WWWCHOKIER



Cathédrale Saint Lambert à Liège

La Cathédrale Notgérienne de Saint-Lambert à Liège
Contribution à l'étude de la grande architecture ottonienne disparue du pays mosan.

par Luc Fr Genicot

Fig24-EssaiReconstitution de l'édifice noterien sans les tours orientales éventuelles

AVANT-PROPOS


L'architecture romane de la Meuse moyenne est pour l'essentiel une architecture de monuments disparus. Ses grands témoins de pierre ne sont plus. Nul d'entre eux, sinon Ste-Gertrude de Nivelles et St-Servais de Maastricht en moindre mesure, n'a survécu à la tourmente révolutionnaire et aux destructions massives qui l'ont illustrée.

L'idée que l'on s'en fait aujourd'hui est souvent fonction des seules églises conservées. Mais celles-ci sont de moyenne ou de petite envergure. D'où le caractère faussement exceptionnel, dans sa réalité historique, de la collégiale de Nivelles. D'où aussi cette vue des choses fragmentaire et surtout, comme l'ont montré les analyses méthodologiques de P. Francastel (1) et comme le supposent diverses raisons, concomitantes ou pas, d'ordre économique, social, liturgique et de prestige, tronquée.

Une étude sérieuse doit s'appuyer au premier chef sur une connaissance profonde et aussi large que possible des grands édifices disparus qui ont orienté et défini fondamentalement l'évolution du groupe architectural mosan durant l'époque ottonienne. Cette connaissance seule permettra d'envisager un jour le problème difficile des origines et de l'originalité de l'architecture religieuse de l'ancien diocèse de Liège au XIe siècle.

Sans doute F. Bellmann s'était-il déjà penché sur ce problème (2). Mais son ouvrage, publié imparfaitement en 1941, comportait certaines lacunes dans l'information, certaines erreurs dans l'interprétation et plus encore une méconnaissance grave des « conditions historiques ». Il n'était pas inutile de le reprendre après un quart de siècle pour le compléter, le nuancer et le corriger au besoin.

C'est à quoi s'attache l'analyse qui suit. Elle est consacrée à l'ancienne cathédrale ottonienne de Liège. Elle constitue une monographie archéologique qui s'inscrit en tête d'une série d'études réservées aux grands édifices mosans disparus. Elle forme le premier chapitre d'une enquête plus vaste et de longue haleine.

Au terme de celle-ci, des conclusions reprendront, en les élargissant et en les approfondissant, les considérations proposées à la fin de chaque monographie. Elles susciteront peut-être une synthèse meilleure de l'histoire de l'architecture mosane au XIe siècle. Deux monographies de ce genre ont paru (Une église mosane disparue l'abbatiale d'Olbert à Gembloux, dans ASAN, t. LIII. 1966. p. 249 sv. - Un « cas de l'architecture mosane: l'ancienne abbatiale de Stavelot, dans ce tome-ci de la revue, p. 71 sv.); une quatrième sur Saint-Trond n'a pas encore trouvé place dans une revue. Celle qui se présente ici sera sans doute un jour corrigée par des fouilles envisagées dans le cadre de l'aménagement urbanistique de la Place St-Lambert. Nous la livrons pourtant telle quelle.

Ces premiers résultats font partie d'une thèse que nous n'aurions pu mener à bien par nos propres moyens. Nous sommes conscient, en effet. de la dette importante que nous avons contractée envers M. le Profeseur R.M. Lemaire qui a dirigé nos recherches, depuis longtemps, avec une belle compétence et une grande bienveillance, envers MM. les Professeurs J. Lavalleye, P. Naster, S. Brigode. J. Mertens et R. Van Schoutte qui nous ont éclairé de leurs conseils et nous ont encouragé, et envers M. J. Philippe, Conservateur du Musée Curtius à Liège, qui eut l'extrême amabilité de mettre à notre entière disposition tous les documents qu'il possédait sur l'église notgérienne. Nous leur en exprimons nos plus vifs remerciements.

Mars 1965

Détail du plan de Liège par C. Maire

Fig. 1. - Détail du plan de Liège par C. Maire


C'esst adon k'dè vandâl
On distru l'catedrâl,
On distru to costé
Lè monumin d'nos'glwér,
Lè monumin d'istwér,
D'âr è d'antikilé.
Al' fin tot a fè tom,
Eta, monumin, om;
Al' fin to deû mori;
L'antike clok è fondow,
L loûr essi abatow
E se rwen' on peri.

(Simonon, 1820)


1. INTRODUCTION


Rappel historique

En 1829, comme le chantait un vieux poète wallon, disparaissaient les dernières traces de la cathédrale St-Lambert de Liège qui représentait l'ultime construction d'un site d'habitat fort ancien dont les couches avaient été largement bouleversées (3),

Des « fonds de cabane » y furent installés dès l'époque néolithique. Une vaste « villa » belgo-romaine, ou ce que l'on a considéré comme tel, se superposa à eux. De la période franque subsistèrent sans doute quelques restes, dont une mosaïque peut-être. Ce fut à cet endroit aussi, à en croire une tradition médiévale tenace et probablement assez sûre, que Saint-Lambert succomba vers l'an 705 (4) et qu'un peu plus tard, saint Hubert (5) ramena sa dépouille mortelle et fit bâtir une église.

Liège devint alors le nouveau siège épiscopal. Peut-être les Normands ruinèrent-ils la cathédrale en 881(6).

Toujours est-il que le prince-évêque Notger (972-1008) jugea l'édifice trop exigu, caduque. Il entreprit, plus que probablement au début de son épiscopat (7), une nouvelle cathédrale que son successeur Baldéric Il consacra en octobre 1015 avec l'archevêque métropolitain Héribert de Cologne (8)

Notger, un noble d'origine souabe, fut intronisé en 972 après un séjour à la « HofkapelIe » (9). Familier de la cour impériale et en toute circonstance ferme soutien de la cause de l'empereur, il jouissait de l'appui de la monarchie ottonienne qui avait remis en honneur la politique carolingienne de l'Eglise impériale (10). Il put agrandir le domaine et développer les droits régaliens. A l'intérieur, il se mit à rebâtir sa capitale: il l'entoura d'une enceinte (11), canalisa le fleuve, peupla l'Ile et fit construire ou parfaire plusieurs églises et le palais (12). Il donna ses soins aux célèbres écoles liégeoises vivifiées par son prédécesseur, Eracle le Saxon. Pour tout cela, il a mérité le nom de « père » de la patrie et de la grande cité mosane qu'un clerc a chanté avec orgueil comme « l'Athènes du Nord ». Un diction fameux le répétera: Notgerum Christo, cetera Notgero debes.

Plan général des fouilles de 1907, d'après P. Lohest.

Fig. 2. - Plan général des fouilles de 1907, d'après P. Lohest.

1. Murailles médiévales retrouvées; 2. Murailles médiévales restituées 3. Substructions dites de la villa


Mais en 1185, un violent incendie attaqua son oeuvre (13), Des travaux furent aussitôt repris: une monumentale église gothique à trois nefs et chapelles latérales fut mise en chantier et terminée en majeure partie durant la seconde moitié du XIVe siècle (14). En 1793 les Révolutionnaires décrétèrent sa démolition. La place fut nivelée petit à petit.

Le matériel archéologique et les documents écrits ou graphiques ne suffiront pas à donner une vue complète et détaillée de la construction de Notger. Aux nombreux points d'interrogation répondront autant d'hypothèses, ou de silences.

Certes les fouilles menées en 1907 ont-elles permis de tracer un plan général des fondations (fig. 2), sauf en ses parties orientales (15), et d'exhumer quelques fragments de supports aujourd'hui déposées au Musée Curtius (16). Encore faut-il pouvoir déchiffrer les fouilles. La chose est d'autant moins commode que le plan proposé remonte à une cinquantaine d'années, à une période où en matière d'archéologie l'enthousiasme et la bonne volonté s'alliaient souvent encore mal aux rigueurs un peu sèches de la science moderne. Les relevés de 1907 étaient un peu le reflet de cet état d'esprit.

Nulle distinction n'y est opérée entre les murailles romanes et gothiques. Les coupes sont rares et rudimentaires et il en eût fallu une autre à travers le transept occidental. A surplus, aucun compte-rendu scientifique n'a cherché à condenser et à coordonner l'ensemble des découvertes (17). Enfin, la provenance de maints objets n'est pas précisée et leur analyse, défectueuse.

Depuis, aucune institution n'a entrepris de nouvelle étude du site avec le souci du document complet. Des recoupements méthodiques n'ont jamais été effectués dans l'ancienne cathédrale.

Il est vrai - E. Polain l'avait remarqué - que l'attention des chercheurs liégeois du début de ce siècle s'était rapidement concentrée sur un grand jeu de substructions renfermant un hypocauste, où chacun s'accorda bientôt à reconnaître les vestiges d'une « villa » gallo-romaine (18). Cette idée faussa considérablement les perspectives et relégua au second plan l'intérêt des fouilles de la cathédrale proprement dite.

Plan du pourtour de la cathédrale de Liège d'après A.B. Carront (1794).

Fig. 3. - Plan du pourtour de la cathédrale de Liège d'après A.B. Carront (1794).

1. Cathédrale; 2. Tours de sable; 3. Cloître; 4. Sacristie; 5. Tour; 6. Palais; 7. Onze Mille Vierges; 8. St. André; 9. Maison Commune
A. Vieux marché; B. Rue des O.M.V.; C. « Escaliers »; D. « Grand marché »; E. Rue sons la petite tour; F. Rue sous la tour; G. Place Verte.


Par bonheur, les édifices roman et gothique se ressemblaient dans une large mesure (19). L'argument rétrospectif s'appliquait. Les textes n'excluaient pas l'hypothèse de remplois de l'un à l'autre. L'analyse monumentale ne l'infirmera point.

La cathédrale notgérienne ne semble pas avoir totalement disparu dans l'incendie d'avril 1185 porté par un grand vent du sud. Elle paraît au contraire avoir été plus ou moins bien conservée dans ses parties occidentales. Les archives connues mentionnent très peu de travaux à cet endroit pendant la période gothique (20). Du reste, jusqu'à l'achèvement du sanctuaire oriental en 1319, les reliques de saint Lambert restèrent sur un autel du choeur occidental (21). Au début du XVIIIe siècle encore, L. Abry avait été frappé par une différence d'élévation entre ce dernier et la nef (22) et, sur la base de témoignages oculaires. X. Van der Steen rapportait que ce choeur constituait « la partie la plus ancienne de la cathédrale » et que « l'architecture (en) remontait à une très haute antiquité » (23) On pouvait donc croire à la fois négativement, par le silence des archives, et positivement, par les descriptions anciennes, que cette portion de la cathédrale au moins, gardait l'empreinte de remplois faits à l'église romane. Les données archéologiques, en effet, allaient en apporter des confirmations.

Coupe transversale dans la nef, d'après P. Lohest (suivant BC de la fig. 2).

Fig. 4. - Coupe transversale dans la nef, d'après P. Lohest (suivant BC de la fig. 2).

1. Niveau présumé de la nef gothique; 2. Fondation du mur goutterot; 3. Sol actuel; 4. Niveau de la nef ottonienne; 5 Pavement à mosaïque pré-ottonien; 6. Pavement dit belgorromain; 7. Muraille pré-ottonienne; 8. Couches de terrain inférieures.

a. Muraille médiévale; b. Remblais; c. Argile jaunâtre d'alluvion; d. Dépôt prétendument romain, en réalité médiéval; e. Argile noir mêlé de tessons variés et de silex.


Non seulement deux appareils différents se superposaient dans les murs, - et c'était spécialement vrai du choeur occidental où des pans de murs entiers présentaient encore en 1907 un « aspect notgérien » (24), - mais le plan général de la cathédrale gothique reprenait largement celui de l'édifice ottonien. La construction gothique n'était pas « classique » pour son époque. Elle avait deux choeurs opposés et même deux transepts, ainsi que des portails latéraux sur les croisillons (25). En façade, elle dressait deux tours enserrant un mur plat et fermé (26). Ses rapports de proportion dans les nefs étaient encore ottoniens et le caractère « trapu » de la nef principale l'était aussi. L'adjonction d'un atrium à chaque extrémité rappelait un état antérieur. Le maintien des fondations à la même place, jusqu'à l'entrée du transept oriental, était attesté par les coupes. Bref, le monument gothique trahissait maints partis de l'architecture ottonienne (27).

Les contemporains ne s'y étaient d'ailleurs pas trompés: Gilles d'Orval écrivait que Notger avait donné à la cathédrale la physionomie qu'on lui voyait au XIIIe siècle, et Jean d'Outremeuse disait un siècle plus tard qu'elle avait été conçue, au XIe, « al manere qu'ilh siet maintenant » (28).

Le traditionalisme considérable de l'architecture religieuse du moyen âge, qui s'est traduite dans la préservation du même lieu cultuel et, souvent, dans la reprise de thèmes architecturaux anachroniques (29), permet de saisir une raison fondamentale de la similitude entre les monuments roman et gothique de St-Lambert de Liège. La sauvegarde d'une certaine partie de la cathédrale notgérienne après le sinistre de 1185 et, ailleurs, le remploi de fondations anciennes, toujours moins onéreux que le creusement de nouvelles, ajoutent des motifs pratiques et économiques concordants.

Au total, il n'est pas interdit de se fonder sur le plan gothique pour tenter de retrouver le plan roman ou, en d'autres termes, de les confondre partiellement (30).

Coupe transversale dans la nef, d'après P. Lohest (suivant BC de la fig. 2).

Fig. 5 - Croquis d'un sceau roman de verdun.


2. ANALYSE MONUMENTALE


Note préliminaire

Méthode comparative et interprétation des fouilles

La partie analytique mettra l'accent, d'une part, sur des rapprochements et des comparaisons avec les édifices mosans plus tardifs et mieux connus et, de l'autre, sur des hypothèses nées de l'interprétation des fouilles, en accord avec les rapprochements tentés par ailleurs.

Dans l'état actuel des connaissances, en effet, la cathédrale notgérienne a été le premier grand monument ottonien du bassin mosan. Elle a revêtu d'autant plus d'importance qu'elle concrétisait aussi le dessein principal de Notger, prince-évêque, contemporain de la fin du règne d'Otton le Grand, représentant sans doute le plus authentique en terre liégeoise de l'Eglise impériale dont le rôle-moteur dans la vie artistique de l'époque a été justement souligné à maintes reprises.

Par ce double biais, chronologique et historique, la cathédrale de Liège s'insérait au départ du large mouvement de l'architecture ottonienne. En pays mosan, elle tenait lieu d'exemple. Ou, pour s'exprimer en termes d'historien, elle y jouait le rôle d'archétype dont dériveraient ou dont s'inspireraient, avec les nuances propres à chacune, certaines grandes abbatiales et collégiales du XIe siècle liégeois. Elle allait rayonner au-delà des frontières strictes du diocèse, au même titre que son « école », et notamment jusqu'à Verdun en Haute-Meuse (31)

FIG. 6 - Plan d'ensemble et détail des parties occidentales de la Cathédrale de Verdun. (D'après E. Fels et M. Delangle)

Fig. 6 - Plan d'ensemble et détail des parties occidentales de la Cathédrale de Verdun. (D'après E. Fels et M. Delangle)


La cathédrale Notre-Dame de Verdun, rebâtie au Xe siècle, a été agrandie par un ancien élève des écoles liégeoises (32), l'évêque Heimon (988-1024) (33). Elle fut incendiée par Godefroid le Barbu en 1047. Bientôt, l'évêque Thierry (1047-1089), un Teutonicus (34), entama une reconstruction dédicacée en 1083 (?): église à deux transepts égaux, nef trapue de huit travées, double choeur à chevet plat, deux cryptes sous les sanctuaires et tours carrées à l'ouest (fig. 6). La cathédrale a été restaurée entre 1132 et 1147: le choeur oriental fut allongé et des tours vraisemblablement ajoutées à l'est.

Ce n'est point à Metz qu'il faut lui chercher un prototype, comme le pensait L. Grodecki (35), a cause des tourelles au chevet. La cathédrale de Metz, consacrée en 1040, n'avait ni double transept, ni double crypte, ni contre-choeur fermé et débordant, mais une entrée axiale, ni même un développement similaire des nefs. La composition des volumes orientaux de Verdun dérivait plutôt d'une conception architecturale répandue dans la Haute-Lotharingie au XIIe siècle (36).

Ce n'est point davantage à Bâle où la cathédrale ottonienne (v. 1000-1018), incendiée en 1185, s'achevait à l'ouest sur une façade à deux tours, avec porche dans l'axe, sans transept occidental, et qui était plus petite (37)

C'est en réalité vers la région de la Meuse et plus spécialement vers Liège même. Le prédécesseur de Thierry, Heimon, a reçu sa formation intellectuelle dans cette ville: lui-même et Thierry résidaient dans leur domaine de JupiIIe, tout à côté (38). Des rapports fréquents et intimes s'étaient noués de longue date entre les deux centres lotharingiens. L'évêque Wazon (1042-1048) a envoyé 50 livres à son collègue de Verdun pour l'aider dans les travaux de reconstruction; une confraternité unissait les deux chapitres cathédraux (39). Des marchands allaient et venaient d'une ville à l'autre le long du fleuve et des routes qui reliaient la vallée mosane et plus loin le Bas-Rhin, au centre de la France et au-delà à l'Italie (40). Richard de St-Vanne et ses émules ont puissamment contribue à réformer les abbayes liégeoises dans la première moitié du Xle siècle. Un ancien archidiacre de Verdun, Henri, fils du comte de Toul, fut élu évêque de Liège en 1075 (41). On pourrait allonger les preuves d'ordre historique. S'ajoutent celles de l'archéologie, à savoir la correspondance des partis architecturaux de l'une et de l'autre cathédrale.

Fig. 7. Vue des fouilles de la crypte occidentale de Liège.

Fig. 7. Vue des fouilles de la crypte occidentale de Liège.

1. Ressauts des parois intérieures (Etat I); 2. Amorce du damier central (Etat II); 3. Base moulurée sur le damier (Etat II); 4. Enduit mural. (Photo C. Bourgault, Musée Curtius)


Pratiquement, celle de Verdun avait les mêmes dimensions et, surtout, les proportions de celle de Liège antérieure d'un gros tiers de siècle. Elle lui empruntait certains caractères non pas tous peut-être, - ainsi, les transepts y sont maintenant hauts, pour peu que la voûtaison du XIIIe siècle n'ait pas causé leur exhaussement (42), - mais en tout cas ceux-ci: double transept largement saillant, double choeur, accès latéraux et, vraisemblablement, la disposition des tours. Voilà qui suffit provisoirement (43). Il ne faut pas hésiter à rattacher la cathédrale de Verdun au groupe architectural mosan avec lequel elle présentait trop d'affinités. Ce sera donc à elle, comme aux autres grands monuments du pays de la Meuse, que feront appel les comparaisons demandées par l'analyse de la cathédrale de Notger.

Fig. 8 - Ruines du choeur occidental par J. Dreppe en 1798-1799.

Fig. 8 - Ruines du choeur occidental par J. Dreppe en 1798-1799.

Cette analyse requiert, d'autre part, une interprétation préalable du plan des fouilles dont les lacunes ont été soulignées plus haut.

Le choeur occidental formait un carré dont les faces intérieures étaient rythmées par une série de ressauts (fig. 7): six au nord et au sud, quatre à l'est et à l'ouest semble-t-il. Au centre du périmètre s'inscrivait un damier de neuf carrés, qui ne correspondait pas aux ressauts et qui ne faisait point corps avec les murailles du choeur. Aux murs de fondation du damier répondent des coupes: des bases y ont été découvertes in situ (45), Ressauts et damier appartenaient à la crypte sous le choeur: ils se situaient dans le sol, sous le niveau de la nef romane sise en contre-bas du choeur occidental (fig. 9).

Fig. 9 - Coupe longitudinale d'après P. Lohest (suivant AEB de la fig. 2).

Fig. 9 - Coupe longitudinale d'après P. Lohest (suivant AEB de la fig. 2).

1. Niveau possible du choeur; 2. Sol moderne; 3. Niveau de la nef ottonienne; 4. Niveau de la crypte (Etat II); 5. Espace de la crypte; 6. Ressauts de la fondation de la crypte; 7. Mur de refent pour l'avant choeur; 8. Murailles pré-ottoniennes; 9. Chainage de l'arc oriental du second transept.


Les archéologues ont différemment analysé les deux types de substructions, en apparence contradictoires. F. Bellmann y a vu une crypte a cinq nefs de cinq travées (46) C. Bourgault (47) et J. Philippe (48) ont opté pour une crypte à trois nefs de trois travées. En somme, ils ont tenu compte de l'une ou de l'autre division de l'espace, non des deux. Mais les deux divisions ne s'excluent pas elles représentaient probablement des états successifs.

Damier et ressauts n'étaient pas contemporains et s'imbriquaient sans régularité (fig. 2). Les coupes paraissent en outre distinguer les murs importants du damier et les ressauts plus minces des parois latérales. Comme la photo de 1907 (fig. 7), elles font voir un moindre enfoncement de ceux-là par rapport à ceux-ci: le damier serait postérieur.

De fait, les bases trouvées en place sur le damier sont tardives (fig. 12 et 26); leur décoration de griffes côtelées ou de feuilles d'eau n'est pas antérieure à la fin du XIe siècle dans l'Empire (49) et sans doute au XIIe siècle dans l'ancien diocèse de Liège (50); leur mouluration date du XIIe siècle; leurs grandes dimensions s'appliquent à celles du damier. En revanche, une autre base pourrait être plus ancienne; elle est plus petite, moulurée simplement et dépourvue de motif ornemental aux angles (fig. 14); son format s'apparente à celui des ressauts. Un chapiteau cubique frustre, comme il s'en rencontrait au XIe siècle, s'adapte éventuellement sur elle (fig. 21).

Selon toute vraisemblance, la crypte occidentale a donc connu deux états (I et II). Sans doute les textes n'y mentionnent-ils pas de remaniements avant l'incendie de 1185. Mais on aurait pu travailler à la crypte sans qu'il y soit fait allusion dans un des rares documents écrits parvenus jusqu'à nous. Au demeurant, puisqu'on a conservé l'usage de la crypte après 1185 (51), ce fut peut-être seulement alors que l'agencement interne en a été modifié et que des supports d'un goût plus « actuel » y ont été introduits.

A l'est, une muraille de près de 2 m d'épaisseur fermait le choeur. Elle semblait percée de deux portes. Dans la croisée contigüe, 1,50 m plus loin, une seconde fondation courrait parallèlement à la muraille. Elle était moins solide, aussi large cependant que les murs intérieurs de la crypte, moins enfoncée dans le sol et cependant plus basse que le niveau des nefs. Enfin, elle coupait le pavement notgérien qui s'arrêtait devant elle. A la lumière de la coupe AEB (fig. 9) et par comparaison avec les partis de Hildesheim, Quedlinburg, Nevers ou Verdun par exemple (52), ce second mur aurait indiqué le départ des marches montant au sanctuaire et des deux corridors ouvrant sur la crypte (53),


Les parties occidentales

Le « vieux choeur » ou choeur occidental

Un contre-choeur occidental répondait à un sanctuaire oriental. C'était le « vieux choeur », parfois appelé superior ou minor (54). Deux autels s'y trouvaient consacrés, celui de la sainte Trinité et celui des saints Côme et Damien (55). C'était ici que le clergé des églises secondaires de la ville se rassemblait pour certaines solennités (56).

Le choeur était de plan carré (env. 10,50 m de côté), un peu plus étroit que la nef. Aucune abside ne lui était accolée, ni extérieurement, ni empâtée. Il s'achevait sur un mur plat. Bâti sur une crypte, il était fort surélevé, comme celui de Verdun: de là, peut-être, sa dénomination de superior qui ne signifierait point « oriental », mais « plus haut ». Il s'ouvrait sur le transept par une large arcade; une grande volée d'escaliers prenait son départ dans la croisée, entre les accès de la crypte. Selon toute probabilité par conséquent, le choeur possédait deux avancées de plain-pied dans la croisée, sortes de plates-formes couvrant les entrées de la crypte (fig. 18).

Il était peut-être voûté, comme la majorité des sanctuaires de l'époque. Malgré sa largeur et quoique le mur occidental fut moins épais, - mais l'était-il au début (57) ? - il pouvait avoir reçu une couverture en berceau, comme à Nivelles. Le contrebutement des grosses tours latérales était efficace. Nulle allusion n'est faite à une salle d'étage (58). Son élévation intérieure était probablement simple: trois parois droites percées de fenêtres et, peut-être, d'arcs ou de portes sur les tours adjacentes.

L'extérieur est plus problématique: avant-corps habituel ou façade­pignon?

En faveur de la première solution vaut la représentation d'un sceau capitulaire de 1252 (fig. 10) (59): trois tours sont juxtaposées, celle du milieu à deux étages émerge notablement. Cette composition rappelle les clochers carolingiens de Saint-Riquier, de Saint-Bertin (60) et de Saint-Wandrille (61), où le massif central était coiffé d'une tour en charpenterie à étages multiples, en retrait l'un sur l'autre, et formant lanterne; elle évoque aussi les tours de St-Servais de Maastricht avant 1556 (62). L'unique témoignage susceptible de confirmer cette image serait le récit de l'incendie de 1185: le sonneur de cloches, Henri Hugon, s'endormit et oublia son brasero qui se renversa et enflamma les poutres de la tour. Mais cette historiette vient de Jean d'Outremeuse, chroniqueur prolixe du XIVe siècle, qui mélangeait les fables et les observations contemporaines (63) aux faits de l'Histoire. Par surcroît, elle s'applique à n'importe quelle tour à superstructure en charpenterie. Et il en était beaucoup.

Plusieurs éléments, par contre, tendent à l'infirmer. Jamais, les textes ne signalent trois tours: jamais, et spécialement à propos de l'incendie dont, si l'on adoptait la première hypothèse, le clocher aurait été le foyer le plus spectaculaire, ils ne mentionnent de haute tour principale. Les documents écrits sont formels il y avait deux tours seulement, ambe turres (63bis), celles que les architectes ont repris par tradition dans la cathédrale gothique, les « tours de sable ».

Fig. 10 - Sceau Capitulaire de 1252.

Fig. 10 - Sceau Capitulaire de 1252.


Au reste, la représentation sigillographique de tantôt était commune. Le thème trinaire était fréquent. Il ornait notamment un sceau de l'officialité liégeoise de 1214 (64). Il était aussi en opposition avec certaines monnaies, en particulier celles frappées durant le XIIe siècle (fig. 11) (65): les deux tours qu'on y voit, existent à la cathédrale de Verdun dont on connaît l'étroite dépendance de celle de Liège (fig. 6 et 20).

Cette silhouette caractérisait d'autres édifices mosans. La cathédrale liégeoise aurait été le point de départ d'une série locale comprenant St-Aubain à Namur (1047) (66), Amay peut-être (v. 1089) (67), puis Orp­le-Grand (XIIe s.) (68), Rolduc (1138 sv.) ou même Arnhem en Hollande (fin du XIIe s.) (69) Toutes ces constructions seraient plus ou moins directement influencées par le prototype liégeois.

Aussi bien est-ce apparemment la seconde qu'il faut choisir des deux solutions que les sources permettent d'envisager pour la façade occidentale de la cathédrale ottonienne de Notger: un chevet plat, - probablement un mur-pignon montant jusqu'à la toiture à deux versants sise dans l'axe de la nef principale, - chevet saillant sur deux tours carrées, logées en retrait, dans l'angle du choeur et des croisillons du transept occidental.

Fig. 11 - Monnaie épiscopale liégeoise de la fin du XIIe siècle.

Fig. 11 - Monnaie épiscopale liégeoise de la fin du XIIe siècle.


La crypte occidentale

Sous le choeur occidental était creusée la crypte dédiée à saint-Lambert (70). Elle ne semblait pas trop enterrée: cripta supera, disait-on pour la désigner (71). Elle a vraisemblablement connu deux états ou, mieux, deux aménagements successifs (72).

Fig. 12. - Base de la crypte occidentale (Etat II) découverte en place en 1907.

Fig. 12. - Base de la crypte occidentale (Etat II) découverte en place en 1907. (Photo C. Bourgault, Musée Curtius)


A l'état I, contemporain de la dédicace de 1015, la crypte était subdivisée en cinq nefs de cinq travées. Sur les parois latérales étaient engagés de solides pilastres, profonds de 0,35 et larges de 0,40 m environ, séparés entre eux par un plat de 1,50 m approximativement (fig. 15). Six pilastres, dont deux dans les coins, existaient encore au nord et au sud en 1907. Il en restait quatre à l'est et à l'ouest, mais il convient, sur chacune de ces faces, d'en restituer deux que les transformations ultérieures ont fait disparaître (fig. 21). Les mensurations de la crypte étaient identiques sur les quatre côtés.

Les voûtes d'arêtes étaient portées par les pilastres latéraux et, au centre, par seize fines colonnettes ou minces piliers reposant sur des bases moulurées, - l'une d'elles a peut-être été retrouvée, et s'achevant par un chapiteau cubique dont un exemplaire est peut-être parvenu jusqu'à nous (fig. 21). Les rapports entre les éléments architecturaux conservés supposaient une hauteur intérieure voisine de 3,50 m.

Fig. 13. Coupe transversale dans la crypte occidentale (suivant DE de la fig. 2).

Fig. 13. Coupe transversale dans la crypte occidentale (suivant DE de la fig. 2).

1. Paroi septentrionale du choeur; 2. Niveau supposé du choeur gothique; 3. Mur du damier (Etat III; 4. Sol actuel; 5. Espace remblayé; 6. Pavement du choeur d'après les AA.), en réalité sol présumé de la crypte; 7. Espace de la crypte; 8. Base des ressauts; 9. Alluvions limoneuses de la « Légia ». (D'après M. et P. Lohest, oct. 1907)


Sous cet aspect, la crypte était conforme au type courant de la « Hallenkrypta » du XIe siècle. Elle s'apparentait à celles de Saint-Trond, perdue, de Nivelles, Orp-le-Grand, Thynes, etc. (73).

Mais à l'état II, au XIIe siècle et peut-être plus précisément à la suite de transformations consécutives au sinistre de 1185, la crypte fut modifiée. Encore garda-t-elle sans doute la même surface. Elle fut par­tagée en neuf travées voûtées de quelque 3 m de côté. De larges bases découpées en quatre-feuille ou composées d'une demi-colonne engagée dans un bloc latéral rectangulaire, remplacèrent les supports antérieurs. La hauteur ne varia probablement pas. Aussi le changement et l'alourdissement des supports ont-ils considérablement modifié l'aspect de crypte­halle: la nouvelle distribution a davantage encombré (74)

De tout temps néanmoins, la crypte a été éclairée par des baies pratiquées au ras du sol dans le mur de chevet. Sur la face opposée, elle conduisait à la croisée par deux petits couloirs (75) débouchant de part et d'autre d'une large volée d'escaliers montant au sanctuaire (fig. 18).

Fig. 14. - Fragments des supports de la crypte occidentale (Etat I: A Etat II: B? et C). (Liège, Musée Curtius)

Fig. 14. - Fragments des supports de la crypte occidentale (Etat I: A Etat II: B? et C). (Liège, Musée Curtius)


Ce parti venait probablement de la construction primitive, car les deux murs de fondation, construits dans la croisée juste au-delà du choeur et parallèlement à l'axe de l'édifice, empiétaient sur les portes placées dans l'axe des travées de la crypte (Etat II). Ces portes-ci auraient remplacé des entrées plus anciennes qui se combinaient avec les couloirs déterminés par les murs dans la croisée, ouvrant deux passages, et donc un circuit, aux pèlerins qui défilaient devant les reliques exposées dans la crypte (Etat I).

Fig. 15. - Essai de restitution de la crypte occidentale en plan et coupe.

Fig. 15. - Essai de restitution de la crypte occidentale en plan et coupe.


Les tours occidentales

De part et d'autre du chevet du « vieux choeur », et en retrait, étaient montées de grosses tours (76). Elles occupaient chacune une surface carrée d'environ 7 m de côté (77), aux angles du choeur et du transept, dans l'alignement présumé des bas-côtés de la nef romane. Elles servaient sans doute de clochers (78). Elles ont été reprises dans la cathédrale gothique, avec relativement peu de changement semble-t-il (79).

Les parties occidentales de l'édifice ottonien paraissent, en effet, avoir moins souffert de l'incendie de 1185 que les parties orientales, on l'a vu. Les modifications de plan et probablement d'élévation étaient manifestement moindres là qu'ici, en particulier dans le cadre d'une construction gothique. Des déductions prudentes peuvent en être tirées.

Les tours romanes communiquaient vraisemblablement avec les croisillons et avec le choeur. Devant elles s'étendait l'atrium réservé aux chanoines (80): les galeries longitudinales de ce portique menaient probablement au rez-de-chaussée des tours; une liaison de plain-pied aurait existé entre l'atrium et le transept. Il en était en tout cas ainsi à l'époque gothique à Liège (fig. 16) et de l'époque romane à Verdun (fig. 6) (81) Dans cette hypothèse, au-dessus du passage du rez-de-chaussée, le premier étage des tours aurait atteint le niveau du choeur surélevé. Une petite porte semblait d'ailleurs y donner accès (82) Cet étage aurait peut-être servi de chapelle.

Dans la même hypothèse, si le rez-de-chaussée était un endroit de passage, et l'étage, un éventuel lieu de culte ou tout au moins une salle, la montée aux parties supérieures des tours ne pouvait se faire par un escalier aménagé dans le corps même de la construction. Il était peu probable, en outre, que d'étroites marches fussent pratiquées dans la seule épaisseur des murs. De minces tourelles accessibles depuis les croisillons auraient permis d'atteindre plus commodément le sommet des tours et les combles des nefs. Ces tourelles existaient à Verdun, où la moitié occidentale de la cathédrale romane était une réplique du monument notgérien. Elles figuraient également sur une monnaie liégeoise du XIIe siècle (fig. 11). Elles semblaient même conservées dans l'oeuvre gothique, pour la partie basse au moins sur une vue des ruines de la cathédrale à la fin du XVIIIe siècle (fig. 8) (83), les bases des « tours de sable » gothiques, comme les parois du « vieux choeur », paraissent bâties en gros appareil différent du reste, résultat possible d'un remploi: contre la tour de droite et vers l'extérieur s'appuyait un large mur d'angle qui ne semblait pas un simple contrefort (84),

Fig. 16. - Ruines de la cathédrale en 1802? Détail d'un lavis de V. Tahon.

Fig. 16. - Ruines de la cathédrale en 1802? Détail d'un lavis de V. Tahon. (Liège. Musée Curtius).


Résumons. Les deux tours de chevet, dont la présence est assurée et qui contrebuttaient la voûte éventuelle du choeur occidental, étaient probablement percées d'un couloir axial mettant en communication les galeries de l'atrium, canonial et le transept. Leur premier étage s'ouvrait peut-être par une baie sur les croisillons en contre-bas. Selon toute vraisemblance, elles étaient cantonnées de tourelles d'escaliers plus minces.


Le transept occidental

Transversalement se développait un transept saillant, bâti sur trois rectangles égaux (12 x 10,50 m) ses croisillons avaient les dimensions de la croisée, elle-même aussi large que la nef centrale. Il semblait posséder trois particularités, suggérées ici sous forme d'hypothèses.

Au milieu des parois est et ouest du bras septentrional (fig 2) se rattachaient deux blocs de maçonnerie (85). Ils étaient vaguement semi-circulaires, ne se rejoignaient pas et étaient superposés aux murs de J'hypocauste. Ils font penser aux fondations de gros piliers engagés dans les parois notgériennes, dans le prolongement exact du mur extérieur du bas-côté primitif. Comme à Nivelles (1046) et à Hildesheim (1033), - ici avec tribunes et là, sans (86), - ils auraient pu constituer les fondations des supports d'un arc intermédiaire lancé en travers du croisillon dans l'alignement du collatéral.

Fig. 17. - Vue sur parchemin d'une partie de la cathédrale gothique (vers 1575).

Fig. 17. - Vue sur parchemin d'une partie de la cathédrale gothique (vers 1575).


Seconde hypothèse: des fondations de plan presque carré étaient logées à l'extrémité du bras méridional, hors du périmètre des nefs de la cathédrale ottonienne (fig. 2). Elles se situaient entre la paroi du collatéral roman et le croisillon, très légèrement en retrait sur le parement extérieur du transept. Aucune construction n'occupait cet emplacement dans l'édifice postérieur à 1185; au reste, elle aurait été plus courte qu'une des six travées du XIIIe; siècle elle n'avait rien de commun avec les chapelles logées entre les contreforts gothiques. Ne s'agissait-il pas des substructions d'une chapelle antérieure greffée sur le transept occidental, analogue à celles de l'église de Lobbes (87) et des grands édifices mosans de Nivelles (1046), de Saint-Trond (1082) et sans doute de Tongres (vers 1100 ?) (88)? Comme dans ces exemples voisins, les chapelles greffées de Liège auraient eu une profondeur égale à celle d'une travée romane (89). Au surplus, deux « niches » s'ouvraient jadis par de grands arcs sur la face orientale du second transept de Verdun (90): n'était-ce pas un nouveau témoignage de la disposition originale du monument verdunois et, partant, de la cathédrale liégeoise qui lui servit de modèle? Certes, l'épaisseur des fondations ferait douter de l'existence d'une simple chapelle. Mais ici, comme en règle générale ailleurs, celle-ci était voûtée; d'où l'épaississement des murs. Toutes ces coïncidences ne sont pas gratuites. Elles méritent que la question soit posée.

Troisième problème enfin, celui de l'élévation du transept. Problème secondaire sur le plan général des connaissances, mais qui prend toute sa valeur dans le cadre du pays de la Meuse. Etait-ce une élévation à « croisée régulière », comme dans l'immense majorité des églises impériales, ou une élévation à « croisillons bas », mosans (91)?

Le parti des croisillons carolingiens, « plaqués » sur la nef, n'est pas mosan. Dans la région de la Meuse les croisillons sont plus intégrés et unis à la nef par une véritable croisée qui tend à briser l'élan continu du vaisseau. Cette notion propre au groupe mosan s'est répandue pendant le XIe siècle. Elle est née sur les bords de la Meuse où elle est déjà utilisée à la collégiale à St-Denis de Liège, construite du vivant de Notger (92), et au transept occidental de Nivelles 93). Les transepts de Celles et d'Hastière (y. 1033) en étaient des réductions, à l'échelle de l'édifice (94), et ceux de Saint- Trond, de Nivelles (est), - non pas de Verdun, semble-t-il, mais ce monument demanderait une nouvelle analyse sous les combles, - les continuateurs. Aussi bien paraît-il vraisemblable d'inclure les transepts de l'église notgérienne dans la série des réalisations à « croisillons bas » dont existaient des exemples contemporains lorsque la cathédrale était en chantier.

Des portails donnaient accès par le transept. La surélévation du sanctuaire au-dessus d'une crypte occidentale excluait l'entrée dans l'axe. Quant aux galeries de l'atrium, elles menaient, selon toute probabilité, au rez-de-chaussée des tours et devaient être réservées aux tréfonciers. Les fidèles et les pèlerins pénétraient par des porches latéraux. Ainsi le voulait l'ancienne disposition des lieux (fig. 1 et 3). Le porche nord, signalé par la Vita Odilie (95), donnait sur le « vieux marché », de l'autre côté duquel était bat le palais. Le porche sud conduisait à l'église Notre­Dame-aux-Fonts et plus loin vers l'Ile. Ils correspondaient à la coutume mosane, très répandue, de percer les portes sur les faces latérales. Les portails gothiques en conservaient le souvenir parce qu'ils obéissaient aux mêmes contingences topographiques.

Concluons. Le transept occidental de la construction de Notger comprendrait très probablement des croisillons « bas », rectangulaires, divisés dans le sens longitudinal par un arc diaphragme, et sur lesquels se trouvaient greffées des chapelles orientées, contre les bas-côtés. Deux porches latéraux ouvraient sur le transept.


Le reste de l'édifice

Le plan des fouilles de 1907 ne fournit plus d'indication sûre au-delà du départ du transept oriental. Ce sera donc par conjecture que seront rapidement envisagées les solutions que les architectes de Notger ont sans doute adoptées dans cette partie de leur oeuvre. On est toutefois mieux renseigné sur la portion médiane, soit les nefs.


Les nefs

Entre les transepts s'étendait une large nef d'environ 43,50 m sur 12. Aux dires de F. Bellmann, elle présentait des proportions inusitées pour l'époque, mais il y a erreur dans l'établissement du rapport longueur­largeur à 1:4 (96). Ce rapport se chiffrait à 1:3.6, comme à Verdun, à Nivelles et, dans une certaine mesure, à Saint-Trond (1:3). La nef était donc relativement courte, dans l'esprit ottonien. Puisqu'elle tendait aux mesures en vigueur à Nivelles, sa hauteur se montait peut-être à une vingtaine de mètres. Elle était couverte d'un plafond (97).

Fig. 18. - Coupe isométrique restituée des parties occidentales de l'édifice notgérien.

Fig. 18. - Coupe isométrique restituée des parties occidentales de l'édifice notgérien.


Elle était bordée de collatéraux de moitié moins larges (5,75 m). Elle en était vraisemblablement séparée par deux files de piliers quadrangulaires, - il n'est jamais fait allusion à quelqu'autre genre de support, - piliers dont la section approcherait 1,50 m.

En raison des normes généralement admises dans la construction du moment (98), la nef principale se divisait en huit travées profondes de 5,40 m environ (99), On respectait ainsi les rapports 1:1 avec la largeur du bas-côté, et 1:2 avec celle de la nef même; c'était le système suivi à Verdun, Nivelles, Saint-Trond ou même à St-Servais de Maastricht dans l'église remaniée et consacrée en 1039. Au reste, le partage en six travées de l'édifice gothique voûté d'ogives s'expliquait, car la portée et la structure des arcs de soutènement permettaient d'augmenter la surface des travées. La nef ottonienne était éventuellement coupée en deux par un arc diaphragme: peut-être la cathédrale carolingienne de Hildesheim (100), puis les églises mosanes de Nivelles (1046) et, vraisemblablement, de Saint-Trond (1082), ainsi que la cathédrale romane de Besançon (v. 1050) (101), comptaient huit travées divisées par un arc transversal médian qui rythmait le vaisseau au même titre que les grandes arcades de la croisée des transepts (102).

La nef était dallée de ciment rose (103) et de marbre (104). Ses murs étaient couverts d'un enduit qui s'effrita lors de la chute de la foudre en 1117 (105). Sa décoration était remarquable: des cycles de peintures murales (entre 1015 et 1185) (106) confrontaient l'Ancien et le Nouveau Testament, suivant un procédé cher à la méthode typologique des théologiens mosans que Rupert de Deutz allait développer avec éclat au début du XIIe siècle. Elles illustraient l'histoire religieuse et profane du diocèse à la manière des Gestes des chroniqueurs (107). Pour les solennités, des tapis étaient jetés sur le sol; des tentures et des draperies étaient suspendues aux parois: dès 1025, on en recensait plus de trente, petites et grandes, brodées d'or ou non (108); en 1118, l'évêque Otbert en donnadix autres destinées à rehausser l'église (109), Au centre de la nef resplendissait une riche couronne de lumière (110), Vers l'est pendait un crucifix (111). Dans le choeur occidental était exposée la châsse de saint Lambert ou celle d'autre patron (112),

Fig. 19. - Façade septentrionale de la cathédrale gothique par R. Leloup (1740).

Fig. 19. - Façade septentrionale de la cathédrale gothique par R. Leloup (1740).


C'était au milieu des images et des couleurs que se déroulaient les grandes manifestations liturgiques et les fastes princiers de l'évêque de Liège et de son chapitre.


Le transept et le choeur oriental

Un second transept existait sûrement. II fut repris dans la cathédrale gothique, mentionné par un témoin de 1615 (113) et représenté par le graveur Leloup vers 1740 (fig. 19).

Sur le plan des fouilles, fragmentaire pour cette zone, et contrairement aux indications de X. Van den Steen (114) et de E. Lehmann (115), le second transept semblait plus étroit que celui de l'ouest et que la nef (intérieur de 9,30 m au lieu, respectivement, de 10,50 et 12 m), mais aussi long cependant que l'un et l'autre. De prime abord, l'asymétrie n'était pas impossible.

En pays mosan, l'église St-Ursmer de Lobbes, qui remontait en partie à la période carolingienne, présentait une disposition analogue, mais avec un aménagement intérieur tout différent (116). Les monuments de Nivelles et de Saint-Trond et la cathédrale de Verdun, construction­soeur de celle de Liège, avaient également des transepts inégaux, mais en ordre inversé: le moins important se trouvait à l'ouest.

Sans doute la cathédrale notgérienne avait-elle été rebâtie depuis la fin du XIIe siècle et pour l'essentiel sur des fondations ottoniennes. Mais elle avait subi des transformations plus profondes à l'est: le vaste sanctuaire polygonal, greffé sur la croisée et entouré d'un déambulatoire à chapelles rayonnantes, n'avait plus rien de l'architecture de l'an mil (117). Ajoutons que le tracé de P. Lohest part d'une simple amorce qui représentait peut-être tout autre chose que le départ du mur oriental du second transept.

Face aux incertitudes, il faut se contenter de suggérer l'existence, comme à Verdun, d'un transept dessinant trois carrés de la largeur de la nef. Contre les croisillons, et de part et d'autre du choeur, les portiques du « cloître » débouchaient peut-être sur le rez-de-chaussée de tours orientales (118).

Fig. 20. - Détail d'une gravure de la ville de Verdun par F. de la Pointe (1678). Paris, B.N., Cab. Est)

Fig. 20. - Détail d'une gravure de la ville de Verdun par F. de la Pointe (1678). Paris, B.N., Cab. Est)


Peut-être! Car la présence de ces tours est à juste titre controversée (119). Sans doute apparaissaient-elles à Verdun, mais elles sont attribuées tantôt à l'oeuvre de Thierry au XIe siècle (120), tantôt aux remaniements apportés par Garin au XIIe (121). L'analyse monumentale n'a pas suffisamment éclairé ce problème pour permettre de le résoudre.

Il est vrai aussi que le double jeu de tours était extraordinaire dans la région mosane; les églises bicéphales de la Meuse n'étaient pas antérieures au milieu du XIe siècle (122). Certains arguments, qui ont poussé C. Bourgault à l'admettre (123), peuvent cependant être invoqués en faveur d'une restitution des tours orientales de Liège.

Une rue « sous la tour », ou « derrière la tour », est mentionnée à diverses reprises avant que l'énorme tour gothique (1392-1433) ne soit mise en oeuvre à son endroit (124). Une tour y est même signalée en 1347 (125). Avant 1548, elle surplombait les maisons de Hollogne et de la Rose bâties près de l'ancienne sacristie (126). Cette « vilhe tour » se dressait encore en 1416 à côté de la « thoure nueve » en construction (127). Une vieille tour de la cathédrale existait donc, approximativement au même endroit que la haute tour du XVe siècle, près du croisillon méridional (128).

Assurément, aucune tour n'est indiquée sur l'autre croisillon. Mais au nord s'étendait le « vieux marché » qui appartenait à l'évêque. Sa condition juridique particulière explique peut-être qu'il n'ait pas donné lieu à la rédaction de contrats et de baux sur des maisons. Ou bien peut-être, la tour septentrionale n'existait-elle pas ou avait-elle disparu au bas moyen âge. Elle aurait normalement du répondre à la tour méridionale.

De surcroît, la haute tour du XVe siècle occupait une place inaccoutumée et constituait un ornement curieux pour une cathédrale gothique. A moins qu'elle ne figurât un élément traditionnel emprunté à l'ancienne tour évoquée par les textes, ce qui est le moins invraisemblable. D'autant plus qu'elle faisait peut-être partie du projet plus ambitieux de construire deux tours, projet qui aurait été abandonné en cours d'exécution parce que trop onéreux. De passage en 1615, Philippe de Hurges, se fondant probablement sur des renseignements recueillis à Liège, prétendait en effet qu'on avait initialement songé à dresser deux grandes tours orientales (129).

Fig. 21. - Chapiteau sphéro-cubique de la crypte occidentale (Etat I)?

Fig. 21. - Chapiteau sphéro-cubique de la crypte occidentale (Etat I)? (Liège, Musée Curtius)


Aussi bien la haute tour gothique, seule construite, ne représentait­t-elle éventuellement qu'une partie d'un vaste programme de reprise d'un thème traditionnel et beaucoup plus vieux que la cathédrale gothique. L'explication, qui vaut dans maints cas, semble la plus plausible. Elle autorise une hypothèse que les indices soulignés plus haut confirment dans une certaine mesure en se recoupant: deux tours s'élevaient peut­être de part et d'autre du sanctuaire oriental au Xle siècle.

Quoi qu'il en soit, ce sanctuaire, placé sous l'invocation de la Vierge dont l'autel était le principal (130), surmontait une crypte achevée du vivant de Notger, assez enfoncée (131) et qui a laissé des traces dans la toponymie du marche voisin (132). Le chœur était appelé inférior (133), sans que l'on s'en explique la raison. Il s'achevait sans doute sur un mur de chevet plat, comme bon nombre de grands édifices contemporains, mosans et autres.

Probablement était-il aussi voûté. F. Bellmann a judicieusement remarqué que l'autel-majeur (134) avait subsisté dans l'incendie de 1185 (135). Un phénomène identique s'était produit à Saint-Trond en 1085 (136) et à Gembloux en 1185 (137): l'incendie n'avait pas fait crouler les parties voûtées. Les sanctuaires des édifices mosans du XIe siècle étaient en règle ordinaire couverts d'une voûte, même les moindres, et l'on se souviendra des exemples de Nivelles (1046), de Celles (v. 1033) ou de Soignies (v. 1000) aux frontières au diocese (138). La voutaison du sanctuaire oriental de Liège était donc éminement vraisemblable, surtout si des tours en contrebuttaient les poussées, et d'autant plus qu'il s'agissait de cet élément primordial du monument religieux que les maîtres d'oeuvre ont toujours voulu couvrir en pierre, par tradition et par respect.

Se pose enfin la question de la longueur de l'ancienne cathédrale notgérienne. C'était sans nul doute une entreprise considérable et l'édifice devait être imposant. Or, d'autres réalisations mosanes étaient vastes: Nivelles ne comptait pas moins de 102 m, Saint-Trond presque 100 m. Maastricht près de 90 m et Verdun quelque 95 m au XIIe siècle.

Le plan incomplet de P. Lohest s'étend, depuis le mur occidental jusqu'à l'entrée de ce qui est considéré comme le sanctuaire oriental, dans son implantation gothique sans doute, sur 80 m environ (fig. 2). De la, E. Lehmann a restitué une église de près de 100 m (139). Pour sa part, X. Van den Steen la raccourcissait à 96 m ou 330 pieds (140). Un témoignage ancien, cité par T. Gobert, donnait une longueur intérieure totale de 108 m à la cathédrale gothique (141). Quant au relevé succinct de Carront, il portait la longueur hors-tout à 110 m (fig. 3). Qui croire? Quel plan adopter?

A priori, le choeur gothique semi-circulaire, ceinturé d'un déambulatoire, devait être probablement plus important que celui du XIe siècle. A cette dernière époque et dans beaucoup de constructions de grande envergure, le presbyterium précédant l'abside était aussi profond que la croisée ou presque. Celle-ci nous est mal connue à Liège; par comparaison, elle est supposée carrée. Dans ce cas, le choeur oriental aurait eu approximativement 14 ou 15 m (142) et tout le monument, environ 98 m comme la cathédrale de Verdun pratiquement.


Les cloîtres de St-Lambert

La présence de cloîtres construits aux deux extrémités de la cathédrale n'est plus contestée, tout au moins durant l'époque gothique (143). Ils sont clairement indiqués sur les plans anciens, notamment celui de C. Maire (fig. 1).

L'atrium oriental, qui s'achevait aux « degrés » de St-Lambert en face du marché, à la limite de la juridiction scabinale urbaine (144) aurait été commencé en 1457 seulement, assure J. Lejeune (145). Pourtant, il est déjà mis en cause, semble-t-il, par Jacques de Hemricourt (+ 1403) qui disait quelque part: « à pies del greis delle grande englises de Liege et allent en arier vers le parvis » (146). Ce dernier mot, dérivé du latin parvisus, s'appliquait normalement à la galerie d'un portique (147). Il faut sans doute y voir « l'enclostre qui commenchie est », ainsi que l'expliquait un document de 1370 (148). Cet encloître, commis en cas de trouble à la garde des gens d'Yvoz (148'), devait être sérieusement avancé au début du XVe siècle puisque sa voütaison était en train en 1438-1439 (149). D'ailleurs, en 1352, on s'affairait déjà à la construction d'un cloître « à côté du grand chapitre » (10), Mieux, en 1237, les chanoines avaient toujours connaissance d'un mur qu'ils devaient bâtir « sor le viez fondement se joint al mur del viez palais et s'estant juc al mur de la maison le prevost » (151). Au demeurant, pourquoi attribuer avec J. Lejeune au cloître occidental seul, l'acte de 1426-1427 qui réglait la perception d'un cens « pour les stauls des parvis vers le marchiet », alors que le centre commercial de Liège s'était déplacé à l'est de la cathédrale depuis les XIIe-XIIIe siècles? (152), Le mot « parvis » conserve la même acception, y compris dans les comptes de l'hôpital de Sclayn sur Meuse qui signalaient en 1422-1425 la présence de « Wilhemme le louheurs [de livres] ou parvi de sain Lambier à Lige » (152').

Le cloître occidental quant à lui, dont les fondations ont sans doute été partiellement localisées (153), était peut-être le magnus porticus de 1489 (154), celui en tout cas où le « touriste » Philippe de Hurges pénétra en 1615: « en une cour très ample et spacieuse, environnée de galleries » (155). S'appesantir sur des problèmes spécieux de terminologie aux fins de savoir s'il était plus ancien que l'autre n'apporte aucune clarté (156). En 1468, ce cloître était emprunté, comme l'autre, pour les grandes processions (157).

Fig. 22. - Les parties occidentales en ruines (par Deneumoulin).

Fig. 22. - Les parties occidentales en ruines (par Deneumoulin).


Mais l'un et l'autre, étaient évidemment beaucoup plus vieux, quoi qu'on en ait dit (158). Au milieu du XIIIe siècle, en effet, Gilles d'Orval les mentionnait probablement de manière explicite, puisqu'il distinguait les claustra des maisons canoniales et des officines capitulaires (159); les claustra ne désignaient sans doute pas simplement le territoire immunitaire de chapitre, car à Huy en 1066 et à Saint-Trond du XIIe au XIVe siècle, il était en ce cas fait usage du mot atrium tout court (160)

Il existait sûrement un cloître occidental à l'époque de Notger: c'était le « porticus ante faciem templi » de la vita composée entre 1060 et 1096(161), ou peut-être encore le porticus ante hostium » de la chronique de Gilles d'Orval (162). Il ne s'agissait pas d'un porche, mais plutôt d'une galerie ou d'un portique à colonnes suivant la lexicologie 163); les documents de Saint-Trond traitaient de la même façon le portique abbatial du XIe siècle. II n'était pas étonnant que ce cloître conduisît au marché: celui-ci jouxtait la cathédrale ottonienne, au nord, vers le palais (164). De surcroît, le remploi d'éléments architecturaux préromans s'expliquait parfaitement, et mieux, dans la colonnade d'un portique.

A l'autre extrémité, le cloître oriental remontait vraisemblablement aussi haut puisqu'une charte capitulaire de 1189 interdisait aux marchands de dresser dorénavant leurs étaux dans le parvisus, et que les chanoines, réitérant leur interdiction en 1237, signalaient en même temps la présence d'un vieux mur (165).

D'un point de vue général, l'usage de cloître était d'ailleurs anachronique aux XIVe-XVe siècles. Ce ne pouvait être une création. Les cloîtres avaient perdu leur actualité puisque la « vita communis » était abandonnée depuis longtemps (166). Aucun des exemples relevés par J. de Sturler n'était postérieur au XIIe siècle dans l'Empire.

Le cloître était une composante traditionnelle. Son adjonction était fréquente dans les églises, mosanes entre autres, antérieures à la période gothique. Il s'en rencontrait à Saint-Trond (167), à Fosses (168), à Amay (169), à Nivelles (170), et selon toute vraisemblance à Brogne (171) et à Lobbes notamment (172), mais aussi dans la plupart des ensembles monumentaux carolingiens: Saint-Riquier (173), Saint-Gall (174) Reims (175) ou Fulda (176), et ottoniens: Mayence (177), Cologne (178), Strasbourg. Bamberg ou Augsbourg (179) et autres réalisations contemporaines de celles d'Essen et de Maria-Laach où le portique subsiste actuellement.

Aussi bien la construction de deux cloîtres opposés était-elle plus que probable, à l'est et à l'ouest de la cathédrale notgérienne de Liège (180).

Le traditionalisme qui affectait d'autres partis de l'église gothique, se retrouvait encore ici. Les cloîtres, qui ont disparu avec la cathédrale au tournant des XVIIIe et XlXe siècles, étaient les héritiers directs de ceux que les architectes auraient très normalement édifiés aux deux bouts de leur monumentale église au début du XIe siècle.



APPENDICE


Liste des autels (181).


1. Autel de la Ste-Trinité

Situé dans le « vieux choeur » occidental.

Mentionné en 932 (182), 1071 (183), 1141 (184), 1185 (185), 1212 (186), et par Gilles d'Orval (187).


2. Autel des SS. Côme et Damien.

Situé dans le « vieux choeur » occidental.

Mentionné en 111 7 (188) et allusions de Jean d'Outremeuse (189)


3. Autel de Notre-Dame

Autel principal, situé dans le choeur oriental.

Mentionné en 1048 (190), 1071 (191), 1106 (192) 1119 (193), 1178 (194) et 1185 (195)


4. Autel de St-Lambert

Situé la crypte occidentale (196).

Mentionné en 1071 (197) et 1229 (198).


5. Autel de St-Etienne

Près du choeur occidental (?).

Mentionné en 1117 (199).


6. Autel de la Ste-Croix

Situé vraisemblablement dans la nef.

Mentionné en 1121 (200) et 1141 (201).


7. Autel de St-Thomas

Situé clans la crypte occidentale (?).

Mentionné en 1117 (202).


8. Autel de Ste-Gertrude

Mentionné par Gilles d'Orval (203).


9. Autel de la crypte orientale

Mentionné par Gilles d'Orval (204).


10. Autres autels

Sans précision de titulaire, ni de lieu (205).



5. CONCLUSIONS


La cathédrale St-Lambert de Liège, entreprise par Notger (972-1008) probablement au début de sa prélature et consacrée en 1015 par son successeur Baldéric II, pose dans une bonne mesure le problème de l'architecture dite « mosane » et de ses antécédents. Elle soulève plus exactement celui de la grande architecture novatrice de l'ancien diocèse de Liège ou de ce qui pourrait s'appeler « la branche aînée » de cette architecture. Le moment n'est pas encore venu de chercher à résoudre l'entièreté de la question. Il convient toutefois de résumer les données de ce premier chapitre et, ce faisant, de commencer à débroussailler le terrain. La cathédrale notgérienne, en effet, constituait un monument-clé tant par sa précocité, même au sein de l'Empire, que par le rôle considérable que les circonstances historiques ont dû lui faire jouer sur le plan régional.

Ceci dit, comment se présentait-elle autour des années 1000 (fig. 23)?

Elle formait un vaste édifice de près de cent mètres. Derrière un atrium occidental se dressait vraisemblablement une façade-pignon. -? l'hypothèse d'un avant-corps à haute superstructure d'étages en bois est moins plausible. - bâtie en saillie sur deux solides tours carrées que flanquaient probablement des tourelles d'escaliers. Entre les tours se logeait le « vieux choeur », de plan pratiquement carré, à chevet plat, sans doute voûté. Il surmontait tine crypte-halle de cinq nefs, peu enterrée, à laquelle conduisaient deux couloirs droits partant de la croisée de part et d'autre d'une large volée d'escaliers montant au contre-choeur.

Le transept occidental dessinait trois rectangles égaux. Ses croisillons, où s'ouvraient peut-être le premier étage des tours, étaient vraisemblablement du type « bas », recoupés en leur milieu par un arc longitudinal. Des chapelles orientées se trouvaient sans doute greffées sur les bras. Deux portails étaient percés sur les côtés.

La nef, assez large mais plutôt courte, comptait huit travées portées sur piliers. Elle était couverte d'un plafond et peinte. Elle était bordée de collatéraux de moitié moins larges. Peut-être un arc diaphragme la recoupait-il en son centre.

La disposition des parties orientales est mal connue. Trois éléments pourtant sont sûrs un second transept précédait le choeur; une crypte était creusée sous celui-ci; un cloître s'avançait au-delà du chevet. Pour le reste, des conjectures. Il est probable que le transept oriental connaissait un développement plus ample que l'autre et que le sanctuaire, sans doute rectangulaire, s'achevait sur un mur plat. Il n'est pas exclu que des tours cantonnassent le sanctuaire, comme à l'ouest.

En un mot, la cathédrale liégeoise reflétait les procédés connus de l'architecture ottonienne en général et ceux de l'architecture mosane en particulier. On ne les dénombrera pas encore ici. Qu'il suffise provisoirement de dégager quelques lignes de force relatives au cas déterminé de St-Lambert.

Fig. 23. - Plan terrier. Essai de restitution.

Fig. 23. - Plan terrier. Essai de restitution.

En noir, les parties assurées; en grisé, les parties plausibles; en blanc, les parties hypothétiques.


Fig. 24. - Essai de restitution des volumes de l'édifice notgérien sans les tours orientales éventuelles.

Fig. 24. - Essai de restitution des volumes de l'édifice notgérien sans les tours orientales éventuelles.


On peut tenir pour certain que Notger n'a pas créé un type d'édifice tout nouveau mais qu'il s'est inspiré de modèles. Lesquels?

A priori, l'opinion de F. Bellmann sur l'origine étrangère des prototypes n'est point absurde (206). Mais elle sera nuancée. Elle se fonde sur l'absence le long de la Meuse aux IXe et Xe siècles de monuments de belle envergure susceptibles d'influence immédiate sur les projets de Notger. En quoi elle ne se trompe sans doute guère, encore que l'on connaisse mal les églises mosanes carolingiennes et post-carolingiennes. Elle devient moins sûre lorsqu'elle oriente les recherches exclusivement vers le Rhin et l'Empire ottonien strictement dit. L'argumentation archéologique et plus encore historique en est contestable.

Mais on comprend cette thèse. De prime abord en effet, deux contrées de l'Empire seules pourraient entrer en ligne de compte comme ayant exercé une influence sur l'ouvre notgérienne: la Saxe avec Magdebourg ou Memleben, dit-on, et la Rhénanie avec Cologne. Car la Souabe, où est né l'évêque de Liège mais où il n'a pas longtemps vécu, était un duché qui ne fit retour à la couronne que vers 920, après une période troublée peu propice à l'efflorescence artistique. A part Saint-Gall, que Notger n'a d'ailleurs pas fréquenté, et son plan relativement « théorique » (207), la Souabe ne comptait pas alors de grands

monuments: l'église de Reichenau-Mittelzell a été fort transformée par Wittigowo (988-991) et restaurée par un Lotharingien, Bernon, entre 1030 et 1048 (208). En Saxe par contre, Otton I fit construire la cathédrale de Magdebourg et Otton Il, l'abbatiale de Memleben. D'après Koch, la première, longue d'environ 90 m, aurait eu deux transepts et deux choeurs surmontant des cryptes, un Westbau précédé d'un portique et peut-être des tourelles orientales. Mais cette restitution, proposée par un partisan trop convaincu du rapprochement entre Magdebourg et Bamberg, est loin de la certitude. Elle est aujourd'hui largement battue en brèche (209).

La seconde, l'église de Memleben, entamée par Otton II (973-983) et signalée pour la première fois dans un diplôme de 979, posséderait deux transepts égaux et probablement deux sanctuaires, ainsi que des tours occidentales carrées. A l'est, elle s'achèverait sur trois absides (210).

Plus près de Liège, sur le Rhin, la cathédrale de Cologne offrait des analogies. Longue d'une centaine de mètres, elle avait peut-être deux transepts, éventuellement « bas », deux choeurs, celui de l'ouest étant flanqué de minces tourelles semi-circulaires, et un vaste atrium trapézoïdal. Ici aussi, la restitution du plan et même de l'élévation, en particulier de celle des parties occidentales, n'est pas assurée. En outre la chronoIogie est très controversée (211),

Fig. 25. - Elévations extérieures comparées de St-Ursmer à Lobbes, en partie carolingien (d'après S. Brigode), et de St-Lambert à Liège.

Fig. 25. - Elévations extérieures comparées de St-Ursmer à Lobbes, en partie carolingien (d'après S. Brigode), et de St-Lambert à Liège.


Notger a pu voir ces églises. La première, durant son séjour à la capella regis au service d'Otton le Grand et, le cas échéant, lors de voyages en Saxe (212). La seconde, de la même manière et d'autant plus probablement que Cologne était le centre métropolitain de Liège. Il a pu s'en inspirer pour faire construire la cathédrale liégeoise, comme a pu le faire peu après un de ses collègues de la « Hofkapelle », Willégis de Mayence (213)

Fig. 26. - Base tripartite de la crypte occidentale.

Fig. 26. - Base tripartite de la crypte occidentale. (Liège, Musé Curtius)


Est-ce à dire qu'il se soit nécessairement tourné vers ces régions seules de l'Empire? A-t-il absolument imité ces modèles impériaux, au demeurant mal ou peu connus? N'aurait-il pas plutôt, à l'instar et au même moment que les grands bâtisseurs du reste de l'Empire, cherché des prototypes plus au sud, dans la Neustrie et la Champagne qui avaient conservé une nette avance culturelle bien après la disparition du royaume mérovingien et dont l'architecture avait suscité, à la période carolingienne, des réalisations plus petites mais très semblables dans les provinces septentrionales, à Corvey et même à Lobbes (fig. 24) (214) ?

On peut formuler pareille hypothèse avec l'espoir d'y pouvoir répondre un jour par l'affirmative: une influence extérieure de base aurait orienté, de façon plus ou moins similaire, les diverses « écoles » de l'Empire des Ottons dans la seconde moitié du Xe siècle. Il sera reparlé ultérieurement de ce problème des origines de la cathédrale liégeoise et, partant, de celles de tout le groupe des églises mosanes qui en est issu.

Car il a existé dans l'ancien diocèse de Liège, sinon en Lotharingie, un ensemble homogène de grands édifices apparentés. Et voilà posé, et du même coup partiellement résolu par le simple fait de la constatation, l'aspect moins délicat de l'influence propre de la cathédrale notgérienne.

Ces monuments Nivelles, Verdun, Saint-Trond, Tongres, voire Deventer plus au nord, avaient des caractéristiques communes dont la première apparition simultanée semble bien s'être produite à Liège. Il n'est pas douteux, dans l'état actuel des connaissances en tout cas, que ce fut à St-Lambert que Notger a défini le type de la grande église collégiale ou abbatiale mosane du XIe siècle.

La construction notgérienne de Liège a donné l'impulsion décisive à cette grande architecture ottonienne du pays mosan dont d'autres études tenteront la réhabilitation et qu'elles essayeront de faire revivre et d'apprécier ensuite à sa plus juste valeur.



Sigles ASAN (Annales de la Soc. archéol. de Namur); BCRH (Bull. de la Commiss. roy. dHist.); BCRMS (Bull. d la Commiss. roy, des Monum. et des Sites); BHL (Bibliotheca hagiographica latina); BIAL (Bull. de l'Inst. archéol. liégeois); BSAHL (Bull. de la Soc, d'Art et d'hist. du diocèse d Liège).

(1) L'humanisrne roman. Critique des théories sur l'art du XIe siècle en France, Rodez, 1942. p. 24 et 143.

(2) Zur Bou- und Kunstgeschichte der Stiftskirche von Nivelles, Munich, 1941 (extr. des Munchener Beitrage zur Kunstqeschichte. vol. 8). L'A a confronté les réalisations de Nivelles, Liège, Saint-Trond et Stavelot pour chercher à définir leurs traits communs et, dès lors, à trouver leur origine.

(3) Les meilleurs aperçus sont de J. PHILIPPE Les fouilles archéologiques de la Place Saint-Lambert à Liège, Liège, 1956; Propos historiques sur la place Saint-Lambert et ses abords. Liège. 1956; Le sous-sol archéologique de la Place Saint-Lambert à Liège, Liège. 1960.

(4) BHL, n° 4677.4694, et Suppl., p. 185; Biogr. Nat., t. XI, col. 145-148 (G. Kurth); L. VAN DER ESSEN, Etude critique sur les vitae des saints mérovingiens de l'ancienne Belgique. Louvain, 1907, p. 20-53; S. BALAU. Etude critique des sources de l'histoire du pays de Liège au moyen âge. Bruxelles. 1903, p. 34-40, 78-81. 300-302 et 308-309: LTK, t. VI, 1961, col. 758 (A.H. Zimmerman); M. COENS, dans Anal. Boll., t. LXXIX, 1956, p. 514 sv. M. BRIBOSIA, L'iconographie de Saint -Lambert, dans BCRMS, t. VI, 1955. p. 85-248; M. ZENDER. Raume und Schichten mittel alterlicher Heiligenverehrung für die Voltskunde. Die Heiligen des mittleren Maaslandes und der Rheinlande in Kulgeschichte und Kultverbreitung, Dusseldorl, 1959; les Vitae Lamberti sont éd. dans MGH. Script. Rer. Merov., t. VI, 299-429, MGH. Poetae, t. IV, p. 141-157. et MGH.SS.. t. VII, p. 192-198 (Anselme) et t. XXV. p. 58-42 (Gilles d'Orval).

(5) BHL, n° 3995-4005, et Suppl., p. 159; L. VAN DES ESSEN, op. cit., p. 53-69; S. BALAU, op. cit.. p. 59-60 et 389-391; Biogr. Nat., t. IX, col. 591-601 (F. Loise); LTK, t. V, 1960, col. 503 (W. Lampen); F. BAIX. Saint-Hubert. Sa mort, sa canonisation, ses reliques, dans Mélanges F Rousseau, Bruxelles, 1958, p. 71-80; E DE MOREAU, Histoire de l'Eglise en Belgique, t. I, Bruxelles, 1945, p. 99 sv.

(6) Pour les constructions antérieures à l'avènement de Notger, nous nous permettons de renvoyer à notre article: Un groupe épiscopal mérovingien à Liège?, dans BCRMS, t. XV, 1964, p. 265 sv. Nous avons cru pouvoir interpréter les fouilles de 1907 dans le sens d'une appartenance, totale ou partielle, des substructions de la « villa » à la première cathédrale du VIIIe s., au sein d'un complexe écclésial plus large et typique de l'époque.

(7) Jean d'Outremeuse fait commencer les travaux en 978 (Annexe, n° 2 C). A priori, il n'y a pas de motif de refuser cette indication. Il semble normal en effet que Notger ait donné ses soins à la cathédrale avant toute autre construction: sa seconde oeuvre sera la collégiale qu'il destinait à sa sépulture. St-Jean en Ile, déjà consacrée en 997 (MGH. Dipl., t. Il, p. 658: les Annales Parchenses en situent la fondation en 977, dans MGH.SS., t. XVI, p. 600).

(8) Annexe, n° 1-3. - J. LEJEUNE, Les Van Eyck, peintres de Liège et de sa cathédrale, Liège, 1956, p. 44, assure, sans preuve et malgré le silence significatif du chroniqueur Anselme, que la cathédrale « n'était sans doute pas achevée, quand un incendie la ravagea en 1185. » D'autre part, en raison des déplacements d'Héribert de Cologne, C. LAYS, Etude critique sur la Vita Balderici episcopi leodiensis, Liège, 1948, p. 99, fixe l'année de la dédicace en 1015 nous croyons devoir maintenir celle de 1015, traditionnellement acceptée par les chroniqueurs et écrivains.

(9) Sur Notger, l'ouvrage fondamental reste celui de G. KURTH, Notger de liège et la civilisation du Xe siècle, 2 vol., Liège, 1905. Une biographie rapide est donnée par G. VAN ZUYLEN, Notger, premier prince-évêque de Liège?, dans Rev. Ecclés. Liège, t. XXIX, 1937-1938, p. 290-296, et, plus récemment, dans l'Algemene Geschiedenis der Nederlanden, t. II, 1950, p. 20-21, dans le volume collectif sur l'Art mosan aux XIe et XIIe siècles, Bruxelles, 1961, p. 30-31, et dans le LTK, t. XII. 1962, col. 1051-1052 (R. Forgeur).

(10) Ce système a fait l'objet de nombreuses études E. DELARUELLE, En relisant le « De Institutione regia » de Jonas d'Orléans, dans Mélanges L. Halphen, Paris, 1951, p. 185 sv; HW. KLEWITZ, Konigtum, Hofkapelle und Domkapitel im 10 und 11. Jahrhunderit. dans Archiv für Urkundenforschung, t. XVI, 1939, p. 102-156; J. FLECKENSTEIN, Die Hofkapelle der deutschen Konige. I. Teil: Grundlegung. Die karolingische Hofkapelle, Stuttgart, 1959 R. FOLZ, Le Monde germanique, dans Histoire Universelle de la Pléiade, Paris, t. Il, 1957, p. 610-613 etc.

(11) Son tracé est indiqué sur un plan de l'ouvrage collectif: Art Mosan ... op cit., p. 29, II semble bien que Notger ait intercalé les collégiales de St-Denis, Ste-Croix et St-Martin dans les murailles pour en faire des points; forts en dernier lieu R. BRAGARD, Les couvents et les enceintes urbaines à Liège, Huy et Dinant, dans Bull. Soc, Roy. Le Vieux-Liège, n° 140-145, 1954, p. 271-279, et Vita Notgeri, 2e moit. Xle s., éd. G. KURTH, dans BCRH, 4e s., t. XVII, 1890, p. 416.

(12) Les collégiales de St-Jean. St-Denis et, sans doute avec son appui, de St-Barthé!émy. Le palais épiscopal voisinait avec la cathédrale dont il n'était séparé que par le « Vieux marché », (J. PHILIPPE, L'ancien palais des princes de Liège. Liège, 1949 p. 9-10).

(13) Annexe, n° 9.

(14) Sur la cathédrale gothique, voir les ouvrages cités de J. PHILIPPE et du même. Van Evck et la genèse mosane de la peinture des anciens Pays-Bas, Liège, 1960. p. 101 sv. ainsi que les travaux de S. BALAU, Comment Jean d'Outremeuse écrit l'histoire, dans BCRH, t. LXXI, 1902, p. 233-234; E. PONCELET, Les architectes de la Cathédrale Saint-Lambert de Liège, dans CAPL. t. XXV, 1935. p. 5-38, de J. LEJEUNE. Les Van Eyck.... op. cit., p. 44 sv., et de R. FORGEUR. Le Maître-autel et l'abside gothique de la cathédrale Saint Lambert, dans Bull. Soc. Roy. Le Vieux-Liège, t. V. 1959. p. 387-402. Pour son iconographie, voir spécialement J. PHILIPPE. Van Eyck..., op. cit., p. 111-115 y ajouter L. DEWEZ, Un dessin ancien de la cathédrale Saint-Lambert acquis par I'A.M.I.A.L. pour le Musée Curtius, dans CAPL, t. LV, 1964, p. 17 sv. - A ce jour, aucune étude archéologique d'ensemble n'a été tentée sur cet édifice capital de la région mosane. Il y a à prendre et à laisser dans l'ouvrage, fondé sur des témoignages contemporains de la destruction de la cathédrale, de X. VAN DEN STEEN DE JEHAY, Essai historique sur l'ancienne cathédrale Saint-Lambert à Liège et sur son chapitre de chanoines tréfonciers, Liège. 1846: le même A. a repris ce livre dans une édition monumentale: La Cathédrale de Saint Lambert à Liège et son Chapitre de Tréfonciers, Liège. 1880. Cette réédition n'ajoute rien et pèche par excès de fantaisie: les explications naïves y tiennent une bonne place et les illustrations sont des restitutions sans valeur (R. FORGEUR. Les gravures du livre de Xavier l'an den Steen sur la cathédrale Saint-Lambert, dans Bull. Soc. Roy. Le Vieux Liège, t. V. 1959. p. 347-357): le plan est une copie, fidèle dans l'ensemble, de celui de Carront (ID. Le plan de la cathédrale Saint Lambert à liège, dans ibid., t .V, 1957, p. 127-140).

(15) Littérature à la n. 30.

(16) Certaines pièces sont décrites par J. PHILIPPE, Les fouilles .... op. cit., p. 34 sv. (avec fig.). D'aucunes ne portent pas d'étiquette, mais leur taille et leur mouluration supposent une provenance commune, on y reviendra (fig. 10, 14 et 26). A noter que des fragments ont été recueillis après les fouilles, en 1029.

(17) Sauf en ce qui concerne la « villa »: P. LOHEST, Fouilles de la place Saint-Lambert à Liège en 1907, Une ville belgo-romaine, dans Ann. Fedé. Archeol. et Hist. de Belq., XXIe Congr., Liège, 1909. t. II, p. 411-428.

(18) Interprétation malaisée à confirmer ou pas dans son entièreté, au sujet de laquelle nous renvoyons une fois pour toutes en ce qui nous concerne, à l'article renseigné à la n. 6

(19) Des plans de la Cathédrale gothique disparue ont été relevés ou restitués par A.B. CARRONT en 1794 (fig. ) (publié par T. GOBERT dans BIAL, t. XXXVI. 1906. p. 135; voir E. HELIN. Les plans anciens de Lièqe, dans Annuaire d'hist. liég., t. VI, n° 3. 1960. p. 672, n° 89), par C. GURLITT en 1906 (voir n. 30), par les fréres LOHEST en 1907 (fig. 2) et par X. VAN DEN STEEN DE JEHAY dans l'éd. de 1880 (R. FORGEUR. Le plan de la cathédrale ....op. cit.). Pour son élévation, s'en référer aux vues anciennes (n. 14).

(20) Sen reporter aux ouvrages à la n. 14 et à T. GOBERT. Liège à travers les âges. lLes rues de Liège. 6 vol. Liège, 1924-1929. sv. Lambert (cathédrale). spécialement aux p. 465 sv. du t. III.

(21) BCRH, 5e s., t. VI. 1896, p. 472, n. 2. Annexe, n° 11.

(22) Revue de Liège en 1700, éd. S. Bormans dans BIAL, t VIII. 18660. p. 298.

(23) Essai historique, op. cit., p. 20 et 21.

(24) Constatation visuelle de E. POLAIN, relatée dans CAPL, t. II, 1907, P. 84 et 88.

(25) A la manière de la plupart des églises mosanes, comme le constatait déjà Ph. de Hurges: « Cet endroit, auquel nos églises de par-deçà ont leurs grands porteaux, estant clos et bouché par quelque puissant corps d'édifice » (H. MICHELANT, Voyage de Philippe de Hurqes à Liège et à Maestricht en 1615, Liège, 1872, p. 173).

(26) Le «beau portail » (fin du XIIIe s.), que beaucoup de gravures anciennes placent entre les deux tours, ouvrait en réalité sur le cloitre occidental (L. DEWEZ, Un dessin ancien..., op. cit., p. 23).

(27) Pas tous, notamment les murs clôturant les chapelles latérales gothiques. Encore peuvent-ils servir à déterminer d'autres aspects de l'oeuvre notgérienne (voir p. 36).

(28) Annexe, n° 2.

(29) Un bon exemple en est fourni par la collégiale gothique de Huy (XIVe-XVe s.) (L.F. GENICOT. La collégiale Notre-Darne de Huy, dans BCRMS, t. XIV, 1963, p. 351 et 367).

(30) Plusieurs érudits se sont penchés avant nous sur l'étude de la cathédrale notgérienne et ont apporté à sa connaissance une contribution plus ou moins critique. Ce sont G. RUHL. La cathédrale Saint Lambert à Liège, Liège, 1904 (avant les fouilles), auteur de maquettes, conservées à la Bibl, Uni,. Liège, sur lesquelles on peut voir: M. LANOYE et J. DEWEZ, Gustave Ruhl-Hauzeur et ses restitutions archéologiques de sites urbains et de monuments, dans Bibliotheca Univ, Leod., n° 4, Gembloux, 1950. - G. KURTH. Notger de Liege..., op. cit., t. Il, p. 29-39 (idem avec de nombreux textes). - C. GURLITT, Historische Stadtebilder, vol. IX, Lüttich, Berlin, 1906, p. 3-5 (idem). - C. BOURGAULT, notamment Les colonnettes de Saint-Lambert, dans CAPL, t. VI, 1911, p. 41-44 (essai de restitution de la crypte occidentale), auteur d'une importante maquette (1951) déposée au Musée diocésain, qui est le fruit d'une longue réflexion et le résultat de larges connaissances que l'A, n'a jamais voulu publier, - E. POLAIN, A propos des fouilles de la place Saint-Lambert à Liège, dans Leodium, t. XXVIII. 1935. p. 77-84 (rapide cpte-r. des découvertes de 1907). - F.B. BELLMANN, Zut Bau- und Kunstgeschichte der Stifstkirche von Nivelles, Munich, 1941, p. 39-45 (fondamental: ni plan, ni fig étude comparative de grands monuments mosans du XIe s.). - E. LEHMANN. Der fruhe deutsche Kirchenbau, Berlin, 2e éd., 1949, table 41 plan d'après les fouilles et courte notice). -R. LEMAIRE, De romaanse bouwkunst in de Nederlanden, Bruxelles, 1952, p. 79 (quelques lignes sans prétention). - L. GRODECKI, Au seuil de l'art roman. L'architecture ottonienne, Paris. 1958, p. 107 (idem, un rien confus). On trouvera toute la bibliographie désirable dans J. PHILIPPE, les fouilles .... OP. cit., p. 34 sv., et dans AM. DEFIZE-LFJEUNE, Répertoire bibliographique des trouvailles archéologiques de la province de Liège, Bruxelles, 1964 (coll. « Répert. archéol. ». vol. V). p. 53-56. - Renseignements iconographiques dans les catalogues des expositions: L'abbaye de Val-Dieu, s.l., 1966, p. 75-79, et Trésors d'art. Saint-Remacle, Saint Lambert, Stavelot, 1968, p. 68 sv.

(31) E. FELS. Cathédrale de Verdun, dans Congr. Archéol. France, XCVIe sess., Paris. 1934, p. 391­418; C. AIMOND, La cathédrale de Verdun, Nancy, 1935; A. VENTRE: et M. DELANGLE, Les fouilles de la cathédrale de Verdun, dans Les monuments historiques de la France, t. II, 1937, p. 9-17; L. GRODECKI, Au seuil de l'art roman..., op cit., p. 101-102. Toutes les parties de l'ancienne église n'ont pas été sondées avec une égale précision; certains aspects de I'oeuvre n'ont pas été évoqués; la crypte occidentale n'a pas été fouillée.

(32) Une liste d'élèves est relevée par la Chronique d'Aubry de Trois-Fontaines, dans MGH.., t. XXIII, p. 76 (la compléter par celle donnée dans Art mosan..., op. cit., p. 42).

(33) Plan dans J. HUBERT, L'architecture religieuse du haut moyen âge en France, Paris, 1952, pl. XII et p. 57; JE. WEIS, Der Theoderichbau des Metzer Doms, dans Elsass-Lotharingisches Jahrb., t. VI, 1927, p. 149 SV.

(34) « Hic natura Teutonicus et Basiliensis ecclesie fuerat canonicus » (Gesta Episcoporum \/irdunensium. Laurent de Liège, dans MGH.SS., t. X, p. 491).

(35) Plan de Metz dans J. HUBERT, op. cit., pl. XIII, Voir L. GRODECKI. op. cit., p. 102.

(36) N. IRSCH. Die trierer Abteikirche St. Matthias and die trierisch-lothringische Bautengruppe. Augsbourg, 1927, p. 141-142; H. BUNJES. Beitrage zur Kunstgeographie des Moselraumes in romanscher Zeit: Trier und Verdun, dans Trierer Jahrbuch, t .I. 1939), p. 52-58.

(37) H. REINHARDT. La cathédrale de Bâle. s.l., 1956. (Guides Monum. suisses), p. 2-5; J. GANTNER, Histoire de l'Art en Suisse. Des origines à la fin de l'époque romane. Neuchâtel, 1941, p. 252 sv.

(38) Ce domaine leur appartenait depuis 1008; ils y ont séjourné de nombreuses fois: Thierry s'y trouvait encore en 1087 (N. HUYGHEBAERT. Le sacramentaire de l'abbé Manassès de Berques-Saint-Winoc. dans Ann. Soc. Emulat. de Bruges, t. LXXXIV. 1947, p. 49-50 Cantatorium, dans MGH.SS., t. VIII. p. 601).

(39) ANSELME, Gesta Episc. Leod. (mil. XI s.) « Ille (Wazo) in longiquo positus, graviter egregie urbis casum doluit et licet in similis periculi metu positus esset ... mandata mittens inter hec verba: Sancta Maria Leodicensis mittit 50 libras denariorum sancte Marie Virdunensi, medietatem canonicis fratribus, medietatem vero ad reparationem ecclesie (MGH.SS., t. VII, p. 221) LAURENT DE LIEGE.Gesta Episc. Virdun.: « in hoc opus reedificationis Wazo, venerabilis Leodiensium episcopus, quinquaginta libras argenti dedit (MGH.SS., t. X. p. 492). - J. SCNHEIDER, Verdun au XIIIe siècle. Notes d'histoire économique, dans Mél. L. Rousseau, Bruxelles. 1958, p. 528 et n. 11 (acte de confraternité en 1297 encore). - En 1008, l'empereur donne une forêt sur la Meuse au chapitre de Liège « instinctu necnon Heimonis sancte Virdunensis sedis presulis » (Cartulaire St-Lambert, op, cit., t. I., p. 28). - A. JORIS, Huv, ville médiévale, Bruxelles. 1965 (coll. « Notre Passé »s), p. 35 et 67 (liens de la famille de l'archidiacre Boson de Huy).

(40) F. ROUSSEAU, La Meuse et le Pays mosan, dans ASAN, t. XXXIX. 1930. p. 50 et 159 sv.: A. JORIS, La ville de Huv au moyen âge, Paris. 1959. p. 241-242; M. LOMBARD. La route de la Meuse et les relations lointaines des pays mosans entre le VIIIe et le XIe siècle, dans L'art mosan, Paris, 1953, p. 9-29 (soulignons cet élément capital qu'est la situation de Verdun à un point de rupture de charge sur la Meuse: le trafic fluvial entre Nord et Sud passait nécessairement par là).

(41) C. DEREINE, les Chanoines réguliers au diocèse de Liège avant Saint Norbert, Bruxelles, 1952, notamment p. 43-44; H. DAUPHIN, Le Bienheureux Richard, abbé de Saint Vanne de Verdun (+ 1046), Louvain-Paris. 1946; E. SABBE, Notes sur la réforme de Richard de Saint-Vanne dans les Pays-Bas, dans Rev. b. Philol. et Hist., t. VII, 1928, p. 561-570. - Art mosan, 1961, p. 40-41; U. BERLIERE, L'étude des réformes monastiques des Xe et XIe siècles, dans Bull. Acad. Roy. Belg. Cl. Lettres, 5e s., t. XVIII, 1932, p. 137 sv. Rappelons que le nécrologe de St-Laurent porte les noms de l'évêque Heimon et des abbés Etienne et Richard de Verdun; voir aussi le Huqonis Chronicon (deb. XlIe s.) dans MGH.SS., t. VIII, p. 376 et la Vita Richardi (v. 1100) dans ibid., t. XI, p. 286. - Sur St-Jacques, voir U . BERLIERE, dans Monosticon belge, t. Il, 1928, p. 5 sv.

(42) Les recherches pratiquées à Verdun demanderaient à être approfondies et vérifiées sur ce point. Nombre d'églises (p.ex. Nivelles, Saint-Trond) avaient, à la fin de I'Ancien Régime, des croisillons voûtés et surhaussés par rapport à leur élévation primitive.

(43) F. BELLMANN est un partisan convaincu du rapprochement entre les deux édifies: Zur Bau..., Nivelles, op. cit., p. 45.

(45) A l'intersection des murs continus du damier et contre les parois (fig. 7 et 12) elles étaient enduites (E. POLAIN. A propos des fouilles .... dans Leodium, t. XXVIII, 1935, p. 79 C. BOURGAULT, Les colonnettes de Saint-Lanmhert, dans CAPL., t. VI, 1911, p. 41-44; CAPL, t. V, 1910. p. 125; J. PHILIPPE, Les fouilles..., op. cit., p. 38).

(46) Zur Bou-... Nivelles, op, cit., p. 18 et 42.

(47) Les colonnettes .... op. cit. (avec restitution).

(48) Les fouilles..., op. cit., p. 34.

(49) Art. Basis du Reallexikon zur deutschen Kunstgesch., t. 1, 1957, col. 1499; 900 Jahre Speyerer Dom, Spire, 1961, pl. 20; F.A.J. VERMEULEN, Handboeck tot de geschiedenis der nederlandsche Bouwunst, s-Gravenhage, t. 1, 1928, passim; G. BANDSMANN, Die Bauformen des Mittelalters, Bonn, 1949, p. 104.

(50) L. TOLLENAERE. La sculpture sur pierre de l'ancien diocèse de Liège à l'époque romane, Louvain, 1957, pl. XV/C (St-Leonard de Liège, v. 1100 ?) et p. 261, date sans hésitation les bases en grès houiller de la fin du Xe s,: il est vrai qu'elle suit la restitution de C. Bourgault (n. 45). J. PHILIPPE, Les fouilles..., op. cit., n. 8, ne les croit pourtant pas antérieures au XIe s. R.; LEMAIRE, De romaanse bouwkunst..., op cit., p. 100-101, ainsi que E. REUSEN, Eléments d'archéologie chrétienne, 2 vol., Louvain, 2e éd.. 1885-1886, t. II, p. les réservent exclusivement au XIIe s.

(51) A l'Epoque moderne, la crypte servit de local aux archives (BCRH, 5e s., t. VI, 1896, p. 468, n. 1;X. VAN DEN STEEN. Essai historique..., op. cit., p. 51). Les reliques n'y étaient plus conservées depuis le XIIIe s. (Annexe, n° 11). Du reste, à partir de l'époque gothique, la châsse fut placée sur le jubé oriental (J. YERNAUX, La grande chasse de Saint-Lambert, dans BSAHL, t. XXVIII, 1936, p. 71 sv.).

(52) Le choeur occidental de Verdun était surélevé de 5 mm environ (A. VENTRE et M. DELANGLE, op, cit., p. 17); celui de St Cyr à Nevers (cons. 1958) l'était moins, mais il avait la même disposition (M. ANFRAY, La cathédrale de Nevers et les églises gothiques du Nivernais, Paris, 1964, p. 32).

(53) Un autel adossé au centre du mur oriental de la crypte interdisait une entrée axiale (E. POLAIN, dans CAPL, t. II, 1907, p. 89).

(54) Annexe, n° 6 B, 8, 10, 12 (par opposition), et 16; la Gall. Christ, ajoute: « in basilica sancti Lamberti, in choro inferiori Del Genitricis Marie dicto » (t. III, col. 865). Albert de Cuyck (+ 1200) est d'ailleurs enterré plutôt vers l'ouest (Annexe, n° 10, fig. 2).

(55) Ibid., n 6, 7B, 11A Jean d'Outremeuse (Ly Myreur..., op. cit., t. IV, p. 140) écrit: « Car li cuer astoit pres de Marchiet et de riewe de Liege à demi bonier, si que li capelle de Saint Cosme et Saint Damien astoit al opposite de cuer, al altre coron de mostier, faisant le viel cuer »; dans le Triumphale Bulonicurn (1141), de Rénier de St-Laurent (MGH.SS., t. VIII. p. 591), il est raconté comment la châsse de St-Lambert est ramenée du siège victorieux de Bouillon, puis replacée « in cripta, sub altari sancte Trinitatis ». - E. Polain n'était point d'avis de croire à l'existence d'une chapelle dédiée aux SS. Côme et Damien, bâtie par l'évêque MonuIphe avant St Hubert, et sise sous le « vieux choeur »: ce serait une fiction légendaire du XIe s. (A propos des fouilles ..., op. cit.. p. 81). Ces deux autels étaient toujours utilisés pour plusieurs fondations remontant aux XIVe et XVe s.; sur le « maitre-autel » se célébraient des anniversaires en l'honneur de la Vierge, du Sauveur, des ss. Côme et Damien et de St-Jean Baptiste; « sur je petit autel », ceux en l'honneur de la Vierge, de tous les saints, de la Ste Trinité, St-Michel et les anges (ces dernières invocations pourraient être significatives pour un autel occidental) (E. SCHOOLMEESTERS, Liste des autels de la cathédrale de Saint-Lambert, dans Leodium, t. VIII, 1909, p. 89-90). Ils sont encore signalés en 1700 par L. Abry (Revue de liège en 1700, op. cit., p. 298), ainsi que par des inventaires en 1713 « au vieu choeur » (J. DEMARTEAU, Trésors et sacristie de la cathédrale Saint-Lambert à liège. 1615 1718, dans BSAHL, t. II, 1882, p. 27 et 29).

(56) En voici quelques preuves: « lem, quotiescumque secundarie ecclesie conveniunt in minor choro, in sollempnitatibus..,. » (1323) « Et congregabantur in cathedrali, ad antiquum chorum, qui est partem navis ecclesie occidentalem » (1627) (S. BORMANS et E. SCHOOLMEESTERS, Le « Liber officiorurn ecclesiae Leodiensts », dans BCRH, 5e s., t. VI, 1896, p. 454, 462, 464, 468 et n.); « Et apres ladit messe, mondit saingnour canvocat ses confreres de saint Lambert et les secondars engliezes en vixs chour » (1444) (Jean de Stavelot, Chronique, éd. A. BORGNET, Bruxelles, 1861, p. 542); etc.

(57) Ce mur était plus mince et peut-être (mais le plan de 1907 manque de netteté) légèrement oblique. Aurait-il été remanié après 1185? C'est possible, mais il fut alors rebâti sur les fondations primitives puisque les ressauts des pilastres de la crypte s'y retrouvent normalement engagés.

(58) Le choeur était certainement voûté à l'époque gothique (voir p. ex, les vues anciennes), mais il était plus bas que la nef et, malgré la rosace occidentale (fin du XIIIe s.), relativement sombre; L. Abry estimait pour sa part « qu'il n'a pas assez d'élévation et que la clarté y manque » (Revue de Liège en 1700, op. cit., p. 298). Sans doute était-ce là une conséquence logique du remploi de la construction notgérienne dans le programme gothique. On notera cependant que le choeur n'était plus alors surélevé que de quatre marches par rapport à la nef dont le niveau avait été fort surhaussé (fig. 9) (X. VAN DEN STEEN, Essai historique..., op. cit., p. 32).

(59) AGR, n° 13147. Légende + S[IGILLVM]. MAIORIS. ECCLE[SIE]. LEOD[ILNSIS]. AD CAVSAS.

(60) W. EFFMANN, Centula. S. Riquier, Munster, 1912, p. 83-85: clochers à 3 étages circulaires idem à St-Bertin en Picardie v. 850 (sur cet ouvrage, voir importante mise au point, suscitée par l'étude du cérémonial et du cadastre, de J. HUBERT, Saint-Riquier et le rnonachsisrne bénédictin en Gaule a l'époque carolingienne, dans les Settimane di studio del Centro italiano di studi sulI'alto rnedioevo, vol. IV, Spolète. 1957. p. 293-309).

(61) Construction de l'abbé Anségis (807-833): « In eadem autem sancti Petri basilica, piramidam quadrangulam altitudinis 35 pedum, de ligno tornatili constructam, in culmine turris ejusdem ecclesie collocari iussit » (MGH.SS., t. Il, p. 296).

(62) Reproduction d'une ancienne gravure par J.J. TIMMERS (De Maasgouw, t. LXX, 1956, col. 39-44). Un plan ms. de 1587 montre aussi les tours occidentales (Bull. Soc. Roy. Vieux Lièqe, t. V. 1957, p. 143).

(63) Ly Myreur..., op. cit., t. IV. p. 472 soir aussi l'Annexe, n° 11 C. Ainsi. p.ex., lorsque Jean d'Outremeuse détaille les méthodes de travail pratiquées soi-disant à la fin du Xe s. (Annexe, n° 2 C et 9 C): il applique les mêmes à la reconstruction du XIIIe (Le Myreur..., op. cit., t. IV, p. 354 et t. V, p. 285); ou quand il fixe en avril de l'année 978 la mise en chantier de la cathédrale ottonienne: l'année n'est pas certaine, quoique plausible, et le mois indique le printemps qui marque, durant tout le moyen âge, le début ou la reprise des constructions après le chômage, sans plus.

(63bis) Annexe, n 6 B et 9 A (ambe est plus strict que due).

(64) Algemene Geschiedenis der Nederlanden, t. II, 1950, pl. XXX, n° 8. .- 0n verra la note critique de P. Francastel: la notion d'église-cité de la période romane entraîne souvent, sur les sceaux urbains, la figuration d'une église couronnée de tours, symbolisme de la ville, « sans reproduire nécessairement avec exactitude la cathédrale » (A propos des églises-porches. Du carolingien au roman, dans Mél. L. Halphen, Paris, 1951, p. 248 et n. 2, G. BANDMANN Früh- und hochmittelalterliche Altaranordnung als Darstellung, dans Das erste Jahrtausend, t. I, Dusseldorf, 1963/2, p. 389 et n. 94).

(65) Monnaie « sede vacante », et monnaie épiscopale portant la légende CE. C (S?) que d'aucuns traduisent avec prudence Cathedralis Ecclesia (J. De CHESTRET, Numismatique de la principauté de Liège..., Bruxelles, 1890, p. 113).

(66) A. LANOTTE, Le choeur occidental et les tours de l'ancienne collégiale Saint-Aubain à Namur, dans Etudes.., dédiées à F. Courtoy, Gembloux, 1952, p. 303 sv.

(67) Aucune monographie n'existe sur cet édifice situé entre Namur et Huy, mais l'on s'accorde à le dater de 1089 env. voir mon étude sur L'avant-corps ottonien d'Amay, dans Le Moyen Age, t. LXXIII, 1967, p. 349 sv.

(68) R. LEMAIRE, De romaanse bauwkunst..., op. cit., p. 114. Une étude exhaustive de ce beau monument, dont la restauration s'achève, est attendue de la part de M. le prof. R.M. Lemaire,

(69) F.A.J. VERMEULEN, Handboek..., op. cit., t, I, p. 214.

(70) Annexe, n° 5 et 7 et appendice, p. 54. Narrant un miracle récent, opéré par st Lambert, le chroniqueur Anselme du XIe s. explique qu'il eut lieu « in cripta in qua sancti martiris est mausoleum » (MGH.SS., t. VII, p. 197). Les trois marches d'un autel appuyé au milieu de la paroi orientale de la crypte auraient été localisées en 1907 (E. POLAIN dans CAPL. t. II. 1907, p. 89). - Il est fort difficile pour le reste de spéculer sur le sens exact de la description que fit X. Van den Steen de la cachette des archives sous la tour occidentale « de gauche » (sud?) (Essai historique..., op. cit.. p. 31): « Ce souterrain fut primitivement une crypte, espèce de confession où avaient été déposées les reliques de saint Lambert. Il avait environ quarante pieds de longueur, se prolongeait sous le vieux choeur, mais à une grande profondeur du sol de ce dernier. » S'agit-il de la crypte comblée? Dans quelle direction avait-elle 40 pieds (11,80 m?) Se prolongeait-elle donc sous les tours (les touilles ne permettent pas de le croire) ? Etc. Une chose à retenir pourtant: le sous-sol occidental était bien le lieu de vénération des reliques du saint patron.

(71) Annexe, n° 6 B. Le terme « superior », - mais est-il synonyme de « superus » commne ici? - est malaise à interpréter dans maints cas, à Saint-Trond notamment, il signifie « oriental », mais cette acception ne vaut pas ici: la crypte de St-Lambert était sûrement à l'ouest. Voir les remarques de J. HUBERT, « Cryptae inferiores » et « crvptae superiores » dans l'architecture religieuse de l'époque carolingienne, dans Méd. L. Halphen, Paris, 1051. p. 551-557.

(72) Ci-dessus, p. 22.

(73) Nivelles, dans L. GRODECKI. Au seuil de l'art roman..., op. cit., p. 225; Orp-le-Grand, plan de R. LEMAIRE au château d'Héverlée (Louvain); Thynes, dans S. BRIGODE. Les églises romanes en Belgique, 3e éd.. Bruxelles, 1944, pl. V, ou dans ASAN, t. XX. 1893, p. 1 sv: Saint-Trond, étude à paraître.

(74) La bonne restitution de C. Bourgault en témoigne (Les colonnettes..., op. cit.). Voir aussi la fig. 16.

(75) Ci-dessus, p. 25 et n. 53.

(76) L'existence, ou non, d'un Westbau central à superstructure de bois a été envisagée plus haut (p. 27).

(77) Le blanc laissé par les sarcophages sur le relevé de 1907 en situerait l'implantation (fig. 2). On ignore d'ailleurs pourquoi leur emplacement n'a pas été fouillé à cette occasion.

(78) Ci-devant, p. 27, Anselme dit aussi: « erga signa pulsanda » (MGH.SS., t. VII, p. 197); en 1071, la « maxima campana » de la cathédrale se mit à sonner toute seule (AA.SS., Sept. 1, p. 723); en 1185, « les campane decidentes confracte sunt » (Annexe, n° 11 A).

(79) Annexe, n° 6A, 6B, 9A et 9C. C'était les « deux tours anitiquez, plattes par le dessus » dont parlait Philippe de Hurges (H. MICHELANT, Voyage..., op. cit., p. 67 sv.); L. Abry signalait aussi « la ronde verrière du vieux choeur, qui est flanquée de deux tours carrées » (Revue de liège en 1700, op. cit., p. 277), Les toitures pyramidales ont été foudroyées en 1592 et sont tombées. - J. LEJEUNE, Les Van Eyck, op. cit., p. 147, prétend que les tours romanes ont été détruites en 1185; détériorées, elles le furent certainement, mais pas totalement car les parties occidentales ont mieux résisté à l'incendie, on le sait. Au reste, au incendie est très rarement suffisant pour abattre une église.

(80) Voir plus loin, p. 48

(81) L. GRODECKI, Au seuil de l'art roman.., op. cit., p. 101-102 E. FELS. La cathédrale..., op, cit., p. 399.

(82) X. VAN DEN STEEN, Essai historique .... op. cit., p. 25; deux portes latérales en plein cintre ouvraient derrière les stalles du choeur (mais sous réserve)

(83) Sépia de Joseph Dreppe (1737-1810) (J.S. RENIER. Deuxième catalogue du musée communal de Verviers, Andrimont, 1904. p. 130, n0 1032).

(84) On peut se demander si, sur le parchemin du XVIe s. (46 X 53 cm; Cliché ACL, n° 169970 B), la petite construction plus ou moins carrée qui accoste la tour méridionale, en retrait sur le portail du croisillon, et coiffée d'un petit toit en bâtière, ne serait pas aussi un vestige d'une tourelle romane décapitée (fig. 17).

(85) Pas clans le bras sud, mais les fouilleurs se sont probablement contentés d'un seul sondage, comme pour le point suivant. On remarquera en outre que le croisillon septentrional a été mieux fouillé parce qu'il renfermait l'hypocauste. Et cependant, les n° 646 et 647 de P. Lohest (1907) des Cartes aux AEL pourraient confirmer dans le bras S. l'hypothèse du croisillon N.

(86) Sur Nivelles. A. MOTTARD, La collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles, Nivelles, 2e éd., 1962, p. 32 et 59 (le transept occidental est plus ancien); sur Hildesheim. O. KARPA, Die Kirche St. Michaelis zu Hildesheim, Hildesheim. 1961. p. 13-14. - F. BELLMAN, Zur Bau ... Nivelles, op. cit., p. 43. se pose la même question pour Liège sans y répondre affirmativement.

(87) S. BRIGODE. Les anciennes abbatiales et l'église carolingienne de Saint-Ursmer de Lobbes, dans Ann. de la Fédé. Archéol. et histor. de Belgique. XXXIIIe Congr., Tournai. 1949, p. 185 (cette particularité ne doit pas, croyons-nous, être attribuée à la construction carolingienne du IXe s.) (fig. 23).

(88) B. GEUKENS, Tongeren. Zestien eeuwen kerkbouw, Louvain. 1962 (Mém. lic. dactylogr.). L'existence des chapelles greffées n'est pas certaine, à notre avis.

(89) Ci-dessous, p. 40 (la nef ottonienne comptait 8 travées).

(90) E. FELS, dans Congr. Archeol. de France, op. cit., p. 400; A. VENTRE et M. DELANGLE, op. Cit., p. 9.

(91) Reconnus comme caractéristiques de l'architecture mosane du XIe s, par tous les AA. qui l'ont étudiée, tels S. BRIGODE, Les églises romanes en Belgique, Bruxelles, 3e éd., 1944. p. 15-16. et H.E. KUBACH, Die frühromanische Baukunst des Maaslandes, dans ZKW, t. VII, i1953, p. 120; etc. Nous n'insisterons pas, dans le cadre d'un article, sur l'origine de cette mode et sur ses développements; on peut voir sur ce point, avec certaines réserves L. GRODECKI, Le « transept bas » dans le premier art roman et le problème de Cluny, dans A Cluny, Dijon, 1950, p. 265-270.

(92) N. FRAIKIN. L'Eqlise Suint-Denis à Liège. Etude archéologique, dans Bull, Comm. Roy. Monum. et Sites, t. V, 1954. p. 7 sv.; S. BORMANS. Notice des Cartulaires de la Collégiale St-Denis à Liège, dans BCRH. 3e s.. t. XIV, s. 873. Introduction. Le prévôt Nithard entama l'église, achevée en 990 après un incendie en 1003, Notger sans doute la rebâtit, sans l'achever.

(93) On est actuellement d'avis de reculer la construction du transept occidental jusque vers l'an mil, pour des raisons de technique et de décoration architecturale notamment (A. MOTTART, La collégiale... Nivelles, op. cit., p. 59); la mention de la Chronica Sigeberti n'est pourtant pas claire: « A° 1046. Ecclesia sancte Gertrudis Nivigellensis, que ante aliquot annos concremata fuerat ... benedicitur » (éd. dans MGH.SS., t. VI, p. 358). Le transept oriental date de la consécration de 1046: il est aussi du type « bas ».

(94) G. DEPSY, Les chartes de l'abbaye de Wousort, Bruxelles. 1957, « Introduction »;T. REJALOT, Hastière Notre-Darne, Gembloux. 1937, p. 11 et 32; l'Historia Walciodorensis monasterii (1e moit. XIII s.) explique que l'abbé Erembert (+ 1033) reconstruisit Hastière: « Nam. infra officium prepositure Hasteriensis ecclesie, sumptus non modicos acquisivit, quibus ruinas Hasteriensis ecclesie reformando novam construxit (MGH.SS.. t. XIV, p. 525). Pas plus qu'Hastière, l'église de Celles n'a fait l'objet d'une analyse approfondie; on s'en reportera donc à R. LEMAIRE, De romaanse bouw- kunst .... op. cit., p. 118-120, et à S. BRIGODE. Les églises romanes ..., op. cit., p. 14-15, ou aux notices de G. VAN CALOEN, Hastière Notre-Dame ou Hastière par-delà, dans ASAN, t. XVII, 1886, p. 1-22, et de F. COURTOY et F. ROUSSEAU, dans Ann. Fédé. Archéol. et hist. de Belg., Namur. p. 101-102, pour Celles. Une étude archéologique, qui pourrait être sérieuse, est en cours sur cette dernière église.

(95) « Servus autern Domini... vidit enim ante nostri mausoleum martyris [st Lambert] viperam discurere...; elapsa vero repente de manibus, vipera per portam que Aquilonern respicit, egrediens, rupis Iabitur in foramem... Vir Dei, ..., raptus in spiritu, se vidit in sinistro stare chori latere et feretrum pii martyris... inter ulmas assumere...; viri quidam in habitu monachili intraverunt australem portam ipsius ecclesie, ascensisque chori gradibus, circumsteterunt mausoleum. » (Vita Odilie, De triumpho sancti Larnberti in Steppes, 1e moit. XIIIe s., dans MGH.SS., t. XXV, p. 177 et 181). Anselme de Gembloux, le continuateur de la Sigeberti chronica, l'indique également lorsqu'il note l'incendie de de 1117: « Antes fores quoque ecclesie, domum episcopi versus, quemdam laicum extinxit [fulmen] » (ibid., t. VI, p. 376). - Les fondations du portail gothique, en avancée de 5,75 m sur le croisillon nord, sont indiquées sur le plan original des fouilles de P. Lohest au Musée Curtius (1907).

(96) Zur Bau... Nivelles, op. cit., p. 44; l'A, oppose le plan de Lohest (fig. 2) au relevé, plus grossier, de Carront (fig. 3), et note que le rapport est chez celui-ci de 1:3.2, ce qui est admissible, et chez celui-là de 1:4.5, en quoi il se trompe: il est ici de 1:3.6.

(97) Rien que de plus normal à l'époque. Le plafond aurait peut-être été réutilisé au début de la construction gothique; sans citer sa source, E. PONCELET, Les architectes..., op. cit.. p. 14, rapporte, en effet, que Nicolas de Soissons, maitre de l'oeuvre durant le troisième quart du XIIIe s., aurait remplacé le plafond de la nef par des voûtes.

(98) L. GRODECKI. Au seuil de l'art roman..., op. cit., p. 278; R. LEMAIRE. De romaanse baukunst ..., op. cit., p. 78; G. VON BEZOLD, op. cit., p. 82-83; etc.

(99) F. BELLMANN, Zur B00-... Nivelles, op. cit., arrive à la même conclusion.

(100) HR. ROSEMANN, Der Hildesheimer Dom, dans Beitr. zur K. des Mittelalters, Berlin, 1950. p. 181-185. Opinion mise en doute par les fouilles plus récentes, dont un cpte-r. sommaire est fourni par H. THUMMLER. Karolingische and ottonische Baukunst in Sachsen, dans Das erste Jahrtausend, t. II, Dusseldorf, 1964, p. 876.

(102) R. T0URNIER, Les églises comtoises. Leur architecture des origines au XVIIIe siècle, Paris, 1954, p. 62 sv.

(102) Sur Nivelles, A. MOTTART, La collégiale Saint-Gertrude..., op. cit., p. 51-52. - On peut se demander, avec P. FRANCASTEL, si l'introduction de cet arc central ne répondait pas à l'idée d'une démarcation symbolique proposée entre deux églises primitives (d'où le double patronat sans doute), réunies au sein du même bâtiment, depuis que le principe « d'agglomération » carolingien eût prévalu sur celui de séparation des « complexes ecclésiaux » mérovingiens (A propos des églises-porches: du carolingien au roman, dans Mél. L. Halphen, Paris, 1951, p. 247-257).

(103) C. BOURGAULT. Les colonnettes..,. op. cit., p. 41-44; J. PHILIPPE. Les fouilles..., op. cit., p. 38. - Sur ce type de pavement, déjà employé aux époques mérovingienne et carolingienne, voir A. MOTTART, La collégiale Sainte-Gertrude..., op. cit., p. 28; S. BRIGODE, L'architecture religieuse dans le Sud-Ouest de la Belgique, dans BCRMS, t. I, 1949. p. 229; R. LEMAIRE. De romaanse bouwkunst..., op. cit., p. 72; G. PLAT. L'art de bâtir en France des Romains à l'an 1100, paris, 1939, p. 47 etc.

(104) Annexe, texte n° 9 A.

(105) Ibid., n° 6 A (crusta: écorce, enduit).

(106) G. KURTH. Notger de Liège..., op. cit., Annexe, p. 29 sv. - Voir H. JANTZEN. Ottonische Kunst, Hambourg, 2e éd., 1959. p. 61 sv. Faut-il rappeler la personnalité, à vrai dire fort mystérieuse et discutable à certains égards, du peintre Jean employé par Otton III à Aix et peut-être par Baldéric II à St-Jacques de Liège au tournant des Xe et XI s.

(107) Annexe, n° 9 B.

(108) Inventaire du trésor en 1025 édité par E. SCHOOLSSEESTERS. Un manuscrit de Langius, dans Leodium, t. XIII, 1914-1920, p. 44-45 (pallia, dorsalia, vela et tapete).

(109) Le Chronicon rhythmicum (XIIe s.) (éd. J. ALEXANDRE, Chrorica Lobbiensia, Liège, 1882, p. 168) porte ces vers: « Tandem dedit decem dorsalia, quibus unus in dextro paries decoratur et templi facies. » Gilles d'Orval a consigné cette mention dans ses Gesta (MGH.SS., t. XXV, p. 94): « In ecclesia etiam sancti Lamberti dedit decem dorsalia, opere pulcherrima, quibus unus in dextro paries decoratur et templi facies».

(110) En 1025, le trésor en comptait six autres, plus petites, en or (n. 108). Le Breviloquium (Annexe, n° 11 A) dit qu'en 1185, « auguste operositatis corona, que pendebat in medio, dum tumultarie et raptim deponitur, immo deicitur, plurimum dissipata est. » Jean d'Outremeuse connaissait encore au XIVe s. une couronne de lumière, peut-être fabriquée partiellement avec les restes de l'ancienne: « Droit desous où l coronne pente... Où li coronne pent al jour d'huy » (Ly Myreur. -, op. cit., t. IV, p. 303 et 473). Cette couronne était suspendue à l'entrée de la grande nef » vers l'ouest (X. V. Den STEEN, Essai historique..., op. cit., p. 32; l'A, ajoute, p. 35, qu'elle mesurait 100 pieds de circonférence, ce qui parait excessif). Voir R. FORGEUR dans Le Vieux liège, n° 139 (1962), p. 208-215 et n° 151 (1965), p. 532-533.

(111) Annexe, n° 10. La Continuatio Sigeberti Gernblacensis (v. 1136) cite un clerc « ante crucifixum orantem » (MGH.SS., t. VI, p. 376). La Vita Frederici (+ 1121) consigne également: « Ante maioris cancelli oratorium, in faciem crucis Christi... tumulatur » (dans MGH.SS., t. XII, p. 506).

(112) Aux cérémonies surtout (p.ex. Annexe, n° 5 ou Appendice, p. 54).

(113) H. MICHELANT. Voyage de Philippe de Hurges..., op. cit, p. 67 sv.

(114) Essai historique..., op. cit., p. 160 la croisée orientale aurait eu, à la période gothique. 45 pieds de côté, soit quelque 13 m, ce qui correspondrait assez bien avec la largeur de la nef d'après P. Lohest: la croisée serait donc carrée.

(115) Der frühe deutsche Kirchenbau, 2e éd., Berlin, 1949, pl. 41.

(110) S. BRIGODE. Les anciennes abbatiales..., op. cit., p. 188. Au-dessus dune sorte de « transept » occidental saillant règne une grande tribune en communication avec des tours; l'ensemble rappelle singulièrement les églises-porches carolingiennes.

(117) J. LEJEUNE, Les Van Eyck..., op. cit., p. 47-51: le sanctuaire oriental aurait eu 18 m de profondeur.

(118) C'est à elles sans doute que font allusion les « salles de passage entre ces chapelles [orientales] et le choeur » dont L. GRODECKI refuse l'existence (Au seuil de l'art roman...., op. cit., p. 107).

(119) J. LEJEUNE. Les Van Eyck..., op. cit., p. 147 sv., répond négativement, en raison d'une thèse plus générale. T. GOBERT, Les rues de Liège..., op. cit., t. III. p. 182 et t. V, p. 350, conclut affirmativement: C. BOURGAULT également (n. 123).

(120) H. BUNJES, Beiträge zur Kunstgeographie..., op. cit., p. 56, croit que les tours orientales du XIIe s. sont assises sur des tours plus anciennes. - A noter la construction de tours orientales à Metz dès le Xle s.

(121) N. IRSCH, Die trierer Abteikirche..., op. cit., p. 141, pense au contraire que les tours du XIIe s. ont été ajoutées, en fonction d'un parti fort répandu à l'époque dans le groupe tréviro-lotharingien.

(122) Notamment à Huy très probablement (en 1066), à Tongres sans doute (vers 1100), à Saint Trond sûrement (dès avant 1082), puis à Tirlemont, à Maastricht. etc.

(123) Voir sa maquette (1951) au Musée diocésain de Liège (cfr n. 30).

(124) Fig. . - Cette rue occupait l'emplacemuent de la « Rue sous la tour »; quant à la « Rue sous la petite tour » (aujourd'hui Rue de Bex), elle daterait seulement du début du XlXe s. (T. GOBERT, op. cit.) voir J. LEJEUNE, Les Van Eyck, op. cit., p. 148 sv.

(125) E. PONCELET. Les architectes..., op. cit., p. 20, n. 2.

(126) « Domus de Holonia et Rosa in vico retro turrim ecclesie et in opposito thesaurarie subtus dicturn [sic] turrim » (éd J. LEJEUNE., op. cit., p. 150, n. 60); au XVe s.. des textes sur ces demeures, sises dans l'actuelle Rue de Bex, répéteront la même formule (T. GOBERT, op. cit., t. V, p. 354 et n. 3 sv.). La trésorerie, transférée après 1455 près de la nouvelle tour, se trouvait avant au début de la « Rue sous la tour », (T. GOBERT, op. cit., t. III, p. 182; JEAN D'OUTREMEUSE. Ly Myreur.., op. cit., t. IV, p. 140).

(127) « Une pièce de terre... seante desous la vilhe tour delle dicte eglise, joindante alle thour neuve, alante à mur del parvis,... » (éd. J. LEJEUNE, op. cit., p. 150, n. 59).

(128) Ce dernier A. juge que l'expression « turris ecclesie » signifie simplement « tour appartenant à l'église » au lieu de, p. ex., « la tour de l'église ». Interprétation peu logique et contraire à bien des habitudes d'écrire. Mais, une fois de plus, l'A est amené à interpréter ainsi les documents pour expliquer la tour crénelée que Van Eyk a peint à proxirmiité de la « cathédrale », entre ce qu'il identifie comme la Rue sous la tour et la Rue sous la petite tour.

(129) H. MICHELANT, Voyage de Philippe de Hurges..., op. cit., p. 71: « Il semble que le dessein fut d'eslever un autre semblable clocher, et vis-à-vis de celui-cy, de l'autre costé du choeur, vers l'occident, qui eut servy de grand ornement à l'église, mais il est demeuré imparfait ».

(130) Annexe, n° 5, 6, 11 A, 15. - L'empereur Henri IV (+ 1106) fut enseveli pour peu de temps devant le choeur oriental: « Heinricus imperator Leodii moratus..., non longe post octo diebus egrotus, nono moritur et in ecclesia sancti Lamberti coram altari sancte Marie tumulatur » (Ann. Hildesheimenses, dans MGH.SS., t. III, p. 109, a ° 1105); C'est à partir de cette indication que dans une thèse criticable, A. Mann a cru pouvoir identifier le choeur Notre-Dame au choeur occidental (Doppelchor und Stiftermemorie. Zum kunst- und kultqeschichtlichen Problem der Westchöre, dans Westfalische Zeitschrift, t. CXI, 1961, p. 238, n° 33); il n'en est évidemment rien.

(131) Annexe, n° 2B et 2C; Appendice, p. 54 et n. 204.

(132) Ibid. La crypte a donné son nom à une liaison de la « grotte » adossée au cloître oriental, près de l'abside gothique (fig. 1) (voir J. PHILIPPE, Propos historique..., op. cit , p. 9-10; J. LEJEUNE. les Van Eyck..., op. cit., p. 150; T. GOBERT, Les rues de Liège..., op. cit., t. V, p. 352, avec quelque confusion); au XIVe s., on parle plus clairenient encore de la « domus de cripta » (E. PONCELET, Les domaines urbains de Liège, Liège, 1947, p. 92, n. 4). Les termes de crote, grotte, croute, etc., sont courants en vieux français pour « crypte ».

(133) Annexe, n° 8.

(134) Annexe, n° 9.

(135) Zur Bau-. Nivelles, op. cit.. p. 13 (« Hinweis auf eine Chorwölbung »).

(136) « Nostri autem, post combustionern templi, cum sanctuarium, stante adhuc firmisse muro fortissimo. facili sumptu possent cooperuisse,... » (Gesta abbatum Trudonensium, éd. C. De BORMAN, Chronique de l'abbaye de Saint- Trond, 2 vol.. Liège. 1877, t. I, p. 73).

(137) « Nemine super illud [altare] audente divina celebrare, eo quod camera testudinis supervolute... ruinam suam... minari videbatur » (dans MGH.SS., t. VIII, p. 564.

(138) R. MAERE, La collégiale Saint-Vincent à Soignies, dans Rev, belge d'archeol. et hist. art, t. VII, 1938. p. 14, et S. GODE, L'architecture religieuse .... ...op. cit., p. 149-151 pour les autres édifices, voir les ouvrages cités de R. Lemaire, H.E. Kuback. ect.

(139) Der frühe deutsche Kirchenbau, op. cit., pI. 41.

(140) Sur son plan illustrant La cathédrale de Saint-Lambert..., op. cit., h-t. dans son Essai historique..., op. cit., p. 11, et 160, le même A. évaluait à environ 70 m la distance séparant l'entrée intérieure du choeur occidental et celle du choeur oriental (les transepts inclus par conséquent).

(141) Les rues de liège..., op. cit., t. III, p. 469.

(142) L'indication, fruit dune probable réminiscence de la tradition orale, relatée par Jean d'Outremeuse (Annexe, n° 2) sur la maison « de la grotte » (n. 152), n'est pas suffisament précisée pour retrouver la longueur de la cathédrale ottonienne. Au reste, le chantier important du choeur oriental (terminé en 1319) a sans doute modifié la topographie des alentours, mais dans une mesure impossible à définir.

(143) X. VAN DEN STEEN, La Cathédrale de Liège et son Chapitre..., op. cit., p. 29 et 87; T. GOBERT, Les rues de Liège..., op. cit, t. II, p. 386 sv (s.v.Cloitres) et t. III, p. 495 sv. (s.v. Portique); E. PONCELET, Les architectes..., op. cit., p. 17 et ss.; J. LEJEUNE, Les Van Evck..., op. cit., p. 143 sv.; J. PHILIPPE, Van Eyck et la genèse mosane..., ap. cit., p. 111-112 et t 116; ID.. « La Violette ». L'hôtel de ville de Liège (Moyen âge - 1919), Liège, 1956, p. 20 et 46 etc. La mention en a échappé à J. DE STURLER, A propos des cloîtres orientaux des régions mosanes... et d'ailleurs, dans Mel. F. Rousseau, Bruxelles, 1958, p. 583-6o6.

(144) D'où le nom du local de l'échevinage: le « Détroit » (du latin districtum) (J. PHILIPPE, Van Eyck et la genèse mosane..., op. cit., p. 77 sv.).

(145) Les Van Eyck..., op. cit., p. 151-153; l'A., pour des raisons entrevues plus haut (p. 45), ne pouvait admettre leur antériorité, sous peine de déforcer dangeureusement sa thèse sur l'identité du site liégeois et du paysage peint par Van Eyck vers 1425-1430 dans « La Vierge au chancelier Rolin » le tableau ne représente pas de cloître. Le cloître oriental était long de 170 pieds environ, dit X. VAN DEN STEEN, Essai historique..., op. cit., p. 9; il avait un minimum de 71 pieds de largeur (R. FORGEUR, Le plan de la cathédrale..., op. cit., p. 138); deux portails l'ouvraient sur le marché, à l'est (gravure reproduite par J. LEJEUNE, ibid., p. 146, fig. 81).

(146) J. PHILIPPE, « La Violette ».... op. cit., p. 20; J. LEJEUNE, Les Van Eyck..., op. cit., p. 150.

(147) J. CEYSENS, Parvis et Paradis, dans CAPL, t. XVIII, 1926, p. 86-89; V. MORTET, Recueil de textes relatifs à l'histoire de l'architecture..., 2 vol., Paris, 1911-1929, t. 1, p. 401 et t. Il, p. 231; O. LEHMANN-BROCXHAUS, Schriftquellen zur Kunstgeschichte des 11, und 12. Jahrhunderts. 2 vol., Berlin, 1938. t. II, p. 311; J.F. NIERMEYER. Mediae latinitatis lexicon minus, Leyden, 1954 sv., p. 67; N. FRAIKIN. L'église Saint-Dents à Liège, op. cit., p. 21 (« in parvisio »); Versus fratris Lamberti..., éd. K. HAMPE dans Neues Archiv, t. XXII, 1897, p. 373 sv. (« in paradyso ») sur Fosses, voir la n. 168. Ajoutons les Gesta abb. Trudon., à propos de St-Pierre à Gand, au 2e qu. du XIIe s.: « Jacet sepultus in medio prati, ante ou identalem portam monasterii, quo circumdat undique murus vasti et bene compositi paradisii » (dans MGH.SS., t. X, p. 302). Etc.

(148) E. PONCELET, Les architectes..., op. cit., p. 17; J. PHILIPPE, Von Eyck..., op. cit., p. 116.

(148') C. GAIER, La fonction stratégico-défensive du plat pays au Moyen Age dans la région de la Meuse moyenne, dans Le Moyen Age, t. LXIX, 1963, p. 756 et n. 6; un record de 1388 consigne cette tradition et J. de Hemricourt en parle à son tour: « Item sont quitte de touny cheaux d'Yvo, par tant qu'ilh doient wardeir la citeit et l'enclostre Saint-Lambert sour le rivaige de Mouze, droit al devant del hospitaule al Chaine » (Oeuvres, t. III, p. 138). Ce texte a cependant une portée plus large que les autres, car il mentionne le I.d. « al Chaine » (voir n. 151).

(149) E. PONCELET, ibid., p. 21: « En cely temps [1438] fut parfais le capitle delees l'escole à Saint-Lambert et le voysure de cel enclostre » (Chronique de jean de Stavelot (+ 1449), éd. A. BORGNET, Bruxelles, 1861, p. 398).

(150) J. LEJEUNE, op. cit., p. 45, n. 9. Voir aussi le texte cité à la n. 127 (« parvis »).

(151) S. BORMANS et E. SCHOOLMEESTERS, Cartulaire de l'Eglise Saint-Lambert de Liège, t. I, p. 596-397. Or, « li prevost demoroit en le maison joindante ale chayne en Gerardrie » (J. d'Outremeuse, Ly Myreur..., op. cit., t. IV, p. 484). Sur Gérardrie, voir la fig. 1 et T. GOBERT, les rues de Liège..., op. cit., t. II, p. 304 sv. et t. III, p. 122 sv. Le palais était au nord et Gérardrie au sud, reliés par un mur (ancienne enceinte du domaine épiscopal primitif ?). Sur « al chayne », voir T. GOBERT, ibid: J. CUVELIER, Ale Chayne, Contribution à l'histoire des origines des institutions judiciaires, dans BCRH, t. LXXI, 1902, p. 174-175, et M. YANS, Prieuré de Saint-Mathieu à la Chaîne à Liège, dans Monasticon belge, t. II, 1955, p. 386.

(152) J. LEJEUNE, Les Van Eyck..., op. cit., p. 144-145.

(152') Arch. Etat Namur, Collég. de Sclayn, reg. 889, I° 65 (sur les comptes: J. ROUHART-CHABOT, L'hôpital de Sclayn au moyen âge, dans Mel. F. Rousseau, Bruxelles, 1958, p. 485-488).

(153) R. LESUISSE, Découvertes faites pendant les travaux en cours place Saint-Lambert, dans CAPL, t. XXI, 1930, p. 25-26.

(154) Fuit processio facta ante gradus, ibidem scalibus existentibus, et inde sub turri, redeundo ante porticum magnum » (Anonyme v. 1500, Chroniques liégeoises, éd. S. BALAU t. I, p. 392).

(155) H. MlCHELANT, Voyage de Philippe de Hurges..., op. cit., p. 67 sv. - X. VAN DEN STEEN. Essai historique..., op. cit., p. 13. donne les chiffres, incontrôlables, de 250 sur 110 pieds.

(156) J. PHILIPPE, Voit Eyck.... on. cit., p. 116, a bien mis en relief le danger qu'il y aurait à trop insister sur les termes de « nouveaux » (est) et de « vieux » (ouest) par lesquels les cloîtres sont désignés.

(157) « Facta processione per utrumque claustrunt, cantata est missa per clerum (C. DE BORMAN, Chronique d'Adrien d'Oudenbosch. Liège, 1902, p. 197).

(158) J. LEJEUNE. Les Van Eyck..., op. cit., p. 145, n. 41 (pas avant 1185) et p. 145. n. 46: l'A ne considère pas les cloîtres comme des annexes traditionnelles, mais il l'admet pour les « degrés » (peut-être dès le XIe s.). Pourquoi ceci et pas cela, sinon sans doute parce que le peintre a représenté les « degrés » seulement?

(159) « Hac diruta, templum... exaltavit, ornamentis decoravit, claustra ac domorum vel officinarum edificia renovavit... » (dans MGH.SS., t. XXV, p. 58).

(160) Pour Huy, charte de Théoduin de 1066) (LF GENICOT, Vie commune, domaine et prévôté, dans Rev. Hist. Ecclés., t. LIX, 1964, p. 40); pour Saint-Trond, plusieurs textes médiévaux.

(161) Columpne veteris templi (i.e. celui antérieur à Notger) cum basibus et capitellis suis, ante faciem templi modernioris, in porticu que ducit in forum rerum venalium,... comparationem... offerre possunt » (G. KURTH, dans BCRH, 4e s., t XVII, 1890, p. 415).

(162) MGH.SS., t. XXV, p. 42.

(163) Du CANGE. Glossarium, t. VI, p. 425; JF. NIERMEYER. op. cit., p. 815-816; V. MORTET, op. cit., t. I, passim; E. LESNE, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. III (1938), p. 111; A. SCHELER, Glossaire roman-latin du XVe siècle, dans Ann. Acad. Archéol. Belg., t. XXI. 1865, p. 129; E. KNÖGEL, Schriftquellen zur Kunstgeschichte der Merowingerzeit, dans Bonner Jahrbucher, t. CXL.CXLI, 1936, p. 28-29; 0. LEHMANN-BROCKHAUS, op. cit., t. II. p. 317. Le même ternie est employé à Lobbes (Gesta abb. Lobb., dans le Spicilegium, t. Il, p. 752), à Waulsort (Vita Hiltrudis, dans AA.SS. Sept. 7, p. 465 et Hist. Walciodorensis, dans MGH.SS., t. XIV, p. 539), à St-Pierre de Liège (T. GOBERT, Les rues de Liège ..., op. cit., t. IV, p. 544, n. 5 et 6) etc.

(164) Art, cité à la n. 6.

(165) Cum plures mercenariorum stationes in paravisio ejusdem ecclesie essent,... » (Cartulaire..., ..op. cit., t. I, p. 114), Pour la charte de 1237, voir la n. 151.

(166) L.F. GENICOT, Vie commune, domaine et prévôté, op. cit. (où bibliogr.).

(167) Voir n. 160.

(168) J. MERTENS et S. CLERCX, Fosse. Recherches archéologiques dans la collégiale Saint-Leuillen, dans BCRMS, t. IV, 1953, p. 171 et 179.

(169) J. De STURLER, A propos des cloîtres orientaux..., op. cit., p. 584 sv.

(170) A. MOTTART, La collégiale Sainte-Gertrude..., op. cit., p. 77-79; J De STURLER. p. 589 et n. 34.

(171) G. FRANCOIS. Notice archéologique sur l'ancienne abbaye de Saint-Gérard, Maredsous, s.d. (1956), p. 35-36.

(172) Frequentia populi qui benedctionem ab illo [Folcuino] petiturus iam exultantis aule terebat atria » (Miracula S.S. Ursmari et Erluini, dans MGH.SS., t. XV/2, p. 833).

(173) L'existence de 2 portiques, à l'E, et à l'O... apparaît nettement à J. HUBERT dans la description des cérémonies liturgiques (Saint-Riquier et le monachisme bénédictin..., op. cit., p. 305).

(174) II s'agit du fameux plan (y. 820) sur lequel apparaissent aussi deux « paradisi », oriental et occidental. A. WECKWERTH, Die fruhchristliche Basilika und cher St-Caller Klosterplan, dans Zeitschr. für schweizerische Archäol. und Kunstgesch., t. XXI, 1961. p. 143-151; J. DUFT et W. HOR; dans l'ouvrage collectif intitulé Studien zum St. Galler Klosterplan, Saint-Gall, 1962.

(175) R. T0URNIER, Les églises comtoises..., Paris, 1954. p. 36 et 39-40.

(176) L. GRODECKI, Au seuil de l'art roman..., op. cit., p. 31; EM. WAGNER, Karolingische Kunst in Fulda, dans Fulda und die Röhne, Fulda, 1954, p. 28-33.

(177) L. GROOECKI, ibid.. p. 27.

(178) O. DOPPELFELD.Stand der Grabungen and Forschungen am alten Dom von KoIn, dans Forsch, zur Kunstgesch. and christl. Archäologie, vol. I, Baden-Baden, 1954, p. 79.

(179) G. VON BEZOLD. Zur Geschiche der romanischen Baukunst in der Erdiözese Mainz, dans Marburger Jahrbuch, t. VIII-IX. 1936, p. 8o.

(180) C Bourgault, les a figurés sur sa maquette (voir n. 30).

(181) Une liste a été publiée par G. KURTH au t. II de son ouvrage sur Notger de Liège..., op. cit., p. 29 sv. (sont cités les autels numérotés par nous 1, 2, 3, 5, 6 et 8). Voir aussi E. SCHOOLMEESTERS, Liste des autels de la cathédrale de St-Lambert [mil. XVIIe s.], dans Leodium, t. VIII, 1909, p. 80-90. - Signalons aussi que le « vieux-choeur » est cité en 1372 (Leodium, t. XIII, 1914, p. 31 et 1554 (S. BORMANS, les seigneuries allodiales du pays de Liège, Liège, 1867, p. 83).

(182) MGH.SS., t. VII, p. 200.

(183) Annexe, n° 5.

(184) «Corpus deinde beati martyris [Lamberti] ab altari sancte Crucis, penes quod repositum fuerat, Ievatum est, decentique illatum feretro, in medio eclesie debitis asservabatur obsequiis... Quod videlicet sunt executi abbates religiosi et ad hoc electi probabiles (?) viri, qui beata ossa penes altare sancte Crucis, situm in oratorio eidem basilica adiuncto... ad nocturnum transposuere silentium... Elapsis post hec duobus fere annis, venerabile martynis corpus in cripta sub altari sancte Trinitatis, ingenti cum gloria et honore, 14. KaI. Januarii est relocatum » (Triomphale Bulonicum, par Renier de St-Laurent, v. 118O, dans MGH.SS., t. XX, p. 587).

(185) Annexe, n° 9 A.

(186) «In ipsa maiori ecclesia, quidam iuvenis letali percussus vulnere, sancte Trinitatis altari micubuit » (Vita Odilie. De triompho sancti Lamberti in Steppes, 1e moit. XIIIe s., dans MGH.SS., t. XXV, p. 176).

(187) « Hic igitur Richarius erexit altare ante corpus sancti Lamberti in honore sancte Trinitatis, sicut testatur epistola quam superius scripsit de cantu sancte Trinitatis » (Gesta Episc. Leod., v. 1250, dans MGH.SS., t. XXV, p. 52). Voir n. 55 et 182.

(188) « Illico fulmen a parte aquilonali ingrediens, quendam clericum retro altare sanctorum Cosme et Damiani in pulpito legentem, et alterum ante crucifixum orantem, tertium de scriptorio ecclesie proximo egredientem in ipso ecclesie ingressu extinxit » (Continuatio Sigeberti Gemblacensis, v. 1136, dans MGH.SS., t. VI, p. 376).

(189) Notamment dans Ly Myreur..., op. cit., t. IV, p. 140 ( « li capelle de Saint Cosme et Saint Damien astoit la opposite de cuer », c.-à-d. du nouveau choeur gothique). Sur cet autel, voir E. P0LAIN dans Leodium, t. XXVIII, 1935, p. 81. Les décrets du nonce Albergati traite en 1614 de cet autel « in vetere choro » (éd. H. DESSART dans BCRH, t. CXVIIII, 1953. p. 271). Voir aussi la n. 55.

(190) Annexe, n° 4.

(191) ibid., n° 5 .

(192) « Et in ecclesia sancti Lamberti coram altari sancte Marie tumulatur [Henri IV, + 1106] (Annales Hildesheimenses, ad. a. 1105. dans MGH.SS., t. III, p. 109). Voir la n. 130.

(193) Annexe, n° 8.

(194) Passage d'une charte capitulaire: « Et pro missa in maiori altari beate Marie in memoriam ipsius matris Domini in perpetuum celebranda » (S. BORMANS et E. SCHOOLMEESTERS, Cartulaire... Saint-Lambert de Liège, op. cit., t. I, p. 96-97).

(195) Annexe, n° A, B et C.

(196) Voir la n. 53. La tradition veut que st Lambert ait été tué à cet endroit vers 705 (n. 4). Les martyrologe et calendrier de Munsterbilzen signalent au 23 déc. la « translatio sancti Lamberti ab ecclesia Sancte Marie in criptani et eiusdem dedicatio in honore omnium sanctorum » en 1143 (?) (M. COENS dans les Anal. Bull., t. LXXXV. 1967. p. 126; et BIAL, t. XII. 1874. p. 33).

(197) Annexe, n° 5. Gilles d'Orval cite la « cripta Sancti Lamberti » (op. cit., p. 52).

(198) T. GOBERT, Les rues de Lièges..., op. cit., t. V, p. 352, n. 3.

(199) Annexe, n° 6B.

(200) Annales Rodenses (dans MGH.SS:, t. XVI. p. 701).

(201) Pour la citation, voir la n. 184. - L'autel de ce nom était quasiment toujours situé au centre de la nef ou dans sa moitié orientale; G. BANDMANN, Früh und hochmittelalterkiche Altaranordnung als Darstellung, dans Das erste Jahrtausend, t. I, 2e éd., Dusseldorf, 1963, p. 398-399.

(202) Charte capitulaire de 1117: « In cripta autem sancti Theodardi, ad altare Thome apostoli » (Annexe, n° 7).

(203) MGH.SS., t. XXV, p. 95.

(204) « A venerabili Nogero episcopo translatum est sacrum corpus eius [ Floribert, + v. 740] a loco sue prime translationis et, cum sarcophago de marmore Pario, qui est lapis albus, in altari cripta inferioris nove ecclesie beati Lamberti, decenter ut decuit, est relocatum » (Ibid., p. 46).

(205) Annexe, n° 9 A: « alia sanctorum altaria ». Sont-ce ceux énumérés ci-devant ou d'autres encore, comme celui de la mystérieuse « beati Nicolai criptula » signalée au XIIIe s. (Vita Odilie.. ., op. cit., p. 176) ?

(206) Zur Bau... Nivelles, op. cit., p. 54 sv. (« Ubersicht »). Les considérations générales qui clôtureront l'ensemble des monographies, insisteront plus longuement sur la position de Bellmann exprimée des 1941.

(207) Ce plan influa tout de même sur ceux de Cologne et de Paclerborn II (voir n. 174 et H. THUMMLER, Karolingische und ottonische Baukunst in Sachsen, op. cit, p. 869). Sur l'erreur du passage de Notger à Saint-Gall: G. KURTH. Notger de Liège..., op. cit., t. 1. p. 35 sv.

(208) E. REISSER, Die fruhe Baugeschichte des Munsters zu Reichenau, Berlin, 1960, et l'important cpte-r. de E. LEHMANN dans ZKW, t. XXVI, 1963. p. 47 sv. (le second transept et les chapelles orientées pourraient bien provenir de modèles mosans).

(209) A. KOCH, Der Dom Ottos I. in Magdeburg, dans Zentralblatt der Bouverwaltung, t. LXI, 1941, n° 10, p. 168-172; opinion reprise par E. LEHMANN, Der frühe deutsche Kirchenbau, op. cit., p. 125. L'hypothèse de Koch est contredite par les fouilles récentes de Bellmann et Leopold, encore inédites, mais résumées par H. THÜMMLER, Karolingische une ottonische Baukunst in Sachsen, op. cit., p. 882 et fig. 11; des modifications substantielles ont été apportées à l'édifice d'Otton au début du XIe s.; la cathédrale n'aurait qu'un transept oriental et sa fondation ne remonterait pas avant 968, date de la création du diocèse de Magdebourg. Tant par son plan (très loin de celui imaginé par Koch) que par sa date, la cath. d'Otton n'a plus pu jouer un grand rôle sur celle de Notger à Liège.

(210) Fouilles inédites de Bellmann et Leopold, condensées par le même H. THUMMLER, ibid., p. 890 et et fig. 24 (cet A. reprend évidemment la thèse de Bellmann sur l'influence de la Saxe vers Liège). La construction de Memleben est pratiquement contemporaine de telle de Liège (voir les MGH. Dipl., t. II, p. 218, 221, 222, etc.: locum Minelenc... o nobis... speciali devotione et sumptu inceptum et constructum); l'abbatiale avait quelque 80 m de longueur; sa terminaison orientale et celle de l'ouest, inconnue, ne peuvent étayer la thèse de Bellmann.Thümmler.

(211) O. DOPPELFELD, Stand der Grabungen und Forschungen am alten Dom von Köln, dans Forsch, zur K. gesch. und christl. ArchäoL, vol. I, Baden-Baden, 1954, p. 69-100; Id., Die Ausgrabung unter dem Kölner Dom, dans Neue Ausgrabungen in Deutschland, Berlin, 1958, p. 322-328. Les prises de position de Doppelfeld, spécialement en matière de chronologie, sont loin de rallier l'unanimité; le Bau, situé par Doppelfeld au debut du IX s., est maintenant attribuée communément à Brunon dans le troisième quart du Xe (long commentaire critique de I. ACHTER. Die Kölner Petrusreliquien und die Bautätigkeit Erzbischof Brunos (935-965) am Kölner Dom, dans Das erste Jahrtausend t. II, Dusseldorf, 1964, p. 948-977) l'existence du transept oriental est justement mise en doute par certains AA. (Ibid., p. 966 et n. 70) un terminus ad quem » de la construction ottonienne est fourni par la miniature du Codex Hillinus (v. 1025) d'où l'adjonction des nefs extérieures et peut-être de l'atrium oriental ne dateraient que du milieu du XIe s. (Ibid.. p. 974). La théorie de Doppelfeld est combattue par W, WERES, Der Karolingische Dom zu Köln, dans Karl der Grosse, t. III, Dusseldorf, 1965, p. 384 sv.

(212) Sur les nombreux déplacements de Notger, voir G. KURTH, Notger de Liège..., op. cit., t. I, p. 57 ss., et Annexe VI. Il est important de signaler que le décès de Notger est inscrit dans les Annales hiIdesheimenses (MGH.SS., t. III. p. 93, ad a° 1008), alors qu'aucun évêque des diocèses occidentaux n'y est mentionné. - Sur les rapports Liège-Saxe (notamment religieux et commerciaux: le cuivre de Goslar) voir M. LOMBARD, La route de la Meuse et les relations lointaines..., dans L'Art mosan, Paris, 1935, p. 9-29; H. WIEDEMAN, Karl der Grosse. Widukind und die Sachsenbekehrung, Munster i, W,. 1949, p. 31; Art mosan..., op. cit., p. 23; G. KURTH. ibid., p 59-60; H.W. KLEWICZ, Königtum, Hofkapelle..., op. cit., p.124.

(213) L. GRODECKI. Au seuil de l'art roman..., op. cit., p. 27-28; K.J. CONANT. Carolingian and romanesque architecture. 800-1200, Londres, 1959, p. 69 et fig. 18.

(214) Sur Corvey, voir en dernier lieu F. KREUSCH, Beobuchtungen an der Westanlage der Klosterkirche Corvey, Cologne, 1963; sur St-Ursmer de Lobbes, voir S. BRIGODE, Les abbatiales... Lobbes, op. cit. (l'hypothèse de l'A, sur l'appartenance au IXe s. d'une bonne part de la collégiale sambrienne n'est guère contestable, sinon sur l'un ou l'autre point de détail).

PLAN DU SITE