industriel
quai de Longdoz
4-4-1858 1875 17 ans
Reuleaux Ferdinand Propriétaire-Industriel
rue Sous-l'Eau
4-7-1858 Démiss. en 1878 20 ans
Hislaire jean-Nicolas Desservant
Membre de droit
10-8-1865 Décédé en 1909 44 ans
Francotte Victor Industriel
rue Grétry
10-3-1867 1871 ? 4 ans ?
Pasteger Gilles-Joseph Industriel
rue Grétry
2-10-1870 (159) 1881 11 ans
Leviena jean Contrôleur des contributions
2-10-1870 . . . . . . .
Cappuyns Guillaume Chef deService au Chemin de fer
Liége-Maestricht - Trésorier
2-10-1870 Démiss. en 1892 22 ans
Denis A. Industriel
rue Grétry
2-10-1870 Démiss. en 1880 10 ans
Darbrefontaine Nicolas Marchand de bois
rue de Mulhouse
1-4-1877 Démiss. en 1880 3 ans
Bonhomme Lambert Rue Lairesse
1875 Décédé en 1878 3 ans
Nollet Lambert Marchand de bestiaux
à Trou-Louette
. . . . Décédé en 1878 . . .
Baron Léopold de Valensart Rentier
Thier de Robermont
7-7-1878 1882 ? 4 ans
Poncin Arnold Rentier
rue Basse-Wez
7-7-1878 Décédé en 1904 26 ans
Nélis jean-Hubert Négociant
rue du Beau-Mur
7-7-1878 1887 ? 9 ans ?
Cleen Walthère Marchand de beurre
rue d'Amercoeur
4-7-1880 1887 ? 7 ans ?
Jeghers Hubert Brasseur
Thier de Robermont - Président
4-7-1880 1886 ? 6 ans ?
Darbrefontaine Louis Avocat
rue de Mulhouse
3-4-1881 Démiss. en 1910 29 ans
Malmendier Laurent Tourneur en cuivre
rue Sous-l'Eau
3-4-1881 1891 ? 10 ans ?
Servais Henri Boulanger
rue des Champs
6-4-1884 ? Décédé le 23-6-1894 10 ans ?
Van Ormelingen Ernest Avocat, r. d'Amercoeur, 60
Président depuis 1889
5-4-1885 En fonctions
Bertrand joseph Inspecteur aux Chemins de fer
Nord-Belges
Président de 1888 à 1889
1-4-1888 Démiss. pour motif
de santé
le 11-4-1915
27 ans
Philippart Edouard Sans profession - Secrétaire
rue des Champs, 19
1-4-1888 En fonctions
Delarge François Chef des Services Centraux du
Secrétariat et du Mouvement aux
Chemins de fer Nord-Belges
Trésorier - rue des Prébendiers
3-4-1892 Décédé le 20-5-1911 19 ans
Van Strydonck Marchand de Tissus
quai de Longdoz
5-3-1893? Décédé en 1904 11 ans ?
Jaspard J. Négociant en Vins
rue Villette
19-8-1894 Décédé en 1904 10 ans
Demoulin Paul Rentier
rue des Champs
14-4-1904 Décédé en 1919 15 ans
Pasteger Gilles-Joseph Industriel
quai de l'Industrie
1-4-1890 Décédé le 16-8-1919 19 ans
Cambresier Ernest Docteur en Médecine
actuellement quai Orban
14-4-1904 En fonctions
Fasbender Louis Président à laCour d'Appel de
Liège - actuellement r. Hocheporte
7-4-1906 En fonctions
Jacob joseph Desservant
Membre de droit
25-4-1909 Nommé Curé-Doyen
à St-Nicolas à Liège,
en Mars 1921
12 ans
Hennau Léopold Ancien Pharmacien
rue Lairesse
14-4-1910 En fonctions
Delarge Georges Assureur
rue des Prébendiers, 18
Trésorier
2-7-1911 En fonctions
Orban Oscar Professeur à l'Université
de Liège
11-4-1915 Décédé le 24-12-1923 8 ans
Montulet Lucien Rentier
rue Lairesse
12-8-1919 En fonctions
Wéra Henri Constructeur
rue Frédéric-Nyst
12-4-1920 En fonctions
Fincœur Victor Desservant
Membre de droit
28-2-1921 En fonctions
Wéry François Négociant
rue Frédéric Nyst
29-4-1924 En fonctions

En terminant ce chapitre, je tiens à signaler que notre Révérendissime Evêque présida une séance extraordinaire de notre Conseil de Fabrique.

Sceau de la Fabrique d'église de Saint Remacle au Pont

Sceau de la Fabrique d'église de Saint Remacle au Pont (160)

C'était le 23 janvier 1910, alors que Sa Grandeur faisait dans notre paroisse sa visite pastorale. A l'ordre du jour de la séance était inscrite tout particulièrement la question de la reconstruction de l'église. C'est aux applaudissements de tous les membres que Mgr Rutten exprima le voeu d'avoir un jour la grande joie de bénir lui-même l'édifice projeté.



CHAPITRE XI.

La Maison Vicariale

« Ces choses m'étaient chères. Je les avais, au passage,
pénétrées de mes rêves. Je leur avais donné beaucoup de mon coeur ».

F. Coppée.


Accolée à la tour de l'église, construite modestement en briques, sans revêtement ni enjolivure d'aucune sorte, la maison vicariale ne participera certes jamais à un concours « des plus jolies façades ».

Cet immeuble a été édifié sur une partie de l'ancien cimetière, lequel contournait complètement l'église au commencement du siècle dernier (161).

En 1819, cette construction était tellement dégradée que le Curé, malgré l'exiguïté de son propre logement, se vit obligé d'héberger son vicaire (162). J'ignore combien de temps cette situation perdura.

En 1847, l'humble maison menaçait de nouveau ruine et la Fabrique en sollicita la reconstruction (163). La dépense était évaluée à 2.700 francs.

L'immeuble fut réparé puis agrandi en 1886-1887.

La dernière modification importante apportée à cette maison date de juin 1914. Elle consiste en une petite place adossée à l'immeuble (côté du jardin) et servant de cuisine à l'un des vicaires.

Ce qui fait le charme du modeste home, situé un peu à l'écart, c'est son vaste jardin, qui, depuis un certain nombre d'années du reste, est cultivé avec goût par MM. les Vicaires.

Si un jour l'on reconstruit l'église, la question se posera, évidemment, de déplacer cette habitation. Dès lors, c'en sera fait pour leurs occupants de la jouissance de ce beau jardin qui a souvent eu sur les vicaires qui se sont succédés à St-Remacle une réelle attirance.

Saluons les prêtres qui, depuis un demi siècle ont, à tour de rôle, apporté à notre paroisse, en tant que vicaires, le concours ardent de leurs jeunes et actives énergies.

Plusieurs sont morts ayant rempli ici-bas la mission qui leur était dévolue. Ils ont reçu leur récompense. D'autres ont été élevés, bel hommage, à la dignité de chanoine de notre église cathédrale; plusieurs encore goûtent, aujourd'hui, dans la joie d'une cure, voire même d'un décanat, le charme d'une vie consacrée au bien des âmes; un autre est professeur. Le dernier qui nous a quittés, M. l'Abbé Schoonbroodt, vient d'être appelé à l'importante aumônerie militaire d'Eupen-Malmedy. Il en était doublement digne.

Vicaire à St-Remacle, en 1914, il fit partie du bataillon des brancardiers. Ame d'apôtre, nature réfléchie et calme, c'est dans les tranchées de première ligne, face à l'ennemi, qu'il vécut la Grande Guerre.

Enfin, je ne puis passer sous silence le souvenir qu'a laissé dans la paroisse feu l'abbé Van Renterghem. Ce prêtre, français d'origine, (il provenait du diocèse de Cambrai) avait été jadis missionnaire au Canada d'où il revint gravement accidenté (il lui restait une fracture du bras droit; celui-ci était absolument raide).

L'abbé Van Renterghem a célébré 12 années durant (de novembre 1900 à janvier 1912), dans notre église, la messe de 7 1/2 heures en semaine et celle de 11 heures le dimanche.

Il était connu par sa bonhomie et ses très accueillants bonjours qu'à tous, petits et grands, catholiques et incroyants, il distribuait largement, le tout premier, lorsque le matin il circulait dans notre paroisse.

Il vivait seul, en ascète. Rentré d'avoir célébré la messe, il ne sortait plus. Cette vie de reclus sa foi vive dans les remèdes empiriques en faisaient, dans le peuple, une sorte de sorcier bienfaisant.

En 1912, il partit pour Rosière-la-Petite, près de Bastogne, où il mourut, le 24 juillet 1913, à l'âge de 74 ans.


NOMENCLATURE DES VICAIRES DE ST-REMACLE PENDANT CES 50 DERNIÈRES ANNÉES:

MM. LEROY

Né à Liège, le 31-5-1846.

Vicaire à St-R. de septembre 1876 à octobre 1877.

Actuellement - et ce, depuis 1917 - Chanoine honoraire de la Cathédrale de Liège.


FRANCK +

Vicaire à St-R. en 1876.


MONS XAVIER +

Né à Liège, le 2-3-1851.

Vicaire à St-R. de 1879 à mai 1883.

Décédé Curé, à Warsage, le 28-4-1910.


ERNST FRANÇOIS +

Né à Gemmenich, le 19-4-11850.

Vicaire à St-R. de novembre 1880 à 1887.


SAUVENIER

Né à Soumagne en 1859.

Vicaire à St. R. de 1883 à 1893. Année où feu Mgr Doutreloux lui confia la mission d'aller fonder une paroisse à Bressoux.

Depuis 1914, Curé à Jupille.


PATTYN +

Etait religieux oratorien. Quitte l'Ordre et devient, en 1885, Vicaire à St-Remacle.


LUYTEN +

Vicaire à St-R. en 1888.


DREES JACQUES

Né à Guitrode, le 10-9-1865.

Vicaire à St-R. de juin 1892 à décembre 1896.

Actuellement, Curé à Rothem (164).


NYSSEN +

Vicaire à St-R. en 1892.

Etant chapelain à Surdents (Stembert), il sauva la vie à un homme tombé dans la Vesdre, acte pour lequel l'Abbé Nyssen fut décoré (164).


DEMARTEAU V.

Né à Comblain-la-Tour, le 17-4-1871.

Vicaire à St-R. du 19-12-1896 à mai 1901.

Actuellement, Curé à Lincé (Sprimont).


GIELEN H.

Né à Linde-Peer, le 31-7-1871.

Vicaire à St-R. du 1-6-1897 au 24-6-1898.

Actuellement, Curé à Lowaige.


HANSEN MATHIEU

Né à Millen, le 28-7-1873.

Vicaire à St-R. du 4-6-1898 au 13-12-1910.

Actuellement, Curé à Rocour.


BORGERHOFF Louis

Né à Héron, le 9-1-1878.

Vicaire à St-R. du 1-6-1901 au 30-10-1913.

Actuellement, Curé-Doyen à Sprimont.

A fondé en 1907, avec M. l'avocat H. Delarge, alors étudiant, le patronage du Sacre-Coeur.


LEUSCH Louis

Vicaire à St-R. du 1-11-1913 au 1-8-1914. - Mobilisé le 1-8-1914; brancardier et aumônier militaire. Démobilisé le 1-5-1919.

Actuellement, professeur de religion à Verviers.


SCHOONBROODT ALPHONSE

Né à Aubel, le 25-6-1886.

Vicaire à St-R. du 27-6-1911 au 25-5-1923.

(Entré à l'armée le 1-8-1914. Aumônier militaire au 1er chasseur à pied, IIIe bataillon, le 23-1-1915.

Rentré comme Vicaire à St-R., le 1-2-1919 jusqu'au 25-5-1923).

Aumônier militaire au Détachement belge de la Ruhr le 25-5-1923.

Actuellement, aumônier militaire des garnisons d'Eupen-Malmedy.


D'ANS FLORENT

Né à Hermée, le 9-11-1883.

Nommé comme 3me Vicaire à St-R., le 23-3-1913 et en même temps dut remplir les fonctions de chapelain des Carmélites de Cornillon.

Actuellement, Curé à Nessonvaux.


DECHANGE CHARLES

Né à Liège, le 28-9-1890.

Ordonné prêtre le 29-5-1915.

Vicaire à St-R. depuis le 24 juin 1915.


VANSTENACKER CHARLES

Né à Vaux-s/Chèvremont, le 5-8-1898.

Ordonné prêtre le 26-5-1923.

Vicaire à St-R. depuis le 16 juin 1923.



CHAPITRE XII.

Le personnel de l'Église

« Quiconque s'efforce de remplir son devoir avec conscience atteint le but pour
lequel il a été créé et pose en lui-même les principes d'un caractère viril ».

Samuel SMILES.


Je vous ai entretenu - et longuement - des curés, des vicaires et des « tenants » de notre paroisse. Or, pour visiter l'église et la tour dans leurs détails, nous avons dû mobiliser trois employés qui, depuis plus de 30 ans, ont dépensé tant d'heures de leur existence sur la « terre de St-Remacle ».

Permettez-moi donc de vous présenter ces serviteurs fidèles et loyaux. Mais vrai, vous les connaisez déjà. Physionomies locales, ces collaborateurs du clergé paroissial apparaissent à presque tous les offices. Ils sont de toutes les cérémonies. A celles où, joyeusement, chante le bonheur: aux baptêmes, aux premières communions, aux mariages; à celles aussi où s'installe, dans nos foyers, une sinistre visiteuse: la Mort.

Il y a Monsieur Nicolas Debraz, le sacristain-chantre qui, enfant, s'est attaché à son église paroissiale et y est resté. Il compte exactement 32 années de services. C'est un joli terme.

Son frère, Monsieur Alphonse Debraz, aide-sacristain, le porte-croix qui, depuis 30 ans, conduit inlassablement nos cortèges pieux, les processions toujours si animées et si fraîches, les « levées de corps », ce tout dernier convoi vers l'église avant l'ultime départ pour le champ du repos!

Souhaitons que les sympathiques frères Debraz continuent à remplir, avec un zèle sans cesse renouvelé, les fonctions qui leur sont dévolues (165).

Enfin, nous irons serrer la main à Monsieur Joseph Moyse, tout à la fois suisse, sonneur et chaisier. Comme doyen d'âge et infatigable travailleur surtout, il a droit aujourd'hui d'être à l'honneur.

Il y a 35 ans, quand, dans la force de l'âge, M. Moyse, qui était charpentier de son métier - le métier des solides gaillards - endossait, le dimanche, son habit de suisse, tout rutilant, quand, coiffé d'un magnifique bicorne, ayant la longue épée au côté et la décorative hallebarde à la main avec, en plus son allure martiale que rehaussait un visage haut en couleurs, encadré d'une barbe opulente, aux tons de cuivre, quand - dis-je - il apparaissait dans le choeur, le Curé et les fabriciens commettaient tous un péché d'orgueil.

Leur suisse, imposant sous l'uniforme fastueux, semblait venir en droite ligne - délégué par le St Père lui-même - de la garde vaticane, afin de rehausser les pieuses cérémonies de l'archaïque église.

Aujourd'hui, hélas! Les années ont succédé aux années; la guerre - tragique - a passé courbant sous son rude choc ce robuste vieillard dont un fils faisait vaillamment la campagne, là-bas, dans les plaines inondées des Flandres.

Et, malgré les soins jaloux dont M. Moyse entourait son cher uniforme, le bel habit s'est rapé, usé, les ors s'en sont ternis, prouvant une fois de plus qu'ici-bas tout passe.

M. Moyse qui venait, non de la Ville Eternelle mais de la sainte Colline de Chèvremont où, là aussi, il avait été suisse chez les Carmes, dédaigne souvent aujourd'hui l'altière hallebarde, cette arme d'une époque morte. Il garde néanmoins toujours au flanc l'épée d'acier qui, pas plus que sa vie, toute de devoir et de travail, n'a d'entaille.

Cumulant activement les fonctions de suisse et celles de « récoleur des chaises, soyez certains que son oeil exercé saura immédiatement voir si c'est au chevet ou dans le fond de l'église qu'on réclame les services du gardien vigilant et débonnaire. Il aura même - ce qui ne lui messied pas - une galanterie de bon aloi, quand il faudra indiquer à une pieuse visiteuse une chaise ou un banc.

Comme chaisier c'est un wallon de la vieille souche qui applique le sage proverbe « Les bons comptes font les bons amis » - ne lui donnez pas un sou de trop, il protesterait, mais de grâce, ne lui donnez pas un sou de moins, il protesterait aussi.

Depuis environ 7 ans, M. Moyse a repris, en outre, les fonctions de sonneur. C'est dans ce fatigant emploi que vous pouvez constater de loin.., de chez vous, son méticuleux souci de la régularité (166).

Levé à la première heure, c'est lui qui convie les fidèles à se souvenir qu'ils tiennent de Dieu cette nouvelle aube naissante.

Aux jours de fête, M. Moyse a le secret de les faire suavement chanter les cloches de notre vieux « beffroi ». Elles jettent, dirait-on, sur la paroisse déjà tout en joie, de la gaîté à foison. S'il doit les faire pleurer « ses » cloches, il saura les sonner avec l'émotion prenante et la gravité de l'homme qui a longuement vécu et qui connait le prix de la vie.

Oui, il faut les honorer ces serviteurs d'élite d'une génération qui meurt, serviteurs qui, simplement, parce que c'est le devoir, savent, dans toutes les circonstances, remplir loyalement la mission confiée.

Nous avions sollicité pour M. Moyse, en témoignage de sympathie, la décoration civique. Le Ministère de la Justice nous a répondu qu'on ne pouvait à regret faire décorer les employés d'église (167).

Que M. Moyse trouve ici, dans ce modeste ouvrage où je n'ai visé, de la première à la dernière page qu'à être véridique, l'expression reconnaissante de notre Conseil de Fabrique pour ses bons et loyaux services de ces 35 longues années.

Et pourquoi ne finirais-je pas par ce voeu - M. Moyse est un roc - « Ad Multos Annos ».



(1) Dossier n° 1. « Fondations pieuses», annexe 8.

(2) Empereur d'Allemagne mort en 1106, à Liège, où il s'était réfugié.

(3) Cette plaine était connue sous le nom d'Amerina Curtis, du nom de son propriétaire.

(4) Th. GOBERT: Les Rues de Liège, t. III, p. 361.

(5) Dossier n° 38.

(6) Bulletin de l'Institut arch. Liég., t. IX, p. 309. _ «4 solidi» = 4 sous.

(7) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, t. III, p. 361.

(8) Reg. 4, 1er tome, p. 1a.

(9) La grand'route d'Aix-la-Chapelle. On employait cette dénomination pour montrer que ce chemin dépendait du chef de l'Etat.

(10) Voir Livre I, chap. XXI.

(11) Aujourd'hui, les cloches sont placées plus haut, et devant deux seuls abat-son (côtés Ouest et Nord).

(12) SAUMERY, Les Délices du Pays de Liège, 1738. T. I, p. 148.

(13) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, t. III, p. 361.

(14) Reg. 2, p. 400. Copie de ce testament.

(15) Voir planche VII.

(16) Voir Livre I, chap. XIV, passage relatif à la pierre tombale du Curé de Magnery.

(17) Dossier n° 4.

(18) Donnons ses dimensions:

a) le choeur: 10m50 de long sur 8m de large 84 m2
moins les deux angles 4 m2
Surface: 80 m2

b) les nefs: 23 m de long sur 19 m de large 437 m2
Total 517 m2
c) la surface intérieure de la tour est de 21 m2 17.

(19) Voir Livre I, chap. XIV.

(20) Reg. 2, p. 576 et suivantes. Copie (latine) de l'attestation.

(21) Le suffragant exerçait les fonctions purement épiscopales pour et au nom du prince-évêque.

(22) Dossier 37.

(23) Reg. 3. « Fondation Gille Decerf », page 58.

(24) Voir Livre I, chap. XV.

(25) Les Marguilliers écrivaient au Comte de Liedekerk, Gouverneur de la Province: « ... lors du bombardement du faubourg d'Amercoeur en 1794, l'église de St-Remacle n'échappa à une destruction totale, que percée de toute part par les boulets et les bombes, et extraordinairement endommagée dans toutes ses parties... » (Reg. 14. Copie de Lettres 1815 à 1828).

(26) Dossier 7.

(27) Reg. 20 et dossier 7.

(28) Archives de la Ville « Agrandissement, Reconstruction de St-Remacle. »

(29) Située rue d'Amercœur. Certaines de ses dépendances sont attenantes à la chapelle de St-Julien. Celle-ci n'existait pas encore à cette époque. C'est donc sur l'emplacement de cette chapelle que l'on aurait réédifié le choeur de l'église.

(30) C'était le père de M. l'échevin actuel.

(31) Le Préfet du « Département de l'Ourthe »: DESMOUSSEAUX.

(32) Dossier 7. Minute de la délibération.

(33) Dossier 7: Liasse St-Remacle: Lettre de la 2e Dion des Mines, n° 103 du 15-1-1873.

(34) Archives de la Ville: Liasse « St-Remacle », lettre du 13-12-1872.

(35) « La taille CW., dans Diamant, se serait approchée à 50 mètres sous la surface et poignée d'Or à 55 mètres sous Diamant. » (Voir PI. II).

(36) Voir l'annotation 2 ci-dessus.

(37) Dossier 13. «Consolidation de la charpente de la grande nef. Démolition des cordons de pierres de la façade. ».

(38) Ibidem

(39) Dossier 7. « Reconstruction de l'Eglise ». - Reg. 52. « P. V. de la Fabrique ».

(40) La Ville projetterait de créer, en face de la rue St-Remacle, une rue qui aboutirait rue Sous l'Eau.

(41) D'aucuns estimeront que notre idée d'une église en béton est la négation même du passé que j'exalte dans cet ouvrage. Hélas! En partie, oui; mais, il ne faut pas perdre de vue que le temple actuel - de très récentes études le démontrent - ne peut être amélioré à cause de sa caducité.

Notre projet de 1918, réellement magnifique, est devenu - nous venons de le voir - irréalisable. Dès lors, il parait plausible d'examiner s'il n'est pas opportun de songer à une église en béton, genre de construction qui commence à se généraliser. Signalons - à Paris toujours - « St-Léon, place du Cardinal Amette, en voie de réalisation. »

(42) Les Rues de Liège, t. III, p. 361.

(43) Le mot « faubourgs» a toujours indiqué, dans nos régions, les quartiers d'une ville situés en dehors de son enceinte fortifiée. (Les Rues de Liège, Th. GOBERT, t. I, p. 488).

(44) C'était la maison de plaisance des moines de l'abbaye de Beaurepaire.

(45) Reg. 19, p. 130 à 133. Ancienne copie de l'acte (celui-ci est rédigé en latin) instaurant ce nouvel état de choses.

(46) L'ancienne église paroissiale venait d'être démolie.

(47) Acte épiscopal du 7 vendémiaire, an XII. (30-9-1803).

(48) Liasse 5. Lettre du Préfet à la Fabrique. 23-8-1806.

(49) Liasse 5: « Grivegnée ». - Voir aussi livre III, chap. 2.

(50) Reg. 21. Rens. recueillis par le Curé Laoureux, p. 5 à 7. Reg. 19, p. 1 à 4.

(51) Dossier 43.

(52) Dossier 2. Erection de la Paroisse de Bressoux.

(53) Actuellement, Révérend Curé de Jupille.

(54) Dossier 14. « Nouvelle paroisse de Robermont ».

(55) Dossier 12. « Presbytère ».

(56) Reg. n° 2, p. 63:une terre... « Jondant daemont vers Vees à une terre de vingne et pré...» (1493).

Reg. n° 2, p. 314: « joindant vers Grivegnée aux vignes de bellevaulx» (1526).

(57) Reg. n° 8, P. 64: « une terre houblonnière située derrière le jardin des conceptionnistes au faubourg d'Amercœur » (1801).

(58) Reg. n° 6, p. 165: « Ils ont rendu une pièce de houblonnière sans perches extante au lieu dit au Haut passai à Longdoz.. » (1712).

(59) Aug. HOCK: Liège sous le régime Hollandais, p. 114.

(60) La rue des Prébendiers était - il y a une soixantaine d'années - un sentier, au tracé très irrégulier, qui serpentait, du côté de Cornillon, le long des houblonnières, de l'autre (vers la ville) le long de cultures maraîchères. Quelques sureaux le bordaient. Ce sentier était dénommé « Le Posti ».

(61) Reg. 13, P. 44, séance du 3-1-1847.

(62) Th. G0BERT, Les Rues de Liège, t. I, p. 36.

(63) Voir Livre II, chapitre V.

(64) Ant. CLESSE.

(65) Bovy, Promenades historiques dans le Pays de Liège, t. I, p. 147.

(66) BOUILLE, Histoire de la Ville et du Pays de Liège, t. II, p. 496.

(67) Anglais et Hollandais coalisés.

(68) Mouhin, Recueil de particularités, t. II, p. 477.

(69) Reg. 39, « Morts de 1794 à 1803 », page 1.

(70) Il aurait fallu: « andreas ».

(71) Reg. 39. Cette inscription se trouve au verso de la couverture, en regard de la page 1.

(72) MOUHIN, t. III (1795-1803), pages 210 et suiv.

(73) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, t. I, p. 37.

(74) Idem.

(75) Gazette de Liège du mercredi 25 thermidor an XI (3-8-1803), n° 158. - MOUHIN, t. III, p. 459.

(76) 100 000 francs devaient être fournis par le Trésor Public, 100 000 francs étaient prélevés sur la valeur du trésor de la Cathédrale St-Lambert et 100 000 francs sur les octrois de Liège.

(77) La mobilisation générale de l'armée est annoncée notamment par le tocsin et par la mise du drapeau national à tous les édifices publics.

(78) Actuellement, chez M. Thonon.

(79) Alors, M. l'abbé Jacob, actuellement Révérend Curé Doyen de St-Nicolas à Liège.

(80) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, t. III, p. 361,

(81) DARIS, Hist. du Diocèse et de la Principauté de Liège pendant le XIIIe et le XIVe siècle, p. 199.

(82) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, t. III, p. 361.

(83) Reg. 6, p. 1.

(84) Reg. 6, p. 10 et suiv. - Reg. 9, p. 43 à 72.

(85) Le 11 août 1789, l'Assemblée Constituante proclama l'abolition des dîmes.

(86) « Le Curé ».

(87) Mot wallon signifiant chevron.

(88) C'était le cas dans notre paroisse. Le petit bâtiment isolé et se trouvant à rue (Rue d'Amercceur) du temps de l'ancienne cure était la grange de la dîme.

(89) DARIS: Hist. du Diocèse et de la Principauté de Liège depuis leur origine jusqu'au XIIIe siècle, p. 725.

(90) Livre I, chap. VII.

(91) Dossier 1. « Mémoire sur les Fondations » (1814); « Revision des Fondations » (1918, art. 27).

(92) Dossier 12, Presbytère: « Revenus de la Cure »: « La dite Cure a toujours été deservie sans aucune interruption par le titulaire avec deux vicaires sous laquelle il se trouve deux chapelles, savoir Grifnée et Bois de Breux... »

(93) Actuellement, la rue St-Remacle. Appelée anciennement rue de l'Aîte parce qu'elle longeait le Cimetière.

(94) Dossier 12: Rendage en faveur de M. Louvrex, 31-8-1761. - La Vesture = La Cure.

(95) Dossier 12: « Echange entre le Pasteur et tenan de St-Remacle et Hubert Dellevignette ».

(96) Dossier 12. La pièce originale s'y trouve.

(97) Dossier 12: Délibération signée par les mambours et tenants. - La verge grande mesurait 4 ares 36 centiares; la petite verge 22 centiares.

(98) Dossier 12: « Presbytère» - « Supplique très humble à Mgr l'archidiacre de Condroz: ... le peu de hauteur de cette dite muraille nous gêne et nous incommode, au point que nous sommes sans cesse exposés à la vue et critique non seulement des ceux de la maison contigue, mais même des chartiers et de toute espece d'étrangers qui y abondent comme étant une auberge; outre le désagrement continuel de devoir entendre toute sorte des discours, bruits et tumultes... »

(99) Dossier 37: « Les bombardements du faubourg ».

(100) Dossier 12.

(101) Dossier 87.

(102) Dossier 37.

(103) Dossier 12.

(104) Dossier 12: Minute de la lettre des Marguilliers de St-Remacle au Préfet: « ...les châssis des fenêtres sont pourris, les toits qui avaient été criblés par les boulets n'ayant été réparés que légèrement sont aujourd'hui en si mauvais état que la charpente souffre beaucoup des pluies et des neiges: les plombs des gouttières sont usés, l'eau pénètre et filtre dans les murailles... »

(105) Reg. 14, p. 6.

(106) Archives Générales de la Ville: «Travaux. Agrandissement de l'église St-Remacle. Dossier 2 - 1850-1854 ».

(107) Bressoux venait d'être détaché de St-Remacle (en 1893) et érigé en paroisse.

(108) Dossier 6. « Construction de Maisons ».

(109) Dossier 42. « Alignement de la rue St-Remacle ». - 1898.

(110) Dossier 12.

(111) La Cure s'est toujours trouvée vis-à-vis de la porte d'entrée de l'église, à l'angle des rues d'Amercœur et St-Remacle.

(112) « Maison pastorale édifiée l'an du Seigneur 1924, sous le pastorat de Victor Fincœur ».

(113) Reg. 2, p. 496 et 518.

(114) Reg. 6, p. 269.

(115) Reg. 2, p. 3, 25 et 128.

(116) Reg. 2, p. 35.

(117) Reg. 2, p. 12 (18-11-1539). « Denixhe » mis très probablement pour « Denis ».

(118) Reg. 2, p. 158, 159 et 300.

(119) Reg. 2, p. 321, 410.

(120) Reg. 2, p. 192. - Un document porte: « Hembrovaulx ».

(121) Reg. 2, p. 321 et 410. - Liasse 10 « Extrait des paies».

(122) Reg. 2, p. 31. - Reg. 1. - « Revenus de N.-D. de Grivegnée ».

(123) Liasse 2: testaments écrits de sa main. - Reg. 1.

(124) Liasse 2: « Extraits de paies: Rentes commençantes l'an 1656 année premier de ma résidence » - Reg. 2, p. 218. - Reg. 25 « Défunts »: 15-2-1691 « Rndus Dnus Natalis Hoyöux pastor Sti Remacli ad pontem ».

(125) Liasse I: « Acte de donation de 1693 ». - A eu, pendant qu'il desservait St-Remacle, un procès avec l'abbé de Magnery qui était alors chapelain à Bois-de-Breux.

(126) A réédifié l'église actuelle. Meurt le 11-1-1725. A son caveau dans le choeur.

(127) Reg. 2.

(128) Reg. 2, p. 151. « Nouveau pasteur »: 1747. - Réorganise la Confrérie de la Ste Vierge. Meurt Curé de St-Remacle.

(129) Reg. 102: sa signature y figure nombre de fois. - Reg. 20, p. 51: « a été curé entre 1765 et 1766. A dirigé la paroisse pendant 15 ans ». - Reg. 5, p. 321: « Mort et enterré sous les formes » (stalles).

(130) Quitte lors du bombardement de juillet 1794 pour ne rentrer qu'en novembre de la même année. Part définitivement en juin 1796. Le retrouvons Curé primaire à Visé en 1816. - Le 25-5-1796, le Curé Olislagers a prêté le serment de haine à la royauté ainsi que l'exigeait de tous les fonctionnaires publics la loi du 9-3-1796.

(131) Le 15-9-1797, et conformément à la Loi du 5 septembre de la même année, a prêté le serment de haine. - A recopié, en véritable calligraphie, une grande partie des anciennes Archives de l'Eglise.

(132) Ancien Récollet (Reg. 29. 1re page). - Etait examinateur synodal tout en étant desservant de St-Remacle. - En 1807, est nommé Curé de St-Martin, à Liège.

(133) D'après un mandat de paiement « Cesse ses fonctions ». Il avait son frère comme vicaire.

(134) Reg. 13. Sa signature s'y trouve. - Reg. 29.

(135) A été, tout d'abord, « vicaire à St-Remacle ».

(136) Reg. 103. - Meurt Curé à St-Remacle pendant l'été, en 1865.

(137) Se reporter à la fin du présent chapitre.

(138) Né à Liège, le 14-1-1876. - Vicaire à St-Nicolas (Outre-Meuse) d'octobre 1901 à mars 1909. Nommé coadjuteur de l'abbé Hislaire le 22 février 1909. Installé canoniquement Curé à St-Remacle, le 25-4-1909. Grâce à son initiative, la reconstruction de l'église a été décidée mais la guerre a contraint la Fabrique à surseoir à l'exécution de ce projet. - Quitte en mars 1921 pour prendre la direction du doyenné de St-Nicolas à Liège.

(139) Né à Liège, le 8-1-1873. - Ordonné prêtre et nommé vicaire à l'église primaire de Herve le 21-12-1895. - Nommé Curé de l'église St-Etienne à Statte (Huy) en juin 1908. - Nommé aumônier de l'église du St-Sacrement à Liège en novembre 1913. - Nommé Curé de St-Remacle le 28-2-1921. - Installé solennellement le jour de l'Ascension, la même année. - Sous son pastorat, reconstruction de la Cure (1924).

(140) Incendié, par les allemands, en août 1914; ce local donnait aussi asile à la Société Ouvrière St-Joseph, dont M. l'avocat Van Ormelingen, président de notre Conseil de Fabrique, s'occupe depuis un grand nombre d'années avec un inlassable dévouement. - Le Cercle a été réédifié sur son ancien emplacement en 1923.

(141) Fondé en 1898. M. l'avocat F. Depresseux en fut, pendant de nombreuses années, l'un des très actifs présidents; actuellement, ces fonctions sont remplies par M. H. Jeholet.

(142) Cette oeuvre, créée en 1907, garde une puissante vitalité.

(143) Après la mort de l'avocat Raikem, ce fut l'avocat Paul Duguet qui lui succéda à la direction du Pèlerinage National Belge de Septembre à Lourdes mais, quelques semaines après sa nomination, il disparaissait prématurément. Feu François Delarge, mon père, devint alors l'administrateur-délégué de cette oeuvre magnifique dont les bénéfices vont tout entiers aux écoles catholiques et y apporta, comme il le faisait pour toutes choses, un esprit de méthode, de travail et d'abnégation qui donna à l'organisation une superbe envolée. Mais cette écrasante besogne, pendant plusieurs années, chaque soir, après d'autres absorbantes occupations journalières, amena sa fin prématurée. Mon frère Henri remplaça mon père et sous sa juvénile et active direction, le pèlerinage continua à connaître le très grand succès.

Au début de 1914, mon frère et ses collaborateurs se retirèrent.

(144) Dossier 38.

(145) Notamment, un lutrin en cuivre repoussé, de style gothique, oeuvre des frères Dehin de notre ville (1898) ; la lampe du sanctuaire, en cuivre, de style gothique (1908); Dehin.

Elle porte les inscriptions suivantes:

Crux Sit Mea Lux. - Christi Crux Sit. - Mea Lux Christi.

Sacerdotii sui annum sexagesimum agenti Grex

Nicolao Hislaire laeto obtulit dono 1908;

6 chandeliers, en cuivre, style gothique (Dehin): 1902, etc., etc.

(146) Il célébra la dernière fois la messe, ce jour-là, qui était précisément le jour de son anniversaire de prêtrise.

(147) Edifié non loin de la chapelle du Cimetière, vers Bois-de-Breux, (parcelle 57-30-1).

(148) DARIS: L'Organisation du diocèse au XVIIIe siècle, t. I, p. 4.

(149) DARIS, idem, t. I, p. 4: « L'administration de la mense des pauvres se faisait de la même manière mais par des mambours différents ».

(150) Reg. 2, p. 6.

(151) « Aynes », probablement, la rue des Anes, actuellement rue Lairesse.

(152) Dossier 24. « Elections du Conseil ».

(153) « qui m'ont » mots reproduits, par erreur, deux fois sur le document original.

(154) Reg. 13, p. 2.

(155) Dossier 12. « Presbytère »: une note du Curé Grégoire indique 4.500 âmes (1796 à 1803).

(156) Voir le présent livre, chapitre IV.

(157) Dossiers 24 et 27.

(158) Cette liste a été établie d'après les registres aux délibérations du Conseil de Fabrique, reg. n° 13 et 52.

(159) A partir du 2 Octobre 1870, le Conseil est porté de 5 à 9 membres. MM. Cappuyns, Denis, Leviena et Pasteger sont appelés à en faire partie.

(160) Ancien sceau de la Fabrique apposé sur une pièce de 1807 (Dossier 34).

(161) Voir livre I, chap. XX.

(162) Voir livre I, chap. VIII.

(163) Reg. 20: « Minute de la lettre du 8-11-1847 à la Députation Provinciale à Liège ».

(164) Messieurs Drees et Nyssen ont, en collaboration, érigé en 1893 le Cercle choral de St-Remacle qui montre, aujourd'hui encore, une magnifique vitalité et dont les chants rehaussent, grâce à leur exécution impeccable, les offices solennels de notre église.

Cette phalange d'excellents chanteurs fut, au début, dirigée par M. Victor Vanstalle. Ensuite, et pendant près de 20 ans, ce fut M. Pierre Grisard qui présida aux destinées de ce Cercle. En 1924, M. Wadeleux lui succéda.

(165) Quant à l'organiste, c'est actuellement M. Jean Vandeberg, jeune homme très dévoué et qui ne manque certes pas de talent.

Signalons que les orgues de notre église ont été tenues de 1823 à 1855 par feu Joseph Franck et de 1855 à 1900 par feu André Franck son fils, apparentés tous deux au célèbre musicien liégeois César Franck.

(166) Depuis la Guerre, M. Moyse est aidé, le dimanche, par l'un de ses fils, dont la Fabrique d'Eglise n'a qu'à se féliciter.

(167) Dossier 25: « Lettre n° 4932 DC du 23-3-1923 (Secrétariat Général, 2e section) du Ministère de la Justice ».

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