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Collégiale Saint Pierre à Liège

LIEGE

Quelques transformations
Visages du Passé
( Annexes non transcrites )

par Adolphe DELVAUX de FENFFE





PREMIÈRE PARTIE

AVANT LA RÉVOLUTION

Selon l'expression imagée d'un historien, la capitale de la principauté de Liège était jadis célèbre par « sa blanche parure d'églises ».

Il nous reste à ce sujet le témoignage de maints étrangers qui, sous l'ancien régime, visitèrent la ville; ils ont exprimé leur étonnement admiratif à propos du nombre considérable d'édifices religieux que son enceinte abritait.

Mais la Révolution française survint et le profond bouleversement politique qu'elle provoqua dans notre pays fut accompagné, à l'origine, de mesures extrêmement défavorables au culte.

Pendant un temps, les temples furent fermés. Plus tard, lorsque la paix religieuse fut rétablie, maintes églises restèrent désaffectées ou furent abattues par la pioche du démolisseur. Aujourd'hui, plusieurs d'entre elles ont passé à l'état de souvenir, ne laissant, comme traces de leur existence séculaire, que des appellations locales.

C'est ainsi que tout proche de la vaste place Saint-Lambert, qui tient son nom de la célèbre cathédrale qui s'y dressait jadis, la place et les degrés de Saint-Pierre rappellent par leur dénomination la collégiale à laquelle ils conduisaient.

Evoquer la physionomie du quartier Saint-Pierre et de ses abords immédiats avant la Révolution, en rappeler succinctement les modifications successives jusqu'à l'état actuel, telle est une des raisons de ces pages.


L'ANCIEN QUARTIER DE SAINT-PIERRE

VUE D'ENSEMBLE


De l'extrémité de la rue Saint-Pierre, dénommée habituellement place Saint-Pierre, s'avançait une butte comblant en partie l'espace qui s'étend aujourd'hui entre la dite rue et le Palais Provincial.

C'est au sommet de cette éminence que s'élevait la collégiale Saint­Pierre entourée de ses dépendances.

Quant à la rue Saint-Pierre proprement dite, son aspect d'autrefois ne diffère pas beaucoup de celui d'aujourd'hui. Elle se prolongeait, pour ainsi dire, par la ruelle Saint-Clément (1), qui contournait partiellement la collégiale, pour aboutir vers le Nord, à la rue des Chenaux (dessous les Chenaux), presque en face d'une impasse (2) dénommée Pied de Vache.

A droite de la ruelle Saint-Clément, vis-à-vis de la Collégiale et dans la même direction qu'elle, s'élevait l'église paroissiale du quartier, laquelle était dédiée à saint Clément et à saint Trond.

A la rue Saint-Pierre et à la ruelle Saint-Clément aboutissait la rue des Degrés de Saint-Pierre. Celle-ci formait le prolongement de la rue dite des Mauvais-Chevaux qui prenait naissance, place Verte, dans l'axe de la rue des Aveugles (rue Maillard actuelle), située en face.

Le piéton qui s'engageait dans la rue des Mauvais-Chevaux, large de trois mètres, longeait d'abord diverses résidences particulières et la façade ouest de la Cathédrale Saint-Lambert. Arrivé ensuite au pied des degrés de Saint­Pierre, il voyait à sa droite une percée, dénommée rue Devant-le-Palais (4), conduisant à la place dite du Vieux-Marché, sise en face de l'entrée du palais du prince-évêque. Gravissant enfin la rue escarpée des degrés de Saint-Pierre, il rencontrait immédiatement à droite la chapelle N.-D.-aux-Degrés ou de Sainte­Brigitte, puis une pompe publique. Enfin, après avoir passé devant de modestes maisons de commerce, il aboutissait en face de la collégiale Saint-Pierre en ayant à droite la petite rue menant à l'église Saint-Clément.


LA COLLÉGIALE SAINT-PIERRE


Sur l'emplacement même que la Collégiale occupa, existait primitivement un modeste temple qui fut construit vers 712 par saint Hubert, évêque de Tongres. C'était l'église d'un couvent de moines bénédictins qui, au nombre de seize, y avaient été appelés, de Stavelot, par son fondateur. Selon son désir, saint Hubert y fut enterré dans la crypte. Ses restes furent ensuite placés dans le choeur, puis transférés processionnellement, en 825, à Saint-Hubert.

Pillée en 881, l'église fut reconstruite vers 992 par l'évêque Ricaire et érigée par lui en collégiale avec un chapitre de 30 moines.

En 1185 elle fut dévorée par un vaste incendie qui anéantit également la cathédrale Saint-Lambert.

Peu après, elle fut réédifiée. A partir du XVIe siècle elle devint un but de pèlerinage on y exposait, à la vénération des fidèles, des reliques de saint Hubert.

La Collégiale (5), longue de 230 pieds (6) avait deux entrées. Son clocher (7) quadrangulaire était accosté de quatre petits campaniles, un à chaque angle.

La planche II, extraite des Délices du Pays de Liège (8) et la planche III donnent une idée de l'aspect qu'avait l'édifice tout en situant ses dépendances (9).

Comme la collégiale Saint-Pierre avait remplacé une église datant du VIIIe siècle, elle était considérée comme la plus ancienne des sept collégiales de la cité. A ce titre, elle jouissait d'une véritable prééminence. Le doyen de son chapitre présidait les réunions du clergé secondaire qui avaient lieu dans les cloîtres (10) de la collégiale. De plus, jusqu'en 1408, les chapitres des églises secondaires firent apposer le sceau de Saint-Pierre à leurs chartes de confraternité.


L'ÉGLISE DE SAINT-CLÉMENT ET SAINT-TROND


Primitivement, Liège ne comptait qu'une paroisse desservie par l'église Notre-Dame-aux-Fonts. Plus tard, la création de collégiales provoqua le démembrement paroissial de la cité.

La collégiale de Saint-Pierre fut la première à distraire à son profit une partie de la juridiction paroissiale de Notre-Dame-aux-Fonts; mais au XIIe siècle, ses chanoines désireux de décharger leur basilique du service paroissial qui leur incombait, bâtirent tout près, au centre même de leur immunité, l'église de Saint-Clément et Saint-Trond, se réservant le privilège, qu'ils devaient conserver jusqu'à la Révolution, d'en être les curés primaires et de présenter à l'autorité ecclésiastique le chapelain auquel ils entendaient commettre l'administration des sacrements aux fidèles (11).

Ultérieurement, la paroisse fut scindée par la création de celle de Saint-Servais, dépendance de la collégiale Saint-Pierre. A partir de 1570, on créa un baptistère dans cette nouvelle église ainsi qu'à Saint-Nicolas, mettant de cette façon fin au monopole qu'avait Notre-Dame-aux-Fonts.

Saint-Clément était la vicairie perpétuelle de Saint-Pierre; cette collégiale pourvoyait à son entretien, à l'administration de ses biens, aux fournitures pour les offices. Ces deux églises avaient un marguillier commun et le curé avait rang ordinaire au chapitre.

Si de très nombreuses personnalités civiles et religieuses de la paroisse eurent à coeur, après avoir fait d'importantes donations, d'être enterrées à l'intérieur de la collégiale, d'autres défunts furent ensevelis dans le cimetière avoisinant l'église Saint-Clément.

La circonscription de Saint-Clément était assez restreinte. Elle comprenait les habitations de la partie gauche de la rue Neuve (rue de Bruxelles), approximativement depuis le palais jusqu'à la rue Salamandre, celles des Degrés de Saint-Pierre et de la place Saint-Pierre limitées de part et d'autre vers Sainte­Croix par l'arvô et la rue de Rome.

Aux archives de l'Etat à Liège, on conserve des registres aux capitations qui mentionnent entre autres, la population de cette paroisse en 1740, 1762, et 1791.

Voici pour cette dernière année, la liste des contribuables des quartier et place Saint-Pierre:

1 Marie-Hubert-Michel Bovy, chirurgien et Marie-Catherine Cuvelier son épouse;

2 Maison de chanoine;

3 M. Pierre-Antoine-Bruno Bourdon, lieutenant au service de S. A. - Résidentes dans la même maison: Mlle Marie-Thérèse de Coune; Mlle Marie-Catherine de Coune; Mlle Marie-Agnès de Coune; Mlle Marie-Julie de Coune, toutes filles de feu l'échevin de Coune

4 M. le Chevalier de Grady, trésorier-général des Etats et ancien bourgmestre de Liège; M. Louis de Grady, chanoine de la collégiale de Saint-Pierre; M. Charles de Grady, chanoine aussi de la même collégiale

5 Maison du chanoine Bollant;

6 M. de Trousset, échevin de Liège et les enfants mineurs: Georges, Anne, Louise

7 M. le Doyen de Saint-Pierre

8 M. le chanoine Antoine;

9 M. De le Duc, ancien bourgmestre

10 M. le chanoine Defays;

11 M. Philippe-Joseph Warnotte, sous-greffier du Conseil Ordinaire; l'épouse de M. le prélocuteur Bouillon et ses enfants Marguerite, Marie-Joseph Bouillon

12 Mlle Bakou, marchande du commun;

13 Lambert Stephany, marchand du commun;

14 M. le prélocuteur Falloise et son épouse

15 M. Jean Vonken, maître chaudronnier

16 M. Dorée, relieur de livres et son épouse

17 La veuve Termonia faisant un petit commerce de paniers et ses filles Maria et Elisabeth

18 M. l'abbé Walard, marguillier de Saint-Pierre

19 M. Bawens, maître de musique de Saint-Pierre et ses soeurs Marie-Elisabeth et Marie-Joseph Bauwens. Nicolas-Joseph-Bourgeois leur neveu

20 M. Nicolas-Joseph Ansiaux, médecin et son épouse Constance Evrard; M. Dethier, chanoine de Fosse;

21 M. Destellingwerf, échevin de Liège

22 M. de Sonval, rentier et son épouse née d'Omalius; M. Devaux, chanoine de Saint-Pierre

23 M. Jean-François-Joseph Dejaer, jurisconsulte et avocat, époux de Marie-Thérèse Dothée et leurs enfants: Lambertine, Godefroid, Marie-Lambertine

24 M. Defooz, échevin de Liège et N. Fastré, employé des Etats

25 M. Maréchal, chanoine de Saint-Pierre

26 M. le prélocuteur Walbrecq et son épouse

27 M. de Ghave, chanoine de Saint-Jean l'Evangéliste, M. Chefneux son cousin, théologien et Joséphine Chefneux sa soeur. Gilles Melon, employé des Etats

28 La veuve Stéphany, son fils mineur Andrien Stéphany, péruquier, Jeanne, Marie-Elisabeth Stéphany, couturières

29 Le sieur Collardin, ferblantier et son fils

30 M. Toskinet, organiste de Saint-Pierre et sa soeur

31 M. Pierre Dumoulin, maître tailleur et son épouse Marguerite Dellehaise

32 M. Rongé, maître orphevre et son épouse et la veuve Demany sa fille

33 M. Jacques-Dominique Houbotte, actuaire au greffe. Bourguignon et Marie-Ursule Monier son épouse et ses enfants mineurs: Jacques-Joseph Houbotte, prélocuteur et Marie-Claire

34 M. Jean-Joseph Lambermont, bénéficier de Saint-Pierre, époux de Elisabeth Lhoneux, couturière. Marie-Joseph Dombrekt, fileuse et Barbe Magis, fileuse

35 M. Jean-Godefroid Vassanne, loueur de voitures, Bernard son frère, joseph Fleuve, de Pierre, et joseph Laurnont, domestique de louage

36 M. Pernotte, jouallier et son épouse

37 M. Delatte, chanoine de Saint-Pierre

38 M. Bailleux, brodeur;

39 La veuve de M. l'avocat Cloos, M. Jacoby son père. M. le comte de Ranssy François, et son épouse. M. le comte de Pafvan, officier français, son épouse et sa mère

40 M. Barachin, marchand quinqualier, son épouse et sa fille.


LE PALAIS DES PRINCES-ÉVÊQUES


Le 23 mars 1734, un violent incendie fit au palais des princes-évêques des dégâts considérables. Entre autres, toute la façade vers la cathédrale fut entièrement anéantie.

L'évêque Georges-Louis de Berghes s'occupa de relever immediatement les ruines et il réunit à cet effet plus de 64.000 écus.

Le 11 avril 1740, tous les travaux de réfection étaient terminés (12). En même temps fut entreprise la construction adossée à la partie ouest du palais, sise vis-à-vis de la collégiale Saint-Pierre, et devant abriter les bureaux de l'Official ainsi que les services des trois Etats qui constituaient le sens du pays (13).

Le terrain avait été partiellement déblayé dès l'an 1720 par la démolition des locaux de la cour de l'Official qui s'y trouvaient.

L'an 1757 vit l'achèvement de la maison des Etats (14); elle fut cependant occupée dès 1741 pour le service des diverses assemblées.

A cette habitation parfaitement ordonnée manquait une chose indispensable, de l'eau. En 1745, le conseiller de Grady de Groenendael fut chargé de faire les démarches nécessaires auprès de la Société Roland (15) en vue de voir alimenter une fontaine à placer près de la demeure. Les négociations furent menées rondement car, dès l'année suivante, une prise d'eau de la valeur d'un xhansion (16) était faite au bassin de la société qui se trouvait rue Saint-Pierre en face de l'église N.-D.-aux-Mouches, et la fontaine était placée.

Entre la maison des Etats et le pied des Degrés Saint-Pierre existait, comme il a été dit antérieurement (17), un seul hôtel particulier, à front de rue. C'était l'hôtel de Hinnisdael. Les renseignements que nous allons donner à son sujet seront complétés au cours de ces pages.


HÔTEL DE HINNISDAEL


Une minute du notaire Bidart de Liège, datée du 29 janvier 1743, signale que François de Hinnisdael, seigneur de Betho (18), s'était rendu acquéreur de l'immeuble, le 7 mai 1714, par acte avenu devant le notaire Rochart dont le protocole est vraisemblablement perdu.

L'habitation passa ensuite entre les mains du baron Jean-Frédéric de Cler, seigneur de Meckenheim, conseiller d'Etat et des conférences de Son Altesse Sérénissime Electorale de Cologne.

Le nouveau propriétaire, né à Bamberg en 1677, appartenait à une famille d'origine française installée en Rhénanie. Il était le neveu de Jean­Frédéric baron Karg de Bebensburg, ministre d'Etat et chancelier de l'Electeur de Cologne. Sa femme, Jeanne-Joseph, baronne de Moreau, née le 19 mars 1689, était le neuvième enfant de Guillaume, baron de Moreau, et de Marie-Pentecôte de Crassier (19).

En 1743, le 29 janvier, le baron Jean-Frédéric de Cler, représenté par le baron Jean-Guillaume de Moreau et du Saint-Empire, seigneur de Hermalle et d'Othée, vendit (20) son hôtel à Mgr Pierre-Louis jacquet, évêque de Bone et d'Hippone, suffragant, official et chanoine de la cathédrale de Liège (21). L'habitation était désignée comme suit « maison, appendices et appartenances joignant d'un côté au Palais et de l'autre aux degrés de Saint-Pierre ».

La cession se fit contre payement de 27.000 florins brabants sans compter les redevances dues à la collégiale Saint-Pierre et à la cure de Saint-Clément.

Monseigneur Pierre-Louis jacquet avait entre autres neveux Pierre­Louis-Joseph de Jacquet qui devint, comme lui, official et qui résidait place Saint-Lambert, presque au coin de la rue Gérardrie. Ce dernier avait pour mère Marie-Anne Delvaux, soeur de Théodore-Joseph Delvaux, seigneur de Fenffe et de Hérock (22), et pour père Théodore jacquet, avocat et commissaire à Rochefort.

Monseigneur jacquet disposa par divers testaments de la majorité de ses biens en faveur de fondations pieuses et charitables et laissa le reste à ses neuf neveux et nièces, tous enfants de son frère Théodore.

Le 11 octobre 1763, vers une heure du matin, quelques heures avant de mourir, étant au lit et malade en son château d'Embourg, Monseigneur jacquet désignait, devant notaire et témoins, comme exécuteurs de son dernier testament rédigé à Liège le 25 juillet 1763 et scellé de ses armes, les deux frères de sa belle-soeur alors veuve, le chanoine de Saint-Jean l'Evangéliste, Jean­Georges Delvaux (23) et Pierre-Joseph Delvaux. A titre de leur intervention, chacun d'eux devait recevoir la somme de 1.200 florins brabants, et le premier, en outre, la moitié des meubles garnissant le château d'Embourg.

Dans le IIe et dernier paragraphe de son testament, Monseigneur jacquet envisageait lui-même l'éventualité de la mise en vente de son hôtel de Liège qu'il évaluait à environ 40.000 florins, étant donné les réparations et appropriations qu'il y avait effectuées.

Quatre ans après son décès, le 11 décembre 1767, le chanoine Jean­Georges Delvaux qui avait été mandaté par Pierre-Joseph Delvaux et sa soeur Marie-Anne en qualité de tutrice de ses enfants, vendit l'immeuble (24) pour 35.000 florins brabants à « S. A. S. le prince Nicolas-Léopold de Salm-Salm, duc d'Hoogstraeten, Wildgraf de Haum et Kyrburg, Rheingraff de Stein, et souverain d'Anhold, chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or, conseiller intime de leurs majestés impériales et royales apostoliques, général-feldmaréchal propriétaire d'un régiment d'infanterie au service de leurs dites majestés, gouverneur de la ville et citadelle d'Anvers et des forts en dépendant, etc... » (23).

L'acte de cession rédigé rue Saint-Jean, en la demeure du chanoine Delvaux, et en présence de deux chanoines de Saint-Jean, Hubert-Joseph de Donnéa et Jean-Nicolas Collart, porte: maison « située et joignante d'un côté au palais de S. Altesse Evêque et prince de Liège et d'autre au degrez de Saint-Pierre à Liège », avec « les trois quartiers y annexés, fontaine, appendices et appartenances avec servitudes actives et passives rien réservé ni excepté, avec les meubles, tableaux, tapisseries et autres effets qui y sont actuellement reposants et dont un inventaire sera remis au Rend second comparant, excepté seulement les tableaux des bénédictions d'abbés, que le Rend Seigneur premier se réserve ».

Par procuration donnée au château du duché d'Hoogstraeten, le 6 novembre 1767, le mandataire officiel du prince Nicolas-Léopold de Salim­Salm était le curé de Chênée, doyen du Concile de Saint-Remacle Jean-Laurent de Thier. Le 29 mars 1768, celui-ci versa en cette qualité 33.500 florins brabants entre les mains du chanoine Delvaux, et le 3 avril 1768, décharge définitive, signée par Pierre-Joseph Delvaux et sa soeur Marie-Anne, lui fut donnée en la demeure de cette dernière à Rochefort ainsi que le porte une minute du notaire Jean-Ignace Louveaux.

Cinq jours après, les 33.500 florins brabants étaient placés en hypothèques par l'intermédiaire du notaire J.-J. Donckier de Liège. Ils rapportèrent aux héritiers 837 florins brabants par an et ils étaient dus par le chevalier du Saint-Empire Barthold-Louis-Lambert-Joseph de Libert de Flémalle, baron de Thys, seigneur d'Otrenge, Beaufraipont.

Le 21 décembre 1767, le prince Nicolas-Léopold de Salm-Salm, par acte passé devant le notaire Focquet à Bruxelles et inscrit au registre des Echevins de cette ville le 21 décembre 1767, avait déjà cédé l'immeuble de Monseigneur jacquet, qu'il venait d'acquérir, à son fils le prince Guillaume-Florentin de SaIm­Saim, chanoine des églises métropolitaines et cathédrale de Liège, de Cologne, de Strasbourg et d'Augsbourg.

Celui-ci (26) était issu du second mariage du prince Nicolas-Léopold de Salm avec la princesse Dorothée de Salm. Il devint évêque de Tournai, puis archevêque de Prague.

Nous ignorons quand le prince Guillaume-Florentin de Salm-Salm céda son habitation au comte Michel-Waleran de Borchgrave, prévôt de Tongres et grand-prévôt de Saint-Lambert (27).

Ce transfert est non seulement mentionné dans la minute ci-après désignée du notaire Quinn Denis, mais il est encore établi par le testament du grand­prévôt de Borchgrave, mort le 19 juin 1782. Ce document, présenté pour approbation au chapitre de la Cathédrale de Liège le 21 du même mois, portait en effet:

« Paragraphe 16 - Item le même seigneur testateur laisse à celuy de ses neveux qui aura sa prébende de la très illustre cathédrale de Liège sa terre d’Elderen sans meubles, de laquelle il jouira d'abord qu'il sera capitulaire de même que sa maison occupée ci-devant par le prince de Salme avec les meubles meublans qui se retrouveront dans la dite maison ».

Le testament se termine comme suit:

« ... ce fait et passé dans une chambre de l'hôtel du dit testateur sur les immunités de la ditte église Cathédrale de Liège paroisse des onze mille vierges en Liège... »

Le comte Michel-Waleran de Borchgrave eut entre autres frères, Jean­Baptiste comte de Borchgrave, seigneur de Bovelingen, etc., époux d'Anne-Barbe de Pollart.

Leur fils, Jean-Guillaume-Michel comte de Borchgrave d'Altena, prit pour femme Françoise-C.-W. de Blanckart de Guygoven (Ann. de la Nobl., t. 10, p. 77).

De cette union naquit en premier lieu Guillaume-Georges-François comte de Borchgrave d'Altena qui devint sénateur et membre des états généraux.

Il vendit, le 14 nivôse an XII (5 janvier 1804), par devant le notaire Quinn Denis, et au nom de son père, l'hôtel dont celui-ci avait hérité du grand­prévôt de Borchgrave.

L'habitation est ainsi spécifiée « une maison avec appendices et dépendances, sise en cette ville de Liège au pied des escaliers de Saint-Pierre sous le n° 878, tenant et aboutissant d'un côté aux escaliers de Saint-Pierre, de l'autre au palais de la préfecture, et derrière à Saint-Clément ».

La cession se fit pour le prix total de 38.518 francs qui fut soldé de la manière suivante:

I° 23.703 fr. 69 par M. Dieudonné-Joseph Devillers, marchand d'armes à Liège, acquéreur de toute la partie située à gauche de la grande porte, y compris la partie de la grande salle du premier étage qui se trouve du côté gauche de la grande porte;

2° 14.814 fr. 21 par M. Antoine-Gérard Dardespinne, marchand, devenu possesseur du restant.

Des conventions supplémentaires divisaient en fait le vaste hôtel en deux parties bien distinctes, tout en laissant des servitudes communes.


CHAPELLE DE NOTRE-DAME-AUX-DEGRÉS OU DE SAINTE-BRIGITTE


Avant 1789, une petite chapelle, dénommée N.-D.-aux-Degrés (suite p. 49), était contiguë, aux degrés de Saint-Pierre, à l'hôtel de Hinnisdael.

M. Gobert fixe sa fondation à l'an 1342 (Liège à travers les Âges, t. II, p. 507).

Dès le début du XVIIe siècle, cet oratoire est plus généralement appelé chapelle de Sainte-Brigitte. (Voir Chapeauville, Histoire des Evesques de Liege) (28).

Le peuple y vénérait d'une façon toute spéciale une Vierge qu'il appelait « Sainte Wesmel(le) » ou « Rwesmel » (29). Cette Vierge, portant une colombe, est la Vierge du Bon-Secours ou de la Délivrance.


1 Le long de laquelle se succédaient également des maisons. Voir annonce du 10 avril 1811 du Journal du Département de l’Ourthe.

2 Sur le plan I elle porte le n° 22. -- J.-B. CHRYSTYN, Les Délices des Pays-Bas les éditions de 1697 et de 1711 de cet ouvrage contiennent deux intéressants plans de Liège, gravés par Harrewyn.

3 Voir pl. V. Ce plan, dressé par le baron Henri van den Steen de Jehay, illustre son imposant ouvrage intitulé La Cathédrale de Saint-Lambert à Liege.

4 Un seul immeuble à front de la rue Devant le Palais, occupait l’espace compris entre la résidence du prince et le bas des degrés de Saint-Pierre pl. III. et XVI). Il en sera longuement parlé ultérieurement. L'immeuble et le palais ne se trouvaient pas dans le même axe; aussi une fontaine avait été très heureusement placée dans l'angle de raccordement (pl. V).

5 J. HALKIN, Les Statuts de la collégiale de Saint-Pierre à Liège, t. 24 des Bull, de l'Instit. Archéol. Liég., pp. 487 et suiv. - ERNST, Tableau historique et chronologique des Suffragants de Liège, p. 280.

6 Le pied de Saint-Lambert valait 292 millimètres. Son étalon était conservé dans une chapelle de la cathédrale de même que celui du pied de Saint-Hubert.

7 Avant la Révolution, Liège comptait 19 carillons dont celui de la collégiale Saint-Pierre. 40 cloches, oeuvre du fondeur van den Ghein de Louvain, furent cachées à Saint-Pierre pendant les désastres de 1793. Elles furent attribuées, en 1804, à l'ancienne collégiale Saint-Paul fondée vers 966 par Eracle, au centre du quartier de l'Ile et parachevée par Notger. - Gazette de Liège, n° du 13 mars 1930: VAN DOORSLAER, Les carillons de Liège.

8 Cet ouvrage contient également une description du monument à laquelle le lecteur peut se reporter (t. 1, p. 119).

9 Ce dernier plan et d'autres documents que nous reproduisons sont extraits des archives conservées à l'Hôtel-de-Ville de Liège. Nous avons pu les consulter grâce à l'obligeance de M. l'échevin Fraigneux et de M. Pol De Bruyne, ingénieur, directeur des Travaux Publics. Nous les remercions vivement de la bienveillance qu'ils nous ont témoignée lors de nos recherches.

10 Dans le préau, c'est-à-dire l'espace renfermé entre les quatre côtés du cloître, il y avait un puits destiné au service de l'église. Au centre de ce préau se dressait un grand Christ en croix posé sur un socle de pierre. C'était comme le symbole de l'érection de l'église Saint-Pierre en collégiale. Dans la suite, le cloître fut approprié en maisons claustrales et le préau fut supprimé. La croix fut alors posée sur la façade d'une dépendance de l'église ainsi qu'on peut le constater sur la planche II.

11 Instit. archol. liég., t. 7, p. 275. - Ibid., t. 6 voir le remarquable mémoire de M. L. Lahaye sur les Paroisses de Liège.

12 Les plans avaient été dressés par l'architecte bruxellois jean-André Anneessens. Le 4 novembre 1735, fut passé, devant le notaire P.-N. Catoir, l'acte relatif à la fourniture des pierres de taille par Nicolas Croka et Etienne Gillart.

13 A consulter: Michel DESCHAMPS, Essai sur le pays de Liège et sur ses lois fondamentales.

14 Instit. archéol. liég., t. 14 et 20 articles de M. van de Castele, où il y a une description très détaillée de la résidence.

DELSAUX J.-C., Les Monuments de Liège reconstruits, etc. Cet ouvrage contient un plan montrant, entre autres, la distribution et la destination des divers appartements du palais au temps des princes-évêques. Bien que l'auteur prétende avoir puisé sa documentation à bonne source, nous nous étonnons de lui voir donner à la façade ouest du palais d'avant la révolution la même configuration que celle qu'elle devait avoir en 1858, et une situation perpendiculaire à la façade de l'édifice vers la place Saint-Lambert alors qu'elle doit être obliquement placée, d'après les plans anciens. Cette même erreur a été constatée dans l'ouvrage superbement illustré de Cornelius Gurlitt: Historische Städtebilder (Band IX, Lüttich).

15 En 1679, un ingénieux bourgeois de Liège, Lambert Jamin, remontrait au prince, Maximilien-Henri de Bavière, qu'il aurait trouvé le moyen de capter les eaux de marne de la campagne et fond de Molinvaux au profit de la cité de Liège. Jamin n'eut pas le temps de demander les autorisations nécessaires et jean Roland, conseiller de la cité, se substitua à lui. Il obtint la concession par décision du prince en date du 8 janvier 1680.

En 1773, il fut constaté des désordres divers dans les canalisations des eaux destinées aux fontaines Roland installées. Aussi le 8 novembre, l'assemblée générale de la Société décida « unanimement de faire au plutôt travailler à construire des bassins de cuivre auxquels tous les xhansions devront être attachez, sans qu'aucun puisse plus être au futur attaché à la maîtresse buse ». Ces bassins furent répartis depuis le faubourg Sainte-Marguerite jusqu'en Vinâve d'Ile. On en plaça entre autres un, place Saint-Pierre, à côté de l'église Sainte-Croix.

G0BERT, Eaux et fontaines publiques, pp. 282, 291.

16 GRANDGAGNAGE, Dictionnaire wallon, p. 272 et Tu. GOBERT, Eaux et fontaines publiques, p. 160.

17 Page 2, note 4. - Voir planche III, le quadrilatère situé en dessous de la chapelle Saint-Clément.

18 Voir à l'Appendice I (p. 67), quelques renseignements touchant le comte François de Hinnisdael et la seigneurie de Betho.

19 Pour détails complémentaires, voir Appendice II (p. 70).

20 Par acte passé devant le notaire Bidart.

21 Consulter une notice biographique le concernant, à l'Appendice III (p. 72).

22 Voir notre monographie La Seigneurie de Fenffe et de Hérock.

23 Voir Appendice V (p. 102).

24 Par l'intermédiaire du notaire J.-I.-J. Louveaux, de Liège.

25 Voir Appendice VI (p. 108).

26 Voir Ibid. (p. 109).

27 Voir Appendice VII (p.111).

28 Rééditée par nous, fin décembre 1928.

29 Wesmel (le), expression wallonne, signifie « ôte-le-moi » (westé = ôter). Sainte Wesmel(le) » est donc une manière populaire à la fois naïve et pittoresque de qualifier la Vierge à qui on demandait d'être délivré d'une souffrance, d’une maladie, etc.

Auguste Hock rapporte que certaines personnes intéressées avaient l'habitude de venir prier devant la Vierge en répétant dans leurs oraisons:

Ah! binamêie sainte Rwesmel
Riwestez-m'el!

Le même auteur cite encore les curieux vers que voici:

Ax gré d'saint Pire, on jàse dispôie longtemps,
D'ine veye calbotte à tos r'méde soverains:
C'esteut li sainte Rwesmel,
Qui r'wèrihéve les brave et les calin
Po n'blanmuse et n'chandelle:
Fameux commerce qu'aminéve les s'kélin!

Si, d'vins l'jônese, on vinte div'néve trop gros,
Après n'magneure d'on boquet on pau glot.
On dit qu'pus d'ine bâcelle
Ax gré d'saint Pire, priz't tot d'hant treus mot:
Binamêie sainte Rwesmel!
Si j'à ridé, c'est càse di mes sabot.

a) Croyances et Remèdes populaires, Liège, 1872, t. 3, pp. 211-212. - Dans l'Annuaire pour l'année 1864 de la Société de Littérature wallonne, nous lisons, p. 28:15 décembre fête de « Sainte Wesmelle, qui r'werihe les p'tits èfants, âs grés d'Saint-Pire ».


DEUXIEME PARTIE

APRÈS LA RÉVOLUTION


Tandis que des auteurs, dont Borgnet, se sont attachés à retracer l'histoire des bouleversements politiques, que la Révolution provoqua dans le Pays de Liège, d'autres ont pris le soin pieux de décrire les monuments de la Cité, dont le grand événement devait amener la disparition, et de conserver le souvenir des richesses artistiques qui furent alors dispersées ou anéanties.

Parmi les nombreux travaux qui traitent de l'ancienne collégiale Saint-Pierre, il faut mentionner particulièrement celui de J. Helbig, L'ancienne Collégiale de Saint-Pierre à Liège, ses oeuvres d'art et l'inventaire des ornements qu'elle possédait en l'an 1794 (1).

A titre documentaire, il n'est pas inutile de nommer aussi cette partie des Mémoires de François-Nicolas-Joseph Devaux, doyen de Saint-Pierre, mort en 1800: « Nécrologie des pierres sépulchrales, épitaphes et sépultures qui se lisaient dans l'église de Saint-Pierre l'an 1762, époque du pavé de marbre » (2)

L'article II d'un arrêté du Gouvernement du Bas-Rhin, en date du 7 thermidor an XI (26 juillet 1803), était ainsi conçu:


« Les biens de fabriques des églises supprimées seront réunis à ceux des églises conservées et dans l'arrondissement desquels ils se trouvent. »

La collégiale Saint-Pierre était ainsi devenue une dépendance de l'église succursale de Sainte-Croix dont la circonscription englobait les églises de Sainte-Ursule, de Saint-Clément, de Saint-Nicolas-aux-Mouches, de Saint­Michel, de N.-D.-aux-Fonts et de Saint-Hubert.

Au début, la loi n'eut pas un effet immédiat, car dans une lettre du 12 germinal an XII (2 avril 1804), M. Dejaer, membre du Conseil de la fabrique de Sainte-Croix, signale que celle-ci n'était pas parvenue, à cette époque, à se procurer les registres et les titres nécessaires pour établir les revenus auxquels elle avait droit.

Le 30 octobre 1806, M. Dejaer annonce à l'autorité civile que toutes les susdites églises supprimées sont encore occupées par différents services. Son conseil de fabrique, vu, d'une part, leur état de délabrement et, d'autre part, le peu de ressources dont il dispose, se voit dans la dure nécessité de laisser ces édifices à l'abandon plutôt que de se charger de leur entretien, de leur vente ou de leur démolition.

Les marguilliers de Sainte-Croix revinrent partiellement, dans la suite, sur leur déclaration ainsi qu'il ressort de la lettre qu'ils adressèrent le 4 février 1809, au Préfet du département de l'Ourthe:

« ... Nous avons eu l'honneur de vous écrire le 30 octobre 1806 que nos moyens ne suffiraient pas à l'entretien de ces églises supprimées qui se trouvent dans notre arrondissement et que nous y renoncions, votre lettre du 30 janvier nous fait croire que vous n'avez point trouvé à propos d'accueillir notre renonciation.

Aujourd'hui nous observons qu'il ne nous paroit nullement nécessaire de démolir les édifices, qu'on peut mettre en location, et qu'on peut en appliquer à la réparation le prix qu'on feroit payer par avance, nous croions même que la demande qu'on fait pour la démolition, est plutôt une affaire de convenance que le résultat d'aucun danger imminent permettez nous d'entrer en détail sur ces églises, dont nous ne sommes en jouissance d'aucune, et qui sont toutes occupées à différens services, quoique le décret impérial du 30 mai 1806 nous les adjuge.

Et d'abord l'église de Saint-Michel dont il est question, ce chef­d'oeuvre de l'art, reconnu par les ingénieurs mêmes du gouvernement, et qui fait l'admiration des connaisseurs, a été destinée par la mairie pour une bibliothèque publique.

Celle des sépulchrines, dite bons-enfants, sert à un dépôt militaire.

Celle de Saint-Hubert sert de magasin à foin et paille pour le service militaire, et expose les voisins aux plus grands dangers par le feu qui peut survenir et qui réduirait inmanquablement en cendres cette partie de la ville.

Celle de Saint-Pierre sert de refuge à la mairie pour retirer différents objets.

Celle de Saint-Nicolas-aux-Mouches est louée par les domaines à M. Dukers, architecte.

Celle de Saint-Clément sert de salle de dissecation et de démonstrations anatomiques, ce qui peut cependant infester le quartier.

Celle de Sainte-Ursule est occupée par la mairie pour le dépôt des pompes à feu et autres objets.

Ces églises dépouillées de tout ce qu'il y avait de bon tant en marbre qu'en boiserie, et n'offrant plus que des carcasses mal en ordre, auraient dû être réparées, surtout quant à la toiture, par ceux qui les occupent. Ces réparations pourraient donc se faire par le prix du loyer qui y serait destiné.

En conséquence, notre avis est que nous ne pouvons consentir à la démolition de ces églises, vu qu'on peut en tirer parti, et qu'il est inutile d'augmenter la masse des décombres dans une ville où il n'y en a déjà que trop, ce qui fait une honte pour nous, et nous deshonorera à jamais aux yeux de la postérité. Oui il est plus que temps de rétablir au lieu de démolir, ces moyens rempliront notre but en empêchant des nouvelles démolitions, auxquelles nous ne donnerons jamais les mains, et qui dans le cas contraire se feront contre notre gré et par ordre supérieur contre lequel nous sommes loin de vouloir lutter. Nous espérons qu'après avoir pesé nos propositions, dans votre sagesse, vous y acquiescerez.

Dans l'entretemps nous avons l'honneur d'être avec un profond respect M. le Préfet vos très humbles et obéissants serviteurs. »


VENTE DE LA COLLEGIALE SAINT-PIERRE


Au début de l'année 1810, le Préfet de la ville proposa au conseil de fabrique de Sainte-Croix de vendre la collégiale Saint-Pierre. A ce sujet, les marguilliers intéressés lui adressèrent, le 24 avril, la lettre suivante:

« M. LE PRÉFET,

La lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 13 de ce mois, nous invite à vous faire connaître si l'intérêt de l'administration qui nous est confiée, n'exige point que nous provoquions l'aliénation de l'église de Saint-Pierre, en nous conformant aux dispositions du décret du 30 mai 1806, et dans la négative vous nous invitez à faire parvenir notre réponse dans le plus bref délai, afin que vous puissiez prendre une détermination à l'égard de cet édifice dont une partie vient de s'écrouler.

Nous avons l'honneur de vous faire observer:

1° Que la commune aiant paru jusqu'à ce jour s'attribuer cet édifice sous prétexte qu'il provenait d'un chapitre supprimé, nous n'avons point cru devoir former nos prétentions sur cette église

2° Que ce bel édifice est entièrement dévasté tant intérieurement qu'extérieurement, sans qu'on nous eut jamais consulté pour disposer des marbres, boiseries, orgues, portes, paremens, plomb, fer, ancres, qui sont totalement emportés;

3° Qu'on transporte encore journellement des matériaux de cette église sans que nous ne sachions par quel ordre

4° Que croyant que la loi nous adjuge les églises supprimées et comprises dans la circonscription de Sainte-Croix (comme nous l'avons observé dans notre lettre du 4 février 1809), cependant nous n'avons pas jusqu'à ce jour pu obtenir la remise de celle de Saint-Hubert dont la tour menace ruine, de celles de Saint-Nicolas, Saint-Clément et Sainte-Ursule que nous réclamons encore aujourd'hui et dont nous demandons d'être mis en jouissance

5° Qu'après un examen sérieux de la dépense que la démolition et le déblayement occasionneroit, nous avons la conviction que notre administration ne pourrait être à couvert des frais qu'elle nécessiterait et qu'elle essuierait au contraire en perte réelle.

Par ces motifs nous ne croyons point de l'intérêt de notre administration de nous en charger et nous avons l'honneur d'être avec respect M. le préfet vos très humbles serviteurs. »

L'autorité civile, en présence de cette résistance, ne se rebuta pas, mais ayant obtenu toutes les autorisations nécessaires, elle s'arrangea pour faire procéder à la vente par l'intermédiaire des marguilliers de l'église Saint-Martin. C'est ainsi qu'après une année révolue, on put lire l'avis suivant dans le numéro 101 du Journal du Département de l'Ourte, daté du dimanche 28 avril 1811:

VILLE DE LIEGE.

LE MAIRE, CHEVALIER DE LA LEGION D'HONNEUR,

Vu le décret impérial du 24 décembre 1810, relatif à la démolition de la ci-devant église collégiale de Saint-Pierre, et à l'ouverture d'une rue de communication avec la rue derrière le palais

Vu l'arrêté de M. le Préfet, du 2 avril courant, qui en approuvant le cahier des charges rédigé par les marguilliers de l'église primaire de Saint­Martin, porte que le Maire procédera à l'adjudication des travaux par voie de soumissions cachetées, conformément à l'arrêté du gouvernement, du 19 ventôse an IV.

Invite ceux qui voudraient faire l'entreprise susdite, à remettre leurs soumissions cachetées au secrétariat de la Municipalité avant mercredi, 8 mai, à midi. On pourra prendre connaissance du plan, devis et cahier des charges au dit secrétariat.

A la Mairie, le 27 avril 1811.

(Signé) 11.-G. BAILLY.

A peine cette publication était-elle faite, que les membres du conseil de fabrique se réunirent d'urgence et envoyèrent le 4 mai, au Préfet de la ville, la protestation que voici:

« Nous avons été extrêmement surpris de voir l'annonce que vous avez fait insérer dans la Gazette, relativement à la démolition de Saint-Pierre, d'autant plus que cette église se trouvant dans la circonscription de la nôtre, nous ne pouvons concevoir comment la fabrique de Saint-Martin peut paroitre dans le cahier des charges: il semble qu'on aurait dû insinuer le décret impérial dont il est fait mention dans cette annonce, quoiqu'il en soit, nous croions de notre devoir de vous demander une copie du décret précité, pour être déposé dans nos archives, et mettre par là notre responsabilité à couvert, dans cette attente, nous avons l'honneur d'être respectueusement, M. le Maire, vos très humbles et obéissants serviteurs. »

Une réponse à cette missive ne se fit pas attendre, mais elle était de pure forme:

Département de l'Ourte

Ier arrondissement

Ville de Liège

Empire Français

Liège, le 6 mai 1811

Le Maire, Chevalier de la Légion d'honneur, à Messieurs les Conseillers de la fabrique de l'église succursale de Sainte-Croix.

En faisant mettre sur les feuilles publiques, Messieurs, l'avis relatif à la démolition de l'église de Saint-Pierre, je n'ai agi qu'en vertu de la délégation spéciale de M. le Préfet, et il me semble que c'est à ce Magistrat qu'il convient que vous vous adressiez pour avoir le décret impérial qui met ce bâtiment à la disposition de la fabrique de Saint-Martin. Je ne vois pas au reste comment votre responsabilité serait compromise en ce qui concerne les intérêts de votre fabrique, puisqu'il s'agit d'une ancienne église collégiale faisant partie des domaines nationaux et nullement comprise dans la classe des églises et presbytèmes supprimés dont la propriété est rendue par le décret du 30 mai 1806 aux fabriques des églises conservées dans l'arrondissement desquelles ces bâtiments se trouvent existants.

J'ai l'honneur de vous saluer.

(Signé) H.-J. BAILLY.

Voici le procès-verbal de l'acte de vente de la collégiale de Saint­Pierre.

L'an mil huit cent onze, le trente un mai à midi et demi, par-devant le maire de la ville de Liège, chevalier de la Légion d'honneur, délégué par M. le Baron de Micoud, préfet du département par arrêté du vingt-quatre avril dernier, a effet de procéder, par voie de soumissions cachetées, à l'exécution du décret impérial du vingt-quatre décembre mil huit cent dix relatif à la vente des matériaux de l'église ci-devant collégiale de Saint-Pierre et de trois portions de terrain faisant partie de son emplacement, le tout conformément aux plan et devis dressés par l'architecte de la ville et au cahier des charges rédigé par les Marguilliers de l'Eglise primaire de Saint-Martin le trente mars de cette année approuvé par M. le préfet le vingt-quatre avril suivant et ensuite des affiches publiques faites sous les dates des vingt-sept avril et vingt-quatre mai courant.

Il a été procédé en présence de M. Decrassier, Gilles et Plateus, conseillers de fabrique composant le bureau des Marguilliers de la dite église primaire de Saint-Martin à l'ouverture des soumissions remises au secrétariat de la municipalité dans le terme fixé par les affiches du vingt-quatre mai et qui se sont trouvées au nombre de cinq savoir

La première, signée Guilleaume Delhaxhe, qui offre pour les terrains et matériaux huit mille cent francs.

La seconde, signée Dukers, fils, qui offre pour le tout sept mille cinq cents francs.

La troisième, signée Jacques Decortis, qui offre pour le tout huit mil cinq cents francs.

La quatrième, signée Gilbert Peters, qui offre cinq mille cinq cent dix francs pour les matériaux à charge de démolir.

La cinquième, signée Thomson qui fait offre de trois mille francs pour les portions de terrain.

Lecture faite de ces soumissions,

Considérant que les offres réunies des sieurs Peters et Tomson, sont les plus avantageuses,

Le Maire et les Marguilliers ont adjugé les terrains et les matériaux de l'église de Saint-Pierre aux sieurs Gilbert Peters et Tomson, savoir au sieur Peters les matériaux et la démolition pour la somme de cinq mille cinq cent dix francs, et au sieur Tomson les Parties de terrain pour la somme de trois mille francs, sous obligation de se conformer exactement au cahier des charges rédigé et approuvé comme il est dit ci-dessus et qui sera transcrit à la suite du présent procès-verbal, qui n'aura d'exécution qu'après qu'il aura été approuvé par M. le Baron, préfet.

En l'absence du Maire appelé à Paris, le premier adjoint (3).

Suit le cahier des charges.

ARTICLE PREMIER. - La démolition de l'église de Saint-Pierre et la vente des matériaux seront adjugés au plus offrant et dernier enchérisseur; il en sera de même des portions de terrain de son emplacement qui ne sont point nécessaires à l'ouverture de la nouvelle rue.

Les portions de terrain seront divisées et adjugées en trois lots.

ART. 2. - La mise à prix des matériaux, déduction faite de six-mille six cents francs pour frais de démolition et transport des décombres est de six mille sept cent trente-un francs quatre-vingt-dix centimes.

ART. 3. - Le Maire pourra remettre à la huitaine l'adjudication définitive, si, d'après les observations des Marguilliers de l'église de Saint-Martin, il juge que les enchères ne sont pas portées à leur taux véritable, et à la charge que la dernière enchère subsistera et servira de mise à prix à la seconde adjudication; l'adjudication sera soumise à l'approbation de M. le préfet.

ART. 4. - L'acquéreur des matériaux sera tenu d'avoir fait place nette dans le terme de dix-huit mois à dater de l'adjudication sous peine de tous dommages et intérêts envers les adjudicataires des terrains.

ART. 5. - Le prix de l'adjudication tant des matériaux que des terrains sera acquitté en mains du trésorier de la fabrique de Saint-Martin, savoir une moitié dans les trois mois de l'adjudication, et l'autre moitié un an après la date de l'adjudication.

ART. 6. - L'acquéreur des matériaux ne pourra commencer la démolition qu'après avoir payé la moitié du prix de son adjudication ou fourni une caution suffisante; il sera responsable de tous les accidens résultans des travaux de la démolition.

ART. 7. - Les adjudicataires seront tenus de payer le droit d'enregistrement dans les vingt jours de l'adjudication, ainsi que les frais de timbre, d'impression, affiches, criées et autres légitimement faits pour parvenir à la vente.

ART. 8. - A défaut de remplir les obligations imposées par les articles qui précèdent, les adjudicataires seront déchus de plein droit, et les objets remis en vente à leur folle enchère respective; les terrains et matériaux vendus resteront au surplus hypothéqués et affectés au paiement total du prix de l'acquisition; les Marguilliers pourront requérir l'inscription hypothécaire, tant sur les dits Biens que sur ceux des adjudicataires et cautions.

ART. 9. - Toutes les clauses ci-dessus ne pourront être réputées comminatoires et leur exécution sera poursuivie par voie administrative et en vertu du procès-verbal d'adjudication'.

ART. 10. - La mise à prix des portions de terrain est savoir:

Pour la première portion contenant deux cents mètres superficiels, mille francs.

Pour la seconde contenant six cents mètres, trois mille francs.

Pour la troisième contenant quarante mètres, deux cents francs.

Fait et rédigé par nous conseillers de fabrique composant le bureau des marguilliers, le trente mars mil huit cent onze.

(Signés) Decrassier, président, M.-H. Plateus, secrétaire.

Vu et approuvé par nous préfet, conformément à notre arrêté de ce jour. A Liège, le vingt-quatre avril mil huit cent onze, (signé) Baron de Micoud.

LE PRÉFET,

Vu le décret du vingt-quatre décembre mil huit cent dix,

Vu le plan du terrain sur lequel est tracé le projet de la nouvelle rue à ouvrir pour communiquer de la place Saint-Pierre à la rue derrière le palais: le dit plan dressé par l'architecte de la ville le deux avril mil huit cent onze et visé par le Maire.

Le procès-verbal d'évaluation des terrains et matériaux de l'église de Saint-Pierre à Liège dressé par le même architecte le premier septembre mil huit cent dix,

ARRÊTE CE QUI SUIT:

Le cahier des charges dressé par les marguilliers de l'église primaire de Saint-Martin à Liège, le trente mars dernier pour la vente des matériaux de l'église Saint-Pierre, et de trois portions de terrain faisant partie de son emplacement, est approuvé sous les conditions suivantes

1° L'acquéreur devra laisser subsister le mur de l'église du côté des cloîtres, à la hauteur de l'appui de la grande croisée, il devra aussi boucher les deux arcades de la chapelle, ainsi que les portes, afin que le terrain laissé à la commune soit bien fermé.

2° Le terrain qui sera occupé par la nouvelle rue devra être mis à niveau de la place de Saint-Pierre et conduit en pente douce pour prendre le niveau de la rue derrière le palais.

3° Le Maire de la ville de Liège procédera à l'adjudication publique en présence des marguilliers de l'église primaire de Saint-Martin par la voie de soumissions cachetées conformément à l'arrêté du gouvernement du dix­neuf ventôse an onze (10 mars 1803).

4° Le présent arrêté sera adressé au Maire de Liège pour être transcrit au bas du cahier des charges (4).

A Liège, le vingt-quatre avril mil huit cent onze. (Signé) baron de Micoud.

Pour expédition conforme,

Le secrétaire général, (signé) CASELLI.

Certifié conforme,

En l'absence du maire appelé à Paris, le premier adjoint.

Vu et approuvé par nous préfet, conformément à notre arrêté de ce jour.

A Liège, le 8 juin 1811.

Conseiller de préfecture suppléant le préfet, (signé) J.-M. RENARD.

La collégiale Saint-Pierre fut loin d'être démolie dans les 18 mois, comme le stipulait l'article IV des conditions de vente, l'entrepreneur adjudicataire ayant mis plusieurs années pour parfaire sa triste besogne.

Quant aux cloîtres et dépendances, ils subsistèrent jusqu'en 1860, ayant passé par plusieurs mains et subi des affectations diverses.

Comme ayant appartenu à l'ancienne collégiale de Saint-Pierre, il faut signaler:

La clef de saint Hubert contenant un morceau de la chaîne de saint Pierre et conservée en l'église de Sainte-Croix (5);

Deux bas-reliefs en marbre blanc dûs au ciseau de Del Cour et qui étaient dans le choeur de Saint-Pierre (5a). Ils représentent, l'un, le Christ donnant les clefs à saint Pierre, et l'autre, les Adieux de saint Pierre et de saint Paul; tous deux se trouvent actuellement dans une des chapelles de la cathédrale à Liège

Un buffet d'orgues se trouvant actuellement dans l'église Saint-François de Sales (6); une tiare avec deux clefs croisées ainsi que le coq symbolique de saint Pierre étaient sculptés sur les encorbellements de ce vaste meuble dû à Sicard père, et placé dans la cathédrale Saint-Paul après la révolution

Des colonnes de granit soutenant la crypte de l'église primitive de Saint-Pierre et données, dit-on, par Charlemagne. Elles sont de la même matière que celles qui supportent le dôme de l'église Notre-Dame à Aix-la-Chapelle. Elles sont conservées ainsi que d'autres pierres sculptées de provenance identique au musée provincial de Liège

Un tableau reliquaire de la vraie croix en or et vermeil, donné en 1077 par Etienne IX (Frédéric de Lorraine, ancien archidiacre de Liège) à la cathédrale Saint-Lambert. Ce fut Godefroid, prévôt de Saint-Pierre, qui fut chargé de porter à Liège le précieux cadeau.

Lorsque le prince-évêque officiait, l'évêque suffragant portait à son cou ce reliquaire. Celui-ci fait actuellement partie du trésor de la cathédrale de Saint-Paul et il est reproduit dans l'ouvrage du chanoine Thimister sur cet édifice.


HABITATION DEWANDRE


Le chemin tracé obliquement à travers l'emplacement de l'ancienne collégiale de Saint-Pierre divisait le terrain en deux parties nettement indépendantes.

La première de gauche, vers la rue Neuve, fut rattachée aux cloîtres et anciennes dépendances de l'église. Quant à l'autre, qui était un lot bien distinct, elle avait la forme d'un triangle touchant par son sommet à la rue Saint-Pierre et courant le long de la rue Saint-Clément.

Nous ne nous occuperons que de cette dernière portion, la seule offrant pour nous, au point de vue familial, un intérêt historique.

Elle constituait sans conteste, de par sa situation, un emplacement unique pour construire. C'est ce qui incita M. François-Joseph Dewandre (8), qui avait rempli pendant près de 14 ans, de 1799 à 1813, les fonctions importantes de premier adjoint au Maire de la ville, à s'en rendre acquéreur. Nous reproduisons le texte de l'acte d'achat du 18 août 1815:

Par devant maître Boulanger et son confrère notaires à la résidence de Liège, soussignés

furent présents :

Les sieurs Antoine Tomson menuisier et Gilbert Peters menuisier demeurant à Liège.

Lesquels ont par ces présentes vendu sous les garanties de leurs faits et promesses à M. François-Joseph Dewandre, inspecteur des bâtiments civils de ce département, aussi demeurant à Liège, à ce présent acceptant, une portion de terrain de l'ancienne église de Saint-Pierre à Liège avec les masures et matériaux qui s'y trouvent et qu'il devra démolir et retirer à ses frais, laquelle portion joint du levant à M. Dieudonné-Joseph Devillers acquéreur d'une autre portion, du midi, à la rue dite escalier de Saint-Pierre et du Nord, au terrain de la nouvelle rue qui doit s'ouvrir suivant l'alignement qui a été arrêté par la commission municipale de la ville de Liège. A prendre cette portion de terrain dans l'état qu'il se trouve et comme elle se comporte et poursuit avec tous les droits et servitudes qui eu dépendent sans en rien réserver ni aliéner par les vendeurs qui sont propriétaires, comme ayant la totalité des bâtiments et terrains de cette église de Saint-Pierre de l'administration de la fabrique de l'église de Saint-Martin à Liège. Pour l'acquéreur, faire jouir et disposer de la portion de terrain à lui appartenant en toute propriété à compter de ce jour. A quel effet les vendeurs les subrogent à tous droits de propriété à cet égard, s'en désaisissant à son profit voulant qu'il en soit saisi et mis en possession par qui et ainsi qu'il appartiendra.

Cette vente a lieu moyennant la somme de 400 fr. présentement payée en espèces métalliques ayant cours de monnaie, comptée à la vue des notaires soussignés par l'acquéreur aux vendeurs qui l'ont reçue et enlevée à leur satisfaction (9).

Dont quittance.

Dont acte fait et passé à Liège en l'étude le août 1815; après lecture faite, les comparants ont signé avec les notaires.

Ont signé

A. Thomson; G.-F(?). Peters; F.-J. Dewandre; A.-J. Ansiaux; L. Boulanger...

En juillet 1806, M. Dewandre reçut de la commission des travaux publics le plan définitif des alignements suivant lesquels il était tenu de construire son habitation à deux étages et mansardes.

Il se mit aussitôt à l'oeuvre et le bâtiment dut être rapidement achevé car si l'on se réfère aux Almanachs du Département de l'Ourthe, M. Dewandre abandonna en 1819 la maison paternelle sise rue Hors-Château n° 386 pour venir s'installer place Saint-Pierre.

Sa maison avait trois façades dont la principale mesurait 10 m 80; elle portait le n° 7 ou 675 et couvrait 134 m2. La construction était en pierres et briques et les fenêtres étaient garnies de ferronneries. Elle était dotée d'un vaste sous-sol avec cuisine, lavoir et caves voûtées. Un escalier de 11 marches en pierres de taille avec moulure et rampe en fer conduisait au perron du rez­de-chaussée que garnissait une fontaine et que couvrait une marquise supportée par des colonnes en fer. Il existait également une cour pavée avec remise, écurie, chambre et grenier. Là joignait un jardin avec arbres à hautes tiges, arbustes et pelouses. Le mur de clôture, percé d'une porte cochère en chêne à deux vantaux, était constitué en pierre avec balustrade, et courait sur plus de 54 mètres.

La fontaine alimentée par les eaux de la Société Roland était d'un quart de xhansion et la prise avait été faite dans l'immeuble d'en face appartenant à M. de Favereau. M. Dewandre avait dû payer à cette occasion 1.250 francs plus 250 francs pour les frais de placement.

Régulièrement le débit devait être de cinq litres à la minute avec une charge donnant quinze centimètres de hauteur de jet.

M. Dewandre avait épousé à Saint-Adalbert, le 26 novembre 1788, Marie-Catherine Beckoz. Celle-ci, née en 1768 et morte le 4 janvier 1825, avait testé en faveur de son mari le 18 janvier 1822.

M. Dewandre rejoignit son épouse dans la tombe le 29 juin 1835. Par testament il laissa sa maison de la place Saint-Pierre à son fils aîné Henri-François-Joseh-Barthélemy de Wandre (10), avocat, membre du Congrès National (10a), marié le 18 mai 1820 à Charlotte-Célestine-Scholastique-Eléonore de Macar, née le 23 septembre 1793, morte le 30 septembre 1862, soeur du baron Ferdinand de Macar, gouverneur de la province de Liège


VENTE DE L'ÉGLISE SAINT-CLÉMENT


L'église de Saint-Clément fut fermée en 1797. Presque totalement abandonnée dans la suite, elle devint en 1808 une école de dissection anatomique.

Le 8 juin 1811, le conseil de fabrique de l'église de Sainte-Croix désirant entrer en possession des églises de Saint-Clément, de Sainte-Ursule et de Saint-Nicolas-aux-Mouches, écrivit au maire de la ville:

« ... Nous profitons de l'occasion pour réitérer notre demande de mise en jouissance des églises de Sainte-Ursule, de Saint-Clément et de Saint-Nicolas que la loi qui ne varie jamais nous adjuge également. Si l'on ne fait pas droit à cette dernière sollicitation, nous serons obligés, en vertu de notre devoir, d'envoyer copie de notre correspondance au gouvernement, et obtenir de la loi même, ce que nous n'avons pu avoir depuis si longtemps. Dans l'espoir qu'on ne nous forcera point à cette démarche, nous avons l'honneur d'être avec respect M. le Maire vos très humbles et obéissants serviteurs. »

Il fut fait droit à cette requête car le 4 juillet 1813 c'est au conseil de fabrique que M. Devillers, négociant en armes, demeurant au pied des degrés Saint-Pierre, celui-là même qui s'était rendu acquéreur le 5 janvier 1804 de l'ancien immeuble de Hinnisdael, fait savoir « que la toiture de la chapelle de Saint-Clément est tout à fait défectueuse, que le fond est tout rempli d'eau et qu'une partie de ses greniers se pourrit ». Il lui demande en conséquence de cette situation, qui lui est, comme voisin, très préjudiciable par suite des infiltrations, de pouvoir se rendre acquéreur de l'édifice au prix fixé contradictoirement par experts.

Le conseil finit par accepter la proposition. Il écrivit en conséquence la lettre que voici au vicaire général:

7 septembre 1813.

Le Bureau des Marguilliers de Sainte-Croix au vicariat général du diocèse de Liège, le siège vacant.

« Nous conformant aux dispositions du dernier alinéa de l'article 10 du décret impérial du 30 décembre 1809, nous demandons au vicariat général du diocèse, le siège vacant, l'autorisation nécessaire pour assembler extraordinairement le conseil de fabrique à effet de délibérer sur l'aliénation ou les réparations à faire à la ci devant église paroissiale de Saint-Clément, ensuite de l’expertise qui vient récemment d'être faite de cet édifice, dont le mauvais état des toitures occasionne des plaintes réitérées de la part du propriétaire voisin. Nous avons l'honneur de nous dire en très profond respect du vicaire général les très humbles, très obéissants serviteurs. »

Le conseil devait récidiver deux ans après dans ces termes:

« MONSIEUR LE GRAND VICAIRE,

Nous avons l'honneur de vous remettre trois pièces, et notamment a délibération du 3 septembre 1813 du conseil de fabrique de la succursale de Sainte-Croix, relative aux églises de Saint-Hubert et de Saint-Clément, et d'une petite maison située sur les degrés de Saint-Pierre. Nous avons l'honneur de vous en demander l'aliénation, les deux premiers objets ne sont pas susceptibles de réparation et le troisième est pour procurer un accès à l'église de Saint-Clément pour l'acquéreur futur, sans quoi ce local sans issue ne trouverait point d'amateur. Nous joignons à cette lettre, M. le grand vicaire, les expertises faites à ce sujet. L'église Saint-Hubert menace ruine de toute part, une partie est déjà écroulée, et peut occasionner de grands malheurs par sa chute, que nous désirons d'éviter, l'église de Saint-Clément est également délabrée, les pluies continuelles détruisent la maison de M. Devillers, qui est en dessous, voici encore une lettre qu'il nous a écrite à ce sujet, nous risquons d'entrer en difficultés avec lui par suite des dommages qui lui sont causés par le mauvais état de cette église, après examen des pièces, nous serions très reconnaissants, M. le Grand Vicaire, de nous autoriser à aliéner ces trois objets par voie d'enchère. Le produit de ces ventes est destiné à établir une petite maison dans le local de l'église de Saint-Nicolas aux Mouches, située dans l'enceinte de la succursale de Sainte-Croix pour y loger un vicaire, et pour là le mettre à portée de M. le Curé qui éprouve l'inconvénient de voir loger son vicaire loin de lui, et retarder ainsi les secours spirituels pendant le jour, mais principalement la nuit. Nous espérons, M. le Grand Vicaire, qu'ayant égard à toutes ces considérations, vous voudrez bien nous autoriser à cette aliénation devenue en quelque sorte nécessaire, dans l'espoir de cette faveur, nous avons l'honneur, etc...

(Signé) DESOER, Président,

25 janvier 1815. »

Dès le 20 février, l'approbation d'aliénation, accordée par l'autorité civile avait été signifiée en ces termes:

1ere Division

N° 1980

1389

Aliénation des églises de Saint-Hubert et de Saint-Clément

LE COMMISSAIRE DE GOUVERNEMENT POUR LE DEPARTEMENT DE MEUSE-ET-OURTE,

Vu les délibérations du conseil de fabrique de l'Eglise succursale de Sainte-Croix, à Liège, en date des 4 octobre et 13 septembre 1813, tendant à obtenir l'autorisation d'aliéner les petites églises on chapelles de Saint-Hubert et de Saint-Clément appartenant à la dite fabrique de Sainte-Croix.

Vu les procès-verbaux d'expertises des immeubles dont il s'agit. Vu l'avis du vicaire général provisoire en date du février dernier. Vu la lettre de M. l'Inspecteur général de police, en date du...

Considérant qu'il résulte des pièces et des renseignements recueillis, que les deux chapelles dont il s'agit, sont dans un tel état de délabrement qu'une partie est déjà écroulée et que l'autre menace également ruine; que ces immeubles étant absolument irréparables et inutiles, il est de l'intérêt de la fabrique et de la sûreté publique, d'en aliéner le plutôt possible, les emplacements et les décombres.

Est d'avis, qu'il y a lieu d'autoriser la fabrique succursale de Sainte­Croix, à Liège, à aliéner aux enchères publiques les églises ou chapelles de Saint-Hubert et de Saint-Clément, d'après le cahier des charges qui sera rédigé par le conseil de fabrique et approuvé par l'autorité.

Le présent sera soumis à l'homologation de S. Ex. le gouverneur général.

A Liège, les jours, mois et an que dessus.

Le Commissaire du Gouvernement,

(Signé) PIAUTAZ.

Pour copie conforme,

Le Secrétaire général.

La ratification du gouverneur général parvint au conseil de fabrique le 15 mars 1815. Aussitôt son président M. Desoer, assisté de M. J. Power et de J. Demeuse curé, rédigea le cahier de charges de la vente, qui fut approuvé par le commissaire du gouvernement de Meuse et Ourthe le 18 mars 1815.

Enfin, le 10 avril 1815, eut lieu la vente qui mettait M. Deviliers en possession de l'ancienne église Saint-Clément et d'une petite maison avoisinante. Voici l'acte d'adjudication:

Département Meuse-et-Ourte

Ville de Liège

Administration de la fabrique de l'Eglise Succursale de Sainte-Croix à Liège.

Vente des terrains et matériaux des églises supprimées de Saint-Hubert, Saint-Clément et d'une petite maison joignante à cette dernière occupée par la veuve Dorée.

Procès-verbal d'adjudication.

L'an mil huit cent quinze du mois d'avril le dixième jour, à dix heures du matin, en vertu de l'approbation de son Excellence le Gouverneur Général du Bas-Rhin et Rhin-Moyen, en date du 3 mars mil huit cent quinze, Nous Président et Membres du Bureau des Marguilliers, nous nous sommes rendus à la salle des séances ordinaires du conseil de fabrique, où étant nous avons annoncé que, conformément aux affiches placardées dans les lieux accoutumés, il allait être procédé à la vente des terrains et matériaux des Eglises supprimées de Saint-Hubert, Saint-Clément et d'une petite maison joignante à cette dernière occupée par la veuve Dorée, désignée dans les affiches et procès-verbaux d'expertise dressés par les Sieurs Matriche et J Heuskin architectes nommés à cet effet par les dits marguilliers.


Premier lot

... (adjugé sur la mise à prix de 1000 fr., pour 3020 fr. au Sieur Hubert Matriche, père, domicilié à Ans).


Deuxième lot

Pour le terrain et matériaux de l'église Saint-Clément d'une petite Maison y joignante habitée par la veuve Dorée sur une mise à prix de cinq cents francs.

Un premier feu aiant été allumé il a été offert par le Sieur Devillers une enchère.

Un deuxième feu aiant été allumé il a été offert par le Sieur Demeuse six enchères et par le dit Devillers sept enchères.

Un troisième feu aiant été allumé et s'étant éteint sans que pendant sa durée il ait été fait aucune enchère, le Bureau après avoir délibéré sur la préférence qu'il soit réservé à l'article premier du cahier des charges, d'accorder à l'un des deux ou trois derniers enchérisseurs a nommer adjudicataire le Sieur Dieudonné-Joseph Devillers, domicilié à Liège, moyennant la somme de six cent quarante francs, aux clauses, charges et conditions ci-dessus reprises, lequel Sieur Dieudonné-Joseph Devillers a déclaré bien connaître le bien adjugé et signé avec nous.

(Signés) : J. Devillers, Desoer, président, J. Derneuse, Curé, J. Power, C. Nagant.

Et attendu qu'il n'y avait plus rien à mettre en vente, nous avons clos et arrêté le présent procès-verbal montant et établi à la somme de trois mille six cent soixante francs.

A Liège, le 10e jour du mois d'avril mil huit cent quinze.

(Signés): Desoer, président, J. Demeuse, Curé, J. Power, C. Nagant.

Enregistré à Liège le 21 avril 1815, f. 198 V°, case 4, vol. 99. Reçu 28 fr. 16 le 10e compris.

(Signé) LAVALLEYE.

M. Devillers obtint l'autorisation de ne pas démolir la chapelle mais de la consolider et d'en refaire la toiture. Le 26 mars 1835, il se rendit acquéreur devant le notaire Bertrand d'une parcelle de 32 m2 avoisinant l'édifice et située à front des degrés de Saint-Pierre. Une échoppe de barbier en occupait 10 mètres carrés. L'ensemble fut payé mille francs.


HOTEL DE HINNISDAEL (Suite)(12)


Le 10 janvier 1836, M. Jacques-Bernard-Joseph Bellefroid (13), banquier, époux de la baronne Louise-Françoise-Henriette-Hubertine de Villenfagne de Vogelsang (14) acheta (15) pour 62.500 fr la partie de l'ancien hôtel de Hinnisdael acquise par M. Devillers le 5 janvier 1804 (voir p. 12) et portant le n° 878. Dans l'acte notarié, elle est ainsi désignée: « maison, jardin, magasin, appendices et dépendances; un couloir qui va du jardin au degré de Saint­Pierre et le petit bâtiment qui s'y trouve avec la petite maison qui est au dessus joignant celle des demoiselles Frésart ».

M. Bellefroid, moyennant payement de 1400 fr., s'était assuré d'une façon définitive la vue vers la place Saint-Lambert en grevant l'immeuble voisin Parent Frésart de servitudes à son profit (16).

Le 19 mai de la même année, M. Bellefroid se rendit acquéreur, moyennant la somme de 40.000 fr., du restant de l'ancien immeuble du comte de Hinnisdael (protocole du notaire Dusart). Il s'agit de ce qui avait été adjugé antérieurement à M. Gérard-Antoine-Mathieu Dardespinne, négociant, époux de Marie-Catherine Dallemagne. Cette seconde partie est dite « une maison, cour, fontaine et dépendances située à Liège, place Saint-Lambert n° 879, joignant du levant au palais de justice, du midi à la place et du couchant à M. Dieudonné-Joseph Devillers, et du nord ou derrière à ce dernier ».

M. Bellefroid, qui avait fait des sacrifices pour obtenir la résiliation du contrat du locataire de la partie gauche, venait à peine de commencer des travaux d'appropriation dans son immeuble lorsque (7 juillet 1837) la ville de Liège publia un projet de rectification et de dégagement du palais d'après lequel les terrains de l'Hôtel de Hinnisdael étaient destinés à être incorporés à la voirie, dans le but de permettre l'ouverture d'une rue destinée à relier les rues Neuve et Derrière le Palais, à la place Saint-Lambert.

Le 10 juillet 1841, le Conseil communal donna approbation à ce projet. M. Bellefroid dut donc se résigner à la cession de la propriété qu'il avait voulu reconstituer. Il tenta de négocier un accord à l'amiable avec la ville: celle-ci acquerrait l'ensemble du bien à la réserve d'un petit angle se trouvant au sommet (17). Des difficultés s'élevèrent d'abord sur le mode de payement et les pourparlers traînèrent en longueur. En mai 1844, une expertise contradictoire fut décidée. Elle donna pour l'ensemble de la propriété les estimations suivantes

184.523 fr. 20

145.650 fr. 5o

avec une différence en défaveur de M. Bellefroid de 38.872 fr. 70.

Celui-ci, dans une lettre du 23 octobre 1844, prétendit que l'ingénieur Remont avait agi avec partialité « cherchant plutôt à déprécier qu'à apprécier la propriété soumise à son examen ».

Au commencement de décembre, M. Bellefroid, désireux de voir réaliser la vente d'une propriété qui ne lui était d'aucun profit, suggéra à la ville que les deux parties intéressées supporteraient par moitié la différence des deux estimations. Renonçant de plus à une offre de 10.000 fr. pour la fontaine alimentant son immeuble, il accepterait de la céder au prix de 6.000 fr., chiffre présenté par les experts.

Du même coup, la maison Devillers étant déjà disponible, il résilia pour la Saint-Jean (24 juin 1845), le bail de l'habitation Dardespinne consenti en faveur de M. Mouton-Chefnay et dont bénéficiait M. Deboeur, cabaretier.

Peu après, l'acquisition de ces maisons fut autorisée par le Conseil communal suivant délibérations en date des 27 décembre 1844 et 14 mai 1845, cette dernière approuvée le 22 du même mois par la députation permanente du Conseil provincial.

De plus, le 13 juillet 1845, parut l'Arrêté Royal qui approuvait une décision prise par le Conseil communal en avril 1841, relative à la percée d'une rue entre la place Saint-Lambert et la rue Neuve.

La ville fut ainsi tout naturellement amenée à accepter l'offre raisonnable lui faite par M. Bellefroid. Dès le 2 août, elle achetait pour 165.000 fr. la totalité de son bien comprenant l'ancien hôtel de Hinnisdael, l'église Saint­Clément, etc (18).

Nous donnons une reproduction du plan de l'ensemble annexé à l'acte qui fut passé à Liège devant le notaire Wasseige, et transcrit au bureau des hypothèques vol. 741, n° 17. Sur celui-ci, on peut remarquer l'emplacement de la fontaine qui se trouvait à l'extrémité gauche de la façade du palais.


APPROPRIATION DE LA PLACE SAINT-LAMBERT


La cathédrale de Saint-Lambert, dévastée par l'étranger qui s'en était approprié les trésors, fut démolie sous les directives du peintre Defrance suivant la proposition qu'il avait émise en 1793 et que Dumouriez avait appuyée avec succès à l'assemblée des représentants du pays.

Lorsqu'il ne resta plus du monument que des décombres, un projet d'appropriation de la place restée vide et attribuée à la ville le 3 février 1801, fut mis au concours. On adopta le plan du peintre Dreppe d'après lequel fut tracé le parallélogramme que forme actuellement la place Saint-Lambert (19). Ce plan, si nous nous référons au Mémorial administratif de la ville de Liège, fut remanié par l'architecte Henry de Bruxelles (30 septembre 1809).

Jusqu'en 1829, l'administration communale s'attacha spécialement à l'aménagement de la place Saint-Lambert. Elle fit enlever les matériaux de l'ancienne cathédrale, niveler le terrain et abattre quelques maisons de façon à donner de la régularité aux alignements des façades. De même, les façades des maisons situées à gauche de la rue des Mauvais-Chevaux destinée à disparaître furent successivement reportées en face vers la place.

Pour dégager l'angle N-O, l'habitation de Stockem (19a) avec les « quartiers » qu'elle comprenait fut partiellement vouée à la pioche des démolisseurs.

Elle faisait face d'un côté à la maison de Hinnisdael et au palais, d'un autre au vieux marché, d'un troisième à la place Saint-Lambert et d'un quatrième à la rue des Mauvais-Chevaux.

Dans cette rue, elle avait vis-à-vis d'elle la maison de Fabribeckers (formant actuellement le fond de la propriété de l'Union Coopérative socialiste) qui avoisinait vers Saint-Pierre l'hôtel de Rougrave (devenu le Gymnase) et vers la place Verte la propriété de Stembier (immeuble de Marneffe). Il en sera parlé d'une façon détaillée plus loin (pp. 56, 62-64).

La partie gauche de la résidence de Stockem qui devait être maintenue fut attribuée le 24 mai 1825 (20) au prix de 8.900 florins des Pays-Bas, à M. Jean­Hubert-Joseph Dessain, imprimeur-libraire, dont les ateliers se trouvaient alors rue Sainte-Ursule et à l'angle N-E de la place Saint-Lambert, à la Bible d'Or (21).

La propriété cédée était occupée par différents locataires, le baron de Stockem, vendeur, résidant place Verte (22). Le bail signé ensemble avait été rédigé le 28 mars 1817 devant le notaire Anciaux de Liège.


RUE NOTGER


Le 24 octobre 1837, un arrêté royal autorisait la ville de Liège à contracter un emprunt de deux millions destiné à couvrir les frais de rectification des abords des routes venant de Bruxelles et de Tongres, de l'élargissement de la rue Neuve et enfin de la percée devant mettre celle-ci en communication directe avec la place Saint-Lambert.

La dépense à effectuer autour du palais avait été estimée à près de 350.000 fr., mais elle fut ramenée à 275.000 fr parce qu'on espérait retirer 75.000 fr de ventes de terrains.

Le gouvernement, la province et la ville ne s'étant pas entendus au sujet de leur contribution respective, l'ajournement des travaux fut décidé par délibération du Conseil communal en date du 17 décembre 1841.

Mais au début de l'année 1844, les habitants des quartiers de Sainte-Walburge, de Saint-Servais, de Saint-Martin et de Sainte-Marguerite réclamèrent à nouveau avec instance la réalisation de la percée projetée; c'est ce qui amena la reprise des négociations interrompues entre les administrations intéressées. Cette fois l'accord se fit. Aussi, le 27 décembre 1844, le Conseil communal ratifiait à nouveau les plans adoptés le 10 avril 1841, et il les faisait déposer le 7 février 1845 au bureau des travaux, tout en invitant le public par la voie des journaux à les examiner et à soumettre éventuellement ses observations.

Le 10 avril 1845, le Conseil communal approuvait définitivement le plan d'établissement de la percée, les expropriations nécessaires et le mode de ventilation des frais prévus.

Ce plan comportait, outre l'artère nouvelle (23a) à créer à travers la vieille propriété de Hinnisdael et parallèlement à l'ancienne maison des Etats, une voie constituant le prolongement de la rue Saint-Pierre (23b) vers la rue du Palais et coupant la première obliquement. A cet effet, un pont était nécessaire à l'intersection (23c) du chef de la différence de niveau de près de 5 metres qui existait entre elles. Tout à côté, un escalier (23d) avait été également prévu pour les piétons en vue de réaliser la liaison possible des deux routes en ce point. La rue Notger devait avoir une pente de 5 % et une largeur de 4 mètres entre les trottoirs. Une différence de niveau de o m 50 avait été envisagée entre le pavé du côté de la maison Dewandre et le tablier du pont.

Le projet adopté qui mettait grandement en valeur la propriété Dewandre fut sanctionné par arrêté royal du 13 juillet 1845.

L'hôtel de Hinnisdael devant partiellement disparaître, fut acheté par la ville, avons-nous dit, le 2 août suivant (23e). Trois autres immeubles situés rue Neuve, derrière le Palais, et forcément destinés à être incorporés à la voirie, furent expropriés peu après. Ils portaient les numéros 13/423, 1/427, 17/426 et appartenaient respectivement à M. Mormans, à la veuve de Jean-François Dauvrain et à M. Damry directeur d'hôpital à Anvers. Ces immeubles très modestes furent payés, en moyenne, 12.000 fr chacun.

Les 19 et 20 août 1843, on procéda à l'adjudication de l'établissement des culées et du pont dont le Conseil avait approuvé la construction le 7 juin précédent. M. Marcellis obtint l'entreprise.

Tandis que le 28 août de la même année on désignait encore par voie d'enchères celui qui assumerait la besogne de la démolition partielle (24) de l'hôtel de Hinnisdael, il fut procédé de même les 17 mars et 4 juillet 1846 en ce qui concernait les trois maisons précitées de la rue Neuve.

Enfin, le 24 juillet 1846, on adjugea l'enlèvement des déblais de la première section de la percée comprise entre la place Saint-Lambert et le pont. Par mesure de sécurité, il fut décidé que la réalisation de la deuxième section concédée le 29 mai ne pourrait être entreprise qu'après achèvement de la première.

Cette mesure fut des plus sages, car malgré les précautions prises, la percée causa de nombreux ennuis à la ville par suite des mouvements de terrain vers Saint-Pierre qui se firent sentir perpendiculairement et obliquement à la tranchée.

Les maisons Parent-Frésart et Dewandre furent spécialement menacées, cette dernière d'autant plus qu'elle ne possédait pas de fondations. D'où plaintes des propriétaires et procès en dommages et intérêts.

Le long du fond de la propriété Dewandre, on avait pourtant élevé un mur avec arcades et ferrures, puis comme il menaçait de céder, on l'avait renforcé. Mais la mesure s'avérait insuffisante car l'ingénieur de la ville dressa le plan d'une maison devant être adossée à l'habitation Dewandre de façon à la soutenir définitivement. Le projet se trouve encore conservé aux archives de l'Hôtel de Ville.

Même solution avait été mise en avant touchant l'immeuble Parent­Frésart, dont le talus qui le séparait de la rue Notger était constitué d'après un rapport « d'un amas de débris de constructions en ruines, assises sur une couche d'argile sablonneuse, mise à découvert et dont il se détachait tous les jours des parties ».


PLACE SAINT-PIERRE (Prolongement)


Le pont, avons-nous dit, avait été construit pour permettre la liaison de la rue Neuve derrière le palais avec le prolongement de la rue Saint-Pierre.

Il fut jeté sur l'emplacement d'une partie du « manège de Saint­Pierre » (26) dont les travaux de démolition avaient été adjugés le 23 décembre 1845.

Le restant du terrain devait servir, suivant un plan dressé le 21 septembre 1846 par l'architecte Remont mais qui ne fut pas exécuté, à l'agrandissement d'une école communale de filles, voisine, dénommée du quartier de l'Ouest (26b)

La voie longeait d'une part, jusqu'au pont, toute la propriété Dewandre, et de l'autre, un lot de la ville, et une maison n° 467 B de 156 m2, propriété de la fabrique de l'église succursale de Sainte-Croix, comme ayant été construite sur les dépendances de la collégiale de Saint-Pierre, et se trouvant dans l'arrondissement de la dite paroisse, ainsi qu'il avait été reconnu par décision du Conseil de Régence du 30 janvier 1821.

Un escalier (26c) conduisant à la rue Notger avait été prévu près du pont, mais pour pouvoir l'exécuter il fallait 7 mètres carrés de la cour de l'habitation prémentionnée.

L'ingénieur Remont fit remarquer que la tranchée de l'escalier aurait 6 mètres de profondeur et qu'elle ne serait distante de la construction que de 4 ou mètres, que des éboulements pourraient donc se produire. Il signalait encore que le manège « dont l'entrée se trouvait dans la propriété Fargaes » avait été acheté par la ville à la fabrique de Sainte-Croix, mais qu'il n'en était pas de même des caves qui existaient en dessous ni de la chambre située au­dessus de l'accès.

En conséquence, il préconisait l'acquisition complète de l'immeuble. Le 27 décembre 1845, le Conseil communal se rallia à sa manière de voir et l'autorisation royale fut accordée le 6 avril 1846. Enfin, le 31 juillet, le conseil de fabrique, représenté alors par son président M. de Wandre-de Macar abandonnait en faveur de la ville tous ses droits sur l'habitation.

Les transformations d'ensemble apportées au quartier de Saint-Pierre étaient loin de répondre à ce que l'on escomptait et de plus leur effet manquait d'esthétique par suite de nombreux tracés hors d'équerre et de raccordements défectueux de terrains situés à des niveaux divers.

Le pont (27a) spécialement, que l'on n'avait pu placer plus haut à cause de la déclivité du prolongement de la rue Saint-Pierre, constituait un obstacle à la circulation des véhicules passant dans la rue Notger, ouverte dès les premiers mois de l'année 1846, et dont les effets bienfaisants s'étaient immédiatement fait sentir. Aussi ce pont était à peine construit que l'on songea à le démolir.

Cette besogne devait se faire en même temps que le déplacement de l'axe de la rue Notger, conséquence naturelle d'appropriations effectuées à l'aile gauche du palais et dont nous dirons un mot.

Dès le début du XIXe siècle se posa la question de savoir à qui appartiendrait le palais des princes-évêques revendiqué tant par l'Etat que par la province. Aucun accord n'ayant été possible, elle fut soumise aux tribunaux. Commencée en 1838, la procédure se termina le 12 juillet 1844 donnant gain de cause à l'Etat (27b). Celui-ci, dans la suite, accepta entre autres de loger gratuitement les services de la députation permanente.

Depuis la Révolution, l'entretien du palais avait été totalement négligé, aussi le gouvernement, deux mois après sa mise en possession, songea-t-il à faire exécuter les travaux de restauration qui s'imposaient.

A cet effet, on préconisa un moment à Bruxelles, mesure radicale, de raser l'édifice, quitte à le reconstruire; mais grâce à des tracts et à une campagne de presse, ce projet néfaste fut abandonné.

C'est alors que le Gouvernement nomma une commission chargée de rechercher les meilleurs moyens d'aménager le palais en vue d'y installer une résidence pour le gouverneur et d'y abriter les services de l'administration provinciale.

Les principaux membres en furent

MM. de Wandre-de Macar, vice-président du collège des prisons;

Polain, archiviste de la province

F. Capitaine, membre du comité de surveillance de l'administration provinciale

Lemonnier, architecte attaché à l'administration des chemins de fer

Remont, architecte de la ville, etc.

Ces messieurs estimèrent finalement qu'il n'y avait que deux solutions possibles: soit de construire du côté de la rue Notger un bâtiment ayant sa façade perpendiculaire à celle du palais vers la place Saint-Lambert, soit d'édifier une construction du côté de la place du Marché et d'établir une percée entre cette place et la rue du Palais.

Le gouvernement se rallia à la première suggestion et en vue de pourvoir à sa réalisation, il élabora avec les autorités compétentes un programme de concours qui fut publié au début de 1847. Le délai extrême pour y participer fut fixé au 1er janvier 1848.

Quatre projets furent présentés. L'un d'eux réunit l'unanimité des suffrages de la commission et obtint le premier prix qui était de 5.000 fr.

C'était l'oeuvre de l'architecte liégeois Charles Delsaux (28) qui, à la suite de l'adoption de ses plans par le gouvernement fut préposé à la direction générale des travaux à entreprendre.

On déblaya le terrain dès 1848. Le 11 juin 1849, en présence du roi et de la famille royale et du baron Ferdinand de Macar gouverneur, fut solennellement posée la première pierre de la nouvelle construction. Une médaille en bronze fut frappée à cette occasion (29)

Peu avant la cérémonie, on avait enlevé une partie d'un énorme amas de sable (29a) et de ruines de toutes sortes qui se trouvait en aval du pont, aux alentours immédiats du palais. Le restant, couvrant près de 500 m2 et où prenaient leurs ébats des enfants qui, à l'occasion, ne se gênaient pas pour lapider les passants, devait encore encombrer longtemps la place et faire l'objet de nombreuses plaintes (29b).

En 1852, le plan Delsaux qui comprenait l'édification de l'hôtel provincial actuel et la restauration du palais était presque entièrement réalisé. Aussi, ce fut par acclamation qu'en séance du 5 juillet de cette année, le Conseil provincial vota sur la proposition de M. Félix Capitaine, notre bisaïeul maternel (30), toutes ses félicitations à l'architecte pour la partie accomplie de son beau travail.

Mais dès le début, M. Delsaux avait préconisé de donner au nouvel édifice, du côté de la rue Notger, un cadre approprié en dégageant la façade, en l'écartant des constructions, en redressant les rues voisines, en adoucissant leurs pentes inégales et en prolongeant les points de vue de manière à le laisser voir d'endroits éloignés.

Il suggérait principalement

a) Le déplacement et l'élargissement de la rue Notger dont l'axe deviendrait parallèle à la façade du palais

b) La construction d'un escalier monumental en face du péristyle de l'hôtel provincial pour relier la nouvelle rue Notger à la rue Saint-Pierre

c) La construction d'une rue parallèle à la rue Notger entre la rue Saint-Pierre et la rue Derrière le Palais en remplacement de la voie charretière qui passait par le pont Notger

d) Etablissement d'une place publique entre cette nouvelle rue et l'escalier monumental

e) En dessous de celui-ci auraient été les écuries et remises du palais. Le terrain nécessaire mesurant 4601 m2 38 aurait été cédé à l'Etat; en revanche, celui-ci abandonnerait la troisième cour du palais de façon à mettre en communication directe la rue du Palais et l'Hôtel de Ville, dégorgeant ainsi plus facilement le trafic intense de la rue Neuve et de la rue Agimont.

Ce projet d'ensemble, que le Conseil communal adopta le 15 septembre 1848, fut partiellement réalisé, principalement en ce qui concerne le grand escalier 29c

En 1849, on présenta un nouveau plan (pl. XIX) qui, au cours des dix années suivantes, fut remanié à diverses reprises. Des discussions s'élevèrent au sujet de la répartition éventuelle des frais.

Enfin, le 5 août 1859, le Conseil communal approuva un projet qui semblait définitif et il le soumit ensuite à l'approbation des habitants intéressés. Des protestations s'étaient faites nombreuses. On critiquait spécialement l'escalier dont on reconnaissait le côté esthétique mais dont on contestait l'utilité pratique. On considérait de plus comme une utopie l'idée de faire dériver le trafic de la grande voirie soit par l'arvô Sainte-Croix, soit par la rue du Palais trop étroite à cet effet.

En conséquence, on demandait une rue déclive et praticable partant de la place (rue) Saint-Pierre pour se raccorder à la rue Derrière le Palais à travers le terrain de l'ancienne école communale des filles de Saint-Pierre (29d)

Le Conseil communal réuni le 21 octobre 1859 décida enfin de donner satisfaction aux habitants dans le sens demandé, mais à la condition que les intéressés ne feraient aucune objection sérieuse touchant le nouveau tracé et qu'ils payeraient chacun la moitié des frais de construction qui s'imposeraient rue Saint-Pierre du chef de l'abaissement prononcé de la voirie.

Le 28 octobre, la ville présenta son tracé aux habitants de la rue dont voici le relevé avec la mention des immeubles qu'ils occupaient et de la largeur de chaque façade.

Rue Saint-Pierre

Largeur de façade

16

Blockouse, Marie‑Catherine

5,8

14

Blockouse, Marie‑Catherine

12,3

12

Detienne, Charles

6,3

10

Bertrand, Marie‑Antoinette

6,4

8

Vedrine, Jean‑Michel

8,5

6

Vedrine, Jean‑Michel

9,3

4

Burnay, joseph

12,5

2

Catoir, les héritiers de Henri

14,0

20

Pirard, jean‑joseph

14,0

18

Delame, Théodore

11,6

16

Bertrand, notaire

12,0

14

Piette les enfants et Louis Mélotte

14,0

14bis

Trouillet

8,0

12

Moray, épouse Fargaes, veuve de Grady

16,2

Eglise Sainte‑Croix

23,5

Dépendances

13,0

25

Dejaer, Mlle Florence

7,8

23*

Delvaux (Jean) -Charles- (Philippe) -Joseph

8,8

21

Bourdon, Mlle Marie‑Antoinette

14,3

19

Libert, Georges‑Nicolas

14,8

17

Mme veuve Lezaack

9,0

15

Petit‑jean, veuve Dejaer

9,0

13

Tilman, avoué

9,0

11

Robert, Théodore

14,0

9

de Clerx de Waroux

11,0

M. de Wandre

34,0

Le 4 novembre M. de Wandre annonce qu'il est disposé à intervenir dans les frais de construction d'un trottoir en face de son immeuble, mais en revanche, il fait toutes ses réserves au sujet des dégradations qui pourraient survenir à son habitation en raison de l'abaissement de o m 65 de la voie.

Le veuve Piette, propriétaire des immeubles portant les numéros 871 et 873 anciens (actuellement 14, 16), proteste contre l'intention envisagée, chacune de ses maisons ayant une entrée à porte cochère.

M. Bertrand, avoué, adjudicataire, le 10 octobre 1859, de la maison de la veuve Lezaack, rue Saint-Pierre, n° 17 (actuellement n° 11), ne veut en aucune façon intervenir dans les frais, et bien plus, il entre dans ses intentions de réclamer, si c'est nécessaire, des dommages et intérêts.

MM. Rongé, de Fabribeckers et Dessain dont les immeubles se trouvaient place Saint-Lambert aux pieds des degrés Saint-Pierre, élevèrent encore, ainsi que d'autres, des protestations.

Le Conseil communal n'attacha pas grande importance à toutes ces réserves et observations car il soumit à la sanction royale son projet primitif, lequel fut ratifié le 16 mai 1860. Une convention entre la ville et l'état suivit à la date du 9 juillet, et elle fut sanctionnée le 7 août 1860.

La première partie du programme tracé consistait en l'établissement de la rue Notger parallèlement à la nouvelle façade du palais (31a). On se mit aussitôt à l'oeuvre. Dès le 10 septembre, la ville avait la disposition des immeubles indispensables, à savoir:

1° Une maison occupée par le bottier Henrard et appartenant à la veuve Pickman. Elle était située degrés de Saint-Pierre n° 2, avoisinant l'ancienne maison Bellefroid qui formait l'angle de la place Saint-Lambert et des dits degrés

2° Une maison sise degrés Saint-Pierre n° 4, propriété de Thérèse Gillot, veuve de Hubert Robert

3°, 4° et 5° Les habitations Martial, Demeuse (Dave) et Bayet s'élevant face à la rue Derrière le Palais et comprises dans l'angle formé par l'ancienne descente de Saint-Pierre et la rectification prévue;

6° La demeure de Mme Chockier, lingère, se trouvant entre la maison Bayet et la place Saint-Lambert.

La démolition de ces immeubles ne tarda pas. Le 15 octobre déjà, tout ce qui restait de la maison de Hinnisdael (31b) couvrant 126 m2 17, et le pont lui-même avaient disparu. Mais l'enlèvement de ce dernier fut cause de nouveaux mouvements dans l'immeuble de M. de Wandre; aussi celui-ci fit signifier à la ville qu'il la rendait pécuniairement responsable de tout dégât qui y surviendrait.


ANCIENNE CHAPELLE DE N.-D.-AUX-DEGRÉS


Au pied des Degrés de Saint-Pierre, au n° 2, se trouvait une petite maison de 0 m 75 de façade et de 16 m2 26 de surface (32a). C'était l'ancienne chapelle de N.-D.-aux-Degrés (voir p. 13) transformée en boutique depuis la Révolution (32b). Elle appartenait à la veuve Pickman et elle était louée au prix de 400 fr l'an à joseph Henrard, maitre-bottier.

Sa disparition ayant été décidée au début de l'année 1860, une expertise s'ensuivit après un jugement préparatoire en date du 27 juin. Par arrêt définitif du 4 septembre de la même année, la veuve Pickman recevait 4.250 francs d'indemnité, alors qu'elle en réclamait plus de 8.000. Elle avait prétendu, en effet, que si son magasin était spécialement achalandé, ce n'était pas en raison d'une situation commerciale exceptionnelle, mais parce qu'il contenait la statue d'une sainte que de nombreux pèlerins venaient y vénérer. Le tribunal rejeta cette manière de voir, attendu que la veuve Pickman s'était réservé, dès le principe, la propriété de la statue, et qu'en conséquence il ne pouvait être question de tenir compte des bénéfices qu'elle pouvait réaliser de ce chef (33).

Le 20 septembre 1860, M. C. Davreux, secrétaire de l'Institut archéologique liégeois, attira par lettre l'attention de la ville « sur la statuette Sainte­Brigitte et « sur la niche qui la renferme », mettant en relief l'intérêt historique et archéologique de ces pièces, et la priant de bien vouloir les faire déposer au plus tôt, soit à l'Institut archéologique, soit en l'église de Sainte-Croix.

Dès le lendemain, M. de Wandre-de Macar, en sa qualité de président du conseil de fabrique de la dite église, adressait à l'administration communale la missive suivante

En démolissant la maison expropriée par la ville rue Degrés Saint-Pierre n° 2, on a extrait du mur qui sépare cette maison de la maison Devillers, autre propriété de la ville, les pierres d'une niche et la figure ou la statuette représentant une sainte du culte catholique. Le Conseil de fabrique de l'église Sainte-Croix dans la circonscription de laquelle se trouvait cette niche ou chapelle vous prie d'ordonner que ces anciens restes du monument religieux soient transférés placés et conservés dans l'église de Sainte-Croix où déjà sont élevés dans le choeur, les statues représentant les patrons de huit églises démolies dans la circonscription de la paroisse actuelle de Sainte-Croix. Après la démolition de Saint-Pierre cette statuette a continué d'être l'objet du culte des fidèles, dans la rue Degrés de Saint-Pierre, rue de la paroisse de Sainte-Croix. L'église de Saint-Pierre a été attribuée ensuite des lois suppressives des ordres religieux, à la nouvelle église paroissiale de Sainte-Croix, érigée en succursale. Vous ne pemettrez pas, Messieurs, que la chapelle et la statuette dont il s'agit, établies depuis des siècles, au pied des degrés qui conduisaient à la collégiale de Saint-Pierre, soient distraites de leur destination première et du culte auquel ce monument appartient, culte transporté de la collégiale de Saint-Pierre à l'église de Sainte-Croix, propriétaire légale des restes de cette ancienne collégiale supprimée. Le Conseil de fabrique vous prie en conséquence de faire droit à la revendication qu'elle a l'honneur de vous soumettre. Pour le Conseil, etc. » Un veto à la libre disposition de la statuette par la ville accompagnait la missive.

Mais le 13 octobre i86o, la veuve Pickman réclama son bien. La ville répondit qu'elle remettrait l'ensemble à qui de droit. Le 8 février 1861, M. de Wandre, en qualité de président du Conseil de fabrique de Sainte-Croix, déclara lever son opposition du 20 septembre 1860, assuré qu'il était, à la suite des pourparlers qui eurent lieu avec Mme Pickman, que celle-ci ferait poser en place convenable la statue de Sainte-Brigitte . De la sorte, Mme Pickman put rentrer en possession de la relique archéologique, le mars 1861.

La statue se trouve actuellement encastrée dans le mur de droite de la chapelle de Sainte-Appollinne, dans les cloîtres de l'église de Sainte-Croix.


SUPPRESSION DE LA PROPRIÉTÉ DEWANDRE


Le plan Delsaux manquait, sous certains rapports, d'opportunité. Il était en conséquence à prévoir, en suite des nombreuses oppositions qu'il suscita, que d'autres projets devaient éclore.

C'est ainsi que M. de Wandre présenta en 1861 un nouveau programme général qu'il justifiait par une lettre adressée le 28 juin à M. le bourgmestre Neuville:

« Le plan dont vous m'avez fait l'honneur de me demander des exemplaires, je l'ai proposé dans le but d'aider à la solution d'un problème difficile, celui de concilier les intérêts de l'art et les besoins de la circulation.

La partie neuve du palais est à elle seule un monument de grandes proportions.

A mes yeux, le seul moyen de l'isoler du pourtour, inégal et mesquin qui lui fait place, est d'élargir ses abords par une place assez vaste pour que le coup d'oeil puisse embrasser l'ensemble de la construction.

Les inégalités, les irrégularités du sol, les choquantes différences de niveau sont telles, qu'on ne saurait penser à les racheter, à les dissimuler au moyen de bâtisses quelconques.

La rangée d'accès à la place Saint-Pierre n'est pas d'une moindre importance.

Le mont Saint-Martin est l'un des quartiers le mieux habité de la ville, avec laquelle il communique par la place Saint-Pierre.

Le seul moyen d'arriver du palais à cette dernière place par voitures est un plan incliné d'une pente accessible.

Le seul moyen d'obtenir cette pente accessible est de donner à la rampe le plus de développement que possible; c'est pourquoi le projet établit le commencement à la distance de 21 mètres du débouché de la rue derrière le Palais.

La première partie de cette rampe suit un mur de soutènement, établi le long de la rue Neuve derrière le Palais, la seconde partie suit l'alignement, rectifié, de l'ancienne maison Dukers aujourd'hui propriété Fargaes.

Au moyen de ce développement et des légères modifications que peut subir le passé de la place Saint-Pierre, cette rampe sera certainement la plus directe et l'on peut ajouter la plus facile pour communiquer avec le quartier élevé de la ville.

Suivant le projet, elle suit d'un côté le contour massif d'arbres de l'amphithéâtre, tandis que de l'autre descend la rue des degrés de Saint-Pierre.

Aussi le premier résultat de ces massifs plantés, est d'abriter le regard du mauvais effet de ces pentes, si elles restaient visibles de la cour et de la place de l'hôtel provincial.

Un autre effet également essentiel de l'établissement de ces plantations, c'est d'isoler la masse imposante et monumentale du palais, des bâtisses qui présentent au pourtour de l'espace, un aspect peu digne et d'un caractère mesquin; c'est aussi de contrebalancer le grandiose de l'édifice par les vastes proportions d'un amphithéâtre, dont les premiers gradins ne seraient occupés que par des arbustes, tandis que les arbres supérieurs s'étageraient en grandissant de taille au fur et à mesure qu'ils seraient plus éloignés du centre. Un double but serait atteint le palais aurait sa place à son niveau; et les niveaux plus élevés, au pourtour, seraient masqués par l'amphithéâtre.

Ces massifs, ainsi disposés, fourniraient avec la fontaine une perspective convenable à la place Saint-Lambert, dont le défaut de parallélisme rendrait choquante à l'oeil toute autre construction élevée place Notger.

Les artistes, auxquels ont été confiées, les destinées du Louvre et des Tuileries, n'ont pas craint d'avoir recours aux plantations pour sauver l'édifice du mauvais effet résultant du désaccord des lignes architecturales.

Rome fournit aussi de semblables exemples. A Liège, aux abords de l'hôtel provincial, le caractère grandiose du monument, la configuration du sol, l'irrégularité des alignements, les différences notables de niveau, l'apparence insignifiante des habitations au pourtour de l'espace, tout semble conseiller d'avoir recours à des plantations disposées d'après un plan régulier, large et sévère.

Elles formeront, d'un côté, le cadre de la vaste place sur laquelle s'élèvera de l'autre, la grande façade du palais, complètement dégagée.

Elles favoriseront l'établissement du plan incliné, en permettant de prendre le point de départ de la rampe à une distance, éloignée seulement d'une vingtaine de mètres de l'aile Nord-Est du Palais, condition sine qua non, de la communication d'une importance capitale.

Je l'ai dit et je dois le répéter, Monsieur le Bourgmestre, mon but en produisant ces idées est d'aider à la solution des graves questions que l'administration étudie.

Je propose une Place qui suppose la démolition de l'habitation de ma famille. A mon âge je n'ai pas cru devoir me préoccuper de la crainte d'en être expulsé: Des travaux de cette importance exigent des années, et voient, avant la fin de leur exécution, s'éteindre bien des vies, et des vies même plus éloignées que la mienne du terme ordinaire. Veuillez agréer, etc. »

Comme on peut s'en rendre compte, le projet présenté presque en même temps par Blonden est très semblable à celui préconisé par M. de Wandre.

Sa réalisation exigeait des expropriations dans les immeubles Rongé et de Fabribeckers situés aux pieds des degrés de Saint-Pierre.

Dans cette rue, il fallait prévoir l'aliénation de toutes les maisons de gauche, et à droite, l'expropriation des deux immeubles qui restaient: ceux de M. Legrand, d'une superficie de 40 m2 30, et celui de M. Dewandre comprenant 323 m2 de terrain (sauf un trapèze irrégulier de 41 m2).

Il y avait encore à amputer une partie de la façade de la propriété Fargaes, comprenant actuellement la maison Schindeler et sa voisine de droite.

Le 4 mars 1864, le Conseil communal, ne tenant pas compte de la seule opposition faite par M. Derpin-Rongé à ce programme, transmit le projet au gouverneur de la province avec prière d'obtenir l'approbation de la députation permanente et la sanction royale.

Le gouvernement, plus intéressé que la ville à l'extension du plan Delsaux, majora ses subsides. D'autre part, il obtint la cession gratuite de 537 m2 29 de terrain, sis rue de Bruxelles, pour la construction des écuries et remises, qui, d'après le plan Delsaux, devaient être édifiées sous l'escalier monumental.

C'est le 8 août 1865 que fut finalement sanctionné le plan Blonden.

Aussitôt les services compétents s'occupèrent de réaliser les expropriations signalées

1° Le 14 mars 1866, M. Legrand, maitre serrurier, époux de madame joseph Frésart, vend à la ville pour 8.000 fr. sa maison sise degrés Saint­Pierre (877) et mesurant 40 m2 38, qu'il tenait par héritage de M. Bernard Parent, cordonnier;

2° Le 3 juillet 1868, la ville est mise en possession par suite d'un jugement du 27 juin et contre payement de 6.157 fr 35, d'une emprise de 19 m2 80 prélevée dans la propriété de Thérèse Lambinon, veuve de Pierre-François Henrard. Cette emprise en forme de triangle portait sur les 15 mètres de façade de l'immeuble dont le porche devait être abaissé de 0 m 94;

3° Le 20 mai 1871, la veuve Louis Dessart, épouse de Guillaume Gumprecht, peintre et négociant, cède définitivement à la ville ses deux maisons situées degrés Saint-Pierre N° 5 et 7, mesurant 101 m2 33 pour 27.293 fr 40

4° Le 20 juin 1871, la ville obtint, par suite d'un jugement du 1er avril, les quatre maisons (35a) de M. J.-C.-Joseph Houbotte, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la province de Liège, époux de Rosalie-Dorothée Riche. Elles couvraient 269 m2 43 et furent payées 41.470 fr 50. Antérieurement, la propriété comprenait 121 m2 de plus, lesquels firent l'objet d'une première expropriation par jugement rendu le 22 décembre 1866. La mise en possession arriva le 4 février 1867 et contre payement de 48.000 fr.

Toutes ces expropriations se firent aisément. Il s'agissait en effet de maisons commerciales souvent vétustes.

Quant à l'immeuble privé de M. de Wandre, en parfait état et superbement situé en plein centre, près de la place Saint-Lambert et de l'emplacement de la future gare du Palais (celle-ci était alors déjà projetée), ii n'en fut pas de même.

En sa séance du 22 juin 1866, le Conseil communal, autorisé par la députation permanente, décida de faire fixer judiciairement les indemnités dues à M. de Wandre pour l'expropriation de sa maison.

Les procédures se firent rondement et le 22 décembre 1866, le juge Bayet sanctionnait l'évaluation de la propriété à 74.332 fr. 62 (36). Malgré deux appels qui furent interjetés dans la suite, cette estimation fut ratifiée les 18 février 1867 et 5 mars 1873. Le terrain était estimé à 135 fr le m2 et de même la construction à 250 fr. Il était encore alloué 1.500 fr pour un quart de xhansion d'eau, plus 200 fr pour les frais de déménagement.

Il restait de la propriété de Wandre une parcelle non vendue sise au sommet, ayant une forme de trapèze irrégulier et d'une contenance de 40 m2 environ.

Par jugement du 30 décembre 1871, cette parcelle fut cédée à la ville pour 6.372 fr. 12, mais en vertu d'une décision ultérieure des tribunaux arrivée le 5 mars 1873, la base d'estimation fut portée de 150 fr à 200 fr le m2.

Madame de Wandre-de Macar, se voyant dans l'obligation prochaine de quitter son habitation, chercha à acquérir un hôtel dans le voisinage, non seulement par suite des agréments du quartier, mais encore pour des raisons de famille. En effet, l'une de ses filles mariées, Laure, était venue résider rue Saint-Pierre n° 23 (37), à la suite du décès de son beau-père, J.-Charles-P.-J. Delvaux, survenu au château de Fenffe, le 14 novembre 1863.

Favorisée par les circonstances, Mme de Wandre acheta, le 9 janvier 1866, devant le notaire Trokay, à M. et Mmz Félix-Truillet Dochen, pour la somme de 71.020 fr plus les frais, un immeuble (38), avec porte cochère, cour, remise et écurie, sis rue Saint-Pierre n° 14/872, moins de vingt mètres du sien, et de l'autre côté de la rue.

L'entrée en jouissance avait été fixée au 25 décembre, mais dès le mois d'octobre, Mme de Wandre pouvait en occuper quelques chambres. C'est ce qui l'amena à permettre à la ville de disposer de sa maison paternelle, dès le 1er novembre 1866. (Lettre du 23 juillet 1866, que nous reproduisons.)

En avril 1876, l'habitation Dewandre, les murs de soutènement l'environnant et le restant de la grosse butte Notger avaient cessé d'exister. Pourtant, il fallut attendre l'année 1881 pour voir la ville entreprendre la réalisation du square Notger et ce n'est qu'en 1886 qu'il apparut à peu près tel que nous le connaissons aujourd'hui avec ses courbes harmonieuses.

Dès 1873, la ville avait fait procéder à la mise en vente des terrains qu'elle possédait entre le Gymnase actuel et la rue Saint-Pierre, à front des degrés Saint-Pierre.

Cinq lots furent formés dont quatre furent adjugés par l'intermédiaire du notaire Remy, le 3 février 1874.

Le premier lot, mesurant 148 m2 84, et le second, d'une contenance de 157 m2 64, furent réunis et attribués à M. Charles Delheid, avocat, demeurant rue Fond Pirette, pour la somme de 67.500 fr. Peu après, le 8 mai 1874, M. Delheid cédait son bien, par acte passé devant le notaire Wasseige, à M. Soiron, négociant, demeurant rue Gérardrie.

Le troisième lot, de 75 m2 24, échut pour 18.500 fr à l'architecte Dieudonné Fastré, et le quatrième lot, de 69 m2 49, à M. Ulysse Bourlez, fabricant d'armes, demeurant rue Vivegnis, pour 11.100 fr.

Le cinquième lot (38a) était contigu à la propriété du baron de Favereau. Il la longeait sur près de 21 mètres.

Le baron de Favereau fit valoir son droit de préemption sur la parcelle. Il se prévalait de l'article 8 de la loi du 1er juillet 1855 et de la loi du 15 novembre 1867, lui donnant le droit de s'avancer jusqu'à la ligne de la nouvelle voirie, et ce, à la condition unique de payer le terrain à sa valeur réelle, soit 200 fr le m2. L'accord se fit sur cette base, et c'est ainsi que le baron de Favereau acquit, le 25 juin 1875, devant le notaire Remy, pour 27.312 fr, les 136 m2 72 composant le cinquième lot, lequel avait 17 mètres 95 de façade à la rue Saint-Pierre.

La ville avait voulu obliger le baron de Favereau à construire une petite maison sur le terrain qu'il avait acquis; mais celui-ci fit observer combien cette prétention était irrecevable en droit, et qu'il lui était loisible d'envisager pour l'avenir l'utilisation de l'ensemble de son bien pour une nouvelle construction.

A l'inverse des autres, le terrain resta en fait plus de 30 ans dans son état primitif, limité par une pauvre clôture. Dans le journal La Meuse parut même, le 25 avril 1902, un article qui protestait contre l'aspect misérable que présentait alors le sommet des degrés Saint-Pierre. La situation persista jusqu'au moment où des pères Lazaristes venus de France, en 1902, achetèrent à M. de Favereau, ministre des Affaires Etrangères, son hôtel de la rue Saint­Pierre, et élevèrent la massive façade gothique existant actuellement.

Par suite de la rectification de la rue Notger et du déplacement des degrés Saint-Pierre, des modifications s'imposaient dans l'angle de la place Saint-Lambert où ces voies aboutissaient. De plus, en 1866, la suppression totale de la rue des Mauvais-Chevaux avait été décidée.

Comme il a été dit précédemment (p. 38), il y avait, d'une part, à droite de cette artère, ce qui restait de l'ancienne propriété du baron de Stockem appartenant à M. Dessain, et d'autre part, l'hôtel de Fabribeckers, portant le n° 11, qui joignait vers les degrés l'immeuble de Rougrave (Gymnase actuel), et vers la place Verte, à la résidence de Stembier (de Marneffe actuelle).

Le 20 janvier i866, par devant le notaire Moxhon, M. Henri-Charles­Joseph Dessain vendit, pour 170.000 fr, à M. Henri-Aimé de Fabribeckers de Cortils, conseiller provincial et bourgmestre de Mortier, tout l'immeuble de la place Saint-Lambert que son père avait acheté au baron de Stockem de Kempt « avec les deux xhansions de fontaine alimentées par l'eau de l'araine de messire jean Douffet ». L'ensemble comprenait 1° une maison de construction récente portant le n° 30 où habitait le vendeur; 2° les locaux où se trouvaient l'imprimerie et les magasins (n° 28-9); 3° une vieille habitation fermée vers la rue par une porte et un treillis en fer (n° 26-9bis), occupée par M. Lemasson, cabaretier.

D'après le plan XXVIII, on se rend compte du nouvel ensemble que formait la propriété de Fabribeckers, coupée par la rue aux Chevaux, et qui avançait tant sur la place Saint-Lambert qu'au devant de l'immeuble de Rougrave.

En octobre 1873, la ville décida d'exproprier 91 m2 28 de la propriété de Fabribeckers, tout en autorisant son possesseur à incorporer, moyennant finances, la part de la rue des Mauvais-Chevaux coupant son immeuble. Elle établissait de plus un couloir couvert de 3 mètres de large donnant directement accès à la place Saint-Lambert.

M. de Fabribeckers s'éleva contre cette décision et s'adressa aux tribunaux. Un jugement fut prononcé le 25 mars 1874. Le 15 avril suivant, 50.000 fr étaient payés pour l'emprise qui avait été évaluée à 36.000 fr, le 14 avril 1869.

Il fut convenu que la démolition des bâtiments limités au sud par la ligne A. B. du plan XXVI devait être terminée dans les deux mois à partir de la date du jugement, et deux ans après, celle du restant de l'immeuble qui était devenu le café des Trente-deux métiers.

Dans la suite, le 6 octobre 1873, l'alignement AB du plan, approuvé par arrêté royal du 3 novembre 1869, fut modifié et remplacé par l'alignement NB parallèle à la façade principale du palais. Enfin, le 31 juillet 1875, la ville autorisait la construction d'une maison avec pan coupé circulaire sur l'emplacement du dit café des Trente-deux métiers. La façade du Gymnase étant ainsi dégagée, le propriétaire versa, en 1874, 8.000 fr. à la ville, à titre de plus­value donnée à sa propriété.


IMMEUBLE DEVENU LE GYMMASE


Entre le premier des cinq lots vendus par la ville en 1873 et l'hôtel de Fabribeckers se trouvait l'ancienne propriété du baron Mathieu-Philippe­Hyacinthe de Rougrave, tréfoncier de la cathédrale de Liège, prévôt de Saint­Barthélemy, et successivement vicaire général des princes de Velbruck, de Hoensbroeck, de Méan et, en 1802, de Monseigneur Zaepffel.

Après sa mort, survenue le 29 mars 1804, sa succession ne fut acceptée que sous bénéfice d'inventaire. Plus tard, on décida de vendre sa résidence, ce qui eut lieu le 17 avril 1811, par l'intermédiaire du notaire Dejardin, demeurant à Liège, derrière la Mairie.

L'immeuble fut, à cette occasion, l'objet d'une description détaillée dans le numéro du 2 mars du journal du Départernent de l'Ourthe:

« Une maison appendices et dépendances, sise à Liège, rue des Mauvais­Chevaux, près les degrés de Saint-Pierre, occupée ci-devant par M. de Rougrave, grand-vicaire et cotée n° 12; cette maison joint d'un côté aux demoiselles de Blisia, d'un autre à M. Dupont, d'un bout à M. Dehayme, et Degrady, de l'autre au chemin. Elle consiste en une grande cour d'entrée, à porte cochère, à gauche de laquelle, en entrant, sont une belle grande cuisine garnie de son fourneau et potager, avec garde-manger et lavoir.

Au delà et attenant, est une place servant de commun des domestiques; passé ce commun, est un escalier de dégagement qui communique à une grande salle garnie d'une cheminée en marbre et fourneau en cuivre, meublée d'une ancienne tapisserie en haute lisse, éclairée par deux grandes croisées et une porte à glace, plancheyée en parquet; de cette place, on communique par une porte à deux battans, à une autre salle; celle-ci a vue sur le jardin par trois croisées: elle est récemment bâtie; elle a une belle cheminée e marbre, avec tableau, elle est tapissée en damas et bien parquetée; c'est ce qui forme l'aile gauche.

L'aile droite en entrant contient d'abord une écurie pour six chevaux; à côté une remise pour deux voitures, un grenier, après cette remise est un bâtiment contenant un petit appartement, une petite cuisine et une place à manger, le tout éclairé sur la cour.

Au delà de ce bâtiment est le grand escalier d'une belle construction, d'un usage facile, garni d'une rampe en fer, éclairé par la cour de devant et en partie par celle de derrière; au fond de la grande cour d'entrée, de neuf mètres de large sur vingt-quatre de profondeur, est un gros corps de bâtiment qui se prolonge jusqu'au fond du jardin sur des épaisseurs différentes et qui lie les deux ailes; il se compose d'un beau vestibule d'entrée, décoré en stuc, pavé en marbre, éclairé par une porte à glace et deux croisées sur la cour, et communique du côté gauche à la dernière salle dont il a été parlé, de ce côté; de l'autre au grand escalier; du côté opposé à l'entrée, d'abord par une porte vitrée, au jardin et par une autre à deux battants; au moyen de quelques marches à monter, on parvient à une grande antichambre bien plancheyée, tapissée, garnie de son fourneau en cuivre, avec cheminée en marbre; de cette antichambre on passe dans un grand salon également garni de cheminée en marbre, et fourneau en cuivre, aussi bien plancheyé, et tirant jour l'un et l'autre sur le jardin; de ce salon on communique par un petit vestibule où se trouve un escalier de dégagement d'un usage facile, dans un petit bâtiment étroit servant de serre, au-dessus duquel sont deux chambres; dans la partie au-dessus du vestibule d'entrée et la salle à manger y attenant est un grand et très bel appartement consistant en une antichambre, un salon, une chambre à coucher avec alcôve, garde-robe et cabinet; le tout assez bien tapissé, garni de fourneaux et cheminées; le restant de l'aile gauche et de l'aile droit a la même distribution qu'au rez-de-chaussée, au-dessus sont des greniers; sous grande partie de ces bâtiments sont de belles caves.

Ils sont tous bâtis en briques et pierres de taille, dans un bon état de solidité, couverts en ardoises, et ont pour leur usage une pompe et une citerne. Ils contiennent une superficie de 640 m2, la cour 216 m2, enfin le jardin et l'espace laissé entre les terrasses des voisins et bâtiments ci-dessus, de 390 m2, en totalité 1246 m2; cette maison a une étendue de façade sur la rue de 22 mètres sur une profondeur de 71 m. 50.

Sur une mise à prix de 21.334 fr, les enchères furent portées jusqu'à 29.500 fr. par Jean-Baptiste Rongé (39).

Le 7 janvier 1828, celui-ci agrandit sa propriété en achetant (40) à M. Pasquet, demeurant place Verte, l'extrémité de son jardin qui s'étendait jusqu'à l'habitation de M. de Grady (maison Libert actuelle). Le prix était de 94 florins 50.

Après le décès de Jean-Baptiste Rongé et de son épouse, Marie-Catherine Ouwers, leur succession fut partagée le 24 juin 1839 entre leurs quatre enfants.

Le premier lot comportait la demeure dont il est traité spécialement dans ce paragraphe, laquelle était ainsi spécifiée:

« Une grosse maison, située à Liège au pied des degrés de Saint-Pierre, près du palais de justice, cotée 3-12, composée de diverses pièces, atelier spacieux de forgerons, de charrons, de menuisiers, de selliers, de peintres et autres, grands magasins, hangars, remises, écuries, caves, deux grandes cours, jardin, puits, pompe et citerne. »

L'ensemble fut adjugé au prix de 60.000 fr à M. Ferdinand Rongé et à Mme Dominique Genin, née Rongé, sa sœur (41).

Ultérieurement, il devint la propriété de M. Jean Petit, dit Bonnaud, qui le transforma en salle de spectacle.

M. Jean Petit n'ayant pu payer les frais d'appropriation de son établissement, son principal créancier, M. Herman Sculpteur, obtint par jugement du tribunal de première instance de Liège, en date du 9 janvier 1868 (n° 13055) la mise en vente de l'immeuble. Celle-ci eut lieu, le 6 février 1868, à l'intervention des notaires Biar et Delbouille. La propriété en question, située rue des Mauvais-Chevaux, numéros 3/12 section B. 623 à 624, et d'une contenance de 1340 m2, fut adjugée pour 41.000 fr à MM. Emile-Louis Ansiaux, banquier, Charles Jamme, avocat, Charles Delheid, avocat et Salomon Wormser, banquier à Homburg.

Ces messieurs avaient constitué une société, le 2 mai 1861, devant le notaire Biar, mais elle fut dissoute le 9 février 1874. En conséquence, les associés ou leurs ayants-droit revendirent la propriété, le 12 mai 1884, par l'intermédiaire des notaires Biar et Keppenne. Elle passa ainsi, contre payement de la somme de 103.000 fr., dans les mains de Mme Lambertine Moïsse, épouse de jean Hanne.

Cette dame, séparée de biens de son mari, la céda, le 13 avril 1897, assistée du notaire Dotrenge, à M. Ferdinand Lemaître, négociant, demeurant à Liège rue Soheid (42).

Treize ans après, le 9 juillet 1910, M. Lemaître, par un acte passé devant le notaire Jamar, se désista, au prix de 350.000 fr, de tous ses droits sur l'immeuble en faveur de Mme Armand Pinot, née Céline Dumont, qui le possède encore actuellement. L'habitation est signalée, en 1910, comme ayant 20 mètres de façade et une superficie de 1370 m2. Elle était louée par bail de 20 ans conclu en faveur de M. Jean van Missiel pour le prix de 19.000 fr l'an.


HOTEL DE FABRIBECKER,S


Henri-Guillaume-Joseph de Fabribeckers, chevalier de Saint-Empire, seigneur de Cortils et baron de Grâce, était fils d'Edmond-Antoine de Fabribeckers, chevalier du Saint-Empire, seigneur de Cortils, haut-voué héréditaire de Mortier, baptisé à Liège à N.-D.-aux-Fonts le 23 décembre 1719, et marié à Jodoigne, le 27 septembre 1740, à Marie-Caroline de Beeckman de Vieusart.

En 1814, lors de l'entrée des alliés en Belgique, il fut l'un des cinq commissaires chargés de l'administration de la ville de Liège jusqu'à l'installation d'une nouvelle régence.

Membre de l'Ordre équestre sous le gouvernement des Pays-Bas, il fut inscrit dans la première liste officielle des nobles.

Il épousa, le 28 octobre 1784, Charlotte-Hélène, baronne van der Heyden a Blisia (43), dame de Grâce et de Loye. Morte sans enfant au château de Cortils, le 30 avril 1797, elle institua son mari pour héritier universel.

Celui-ci se remaria, le 9 septembre 1801, avec Joséphine de Villegas de Clercamp. Il en eut trois enfants dont deux fils qui firent souche. L'un, Edmond-Philippe, demeurait au château de Forêt et l'autre, Henri-Aimé-Ghislain, au château de Cortils, commune de Mortier.

Le 17 mars 1845, ces enfants se partagèrent la succession paternelle et maternelle. L'héritage comprenait, comme quinzième lot, l'hôtel ainsi désigné « maison avec grande cour circonstances et dépendances sise à Liège rue des Mauvais-Chevaux n° 11, lequel fut attribué à Henri-Aimé par acte passé devant le notaire Henri-Nicolas Debefve.

Cet hôtel avait été acheté, le 17 mars 1684, par Lambert van der Heyden a Blisia (44), prévôt de Notre-Dame-aux-Degrés à Cologne, chanoine de Saint-Jean, etc., pour la somme de 5.000 patacons, à François-Gobert comte d'Aspremont et Reckheim, seigneur de Thienne, Heynbeck, etc., chanoine des églises métropolitaines de Cologne, Saltzbourg, etc. L'acte original de permis de vente de l'immeuble, daté de Cologne, 3 septembre 1683, et donné par le comte d'Aspremont à Henry Holtacker, son drossard du comté de Reckheim, fait partie des archives familiales de M. Maurice Neys. La pièce porte le sceau bien conservé de François-Gobert d'Aspremont.

Henri-Aimé de Fabribeckers de Cortils avait épousé, le 4 mai 1830, sa cousine germaine Aimée-Joséphine de Villegas de Clercamp (45).

Celle-ci, devenue veuve le 5 janvier 1874, et ses enfants vendirent, à l'intervention du notaire Eylen (acte enregistré au bureau des hypothèques vol. 1933, n° 22) la résidence familiale à l'avocat Joseph-Gustave-Ernest-Elias Cloes et à sa soeur Anne-Joséphine-Dieudonnée Cloes, épouse de l'avoué Tilman. Le premier intervenait pour un quart dans le prix d'achat, et la seconde, à concurrence du restant.

Le 15 mai 1920, l'avocat Cloes et les descendants de l'avoué Tilman mort le 11 avril 1887, assistés du notaire Gomez, cédèrent l'immeuble pour 582.000 francs à l'Union Coopérative Ouvrière Socialiste, société constituée à Liège à l'intervention du notaire Moreau, le 22 mai 1918. L'acte porte: bâtiment de derrière et terrain place Saint-Lambert, désignés au cadastre B. 618 E; B. 620 I, et d'une contenance de 1345 m2. La parcelle B. 618 E est devenue B. 618 F avec une superficie de 700 m2.


IMMEUBLE DE LA SOCIÉTÉ DE MARNEFFE


Le chevalier Henri-Guillaume-Joseph de Fabribeckers était fils, a-t-il été dit, d'Edmond, et de Marie-Anne de Beeckman-Vieusart. Ceux-ci eurent treize enfants. Huit d'entre eux restaient en vie en 1817.

Le 19 mai de cette année, ces derniers procédèrent, par ministère des notaires Anciaux et Richard, à la vente de la propriété sise rue des Mauvais­Chevaux, n° 10, dont ils avaient hérité et qui était contiguë à l'hôtel de Fabribeckers. Dans la minute notariée, cette propriété est dite: « une maison, appendices et dépendances sise place Saint-Lambert ou rue des Mauvais-Chevaux n° 10, joignant, vers les degrés de Saint-Pierre, à M. Henri-Guillaume-Joseph de Fabribeckers, vers la place Verte, à M. de Rahier et à M de Goer de Herve de Hamal, derrière, à M. Francotte-Lamarche et devant, à la place Saint­Lambert.

Deux ans après, le 16 septembre 1819, par acte passé devant le juge Bouhy et les notaires Bertrand et Richard, la demeure fut acquise par Marie ­Thérèse -Pulcherine -Philipine Crombet, veuve du notaire Dujardin, qui à son tour la céda à Jean-Lambert Plias (46).

Par testament olographe du 15 mars 1864 annexé le 5 février 1866 au protocole du notaire Grégoire, de Jemeppe, Jean-Lambert Elias légua la maison à son héritier universel, Guillaume Dallemagne, le futur administrateur-gérant de la Société des hauts-fourneaux et du charbonnage de Sclessin.

Enfin, par acte du 30 mars 1872 avenu devant le notaire Biar, Guillaume Dallemagne vendit l'immeuble à MM. Alfred et Edmond de Marneffe dont le nom patronymique est devenu celui de la Société qui possède actuellement l'habitation.


1 Société d'Art et d'Histoire du Diocèse de Liège, t. 4. Voir aussi SAUMERY, Les Délices du Pays de Liège, t. I, p. 119 ; Instit. archéol. liég., t. 24, pp. 427 et suiv.

2 T. 2, pp. 95 et suiv., à l'Université de Liège.

3 Enregistré à Liège le 17 juin 1811, f. 75 verso, case 2, vol. 90.

4 N° 305. - Enregistre à Liège le 17 juin 1811, f. 75 recto, case I, vol. 90.

5 Elle est reproduite dans la brochure de M. J. Demarteau intitulée Saint Hubert, sa légende et son histoire, et dans celle de l'auteur sur Les abbés de Saint­Hubert.

5a Deux portes en cuivre, coulées d'après des modèles de Del Cour, donnaient accès au choeur de Saint-Pierre. On y remarquait un aigle lutrin et deux anges sonnant de la trompette, exécutés par le même artiste. (HELBIG, Histoire de la sculpture, etc., p. 276.)

6 Voir Gazette de Liège, n° du 22 octobre 1929.

7 Voir le catalogue descriptif du Musée, année 1864, pp. , 6, 13, 23, 24, 26, 77, 87.

8 Nous donnons ses traits page 114. - Né à Liège le 4 septembre 1758, il était fils de Henri-Joseph Dewandre qui épousa à Saint-Pholien, le 27 juin 1754, Anne-Dieudonnée De Vignes. Sa soeur était Helvy Dewandre, mariée à Antoine­Marinus Mélotte. A l'Université, dans le manuscrit n° 1608 de Van den Berch, page 320, sont reproduites, d'après un vitrail de Saint-Nicolas, les armoiries de la famille Dewandre qui sont d'azur à trois poissons d'argent surmontés de trois étoiles à six rais d'or. Elles se trouvent encore représentées à droite et à gauche du choeur de l'église Sainte-Croix.

M. Dewandre (dont nous projetons de publier la biographie) inaugura, le 3 juin 1811, en qualité d'adjoint au maire, la place Grétry (a). A cette occasion, il prononça un discours dont le brillant compositeur tint à le remercier par une lettre que nous reproduisons (pl. IX).

Celle-ci fut donnée par le fils de M. Dewandre à l'Institut archéologique liégeois (b). Elle se trouve actuellement en bonne place, mais sans droit, au musée Grétry.

M. Dewandre présida encore, en remplacement du maire, appelé à Paris, les fêtes splendides qui se déroulèrent à Liège à l'occasion de la naissance du Roi de Rome (c). Avec un bel enthousiasme il célébra cet événement (d) et montra la haute destinée qui semblait réservée au fils de Napoléon Ier. Aurait-il pu s'imaginer que le royal enfant était voué à mourir en exil, prisonnier de l'Autriche?

Le testament de M. Dewandre, qu'il avait rédigé le 4 septembre 1833, âgé de 75 ans, et le jour anniversaire de sa naissance, en son « hermitage du Péry » proche de la citadelle de Liège, porte des clauses assez curieuses. Par exemple:

au brave curé de Saint-Antoine, il laisse un Christ et 25 bouteilles de vin au choix... ; il spécifie qu'il désire être déposé dans le cercueil qu'il a fait préparer d'avance « que l'on trouvera, dit-il, dans une petite loge au-dessus du fournil au Péry »;« la petite clef de cette loge est pendue, continue-t-il, dans une armoire à la tête de mon lit d'hiver ».

Il existe deux portraits de M. Dewandre: l'un dû au pinceau de Van Roy et l'autre à celui de jean-joseph Anciaux; le dernier date de l'an IX.

(a) Extrait du journal du Département de l'Ourthe, n° 23: Le Maire, chevalier de la légion d'honneur, revu son arrêté du 1er février dernier, concernant l'inauguration de la place Grétry, arrête: l'inauguration de la place Grétry, aura lieu lundi 3 juin prochain. Le Maire et le Corps municipal se rendront le dit jour, à cinq heures du soir, sur l'emplacement de l'ancienne église de Saint-Nicolas, pour procéder solennellement à l'inauguration de la place Grétry. A la Mairie, le 24 mai 1811. En l'absence du Maire, le premier adjoint F.-J. Dewandre. - Notes historiques sur la famille de Grétry, publiées dans Wallonia, mars 1906.

(b) Bull, de l'Instit. archéol. liég., t. 1, p. 184.

(c) Journal du Département de l'Ourthe, numéros des 24-26 mai, 7 et 15 juin 1811.

(d) Son discours est reproduit à l'Appendice VIII, p. 114.

9 Transcrit : Vol. 125, n° 16 du Bureau des Hypothèques de Liège, 18 août 1815.

10 Né le 26 février 1790. Il obtint par jugement l'autorisation de reprendre l'orthographe originelle de son nom patronymique. Il fut député par la régence de Liège pour assister à Bruxelles à l'inauguration de notre premier roi. Le 8 juin 1825, il fut désigné en qualité de président de la commission pour l'embellissement de la ville de Liège. Secrétaire général de la Société Libre d'Emulation de 1817 à 1822, puis vice-président de 1845 à 1847, il fut nommé président de la dite Société en 1847. Notre bisaïeul devait occuper cette flatteuse fonction jusqu'au 30 septembre 1862, date de sa mort.

Cette société, comme on le sait, fut fondée par le prince Velbruck le 22 avril 1779. Le chanoine Daris en a donné la liste des membres fondateurs (Histoire du Diocèse de Liège. XVIIIe siècle, t. I, p. 313). Il existe d’intéressantes annales de l'Emulatiou. Elles furent rédigées durant quinze ans, de 1856 à 1871, par notre aïeul maternel, Ulysse Capitaine.

La guerre a porté un coup terrible à l'institution dont le local fut même brûlé. Depuis, une nouvelle société s'est formée à Liège; elle s'efforce, dit-on, de faire revivre l'ancienne Emulation. -

Biographie de M. Henri-François-joseph-Barthélemy de Wandre, né le 26 février 1790, mort le 30 septembre 1862, officier de l'Ordre de Léopold, avocat près la cour d'appel de Liège, président de la Société libre d'Emulation et de l'Association Liégeoise pour l'encouragement des Beaux-Arts, vice-président de la commission administrative des prisons, juge suppléant an tribunal, membre de la commission administrative du Conservatoire royal de Liège, membre correspondant de la commission royale des monuments et de l'Académie d'Anvers, bâtonnier de l'ordre des avocats, conseiller communal, président de la société d'encouragement pour l'instruction élémentaire, etc. Voir l'Annuaire de la Société libre d'Emulation, année 1863, pp. 139-160. -

LEROY, Biographie de M. Ulysse Capitaine. Né à Liège le 23 décembre 1828, mort à Rome le 31 mars 1871 et inhumé à Robermont dans un caveau offert par la ville de Liège en reconnaissance de ses legs importants. Il était membre de nombreuses académies et sociétés savantes, membre du Comptoir d'Escompte de Liège, etc. -

Ulysse Capitaine, Notice historique sur la Société libre d'Emulation, dans les annuaires de 1856 et de 1857. Page 45, l'auteur donne la copie du mandement du prince de Velbruck par lequel il fondait la dite Société.

10a M. de Wandre fut député par la régence de Liège, à assister à Bruxelles, le 21 juillet 1831, à l'inauguration solennelle de Léopold 1er. Le 4 juin précédent, il avait été procédé à l'élection du chef de l'Etat. Le prince Léopold de Saxe-Cobourg avait obtenu 152 suffrages sur 196. La province de Liège était représentée à cette mémorable assemblée par dix-neuf députés.

MM. de Wandre, de Behr, le comte d'Oultremont, Lebeau, de Gerlache, Charles Rogier, Doreye, Raikem, le baron de Stockem votèrent pour le prince Léopold, tandis que MM. Dreze, Destriveaux, Lardinois, Fleussu et Forgeur votèrent contre. S'abstinrent, MM. Collet et Davignon. M. de Sélys-Longchamps vota pour le baron de Surlet de Chokier. MM. Deleew et de Thier étaient absents. Th. JUSTE, Histoire du Congrès National de Belgique, t. II, p. 223.

11 II épousa, le 4 fructidor an VIII (22 août 1800), Henriette-Françoise, soeur du comte Ferdinand de Meeus d'Argenteuil, gouverneur de la Société Générale (voir biographie de ce dernier publiée par J.-J. Thonissen, p. 245).

A consulter une note biographique sur le baron de Macar, à l'Appendice IX, p. 119.

12 Voir p. 2 et pp. 9-13.

13 Né à Liège le 26 mai 1789. Il eut pour parrain, son oncle, Théodore­Joseph Delvaux de Fenffe, seigneur de Fenffe et de Hérock, et pour marraine, Marie-Elisabeth-Bernardine Natalis. (Voir : Chev. C. LE PAIGE, Généalogie de la Famille de Bellefroid, pp. 98-99.) - M. Bellefroid chargea, en 1853, le peintre Vieillevoye d'exécuter son portrait. L'année suivante il commanda celui de sa femme (A consulter : Catalogue des tableaux de B. Vieillevoye, Veuve Collée, Tongres, 1858.).

Ces tableaux que nous reproduisons grâce à l'obligeante intervention de M. Joseph de Bellefroid, ingénieur, directeur des Usines de la Vieille-Montagne à Baelen-Wezel, sont actuellement la propriété de son frère, M. Paul de Bellefroid, ingénieur, demeurant à Grivegnée.

14 Née à Liège, le 3 novembre 1799, morte le 17 janvier 1859. Elle était fille de Louis-Ignace-Marie baron de Villenfagne et de Françoise-Henriette de Potesta.

15 Notaire Bertrand. - Bureau des Hypothèques, Liège, vol. 722, n° 18.

16 Notaire Moxhon, minute du 22 juillet 1840. - Bureau des Hypothèques, Liège, vol. 619, n° 15.

17 Dans la suite, M. Bellefroid céda cet angle à M. de Wandre, son voisin. Acte passé le 10 juin 1857 devant le notaire Wasseige.

18 Suite, p. 40.

19 L. HELBIG, La peinture au pays de Liège, pp. 458, 472/3.

19a Voir les planches V, VII et XVII.

20 Acte passé devant le notaire Libert Boulanger, demeurant à Liège rue Hors-Château, et son collègue J.-C. Delexhy. La minute fut inscrite au bureau des hypothèques le 26 mai 1825, vol. 246, n° 78. - Voir pl. XV, immeuble n° 620.

21 La famille Dessain est originaire de Reims. Jean-H.-J. Dessain avait épousé Eugénie Lamarche et il était fils de Hubert, marié à une demoiselle Stouls. C'est jean Dessain, père de Hubert, qui vint s'installer à Liège vers 1760.

En 1791, la veuve Bourguignon perdit le monopole de l'impression des actes officiels de la Cité, et le patriote Desoer fut privé du privilège d'éditer la Gazette de Liège, parce que tous deux avaient refusé de replacer dans leurs publications les armes du prince qui y figuraient autrefois. La succession de la veuve Bourguignon échut à MM. Dessain et celle de Desoer à Lemarié, « deux éditeurs bien pensants ». (BORGNET, Histoire de la Révolution liégeoise, t. II, p. 9.)

22 Le baron F.-J. de Stockem, né en 1770, fut d'abord coadjuteur de son oncle Gaspar-Dieudonné, tréfoncier de la cathédrale Saint-Lambert, prévôt de Maestricht et abbé mitré d'Amay. Il renonça ensuite à l'état ecclésiastique et épousa la comtesse Constance de Méan. Il occupa diverses charges publiques et mourut à Kermpt, en 1845, sans laisser d'enfant.

Il eut trois frères: Gaspar-Eugène qui devint archidiacre du Condroz en 1789; Antoine-Casimir, abbé mitré d'Amay (1792), évêque de Canope, suffragant de Liège et coadjuteur du prince-évêque de Méan qu'il devait accompagner dans l'exil; et enfin Lambert-Gaspar, mort sans alliance, et dont il hérita par testament olographe du 9 juin 1803 (minute n° 323, du notaire Libert Boulanger, en date du 25 juin 1825). - ERNST, Tableau historique des Suffragants, pp. 76/8. Ann. de la noblesse de 1898, t. I, pp. 143 à 162.

Armes Coupé au i d'azur à une héliotrope d'or, tigée et feuillée de sino­ple ; au 2 d'argent au tronc écoté de sable en pal.

Nous donnons d'après une reproduction d'une toile devant appartenir à un membre de la famille de Hemricourt de Grunne les traits d'Antoine-Casirnir, baron de Stockem, suffragant.

23a Elle est désignée « Ancienne rue Notger » sur la planche XIX.

23b Elle est dénommée « Ancienne desante Saint-Pierre » sur la planche XIX.

23c A l'intersection des voies indiquées dans les notes 23a et 23b sur la planche XIX.

23d Nettement représenté sur la planche XIX, à gauche des mots « Grand Escalier »

23e Page 37.

24 Suite page 49.

25 Jean-Simon Frésart avait acquis la maison mesurant 40 m2 38, le 13 pluviôse an X, pour 30.000 fr. Il avait épousé Josephine Lefebvre qui lui donna trois filles, Thérèse, Agnès et Josephine. Cette dernière épousa Bernard Parent, cordonnier, et acheta à ses soeurs leurs parts de la maison paternelle qui portait le n° 877 (acte du notaire Pâque du 12 avril 1836). En secondes noces elle épousa M. Legrand, serrurier. Celui-ci, lors du décès de son épouse, devint propriétaire en vertu de son contrat de mariage passé chez le notaire Eylen, le 5 octobre 1858.

26a Voir pl. XVII.

26b Voir pl. XIX.

26c Ibid. - Note 23d, p. 40.

27a Voir note 23C, p. 40.

27b M. de Wandre-de Macar fut le défenseur victorieux, devant la cour d'appel des droits du gouvernement.

28 A la suite du décès de M. Jamelot, il fut nommé architecte provincial en 1845. Il épousa en 1851 Mlle Emilie Desoer et il mourut en 1893, âgé de 73 ans.

Voici une lettre du 24 juillet 1846 adressée par l'architecte Delsaux à M. Piercot

« Il y a longtemps que je désire vous montrer mes nombreux projets sur le palais. Je le désire d'autant plus que des premiers vous avez encouragé mes débuts en m'honorant de votre attention, je crois pouvoir dire de votre estime, lorsque j'étais élève de l'académie et plus spécialement dans les occasions que j'ai eu l'honneur de vous rencontrer dans le monde.

Croyez, Monsieur le Bourgmestre, que c'était pour moi une bien douce récompense de mes fatigues lorsque je recevais un compliment de votre part ou une de ces paroles affectueuses que vous savez si bien trouver pour aller au coeur des jeunes artistes.

Je ne doute pas que tous vos moments ne soient comptés, mais la restauration du Palais présente un si grand intérêt pour la Ville de Liège que j'espère que vous accorderez une demi-heure d'entretien, un de ces jours, à celui qui sera heureux de vous montrer le travail le plus complet qu'il ait jamais traité.

Recevez, Monsieur Piercot, mes sentiments respectueux de reconnaissance et de dévouement.

Delsaux, rue Féronstrée, 53. »

29 Nous possédons celle de M. de Wandre. « Elle lui fut adressée le 6 mai 1850 par le Gouvernement, avec une lettre flatteuse, en récompense de ses services actifs et éclairés (Le Roy). - Un procès-verbal de la cérémonie, portant les signatures des personnalités qui y assistèrent, se trouve conservé aux archives de l'Etat à Liège.

29a Il est désigné sur la planche XIX.

29b Le gouverneur de Macar écrivit entre autres la lettre suivante au bourgmestre au commencement de l'année 1861 :

« Permettez-moi de rappeler à nouveau à votre attention combien la police intérieure de la cour du palais et des abords de l'hôtel provincial est faite avec négligence. Les décombres vis-à-vis de la maison de M. De Wandre viennent à chaque instant encombrer la voie publique et l'infection qui sort de cet amas de pierres et briques, et dont le public fait un lieu d'aisance finira par compromettre la santé publique. Je vous prie de donner des ordres pour mettre un terme à ce déplorable état de choses; il serait nécessaire de ne plus perdre de vue mes recommandations. Les journaux nous informent qu'il est question d'un voyage en Belgique de l'archi­duchesse, fille de notre auguste monarque. Ne pourriez-vous donc pas prendre dès à présent quelques mesures pour accélérer le déblaiement de cette masse de débris et la solution de la question de l'achèvement des abords du palais? Liège est la première ville où le cas échéant elle pourrait être reçue convenablement. Agréez, etc.

29c Indiqué au centre de la planche XIX.

29d Planche XIX, à gauche.

* Actuellement rue Saint-Pierre 17. Le coût du trottoir était évalué à 249 fr 42 dont la moitié incombait à la ville.

30 Balthazar-Casimir-Félix Capitaine fut membre du Conseil communal et du Conseil provincial de Liège. Il était officier de l'Ordre de Léopold et président d'honneur du conseil de fabrique de l'église Saint-Pholien. Il mourut à Liège le 17 avril 1874, âgé de 70 ans. Il avait épousé Catherine-Elisabeth-Josephine Scronx, morte le 1er septembre 1877 à l'âge de 75 ans. Elle descend d'Obert Scronx qui épousa l'an 1430 Ludgarde van Herderen. Signalons que le petit-fils d'Obert, Denis Scronx, chanoine (+ le 30 décembre 1589), donna en 1548 un magnifique vitrail ornant le choeur de l'église N.-D. à Tongres. On y voit outre ses armes celles de sa mère Cécile van Elderen.

L'église d'Orgeo (lez Bertrix) contient diverses pierres tombales anciennes portant le blason de Capitaine.

Voir DE HEECKENRODE, Pierres tombales et épitaphes, p. 356 ; DE THEUX, Bibliographie liégeoise ; PAQUAY, Aperçu sur la ville de Tongres, p. 86, n° 29, p. 119 ; THYS, Le Chapitre de N.-D. à Tongres, t. II, p. 564.

31a Consultez la planche XIX.

31b Voir p. 40. Après l'acquisition de cet immeuble par la ville, cette partie gauche restante fut d'abord louée au sieur Deboeur, cabaretier; on y installa ensuite des bureaux pour les commissaires de police, pour le service des géomètres du cadastre et pour les répartiteurs.

32a Voir pl. XVI.

32b Au haut de l'escalier du rez-de-chaussée, à gauche en montant, se trouvait une petite porte pratiquée dans le pignon servant de communication au-dessus de la pompe communale adossée au mur et livrant passage à un ouvrier de la ville pour se rendre dans le puits.

33 Comme bottier et par la vente de ses marchandises, M. Henrard faisait un bénéfice annuel de 1.900 fr., bénéfice considérable pour l'époque disent les documents. Toute la ville le connaissait et il était le fournisseur de nombreuses personnes des environs. Pourtant il ne reçut que 50 fr. « pour frais de déménagements, chômage, frais de résiliation de bail et pertes ».

34 Un dessin et deux photographies la représentant faisaient partie de la collection léguée par notre aïeul Ulysse Capitaine à la ville de Liège (numéros 1726/8 du tome III du Catalogue). Malheureusement, il nous a été impossible de consulter les documents à l'Académie des Beaux-Arts, où ils doivent se trouver.

35 C'est à l'initiative de M. de Wandre et selon son plan que furent effectuées les percées formant actuellement les rues de la Cathédrale et de l'Université.

Voir : Plan, dans Procès-verbal de la Société libre d’Emulation, année 1822, p. 107. A consulter également le même Procès-verbal, p. 104 et celui de l'année 1825, pp. 25 et 137.

35a Située dans le triangle, à droite du théâtre du Gymnase, planche XXVI.

36 En 1863, le conducteur Renier avait évalué la propriété Dewandre à 64.230 fr. Le 30 novembre de la même année, l'ingénieur Blonden l'avait estimée comme suit:

- 323 m2 de terrain à 70 fr. le m2 fr. 22.610

- Bâtiment principal: rez-de-chaussée établi sur cuisines et dépendances à l'office de deux étages et d'un étage mansardé au grenier. Construction en très bon état de 135 m2 de bâtiment 250 fr. fr. 33.750

- Bâtiment annexe sur la rue Degrés de Saint-Pierre et caveau sous le jardin, descente en marches de pierre, le tout estimé fr. 5.250

- Mur de clôture surmonté d'un grillage et porte d'entrée fr. 2.640

- Fontaine du jardin et citerne, caveau et décharge, arbres et arbustes du jardin, pavement de la cour, terrasse en pierre de la porte d'entrée de l'habitation et marquise vitrée fr. 4.400

Total fr. 68.650

Pour arriver dans la maison, il fallait, avons-nous dit, monter 11 marches qui conduisaient à un perron, ce qui fait que le rez-de-chaussée de l'habitation se trouvait à 2 m 20 plus haut que le pavage de la place Saint-Pierre, et à 5 m. au-dessus de la rue des Degrés.

37 Cette maison porte actuellement le n° 17 et comme elle constitue encore aujourd'hui une propriété de la famille Delvaux, nous en donnons un sommaire historique à l'Appendice X, p. 122.

38 Numéro 14 de la rue actuelle et loué à la Société d'Electricité et de Mécanique Thomson-Houdson. Il nous appartient. Voir notes diverses le concernant à l'Appendice XII, p. 128.

38a Représenté sur le plan XXVI par le triangle inférieur contenant la date 1869.

39 Notaire Dejardin. - Bureau des Hypothèques, vol. 39, fol. 190, 23 avril 1811.

40 Protocole du notaire Bertrand,

41 A consulter: actes du notaire Bertrand, des 28 juin et 24 juillet 1839, et acte du notaire Delbouille, du 27 avril 1849.

42 Outre la salle de spectacle, la propriété comprenait des magasins, une galerie vitrée et deux maisons servant de cafés ayant façade place Saint-Lambert. Les voisins étaient d'un côté Dieudonné Tilman, d'un autre les époux van Haeren­Hougnoulle et le baron de Favereau, et vers le fond Norbert Lekens.

43 Fille du baron Lambert-Charles qui épousa, en 1719, sa cousine Anne-Isabelle van der Heyden a Blisia et qui mourut au château de Loye, le 27 juillet 1787. L'un des frères de celui-ci fut Jean-Ferdinand, tréfoncier de la cathédrale de Liège, etc., mort également à Loye, le juin 1730. Nous donnons les traits de ce dernier d'après une toile appartenant à Madame de Fabribeckers de Cortils et Grâce.

Le Chevalier Henri-Guillaume de Fabribeckers eut douze frères et soeurs dont Philippe-Antoine-Joseph de Fabribeckers (1745-1808), seigneur d'Hebronval, Archidiacre de Campine. Nous reproduisons son sceau (planche XXXIV). Ils avaient comme beaux-frères: le baron Ernest-Ferdinand van der Heyden a Blisia, bourgmestre de Liège en 1760, époux de la baronne Louise-Hélène de Rosen qui ne lui donna pas d'enfant, et le baron Conrad-Philippe, tréfoncier de la cathédrale Saint­Lambert, archidiacre de Brabant, écolâtre, chancelier du prince de Velbruck, prévôt de Saint-Denis. Celui-ci, dernier représentant mâle de la famille, mourut le 13 avril 1786. En 1762, il habitait l'hôtel dont nous nous occupons, rue des Mauvais Chevaux, ayant un serviteur, un cocher et deux servantes » (Reg. aux capitations de N.-D. aux Fonts). Il avait alors comme voisins, d'une part, l'archidiacre jean-Alexis de Glymes de Brabant, archidiacre de Famenne et des conciles de Chimay de Graide et de Rochefort, le frère du comte Honoré de Glymes de Brabant, lieutenant-général, qui épousa Marie-Théodore de Gavre, fille du prince Emmanuel de Gavre, seigneur de Fenffe et de Hérock et d'autre part, le chevalier Etienne-François de Stembier qui fut d'abord coadjuteur de son oncle, abbé de Saint-Hadelin à Visé. Le chevalier Etienne-François de Stembier épousa dans la suite Anne-Marie de Stockem, fille du baron Nicolas, seigneur de Vieux-Waleffe, etc.

Le baron Conrad-Philippe van der Heyden a Blisia possédait, entre autres, la seigneurie de Borgharen. Le domaine est passé par héritage dans la famille des barons de Sélys-Longchamps. Au château de Borgharen se trouve conservé le portrait de l'Archidiacre de Brabant. Nous le reproduisons (pl. XXXII).

Signalons que, sous la magistrature du baron Ernest-François van der Heyden a Blisia, une fontaine portant ses armes fut élevée dans le quartier de Saint­Martin. Elle est reproduite dans l'ouvrage de M. Th. Gobert sur les fontaines publiques, à la page 363.

44 Grand-oncle paternel de la baronne Charlotte-Hélène van der Heyden a Blisia précitée. Il devint conseiller au conseil ordinaire en 1688, député aux Etats en 1707, et conseiller privé le septembre 1708. Il mourut le 13 octobre suivant.

45 Sa fille aînée Constance-Palmyre de Fabribeckers de Cortils, née en 1832, épousa le 27 avril 1854, le baron Aloys Coppens d'Eeckenbrugge. Ils eurent six enfants, dont en premier lieu, la baronne Sophie (née au château de Humain le 15 février 1855), qui épousa au château de Provedroux (Lierneux), le 18 avril 1883, Louis-J.-Ch.-M. Delvaux de Fenffe qui devint commandant de l'Ecole Régimentaire à Bouillon puis de celle des Pupilles à Alost. Colonel retraité, il mourut à Liège le 7 janvier 1925. Il était l'oncle de l'auteur.

Une nièce de la baronne Palmyre, Mlle Coralie-A.-G. de Fabribeckers de Cortils épousa M. Emile-M.-C.-J. Neys, baptisé à Maestricht le 23 septembre 1854, fils de Léopold et d'Anne-M.-A.-H.-J. Janssens, et petit-fils de François-L. Neys et de Julie baronne de Bounam de Reyckolt. C'est à l'obligeance de son fils, M. Maurice Neys, avocat, notre ami et collègue de la Société des Bibliophiles liégeois, que nous devons les planches XXX, XXXI et XXXIV illustrant cet ouvrage.

46 Celui-ci avait pour parent Henri Elias, natif de Liège, chirurgien, mort prisonnier de guerre à Wilna, le 28 janvier 1813.

47 Constituée le 17 novembre 1904, puis remaniée le 1er juin 1910 devant le notaire G. Laurent à Liège.

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