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L'abbaye de Saint Jacques de Liège

à la fin du XVIIIe Siècle

par André Lebrun

I. LA SÉCULARISATION DE L'ABBAYE DE SAINT‑JACQUES

Le XVIIIe siècle est celui de la paix et de la joie de vivre.

A Liège, le raffinement et le bien‑être sont à l'ordre du jour (1). Cette évolution du genre de vie exerce son influence sur les abbayes. Il suffit pour s'en convaincre de lire les descriptions de Saumery (2), Les logements des moines sont «commodes» et d'une « opulente modestie ». Les bâtiments sont partout « propres et riants ». L'air y est sain, la vue agréable, bref, il fait bon y vivre.

Les religieux ne semblent pourtant pas satisfaits de leur sort. Dans le domaine des manifestations de l'esprit nouveau, Saint‑Jacques occupe une place prépondérante. S'inscrivant dans la série des abbés bâtisseurs du XVIIIe siècle (3), Pierre Renotte (4) entreprend de grands travaux de rénovation, en fonction des goûts de l'époque (5).

Le voeu de pauvreté devait être difficile à respecter pour les moines de Saint‑Jacques, si l'on en juge par les revenus de l'abbaye. Le total des fermages atteint 61.000 florins par an (6). A cette somme, il faut ajouter 25.000 florins de rentes et le montant de la dîme qui en 1795 est de 44.000 florins.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, on perçoit certains signes de relâchement dans l'observance de la règle. C'est ainsi que l'usage du pécule est devenu pratique courante à Saint-Jacques (7). Le montant de ce pécule diffère selon les moines, ce qui risque de créer des jalousies au sein de la communauté. En 1764, la rente est uniformisée: chaque religieux profès recevra cent florins par an pour son vestiaires (8).

Mais, fatigués de la vie monastique, les religieux s'engagent dans la voie de changements plus radicaux: dès 1769-1770, des démarches sont faites auprès du pape pour obtenir la sécularisation. Je ne partage pas l'avis de M. Bragard qui estime que « les moines de Saint-Jacques et Saint-Gilles, devenus trop peu nombreux, préfèrent la sécularisation... » (9). L'argument du nombre des moines est inexact pour Saint-Jacques (10). Je me range plutôt à l'avis de Berlière: « Au fond, partout, c'est l'intérêt matériel qui tue l'idéal religieux (11)».

La première tentative de sécularisation a soulevé bien des remous. Le meneur de l'opposition est l'abbé de Stavelot qui proteste contre le scandale d'une telle démarche. Quelques moines de Saint‑Jacques se joignent à ses protestations. Rome délègue le nonce de Cologne, Caprara, pour restaurer la discipline dans l'abbaye. Au terme de sa visite, le nonce porte des décrets visant à rétablir l'observance monastique. Il réduit les récréations et les congés, réorganise les leçons de théologie et d'Écriture Sainte, interdit de porter perruque, supprime enfin tous les documents ayant trait à la sécularisation. C'était, du moins en apparence, l'échec des tendances sécularisatrices.

Cette victoire des tenants de l'ordre est éphémère. Quinze jours après le décès de l'abbé Antoine Maillart, survenu le 18 février 1781, les vingt‑deux membres de la communauté (12) désignent pour lui succéder à la tête de l'abbaye leur sous-prieur Augustin‑Lâmbert Renardy. L'élection se déroule le 8 mars 1781. Dans une lettre écrite le 22 mars (13), le nonce Caprara déclare qu'elle n'est pas canonique parce que les religieux avaient décidé d'élire Renardy, avant même de se réunir en Chapitre. Toutefois, afin d'éviter des troubles, dit Berlière (14), le nonce passe outre à cette irrégularité.

Né à Liège le 4 août 1739, fils de Pierre Renardy et d'Anne Catherine Stiennon, Guillaume (15) Renardy est tonsuré en 1754 et ordonné prêtre le 26 juillet 1762; bien qu'ayant suivi les cours de son confrère Jacques Destriveaux (16), il n'est titulaire d'aucun grade en droit canon ou en théologie (17). Un autre de ses confrères, jean Nijs, loue sa dextérité pour expédier les affaires et son zèle pour la discipline (18).

La vie de Saint‑Jacques de 1771 à 1785 est mal connue. Il est indubitable que des tractations sont menées en secret, car lorsque la sécularisation sera à nouveau réclamée, tout ira beaucoup trop vite pour que l'on puisse croire à une improvisation. Le silence est si bien conservé en cette matière qu'il est impossible de citer le moindre document antérieur à janvier 1785.

Le problème de l'érection de l'abbaye en collégiale a déjà été examiné par Berlière (20). Je me contenterai donc d'en rapporter les traits principaux, en centrant mon attention sur les changements dans le mode de vie des moines. Mon exposé se fonde essentiellement sur les sources reproduites par Jadin (21).

Berlière écrit qu'Augustin Renardy aurait pu s'opposer à la sécularisation et que, s'il n'en fit rien, c'est parce qu'il ne le voulut pas et qu'il se sentait soutenu par l'opinion publique et les hautes sphères (22). Il convient d'apporter quelques précisions à ce propos.

S'il est exact qu'aucun indice ne permet de supposer que l'abbé ait manifesté ne fût‑ce qu'une simple réticence; il est vrai aussi que lorsque dix‑huit religieux acceptent la sécularisation, Renardy est absent (23). Ceci se passe le 6 janvier et c'est le 11 que l'abbé donne son consentement. Bien sûr, il ne faut pas donner à ce détail une signification qu'il n'a peut‑être pas. Le tout est de savoir si les moines ont profité de l'absence de l'abbé pour agir et le mettre ensuite devant le fait accompli, ou bien si l'abbé a préféré ne pas être là au moment de l'acte afin que l'on ne puisse pas douter de la pureté de ses intentions (24); ou encore, s'il ne s'agit que d'une simple coïncidence, les deux données n'étant liées que dans mes hypothèses.

En ce qui concerne les soutiens sur lesquels Renardy pouvait compter, il faut faire une distinction. L'évêque était favorable à la réalisation du projet, nous le savons par les suppliques qu'il adresse aux autorités romaines (25); mais pour ce qui est de l'opinion publique, nous ignorons à peu près tout.

L'évêque de Liège, Constantin de Hoensbroeck, supplie le Saint‑Siège d'ériger l'abbaye en collégiale (26). Il a exposé son avis à l'abbé et aux religieux, leur disant que cette réforme serait bonne pour le clergé et que tous les États du Pays pensent de même. Son but est « d'augmenter la splendeur du culte et du clergé ». Il s'en explique dans une lettre au cardinal secrétaire d'État (27), Opizio Pallavicini. Il se plaint de ce que les monastères sont encombrés d'hommes qui « embrassent la vie monastique pour éviter le travail et vivre dans l'aisance (...). Ils ne rendent aucun service à l'Église, ne confessent pas les fidèles, ne donnent pas le catéchisme, ne prêchent pas, mais sont tout le jour oisifs dans la vigne du Seigneur. Dans les collégiales, au contraire, on donne très souvent des sermons au peuple. Les canonicats et prébendes de la future collégiale seront réservés aux familles honorables. C'est pourquoi il se porte garant de l'utilité et édification qu'apportera au diocèse l'érection du monastère de Saint‑Jacques en collégiale».

Un projet de sécularisation en vingt‑sept articles (28), est rédigé le 12 février 1785. Saint‑Jacques deviendra collégiale, avec les mêmes privilèges que les autres. Vingt‑deux canonicats seront attribués aux moines de l'abbaye, l'évêque et le pape en attribueront chacun un autre (29). Quant au vingt‑cinquième, il restera vacant durant soixante ans et ses revenus serviront à couvrir les frais de la construction des habitations du doyen et des chanoines. Les nouveaux chanoines seront déliés de leurs voeux de religion, sauf de celui de chasteté. Ils ne seront plus astreints à des jeûnes, ni à des abstinences particulières. Enfin, ils toucheront une prébende de 150 ducats (30). La dignité abbatiale sera conservée par Augustin Renardy jusqu'à sa mort. Le titre de doyen ne sera décerné qu'après celle‑ci et, en attendant, l'abbé en assumera les charges. Renardy touchera une pension de 10.000 florins, sans compter quelques autres avantages (31). Après sa mort, cette pension sera unie aux biens de la collégiale. On élira alors comme doyen un membre de la collégiale et comme abbé, un membre de la Cathédrale (32). On procédera également à l'élection d'un écolâtre et d'un chantre, touchant respectivement 208 et 175 florins. Comme on devra abattre en partie le quartier abbatial pour bâtir les maisons claustrales, le Pape accorde l'autorisation de construire une habitation pour l'abbé, utilisée ensuite par le doyen.

Deux dispositions particulières retiennent encore l'attention. Une pension sera réservée à joseph Mairin (33), frappé d'aliénation mentale depuis plusieurs années. Elle sera équivalente à la pension versée jusqu'alors aux Frères alexiens de Hasselt qui hébergeaient le malade. En cas de guérison, il recevra une pension convenable. Quant à Casimir Gilmart, il est considéré comme indigne de jouir des avantages de la sécularisation, étant donné qu'il s'est sauvé en 1770 avec 60.000 florins (34) et n'est jamais revenu.

Le Pape délègue l'évêque de Liège ou son Official pour faire exécuter le projet. Effectuée par l'évêque le 15 juin 1785, la sécularisation est confirmée le 31 juillet par joseph II (35).

Augustin Renardy ne devait pas profiter longtemps de son changement d'état, puisqu'il meurt le 24 juillet 1785. Comme prévu, on procède à l'élection d'un doyen en la personne de jean Deneumoulin. Au début du mois de décembre, le doyen et le Chapitre rédigent les statuts de la nouvelle corporation (37).

Pour coulure, voici un bref extrait d’une lettre écrite peu de temps après les faits par l'évêque auxiliaire de Liège, Charles‑Alexandre d'Arberg: « On dira, il y a des exemples de sécularisation; je le sais; mais je sais aussi que si des moines comme ceux de Saint‑Jacques ou autres, sont sécularisés aujourd'hui, c'est que des raisons fortes, évidentes, fondées sur les Canons, ont engagé Rome à se relâcher 38.»

L'opinion exprimée ici paraît pour le moins un peu trop confiante dans la pureté des motifs qui amenèrent la sécularisation de Saint‑Jacques. Il est regrettable que l'auteur ne cite pas à l'appui de son affirmation ces fameuses raisons évidentes et fondées sur les Canons. On est en droit de se demander si ce que l'évêque auxiliaire affirme correspond à une conviction profonde, ou s'il ne s'agit que d'un argument de circonstance (39). L'attrait de la prébende joint au désir de se libérer des obligations trop astreignantes de la règle monastique, telles me semblent être les véritables raisons qui poussèrent les moines à changer d'état. Mais un tel aveu sortant de la bouche d'un évêque, eût ouvert la porte à tous les abus.

A peine la nouvelle collégiale est‑elle établie, qu'un mouvement de contestation s'élève entre ses membres. Il débute alors qu'Augustin Renardy est encore en vie et se poursuit jusqu'à la fin de l'année 1787 (40).

Le premier document à signaler ne comporte pas d'indication de date et est probablement incomplet (41). Son contenu montre qu'il est antérieur à la mort de Renardy. Il s'agit d'une lettre adressée à l'évêque de Liège au nom du Chapitre de la collégiale (42). L'auteur de la lettre se plaint de ce que la propriété de tous les meubles du quartier abbatial a été accordée à l'abbé, « sub ou obrepticement ». Le Chapitre ne soupçonnait pas que l'on pourrait concéder la propriété d'une chose appartenant incontestablement au fond de la maison. Il reconnaît qu'avant la sécularisation, on avait donné à l'abbé l'usage des meubles. Suivant cet arrangement, l'abbé avait choisi ce qui lui convenait (43); disant qu'il payerait au Chapitre ce qu'il avait pris (44). L'argenterie choisie équivalait à 665 onces. Aujourd'hui il possède non seulement ce dont il disait avoir besoin, mais aussi tout le reste.

Cette première partie de la lettre sert en quelque sorte de préparation psychologique avant d'aborder le véritable sujet de la réclamation.

La bulle de sécularisation prévoyait la construction d'un quarterium decens pour l'abbé. De son côté, celui‑ci prétend ne vouloir aucune somptuosité. Mais, dans l'habitation qu'il se fait construire, on ne retrouve pas la décence ordonnée par Rome. S'il y a de la décence, elle est « grossièrement nuancée ». En sus d'une galerie en pierre et d'ornements sculptés, il prévoit une avant‑cour, ce qui entraînerait la destruction de bâtiments pouvant servir de maisons canoniales (45). L'auteur termine en insistant sur l'urgence d'une intervention de l'évêque. La maison s'élève et, si on ne modifie pas les plans pour réduire la dépense, il sera trop tard.

La réponse de l'évêque est inconnue, mais l'affaire devait connaître des rebondissements, dont nous allons parler.

Au mois de septembre 1786, le vice‑doyen et le Chapitre de Saint‑Jacques, dans une requête envoyée à Rome (46), exposent que par suite du décès d'Augustin Renardy, la maison qu'on lui avait fait construire est devenue vacante. Elle a été jugée trop grande et trop onéreuse pour le doyen (47) et pour le Chapitre qui a dû emprunter pour payer les frais de sécularisation. Le Chapitre demande l'autorisation de vendre la maison et de procurer au doyen une habitation dans l'ancien quartier abbatial, avec caves et jardins.

En réponse à cette demande, le Pape accorde à Constantin de Hoensbroeck l'autorisation de faire vendre la maison, s'il estime cette mesure utile pour le Chapitre de Saint‑Jacques (48). On assignera au doyen une habitation convenable dans l'ancien quartier de l'abbé et, ce qui est important pour la suite de l'affaire, on lui laissera le mobilier qui s'y trouve. Cette décision pontificale date du 11 septembre 1786.

Le doyen, jean Deneumoulin, ne devait pas se montrer satisfait des agissements des chanoines à son égard. Le 24 septembre 1787, Jean‑Joseph Labhaye (49) rédige en son nom un mémoire sur le déroulement des opérations depuis le décès d'Augustin Renardy. Le Chapitre s'est emparé de l'héritage du défunt. Sans produire de testament, il fit vendre le mobilier (50) et partagea entre les chanoines (51) l'argent liquide et tout le vin se trouvant dans la mortuaire (52).

Les charges d'entretien de la maison décanale récemment construite sont beaucoup trop lourdes pour le nouveau doyen qui ne jouit que d'une double prébende (53). Labhaye s'en rapporte à ce sujet au décret pontifical du11 septembre 1786, dont nous venons de parler. Les chanoines avaient laissé Deneumoulin dans l'ignorance de ce décret, précisément parce qu'il lui attribuait les meubles du quartier abbatial. Lorsqu'il eut vent de la chose, le doyen fit convoquer le Chapitre, le 4 septembre 1787. Au cours de cette séance à laquelle 13 chanoines seulement assistaient, le doyen voulut faire lire le décret. Mais les chanoines s'y opposèrent, arguant le fait qu'il n'avait pas le droit de réunir le Chapitre durant les mois de septembre et d'octobre. Sur ce, ils se retirèrent tous (54). Le doyen pense que le but des chanoines est d'obtenir du Pape qu'il lui impose d'occuper la vaste maison et de payer 4.000 florins. Ils font tout cela afin d'éviter la restitution des meubles du quartier abbatial qu'ils ont déjà vendus. Jean Deneumoulin supplie donc Rome de faire appliquer de décret du 11 septembre 1786.

L'affaire fut débattue par la Congrégation consistoriale, le 1er octobre 1787 (55). Nous apprenons que le doyen, ainsi que les chanoines Destriveaux et Davin, tentèrent de s'opposer à la vente des meubles et n'en acceptèrent leur part que pour éviter les disputes. Les chanoines entrent dans le choeur avec des bottes, en habits de couleur et avec des bas de soie blanche. Le doyen demande qu'on leur ordonne de restituer les sommes indûment perçues et que l'on prive de leurs revenus ceux qui se tiennent mal au choeur.

Le jour même, la Congrégation porte un décret (56) donnant raison à jean Deneumoulin, sauf pour le dernier point sur lequel elle s'abstient de se prononcer.

Un accord finit par être conclu le 6 mars 1788 entre le doyen et son Chapitre. Ce dernier s'engage à remettre des meubles dans la maison décanale jusqu'à concurrence de 2.000 florins. L'évêque approuve et confirme cet arrangement, pourvu qu'il soit dressé un répertoire des meubles laissés à l'usage du doyen et de ses successeurs (57).

 

II. LA FIN DE LA COLLÉGIALE DE SAINT‑JACQUES

Le 27 juin 1786, le pape Pie VI décrète la sécularisation de l'abbaye de Saint‑Gilles de Liège. Les nouveaux chanoines et leurs revenus sont incorporés à la collégiale Saint‑Jacques (58).

Le 3 mars 1788, après s'être partagé les ouvrages les plus récents, les chanoines de Saint‑Jacques procèdent à la vente de leur bibliothèque (59). En agissant de la sorte, ils montrent à quel point ils sont peu attachés au passé de leur communauté (60). Quelques volumes, cependant, sont rachetés par l'un ou l'autre des chanoines (61).

En dehors d'une allusion à des dons patriotiques (62), l'existence des chanoines durant la révolution liégeoise n'est pas connue.

Durant le premier séjour des Français à Liège, le 2 décembre 1792, le Chapitre de Saint‑Jacques se réunit à la maison décanale afin de statuer sur une demande faite, le jour même par le commissaire ordonnateur Ronsin (63). Celui‑ci réclame, au nom du général Dumouriez un emprunt de 20.000 florins, « avec assurance d'en être remboursé fidèlement ». Le doyen et les huit chanoines présents marquent leur accord.

En fait, ils ne disposent pas de la somme demandée, puisque le lendemain les chanoines Paque et Delexhy sont désignés par leurs confrères pour faire des démarches auprès des banquiers et des capitalistes de la Cité (64). Seize mille cinq cents florins, au moins, seront empruntés de la sorte, à vingt pour cent. La moitié de cette somme est avancée par Philippe-Joseph Kepenne (65).

Lorsque les Français sont de retour à Liège en juillet 1794, un bon nombre de chanoines ont mis leur personne en sécurité au‑delà du Rhin. Combien exactement? Pour répondre à cette question, il manque une liste exhaustive des chanoines, distinguant d'une part ceux qui sont restés au pays, de l'autre, ceux qui sont partis.

Dans une « liste des personnes frappées d'émigration et d'absence (66) », on relève cinq noms: Baral, Dadseux (67), Deneumoulin, Duvivier et Dessart (68). On peut ajouter Wemans et Poncelet qui, lorsqu'ils demandent leur réintégration, sont  déclarés « absents rentrés (69) ». Quant à Wéselot, il fut probablement parmi les émigrés, puisque le 9 thermidor an III, il demanda à être réintégré (70). Enfin, les lettres de Quinn Dadseux font état de la présence à Paderborn, en décembre 1794, des chanoines Delexhy et Kepenne (71), et de celle de Titeux à Essen (72). Nous en arrivons ainsi à un total de onze chanoines.

Les lettres adressées par le chanoine Dadseux, depuis Paderborn, à son frère Georges, donne une idée de ce que fut cet exil en Allemagne (73). Tout au long de son séjour Outre-Rhin, Quirin garde bon moral et ne semble pas dénué de ressources. Il fait même du tourisme, visitant Cassel, Munster et Dülmen. Quant au chanoine Titeux, il trouve le moyen, durant son exil, de prêter 6.ooo florins aux religieux de Saint‑Laurent (74).

Les chanoines restés à Liège n'attendent pas le retour de leurs confrères pour demander la réintégration. Le 3 messidor an III (21 juin 1795), ils font observer à l'administration d'arrondissement que la majorité des membres du Chapitre sont présents et ils demandent la marche à suivre pour être remis en possession de leurs revenus (75). Il semble qu'aucune difficulté majeure n'ait été rencontrée, puisqu'ils sont réintégrés dès le 23 messidor (76). A ce moment, il y a encore huit chanoines absents.

En raison de l'arrêté du 16 thermidor an III (77), les chanoines de Saint‑Jacques ne retrouvent pas la jouissance de leurs dîmes. La perte est considérable. Le montant global des dîmes du Chapitre dans le département de l'Ourthe est estimé, pour l'année 1795, à 40.684 florins (78). En ajoutant les 3.510 florins des dîmes de Hanret (79) et de Laroche (80), on obtient la coquette somme de 44.194 florins.

Le 8 brumaire an VI, le notaire Gilkinet sollicite au nom de Saint‑Jacques des indemnités dues pour les dîmes perçues par la République (81). J’invoque le fait que les autres Chapitres ont été indemnisés, alors qu'ils possèdent de gros patrimoines, ce qui n'est pas le cas de Saint‑Jacques (82).

Malgré l'avis défavorable du directeur des domaines nationaux, l'administration rédige un projet d'arrêté (83) visant à accorder à chaque membre du Chapitre un mandat dont le montant n'est malheureusement par précisé.

Cet arrêté nous apprend par ailleurs que la collégiale a versé 31.428 livres de contributions et emprunt forcé (84). L'importance de cette somme laisse penser que la situation financière de Saint‑Jacques n'est pas encore catastrophique.

Le chanoine Dadseux (85) va jusqu'à juger fort raisonnable les exigences de la République. Le 25 mars 1797, il écrit ceci: « Ah! Quelle bonne inspiration j'ai eu de revenir! Je suis dans mon bon nid, bien tranquille, recevant, de temps en temps, de l'argent, n'en ayant pas encore déboursé une obole pour la République, notre bonne mère ayant toujours été à poche assez modérément jusqu'ici, de façon qu'il y est encore resté quelque bonne chose pour ses enfants (86) »

La collégiale Saint‑Jacques est supprimée par la loi du 5 frimaire an VI (25 novembre 1797) (87). Menées par le commissaire Mélotte, les opérations prescrites par cette loi sont terminées le 1er ventôse an VI, après une durée totale de trente jours (88). Si l'on se base sur les tableaux dressés à cette occasion, les revenus (89) de Saint‑Jacques s'élèvent à 107.454 livres (90), soit environ 85.960 florins, les charges étant de 21.751 livres, soit 17.400 florins.

Les états nominatifs comportent vingt‑huit noms (91), parmi lesquels treize anciens religieux de Saint‑Jacques et trois de Saint‑Gilles. Rappelons que la trentième prébende ne devait pas être attribuée avant soixante ans; quant à la vingt-neuvième, elle est déclarée vacante, en raison du décès de Jean‑François Tonus, en avril 1794 (92). Enfin, Destordeur, Dujardin et Rensonnet sont mentionnés en qualité d'affiliés.

Il nous reste à dire quelques mots sur le sort des chanoines après la suppression.

Durant cinq ou six années, ils continuent à toucher de l'argent sur les recettes de 1796 et 1797. Dix‑neuf distributions eurent lieu de la sorte du 16 janvier 1798 au 6 mars 1803 . Trois d'entre elles résultent du partage de ce que le chantre Wemans a perçu de la vente de l'argenterie (94). Jusqu'en 1803, les chanoines ne sont donc pas dépourvus de ressources (95).

Neuf chanoines de Saint‑Jacques figurent sur la liste des condamnés à la déportation (96). C'est la raison pour laquelle Quinn Dadseux, de retour à Liège, ne signe plus ses lettres de son vrai nom, mais se sert de pseudonymes. Le 30 mars 1798, parlant de lui‑même, il écrit (97): « Il pourrait bien essuyer une autre infortune par la non‑prestation du serment dont sa conscience ne peut s'accommoder ». Au début de l'année 1799, Quirin dit que sont sort s'est amélioré, le gouvernement étant plus doux, plus humain et enclin à faire cesser les persécutions et déportations. Et cependant c'est à ce moment que Quirin fut le plus près d'être déporté. Le 4 avril, il raconte qu'on est venu à son logis le 24 janvier, « pour lui en faire prendre un autre, en attendant qu'on le mette en route vers l'intérieur », ce que l'on a fait pour dix‑neuf autres, « à qui on va, dit‑on, faire prendre l'air de la mer et voir l'île d'Oléron (98) »

Treize autres chanoines sont cités comme ayant prêté le serment de fidélité, prescrit par l'arrêté du 7 nivôse an VIII (99). Sur les treize, quatre seulement exerçent encore une fonction de ministre du culte (100).

Par la suite, nous perdons rapidement la trace des ex‑chanoines. Il serait intéressant de découvrir à quoi ils occupèrent, chacun de son côté, la fin de leur existence. Prirent‑ils, une fois la paix revenue, la tête d'une paroisse? Cherchèrent‑ils du travail? Ou bien, continuent‑ils à vivre de leurs rentes?

Ces interrogations ouvrent la voie à des recherches qui compléteraient l'étude de l'éphémère institution que fut la collégiale de Saint‑Jacques à Liège.

 

André LEBRUN


(1) Sur la collégiale de Saint-Jacques à la fin du XVIIIe siècle, on consultera: S. BALAU, La Bibliothèque de l'abbaye de Saint-Jacques à Liège, dans le Bulletin de la Commission Royale d'Histoire, t. 71, pp. I-61, Bruxelles, 1902. U. BERLIÈRE, La Sécularisation de l'abbaye de Saint-Jacques à Liège, 1785, dans la Revue bénédictine, t. 33, pp. 173-189, 1921; - t. 34, pp. 46-66 et 109-118, 1922. J. BRASSINNE, Pendant l'émigration. Lettres de Liégeois (1794-1801), Liège, 1926. J. DARI5, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège (1724-1852), 3 vol., Liège, 1868 à 1873. Th. GOBERT, Liège à travers les âges. Les Rues de Liège, t. 3, pp. 351-355, Liège, 1928. L. JADIN, Les Actes de la congrégation consistoriale concernant les Pays-Bas, la Principauté de Liège et la Franche-Comté, 1593-1797, Rome, 1935. L. JADIN, Procès d'information pour la nomination des évêques et abbés des Pays-Bas, de Liège et de la Franche-Comté, d'après les archives de la congrégation consistoriale, 3e partie, 1713-1794, Rome, 1935. J. N. PAQUOT, Catalogue des livres de la bibliothèque de la célèbre ex-abbaye de Saint-Jacques à Liège, Liège, 1788.

(2) SAUMERY, Les Délices du Pays de Liège, vol., in‑f°, Liège, 1738‑1744.

(3) Parmi eux, on trouve les abbés de Saint‑Gilles, Leruitte et Chantraine; l'abbé de Saint‑Laurent, Lembor; l'abbé du Val‑Saint‑Lambert, de Harlez.

(4) Abbé de Saint‑Jacques de 1741 à 1763.

(5) Th. GOBERT, op. cit., t. 3, p. 353.

(6) Les terres de l'abbaye couvrent une superficie de 1912 bonniers, soit 1.663,5 ha. Cette superficie doit être considérée comme un minimum, car le calcul a été effectué d'après les tableaux de la suppression. Cfr A.E.L., Fonds Français - Préfecture, 1942.

(7) U. BERLIÈRE. Op. Cit., p. 182.

(8) Cette décision est approuvée par le nonce le 12 janvier 1764. U. BERLIÈRE, op. cit., p. 182.

(9) U. BERLIÈRE, Monasticon belge, t. 2, pp. 30-31 et La Sécularisation de l'abbaye de Saint-Jacques à Liège, 1e partie, dans la Revue bénédictine, t. 33, p. 182; Th. GOBERT, op. cit., t. 3, p. 351.

(10) Selon U. BERLIÈRE, Le Nombre des moines dans les anciens monastères dans la Revue bénédictine, t. 41, 1929, pp. 231, 23 moines vivent à Saint‑Jacques en 1107; 25 en 1246; 22 en 1594; 20 en 1611; 27 en 1674; 26 en 1703; 21 en 1708; 27 en 1763; 23 en 1781 ; 24 en 1785.

(11) U. BERLIÈRE, La Sécularisation de l'abbaye de Saint‑Jacques à Liège, dans la Revue bénédictine, t. 33, p. 179.

(12) ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIÈGE, G. VII.4. En voici la liste: François Lefebvre, prieur; Augustin Renardy, sous‑prieur; Charles Andriessens; Grégoire Thonus; Jacques Destriveaux; Lambert de Louvrex; Placide Closon; Tilman Boret; Joseph Wéselot; Benoît Deneumoulin; Raphaël de Sonval; Mathias Bertrand; Hubert Rémy; Antoine Wémans; Jean Nijs; Nicolas Duvivier; Mathieu Bodson; Théodore Burdo; Jérôme Delsarte; Romain Nossent; André Baral; Bernard de Gueidre.

(13) L. JADIN, Les Actes de la Congrégation Consistoriale..., pp. 548-549, Rome, 1935. La bulle de confirmation sur parchemin est conservée aux ARCHIVES DE L'ÉTAT A LIÈGE (A.E.L.), Fonds de Saint-Jacques, n° 41.

(14) U. BERLIÈRE, o. Cit., p. 185.

(15) Son nom de religieux est Augustin.

(16) Ces cours se donnaient à l'abbaye même. Il est difficile d'en estimer le niveau.

(17) L. JADIN, Procès d'information pour la nomination des évêques et abbés des Pays-Bas, de Liège et de la Franche-Comté, d'après les Archives de la Congrégation Consistoriale, 3e partie (1713-154), pp. 291-293, Rome, 1931.

(18) Ibidem. Il reste à voir ce qu'il entend par « discipline », étant donné le fait qu'Augustin Renardy laissera ses religieux renoncer à leurs voeux et aux observances de la règle et y renoncera lui‑même. Renardy fut maître des novices avant d'être sous‑prieur; A.E.L., Fonds de Saint‑Jacques, n° 41.

(19) U. BERLIÈRE, op. Cit., p. 185.

20 U. BERLIÈRE, op. Cit., pp. 180 et suivantes; - On trouvera un aperçu de la question dans J. DARIS, Histoire du Diocèse et de la Principauté de Liège (1724-1852), t. I, p. 378; - E. MICHEL, Abbayes et monastères de Belgique, pp. 172-175, Bruxelles-Paris, 1923; - U. BERLIÈRE, Monasticon belge, t. 2, pp. 30-31, Maredsous, 1928-1929.

(21) L. JADIN, Les Actes de la Congrégation Consistoriale (1583-1797), pp. 550-560.

(22) U. BERLIÈRE, La Sécularisation de Saint‑Jacques, p. 186.

(23) L. JADIN, op. Cit., p. 554.

(24) Dans cette hypothèse, il ne faisait que s'incliner devant le voeu de la majorité et ratifier une décision prise à son insu, du moins en apparence.

(25) L. JADIN, op. cit., pp. 554‑555‑

(26) Ibidem.

(27) Ibidem.

(28) L. JADIN, op. Cit., pp. 551-554. Ce projet fut approuvé par la Congrégation Consistoriale et par le Pape. Les dispositions qu'il énonce sont reprises dans la bulle de sécularisation. Une copie de la bulle est conservée aux ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIÈGE, G.VI.3.

(29) En voici les noms: Augustin Renardy, abbé; François Lefebvre, prieur; Benoît Deneumoulin, sous‑prieur; Charles Andriessens, directeur des moniales de Saint‑Victor à Huy; Pierre Villegia, prieur à Yernawe; Raphaël de Sonval, économe; Grégoire Tonus; Placide Closon; Jacques Destriveaux; Lambert Louvrex; Tilman Boret; Joseph Wezelot; Hubert Remy; Antoine Wemans; Jean Nijs; Nicolas Duvivier; Mathieu Bodson; Théodore Burdo; André Baral; Bernard de Gueldre; Jérôme Delsarte et Romain Nossent. A cette liste, il faut ajouter les deux nouveaux venus, Quinn d'Adseux et François Davin. Cfr Tableau ecclésiastique de la Ville et du Diocèse de Liège, Liège, 1775 à 1786, pp. 46‑47‑

(30) Ce qui équivaut à environ 1.300 florins.

(31) Il a droit au pain et à la bière du monastère, à 25 mesures d'avoine et au mobilier ornant le quartier abbatial.

(32) Le nouvel abbé aura un traitement de 875 florins.

(33) Ou Maeren. Cette pension était de 720 florins. Maeren est qualifié « d'ex‑confrère » et la pension est versée « pour éviter un procès avec sa famille ». Cfr ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIÈGE, G.VII.5. Au début de l'année 1786, Mairin adresse à l'évêque de Liège une supplique en vue d'obtenir une prébende. L'évêque refuse de se prononcer avant que les faits aient prouvé que Mairin est en état de s'acquitter de ses devoirs de chanoines. Il devra donc fréquenter le choeur durant six mois. Cfr A.E.L., Fonds Ghysels, n° 16. Dans la liste dressée à la suppression, Mairin figure en tête de la liste, avec 1790 comme date de prise de possession. Cfr A.E.L., Fonds français ‑Préfecture, 1942.

(34) Gilmar était compteur de l'abbaye et la somme dérobée correspond aux revenus d'une année.

(35) U. BERLIÈRE, Le Monasticon belge, t. 2, pp. 30-31 ; - Th. GOBERT, op. cit., t. 3, pp. 351-355 - Le Tableau ecclésiastique de 1786. pp. 46-47, donne comme date de confirmation par joseph II, le 2 août 1785.

(36) Le 28 août 1786. Cfr U. BERLIÈRE. La Sécularisation de l'abbaye de Saint‑Jacques à Liège, 1785, p. 187.

(37) Le er décembre 1786. Cfr Ibidem.

(38) E. WILLEMS, La Correspondance de Herkenrode, dans Oud Land van Loon, t. 13, p. 97; lettre de l'évêque d'Amizon aux dames de Herkenrode, le 26 décembre 1785.

(39) La lettre de l'évêque d'Amizon est destinée, en effet, persuader les religieuses d'Herkenrode de ne pas se séculariser.

(40) Il eut donc une durée totale de deux ans.

(41) Ne portant pas d'en‑tête ni de formule de politesse, la première phrase commence par: «Étant en outre persuadé que votre Altesse... ». Ce qui laisse entendre qu'on a déjà parlé d'autre chose auparavant.

(42) ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIÈGE, G.VII.5.

(43) En argenterie, étain, cuivre, porcelaine, linges, etc.

(44) Le reste devait être vendu au profit du Chapitre.

(45) Les chanoines seraient mortifiés que leur abbé ne soit pas logé décemment et commodément, mais ils veulent éviter toute dépense superflue. Si l'abbé s'était contenté des meubles choisis précédemment, la vente du résidu aurait aidé à faire face aux frais exigés par le cas présent. Le public est surpris d'un tour joué de la sorte, de la splendeur de ce quartier. Il incite les chanoines à s'opposer à cet article de la bulle. Ceux‑ci préfèrent patienter et temporiser jusqu'à ce que l'évêque soit informé.

(46) L. JADIN, Les Actes de la Congrégation Consistoriale, 1593-1797, pp. 555-556, Rome, 1935.

(47) Celui‑ci devait la reprendre en versant 4.000 florins pour rembourser le capital avancé pour la construction.

(48) L. JADIN, op. Cit., p. 559. La somme ainsi obtenue servira à éteindre les emprunts contractés pour la construction. Le doyen sera dispensé de verser les 4.000 florins prévus par la bulle de sécularisation. Cfr ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIEGE, G.VI. 3.

(49) Chanoine de Saint‑Barthélemy. Ce texte figure dans L. JADIN, op. Cit., pp. 557‑559.

(50) Il en plaça en partie le prix pour la fondation d'un anniversaire pour le défunt.

(51) Ils étaient en ce moment au nombre de vingt.

(52) Chacun d'eux reçut 17 louis d'or et demi et 200 bouteilles de vin de différentes qualités.

(53) Alors que, rappelons‑le, Renardy touchait 10.000 florins de pension.

(54) Le lendemain, ils firent convoquer le Chapitre pour une autre affaire.

(55) L. JADIN, op. cit., pp. 556‑557.

(56) L. JADIN, op. cit., pp. 559‑560.

(57) Nous connaissons ce décret grâce au brouillon d'un document rédigé au nom de l'évêque de Liège, par lequel il confirme le recès du 6 mars. Cfr. A.E.L., Fonds Ghysels, n° 16.

(58) Ces nouveaux arrivants sont présentés par A. LEBRUN, La Fin de l'abbaye de Saint-Gilles de Liège, dans Leodium, t. 58, pp. 42-51, Liège, 1971. Les chanoines de Saint-Jacques sont maintenant 29.

(59) S. BALAU, La Bibliothèque de l'abbaye de Saint‑Jacques à Liège, dans le Bulletin de la Commission Royale d'Histoire, t. 71, p. 43, Bruxelles, 1902.

(60) La vente de la bibliothèque n'est pas le seul indice de cet état d'esprit. En 1740, l'abbé Nicolas Jacquet avait enlevé les pierres tombales de l'église pour les remplacer par du marbre noir. Par la suite, ces pierres furent vendues par Pierre Renotte et utilisées dans la construction du pont d'Amercceur. Cfr S. BALAU, op. cit., p. 41.

(61) Lefebvre et Destriveaux, par exemple. Cfr J. N. PAQUOT, Catalogue des livres de la bibliothèque de la célèbre ex‑abbaye de Saint‑Jacques, 1788, exemplaire annoté de la BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE.

(62) A. LEBRUN, op. Cit., p. 51.

(63) A.E.L., Notaire Richard, liasse I (1785-1792), no 227.

(64) Ibidem.

(65) A.E.L., Notaire Richard, liasse I, n° 227, 229, 231, 232. Philippe‑Joseph Kepenne est chanoine régulier de Saint‑Gilles, devenu chanoine de Saint‑Jacques en 1796.

(66) BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE DE LIÈGE, Fonds Capitaine, n° 8465.

(67) Le 14 thermidor an IV, Quinn Dadseux réclame sa radiation de la liste des émigrés du département de l'Ourthe. ARCHIVES NATIONALES DE PARIS,  F7 3350.

(68) Il s'agit vraisemblablement de Thomas‑François Delsarte.

(69) A.E.L., Fonds français -Administration centrale, n° 28, p.110. Wemans est passé à Paderborn en juillet 1795. Cfr J. BRASSINNE, Pendant l'émigration. Lettres de Liégeois (1794-1801), p. 44, Liège, 1926.

(70) A.E.L., Fonds français - Administration centrale, n° 37, p. 208.

(71) J BRASSINNE, op. cit., pp. 7-8. Ils y sont encore en mai 1795.

(72) J BRASSINNE, op. Cit., pp. 25 et 49.

(73) J. BRASSINNE, op. cit., passim, Dadseux arrive à Paderborn, en Westphalie, le 3 octobre 1794.

(74) ARCHIVES DE L'ÉVÊCHÉ DE LIÈGE, G.VI,6.

(75) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 1942.

(76) A.E.L., Fonds français -Administration centrale, n° 26, pp. 171-172. A côté de la réintégration du Chapitre dans son ensemble, il y en eut plusieurs autres concernant ces chanoines en particulier. Cfr A.E.L., Fonds français - Administration centrale, n° 28, pp. 110 et 142; n 37, pp. 162-163, 207-208; n° 38, pp. 47-48. Seule, la réintégration du doyen Deneumoulin mérite quelqu'attention. L'arrêté qui le remet en possession de sa maison date du 28 fructidor an III. Le 5e jour complémentaire, Laplume visite la maison et apprend qu'en août 1794, des gens y ont pénétré et ont emporté différents meubles, ainsi que treize à quatorze cents flacons et une tapisserie de haute lisse. Le 24 nivôse an VI, Deneumoulin adresse une pétition à l'administration. Il a dépensé 1.348 florins pour remettre sa maison en état, espérant y vivre jusqu'à la fin de ses jours. Elle vaut à présent plus du double de sa valeur primitive. Il demande à être indemnisé pour les frais qu'il a fait inutilement (les collégiales ont en effet été supprimées par la loi du frimaire an VI). L'administration rejeta la réclamation, estimant que les dégâts et vols n'avaient eu lieu qu'à la suite de l'abandon de la maison. D'autre part, le doyen avait le droit de poursuivre les voleurs devant les tribunaux. Cfr A.E.L., Fonds français - Préfecture, 476.

(77) G. A. J. HERMAN D'ÉPRAVES, Législation révolutionnaire relative aux fabriques d'églises, dans la Revue de l'Administration et du Droit administratif, t. 8, p. 127, Liège‑Paris, 1861.

(78) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 476. Le total des dîmes en grains s'élève à 1.787 muids, lesquels convertis en florins, à raison de 20 florins,  12 sous et 3 deniers le muid, donnent la somme de 36.881 florins. Les dîmes en argent valent 3.802 florins. Saint‑Jacques possède des dîmes à Donceel, Haneffe, Héron, Roclenge, Boncelles, Seraing, Selles, Terwagne, Viemme, Montegnée, Berleur, Lexhy, Bassenge, Saives, Faime, Soirée, Bovegnistier, Ayneffe, Jemeppe, Rechain et Bassenge.

(79) Département de Sambre‑et‑Meuse (comté de Namur).

(80) Département des Forêts.

(81) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 476.

(82) Parce que ses membres sont d'anciens moines.

(83) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 476.

(84) Notons cependant qu'une partie de ce montant fut payé en assignats.

(85) Quinn Dadseux (ou d'Adseux), reçu chanoine de Saint‑Jacques en 1785.

(80) J BRASSINNE, op. cit., p. 93.

(87) G.A.J. HERMAN D'ÉPRAVES, op. Cit., col. 135.

(88) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 1942.

(89) C'est‑à‑dire le total des fermages et des rentes.

(90) A.E.L., Fonds français - Préfecture, 1942- C'est le chiffre que donne L. F. THOMASSIN, Mémoire statistique du département de l'Ourthe, commencé dans le courant de l'année 1806, pp. 300-302, Liège, 1879. Ce total est calcule à raison de 12 livres par muid d'épautre. Les chanoines firent observer que depuis dix ans, le muid se paye toujours au-dessus de 16 livres. Par conséquent, comme leurs revenus en grains sont de 5.900 muids, il faut augmenter le total de 23.600 livres, ce qui fait 131.054 livres.

(91) On y retrouve dix-sept noms connus: ce sont Destriveaux, Louvrex, Closon, Lefebvre, Weselot, Remy, Deneumoulin, Wemans, Duvivier, de Gueldre, Delsarte et Baral, ex-religieux de Saint-Jacques; - Dadseux et Davin, devenus chanoines au moment de l'érection de Saint-Jacques en collégiale; - Kepenne, Poncelet et Couna, ex-chanoines de Saint-Gilles. Onze anciens religieux sont décédés avant la suppression: Bodson, Burdo, Nossent, Paque, Renardy, Andriessens, Villégia, de Sonval, Tonus, Boret, Nijs. Ils sont remplacés par Mairin, ex-religieux de Saint-Jacques, Simonis, ex-religieux de Saint-Gilles et par les nouveaux venus: Magis, Simonon, Thonar, de Thimus, Titeux, Delexhy, Bouxhy, Paquay et Tamoigneau, ce dernier n'étant pas encore reçu. Cfr A.E.L., Fonds français - Préfecture, 1942.

(92) Un certain Pierre Kikens, né à Amay, le 7 juillet 1743, ayant appris qu'il ne figurait pas sur l'état nominatif en qualité de chanoine, réclame auprès de l'administration en produisant:

1) La provision de l'ordinaire du 1e août 1797, au canonicat et prébende, vacants par le décès de Jean‑François Tonus.

2) L'acte de sa réception, installation et prise de possession du canonicat, en date du 1er décembre 1797 (II frimaire an VI) soit avant la publication de la loi du 5 frimaire qui n'eut lieu à Liège que le 28 frimaire.

A.E.L., Fonds français - Préfecture, 1942, Saint-Jacques, Procès-verbal des opérations.

(93) A.E.L., Fonds de Saint‑Jacques, n° 58. Cette série de distributions permet de constater le décès de certains chanoines: Nossent et Tonus, dès avant la première distribution de 1798; Mairin et Magis en 1799; Duvivier en 1800.

(94) A.E.L., Fonds Saint-Jacques, n° 57. Le total du produit de la vente est de 9.265 florins. La part de chaque chanoine s'élève à 405 florins. Au sujet de cette vente, on consultera: Th. GOBERT, op. Cit., t. 3, pp. 344-356 et surtout J. BRAS5INNE, o. cit., passim.

(95) Un chanoine ayant participé à toutes les distributions a finalement reçu 2.694 florins. A la fin de l'année 1800, Quinn Dadseux vit toujours de ses

rentes. Il écrit en effet: « Je verrai, si les choses restent ce qu'elles sont, de mettre les mains à quelque chose pour gagner ma vie ». Cfr J. BRASSINNE, op. Cit., p. 122.

(96) J. DARTS, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège (1724-1852), t. 3, appendices, pp. 28-66. Ces chanoines sont: Baral, Closon, Dadseux, Davin, de Gueldre, Duvivier, Poncelet, Titeux et Wemans. S'il est certain que Dadseux échappa à la déportation effective (il est mort à Liège, le 5 mai 1821), nous ne savons rien du sort des huit autres chanoines.

(97) J. BRASSINNE, op. Cit., p. 105.

(98) J BRASSINNE, op. Cit., p. 112.

(99) P. DEBOUXHTAY, Le Clergé liégeois et la promesse de fidélité du 7 nivôse an VIII, dans le Bulletin de la Société d'Art et d'Histoire du Diocèse de Liège, t. 24, pp. 155-185, Liège, 1933. Ces chanoines sont: Lefebvre, Wezelot, Simonon, Delexhy, Kepenne, Thonar, Bouxhy, Couna, Tonus, Louvrex, Remy, Destriveaux et Destordeur.

(100) Il s'agit de Destriveaux, Destordeur, Louvrex et Remy. Louvrex célèbre la messe au couvent des Ursulines et Remy à Saint‑Nicolas en Outre‑Meuse.

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