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Monographie de l'église Saint Martin

par J.M. Lechanteur, curé de Laminne - 1927


ARTICLE PREMIER

Aperçu général

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Selon quelques historiens, Eracle, atteint d'une maladie grave, fit le pèlerinage, au Tombeau de saint Martin, à Tours. Guéri miraculeusement, ce fut pour perpétuer le souvenir de ce fait, qu'en 962, il construisit une église sur les hauteurs de Publémont et qu'il la dédia à saint Martin.

Toutefois, M. Kurth, l'éminent historien de la « Cité de Liège », ne parle pas de ce fait miraculeux.

En 1312, cette église, à la suite d'une sédition populaire, connue sous le nom de « Mal Saint Martin », fut en partie incendiée. Mais à quoi se réduisit ce désastre?

D'après M Kurth, « la Cité de Liège au Moyen Age », t. 1, p. 283 lors du Mal-Saint Martin, la tour seule fut incendiée. Vraiment on a peine à croire que les Liégeois, pour empêcher le Prince-Evêque de transporter son palais à Saint Martin, auraient incendié toute l'église. Pour réédifier la tour, on n'aura pas attendu jusqu'au XVIe siècle et l'on peut croire que quelque temps après le sinistre, on se sera occupé de sa reconstruction. C'est ce qui explique, nous semble t-il, pourquoi elle est construite dans le style, fin quatorzième siècle.

Lors du sac de la ville par Charles le Téméraire, en 1468, l'église Saint-Martin, comme les autres églises de la ville d'ailleurs, n'a-t-elle pas été l'objet d'une protection spéciale qui l'aurait préservée d'un incendie ?

Les historiens ne paraissent pas d'accord. Tous enseignent que Charles le Téméraire donna l'ordre d'épargner les églises.

Selon les uns cet ordre ne fut pas exécuté, les églises, excepté Saint-Lambert, Saint-Laurent et Saint-Jacques, furent pillées et saccagées.

Selon d'autres, grâce à l'intervention du lieutenant du Duc de Bourgogne Humbertcourt, toutes les églises furent épargnées.

Comme les historiens ne parlent que de pillage, il est donc probable que les églises pillées et saccagées, n'ont pas été incendiées.

Sa reconstruction sous Erard de la Marck, n'aurait été motivée que par son mauvais état. Ne dirait-on pas qu'une espèce de fatalité l'a poursuivie puisque, au XIXe siècle, menaçant ruine, il fallut de nouveau la restaurer complètement ?

Quel fut le style de l’église primitive ?

Bien que cette question paraisse plutôt oiseuse, que le lecteur nous permette d'y répondre.

Assurément, cet édifice n'avait pas les caractères essentiels et distinctifs du style roman proprement dit: il n’avait que les éléments de l'art carolingien. Au Xe siècle, en effet, le style roman était encore dans la voie d'élaboration. Pendant la période carolingienne, comprenant non seulement le règne de Charlemagne, mais presque tout le Xe siècle, l'architecture était la même dans tout l'empire d'Occident qui comprenait aussi le bassin du Rhin.

Et d'après l'opinion commune, c'est dans ces contrées que les traditions carolingiennes se sont conservées le plus longtemps. C'est tellement vrai que pour les églises romanes du Rhin on a adopté très souvent le plan à deux absides opposées et le plan trèfle.

Et qu'on ne dise pas que l'architecture, dite lombarde, c'est­à-dire, le style roman du nord de l'Italie, qui a influencé le style rhénan, était entièrement constitué dès le Xe siècle, et même dès le IXe, car on sait maintenant que c'est une légende et une doctrine surannée. Par conséquent, le style rhénan ne pouvait pas être plus avancé que l'autre auquel il a emprunté certains éléments. Au surplus, l'histoire archéologique enseigne que les églises des grandes abbayes, comme Fulda, étaient construites d'après les traditions carolingiennes.

Mais pour prouver que l'église construite en 962 n'était pas romane, il n'est pas nécessaire de sortir de Liège. Ii suffit de rappeler que l'église Saint-Jean bâtie par Notger en 992 n'était qu'une copie de la rotonde d'Aix. (voir fig 1.) Or celle-ci fut construite sur le type de Saint-Vital de Ravennes (style bysantin). Il y avait là sans doute un art nouveau, mais cet art n'était pas encore roman. El l'art roman était si peu constitué au XI siècle, qu'après avoir construit un nombre restreint d'édifices sur le plan de la rotonde d'Aix, ce plan fut abandonné pour revenir au plan basilical. Cependant, le plan constitue une partie essentielle d'un style, c'est-à-dire, d'une méthode de construire. Sans doute, le plan primitif de l’église Saint-Jean d'après la gravure des « Délices du pays de Liège » comprenait l'arc plein cintre aux fenêtres et aux arcades, ainsi que des arcatures décoratives aux tourelles Mais une église, n'est pas romane parce qu'on y trouve l'arc plein cintre ou des arcatures, pas plus qu'une église, construite au XIe siècle, cesse d'être romane parce qu'elle contient des formes archaïques qui révèlent la persistance de l'art carolingien. Quant à la tour, il y a des éléments qui prouvent suffisamment que sa construction est postérieure à celle de l'église, et qu'elle remonte probablement à la seconde moitié du XIIe siècle. Il y a, en effet, à l'étage des cloches un arc brisé (arc de décharge) qui encadre la baie de chaque abat-son. Ensuite il y a des baies qui sont partagées en deux lumières par des colonnettes à chapiteau lisse et dont les tympans renferment un quatrefeuilles. Ces éléments d'architecture sont dans leur état primitif.

Comme il s'agit d'une question importante et complexe, il n'est pas superflu d'abriter notre réponse derrière l'autorité d'archéologues dont la compétence ne peut être contestée. Voici comment s'exprime Mr Bréhier, professeur à l'université de Clermont-Ferrand; « A la fin de l'époque carolingienne, les grandes abbayes de Fulda, Saint-Gall, Reichenau et Corvey sont les centres où se forment des architectes et des artistes. Les constructions sont nombreuses à cette époque, mais le parti adopté est toujours celui de la basilique couverte en charpente et flanquée, à l'entrée, de deux tours carrées. Le goût de la construction qui se propagea dans toute l'Europe vers les premières années du XIe siècle atteignit aussi l'Allemagne... Ce fut dans la région du Rhlin que l'on commença à construire des églises voûtées. »

De son côté, M. Munier, professeur d'archéologie au Grand Séminaire de Bosserville (Nancy), écrit « L'architecture, sous l'impulsion de Charlemagne, commença à se relever, mais il n'en sortit que quelques pastiches assez imparfaits de monuments orientaux tels que la célèbre rotonde d'Aix-la-Chapelle et l'église de Germigny- des-Prés. L'architecture fut de nouveau délaissée...

Ce qu'on a appelé la Renaissance carolingienne n'eut guère d'autre résultat que de semer, dans le monde occidental, des germes précieux: mais ces germes, particulièrement nombreux dans l'Italie du nord ou Lombardie et dans la région Rhénane, durent attendre le retour d'une paix relative pour s'épanouir. C'est au XIe siècle que se produisit cette pacification si nécessaire. L'élaboration et le développement de l'art roman remplissent un siècle et demi, Il apparait dans les premières années qui suivent l'an mille... C'est surtout au XIIe siècle, et dans un espace de temps assez court, qu'il donne naissance à ses plus beaux chefs-d'oeuvre. »

Enfin, nous lisons dans l'ouvrage de M. Lemaire, docteur en sciences morales et historiques (Les Origines du Style gothique en Brabant: voir partie: l'Architecture romane)

« Ce n'est, en réalité, qu'à partir du XIe siècle que cette renaissance artistique commence à porter ses fruits. Avant l'an 1000, les diverses tendances n'ont pas trouvé le temps de s'accentuer et de se reconnaître... Mais au XIe siècle les divergences se dessinent nettement et elles suivent les lignes générales des divisions politiques. »

Il nous semble que nous sommes en bonne compagnie.

Il n'est donc pas impossible que l'église construite en 962 ait eu deux absides opposées. Au XIVe siècle, disent les historiens, le bas de la tour était désigné sous le nom de « vieux choeur ».

A cette époque cette disposition était très fréquente. On sait aussi que pendant la période carolingienne, l'usage des cryptes creusées sous le choeur des églises devint assez fréquent.

L'église St Martin avait-elle une crypte ?

Il y a des archéologues qui le nient. Un fait pourrait peut être soulever un doute contre cette opinion. Lors de la restauration de l'église au XIXe siècle, on fit des fouilles sous le choeur et on découvrit des matériaux de construction, pierres et briques non maçonnées. D'où proviennent ces matériaux? Est-ce de la démolition des murs primitifs du choeur ou de la démolition d'une voûte?

Ce qui précède nous autorise à faire les réflexions suivantes

C'est pendant la période carolingienne que l'on a intercalé une partie rectiligne entre le transept et l'abside où se plaçaient les clercs qui exécutaient l'office. Comme ceux-ci étaient nombreux, il est probable que cette partie rectiligne avait des dimensions assez considérables. Le choeur actuel de Saint-Martin a des dimensions certainement exagérées, et nullement en rapport avec le reste de l'édifice. N'est-ce pas peut-être parce que on a, par raison d'économie, utilisé les fondations primitives.

L'utilisation des fondations ne pourrait elle expliquer tout à la fois les dimensions exagérées du choeur (nullement en rapport avec le reste de l'édifice) et l'élévation de son niveau au-dessus de celui de la nef? (L'élévation du choeur de l'église primitive s'expliquerait par la présence d'une crypte.)


QUEL EST LE STYLE DE L'ÉGLISE ACTUELLE?

Dans les archives de la fabrique, il est dit que les travaux furent terminés en 1542. D'autres écrits renseignent qu'on les commença en 1505.

Il ne nous appartient pas de nous aventurer dans le domaine de l'histoire et de vérifier, dans l'occurrence, si ces dates sont exactes. Mais il nous semble que pour répondre à cette question « Quel est le style de l'église » il faut faire abstraction - dans une certaine mesure - des dates précitées (surtout de la première). En jetant un coup d'oeil sur l'ensemble de l'édifice, il semble, à première vue, qu'il est construit d'après le style flamboyant du XVIe siècle. Nous estimons que, pour se faire une idée exacte de l'église sous le rapport du style, il est nécessaire d'en faite une analyse générale.

D'abord on a l'impression que cet édifice a été construit par pièces et morceaux, c'est-à-dire avec des interruptions, ou tout au moins que les travaux ont été exécutés avec lenteur; ensuite, on dirait que l'architecte a voulu construire, quant au plan, d'après le style du XIVe siècle.

Aussi bien, on a cette impression en considérant la forme des fenêtres du choeur, le plan de celui-ci qui présente une légère déviation de l'axe vers le sud, disposition fréquente, presque générale au XIVe siècle; la présence de l'arc équilatéral dans les arcades de la nef, arc employé pendant le XIIIe siècle, et qui a été parfois en usage dans le style secondaire (l'arc en tiers-point étant plus usuel) l'addition des chapelles latérales, qui est un signe caractéristique des édifices du XIVe siècle et que l'on voit moins fréquemment dans les édifices du style tertiaire, les voûtes (celle du choeur exceptée), dont la structure est celle des voûtes du style ogival primaire, employée pendant le XIVe siècle, enfin les colonnes de la nef qui, si l'on fait abstraction des chapiteaux, pourraient prendre place dans un édifice du style rayonnant.

D'autre part, en jetant un coup d'oeil sur certaines parties de l'édifice, on distingue facilement que le style flamboyant du XV siècle, c'est-à-dire la première période de ce style, y est largement représenté.

Il s'y trouve, en effet: dans la mouluration de tous les éléments de la construction qui est anguleuse et prismatique; dans la structure des archivoltes des arcades de la nef; dans la forme et les remplages des fenêtres de la nef; dans la décoration des chapiteaux des colonnes; dans l'emploi de l'arc plein cintre, soit pour relier les meneaux, soit pour fermer les arcatures. Ces éléments révèlent le plein épanouissement du style flamboyant de la première période.

Mais en poussant jusqu'au bout notre analyse, nous remarquons la présence des traits qui caractérisent la seconde période du flamboyant, le XVIe siècle

Et ces traits apparaissent manifestement dans la voûte du choeur; clans les fenêtres des chapelles latérales, dans l'ornementation des tympans des fenêtres du choeur et dans les fenêtres du transept. De ce qui précède, concluons que l'église Saint-Martin apparait comme un édifice qui rappelle le plan du style ogival secondaire; comme un édifice ou les éléments des deux périodes du style flamboyant sont unis dans un heureux mariage. De là, il se dégage une dernière impression un souffle d'évolution a passé sur tout l'édifice, et le plan de celui-ci accusant les caractères du XIV siècle est habillé en XVe et en XVI siècle.

Et cette conclusion nous parait être confirmée par l'argument suivant.

C'est au début du XVIe siècle que le plan a été, dressé, par conséquent, à une époque où les éléments distinctifs, caractéristiques de la seconde période du style tertiaire n'étaient pas encore constitués. Et, dès lors, à moins de commettre un anachronisme, il en faut conclure que l'architecte, pour élaborer sou plan n'a pu que s'inspirer du style du XV siècle. Il n'est pas moins évident que soit plan était complet et qu'il comprenait toutes les parties de l'édifice. Mais comme les travaux ont été exécutes avec lenteur, les parties par lesquelles l'édifice a été terminé, ont été modifiées d'après le goût de l'époque ou elles ont été construites.

Aussi bien, il y a dans un édifice, des parties qui sont susceptibles d'être changées, en cours des travaux, sans bouleverser le plan d'ensemble. Tels sont, par exemple, les remplages des fenêtres. C'est ce qui existe dans les églises ou l'unité de style n'est pas observée. Citons la Cathédrale de Liège, dont la nef est de style primaire.

Or, les fenêtres dont les remplages devaient être de même style, sont du style rayonnant. Cette substitution de forme a été faite également à St-Martin, par exemple pour les fenêtres du transept. De là, certaines parties portent la marque du XVIe siècle.

D'autre part, il a des éléments qui sont communs aux deux périodes du style tertiaire (au XVe et au XVIe siècle): par exemple, la mouluration des archivoltes et les moulures prismatiques.

Vu l'époque de la construction, nous pouvons considérer ces parties comme appartenant au style du XVe siècle. Nous dirons que le style du XVIe siècle n'y est qu'accidentellement, grâce à la lenteur des travaux, et que l'intention du constructeur a été de faire un édifice du XVe siècle.

De là vient que l'église St-Martin a une allure originale qui est si intéressante.


VARIÉTÉ

En examinant attentivement les différentes parties de l'édifice, on constate facilement que le constructeur y a semé la variété.

On la rencontre partout, de sorte que l'observateur attentif va de surprise en surprise. C'est le triomphe de la variété. Et, à cet effet, il s'est servi de toutes les ressources que présente l'architecture.

Elle apparaît dans les travées qui sont inégales, dans l'ornementation des archivoltes où l'on remarque l'alternance des rosaces, dans l'ornementation des chapiteaux, dans l'alternance des fenêtres de la nef, dans les fenêtres du choeur, dans l'emploi des matériaux apparents de diverses nuances, dans l'ornementaion des arcatures des murs latéraux et des murs du transept, dans les fenêtres des chapelles.


PLAN DE L'ÉGLISE

Il se compose d'une tour en hors d'oeuvre, d'une nef accostée de deux bas-côtés et de chapelles latérales, d'un transept et d'un choeur terminé par une abside polygonale.


DIMENSIONS

Depuis la marche de la tour, elle mesure 61 m 35 La largeur. (nef et bas-côtés) est de 21 m 70; avec chapelles, 31 m 30. La longueur du transept est de 55 m 20. La hauteur pour le vaisseau est de 23 m 80, pour le choeur 16 m.


RÈGLES DES PROPORTIONS

Au moyen-âge, d'après plusieurs auteurs, entre autres, les architectes Pierret et Viollet-le-Duc:

1) La longueur du choeur et du transept égalait la longueur de la nef. Ici la longueur du choeur est de 24 m 35 et celle du transept de 9 m 40 (entre supports), longueur totale: 33 m 75 environ. La nef ( y compris la largeur du pilier du transept) mesure 25 m 95 environ.

2) La largeur de chaque bas côté égalait la moitié de la largeur de la nef. Si l'on prend les dimensions d'axe en axe (on procède ainsi ordinairement) cette règle est observée. La nef a 11 m 20 de largeur (soit pour la moitié 5 m 60) chaque bas côté a 5 m 55 de largeur.

3) Le transept est généralement aussi large que la nef. (En prenant les dimensions d'axe en axe) La nef mesure 11 m 20 et le transept 10 m 80.

4) Quant à la hauteur de la nef, Viollet-le-Duc, dans une étude sur les cathédrales françaises, fait remarquer que généralement, la proportion entre la largeur réelle de la nef et sa hauteur, varie de 2 1/2 fois à 3 fois, à peu près. La hauteur de la nef est de 23 m 80. Sa largeur entre colonnes est de 9 m 70. En prenant 2 1/2 fois sa largeur, la hauteur serait de 24 m 25. Nous croyons pouvoir affirmer que les Cathédrales et les grandes églises de Belgique sont moins élevées que les Cathédrales françaises.

5) La hauteur de la tour est de 46 mètres, y compris la balustrade qui mesure 1 m 40. On a remarqué, que la hauteur de la tour et du clocher égale à peu près la longueur totale de l'église. Pour appliquer cette règle à l'église Saint-Martin, il faudrait donner à la flèche le tiers de la hauteur de la tour, soit 15 mètres environ (proportion très satisfaisante et très fréquente). Ainsi la hauteur de la tour et du clocher égalerait à peu près la longueur de l'édifice.

Ici il faut observer que la tour et le choeur sont les contreforts du vaisseau Et de fait la tour a 10 mètres de largeur, la nef 11 m 20 (d'axe en axe) et le choeur 10 m 90.

Vraisemblablement on a commencé les travaux par le choeur, et ceux ci ont dû être continués jusqu'au point ou se fait la poussée des arcades du transept. L'époque de leur achèvement est indiquée par la décoration des tympans des fenêtres.


ELEMENTS CARACTÉRISTIQUES DES STYLES OGIVAL RAYONNANT ET FLAMBOYANT

Pour aider le lecteur à comprendre plus facilement ce qui sera dit concernant le style de l'église, nous indiquerons brièvement les éléments distinctifs et indubitables qui caractérisent ces deux styles.


Voici ces éléments pour le style rayonnant:

a. Les chapiteaux à bouquets de feuillages.

b. Les fenêtres dont le remplage se compose de trèfles et de quatrefeuilles de forme aigue: ils sont inscrits, non plus dans des cercles, mais dans des triangles et des quadrilatères.

c. L'arc en tiers-point.

d. Les membres d'architecture sont multipliés.

e. La flore monumentale d'une silhouette agitée.

f. Moulures anguleuses qui prennent de l'acuité. Dans un édifice de la fin du XIVe siècle, les moulures ne sont plus cylindriques, mais elliptiques et terminées par un méplat La présence de la mouluration prismatique n'est pas un signe que cet édifice est du style flamboyant.


Le style flamboyant se divise en deux périodes

La première s'étend de 1400 jusqu'au début du XVIe siècle, 1505 environ; la seconde, de 1505 à 1550, (c'est le flamboyant décadent, et la décadence est complète pendant les 20 dernières années). Voici les caractères indubitables du flamboyant de la première période:

a. Le chapiteau s'abaisse et n'est plus orné que d'une simple couronne de feuillages, tandis que le socle, toujours octogonal, s'élève de plus en plus (c'est le cas à Saint-Martin.

b. Les formes prismatiques données aux moulures des colonnettes, des socles et des nervures de la voute (c'est un de ses caractères les plus typiques).

c. Dessins contournés et irréguliers ressemblant à des flammes, (aussi appelées mouchettes), à des coeurs allongés (aussi appelés soufflets). C'est le second caractère le plus typique du flamboyant.

d. La sculpture d'ornement est déchiquetée, fouillée: les feuilles de chardon et de chou frisé sont d'un usage très fréquent.

e. Les côtés des trèfles et des quatrefeuilles sont devenus curvilignes.


Voici les caractères indubitables de la seconde période (1505 à 1550).

a. L'arc plein cintre employé pendant la première période est remplacé par l'arc en anse de panier; l'usage de deux arcs nouveaux: l'arc en accolade et l'arc infléchi. (Caractère typique de cette période).

b. Suppression des chapiteaux dans les colonnes et les colonnettes. (Caractère typique).

c. Les colonnettes sont remplacées par des nervures prismatiques.

d. Voûte en réseau.

e. Clef de voûte en pendentif.

f. Rinceaux et arabesques sur la voûte, (caractères distinctifs de la fin du flamboyant).

g. Les meneaux se prolongent dans le tympan pour y tracer les dessins les plus divers, les figures les plus irrégulières. (Caractère distinctif de la fin du flamboyant).

h) Une autre particularité qui est un trait typique auquel on reconnaît le flamboyant décadent, c'est que les figures flamboyantes, les coeurs allongés et les mouchettes se simplifient, les redents intérieurs sont supprimés: dé là les figures perdent leurs formes régulières et prennent une forme en ovale ou en amande. En un mot, les figures flamboyantes sont déformées.


Pour simplifier ces règles et faciliter davantage encore la connaissance du flamboyant, on peut subdiviser la première période comme suit: la première moitié du XVe siècle, la seconde moitié du XVe siècle et le commencement du XVIe siècle.

La première moitié du XV siècle se reconnaît aux caractères suivants:

a. Quant au remplage du tympan des fenêtres, le remplage consiste principalement dans les dessins géométriques, tels que triangles et quadrilatères curvilignes inscrivant des trèfles et des quatrefeuilles.

b. Quant à l'arc, c'est l'arc plein cintre dans les arcatures, les meneaux etc.

La seconde moitié du XV siècle se reconnaît aux caractères suivants:

a. Quant au remplage du tympan des fenêtres, le remplage consiste dans les dessins flamboyants proprement dits, c'est-à-dire, les coeurs allongés ou soufflets, les mouchettes ou flammes. A ces figures sont parfois mêlés des trèfles pointus.

b. Quant à l'arc, c'est encore l'arc plein cintre.

Voici les caractères auxquels on reconnait le flamboyant dècadent (donc du XVIe siècle)

a. Quant aux figures ornant les tympans des fenêtres, elles perdent les formes régulières qu'elles avaient auparavant, les figures se simplifient comme il vient d'être dit plus haut, il y a des figures présentant les dessins les plus divers, les plus variés; ces figures ne sont pas flamboyantes.

b. Les meneaux des fenêtres se prolongent dans le tympan et y tracent des lignes qui se croisent dans tous les sens.

c. Quant à l'arc, l'arc plein cintre est remplacé par l'arc en anse de panier (devient très usuel), par l'arc en acolade et par l'arc infléchi. Ces arcs sont un signe distinctif, indubitable du flamboyant décadent. II suffit donc de se servir de deux éléments: le remplage des fenêtres (les figures) et les arcs.

Donc le flamboyant entièrement décadent se reconnaît à trois caractères éminemment distinctifs

a. La voûte à réseau ou à compartiments prismatiques ornés d'arabesques et de peintures.

b. Les meneaux se prolongeant dans le tympan pour y décrire les dessins les plus arbitraires.

c. Les figures flamboyantes prennent des formes irrégulières; les redents sont souvent supprimés et les figures prennent la forme en ovale on en amande.

Au moyen de ces règles et avec un peu d'attention, les moins familiarisés avec les descriptions architectoniques pourront comprendre ce qui va suivre. D'ailleurs, notre description sera faite simplement, en multipliant les définitions et les synonymes.

L'église St Martin a été déclarée monument de première classe le 5 janvier 1904.

Elle fut élevée au rang de basilique par Léon XIII en 1886.

Le culte de Sainte Eve fut reconnu en 1902.

Remarque. - Pour éviter toute confusion, nous avertissons le lecteur que la droite d'une église orientée (choeur vers l'Est), est le cote se trouvant au Nord, et la gauche, le côté se trouvant au Sud.

Ensuite, nous appelons « lumière » pour une fenêtre à subdivisions, l'espace compris entre deux meneaux.

Enfin, on désigne par le mot «tympan», la partie supérieure d'une fenêtre. On se sert aussi du mot remplage. Mais nous employons ce mot pour désigner l'ensemble des ornements, des figures qui ornent le tympan, de sorte que nous disons le remplage du tympan ou simplement le remplage.



ARTICLE DEUXIÈME.

Description architectonique


A. INTERIEUR.

I. La Tour.

La tour présente la même disposition qu'à la Cathédrale Saint-Paul: elle s'ouvre sur la nef par une grande arcade dont les retombées se font sur des demi colonnes. Les bases de celles-ci reposant sur des socles circulaires, se composent de deux tores ronds qui ne sont pas séparés par une scolie (gorge aplatie vers le haut) comme au XIIIe siècle et pendant une partie du XlVe, mais que sépare seulement une rainure (c'est la manière de la fin du XIVe siècle).

Quant aux chapiteaux, ils sont ornés de feuilles d'eau très larges. Un cavet (sorte de gorge aplatie vers le bas), sépare le chapiteau du tailloir qui est octogonal.

Les trois murs sont ornés d'arcatures dont les arcs brisés sont garnis de redents; ces arcs retombent sur des colonnettes entièrement dégagées qui s'appuient sur un soubassement (fig. 2).

Les bases sont moulurées et les chapiteaux sont ornés de feuilles d'eau interprétées comme des feuilles de vigne.

Les redents qui garnissent l'intrados des arcs donnent à ceux­ci la forme d'un arc trêfé, mais cette forme n'est qu'une fantaisie, puisque les redents se détachant de la douelle de l'arc brisé forment des écoinçons évidés.

L'appareil des murs, très bien dressé, est construit en pierres calcaires, d'inégale hauteur, mais placées par assises régulières.

Dans le mur occidental, il y a une immense fenêtre dont la partie vitrée mesure 5 m 80 en largeur et 14 m 50 environ en hauteur (à peu près deux fois et demie sa largeur) (fig. 3).

Voici sa structure. Elle est divisée en cinq lumières par quatre meneaux, reliés par des arcs brisés redentés.

Les meneaux (deuxième et troisième) sont plus épais que les autres. Un bandeau et un talus la partagent horizontalement en deux compartiments, de sorte qu'il y a deux rangées de cinq lumières. Les meneaux sont des montants verticaux subdivisant une fenêtre.)

Le tympan se compose de deux arcs brisés encadrant chacun un trèfle à lobes arrondis; d'un grand cercle reposant sur les arcs brisés, dans lequel sont inscrites quatre petites roses ornées de cinq lobes arrondis.

Dans les deux roses d'en bas, sont représentés des anges portant une banderole; dans les roses d'en haut, ce sont des anges adorateurs. La partie vitrée est faite en verres de couleurs, mais les teintes paraissent trop fortement accentuées.

La tour est fermée par une voûte sur croisée d'ogives composée de deux travées, séparées par un arc doubleau. Celui-ci repose sur un cul de lampe sculpté.

Les arcs diagonaux ou nervures et l'arc doubleau sont en pierres blanches; les voutains en briques rouges.

Comme style, la fenêtre est de style ogival rayonnant (seconde moitié du XIVe siècle); il en est de même des autres éléments de la tour. Celle-ci est carrée et mesure 10 m.


II. La nef.

1. Travées. - (Portion d'édifice comprise entre deux supports.)

La nef comprend quatre travées d'inégale largeur: La première du côté occidental mesure 4 m 07; la deuxième, 4 m 32; la troisième, 4 m 22 et la quatrième 4 m 40.

a) Cette disposition provient-elle d'une erreur?

Dans ce cas, celle-ci ne pourrait provenir que de l'architecte, ou des ouvriers. Qu'un architecte, en dressant ses plans, ne s'aperçoive pas d'une pareille erreur, c'est une supposition qu'il faut absolument écarter. Car il faudrait admettre qu'un architecte, au moment même où il faut déterminer l'emplacement des supports, ne surveille pas un travail aussi important, qu'il ne s'assure pas si les plans sont exactement exécutés et qu'il laisse ce soin aux ouvriers. Ce n'est pas admissible

Au surplus, cette disposition se rencontre dans d'autres édifices, et même dans des églises de la campagne, (nous pouvons citer les églises de Jeneffe et de Momalle). A Jeneffe, cette disposition revêt un caractère d'originalité surprenante. Les travées d'une même colonnade sont inégales, bien plus, les travées du côté sud ne sont pas égales aux travées du côté nord. L'axe d'un support n'est pas dans l'axe du support d'en face.

b) Serait ce une erreur d'exécution ?

Si l'inégalité des travées est une erreur d'exécution, comment expliquer que la même erreur soit commise dans différents endroits par des ouvriers différents. Bien plus, et c'est le cas pour Saint Martin, l'inégalité des dimensions existe encore dans les fenêtres du choeur. La première fenêtre de chaque côté est plus large que les autres. Aurait-on, à plaisir multiplié les erreurs pour construire Saint-Martin ?

Si ces irrégularités sont dues à la maladresse des ouvriers, avouons que ces ouvriers, y compris l'architecte, étaient tous atteints d'une myopie peu commune.

Nous pensons donc que ces dispositions sont intentionnelles.

Dès lors, qu'elle a été l'intention du constructeur ?

Est-ce de mettre la variété dans l'édifice eu s'affranchissant des exigences de la symétrie (ce qui est conforme aux principes du style ogival), ou de le rendre vivant, animé ?


2. Supports.

Les arcades et les supports ainsi que leur ornementation constituent une partie des plus intéressantes, mais nous y rencontrons aussi des anomalies des irrégularités, des dispositions que nous oserons appeler fantaisistes; on dirait que le constructeur, donnant libre cours à son imagination féconde, les a inventées pour dérouter l'observateur.

Les supports, construits par assises de pierres bleues, dites calcaires (provenant probablement des carrières de la Meuse), consistent dans des fûts cylindriques, cantonnes de huit colonnettes, alternativement fortes et faibles selon la fonction qu'elles remplissent. (fig. 4)

Chaque colonnette a sa base moulurée reposant sur un socle polygonal, et les bases ne sont pas au même niveau.

Les bases et les socles, fortement endommagés pour recevoir les ornements propres à la Renaissance, ont subi une restauration très judicieuse qui nous montre leur état primitif.

Les bases des deux 1ère colonnes (côté-sud), sont à la même hauteur.

Quant aux chapiteaux, nous remarquons que la corbeille est remplacée par une frise faisant saillie sur le fût, et c'est sur cette frise que circulent des guirlandes de feuillages, distribuées souvent eu deux rangs.

A ces supports qui pourraient prendre place dans un édifice de style secondaire, voici un chapiteau-frise orné de rinceaux de feuillages très variés, et surtout tellement stylisés que ces feuillages deviennent méconnaissables. Ces dispositions accusent évidemment le style flamboyant; aussi à ces rinceaux sont mêlées des chimères ou animaux fantastiques. Que sont ces feuillages ?

Après un examen attentif, nous pensons (sans l'affirmer), que ces feuillages sont des feuilles de chardon, mais on dirait qu'ils sont interprétés comme des feuilles d'acanthe.

Ces feuillages ne couvrent pas seulement les chapiteaux, mais ils servent aussi d'ornement aux chapiteaux des colonnettes. Il faut observer que les chapiteaux manquent du côté de la nef, parce que les colonnettes partant des socles s'élancent d'un seul jet jusqu'à la retombée des arcs de la voûte (fig. 5).

Sous le chapiteau se trouve l'astragale et au-dessus des feuillages il y a quelques moulures anguleuses achevant l'ornementation de la frise, ensuite le fût de la colonne est séparé du tailloir par un cavet.

Le tailloir, assise sur laquelle s'appuient les retombées des arcades, est de forme octogonale. (C'est la forme du XIVe siècle).

Quand la corbeille du chapiteau est conservée (comme dans les édifices du style rayonnant) et pendant la première période du flamboyant, le chapiteau s'abaisse et le socle toujours polygonal, s'élève de plus en plus.

Quant aux colonnettes qui cantonnent les fûts, leur décoration n'est pas la même.

Du côté nord, les chapiteaux servent de point de départ aux rinceaux de feuillages.

Du côté sud, sur le chapiteau d’une grosse colonnette de la deuxième colonne se trouve une figure boursoufflée qui, par son ampleur, couvre tout le chapiteau.

Les colonnettes faibles ont leur chapiteau orné également d'une figure grimaçante.

La demi-colonne adossée à la tour, et sur laquelle repose la première arcade, a la même décoration que les hautes colonnes recevant les retombées de la grande arcade de la tour. Le chapiteau est orné de feuilles très larges ressemblant à des feuilles d'eau, interprétées comme des feuilles de vigne.

Le tailloir octogonal est séparé par un cavet du chapiteau qui est polygonal.

En parlant des supports et avant d'aller plus loin, il faut jeter un coup d'oeil sur l'ordonnance générale de l'édifice. Il n'y a pas d'arcs-boutants pour contrebouter la poussée de la voute de la nef. Cette disposition a nécessité plus d'épaisseur pour les murs car ceux-ci remplissent la fonction qui est dévolue aux arcs­boutants.

Les murs ont 1 m 20 environ d'épaisseur.

Delà le fort volume des colonnes, dont le fût avec les colonnettes a un diamètre de 1 m 65 et en ajoutant les bases, 1 m 90.

C'est à partir de la dernière moitié du XVe siècle que l'on a commencé à supprimer les arcs-boutants. Et c'est par là aussi que s'affirme la décadence du style ogival. Un édifice ogival voûté et sans arcs-boutants est un édifice tronqué ce n'est plus une construction logique. Car en architecture, toute forme nécessaire à la solidité, doit être franchement accusée. (Il est un autre principe en vertu duquel les formes extérieures doivent aussi accuser les dispositions intérieures). Cette forme relative aux voûtes ogivales consiste dans les arcs-boutants dont la fonction est de neutraliser la poussée exercée par les voûtes.

Aussi bien, dans le style ogival, les murs ne sont qu'une simple cloison et ne doivent pas servir de point d'appui.


3) Arcades.

Elles présentent un vif intérêt. Remarquons d'abord la multiplicité des moulures où dominent les gorges et les moulures prismatiques On y voit même des tores cylindriques. (Ils ne sont donc pas elliptiques et ne se terminent pas par un méplat). La moitié de chaque archivolte (excepté l'archivolte de la première arcade occidentale) se compose des moulures suivantes:

Un bandeau ou plate-bande très large encadre de deux grosses moulures formant bandeau - une gorge profonde entre deux filets - un tore cylindrique - une moulure anguleuse - une petite gorge profonde avec deux filets - un tore cylindrique plus mince que le premier - un filet.

Il faut remarquer la présence de deux tores cylindriques, (bizarrerie de style. L'usage du tore cylindrique que le style ogival secondaire avait remplacé par le tore elliptique, apparaît à la fin du XVe siècle. Cette disposition se voit à Saint-Michel à Gand (1450) et à Saint-Paul, à Anvers (1550).

La première arcade occidentale fait exception. Son archivolte est beaucoup plus simple. Elle se compose d'un large bandeau dont les angles sont largement chanfreinés - d'une gorge - d'une moulure à face plate (espèce de bandeau) - d'une moulure angulaire et d'un filet (fig. 5).

Cette mouluration affirme le XVe siècle. Elle ne provient ni d'une négligence, ni d'un oubli de la part du constructeur. Elle ne suppose pas l'intention de la sculpter après sa construction: la sculpture moulurée d'une archivolte ne se fait pas lorsqu'elle est placée. Cette arcade joue son rôle comme élément de variété.

Ensuite notre attention est attirée par l'ornementation de la voussure (intrados) des arcades. Ici, les surprises ne manquent pas. Cette ornementation prend l'allure de la variété la plus fantaisiste. La voici pour les arcades du côté nord:

La voussure de la deuxième arcade (en commençant par le bas et par le côté occidental) est ornée d'une tête d'homme, d'une rosace à sculpture fouillée, et d'une rosace à cinq pétales retournés. Pour le côté oriental, la voussure est ornée de deux rosaces semblables et d'une rosace à pétales retournés. La troisième arcade est ornée d'une autre façon: pour le côté occidental il y a deux figures d'homme et deux rosaces; pour le côté oriental une rosace et trois têtes d'homme.

La quatrième arcade (arc occidental) a sa voussure ornée de trois rosaces (autrefois, il y en avait quatre), et pour l'arc oriental, il y a une rosace, deux têtes d'homme (dont l'une ressemble à une tête de mort) et une rosace.

Quant aux arcades du côté sud, il n'y a plus de têtes d'homme; les voussures de chaque arc sont ornées de quatre rosaces.

Une question se pose à propos de cette ornementation. Que représentent ces rosaces et ces têtes d'homme? Après avoir consulté des spécialistes compétents, nous devons adopter l'opinion suivante. Comme ces ornements sont sculptés d'après la manière propre au style flamboyant, la sculpture est fouillée, déchiquetée, et dès lors il devient presque impossible de préciser la nature des feuillages représentés " ces ornements. Bien plus, sont-ce des feuillages?

A dire vrai, il y a des rosaces qui représentent des pétales retournés. Mais, c'est tout ce qu'une observation attentive en peut dire. Il en est de même des tètes d'homme. Bien qu'elles n'aient pas l'allure de figures grimaçantes, il les faut regarder comme des figures de fantaisie.

L'idée nous était venue qu'elles pourraient représenter les personnages qui ont été le plus mêlés à la construction de l'église. Mais il parait que cette opinion n'est pas soutenable. Il ne nous reste que la satisfaction de pouvoir admirer la fécondité de l'artiste qui les a placées à cet endroit.


4) Triforium.

Comme dans la plupart des églises de premier ordre, il y a un triforium ainsi qu'un chemin de ronde. En voici l'ordonnance. A chaque travée, correspondent six arcatures moulurées que ferment des arcs en plein cintre et redentés dont les retombées portent sur des meneaux moulurés. Mais les arcatures sont coupées, dans le sens de la hauteur, par une traverse moulurée, et sous celle-ci se trouve une seconde rangée de redents. Les meneaux sont garnis d'une moulure torique à base moulurée. Le triforium sert de balustrade à la galerie de circulation.

Ce triforium est fort simple. De plus, on ne voit aucune figure flamboyante

C'est, croyons-nous, une forme exceptionnelle. (fig. 5)


5) Fenêtres.

Chaque fenêtre consiste dans une large baie dont les pieds droits et les archivoltes sont ornés de moulures anguleuses. Le remplage des tympans ne se ressemble pas. Pour la première fenêtre du côté nord occidental, un meneau central en maçonnerie et assez large, partage la baie en deux compartiments égaux, de bas en haut. Pour chaque compartiment ce meneau sert de point d'appui à un arc brisé, qui encadre un quatrefeuilles et deux petites figures ovales. Chaque compartiment comprend deux subdivisions que sépare un meneau plus faible et qui sont reliées par des arcs plein-cintre redentés. Chaque quatrefeuilles est surmonté d'une figure plus ou moins triangulaire dont un côté à une échancrure.

Pour la deuxième fenêtre, le meneau est plus large et les quatrefeuilles sont plus petits. Il s'ensuit que ceux-ci sont entourés de quatre figures. La partie haute du tympan est aussi remplie par deux triangles.

L'ossature générale de ces fenêtres présente un caractère qui rappelle le XIVe siècle: un meneau central à section large et formant un véritable pilier. Cette forme existe dans une fenêtre du béguinage de Louvain (XlVe siècle). On remarque aussi qu'il n'y a pas trace de figures flamboyantes dans les fenêtres du côté nord. Ensuite le tympan renferme des figures à formes indécises, qui sont comme la résultante obligée de la structure générale du remplage.

N'était la forme sinueuse des quatrefeuilles, on pourrait dire que les fenêtres du côté nord sont dans le style du XIVe siècle.

En comparant ces fenêtres (nord et sud) à celles des chapelles, on constate facilement la différence de style. Celles du côté nord appartiennent à la première moitié du XVe siècle.

Au nord, la troisième fenêtre est la répétition de la première; la quatrième est la répétition de la deuxième. (Remarquons l'alternance)

Au sud, les particularités suivantes attirent l'attention. La première fenêtre du côté de la tour a ses compartiments ornés, non d'un quatrefeuilles, mais de deux flammes (ou mouchettes), surmontées d'une figure rectangulaire. La deuxième ressemble à la deuxième du côté nord. La troisième ressemble à la première du côté sud et la quatrième ressemble à la quatrième du côté nord. Nous pensons que les fenêtres avec flammes appartiennent à la seconde moitié du XVe siècle.

Il est encore une particularité étrange qu'on ne rencontre nulle part ailleurs: la forme des quatrefeuilles. Les deux branches verticales sont plus larges que les branches horizontales La mouluration est anguleuse ou prismatique.

Enfin, on remarque que par suite du surhaussement des toitures des bas-côtés, datant probablement de la restauration effectuée en 1871, la partie inférieure des fenêtres est bouchée.

Quant au style de ces fenêtres, nous insistons encore sur le fait suivant:

Ce n'est pas pendant les premières années du XVIe siècle que l'on a construit ces fenêtres: car il s'agit d'une partie qui est exécutée en dernier lieu. Nous en concluons que si le constructeur avait modifié la forme de ces fenêtres d'après l'idée du temps, il n'aurait pas adopté la forme actuelle. En effet, si on excepte les deux fenêtres dont le remplage est orné de flammes, ces fenêtres n'ont rien de flamboyant, ni dans leur ossature, ni dans leur remplage.

Comme nous l'avons dit plus haut, l'ossature ressemble à celle d'une fenêtre du béguinage de Louvain, sauf qu'ici une pièce verticale partage la partie haute du tympan.

Quant aux remplages, ils sont ornés de quatrefeuilles et de figures à formes indécises, fantaisistes et surtout de figures rectangulaires qu'on ne rencontre nulle part ailleurs. L’architecte en a fait un fréquent usage à St-Martin. Ces remplages ne renferment aucune figure flamboyante. En un mot, ce ne sont pas des fenêtres de la seconde période du style tertiaire: comparons-les aux fenêtres des chapelles.

A partir du XVe siècle, on a donné aux fenêtres une largeur qui n'est plus en rapport avec leur hauteur.

Les fenêtres de la nef et des chapelles de St-Martin sont un exemple de cette disposition.


6) La voûte.

On sait que le XIVe siècle n'apporta aucune modification à la construction des voûtes. Elles se composent des mêmes éléments, c'est-à-dire de deux arcs diagonaux, d'arcs formerets et d'arcs doubleaux séparant les travées qui sont établies sur plan barlong. La voûte de saint Martin est construite de cette façon, seulement les voûtains latéraux forment pénétration. On doit remarquer la légèreté et la hardiesse de cette construction.

Une maçonnerie exécutée en petites briques rouges remplit les voûtains, tandis que les différents arcs sont faits en pierre blanche.


Ill. Bas côtés et chapelles.

Les bas côtés mesurent 5 m 25 de l'axe des piliers jusqu'à la marche des chapelles. Ils sont couverts d'une voûte sur croisée d'ogives dont les voussoirs sont construits en petites briques rouges; les différents arcs sont en pierre blanche. La retombée des arcs diagonaux se fait sur les colonnes de la nef et sur le chapiteau de la colonnette profilée le long des colonnes adossées aux murs des chapelles. Chaque colonnette a son chapiteau. Les arcs doubleaux reposent sur les colonnes de la nef et les 2/3 de colonne adossées aux murs qui séparent les chapelles (fig. 4).

Dans les gorges, il y a des rosaces sans sculptures.

Les chapelles mesurent, de la marche au mur, 4 m 80. Elles sont séparées des bas côtés par des arcades.

Voici les moulures des arcs doubleaux des bas côtés: un petit bandeau, deux moulures formant bandeau, une gorge, un tore cylindrique, moulure anguleuse, un filet, un petit creux, un creux séparé du précédent par un filet, un petit tore cylindrique.

Dans le mur de retour, bas cote sud, près de la porte de la tourelle, se trouvent deux fenêtres. Celle qui est à peu près dans l'axe du bas coté, est partagée en deux lumières par un meneau à forme prismatique sur celui-ci est profilée une mince colonnette (ressemblant à une baguette), munie d'une base à moulures anguleuses et contournant les arcs, (plein cintre), qui forment les lumières.

Dans le tympan, il y a quatre mouchettes (flammes), deux ascendantes et deux renversées, à formes régulières. Aussi comme style, il la faut classer dans la première période du flamboyant.

Cette fenêtre est ornée d'un vitrail, représentant M Cruls, ancien doyen de Saint-Martin, donnant la bénédiction du Saint Sacrement.

Dans les mouchettes se trouvent des anges jouant de la trompette.

L'autre fenêtre est partagée en trois lumières par deux meneaux. Le tympan consiste dans des remplages de figures à formes irrégulières, ce qui nous autorise à dire que cette fenêtre n'a pas été construite au début du XVIe siècle.

Le vitrail représente sainte Julienne et la vision de la lune.

Voici les moulures des arcades séparant les chapelles des bas­cotés: Une gorge, une moulure anguleuse, une gorge avec filet.

FENÊTRES DES CHAPELLES

Il y a huit chapelles latérales chacune est éclairée par une fenêtre. Les fenêtres diffèrent entre elles par la largeur et surtout par l'ornementation des tympans. Ceux-ci sont ornés d'une manière différente. Enfin les remplages accusent la fin du flamboyant. Vraisemblablement, les chapelles ont été construites en dernier lieu, et l'architecte a dû suivre le goût de l'époque. A coup sûr, ce n'est pas au début du XVIe siècle qu'il pouvait réaliser une pareille ornementation.

La première fenêtre du côté nord (c'est le baptistère) est divisée en six lumières par cinq meneaux. Le tympan est orné d'un grand cercle dans lequel sont inscrits quatre mouchettes; de plusieurs soufflets et pour la partie haute de deux mouchettes et d'une figure incomplète.

La deuxième fenêtre (chapelle de Saint-Antoine) est divisée en cinq lumières par quatre meneaux. Le tympan est orné d'un grand cercle dans lequel sont inscrits des trèfles et des quatrefeuilles et aussi de deux flammes.

La troisième fenêtre (chapelle de sainte Julienne) est également divisée en cinq lumières par quatre meneaux.

La quatrième fenêtre (chapelle de Saint Joseph) n'a que trois meneaux. Le tympan est plus simplement orné, il se compose de soufflets et de flammes à formes irrégulières.

Côté sud La fenêtre de la chapelle du Saint-Sacrement est ornée d'un vitrail représentant Robert de Torote, sainte Julienne, sainte Eve, la bienheureuse Isabelle de Huy et Jean de Cornillon. Ils adorent le Saint Sacrement.

La fenêtre de la chapelle renfermant la porte en bois est divisée en cinq lumières par quatre meneaux.

La fenêtre de la chapelle de sainte Julienne et de sainte Eve a également quatre meneaux. Le tympan se compose surtout de trèfles a formes irrégulières.

La fenêtre de la chapelle de saint Martin est divisée en quatre lumières par trois meneaux. Elle a les mêmes dimensions que la fenêtre de la chapelle de saint Joseph. Son tympan est surtout orné de soufflets.


IV. Transept

Il est aussi élevé que la nef. Il mesure en longueur 33 m 20 et en largeur (depuis l'axe des piliers cruciformes) 10 m 65 (entre supports 9 m 40) Les grandes arcades séparant les croisillons du transept et le carré ou la croisée de celui-ci (partie centrale du transept), ainsi que la grande arcade séparant la nef et le transept, retombent sur deux gros piliers cruciformes en pierre calcaire. Le diamètre de ceux-ci mesure 2 m 80. Notre attention est attirée par sa décoration architecturale et les grandes fenêtres qui occupent à peu près chaque mur du fond.

a. Dans le croisillon sud, les murs du fond et du côté de la nef sont en pierre blanche, tandis que le mur du côté du choeur est en pierre calcaire. Ces murs, au rez-de-chaussée, sont décorés d’une rangée d'arcatures en plein cintre et redentées, retombant sur des meneaux moulurés dont chaque moulure a sa base. Les bases s'appuient sur un soubassement. Les redents sont ornés de têtes grotesques, de fruits et de feuilles de vigne. Cette décoration se répète trois fois sur le mur de retour occidental, et deux fois sur le mur oriental, la partie haute étant occupée par deux fenêtres. Dans celte partie on voit aussi le triforium faisant retour jusqu'à la grande fenêtre, ainsi qu'une fenêtre aveugle qui n'est pas dans l'axe. Dans le mur oriental, il y a deux rangées d'arcatures et la partie haute est occupée par deux fenêtres. La voûte du croisillon est formée par deux travées que sépare un arc doubleau retombant sur une colonnette qui repose elle­même sur un cul-de-lampe.

Nous voici en présence de la grande fenêtre: elle constitue incontestablement, avec celle du croisillon nord, l'un des éléments les plus intéressants de l'église Saint Martin (fig. 6). Partagée en deux vastes compartiments égaux par un meneau central, composé de moulures, elle présente deux arcs brisés que surmonte une partie ressemblant à un losange Chaque compartiment est subdivisé en cinq lumières par 4 meneaux plus minces. Une pièce horizontale coupe la fenêtre vers la moitié de sa hauteur et sous cette pièce se trouve une rangée d'arcatures.

La fenêtre du coté Sud présente une ordonnance plus compliquée et moins régulière que la fenêtre du côté Nord. Une série de figures rectangulaires (nous les considérons comme des soufflets à formes irrégulières) surmontent les meneaux. De ces figures partent à droite et à gauche, de chaque arc brisé, deux lignes à contre-courbes, qui se dirigent vers l'archivolte. Ces lignes (il y en a quatre) sont coupées par une ligne fortement accentuée et à contre-courbes. Cette ligne est elle-même surmontée d'un petit cercle dans lequel est inscrite une figure et qui occupe la partie haute du tympan. Ici, la forme du remplage consiste dans l'emploi de lignes à contre-courbes tandis que pour la fenêtre du côté Nord, la forme du remplage consiste dans des cercles. Les entrecroisements des lignes et la ligne à contre-courbes occupent toute la largeur du tympan, accusant nettement la fin du style flamboyant. Comme on le peut constater facilement, la forme des figures consiste dans des trèfles dont les lignes courbes ou sinueuses se rejoignent en pointe, et dans des figures qui ont la forme d'une flamme, c'est-à-dire des mouchettes.

b. Le croisillon nord. La décoration architecturale est traitée comme celle du croisillon sud.

Un gros meneau central partage la baie en deux parties égales ou compartiments. Il sert d'appui à deux lignes courbes qui, avec les grandes archivoltes, forment deux grandes subdivisions. Chaque subdivision est partagée en cinq lumières par des meneaux qui sont reliés par des arcs plein-cintre redentés. Pour analyser méthodiquement le remplage, il faut distinguer les lignes principales et secondaires et les figures formées par ces lignes.

Quant aux lignes, nous remarquons que l'ossature du remplage est composée d'un grand cercle dont les lignes s'appuient sur des arcs reliant les meneaux; d'un cercle incomplet s'appuyant sur le précédent (les deux lignes rejoignent l'archivolte); d'un petit cercle inscrit dans le précédent; de deux lignes courbes, partant d'un point placé un peu au-dessus du centre du cercle inférieur et retombant sur le milieu du deuxième et du quatrième arc reliant les meneaux; de deux lignes partant des deux arcs, se bifurquant en dessous du point initial des deux lignes précédentes, et allant rejoindre les archivoltes de manière a former un cercle incomplet; d'une pièce verticale partant du centre du grand cercle et montant jusqu'au centre du dernier cercle où elle porte deux lignes courbes qui rejoignent les archivoltes en formant des festons; enfin, de deux lignes partant de la partie supérieure du tympan et descendant en formant une figure ovale.

Il y a donc des lignes qui se croisent à la manière de la fin du flamboyant; mais ce n'est pas encore cet enchevêtrement excessif, capricieux et désordonné de lignes qui accomplissent une course folle à travers le tympan. (Caractère du flamboyant entièrement décadent).

Quant aux figures, le remplage se compose de figures à formes indécises, qui remplissent les interstices et qui paraissent être la résultante obligée de la combinaison des différentes lignes; de trèfles pointus et de mouchettes (flammes), ascendantes et renversées. En général les figures ont encore une forme régulière, Si bien que, en supprimant les lignes qui se croisent, on pourrait classer ces remplages dans le style de la fin du XV siècle.

En résumé, ces remplages revêtent un caractère original qu'on ne rencontre nulle part ailleurs. Ils constituent un ensemble décoratif où les lignes, habilement disposées, se croisent à la manière du flamboyant (dernier stade), où les lignes suivent leur direction sans jamais provoquer a moindre confusion; où la vie, le mouvement circule où se trouvent des figures qui pourraient prendre place dans un fenestrage de la fin du XVe siècle et où sont réunies l'élégance, l'harmonie et la variété.

Telle une composition musicale dont les différentes parties sont unies par des accords savamment combinés pour produire une oeuvre pleine d'harmonie.

Enfin, pendant qu'on admire, et celle puissante ossature majestueusement encadrée dans un grand arc en tiers point, et ces lignes principales et secondaires qui décrivent des tracés si élégants, si gracieux, et ces figures dont le nombre rivalise avec la variété, on dirait qu'il en sort une voix qui annonce la fin d'une période et l'aurore de celle qui la suit

c) Voûte. - Les grandes arcades de la croisée ou carré du transept présentent la même mouluration que celle de la nef. La voûte de chaque croisillon se compose de (Jeux travées séparées par un arc doubleau. La voûte de la croisée forme une étoile dans laquelle, outre les éléments ordinaires se trouvent des bernes et des tiercerons. (La lierne est une nervure de voûte partant de la clef et aboutissant à la jonction des tiercerons. - Le tierceron est une nervure de voûte qui va de la naissance d'un arc diagonal pour rejoindre l'extrémité d'une lierne.)


V. Choeur et abside

Le choeur mesure 17 m 40 de longueur, 10 m 90 de largeur et 16 de hanteur. En y ajoutant la longueur de l'abside, soit 7 m 00, la longueur totale est de 24 m 35. Sept marches élèvent le niveau du choeur au-dessus de celui de la nef. Il se compose de trois travées séparées par des colonnettes qui s'arrêtent au cordon. Dans chaque travée est ouverte une fenêtre.

Chaque fenêtre est subdivisée en trois lumières par deux meneaux sans bases ni chapiteaux: le tympan est orné de figures propres au style du XVIe siècle.

L'abside est élevée de trois marches au-dessus du niveau du choeur. Elle est formée par un polygone de 12 côtés réguliers dont on a pris sept côtés à pans coupés. Les parties basses des murs sont décorées d'arcatures groupées par trois et dont les redents retombent sur des culs-de-lampes ornés de têtes d'hommes. Dans chaque pan coupé s'ouvre une haute fenêtre à deux lumières et ayant la même décoration que les fenêtres latérales.

a. Voûte. - Le constructeur a employé la voûte abaissée et composee d'un réseau dont les matériaux sont peints et recouverts de rinceaux d'arabesques. C'est la même structure qu'à Saint­Jacques. Chaque travée de la voûte est ornée par une étoile que traversent des arcs diagonaux. Mais l'étoile de l'abside présente cette particularité que la clé a été avancée vers l'abside, et que les rais sont plus distancés parce qu'ils s'appuient sur les nervures du fond. Par suite du surbaissement de la voûte, il a fallu encadrer la partie haute des fenêtres latérales dans une pénétration.

b. Fenêtres. - Dans chaque mur latéral, il y a trois fenêtres.

La première de chaque côté est plus large que les autres. Elle est divisée en trois lumières pal' deux meneaux. Les autres n'ont qu'un meneau Notre attention est surtout attirée par la décoration des tympans.

Première fenêtre près de l'entrée du choeur et du mur situé an nord. Le tympan renferme deux mouchettes ou flammes; un cercle dans lequel sont inscrites six figures; un cercle central orné d’une figure.

La deuxième fenêtre présente un remplage qui sera répété plusieurs fois. Il consiste dans deux pièces placées horizontalement, se croisant en formant un huit; de là, le remplage présente quatre compartiments dans chacun desquels est inscrite une figure consistant en un coeur allongé ou soufflet, mais la forme n'est plus celle du XVe. Les deux lignes en haut décrivent un quart de cercle et se rejoignent en bas en suivant un tracé droit; la contre-courbe est supprimée, il y a donc déformation de la figure. La même figure existe dans les fenêtres de l'abside.

Dans chaque figure, il y a des figurines représentant des anges avec banderoles et des figures de fantaisie. La troisième ressemble à la deuxième.

Première fenêtre dans le mur situe au sud. Elle ressemble à la deuxième du côté opposé.

La deuxième a son tympan orné de six figures qui sont disposées en forme de couronne (c'est un demi cercle), celles-ci contiennent des figurines.

La troisième ressemble à sa voisine.

La décoration du tympan des fenêtres absidales (il y en a sept) présente encore plus de variété.

Côté nord

La première, côté nord, contient un cercle orné de six figures en forme de coeur allongé (soufflet); puis un cercle central orné également d'une figure. Elles représentent des anges et des hommes.

La deuxième a son tympan partagé par deux pièces en forme de huit, comme nous l'avons dit plus haut. Il y a donc quatre compartiments contenant chacun une figure en forme de coeur allongé chaque figure est ornée d'une figurine (fig. 7)

La troisième ressemble à la précédente.

La quatrième ressemble à la première, côté nord

Côté sud

La cinquième reproduit la deuxième du côté nord.

La sixième est la copie de la quatrième, côté nord.

La septième, la copie de la troisième, côte nord.

Les détails de cette décoration si variée et si soignée échappent à l'oeil nu. Les figurines représentent souvent des anges portant des banderoles avec inscription, ou des personnages en buste dont l'un ou l'autre parait être un personnage ecclésiastique. Ensuite, il faut remarquer que le constructeur toujours soucieux de la variété, a observé l'alternance.

Comme style, la forme des figures et l'ossature des tympans accusent la seconde période du flamboyant et le commencement du flamboyant décadent. C'est ce que confirme le millésime 1526 inscrit dans les anciens vitraux.

Le niveau du choeur si élevé au dessus de la nef pourrait provenir de ce qu'il se trouve au dessus de la crypte du Xe siècle.

Avant de quitter le choeur, il faut relever une particularité intéressante qui consiste dans une légère déviation vers le sud. A partir de la première marche du sanctuaire, cette déviation est de 21 centimètres environ, et dans le fond de l'abside à 23 centimètres au moins, Cette disposition se rencontre généralement dans les églises du style ogival secondaire (rayonnant).

La même question se pose que pour l'écartement des supports. La déviation est elle intentionnelle et exprime t-elle une idée symbolique ou mystique.

En 1906, cette question a été remise sur le tapis par des archéologues français. Parmi les partisans d'une idée symbolique, il faut citer Anatole de Barthélemy, Crosnier, Auber, Gareiso, Mortet, Mâle et Brutails. Parmi les adversaires, il faut nommer entre autres: de Lasteyrie, Mgr. Barbier de Montault. Quant à Viollet-le-Duc, il ne s'est jamais déclaré ni pour, ni contre. De son côté M. Anthyme Saint-Paul a dit qu'il n'oserait pas affirmer qu'il n'y a jamais eu la moindre idée mystique dans la brisure de l'axe du choeur.

La déviation du choeur est un fait constant, caractéristique des églises du style ogival secondaire.

Comme preuve, rappelons ce que dit D. Caumont dans son abécédaire d'archéologie, page 588 « J'ai remarqué cette inclinaison dans plus de cent édifices du XlIIe et XIVe siècle. (N. D. de Paris, Baveux, Saint-Pierre-sur-Dive, Le Mans, Saint-Denis, Cathédrale de Nevers, etc., etc.) et d'autres l'ont observée de leur côté, de sorte que, s'il faut chercher une causé pour celte disposition, celle qu'on admet généralement, savoir, que les architectes ont voulu représenter l'inflexion de la tête du Christ, du côté droit, au moment où il expira, serait vraisemblable.

Déjà après le Xe siècle, l'axe de beaucoup d'églises reçoit une légère déviation, soit à gauche soit à droite, à partir de son point d'intersection avec l'axe du transept. Cette déviation représenterait le fléchissement de la tête du Sauveur lorsqu'il expira. Les symbolistes, pour expliquer cette idée mystique, substituent le Christ même à la croix, car disent-ils, il faut admettre l'emblème des chapelles rayonnantes, autour de l'abside: c'est la couronne glorieuse qui ceint la tète du Sauveur du monde. Delà l'inclinaison du choeur pour traduire ces paroles de l'Evangile:

« Et inclinato capite, tradidit spiritum. » : ayant incliné la tête, il expira.

Et pour prouver qu'il y a un symbolisme, ils font valoir les trois points suivants: l'irrévérence qu'il y aurait à accuser de maladresse les maîtres-maçons du moyen âge; l'impossibilité d'expliquer, par des causes matérielles, bon nombre des irrégularités de plan; la direction presque constante de la déviation au nord, préférablement au sud.

Mais les non symbolistes n'admettent pas cette substitution du Christ à la croix et prétendent que l'église en croix latine ne symbolise que la croix.

La multiplicité de ce fait ne prouve-t-elle pas qu'il ne peut pas toujours être attribué à des causes matérielles? Et par là même, ne pouvons-nous pas conclure que de la part des constructeurs, il a été souvent intentionnel.

(La déviation existe aussi à la Collégiale de Huy.)

L'exception confirme la règle.

En résumé, il nous semble qu'il faut admettre que cette irrégularité peut être parfois attribuée à une erreur ou à un vice de construction; que les exemples si nombreux de cette disposition prouvent que les constructeurs ont voulu exprimer une signification symbolique.

Comme notre description architectonique de l'intérieur, est terminée nous invitons le lecteur à s'arrêter quelques instants pour réunir ses impressions.

Nous avons eu souvent l'occasion de nous heurter à des anomalies, à des irrégularités et à des dispositions exceptionnelles. Ne dirait-on pas que le constructeur a voulu dérouter l'observateur? Rappelons-nous la première arcade près de la tour, les tores cylindriques dans les archivoltes. la forme des quatrefeuilles des fenêtres de la nef, l'arc équilatéral dans les arcades de la nef, l'interruption de l'alternance dans les arcatures décoratives.

Quant au style, c'est comme nous l'avons dit plus haut, l'association des deux périodes du flamboyant. La prédominance du XVe siècle ne doit pas nous étonner. Quand l'architecte a élaboré ses plans, le Flamboyant de la seconde époque n'était pas encore constitué dans ses formes essentielles et caractéristiques. Comme les travaux ont été exécutés avec lenteur, ceux-ci ont coïncidé avec la formation du Flamboyant du XVIe siècle. Aussi peut-on reconnaître les parties par lesquelles les travaux ont été terminés: les fenêtres du choeur (tympan), la voûte du choeur, les fenêtres du transept (d'après ce qui a été dit) et les fenêtres des chapelles.

Signalons encore l'absence des baies qui caractérisent la seconde période du Flamboyant et particulièrement l'extrême finn de ce style.

Enfin comparons Saint-Jacques à Saint-Martin. Là, c'est la richesse de l'ornementation exubérante et tapageuse; ici, c'est la sévérité, la gravité à laquelle est mêlée une variété de détails stupéfiante.

(NB : L’auteur ignorait alors que ces différences de style sont dues à l’artchitecte Art van Mulken, magister operandi de Saint Jacques, qui a succédé à l’architecte décédé.


B. EXTERIEUR.

I. Tour.

Placée dans l'axe de l'église et en hors-d'oeuvre, elle mesure 13 m 40. C'est une construction massive que partagent en cinq parties, cinq cordons en larmier moulurés.

Les parements sont en pierre de taille et datent de la restauration effectuée par M. Delsaux. Cet architecte adoptant la manière suivie par les restaurateurs modernes, a soumis les matériaux de ta tour à une taille uniforme et symétrique aussi il se dégage de ces matériaux un air de sécheresse et de légèreté qui leur ôte tout cachet monumental. La même critique peut s'appliquer à la restauration des contreforts et des murs latéraux. Les murs s'élèvent sans retraits tout en présentant des étages simulés que séparent des cordons en talus et garnis de jet d'eau. Ils n'ont ni ouverture ni ornements. Dans le mur occidental, se trouve la grande fenêtre dont nous avons parlé plus haut. Dans chaque mur de l'étage supérieur sont percées deux baies d'abat-son partagées en deux lumières par un meneau, et fermées par deux arcs brisés, ornés de redents. Le tympan de ces baies est occupé par un quadrilobe. Sous chaque baie, se trouvent deux arcs redentés, séparés par un meneau. La partie occupée par les abat-sons est en retrait, mais aux angles et entre les abat-sons, il y a des pilastres en saillie. Les murs sont terminés par une balustrade dont les arcs plein cintre sont ornés de redents. La tour est couverte par un toit surbaissé en pyramide à quatre pans et surmontée d'une grande croix en fer forgé.


II. Tourelle et mur de retour (Sud).

Une tourelle d'escalier est accrochée au mur situé vers le Sud. Elle doit remonter à la construction primitive, car dans les murs de la tour, il n'y a pas d'escalier pour donner accès aux étages de la tour. Ornée de trois cordons semblables à ceux de la tour, elle est couronnée d'un toit en poivrière.

Elle contient 79 marches. Les escaliers établis dans la tour et par lesquels on arrive à la balustrade, comptent 114 marches.

Dans le mur de retour sont percées deux fenêtres, séparées par un contrefort. Leur décoration moulurée consiste dans un tore contournant l'archivolte et retombant sur une base, dans une gorge, dans un tore plus mince et dans une gorge plus large que la précédente.


III. Murs du bas côté sud et de la nef.

Les contreforts du bas-côté sud sont extrêmement simples, et sobrement décorés; vers le milieu, ils présentent un cordon qui, sur la face antérieure, prend la forme d'un petit fronton orné de redents; il se termine par un simple talus. L'ornementation moulurée des fenêtres consiste dans une gorge et un tore contournant l'archivolte, et reposant sur une base moulurée.

Contre les murs de la nef sont adossés trois contreforts se terminant par une partie triangulaire, surmontée d'un pinacle. Ils n'ont pas pour fonction de consolider les murs au point où s'exerce la poussée des voûtes, ils ne sont qu'un ornement. Les arcs boutants sont supprimés: c'est, est-il besoin de le faire remarquer, une disposition hardie. Sous la corniche il y a des arcatures en plein cintre ornées de redents.


IV. Porche.

Il est accompagné de deux contreforts qui présentent une décoration spéciale. Ces contreforts, qui n'ont pas subi l'outrage d'une restauration mal comprise, se composent de plusieurs gorges et de plusieurs colonnettes dont les bases moulurées n'occupent pas le même niveau, et reposent sur un socle circulaire. Les gorges alternent avec les colonnettes. Celles-ci sont de deux sortes et de deux dimensions. Il y a trois colonnettes annelées, ressemblant à de gros boudins, s'élevant aussi haut que le contrefort, et terminées par un pinacle très sculpté.

Les trois autres, ayant un diamètre plus fort, ne s'élèvent qu'au tiers environ de la hauteur du contrefort; les fûts sont ornés de chevrons; le fût de chaque colonnette centrale est diamanté, et les autres colonnettes sont ornées de chevrons réguliers ou irréguliers. Ces trois colonnettes sont couronnées d'un chapiteau en forme de boule, orné de rinceaux d'un faible relief, et surmonté d'un tailloir octogone. La décoration de ces supports destinés à porter des statues, fait penser à celle des colonnes du palais provincial. Au-dessus de chacune de ces trois colonnettes, se profile jusqu'en haut, une gorge très large et très profonde. Chaque contrefort se termine par un couronnement très mouluré.


V. Le Transept.

Contre le mur du croisillon sud, se trouve un contrefort dont la fonction est de contre butter le point où se localise la poussée des voûtes du transept. Au point d'intersection du mur du croisillon et du pignon, se trouvent deux contreforts d'angle. Ils sont ornés de deux cordons en talus, d'un cordon en forme de triangle muni de redents. Au dessus de ce cordon, la maçonnerie qui se trouve en retrait devient angulaire et se termine par un pinacle; ensuite, la maçonnerie redevient rectangulaire et se termine aussi par un pinacle. Tous les contreforts du transept et du choeur présentent la même disposition: deux amortissements en pinacle et la même ornementation. La restauration de 1844 leur a fait une nouvelle toilette. Dans le pignon se trouve une porte qui devrait disparaître et on a remplacé l'ornement ordinaire couronnant le pignon, par une statue de Saint-Martin.

Au moyen-âge, on faisait plus d'honneur aux statues des saints: on les plaçait sous un dais.

N'est-ce pas ce qui a été fait au palais provincial, pour des personnages qui, à notre connaissance du moins, ne sont pas des saints?

Au surplus, le placement d'une statue dans l'isolement le plus complet, est-il de bon goût, n'est-il pas un hors-d'oeuvre nuisant à l'esthétique ?

Enfin, si parce placement, on a voulu inviter saint Martin à protéger la paroisse, il nous semble que ce grand saint remplira volontiers cette fonction, sans être placé si haut.

La partie haute du mur du croisillon (côté est), est ornée d'arcatures redentées, d'une balustrade aveugle et d'une seconde rangée d'arcatures redentées, formée par des arcs plein-cintre redentés retombant sur des meneaux à pans coupés.


VI. Choeur et Abside.

Un contrefort correspond à chaque travée du choeur et à chaque angle des pans coupés de l'abside. L'ornementation est la même que celle des contreforts du transept. (Fig. 7). II en est de même pour les fenêtres. La corniche, sous laquelle se trouvent des arcatures redentées, est surmontée d'une balustrade se composant de meneaux à pans coupés que relient des arcs en plein-cintre redentés. Elle ressemble au triforium. (Fig. 7). Vus de la rue Mont Saint-Martin, le choeur et l'abside ont un aspect imposant et majestueux.


VII. Toitures et Chenaux.

Les chenaux très larges sont en plomb; les toits, couverts d'ardoises, ont une forte inclinaison. Les toitures sont sans ornement; il n'y a ni crêtes ni fleurons.

Les parements des murs non restaurés, tels que ceux des murs des bas côtés, de la nef et du croisillon nord, sont en pierre calcaire, tandis que ceux des parties restaurées, c'est-à-dire les contreforts et la balustrade du choeur sont en pierre de taille (granit).

En décrivant l'église Saint-Marlin comme nous l'avons fait, nous croyons que notre description est conforme à l'enseignement de M. Enlart qui, dans « l'Histoire de l'Art, t. III, p. 30 », a écrit que l'église Saint-Martin fut achevée dans le même style que l'église Saint-Jacques.



ARTICLE TROISIÈME.

La décoration


I. Décoration architecturale

A. Les éléments de la construction sont faits à l'intérieur avec des matériaux apparents: les parements des murs, les ornements, tels que arcatures, les voûtes et leurs ornements. C'est sévère et froid, dira-t-on. Mais qu'il nous soit permis de répondre que c'est un genre pratique, puisqu'il supprime les dépenses d'entretien, et c'est là, à notre avis, un avantage.

Ceci n'est pas à dédaigner. Au surplus, l'édifice en reçoit un aspect imposant.

Pour construire l'intérieur, on a employé la pierre de taille (granit), la pierre calcaire, la pierre blanche, la brique et la pierre de sable.

Voici comment les matériaux apparents sont employés. (Intérieur).

1) La tour, depuis le bas jusqu'en haut, est en pierre calcaire,

2) Les murs de tout l'édifice (mur oriental du croisillon sud, excepté), sont en calcaire, à une hauteur de 2 m 60.

3) Le mur oriental du croisillon sud, est en calcaire à une hauteur de 4 m 20 (c'est-à-dire, jusqu'au-dessus des arcatures.)

4) Les demi-colonnes adossées aux murs qui séparent les chapelles, sont en calcaire, à une hauteur de 3 m et quelques centimètres.

5) La demi-colonne située en face du pilier du transept (côté nord), et adossée au mur, séparant le transept de la dernière chapelle, est en calcaire, depuis le bas jusqu'en haut. Elle ressemble ainsi à son vis-à-vis.

6) Etant dans le bas côté sud, nous constatons que les demi­colonnes adossées aux murs séparant les chapelles, sont en calcaire depuis le bas jusqu'en haut.

Dira-t-on que les matériaux ont manqué pour les rendre semblables à celles du côté nord?

Supposition peu acceptable. Comme le constructeur fait peu de cas de la symétrie! et son souci de la variété ne saute-t-il pas aux yeux?

7) Les autres parties du mur jusqu'aux voûtes sont en pierre de sable, très dure.

8) Les archivoltes des arcades de la nef, des arcs-doubleaux (nef, bas côtés et arcades des chapelles) sont aussi en pierre de sable.

Mais les arcs diagonaux des voûtes (nef et bas-côtés) sont en pierre blanche (nous ne pouvons renseigner leur provenance).

9) Les demi-colonnes qui soutiennent l'arc triomphal sont construites moitié en pierre de sable et moitié en calcaire.

b) La décoration par les éléments de la construction consiste dans des arcatures reliées par des arcs en plein cintre redentés, et séparées par des meneaux qui retombent sur un soubassement, ayant une saillie de 0 m28 environ.

Ces arcatures ornent tous les murs de l'édifice.

c) L'ornementation des arcatures décorant le pourtour des murs présente la particularité suivante Les arcatures du mur côté nord, ont des redents dont les pointes sont sans ornement. Mais les arcatures du croisillon sud et du mur (même côté) sont ornées dune façon originale où apparaît la variété la plus capricieuse. Au croisillon sud, la pointe redentée de gauche de la première arcature, est ornée d'une figure grimaçante, et la pointe de droite, d'une feuille. L'arcature suivante a sa pointe de gauche ornée d'une feuille de vigne et d'une grappe de raisin. Pour chaque arcature, il y a une figure et une feuille, mais l'alternance n'est pas toujours observée, car après quelques arcatures, deux feuilles se suivent, ou deux figures. Pour le mur latéral, même ornementation, mais les figures sont plus rares et elles sont remplacées par des feuilles.

Le mur latéral de la chapelle St Martin est décoré de cinq arcatures. La décoration des pointes est faite comme suit, en commençant du côté de l'autel: raisin et figurine, deux feuillages, deux feuillages, deux feuillages et deux feuillages.

Le mur latéral de la chapelle de sainte Julienne et de sainte Eve est également décoré de cinq arcatures. Les pointes sont ornées de la manière suivante: figurine et feuillage, deux feuillages, feuillage et raisin, feuillages, figurine et feuillage.

Au transept nord, les redents sont ornés de feuilles de chêne et de laurier.


II. La sculpture moulurée

Elle a le caractère du style flamboyant qui apparaît déjà à la fin du style ogival secondaire, savoir que les moulures sont anguleuses ou prismatiques, les feuillages sont très stylisés.


III. La sculpture d'ornement.

Les motifs de cette sculpture sont des feuillages, des feuilles de vigne, des raisins, des feuilles de chêne et de laurier, des feuilles d'eau interprétées comme des feuilles de vigne. Il y a aussi des rosaces sculptées ou lisses, ainsi que des têtes d'hommes et des chimères.


IV. Le pavement.

Il est composé de dalles de pierres. Celles-ci sont bleues, blanches et grises. Voici comment sont combinées ces trois nuances. Les pavés bleus sont tous de forme carrée. Les autres ont une forme qui varie de telle sorte qu'unis entre eux et avec les pavés bleus, ils forment comme un dessin parallélogramme. Delà le dessin de tout le pavement est celui­ci: il y a une ligne composée de pavés blancs ayant la forme d'un parallélogramme, ensuite il y a une ligne de pavés bleus, celle-ci est suivie d'une ligne de pavés gris et bleus (les gris forment un parallélogramme).


V. La décoration en couleur.

A) Les verrières de Saint Martin

Elles sont citées parmi les plus belles de la ville de Liège. Voici les scènes qu'elles représentent: (nous procédons de bas en haut).

I. La verrière du milieu représente les scènes de la vie de la sainte Vierge, a) Sa naissance. b) Mariage avec saint Joseph. c) Adoration des rois mages. d) Triomphe de Marie.

Au-dessus on y voit les armoiries d'Erard de la Marck.

II. Fenêtre du côté droit: elle représente les scènes de la vie de saint Martin. a) Saint Martin à cheval. b) Baptême c) Prédication et miracles du saint. d) Sacre de saint Martin. e) Sa mort. F) Hommes de guerre.

III. Fenêtre du côté gauche: elle représente les scènes de la vie de saint Lambert a) Saint Lambert enfant b) Saint Lambert s'instruisant, c) St Lambert portant des charbons ardents. d) Sacre de Saint Lambert. e) Meurtre de Saint Lambert. f) Translation de ses restes mortels g) Châtiment des meurtriers.

IV. Fenêtre à côté de la précédente (à gauche): elle représente les scènes de la vie de saint Joseph: a) la sortie de Belthléem, b) La fuite en Egypte. c) Le retour à Nazareth. d) Jésus retrouvé dans le temple. e) L'atelier de saint Joseph.

V. Fenêtre à côté de celle de saint Martin: scènes de la vie de saint Hubert a) Il est reçu à la cour d'Aquitaine b) Son mariage. c) Apparition du cerf. d) Son sacre, e) Transfert des reliques de saint Lambert, de Maestricht à Liége. f) Construction de l'église St-Lambert.

Les anciennes fenêtres IV et V contenaient des vitraux qui se trouvent aujourd'hui aux fenêtres VI et VII. Elles représentent les donateurs et leurs blasons.

Les fenêtres VI et VII contenaient des vitraux que l'on a divisés pour orner les fenêtres au-dessus des stalles. A peu près toutes représentent la sainte Vierge, saint Martin et les donateurs.

B) Les peintures murales.

Les scènes représentées dans le choeur commencent à partir de l'abside et du côté gauche et continuent à droite à partir de l'entrée du choeur. Ces peintures représentent l'institution de la Fêle-Dieu (en bas) et la vie de saint Martin (en haut). Elles ont été exécutées par M. Tassin, sous le décanat de Monseigneur Joseff.

I. Institution de la Fête-Dieu

1.

a) Sainte Julienne, dès l'année 1208, a des visions dont elle ne peut pénétrer le mystère.

b) Ses entretiens spirituels avec Eve, recluse de St-Martin.

c) Vision d'Isabelle deHuy, en extase dans la Collégiale de St-Martin.

2.

a) Sainte Julienne consulte Jean de Lausanne, chanoine de St-Martin, au sujet de l'institution de la Fête-Dieu.

b) Le pieux chanoine parle des visions de Julienne et expose ses désirs devant une assemblée de savants théologiens

3.

a) Julienne prie le clerc Jean de composer l'office de la Fête-Dieu. Elle l'aide de ses conseils et de ses prières.

b) Au mois d'octobre 1246, l'évêque Robert tombe malade à Fosses. Sentant sa fin approcher, il se fait lire le nouvel office.

4.

Hugues de Saint-Cher, provincial des Dominicains, devenu cardinal et légat du pape, revint à Liàge en l'an 1251 et célébra la Fête-Dieu en la collégiale St-Martin. Il parla avec éloquence de la nouvelle fête, fit ressortir l'importance de cette solennité pour la gloire de Dieu, le bien de l'Eglise et le renom de la cité de Liège.

5.

a) Sainte Julienne, âgée de 66 ans, meurt à Fosses, le 5 avril 1258.

b) L'an 164, Urbain IV, étend la Fête-Dieu à l'Eglise universelle. Il charge saint Thomas d'Aquin et saint Bonaventure de composer l'office du St Sacrement.

c) Un légal du pape remet à la Sainte Recluse le décret et le nouvel office.

6.

Du haut du ciel, sainte Julienne et sainte Eve peuvent contempler le couronnement de leurs pieux désirs et de leurs constants efforts: la Fête-Dieu célébrée à Saint-Martin et dans l'univers catholique.

II. Vie de saint Martin.

1.

a) Saint Martin encore catéchumène, donne à un pauvre la moitié de son manteau.

b) Il demande le Baptême qu'il reçoit dans sa vingt-deuxième année.

c) Il quitte l'armée et se retire auprès de saint Hilaire qui l'ordonne diacre.

2.

a) Catéchumène ressuscité par les ferventes prières de saint Martin, qui lui administre le Saint Baptême.

b) L'an 371, saint Martin cédant aux instances des habitants de la Touraine est sacré évêque de Tours.

3.

a) La tête de Saint-Martin est entourée d'une vive lumière pendant qu'il célèbre le saint sacrifice de la messe.

b) Emu par les prières et les larmes d'une femme dont le fils unique vient de mourir, il le ressuscite et le rend à sa mère.

4.

a) Avicien, gouverneur des Gaules, réveillé au milieu de la nuit, cède aux instances de saint Martin et rend la liberté aux captifs qu'on devait immoler le lendemain.

b) Invité à la table de l'Empereur Maxime, saint Martin passe la coupe à son clerc avant de l'offrir à l'empereur, voulant démontrer ainsi la dignité du prêtre.

5.

a) Le saint Evèque de Tours se trouvant à Candes au milieu de ses disciples rend son âme à Dieu,

b) Les disciples voulaient conserver le corps du saint, mais les Tourangeaux le descendirent la nuit dans une barque et le ramenèrent à Tours.

6.

a) Vers l'an 950, Eracle, atteint d'une maladie grave, prie au tombeau de saint Martin et obtient sa guérison.

b) Revenu à Liège, l'évêque Eracle, fidèle à son voeu, fait élever en ce lieu une église qu'il dédie à saint Martin.



ARTICLE QUATRIÈME

Le mobilier

Maître autel

Construit en style Renaissance, l'autel se compose d'un massif en forme de sarcophage, revêtu de marbre blanc Saint-Remy du pays. À chaque côté se trouve une grosse console renversée qui porte un ange en adoration. Le tabernacle est aussi orné d'anges et surmonté d'un pélican.

En 1746 on célébra le grand Jubilé de l'institution de la Fête­Dieu. Les chanoines décidèrent d'orner l'église d'un nouveau maître-autel. Il coûta 18.000 florins de Brabant. Le travail fut exécuté par un sieur Fayn, par les sieurs Kinable doreur, Galhausen, Viveroux, Everard, sculpteurs (archives de la ville). Le 5 mai 1840, Pierre-Louis Jacquet, suffragant de Liège, consacra l'autel en l'honneur de Saint-Martin, en y enfermant les reliques des saints martyrs Clément et Theodore. Cet autel a été redoré en 1890 au prix de 1700 francs


Stalles

Les stalles (hautes et basses) en style Renaissance et sans dossiers, sont très simples. Elles ont servi à l'usage des chanoines de Saint-Martin.


La Chaire

Elle doit provenir d'une ancienne église de Liège, car pour la placer, on a dû enlever un panneau orné d'un bas relief. Son style n'est pas homogène. L'ornementation de la rampe et de l'abat-voix rappelle le style Empire. On y voit en effet des palmettes et des rosaces, ornements caractéristiques employés pendant la période de ce style. La cuve est du style Louis XIII. Elle est formée par deux panneaux ornés de bas-reliefs et séparés par de grosses consoles surmontées d'une gaine; par une porte ornée également d'un bas-relief; par un fond à huit pans. Les consoles sont reliées en haut et en bas par une espèce de gros boudin. Sur les panneaux, on a représenté Saint-Jean-Baptiste et Jésus au temple devant les docteurs; cette scène-ci se trouve encore sur la porte. Sur les gaines, sont sculptés des bouquets, des fleurs et des feuilles. Les consoles sont ornées de feuilles d'acanthe. Le boudin d'en haut est garni de feuilles de laurier, de perles et de rubans; celui d'en bas porte des perles et des godrons.


Confessionnal.

Dans la chapelle de Saint-Antoine, il y a un confessionnal qui se compose de pièces provenant de meubles ayant appartenu aux styles Louis XIII et Louis XIV. La porte, de forme bombée, est ornée de sculptures qui appartiennent à la belle période du style Louis XIV. Ces sculptures sont remarquables par la pureté du dessin et la finesse de l'exécution. La frise et la corniche sont ornées de denticules de rais de coeur; elles sont surmontées d'un fronton circulaire.


Chapelle de Saint-Antoine de Padoue

Au milieu de l'autel se trouve un bas relief en stuc représentant la résurrection du Sauveur.


Chapelle de Sainte-Julienne

L'autel a comme ornement principal un tableau représentant saint Siméon.


Chapelle de Saint-Joseph

Dans cette chapelle, le tableau du rétable établi autrefois dans la chapelle des fonts baptismaux, représente saint Jean Népomucène et son persécuteur. Ce tableau est placé au-dessus du confessionnal.


Chapelle de Saint-Martin

L'autel est orné d'un tableau représentant saint Martin et le pauvre.


Autel de la Sainte-Vierge

L'autel est un massif en pierre de petit granit, orné d'arcatures. Sur la table s'appuie un gradin sans ornements. Celui-ci porte un retable sans volets. Le centre est occupé par la Vierge de Saint-Séverin que surmonte un petit dais. A droite, est représentée, en bas relief, la scène de l'Annonciation et à gauche celle de la Visitation. Au dessus du dais se trouvent deux anges tenant des banderoles. Les motifs de la décoration sculptée sont traités dans le style du XVe siècle. Cet autel fut érigé en 1888 et le retable fut placé en 1889. C'est celui qui satisfait le plus sous le rapport du style. C'est M. Peeters d'Anvers qui en donna le dessin et qui l'exécuta pour la somme de 2.300 francs. Cet autel ainsi que ceux de Saint-Martin, Saint-Joseph, Sainte-Eve et Saint-Antoine, furent consacrés par Monseigneur Doutreloux, le 1 avril 1890.


Autel de Sainte-Eve

Sur la pierre de l'autel repose un coffre en bois peint dans lequel se trouve la châsse renfermant les reliques de sainte Eve. Dans la partie centrale du retable sont représentées deux scènes: celle de droite représente sainte Julienne et sainte Eve assises; celle de gauche représente sainte Eve recevant le bref du légat du Pape.

Au dessus de la partie centrale, il y a un dais sous lequel est placée la statue de sainte Eve. Le retable se complète par deux volets. Sur la face de devant, à droite, sainte Eve est conduite à la recluserie. C'est ce qu'indique une inscription en latin dont voici la traduction « La Bienheureuse Eve, suavement conduite par le céleste conseil de sainte Julienne, entre dans la recluserie de Saint-Martin, où elle priera avec ferveur, pour l'institution de la Fête-Dieu et préparera sa première célébration. » Sous la scène du volet de gauche, il y a également une inscription dont voici la traduction « La Bienheureuse Eve reçoit du légat du Pape Urbain IV, le décret étendant la Fête-Dieu au monde entier, » et donne l'office du Saint Sacrement composé par saint Thomas d'Aquin. Sur la face d'arrière (côté gauche) est représenté saint Thomas d'Aquin composant l'office du Saint Sacrement, l'autre face (côté droit) est ornée de deux anges adorant le Saint Sacrement et portant une banderole sur laquelle sont inscrits ces mots : « Lauda, Sion, Salvatorem, etc. »


Autel de Sainte-Julienne

La table est en bois de chêne naturel. Sa face antérieure est décorée de trois arcatures: celle du milieu qui est trilobée abrite la scène de l'Annonciation. Le retable repose sur un gradin. Il appartient à cette catégorie de retables que l'on rencontre si souvent dans nos églises et que l'on a érigés à partir de 1870. On y voit une accumulation de motifs d'architecture, tels que clochetons, pinacles, dais et contreforts. Au centre se trouve une niche occupée par la statue de sainte Julienne. Chaque face latérale est ornée d'une fenêtre aveugle ayant un meneau et un tympan où se trouve un quatre feuilles. La niche est surmontée d'un dais. La décoration consiste en dorure polychromée. Cet autel, construit dans le style du XIVe siècle, a été acheté en Italie dit-on par M. le doyen Cruls (selon d'autres, il aurait été acheté à Bruxelles lors d'une exposition).

Comme l'indique la scène de l'Annonciation, il était destiné au culte de la Sainte Vierge.


Fonts Baptismaux

Ils furent construits en 1901. L'armoire et la grille dues à la générosité privée coûtèrent 2.200 francs. Ils furent bénits le 25 décembre 1901.


Les Orgues

Elles sortent de la maison Kerkhofs, de Bruxelles et ont coûté 32.253 francs. On dépensa en outre 4.700 francs pour le buffet construit par Monsieur Jongen.


Le Chemin de la Croix

Il fut exécuté par Van Mytvanck, sculpteur à Louvain et approuvé par la Commission Royale des Monuments. Il est en pierre blanche et coûta 8.500 francs. Les stations furent placées le 26 octobre 1907, et le 27 octobre, bénites par le R. P. George, Gardien du Couvent des Frères Mineurs. Ce chemin de croix est dû à la générosité de Mademoiselle Victoire Mâcors, décédée le 23 septembre 1904, à l'âge de 80 ans.


Tableaux de la Tour

Ils représentent: Le baptême du Sauveur. - La Samaritaine au puits de Jacob. - La seconde pêche miraculeuse.

Ils sont peu remarquables, mais les paysages qui s'y déroulent ne sont pas sans mérite.



ARTICLE CINQUIÈME

Chronique des réparations et restaurations

En 1839, la grande fenêtre de la tour est restaurée: la dépense s'élève à 1.030 francs.

En 1844-45 on reconstruit les quatre grands contreforts et une partie des murailles du croisillon nord du transept. Pour exécuter ce travail, on employa des pierres de petit-granit des carrières de l'Ourthe. Comme les ressources manquaient, on suspendit les travaux pendant les années 1846 et 47. Ces travaux coûtèrent 19.100 francs en 1844 et 20.350 francs en 1845. Cependant on continua de préparer les matériaux pour les travaux futurs. Ceux-ci, sont reprs en 1849 jusqu'en 1856 Ils comprennent en 1849 l'établissement d'angles aux voutes du choeur. Puis on procède à la reconstruction des contreforts, des meneaux des fenêtres, à la réparation du parement extérieur des murailles. En 1850 étaient achevés quatre contreforts et quatre fenêtres. Ces travaux cooûtèrent 23.950 francs. De 1851 à 56, on travaille a la reconstruction de cinq contreforts du choeur en même temps on réparait les voûtes du choeur et on réédifiait la balustrade de la toiture. Pour ces six années on dépensa 56,350 francs.

En 1860 et années suivantes on achève les contreforts du choeur, la corniche, les meneaux, les grands vitraux que l'on fit restaurer par M. Capronier de Bruxelles, en 1855 au prix de 4.750 francs. En 1865, on construisit les quatre grands contreforts du transept sud et une fenêtre des bas-côtés. En 1864, la grande verrière sud fut reconstruite et le portail modifié. Depuis longtemps l'entrée principale se trouvait dans le croisillon sud du transept et son portail renaissance bouchait complètement la partie inférieure de la belle verrière. On rebâtit un portail qui a disparu. Ces travaux furent dirigés par l'architecte Halkin. Terminés en 1867, ils coûtèrent 100,800 francs.

Il faut ajouter la peinture de la voûte du choeur en 1851, la statue de Saint-Martin placée en 1865 au sommet du croisillon sud.


RESTAURATION DE LA TOUR

En 1868, on aborda la restauration de la tour. Une vingtaine d'ouvriers y travaillèrent pendant quatre ans Les échafaudages avaient 37 mètres de hauteur. En 1868, le parement du côté ouest fut démoli jusqu'au sol. Le côté sud fut en partie conservé, de même que les pans du nord et de l'est. En 1871 on reconstruisit, les murailles qui, sur une hauteur de 15 mètres avaient été complètement abattues et le 17 octobre tout était terminé, La dépense s'éleva à 167,833 francs.


RESTAURATION DES BASCOTES

En 1871, on commença la restauration du bas‑côté nord, sous la direction de Halkin fils. Les murs de la chapelle des fonts baptismaux étaient crevassés et menaçaient de s'écrouler. Il en était de même pour les petits contreforts et les meneaux des fenêtres. On travaille jusqu'en 1877. (L'ouragan de 1876 endommagea considérablement la toiture: 400 m carrés d'ardoise et une fenêtre du côté nord est détruite). De 1871 à 77 la dépense s'éleva à 95,350 francs.

Les travaux qui précèdent ont assuré la solidité de l'édifice. Il restait à lui rendre son ancien aspect et sa primitive beauté.

Avant d'entreprendre ce travail, le bâtiment adossé à la tour fut démoli; on construisit un couloir et une porte fut percée en face du bas-côté nord. C'est dans ce couloir que M. le doyen Haaken a fait placer, dans le mur oriental une grande pierre en granit sur laquelle sont inscrites les principales dates se rapportant à l'église.

Un vieux bâtiment masquant le choeur est également démoli, ainsi que le portait ogival qui cachait encore une partie de la verrière.


RESTAURATION DE L'INTÉRIEUR

Avant 1879, les murs, les voûtes et les colonnes étaient recouvertes de plâtras. Plusieurs parties de l'édifice, telles que les bases des colonnes étaient fortement endommagées; des arcatures avaient disparu. M. le doyen Cruls, mort le 26 février 1882, conçut le projet de restaurer l'église. Elle fut décidée le 5 octobre 1879. La direction des travaux fut confiée à M. Van Assche, architecte gantois, et l'exécution à M. Ernotte. La chapelle du St‑Sacrement fut, pour ainsi dire, renouvelée. Tantôt les arcatures, tantôt les nervures et les arcs doubleaux, les pans de voûte, les fenêtres, furent reconstruits, L'entrée du bas­côté sud fut rétablie. On démolit le jubé et on le reconstruisit dans le croisillon nord. Ces travaux, exécutés de 1879 à 1882 (choeur non compris) ont coûté 58,621 francs.


RESTAURATION DU CHOEUR

Les murs et la voûte sont dérochés; la voûte est peinte par M. Helbig et décorée de rinceaux gracieux, travail qui coûte 8000 francs. Les bas reliefs au‑dessus des stalles sont enlevés: quatre toiles de Guppin sont restaurées et placées en 1905 sous la tour.

Un tambour, exécuté par M. Jongen, est construit à l'entrée du sud, au prix de 5,150 francs.

On plaça une grille autour du choeur (3,325 fr), une autre devant la tour. Des travaux exécutés au choeur et au transept, ainsi que le remplacement de la fenêtre détruite par un ouragan coûtèrent 24,605 francs.

Par suite de l'explosion d'une bombe (1er mai 1892), il fallut restaurer les vitraux anciens et placer des vitraux neufs la dépense totale fut de 26,600 francs.

En 1896, on restaura deux petites verrières du croisillon sud au prix de 1,482 francs. Il ne restait plus qu'à réparer les bases des colonnes. Ce travail, exécuté, de 1900 à 1906, coûta 20.000 francs.



APPENDICE

Salle appelée « crypte » et son mobilier.

Par une porte qui se trouve dans le croisillon nord, on descend par quelques marches, dans une salle appelée « crypte». Elle est voûtée en croisée d'ogives dont les nervures retombent sur des colonnes à fût monolythe et galbé, avec base et chapiteau qui ont le caractère de l'ordre dorique. Les fenêtres sont partagées par deux meneaux en trois lumières amorties par un arc plein­cintre (la médiane est plus élevée que les deux autres). Le pavé de cette salle est formé par de petits carreaux en terre cuite vernissés.

A l'initiative de M le doyen Haaken, le plâtras, dont les murs et la voûte étaient recouverts, a été enlevé.

En outre, il y a placé une grande dalle sur laquelle il a fait graver les noms des chefs de la paroisse, depuis 1043.

Nous le remercions d'avoir mis a notre disposition les archives de la fabrique. Qu'il nous soit permis de le féliciter de l'intérêt qu'il porte à son église.

Les renseignements qui suivent nous sont communiqués par M. le Doyen


RESTAURATION DE LA CRYPTE – JUILLET - AOUT 1926.

La crypte était la seule partie de l'édifice qui ne fut pas restaurée au XIX siècle. Les voûtes, murs, pilastres étaient recouverts de plâtre, seuls les deux piliers centraux apparaissaient. Nous l'avons fait complètement dérocher; quelques pierres, notamment dans les nervures et les encadrements des fenêtres ont été remplacées ou réparées au stuc: les endroits où l'appareil était défectueux sous les fenêtres, au fond des baies vers le choeur, ont été enduits de stuc simili‑pierre ou simili‑briques.

On se demandera pourquoi la baie centrale n'a pas été dégagée comme les deux autres. C'est que plus de la moitié de cette baie est occupée par un des gros contreforts que l'on peut voir dans la salle capitulaire, au‑dessus de la crypte.

Nous avons préféré, dès lors, la fermer complètement plutôt que de ne l'ouvrir qu'en partie. Nous avons placé contre cette maçonnerie la pierre tombale du chanoine Woot de Trixhe, qui, parait‑il, n'a pas sa pareille à Liège. Cette pierre se trouvait dans le pavé entre la colonne Est et le pilastre en pierres de sable. Nous l'avons déplacée pour éviter l'usure et parce que ses sculptures profondes gênaient la circulation. J'ai fait creuser le sol à l'endroit où se trouvait cette pierre tombale. A une profondeur de 70 centimètres on a mis à jour une vertèbre et un os iliaque, on n'a pas poussé plus loin les recherches.

Le sol de la crypte est formé de terre contenant beaucoup de détritus de construction.

Au fond de la baie Est a été placée une très ancienne pierre tombale qui se trouvait ci-devant dans le pavé de la tour et dont l'ancienne inscription n'a laissé que quelques vestiges en bordure. Nous avons fait graver sur cette pierre les noms des doyens de Saint- Martin, d'après la liste dressée par Mgr Schoolmeesters, vicaire général (+1914), dans la revue « Leodium » année 1907, page 25 et suivantes. Lorsque deux dates suivent les noms, elles indiquent les années d'entrée en fonction et de cessation.

Pour les plus anciens doyens ces dates sont inconnues, mais on sait qu'ils étaient en fonction à la date qui est indiquée. Pour les doyens du nouveau régime, morts en fonction, la seconde date est précédée d'une petite croix.

En enlevant la pierre tombale de la tour (sous les petits bancs, côté de l'Epitre), nous avons découvert un crâne, à moins de dix centimètres de profondeur.

Au fond de la baie Ouest sont placées:

1) une pierre retrouvée récemment sous l'escalier de la crypte et qui rappelle les largesses du chanoine Wisbrocus en faveur de l'autel de l'Assomption, au détriment de ses héritiers « obliviosis nec probis » 1578;

2) une pierre qui se trouvait encastrée dans la muraille d'une des petites remises près des cloitres, elle rappelle le souvenir du chanoine Petri, bienfaiteur de l'ancienne chapelle du Saint-Sacrement, inhumé en celte chapelle 1576;

3) deux anciennes plaques de marbre à la mémoire des quatre frères, chanoines de Hubens et leurs parents 1775, elles ont été découvertes dans un coin du grenier, derrière les orgues;

4) une pierre calcaire sculptée représentant le mystère de l'Annonciation, ci­devant encastrée dans un mur du cloître.

Nous n'avons apporté aucune modification au mobilier de la crypte qui comprend:

1) le tombeau de Conrad de Grave, prévôt de Saint-Martin 1602;

2) le tombeau d'Eracle, dans lequel reposent les restes de l'évêque;

3) l'ancienne Crédence du choeur, qui porte l'inscription: Panis quem ego dabo...;

4) Quatre bas­reliefs en marbre et en albâtre, brisés à coups de marteau probablement par les révolutionnaires et qui ornaient jadis les autels de l'église (l'Assomption et le Couronnement de la Vierge devaient appartenir à l'autel élevé. grâce à la munificence du chanoine Wisbrocus), avaient été depuis longtemps plus ou moins reconstitués et placés dans la crypte. Trois d'entre eux continueront à orner le mur Est, contre lequel se trouve l'ancienne crédence; nous avons fait placer le quatrième composée de deux parties (Saint‑Martin partageant son manteau), au‑dessus de la porte donnant accès à l'avant‑crypte. Cette porte a été elle‑même dérochée.

L'ensemble de ce travail de restauration de la crypte s'élève à la somme de 8.402,30 francs.

Dans un avenir prochain, nous espérons faire restaurer l'avant­crypte et l'escalier d'accès.

A la fin de l'année 1926, M. le doyen Haaken a fait dérocher les murs et les voûtes de la sacristie et de la salle qui est située sous celle‑ci.

Il faut signaler la voûte de la sacristie, de forme bombée, et dont les nervures dessinent une étoile à huit pointes. Ainsi l'église et ses dépendances chantent à l'unisson la beauté architecturale que leur donnent les matériaux apparents

Un dernier mot. En déposant aux pieds du Dieu Eucharistique ce modeste travail, nous osons demander aux enfants de la noble cité qui, depuis tant de siècles, est appelée la fille de l'Eglise romaine, toujours animés d'un zèle ardent pour honorer Jésus­Hostie, de faire bon accueil à ces quelques pages qui sont écrites pour mieux faire connaître l'église attitrée de la Fête‑Dieu.

Et pour exprimer toute notre pensée, en nous adressant à une population dont on connait le coeur bon et généreux, nous avons la certitude que notre attente ne sera pas déçue.

 

FETE DE L'EPIPHANIE, ANNÉE 1927.

 

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