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Eglise Saint Jacques à Liège

Aperçu historique

EGLISE ROMANE

L'histoire de cette bâtisse remonte bien haut dans nos annales. La retracer serait écrire tout notre passé national. Nous n'en résumerons que quelques traits principaux, servant à dater les parties les plus importantes du monument,

Le chanoine Anselme nous raconte, dans sa chronique, que l'évêque Balderic, voulant faire bâtir un monastère en l'honneur de l'apôtre St-Jacques, fit jeter les fondations d'une église dans l'île. Dans cette partie de Liège, aujourd'hui si brillante, était alors une forêt, hantée par les bêtes fauves, inculte et horrible. (Chapeauville. I, 223) L'Evêque avait poussé l'ouvrage jusqu'à la hauteur des fenêtres, lorsque la mort l'obligea de laisser cette entreprise inachevée. Il avait fait construire dans cette église une crypte ou chapelle souterraine dédiée à l'apôtre St-André, dans laquelle il voulut être inhumé. D'après nos chroniqueurs, cette crypte était au milieu du choeur de St-Jacques, et la fondation de l'église remonterait au 26 avril 1016. (Sigebert de Gembloux indique 1014, date gravée plus tard sur la pierre tumulaire de Balderic.) En relisant l'un de ces récits naïfs, nous voyons que St-Jacques-en-île “ fut fondée du propre sang des Liégeois. “ Après avoir vaincu les Brabançons à Hoegarde, l'évêque Balderic aurait en effet imposé au comte Lambert de Louvain, comme prix de la paix, une contribution de guerre de 4,000 livres d'or; somme qu'il résolut de consacrer à l'édification d'une église “ où l'on prierait pour tous les Liégeois restés en cette bataille, par suite de la trahison du comte de Namur allié du comte de Louvain. “

Balderic appela dans le nouveau monastère des bénédictins de l'abbaye de Gembloux avec Olbert leur abbé. En 1019, l'empereur Henri II vint passer le carême en retraite à St-Jacques. L'évêque Walbodon, qui avait succédé à Balderic, y célébra l'office de Pâques. Sur les supplications des Bénédictins et les instances des frères de Balderic, l'empereur fit de nouvelles largesses, recommandant à Walbodon d'achever l'œuvre de son prédécesseur. L'évêque obéit immédiatement, fit abattre l'ancienne église et entreprit une nouvelle construction sur un plan plus vaste, en même temps qu'il continuait la bâtisse du monastère. Les successeurs de Henri II, les grands feudataires et les gentilshommes du pays de Liège, tinrent désormais à honneur de signaler leur munificence par des donations faites à l'abbaye St-Jacques.

D'après la plupart des historiens, la dédicace de l'église eut lieu en août 1030.

Les Bénédictins y établirent une de ces écoles célèbres qui défendent leur nom contre les reproches tant de fois adressés au monacisme. Outre son précieux chartrier, l'abbaye de St-Jacques possédait une bibliothèque de la plus grande richesse, surtout en manuscrits, dont quelques uns remontaient au 8ème et au 7ème siècle. Elle fut visitée par Pétrarque en 1333. De Saumery indique dans une note les ouvrages les plus remarquables.

L'abbé de St-Jacques devint bientôt l'un des principaux dignitaires ecclésiastiques de Liège. En 1245, à la demande des chanoines de St-Lambert, il obtint la mitre et la crosse: dans la suite les empereurs d'Allemagne et les papes lui confièrent souvent la mission de transmettre leurs diplômes aux Princes Évêques de Liège. Une charte de 1556 nous prouve même que Herman Rave avait été nommé par le St Siege gardien des droits et privilèges de la Cathédrale.

Un savant belge affirme “ que l'ancien portail et la tour octogone sont des restes de l'église construite au XIème siècle et offrent encore un des modèles les plus parfaits de l'architecture romane pure que possède la Belgique, bien que l'on ait muraillé toutes les ouvertures du portail à l'époque de la reconstruction de l'église. “ Il est cependant difficile de croire que nous possédions à St-Jacques quelques parties importantes de la construction de Balderic ou de Walbodon. Une tradition liégeoise nous apprend en effet que c'est en 1168 que la tour a été construite. Il est à remarquer néanmoins, que telle qu'elle est aujourd'hui, la tour, comme celle de Ste-Croix, est divisée en trois zones. On y trouverait peut-être des constructions de dates différentes. La première zone s'arrête à la hauteur des nefs de l'ancienne église, la seconde est une partie unie correspondante à la hauteur de l'ancien toit, et la troisième comprend le beffroi actuel des cloches dont la charpente peut aisément se dater. Cette tour, qui forme une partie tout-à-fait distincte de l'église, est construite en pierres de grès, matériaux que nous trouvons toujours, à Liège, sagement préférés aux blocs de sable, surtout pour les arêtes et les reliefs, si exposés à l'action destructive du temps et des avaries de tout genre. Le style du XIe ou du XIIe siècle est évidemment roman; si tant est que l'on doive préférer ce nom à ceux de plein-cintre, de romain, de romanesque proposé par M. Gunn, ou de Lombard si éloquemment défendu par M. Hope. C'est à cette tour que s'applique un projet de restauration que nous aurons bientôt lieu d'examiner.

Les constructions romanes sont assez rares en Belgique. Liège cependant possède de très importants spécimens de ce style: l'extérieur de St-Batrthélemy, la tour de St-Denis, celle de St-Jacques, l'abside de Ste-Croix, St-Nicolas en Glain. A St-Denis, nous trouvons le pilier soutenant le cintre caractéristique; et, selon l'affirmation de M. Schnaase, quelques détails fort intéressants font remarquer la construction de l'évêque Notger. Des archéologues étrangers considèrent la partie la plus ancienne de St-Jean (981) comme étant du style des basiliques et copiée d'après la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Un des caractères distinctifs des constructions romanes en Belgique est la tour massive et carrée, généralement à l'ouest de l'édifice; couronnée par une pyramide obtuse et quadrangulaire; n'étant pas, comme dans le roman des bords du Rhin, rompue par des angles et des pignons. Cette observation dit M. Schnaase, se vérifie à St-Denis, à Ste-Croix et à St-Jacques. Quant à St-Nicolas en-Glain, (1151), elle se rattache tout-à-fait au style des bords du Rhin, si bien étudié par les archéologues de ce pays. L'abside de Ste-Croix appartient aussi au roman rhénan, mais déjà plus développé, tel qu'on peut le reconnaître à l'église des Apôtres à Cologne. Immédiatement après cette époque l'architecture belge, qui ne s'était guère différenciée de l'architecture allemande, alors si brillante et si féconde, subit d'avantage l'influence des bâtisseurs français.

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