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Château de Chokier

Le traité des guerres d'Awan et de Waroux
de Jacques de Hemricourt
1398


Duel judiciaire entre Aynechon et un écuyer de Waroux nommé Falos.
Photo extraite de Liège ardente & turbulente - L. Portugaels et C. Mahaut

Guillaume de Hozémont ayant participé à la vendetta entre les Familles Awans et Waroux, avec ses frères, et s'étant moqué publiquement de l'autorité du Prince Evèque de Liège vu son château rasé en 1298. Il s'installa donc à Rouveroy et vendit Hozemont à son cousin, Otton, fils de Wéry seigneur de Fontaine, qui le transmit à son fils Jean, premier seigneur de Chokier et de Hozémont authentiquement connu.



La passion de la guerre était, au moyen âge, une des passions dominantes et la gloire militaire était une des plus appréciées. Les familles patriciennes des villes et les familles nobles des campagnes, préféraient se rendre justice à elles-mêmes par des guerres privées, plutôt que de porter plainte devant la cour de justice.

A cette époque, il était permis aux nobles foncier, quand ils étaient lésés dans leurs personnes ou leurs biens, de prendre les armes et de tuer leur ennemis, pourvu qu'ils ne violassent pas les trèves, ni ne démolissent les maisons, et qu'ils s'abstinssent du pillage du feu. Le droit d'arsin ou de brûler n'appartenant qu'au Prince.

Il y avait à Awans une riche orpheline qui se fiança à Hanechon, écuyer et cousin du Seigneur de Waroux, sans le consentement de Guillaume, l'avoué d'Awans. L'avoué s'opposa au mariage prétendant que orpheline était sa serve mais n'ayant put la récuperer après mainte dicussions avec le Seigneur de Waroux, il se concerta avec toute sa parenté pour l'enlever. Hanechon et son épouse en furent informés et se réfugièrent au chateau de Waroux. De dépis, les Awans se mirent à ravager les terres du sire de Waroux et à brûler ses moulins et brasseries.

En l'absence de Prince Eveque, Guillaume de Waroux porta plainte auprès de Jean de Chalon, mambourg du pays, qui assurait alors la vacance du siège épiscopal. Celui-ci, aidé des Waroux et des gens d'armes qu'ils étaient parvenu à réunir, allèrent assiéger le château de Hozémont. Ils ne purent le forcer et furent obligé de lever le siège et de rentrer à Liège.

"Quand l'évêque Hugues de Châlons fut revenu au pays, son frére le mambour lui témoigna le dépit qu'il ressentait de l'affront que le châtelain de Hozémont et ses parents lui avaient fait en sa charge. De sorte que l'éveque réunit toutes ses forces, et ceux de la cité et chevâchat vers Hozémont; mais, le châtelain, bien conseillé de ses amis, de ne pas rester dans sa forteresse de Hozémont, parce qu'elle n'était pas assez forte pour soutenir un tel siège, en fit transporter tout ce qui s'y trouvait, de sorte que l'évêque la trouva vide et l'abattit."

Jacques de Hemricourt

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La Caroline

Loi, attribuée erronément à Charlemagne, qui permettait au meurtrier, s'il n'avait été arrêté en flagrant délit, de se faire absoudre en affirmant par serment sur l'Evangile qu'il n'avait pris aucune part à l'homicide, quelques preuves qu'on eût de son crime. Seuls les nobles pouvaient invoquer le privilège de cette loi qui leur assurait ainsi l'impunité.

Son usage abusif durant la guerre des Awans et des Waroux favorisa d'affreux brigandages par l'impunité qu'elle assurait aux coupables.


Forteresse de Waroux à Alleur

LE TRAITE DES GUERRES D'AWANS ET DE WAROUX

JACQUES DE HEMRICOURT
1398

CHI APRES S'ENSIIET, GROSSEMENT ET SOVERAINEMENT, LY TRAITIIEZ DES WERRES NOMMEEZ D'AWANS ET DE WAROUS, COMMENCHIEZ ENTRE LES LINAGES DESEURDIS, QUI ESTOIIENT CUZIENS PROCHAINS, CAR MESSIRES CORBEAZ, SIRES D'AWANS, ET MESSIRES WILHEMES LY JOVENES, SIRES DE WAROUS, QUI LES DIT WERRES COMMENCHONT, ESTOIIENT EN DROITE TIRCE ET DEMY, SY QU'IL VOUS PUET CHI DEVANT APPAROIR, EN TRAITIIET DES LYNAGES, CAR MESSIRES HOMBIER DE LEXHY, TAIION DO DIT SAINGNOR D'AWANS, ET LY JOVENES MESSIRES BRETONS, SIRES DE WAROUS, GRANSIRES DO DIT MONSSAINGOR WILHELME, FURENT FREIRES GERMAINS ET ENFANS DO VIEZ MONSSAINGNOR BRETON, SAINGNOR DE WAROUS. SE COMEINCHONT LES WERRES DESEURDICTES L'AN DE GRASCE MIL DOIS CENS ET NONANTE, ET DURONT JUXES AL AN MIL TROIS CENS ET XXXV, CH'EST PAR L'ESPASSE DE QUARAN'TE CHINQ ANS CONTINUEIS, EXCECEPTEIT QU'IL Y OUT PLUSEURS QUARANTAINES ET PLUSEURS ATRES TRYWES ET RESPIS, LESQUEIS PENDANS, LES PERSONES DES DIS LINAGES DEMOROIENT TOUS EN PAIS.

  1. Veriteis est que messires Hombier Coirbeaz d'Awans, fis à monssaingnor Wilhelme d'Awans, engenreis en la filhe do saingnor de Monferan fut à son temps, et assy furent sy predecesseurs et sy hoirs, nomeis saingnor d'Awans, ja fuist choze que ly hauteur d'Awans ne fuist onkes leurs, anchois estoit d'antiquiteit et appartint encor a present al abeit de Proismes en l'Eif. Mais ilh estoient avoweis d'Awans et estoit leur ly forterece; et estoiient ly plus poissans d'amis et ly miez warnis et stoffeis de proismes prochains, qui fuissent en tot Hasbain, sy que ly abbés n'y avoit se ce non qu'il ly voloient laissier. Et, par tant, on les nommat tousjours saingnors d'Awans, juxes à tant que ly evesque Adulphe delle Marche, por la faveure qu'il avoit à cheaz de Warous, l'enforchat à monssaingnor Johan, avoweit de Liers, dui avoit à femme la filhe do saingnor de Cleiremont, qui irois hyretirs estoit del fortrece et avowerie d'Awans; car ly damme de Cleiremont, sa femme, estoit filhe ainsnée do saingnor d'Awans, assavoir de monssaingnor Coirbeaz devant nomeit, al temps doqueile commenchont les werres deseurdictes; et en avoit tant faite Coirbeaz de Cleiremont, hoir marles do dit saingnor de Cleremont et d'Awans, al dit monssaingnor Johan. son seroge, que ly drois en estoit siiens. Mais ly dis evesques assemblat à Dynant pluseurs de ceaz de Warous, en temps que les werres estoient plus estroites, et fiste, en absence de partie, corir on jugement sor le dit monssaingnor Johan, par hayme et envie; dont les terres de Cleremont et d'Awans ly furent forjugiez, et prist ly evesques le dit monssaingnor Johan et le mist en sa prison, pour ly constraindre qu'il ly reportast sus les terres deseurdictes, qu'il, ly dis evesques, avoit a tort et a forche saysiez. Mais onkes n'en vout rins fair par destrainte nulle qu'il ly fesist; anchois vouwat, en la prison, que jamais n'aroit barbe ne cheveaz rauseis ne tondus, ne ongles retailhiez ne de mains ne de piez, tant qu'il sieroit en sa prison, en laqueile ilh fut gran pieche de temps; mais, après ce, fut ilh fours mis de prison, car ly evesques n'avoil caze de ly à tenir por tolir son hyretage. Et, luy deligiet, ilh plaidiat al econtre de monssaingnor de Liege tout le sorplus de son vivant, par l'espasse de xx ans et plus, sy que de cas de forche, en la justiche do jardin, en palais à Liege, l'endemain que messires de Liege avoit sis alle pais à Liege, ensy qu'il est aconstumeit de seior encors à present. Et le veys parsiwir monssaingnor l'evesqtie Englebiert del Marche, après l'obit delle evesques Adulphe, continuelment, sains defalir journéez nulle, par l'espasse de quatre ans ou environ. Et requeroit qu'il fuist radrechiez selonc le Pais de Fexhe, car onkes n'avoit poüt avoer loie tant que ly evesques Adulphe viskat, qui trespassat l'an mil trois cens et quarante quatre, al Saint Hubier. Lyqueile devieit, li jadis messires Johan parsiwit le dit evesque Englebiert delle Marche et porchachat tant, après les werres de Votemme el de Tourinnes, que ly evesques, alle request delle citeit et des bonnes vilhes, le tournat en droit à monssaingnor Fastreit de Bovengnistir, chevalier. Mais, pou après, trespassat messires Johan, ly voweis, et sy hoirs ne s'en traveilhont nint granment. Et assy morit messires Fastreis, sy que ly dis evesques et ses successeurs ont tousjours maintenut la possessions des terres de Cleiremont et d'Awans, en deshyretant les hoirs, juxes à present.

  2. Ors, en revenant à nostre principaul mateire, ly devant nomeis messires Coirbeaz d'Awans, qui estoit riches et poissans, sy que dit est, et voloit estre maistres de ses voisiens, avoit desos ly, en la dit vilhe d'Awans, une sierve, ensy qu'il contint en coronykes de Saint Lambier, qui estoit riches de moyble et d'yretage, qu'il ly avoit lassiet assembleir pour l'afection qu'il avoit à ley, plus que az atres. Laqueile aloit visenteir uns varlés nommeis Hannecheaz, cuziens à monssaingnor Wilhelme, saingnor de Warous, por ly avoer en mariage. Mais doneir le voloit ly sires d'Awans à on sien familiare, sy que ly dis Hannecheaz s'avanchiest, et le prist et emminat, et aseis toist après l'espozat. S'en fut ly sires d'Awans durement malcontens, et envoiiat requere le saingnor de Waroux qu'il ly revoyast sa sierve, ou il s'en radrechoit. Lyqueis respondit que ly femme disoit qu'elle n'estoit nint sierve. Envoiiet, et renvoiiet, et traitiiet fut assés entre les partiez; mais finalment, nus acors ne s'en pout fair, sy que ly sires d'Awans defiat le saingnor de Warous, qui estoit ses cuziens et voisiens tos prochains. Se mist planteit de ses amis ensenble sor une journéez, assavoir: le Persan, saingnor de Haneffe, monssaingnor Thiry Tabareal, saingnor de Seraing, son freire, andois bannerés; monssaingnor Wilhelme, le castelain de Hozemont et se freires; item, les quatre freires de Flemale, nomeis monssaingnor Colars delle Heys, monssaingnor Wilhelmes le Hier, monssaingnor Johan de Ramey et Henry le Dameheal; item, monssaingnor Ernus de Skendremale, Olivier de Jouprelle, son freire, et leur atre freires; les enfans de Fontaines, monssaingnor Ystasse Frans Hons de Hollengnoul, Lowar de Fouz, et gran nombre de ses proismes; et remonstrat à eaz son faite et injure, et coment ilh avoit sufissanment sommeit le saingnor de Warous et nulle bonne response ne trovoit en ly. Ilh accordont de somonre leurs amis sor une journéez et reprendre par forche la dicte sierve, et de ley fair ce que à sierve appartenoit, et, se defendue estoit, que on portaste teile domage alle saingnor de Warous que ly fais fuist bin vengiez. Ly journée vint, et chevachont enforchiement sor le dit Hannecheaz. Mais ilh et sa femme s estoiient trais en la forterece de Warous, et, par tant qu'il ne porent avoir la dicte femme, ilh alont abatre le molien al ven et le bresin do saingnor de Warous et wasteir ses bins az chans.

  3. Avint, après ce, que ly sires de Warouz remonstrat cesty faite à ses prochains amis, et fut conseilhiez de traire vers monssaingnor Johan de Chalon, mainbors delle evesqueit de Liege de part monssaingnor Houwe de Chalon, son freire, evesque de Liege, qui estoit absens do paiis. Sy le fist, et en requist radrechement. Lyqueis mambors prist le saingnor de Warous et tous ses aydans avoek ly et s'en alat à Hozemont, por abatre la fortrece, qui plus floyve estoit que cely d'Awans ne fuist. Mais 1y sires d'Awans, ly castelains de Hozemont et si freires, chilh de Haneffe et de Seraing, et leurs aydans, furent sy fors sor le journée que ly mambors et ly sires de Warous, et leurs partiez, de ce informeis, retournont, quant ilh vinrent à Vellerous, sains rins a faire.

  4. Et, par tant que ly werre estoil tote overte entre les partiiez d'Awans et de Warouz, les kapilaines s'alont enforchier, enlichier et traire sor leurs fortreces en warnizons; là, sovent fois, avenoiient pluseurs skermuches et beaz et appiers fais d'armes, en assailhant, chechant et fuyant. Mais que quionk fuist pris, ch'estoit sains merchis, car atre raenchon n'y avoit que la mort, nonobstant queilkonk; proismeteit qui fuist entre eaz. Et les dois principaz capitaines, ly sires d'Awans et cilh de Warous, estoiient si pres logiez ly uns del atre qu'il estoient cascon jour al fier des glayves. En cely commenchement des werres deseurdictes, furent, par pluseurs des linages deseurdis, encommenchiez et faites pluseurs tours et atres fortreces en ce paiis, por leurs corps à wardeir.

  5. Quant ly evesques Hughe de Chalon fut revenus al paiist, ses freires deseurdis ly remonstrat le despit que ly caslelains de Hozemont et sy proismes ly avoiient faite en son office, sy que ly evesques somonit tot sa Poissance et cheaz de sa citeit et chevachat vers Hozemont. Mais ly casteins n'out ninl conselhe de ses amis qu'il wardaste sa fortrece, car elle n'estoit nint forte asseis pour teil siege à soffrir; se fist tot sa fortrece vuidier, sy que ly evesques le trovat vuyde et l'abatit. Et, en retournant, ly sires de Warouz abatit assy le molien al ven do saingnor d'Awans.

  6. De cesti domage furent chilh delle partie d'Awans corochiez oultre mesure. Et, par tant, ly sires d'Awans, et ly castelains de Hozemont et si freires, fisent on gran mandement de leurs proismes, et mandont assy tot le linage de Rulant et des Moylerepas, ultre Mouze, qui estoiient fors et poissans, tant qu'il orent bin VI hyaines armeis de wardecors d'armes selont l'uzage de cely temps; entre lesqueis ilh avoit II et XV chevaliers, ensy qu'il moy constat par l'aprize des anchiens. Et chevachont devant le casteal à Seliens, appartenant à Badervien de Casteal, cuzien germain demoreis al saingnor de Warous, qui avoit trois fis, les plus apiers et les plus hardis qui fuissent en toute leur linages, assavoir Wilhelme, le Bailhier de Saint Lambier, Badewien et Johan de Pondrelouz. Là fut ilh assailhit vassalment et hardiement, skermuchiet et defendut, trait et lanchiet, dont pluseurs, dedens et dehors la fortrece, furent navereis. Mais ly fortiece ne pout estre wangnie. Et, quant chilh d'outre Mouze, assavoir chilh de Rulant et ly Moylerepas, veyrent qu'il ne pooiient rins faire al assailhir, ilh butont le feu, dont ilh misent cheaz d'Awans en gran dangir envers le saingnor; et n'ozont al feu aresteir, anchois soy partirent, et ly straingnirs en ralont par dela Mouze. Chis feuz portat gran domage alle fortrece, qui onk puis ne fut refaite.

  7. Avint, asseis tost après, que ly evesques kalengat, por ce feu, tos les fiiez do saingnor d'Awans, et, par fant qu'il ne vout nint obeyr, ly evesques somonit son poioir et assegat le casteal d'Awans. Mais, le siege pendant, ly amis do saingnor d'Awans et ly saingnor de Saint Lambier traitiont et fisent une pais alle evesques do dit excès, par teile maniere que ilh et XII chevaliers de son lynage venroiient à Liege, en l'engliese Saint Martin en Mont, et là soy devestiroiient ilh en pure leurs stroites cottes; se prendroient cascun d'eaz, en la dicte engliese, une selle de cheval sor sa tieste nuwe, sains chapiron, et les porteroient en palais à Liege par devant l'evesques, et ly offeroiient en genos, par caze d'amende. Et ensy fut ilh faite.

  8. Nintmains, ly werres demorat tosjours entres les dit partiiez et montepliant en orgoul el en felonie ultre mezure; car ly sires d'Awans avoit gran despit et indignation de la dicte amende, et ly sires de Warous et ses partiiez avoiient semblament despit de leur domaiges. Et, par tant, ilh chevachoient cascon jour ly uns sor l'atres et soy portoiient gran domages. Et atraiot cascun d'eaz tos les amis qu'il pooit acquiere en son aou. Mais, juxes adont, s'estoiient passeis d'entreir en chis werres gran nombre de, chevaliers et d'escuwirs. par tant qu'elle estoil de sy morteile haymmes et qu'il estoiient assy proismes al une parte que all' atre. Adont avoit dois bons bastars en dit linage d'Awans, qui ne doient nint estre oblieis de mettre en compt des bons: ch'estoit Honblés de Bernalmont, fis monssaingnor Hombier Wane, et Aynechons, ly bastars de Hollengnoul. Chis dois; furenl sovent compaingnons d'armes, et estoiient ly plus hardis et de plus grant corage et entreprezure qui fuissent en leur linage, et qui orent plus de bonnes fortunnes à leur temps et plus d'oneur en tos liiez, là ilh furent troveis, et en tos fais de ceste werre, tant az champs com az eskermuches, az lices des fortreces, là ilh gisoiient en warnizons, et en wartant leurs, annemis et eaz parsiwant sor leur awantage. Et, briement, si qu'il constat par le recort des anchiens, ilh estoiient doteis plus que nus atres, et parseveront, tant qu'il viskont, sains domage de leurs corps. Chis Aynchons adont meïsmes werioit à cheaz de Hamale, qui estoiient poissans d'avoir et d'amis; et chis demoroit tout emmy leur poissance, en la vilhe de Riwechons, et n'avoit que une platte maison; mais ilh avoit ens une bome, bonne et segure; se n'ozoiient chilh de Hamale bouteir le feu, par tant que la dicte vilhe estoit des fiiez de Braibant. Tres grant domage leur portat; et, denoméement, une foys que les quarantaines entre eaz getéez devoiient expireir à solea levant, ilh et alcons de ses amis soy levont devant le jour, alle beateit, qui estoit belle et cleire, et alont brisier sor unk de cheaz de Hamale et le tuwont, et ocisent toutes ses beistes, grandes et petites, et retrahirent à Rywechons. Dont plainte fut faite par devant monssaingnor de Liege sy que de quarantaines brisiez; mais ilh alligat que ly beateis estoit ly soleaz qui lui soit et qu'il l'avoit faite de bonne hoire. Et estoit si doteis que nus n'ozoit testmongnier contre 1y. En la fien, l'apelat de murdre uns varlés de linage de Warous, nomeis Falos, et ilh loiiat le chan encontre ly par devant monssaingnor de Liege. Chis Falos estoit durement grans et fors, bealcop plus que ly dis Aynechons. Et ly dis Aynechons estoit durement ameis de son linage; sy que messires Ernus d'Awans, canonnes de Saint Lambier, freires al saingnor d'Avans et parfons clers durement qui demoroit en la maison deleis le beal porta, alle devant delle plache où ly chans de batailhe devoit estre, mandat le dit Aynechons qu'il s'armast en sa maison, car ilh voloit estre à son armeir. Quant y vint ly journée do chan, ilh out sy gran nombre de chevaliers et d'escuwirs à Liege que à poynes pooit on passeir parmy les chachiez; car tuit chilh d'Awans furent avoek le dit Aynechon et tuit chilh de Warous et de Hamale avoek le dit Falo. Ly dis Aynechons soy vint armeir en l'osteit do dit monssaingnor Ernut d'Awans, alle queile ilh astoit cuziens; et, quant ilh fut armeis, ilh ly commandat que point ne soy partist, par queilkonk apeal ne conselh qu'il awist, juxes à tant qu'il ly diroit. Et ly dis Falos, qui estoit grans et fors, vint aseis tempre en champ à teil nombre de gens que vos aveis oyt, et portat ly sires de Hamale son escut. Mais ly plus grans partie de cheaz d'Awans estoiient ja, de fait aviseit, entreis au champ et avoiient porprises lo plus gran partie des cordes. Quant temps fut, ons apelat le dit Aynechon ly promire fois, seconde et tirche, par grant distance entre l'on apeal et l'atre; mais point ne venoit. Sy amis, qui estoiient en champ et qui n'estoiient nint infourmeis do fait, ilh envoiiont sovent fois quiere le dit Aynechon; mais point nel laissoit partir ly dis messires Ernus d'Awans. Et par tant, famme corit en champ qu'il ne venroit nint, car ilh s'en estoit fuys; sy que ly dis Falos requist al maiieur qu'il awist loy et qu'il fuist torneit en droit, car ilh estoit mydis; et chilh de Warous et de Hamale le requeroiient por ly aygrement. Et al encontre, chilh d'Awans alligoient qu'il n'estoit nilnt midis, et ce pooit on cleirement alle soleilh veioir, et que on ne fesist nul tort à leur cuzien, car ilh voloiient tos demoreir en hostage por ly qu'il venroit. Sor ce, ly esquevins alont à conselh, et avoit entre eaz gran strif, por les partiiez qu'il faisoiient, ly uns d'une part, ly atres d'atree part, por leur linage à aydier. Lequeil estrif pendant, tot joindant del hoire de meidis, messires Ernus d'Awans vat envoiier en champ son dit cuzien, en ly commandant qu'il fesist ses trois tours por si bon loysir qu'il fuist hoir de midis anchois qu'il ferist cop de baston. Et messires Ernus de Jehaing, freires alle bon castelain de Waremme, ly portat son escut. A laqueile departie, ly dis messires Ernus d'Awans, canonnes, alat tot publement commandeir à une anchienne meskyne, qui de longtemps l'avoit servit, qu'elle alast metre tantost une chodire d'eawe sor le feu, car ses cuziens ne targeroit nint granment qu'il aroit desconfit son anemis; sy revenroit sy traveilhiez et sy ensangleleis qu'il ly sieroit gran besoing qu'il fuist aisiez. Ly dis Aynechons, qui avoit grande esperanche en sens et en conselhe do dit monssaingnor Ernut, soy partit à tote sa rote. Et, quant ilh vint alle entrée do chan el fame corit que c'estoit Aynechons, que quidiez queil jup et queil cry chilh d'Awans et ly commons pueples fesissent! Uns grans paiis, s'ills fuist az champs, s'en fuist tos enhisdeis, et assy fisent, par semblan, ly dis Falos et toutes ses partiiez. Ilh entrat ens, et adont soy departirent ly esquevins de leur conselh et alont seiior en leur sieges, les alcons liiez et les alcons dolans. Et ly dis Aynechons, aiians en momoire le conselh do dit canonne, fist ce que commandeit ly estoit et ne vout onk oiir nul traiitiet. Ly dis champions soy assailhirent et combatirenl de grant force et de gran sens, ja fuist choze que, al semblant des persones. ty champs fuist mal partis. car Aynechons estoit deliiez et ly atres esloit durement grans et fors. Ilh soy kebatirent longement et quassont perilheuzement. Mais. en la fien, fut Falos abatut, et ly dis Aynechons le tuwat desoz 1y. Mais ultre mezure estoit ilh traveilhiez et sy coviers de sanc, tant do sien com de son annemis, que nus nel powist en ceste estat recognoistre. Adont ilh revint al hosteit do dit monssaintnor Ernut et trovat le baing tot pres; se fut netiiez, laveis et reposeis et bin garis. Et, aprés ce, ilh fut asseis plus resdes et plus anyeus et plus melies qu'il n'awist esteit en devant.

  9. A cely temps, sourdit werre et gran hayme entre les enfans de Flemale, d'une part, et le voweit de Sclachiens et cheaz de linage de Sclachiens et de Bierlouz, d'atre part, dont messires Anthones de Gemeppe traitiiat de pais sovent fois, et n'estoit encors armeis des werres deseurdictes Avint d'aventure que Pevereal d'Othéez, qui estoit cuziens germains alle saingnor d'Awans et demorant en son hosteit, tuwat en la Savenire à Liege, droit sor Mouze, alle devant del hospitaz Gerar de Bierlouz, cuziens alle voweit de Sclachiens; et ce fut ly caze por quoy chilh de Bierlouz et de Sclachiens entront en la werre avoek cheaz de Warous. Pou de temps après, ly sires d'Awans envoiiat specialement et sovent fois alle dit monssaingnor Anthones, qui ses cuziens astoit prochain, car c'estoit filz monssaingnor Anthones Mailhés, qui fut ainsneis fis monssaingnor Bastien de Hollengnoul, sy qu'en promerain traitiiet des linage soy contint; et ly prioit qu'il vosist estre de son acort, tant que, finalement, ilh respondit, s'il voloit Pevereal hosteir de son hosteit, qui avoit son cuzien tuweit, ilh le serveroit volentirs, et atrement nint. Laqueile choze refuzat ly sires d'Awans, par tant que ly dis Pevereaz, qui esloit ses familiares. ly estoit trop prochains. Adont ly dis messires Anthones, qui sovent fois avoit traitiiet delle pais entre cheaz de Flemale et de Sclachiens, soy tournat avoek cheaz de Warous, et tant enhortat Boyleawe et Tailhefier de Gemeppe et cheaz de Sclachiens, qu'il soy trahirent delle partiiez do saingnor de Warous.

  10. Ors deveis savoir qu'en cely temps, ly dis messires Anthones faisoirt son casteal à Gemeppe; et estoit ly comble drechiez à terre, qui devoit estre mis sor le groze tour, sy que, quant ly sires d'Awans parchuyt que messires Anthones estoit devenus ses anemis, ilh fist on mandement de ses amis, por abatre cely comble et ce de la dit fortrece qu'il poroit, qui estoit encors toutes novelles, car elle n'estoit nint parfaite. Lyqueile mandemens fut nonchiez à monssaingnor Anthones, qui, tot batant, envoiiat somonre ses proismes et amis, assavoir monssaingnor Gerars de Bierloz, avoweit de Sclachiens, peires de monssaingnor Gontir Conrar, et le saingnor de Warous ly jovenes, monssaingnor Hustin de Seraing et Wilhelme, son freire, qui estoiient oncles alle dit monssaingnor Anthones; et mandat cheaz de Sclachiens et tous les bon hommes de Gemeppe et do ban de Seraing, tant à piet com à cheval, por son corps et sa fortreche à wardeir. Ly sires d'Awans et planteit de ses amis vinrent alle jour que mis estoit, assavoir l'an mil dois cens nonante owit, et soy partirent d'Awans por aleir à Gemeppe. Quant ilh vinrent par decha Lonchiens, ilh, ly sires d'Awans, et des plus sages traiirent à part ensemble et soy consilhont par queil chemien ilh poroiient entreir en Gemeppe, car les entréez estoiient fortes et pervlheuze de tos costeis; et, se leurs annemis, qui estoiient manchevis avoiient volenteit des pas à wardeir, ilh poroient perde davantage sains wangnier. Adonl dissent ly enfans de Flemale qu'il les monroiient bien sains perilh, s'ilh voloiient, car ilh chevacheroient droit à Flemale et là ilh sieroiient alle plainne chaimpaingne. Chis conseaz durat longement, sy que chilh delle warnizon de Gemeppe, que leur annemis ratendoiient alle adjournée, avoiient gran mervelhe qu'il targoiient tant; s'envoiiont a wardemaneir sor les champs et, quant ly wardemaneurs revinrent, et ilh raportont que leurs annemis stesoiient et conselhoiient sor les champs, ly dis messires Anthones et ly atres sages qui là estoiient present, alont dire qu'il yroiient sor les champs, alle deseur delle vilhe et alle devant de leurs pas, et, solont l'eslat el le contenance qu'il vieroiient en leurs annemis, ilh aroiient conselhe de fair avant. Et que vos soiies infourmeis: ly sires de Warous n'estoit nint deleis eaz, anchois avoiient entre eaz ordineit que ly sires de Warous venroit après le saingnor d'Awans, coystiant de long sor son avantage, sy que, s'ilh avenoit alconne choze az champs, qu'il les sorcouroit, car, en leur vilhes, ilh n'avoiient nul dopte. Et, quant chilh de Gemeppe parchurent que ly atre ne faisoiient nulle semblant de traiire avant, ilh reprisent corage en eaz, sy que chilh qui quidoiient que leurs annemis n'awissent nul volenteit de combatre, et chevachont vers eaz bin ordinéement. Adont, quant chilh d'Awans les veyrent venir, ilh soy misent en conroy et trahirent avant. Et ly sires de Warous, à toute sa rotte, qui de tos costeis veioit la contenance des partiiez, s'avanchit assy, por sorcorir à cheaz de Gemeppe. Et, quant les batailhes furent apprepiez, ilh soy corirent sus aviséement et de grant ordinanche, et soy kebatirent asseis longement. Mais la plus grande parliiez de cheaz do ban de Serang et de Gemeppe, qui estoient à piet, fuyrent leur voie, quant ilh veïrent le fait dureir sy longement et assy par tant que ly sires d'Awans estoit là plus poissans que ly atres. Nintmains, en la fin, fut abatus et trais à terre à tot son diestrier ly sires d'Awans, et ses pengnocheaz abatus, qui fist cheaz de sa partiiez tourneir à desconfiture. Et suffiat à cheaz de Warous d'avoir la victore de ceste journéez, sains chachier leur annemis, car ilh ne les chaichont onk. Là fut mors ly vailhans sires d'Awans, forche chevaliers et entreprendans. Et furent mors, deleis ly, trois des freires de Flemale, assavoir messires Colar delle Heys, messires Wilhelme ly Hyer et Henrys ly Dammeheaz; item. Olivirs, freires al bon Walleran de Jouprelle, Houwechon de Chantebrines, escuwirs, Gilhes de Fouz en Braybant et uns escuwirs nomeis ly Troie de Fouz, qui furent assy mors, delle partie de cheaz d'Awans, et nint plus. Et, de cheaz de Warous, i furent mors Johan ly Varlés, peires à monssaingnor Libier le Polen, et Pangnons de Riwal, ses freires, qui fut peires de Henrar d'Aleur; lyqueis Johan ly Varlés et Pangnons estoiient freres à . monssaingnor Wilhelme, le viez saingnor de Warous, peires à monssaingnor Wilhelme le jovene, adont vivant. Et y fut assy mors, de cely costeis de Warous, ly fis saingnor Gilhe le Proidomme de Saint Servais et alcons altres.

  11. Chest batailhe fut nomée, et encors est, ly pongnyche à Lonchiens; dont les morteil faites do paiis furent teilement reflaméez et renforchiez que los ly paiis cheyt en grain tribulation; car, por le mort do dit saingnor d'Awans, rentront en la weire gran nombre de chevaliers et escuwirs qui onk ne s'en astoiient entremis, assavoir chilh de Warfezéez, car ly sires de Warfezéez n'estoit encors marieis alle filhe do sainssnor de Warous; et messires Ernus de Skendremale et Waleran de Jouprelle demoront capitaines, por le morte Olivier de Jouprelle; et assy chilh de Geneffe et de Lymont, messires Wilhelme, ly bons castelains de Waremme, tuit chilh qui estoiient des onze filhe de Monferan, dont li grans comptes chi devant faite mention, entront en la werre, et chilh de Liers et de Rocourt, et gran nombre d'atres linages, qui en devant s'en estoiient deporteis. Et fut messires Wilhelmes, fis alle dit saingnor d'Awans do secon mariage, capitaines de son costeit, qui estoit encors asseis jovenes d'eage. Et ly bon castelains de Waremme, qui estoit grans et fors, et hardis ultre mezure, et jovenes bacheleir en la fleure de sa jovente, et qui encors n'avoit pris l'ordenne de chevalerie et ne fist en grans temps après, chis fut capitaines por cheaz de Geneffe et de Monferan, qui estoit tos uns membre. Chis bons castelains avoit dois freires, assavoir monssaingnor Ernus de Jehaing et Libier Butoir, qui estoiient de grant volenteit; et, denoméement, je ay oüt recordeir que ly dis messires Ernus estoit ly plus hardis et ly plus corageuz que on powist troveir en tot son linage, car ilh estoit sens paour, ja fuist ilh de petit corps. En ce temps, demoront tos chis linages en pais, por les quaraintaines gettéez par le saingnor; car, de chascon noveal mort, on commandoit quatre quarantainnes, lesqueilles quaraintaines furent tosjours bin tenuve, queilconque haymes qu'il awist entre les partiiez.

  12. Quant les dierainnes quaraintaines furent expiréez, cascons soy retrahyt sor sa fortrece, là ilh devoit estre en warnihon; et fisent leurs provisions, et acqueroiient chascons d'eaz amis et serviteur partout où avoer le poiioient, fuist par linage, par amisteit, par affiniteit de mariage, ou par atre manier, por eaz enforchier. D'atre part, messires Wilhelme Cossen, chevalier beaz et fors et hardis, dont ly enfans de Flemale mors à Lonchiens estoiient oncles, car c'estoit fis de leurs sereurs, demorat capitaines por la coystie de Flemale, par tant que ly enfans Dameheaz de Flemale estoiient jovenes d'eage encors, et messires Wilhelmes ly Hier estoit mors sains hoir marle, et assy Wilhelmes, dis ly Campions, fis de monssaingnor Colar del Heys de Flemale, n'avoit nint le corage d'entreprende on teil faix. Ors deveis savoir que ly femme Damheal de Flemale estoit lant corochie et doloit sy tres ardamment son marit, dont quatre tres beaz enfans ly estoiient demoreis, assavoir Wilhelme, Johan, Badewin et Henry, qu'elle parsiwit tant le dit monssaingnor Wilhelme Cossen de proiiers, en plours et en larmes, et ly donat tant do sien qu'elle ly fist entreprendre la venghance de son marit. Et, por ly miez encharneir, ilh, ly dis messires Wilhelme, mis jus les armes de son peire et prist et encargat les armes de sa meire: d'argent à on satoir de geules, à v annelés d'or. Adont fut ly choze teilement enchafée que nus nozoit issir fours de sa fortrece se ce n'estoit en grant perilh.

  13. Ly dis messires Wilhelmes Cossens demoroit en Vengnis, deleis Liege: al desoz des vingnes, en liu nomeit Bealvengnis, en une platte maison, mais ilh avoit bonne eawe altour et bon pon leviche. S'avoit planteit d'amis à Liege, car ly Cornus de Saint Lynar, qui ly esioiient remuweis de germains, demoroiient asseis pres de ly; et ly enfans le viez Thomas de Hemericourt demoroiient à Liege, qui ly estoiient en ce point; et, ultre Mouze, estoiient ly en fans le voweit de Chaiienéez et Frongnut, son freire, qui estoiient si seroge. Et. generalment, tote ly universiteit delle citeit estoit tote favorable à cheaz d'Awans et demorat en ceste volenteit lant que ly werre durat, ja fuist choze que poin ne s'en armast la dicte universiteit.

  14. Chis messires Wilhelmes Cossens esloi t infourmeis qu'il avoit à Frangnéez, al desoir d'Averoit, trois freires, do linage de Sclachiens, dont ly uns astoit nom Warnirs, qui s'estoit vanteis qu'il avoit tuweit, alle pongnyche à Lonchiens, le Dameheal de Flemale. Chis trois freires tenoiient en on bellerroit à Frangnéez, et estoiient hardis et appiers. Se tournat à gran desplaisanche alle dit monssaingnor Wilhelme, mais ilh ne les connissoit. Se vint à Thomas de Hemericourt, son cuzien, ainsneit fil do viez Thomas deseurdictes, qui de pluseurs gens astoit acoinetés, par tant qu'ilh estoit vinir; et l'enformat de son faite, en ly priant qu'il ly vosist ses oncles aydier vengier, sy que chis qui de sanc et de linage en estoit tenus, car damoyselle Clamenche, sa meire, estoit cuzin germaine az trois freires de Flemale mors à Lonchiens. Chis Thomas estoit uns poissans hons de corps et de gros membres, et estoit reputeis por on durement sages bommes et de grant conselhe. Ihl avoit vn freires, mais nus d'eaz n'esloit en eage d'armeir à cely jour, ja soice que, après ce, ly trois d'eaz servissent bin leur lynage. Ihl respondit que c'estoit uns marchans et qu'il pooit tres mal laissier sa chevanche por entreir en ces werre, Mais de son conselhe sieroit ly dis messires Wilhelme conforteis loiialment. Cheste response ne suffiat nint alle dit monssaingnor Wilhelme; anchois s'en corochat et ly reprovat que sy grans courps et teile force qu'il avoit, estoit en ly mal emploiie, quant sy amis n'en pooiient estre adrechiez ne servis; et le sormonat tant, ensy que je l'ay parfaitement out recordeir le dit Thomas, qui fut mes oncles, qu'il l'atraiiet de son acort. Et encors recovrat ilh plus avant alle dit Thomas; car ilh ly fist mettre jus ses armes de Hemericourt, qui estoient de geules à une bende d'argent, brisiie d'on skouchet d'argent à on satoir de geules de part sa meire, qui estoit de la dicte coisté de Flemale, et ly fist prendre et porteir en plain eskut les armes de Hozemont: d'argent à on satoir de geules, à une ruture de sable. Et ly caze por quoy ly dis Thomas soy inclinat plus à cangier ses armes, ensy que je ly ay oût recordeir, ce fut par tant que chilh de Hemericourt, qui estoiient issus de Casteal et qui portoiient les armes de ces coleurs, ne soy meloiienl nint, et onk ne soy melont, des werres deseurdictes, quanteal qu'il fuissent des linages do paiis; si qu'il ly sembloit que on ne ly dewist nint tourneir à blame, S'ilh prendoit le blazon delle droit coislé dont ilh appartenoit à cheaz qui mors estoiient de son costeit, puisqu'il estoit conforteis d'entreprendre leur wenganche.

  15. Quant ly dis Thomas fut entreis, ilh dist al dit monssaingnor Wilhelme qu'il cognissoit dois freires à Liege, cuziens à cheaz do dit linage de Flemale, qui estoiient fors et rades, hardis et de grande volenteit, qui estoient bon neyveurs et bons abalestriers, quanteal qu'il ne fuissent nint ryches; parmy lesqueis ilh poroiient, à leur grant honeur et profit, achiveir leur fait à Frangnéez, sor les trois freires deseurdis. Si consilhat qu'il fuissent privéement mandeis, si qu'il furent. Ly uns estoit nomeis Hannoroie, et ly alre Thiry d'Ongnéez. Je les veys asseis; mais mult anchiens estoiient ilh de mon temps. Parleit fut à eaz, et tant traitiiet qu'il aroiient de nuyt apparelhiet on ponton à Mouze, à vivier, alle coron de Soverainpont, en queil ilh sieroiient. warnis de leurs abalestre; et ly dis messires Wilhelme et Thomas, à tot une dozeinne de leurs amis, y entroient tos armeis; et ilh les naviroiient seguremenl amon Mouze juxes à Frangnéez. Faite fut. Et, quant ilh furent al rivages à Frangéez, ilh issirent hors et laissont de leurs varlés por le ponton à wardeir, et s'en alont à bellefroit, en queil estoiient ly trois freires deseurdis. Sy en tailhont et copont les angleis posteaz et, alle cheiior, ly uns d'eaz escapat et ly atres dois furent mors. Et, de dont en avant, Henroie et Thirys d'Ongéez servirent loiialment à piet leur dit linage, et gisoiient en warnison, et en furent dureme plaiiez et navereis. Et ja fuist ly tirs freires adont escapeis, sy ne passa nint trois samaynes après qu'il fut tuweis tot emmy la cuzine l'abbeit Saint Gilhe, là ilh quidoit sorjourneir bien secretement.

  16. Avint. tantoist après ce, que messires Thirys Tabareaz, sires de Serainge, devoit avoir une journéez à Saintron, sor laqueil ilh priat monssaingnor Henry, saingnor de Harmalle, qui avoit à femme sa cuzin, filhe son freire, le Persan de Haneffe. et y priat assy pluseurs atres; lyqueis sires de Hermalles ne s'estoit encors entremis des werres deseurdictes, ne cheaz de Vilhe assy. Or, avoit, à cely jour, grant hayme entre le dit saingnor de Hermale et le dit castelain de Waremme, por atre caze; et ilh bin savoit ceste journéez, si que, por greveir le dit saingnor de Hermale, ni en la compaingnie do saingnor de Seraing, mais s'ilh le trovoit departit fours de sa compaingnie alle revenir del le journée, ilh prist monssaingnor Ernus de Jehaing et Butoir, ses dois freires, et mandat, de ses atres amis, ce qu'il en vout avoir, por fair on emboxhement sor le chemien, là retrair soy devoit ly sires de Helmalle; sor lequeile wait furent messires Ameile de Bovengnistirs, messires Fastreit, ses freires, Ernus de Darion, ly trois enfans de Mouhin, Nannekin de Hodege, Mylos, ly freires Rasse de Waremme, ly Poindecheaz, Mavehiens de Fiiez deleis Huy, chilh de Bertinhers et pluseurs atres.

  17. Quanl ly journeez de Saintron fut departiie, et ly sires de Serainge et ly sires de Hermale revenoiient, et ce vint que ly sires de Serainge vont tourneir fours do chemien por aleir en sa vilhe de Herke deleis Chamont, al desoz de Tongres, ly sires de Hermale prist congier à ly, et cascons des atres ralat son droit chemien. En revenant, ly sires de Hermalle, qui n'avoit que sa mainie tant soilement, cheyt disporveuwement sor le wait do castelain de Waremme, qui brisal sor ly. Sy l'orent tantoist à volenteit, car ilh estoiient fors el porveus; et ce, n'estoit nint ly sires de Hermalles, car ses familiares, azqueis on ne demandoit rins, le laissont sor les chans. Là fut ilh plaiiez et teilement navreis qu'il gisoit là, si que mors, et n'avoit en ly nul semblant de vie. Ilh fut dois ou trois fois tourneis et retourneis, affien que on fuist bin certains de sa mort, car ilh savoiient bin qu'il aroiient melheur marchiet de sa mort que de ses quassures; mais tos le jugont por mort et sains esperit. Adont montont ilh à cheval et le laissont sor les champs. Et, quant ilh furent monteis, messires Ernus de Jehaing, qui plus morteilment haiiot le saingnor de Hermalles que nus atres, et qui soy dotoit que ly sires de Hermales ne fuist nint mors, retournat et revint sor ly, et deskendit et le trovat en teile point qu'il l'avoit laissiet. Nintmains, ensy que par despit, et d'enchafement de corage, ilh traiit s'espée, et ly levat le pan de son habier, et li boutat ens, amont le ventre, en disant: « sires de Hermalles, sires de Hermales, tu t'estoiiez vanteis que je moroy de ta main; mais tes orgoul est abatus et ta parolle fasée, car tu es mors delle mienne! » Ihl remontat et s'en ralat après les atres, et leurs comptat ce que fait et dit avoit, dont ly pluseurs d'eaz furent dolans, car messires Ernus estoit de grandes parolles et chauz en tous sen fais, et de petite atemprance. Ors deveis savoir que, de cesty dierain fait, ne fut point granment quassiez ly sires de Hermalles; car, de cas de fortunne, ly spée glichat entre le ventre et le porpoint, si que ly char en fut petitement endomagie; mais ce dechuyt monssaingnor Ernut qu'il retrahit fours son espéez tote ensangleteez, et c'estoit do sanc de ses atres plaiiez, car ly corps de ly estoit, et dedens et dellors, tos cargiez de sanc.

  18. Et, quant ly castelains et sa rotte furent enlongiiez, ly varles do saingnor de Hermalles retrahirent vers ly et le trovont encors gisant en pamison. Se prisent froide eawe et ly lavont le visaige et ses atres membres, et, en ce faisant, ilh revint et ly. Adont, porkachont ly varlés on char et le misent sus, et l'emminont a Herke, deleis le saingnor de Seraing, qui en fut tant dolans et corochiez qu'il jurat que jamais ne beveroit de vien, se sieroit vengiez.

  19. Chis sires de Hermalles fut bin garis, sains affolure, et puys mandat toz cheaz de son linage, et y priat monssaingnor Johan, saingnor de Haneffe, monssaingnor Thiry, saingnor de Seraing, Houwe d'Ochamp, freires et seroges al dit saingnor de Hermalles, qui encors juxes adont n'avoiient nint granment chevachiet; et y fut ly sires de Warfezéez, de cuy linage ly sires de Hermalles estoit, et assy messzires Watier de Momale, fis al saingnor de Warfezéez, qui estoit compains à ly, le dit saingnor de Hermalles; et remonstrat son fait: linage ly sires de Hermalles estoit, et assy messires Watier de Momale, fis al saingnor de Warfezéez, qui estoit compains à ly, le dit saingnor de Hermalles; et remonstrat son fait: comment, en serviche et en saf conduyt do saingnor deSeraing, ilh avoit esteit navereis; et requist leur ayde, por avoir vengement; et ilh demoront tos deleis ly. Et ilh estoit de gran sens et de gran porkache, et de grain richeche; sy kemelat teilement les fizéez partot qu'il retraiit à ly et ostat do serviche cheaz d'Awans, por le castelain à greveir, tous cheaz de Haneffe et de Warfezéez, qui estoiient les plus fortes capitaines de tos les ahierdans d'Awans; et reclamat cheaz de Vilhe et de Chantemierle, ses cuziens, cheaz del Chier et cheaz de Bierlouz, qui estoiient annemis à cheaz d'Awans; et acquist grant partiie et gran service, à Huy, de cheaz de Revins, de Monroiiaz et de Pexheurive. Sy en levat on gran mandement, por assegier ly castelain de Waremme en casteal de Waremme. Chis sires de Hermalles fut bannerés, et avoit à compangnon monssaingnor Waltier de Momale et monssaingnor Lambier de Harduémont. Ilh portat de sable à fleur de Iys d'argent, et crioit Domartin, car ilh estoit estrais del unk des trois freires de Warfezéez, ensy que troveir poreis en promerain traitiiet des linages; et les plus proismes qu'il avoit, ch'estoiient chilh de Chantemierle, qui estoiient sy cuzins germains. Ilh et toutes ses partiiez acordont une journée por chevachier à Waremme bin stoffeis et corir sus al castelain.

  20. Chis conseaz ne fut nint longement celeis, anchois fut nonchiez al dil castelain, alqueile ilh ne desplaisoit nint tant ly werre do saingnor de Hermalle qu'il faisoit ly serviche qu'il perdoit de cheaz de Haneffe et de Warfezéez. Ilh mandat ses amis, en ce paiis et dehors, assavoir en Braibant et en la conteit de Louz. Mais ly sires de Hermalles avanchit sa journée, et vinrent ilh et sy aydans enforchiement à Waremme. Quant ly castelains entendit qu'il venoiient, et ses mandemens n'astoit encors venus, ilh soy conselhat à cheaz de ses amis qui estoiient deleis ly, qui Iy conselhont de wardeir sa fortrece juxes à tant qu'il aroit ses amis ensemble qu'ilh ratendoit, et que, de ce, ilh n'aroit ja reprendernent. Mais ilh dist que nel troveroiient en sa fortrece enfermeit; car ilh yroit sor les foseis delle vilhe, qu'il et sy amis warderoiient et defenderoiient bin sen domage; et laiiroient le fortreche warnie, por eaz recoilhir, s'ilh en avoiient besonge. Et messireS Bottir d'Az fut de son acort, sy que ly atres nel oizont debatre.

  21. Ilh s'armont, et soy partirent et alont sor les fouseis, en atendant leurs annemis, en bon convenant; sy traiirent lanchant et skermuchant asseis les uns az atres. Quant ly sires de Hermalles et ses partiiez parchuyrent qu'ilh porciient pou couquesteir, ilh partirent leur gens et envoiiont partiie alle desoir delle vilhe, qui entront ens par les cortis et revinrent al derier do castelain, qui faisoit visage sor les foseis à ses annemis. Quant ly hahay montat, ilh et ly siens retournont visage az atres, qui il par derier les assalhoent, et soy combatirent bin et fort. Et, cependant, chilh qui estoiient az chans entront assy en la vilhe, sy qu'ilh covint le dit castelain et les siens partir à gran dangier et retraire vers le fortrece. Ors estoit ly ruwe delle retrait sy estroit que pluseurs y furent forcloz, qui ne porent à temps venir az lyches. Là furent mors, delle partie le castelain, messires Botir d'Az, qui estoit seroges alle saingnor de Hermalles, car ilh et ly sires de Hermalles avoiient les dois sereurs do saingnor de Haneffe et do saingnor de Seraing; et y furent mors ly castelains de Montengnis, messires Symon de Lymont, dis de Herbais, dont chilh de Herbais sont estrais; et y morit ly bastars de Wezemale, mais ce ne fut nint ly bon bastars, qui fut ly plus prenz des Braibechons; et y morirent Houwar de Mons, Johan de Lonbos, ét alcons atres; et y fut affoleis d'une main Butoirs, freires al dit castelain.

  22. Aprés cheste desconfiture furent gettéez gran nombre de quaraintaines, sy que on targat longe pieche de temps anchois que nus soy movyst, sy que on ne warioit nint cotidiennement; anchois avint sovent fois, ces werres pendant, que on sourjournoit I an ou plus, tant por les quaraintaines com por les triwes que ly saingnor marchissant y porkachoiient. Et, ces triwes, quaraintaines ou respis pendans, chilh des linages deseurdis chevachoiient sovent fois ensemble, en services des saingnors, decha Mouze et dela. et soy compaingnoiient et servoiient et reskoiient loiialment ly uns l'atres, tant en werres et chevachiez des strangnes saingnors com az tournois assy. Et, meïsmes en ce paiis, quant triwes, respis ou XLes estoiient entre eaz, ilh soy hantoiient et compaingnoient sovent fois az jostes. az hoveriez, et à toutes feistes, sains mavaize retraite. Dont je ay eüt, et ont pluseurs persones, grande admiration, par tant que, quant ilh restoiient al werre, qu'il soy tuwoiient sains merchit. Sy moy semble que ly loyalteis, qui dont habitoit en ces proidommes, soit à present bin morte; car chilh qui n'ont entre eaz werre ne contens, ne puelent, par leur envie et orguelh, hanteir ensemble sains corois et sains maltalen. Encors fasoiient ilh plus grant gentilhece, chilh bons saingnors, anchiennement; car, en temps qu'il n'avoit entre eaz quaraintainnes ne nulle respit, et ilh estoiient proiiez en serviche d'alcons saingnors fours de nostre paiis, ilh s'atriwoiient tant qu'ilh sieroiient fours do paiis, por tant qu'il ne voloiient nint, por leure werre, renonchier alle honeur do monde ne al service de leur saingnor. Et ce avint sovent fois, tot la werre pendant entre le duc Johan de Braibant, dierain de ce nom, et le saingnor de Falcomont et de Monjoie adont vivant. Et, tantoist eaz revenus alle paiis, ilh estoiient annemis com en devant. Mais veriteit est qu'il y avoit gran nombre de chevaliers et escuwirs qui estoiient cuzins prochains, quanteal qu'il fuissent annemis; car ly uns freires estoit contre l'atre, et ly oncles contre le cuzien, sy qu'il vos puet apparoir de monssaingnor Libier de Vileir. qui portoit les armes d'Awans, qui fut al encontre de ses freres germains avoek cheaz de Warons, por l'amour et conselhe de sa femme, qui estoit sereur az enfans d'Oborne.

  23. Quant ly bon castelain de Waremme fut teilement desconfis que deviseit est, ilh en out gran vergongne, car ilh avoit esteit mult fortuneis d'armes. Se priat alle plus coviertement qu'il pout les enfans de Mouhiens. ses cuzins, et de ses atres amis, après les quarantaines expiréez, et chevachat à Bierlouz, qui estoit bin et fortement lichie et fossie; et y avoit des vailhans gens, tant en la vilhe com en la fortrece, gui vinrent az liches, et tot ly sorseans do liu avoek eaz. Là fut bin et vassallement skermuchiet, trait, lanchiet, assailhit et defendut. Finalement, ly vilhe fut wangie et les liches copéez; et retrahirent chilh de warnizons, tant del vilhe com delle fortrece, arier, tot combatan, juxes az liches delle fortrece. Mais, anchois qu'il y powissent venir, ilh perdirent planteit de leur sorseans, avoek lesqueis furent mors, de leure partie, ly dois enfans de Riwecheaz, en la conteit de Namur, qui estoient beaz et bons escuwirs do linages de Warfezéez; et y furent mors Vosse et Fagée de Berlouz, et alcons atres d'oneur et de nom.

  24. Sor ce, ly castelains et sy aydans soy retrahirent sens domage; et novelles quarainfaines furent getéez, car, de noveal mor, novelles XLes; et sorjournont alconne espasse de temps sains chevachier. Mais, ces xLes expiréez, 1y sires de Hermalles priat deleis ly les enfans del Chier de Huy, apiers et rades chevaliers, qui portoiient les armes de Thynes, et le vowereal d'Amaing, gransaingnor alle saingnor de Warous et de Hautepenne maintenant vivant, et cheaz de Vynalmont, dont 1y dis vowereaz portoit les armes, et alcons de ses cusins à Vilhe, et les enfans de Chantemierle: monssaingnor Rasse, monssaingnor Ystasse et Johan. Se chevachont à Fiiez deleis Huy et assegont Mavehien de.Fiiez et Jakemien le Chevetainne, son freire, en leur tour à Fiez. Sy le prisent par force, et tuwont le dit Mavehien, et abatirent le tour. Mais le dit Jakemien ilh ne porent troveir, car ilh estot tos coviers de pieres, et ly givaz delle cheminée l'avoit warandit.

  25. Quanl ilh furent partis, ly amis deskargont les pires et trovont le dit Jakemien en vie, mais ilh avoit les dois jambes brisiez. Se fut cheriez à Liege et garis; et viskat puis longtemps, car je le voys pluseurs fois, demorant en Chinsirée, à Liege; mais affoleis estoit et clochoit des dois costeis.

  26. Après ce, fist messires Ernus de Jehaing, freires al bon castelain de Waremme, une chevachie. Se prist de ses amis et cheaz de Hozemont et d'Awans, et chevachont à Fiiez deleis Kemexhe, alle maison le Blavereal de Fiiez, qui estoit de cheaz de Warous, et wangnont la maison. Et ilh fuyt en sa bome et, par tant que ly dis messires Ernus n'ozat bouteir le feu, ilh fist remplir et stopeir de terre les entréez et les sospiraz, sy qu'il fut ens stins et mors.

  27. Ches choses, et plus asseis que je n'en aiie recordoit, avinrent entre le mort do saingnor d'Awans et le batailhe à Domartien, dont chi après sierat faite mention. Et gran nombre de gens d'oneur en furent mors; mais, par tant que je n'en ay nulle certaine information, sor laqueile je m'osaise afiieir, je n'en ay rins mis en ce compte: se m'en tengniez por excuseit.

  28. Mais veriteis est que, après le mort do Blavereal, que chilh de Warous et Bierlouz towont monssaingnor brunik de Wotrenges, chevalier, qui estoit do linage de Haneffe et portoit d'or à fleurs de 1is de geules, sy gue ly sires de Haneffe et de Seraing n'avoiient onk, toutes les werres pendantes, en nulle des partiiez des dis linages, perdut nul si proisme que ly dit monssaingnor Brunink; sy que les quaraintaines en furent en eaz getéez, dont ilh furent en grant balanche de savoir comment ilh s'en poroiient maintenir et werdeir leur honeur; car, al commenchement des werres, ilh avoiient esteit avoek cheaz d'Awans par linage, et s'estoient retourneis avoek cheaz de Warous por le despit fait à leur seroges, le saingnor de Hermalles, par le castelain de Waremme, sor le saf conduyt monssaingnor Thiry Thabareal, jadit leur oncle; et, tot ce pendanl, ilh n'avoiient nulle prochain proisme perdot, et maintenant chilh de leur partie avoiient tuweit leur cuzien de leur linage et de leur blazon; sy n'en savoiient que fair. Mais, finalement, ilh trowont par droit d'armes; et assy chilh d'Awans et ly castelain de Waremme envoiiont tant de bons amis traitiier à ches saingnors qu'il entreprisent la venganche de monssaingnor Brunink et soy retraiirent deleis cheaz d'Awans. Et tantoist fut fais ly mariage de monssaingnor Badewien, fil do dit castelain, al filhe de monssaingnor Johan, saingnor de Haneffe, dont ly sires de Rochefort avoit l'atre; sy qu'il furent teilement raloiiez, par ceste novelle werre et par la novelle affiniteit de cesty mariage, qu'ilh demoront d'unne ahierdance tote la werre durant. Et furent chis dois freires, ly sires de Haneffe et ly sires de Seraing, les plus fortes et plus riches et plus poissant capitaine delle coystie d'Awans.

  29. Ors deveis savoir qu'il avoit adont pluseurs linage en l'evesqueit de Liege, et de gran nombre de chevaliers et escuwirs, qui de ces weres n'astoiient encors entremis ne armeis; et chevachoiient en leurs songnes et en leurs solas, en rivier et en gibiere, paisiblement, fours trywes, et sains perilh et sains encombrier, ja fuist choze que les werres awiissent ja dureit par l'espasse de XXXIII ans ou environ, assavoir del an mil dois cens et nouante juxes al an mil trois cens et XXIII, et qu'il awissent, en la dicte werre, pluseurs de leurs prochains cuziens. Mais ilhe s'excusoiient de ce que ly werre ne commenchat nint de leur coystie. Nequident, quant uns leures prochains cuziens en estoit mors et les quaraintaines estoiient gettéez, par lesqueiles ilh estoiient loiiez, ilh y entroiient de noveal; dont, en la fin, anchois les pais faites, ly plus grant partiie de cheaz qui à ce jour, assavoir l'an mil trois cens et XXIII, ne s'en estoiient meleis, furent ens bouteis, ly uns devant, ly atres aprés.

  30. Ors poroiient chi endroit alcons, saghes delle loy de ce paiis, avoir grande admiration de ce que, à cascon mor, on getoit novelles quaraintaines, com la dicte loy soit teile que, ly werre ovierte jugie aprés le premiere mor, ly sires do paiis, de dont en avant, n'y aiiet point de hauteur ne de poissance, se nul ou plus en moroiient delle werre, mais que les partiiez soy wardassent d'ardoir ly une sor l'atre. A ce voelh je respondre, pour satesfaer à teile admiration, par la maniere que ly anchiens l'ont alconne fois recordeit, assavoir: que ly sires d'Awans, qui commenchat la dicte werre et qui en fut ly promiers mors, ilh boutat en sa werre, à caze de sa morte, tos cheaz qui estoiient armeis deleis ly sor cely journéez et qui, de ses quatre coisté principaz, estoiient à ly appartenans; et semblament furent en la dicte werre, com faitueles, ly sires de Warous et messires Anthones de Gemeppe, chilh de Sclachiens et tos cheaz qui, avoek eaz, furent armeis sor la dicte journée, appartenans de sanc az linages de Warous et de Sclachiens; et nus atres ne s'avoiient à meleir de la dicte werre, s'ilh n'y voloiient entreir de fait et de volenteit. Mais, de dont en avant, quant alcons des aydans deseurdis estoit mors, ly capitaines de cely coystie porkachoit tant az proismes des atres trois coystiez de cely noveal mort, ou del une des dictes coistiez, s'ilh ne les pooit tos avoir de son acort, qu'il les faisoit impetreir quaraintaines por eaz bouteir en sa werre, par tant qu'il ne s'en avoiient onk entremis do temps devant. Encors faisoiient ilh plus, por amis à acquiere; car, alconne fois, ly propres faitueles impetroiient eaz meismes les quaraintaines, por leurs proismes de leurs atres coystiez atraire en leure werre, quant ly proismes do mort ne dengnoiient quaraintaines impetreir; et, nintmains, si avenoit sovent que pluseurs de leurs proismes de cesles novelles coystiez s'en ostoiient, affien qu'il demorassent en pais. Et tant fisent les dois capitaines d'Awans et de Warous, par leurs subtiliteis et fervente solicitation d'eaz enforchier, qu'il atraiirent x principalez linages avoek eaz, assavoir que chilh de Warfezéez, delle coystie monssaingnor Bunink de Wontrenges, c'est à entendre chilh de Haneffe et de Noefcasteal, chilh de Hozemont, de Geneffe, de Rocourt et de Liers, qui sont uns membres et uns linages, car chilh de Liers portent les armes et criient le cry de Rocourt; et assy chilh de Hemericourt, delle coystie et delle branche de Stiers et de Bowengnistier, qui portent d'argent à une bende de geules et crient Hemricourt: tos chis linages furent des ahierdans d'Awans et pluseurs atres, qui point ne sont nomeis en la Pais des XII par caze de brieteit, par tant qu'il sont dependans des linages: deseurdis. Et, d'atre costeit, chilh de Warfezéez, issus de droit saingnorage de Warfezéez, chilh de Bierlouz, de Villeir deleis Jouprelle, chilh de Sclachiens et chilh de Vilhe, furent des ahierdans de Warous, et pluseurs atres linages dependans des chink linages deseurdis, qui, par la raison devant escripte, ne sont point nomeis en la dicte pais, qui est a apelée ly Pais des Doze. à caze des doze principaz linages deseurdis.

  31. El affien que vous aiies connissanche delle plus grande partie des linages do paiis qui, al commenchement des werres ne longtemps aprés, ne s'estoiient point entremis des morteile faites deseurdictes, je vous en feray relation; assavoir, sont: chilh de Hamale, quanteal que ly plus grant partie en fuist do linages de Haneffe; chilh do linage de Preit, qui portent lozengiet d'argent et d'azure sens comble; chilh de Preit à on comble de geules, dont ilh issirent ly skenissaz de Preit; chilh de Colonster, ly Henroie et pluseurs atres, et assy chilh de Noevis, assavoir ly Chabos, ly Polarde et chilh de Charneur, qui issirent tos de Preit alle comble; item, chilh de Joupilhe, qui portent de x pieche d'or et de geules à on ourle skaketeit d'argent et de sable; item, chilh de Chaiienéez, portant de geules à trois rotures d'argent, et crient Souwengnéez; item, chilh de Hemericourt, issus do droit saingnorage, qui portent de geules à on bende d'argent; item, chilh de Hacourt, qui portent le satoir, ly alcons de geules alle satoir d'argent, à quatre mierlettez d'argent, et ly alcons de sable al satoir d'argent, à quatre mierlettez d'argent; item, chilh de Biersés, dont ly alcons portent burleit d'argent et d'azure, ly alcons burleit si que dit est à trois lyon de geules, ly alcons burleit à on lyon, ly alcons burleit à une bende de geules, et ly alcons burleit à on chief de geules; item, chilh do linage de Tongres, qui porlent vairiiet d'argent et d'azure à une faixhe d'or, dont chilh d'Odoir, chilh de Leutes, chilh de Betou, deleis Tongres, et ly plus grant partie de cheaz de Hamalle sont issus, et pluseurs atres; item chilh de Wellerous, portans le lupars, chilh de Rogefort et de Cleiremont, portant l'aygle; chilh de Thines, chilh de Houbines, chilh d'Oxhen, chilh de Hodires et de Comblen, portans de VI pieches d'or et de sable; chilh de Warnans, la ilh avoit dois partiiez annemis les uns az atres, dont ly alcons portent de geules à VI liwecheaz d'argent, et ly alcons de sable à on chief de geules, à on lywon d'argent; chilh del Wege, qui portent de geules à on chief d'argent; item, chilh do Rivage de Viseit, portans d'azure à une bende d'argent; chilh de Halois, portans trois rozes; chilh de Fleron, portans burleit d'argent et de synoble à on liwon de geules; chilh de Nayvaing, portans d'azure à une crois d'argent et cryans Nayvang; chilh de Lixtenborg et d'Emale, portans de sable à une faxhe d'or et crians Lixtenborg; chilh de Vileir sor Leche, portans ly alcons de sable à une faixhe d'or et ly alcons d'azure à une faixhe d'or, et crians Vileir, et rins n'a partinent à cheaz de Lixtenborg, ja soice qu'il portent blazons semblans; item, chilh de Marchins desoir Barche en Condros, portans d'argent à on bar de goiles et crians Marchins, dont chil d'Antynes et de Pexheurive, de Huy, sont issus; item, chilh de Bealfor, dont chilh do Falais, de Gounes, de Chailes, de Ramelo et de Spontins sont issus, dont ly alcons portent d'argent à une bende germelle de geules, ly alcons d'or alle bende germelle, et ly atres d'yermine alle bende germelle, et tos crient Beafort; item, chilh de Harduémont, portans d'argent à fleurs de lys de geules; et chilh de Fexhe, assavoir monssaingnor Lambier et ses trois enfans, messires Henris, messires Ogirs et Pietres delle Brouk, portans de geules à tortelés d'argent et crians Domartien; item, chilh de Daveles, qui estoiient issus delle sereur le saingnor de Warfezéez, qui portoiient Hemericourt: de geules alle bende d'argent; item, chilh de Wonk, portans ly alcons d'argent à on chief de geules et ly alcons d'yermine à on chief de geules, et crient Domartin; ne chilh de Langdris, qui adont portoiient les armes de Courtrece, assavoir quarteleit d'or et de geules, et, après ce, prisent ilh les armes do saingnor de Castealvilen, ensi qu'en traitiet des linages, chi devant, vos porat apparoir, en capitle parlant des hoirs do promier mariage le saingnor de Warfezéez qui out les xx enfans, et assy vos puet apparoir chi devant, en tratiet des filhes le viez monssaingnor Breton de Warous, que ly viez monssaingnor Wilhelmes de Langdris out la filhe ainsnée do dit monssaingnor Breton.

  32. Tos ly linages deseurdis, c'est à entendre ly plus grans nombres des persones des dis linages, ne s'estoiient nint bouteis en morteil faites deseurdictes adont que ly castelains de Waremme quassat le saingnor de Hermalles. Mais, après ce fait, y entront ly plus gran partie d'eaz. Et en y out pluseurs qui onk ne se melont, devant ne après; car chilh de Rochefort, do linage de Walecourt, ne s'en armont nint, excepteit cheaz qui estoiient delle coistie de Cleiremont, ne chilh de Hubines, chilh de Joupilhe, chilh de Casteal de Hemericourt, chilh d'Oxhen, chilh de Halois, chilh de Fleron, chilh de Nayvaing, chilh de Lixtenborg, chilh de Vileir sor Leche, chilh de Bealfort, chilh de Falais, chilh de Gounes, de Spontins, chilhe de Chaeles, chilh de Ramelo, chilh de Fexhe az tortelés ne chilh de Daveles ne s'en armont onk, ja fuissent ilh appartenans de sanc et de linages, sy que chi devant, en promerain traitiet, soy contint, à pluseurs des partiiez qui la dicte werre mentenoiient.

  33. Ors, en revenant à nostre principal mateire, quant messires Johans, sires de Haneffe, messires Thirys, ly bons sires de Seraing, et Houwe d'Ochans, andois freires alle dit saingnor de Haneffe, et assy chilh de leurs coystie, furent retourneis avoek cheaz d'Awans, pour le mort monssaingnor Brunink de Wotrenges, ilh chevachont les unes partiies sor les atres, après les quaraintaines expiréez; et soy portoiient gran domage, et le prendoit cascon sor son avantage, car les warnizons estoiient fout pres ly une delle atre.

  34. Avint finalment que certaines quaraintainnes entre elles gettéez devoiient expireir l'an mil III et XXV, le vigile delle feiste sains Bertremeir, qui estoit en semedis, sy que les capitaines des partiez d'Awans mandont estroitement à tous leurs aydans qu'il fuissent à Geneffe le mardit, do matin, après le Sains Bertremeir, assavoir le prochain mardit après le semedis devant nomeit. Et, par especialz, ly bons castelains de Waremme mandoit singulerement et tres affectuesement les siens proismes et les cuzins de cheaz qui avoiient esteit mors à Waremme en son service, et assy, en Braibant, tos cheaz qui estoiient issus de Monferan, de la coistie de Geneffe, par tant que ly sires de Hermalles, ly sires de Momale, et chilh de Vilhe et de Bierlouz ly avoiient mandeit et laissiet savoir par unk hyraut que, le merkedit après, ilh abatroiient sa porte de Geneffe, qui n'estoit nint de gran forche, si qu'il appert encors à present; lyqueis mandemens avoit esteit fais par meüre conselhe et grant avis et subtiliteit, allien que chilh de Warous sawissent le jour do mandement cheaz d'Awans, anchois qu'il fesissent leur mandement al encontre. Et quant ly saingnor de Hermalles, de Momale, de Bierlouz, chilh de Vilhe, de Warous et tote leur capitaines veyrent et parchuyrent de ciertain que chilh d'Awans avoiient faite leur mandement alle mardit après le Saint Bertremeir, c'estoit alle jour qu'il devoiient venir à Geneffe, sy qu'il avoiient faite entendant, ilh fisent leur mandement à tos leurs proismes, aydans et ahierdans, alle dimengne devant, à soleal levant, c'estoit alle propre jour delle Saint Bertremeir, l'endemain des triwes expiréez, affien qu'il awissent fait leur emprise anchois le jour do mandement de cheaz d'Awans. Mais ilh ne puet estre fais si celéement qu'il ne fuist nonchiet le semedis bin matien al dit castelain, si que, cely semedis, de jour et de nuyt, ilh envoiiat contremandeir la journéez de son mandement et reproiier à cely dymengne, le propre jour delle Saint Bertremeir. Mais ly jour estoit sy cours que chilh de Braibant ne furent nint à temps contremandeis, excepteit le saingnor de Dypenbeyke, qui, d'aventeur, fut troveis à Dypenbeyke et de noveal reproiies avoek les atres.

  35. Ors deveis savoir que, tanloist qu'il fut nonchiet al dit castelain que on ly abatroit sa dicte porte, ilh mandat monssaingnor Gerar Surlet, son seroge, qui onk ne s'astoit volut armeir des morteil faites deseurdictes, par proiier ne par exhortation qui faite 1y awist ly castelins deseurdis. Et quanl-ilh fut venus, ly castelains ly remonstrat son faixs, et le despit et oultrage qui mandeit ly astoit, d'abatre sa maison; et avoit deleis ly sa femme et ses dois beaz fis, Badewien et Wilhelme, et les monstrat alle dit monssaingnor Gerart, qui leurs oncles estoit, en disant ces semblans parleirs: « Messires Gerart, chevaliers, seroges, je pris vostre sereur, qui chi est, en mariage por estre conforteis, en la citeit de Liege et dehors, de vos et de vos amis. Et en ay cest dois beaz enfans, qui sont chascon jour en perilh de leurs corps et de leur avoir, por moy et leurs proismes aydier vengier. Et veieis que leur hyretage on at manechiet à abatre, lequeile vos esteis tenus de defendre, et petitement l'aveis faite juxes à ors, ensy que sovent fois vos at esteit reproveit de part moy; car, par droit d'armes, ne poiieis falir alle lynage de Hozemont, dont vos porteis le blazon et qui plus at perdut à cheste werre que nus atres; car ly castelains de Hozemont fut une des promerains capitaines avoek le viez saingnor d'Awans, et furent ly frois bons freires de Flemale mors à Lonchins en son service. Se deveries avoir en vos gran reprendement, de ce que vos en esteis si mal acquiteis, qui esteis asseis riches et poissans d'avoir et de prochains amis, de faer on gran service à vostre linage. Et saveis que vos n'aveis nulle blame de moy ne de mes enfans; mais, d'ors en avant, aront ilh b1ame de vos s'ilh sont teilement renoiiez et relinquis à leur besongne. Et vos jures, en loyalteit de chevalerie, que, s'ilh sont à ce besongne renoiiez de vos, vos siereis renoiies de moy et d'eaz; car, se je savoy que, a nulle jour mais, vos dewissent fair service, ilh n'en tenroiient ja plain piet de mon hyretage. » Chest parolles et asseis plus trenchant dest ly dis castelains alle dit monssaingnor Gerart, et ly bonne damme, sa femme, et sy enfans. Dont ilh fut si entrepris qu'il ne savoit que respondre, atrement qu'il avoit atrefois respondut et responduit encors: qu'ilh estoit assy proismes à cheaz de Vilhe qu'ilh estoit à cheaz de Hozemont, et qu'il metroit ses proismes en gran dangier, s'ilh entroit en la dicte werre. A ce, respondit ly castelains qu'il n'avoit coisté ne branche en linage de Hozemont qui ne fuist en la werre awoek cheaz d'Awans, excepteit le coistier des Surlés tant soilement; et, puisque ly Surlés portoiient les armes de Hozemont, ilh avoiient mize par honeur à servir leur a blazon que le contraire; et, se ce ne voloiient faere, se mesissent jus leur blazon et presissent les armes de Vilhe, et servissent cely linage, car ilh en estoit tos conforteis. Finalement, ilh fut si cours tenus que nulle excusance ne ly valit; anchois s'enclinat alle proiier do castelain, delle damme et de leurs enfans, et leur promist à aydier et venir à leure journée, si qu'il fist. Dont ilh avint, pou après, quant messires Johan. ly viez voweit de Liers, trovat le dit monssaingnor Gerart à Geneffe, armeit avoek ly castelain, qu'il, tos armeis, commenchat à chanteir tot haut, en sa presence: « Ors est Frumons en la folie entreis ! » S'en fisent ly saingnors là presens tres grant risée et en orent gran solas.

  36. Quant ly castelains fut infourmeis, si que dit est, do mandement cheaz de Warous, qui soy voloiient anchois de ly trois jours avanchier, et que li jours estoit si cours qu'il ne pooit partot contremandeir ne reproiier de noveal, ilh envoiiat nonchier ces novelles à Seraing, à Lymont, à Haneffe et az atres warnizons d'Awans, do Pas de Saint Martin, de Roveroit, de Fontaines, de Stirs, de Bovengnistir, de Ferme, de Fouz, de Wyhongne, de Rocourt, de Liers, de Flemale, de Wonk, de Harsta, d'Ouppey, et à toutes les atres warnizons de Hesbaing, affien que, le dymenges deseurdit, le jour delle Saint Bertremeir, anchois soleal levant, ilh fuissent tos ensemble à Geneffe. Mais cheaz de Wezemale, de Coytereb, de Halebeyke, de Wynes, de Meadrenges, de Berghines, de Glymes, le saingnor delle Heyde en Braibant, monssaingnor Ernul de Vivirs, ne cely de Gochoncourt, qui mandeis estoiient alle mardit ensiwant, ne porent estre contremandeis. Alqueile dymengne vinrent tot les warnizons deseurdit, et soy assemblont en la dicte vilhe de Geneffe à soleal levant, excepteit les saingnors de Haneffe et de Seraing, et cheaz de Stirs et de Bovengnistir, qui n'estoiient encors trais aval.

  37. Et. d'atre part, estoiient assembléz sor la champaigne, entre Saint Goir et Domartin, en la terre de Warfezéez, et mis en belle ordinance les warnizons de Hermalles, de Warfezéez, là ilh avoit asseis bonne fortrece, qui maintenant est toute fonduez et cheüwe en ruyne, ly warnizons de Gemeppe, de Vilhe, de Bierlouz, de Vileir deleis Jouprelle, et toutes les atres warnizons des ahierdans de Warous. Et assy, delle bonne vilhe de Huy, soy partirent bin XXX armures de fier, avoek les enfans delle Chier, qui estoiient dois bons chevaliers et hardis, en service de cheaz de Warous; car ly plus grant partiie des plus suffisans borgois de Huy entront en la dicte werre, por l'amour do saingnor de Hermalles et des enfans delle Chier.

  38. Item, ja soice que, chi devant, soit fait mention que pluseurs des linages deseurdis ne s'estoiient nint entremis des morteil faites deseurdictes anchois la dicte batalhe à Waremme ne par pluseurs annéez après, nintmains ly pluseurs d'eaz y entront après ce, ly alcons par proismeteit, ly alcons par amisteit et aiffiniteit, ly atres par mariage, et ly alcons follement et de volenteit, qui, par honeur, s'en fuissent bin passeis. Promirs y entrat, avoek cheaz de Warous, ly viez sires de Langdris par la caze de madamme sa femme, qui estoit sereur alle viez saingnor de Warfezéez, et por l'amour de ses chink fis, monssaingnor Johan, monssaingnor Gerar, monssaingnor Thibaut, chevaliers, monssaingnor Rasse, canonne de Saint Lambier, et messire Libier, canonne de Saint Denys. Assy y entrat messires Henrys, dis ly Beaz, chevalier, esquevins de Liege, avoek cheaz de Warous; dont je moy suy fort mervelhies, car, de peire ne de meire, ilh n'astoit nint de Warous, et ly blazon d'Oppliews qu'il portoit, assavoir d'yermine à une faixhe d'azure, de part sa meire, qui fut filhe saingnor Henry Cossen, n'estoit point des ahierdans de Warous; anchois moy semble qu'ilh dewist avoir servit le linage d'Awans, car Gilhes le Beaz, ses peires, estoit bin prochains al linage d'Ilhe et en portoit les armes, doqueile linage d'Ilhe estoit estrais ly viez sires d'Awans qui avoit esteit mors à Lonchiens, assavoir delle filhe saingnor Rogir al Chapeal, qui estoit chief do dit linage. Item, entront en l'ayde cheaz de Warous ly Bareis, estrais des Allemans de Vellerous, portans d'argent al lupar de geules; mais ce fut après le batailhe de Domartin, dont chi après sierat faite mention, à laqueile fut mors Baroteaz de Bealfroipont, car en devant ilh ne s'en estoiient nint armeis. Chis Bareis avoiient, longtemps devant, eut grant discort à leurs cuzins de Vellerous, assavoir à monssaingnor Warnier le Chien et à ses freires et enfans; por lequeile debat ly viez messires Bareis, qui estoit chief do dit linage, soy partit de Vellerous, et pluseurs de ses cuziens, et alat demoreir à Aleure; se fut, de dont en avant, nomeis messires Bareis d'Aleure; et leurs adversaires misent, por despit, jus ces armes et prisent les armes de Folongne, assavoir d'azure à on chief d'argent, à on lyon de geules, mais ilh retinrent le cry de Vellerous, par tant que ly hauteur appartenoit à eaz. Item, entront en la dicte werre, avoekes cheaz de Warous, chilh de Harduemont, droit alle mandement delle batailhe à Domartin, et vos recorderay coment. Veriteis est que messires Lambier de Harduémont, peires à monssaingnor Watier de Hautepenne et à monssaingnor Ernut de Villereal, chevaliers, fut compains et chevaliers alle saingnor de Hermalles; s'estoit mult volage de maniere et mal atempreis, et mal wardant ses parolles, maiiement aprés vin. S'avoit demonstreit pluseurs semblans qu'il ayderoit le saingnor de Hermalles, dont messires Johan, sires de Harduémont, ses freires, et messires Johan d'Oreilhe, sires de Vellerous, ses cusiens, qui estoit tres sages chevaliers et de grande eloquence en romans et en tiexhe, l'avoiient sovent repris et chasioiiet et toujours detriiet juxes adont, par force de bonnes parolles et de bons exemples raisenables; car ilh s'estoiient tos bin wardeis sains avoir le mal greit de nulle des partiiez. Mais, finalement, on jour que chis dois freires de Harduémont dynoiient ensemble deleis monssaingnor Johan d'Orelhe, en son casteal à Vellerous, vint uns messages alle dit monssaingnor Lambiert, de part le saingnor de Hermalles, qui al dit monssaingnor Lambier presentat une letre, là meïsmes overte, contenante qu'il venist, tantoist ces letres veuwes, parleir à ly, à Hermalles; lyqueis soy vout tantost leveir de tavele por chevachier, mais ly dois chevaliers deseurdis ly pryarent tant et à ce l'enortont qu'il les out covent qu'il n'y venroit, si qu'il cargont al mesage une cortoize excusance, sor laqueile ilh soy partit.

  39. Quant ly dis sires de Hermalles fut informeis que ly sires de Harduémont et ly sires de Vellerous avoiient son fait destourneit, ilh en fut corochiez et s'avisat d'on atre tour, com chis qui estoit de gran sens et subtiliteit et bin connissoit la maniere do dit monssaingnor Lambier. Sy atendit tant que ly dis messires Lambier fut revenus à Hautepenne et, on jour après dyneir, ilh envoiiat plus suffissant mesage et letres plus estroites al dit monssaingnor Lambier, en ly priant, al plus ardamment et cordialment qu'il pooit, que tantost, sains targier, ilh venist sains armes et sains harnas parleir à ly, à Hermalles, affin qu'il ne s'aparchewist nint qu'il le vowist metre en oevre de nulle fait d'armes. Lyqueis messires Lambier, nint remirans le chastiement de son freire ne de ses amis, ne les peris qui ly avoiient esteit remonstreis, soy partit tantost et en alat à Hermalles; et ch'estoit bin pau anchois la journée de Domartin. Tantost que ly sires de Hermalles le vit venant devant sa porte, ilh commenchat à ryre, et le fiestiat et fist bien venant, com chis qui de sa venue estoit liiez ultre mezure; car ilh savoit bin, puisqu'il astoit de ly saisis, qu'il le tourneroit asseis legirement de son acort. Sy le reprist asseis sagement et cortoizement de ce qu'il ly avoit escondit sa venue, car ilh nel avoit, sy qu'il disoit, mandeit fours que por avoir une bonne saynie et fiestier en solas trois ou quatre jours ensemble. Et ly dest que, por le miez fiestier et faire à plaisier, ilh manderoit à Huy ses cuziens, les enfans del Chier, qui ly tenroiient et feroiient bonne compaingnie, et assy monssaingnor Rasse et monssaingnor Ystasse de Chantemierle, cuzins à ly, le saingnor de Hermalles. Et ilh, li dis messires Lambier, s'excusat ensy que faire le savoit, et, finalement, respondlit qu'il demoroit volentir. Sor ce, furent mandeis ly dois freires del Chier et ly dois freires de Chantemierle, qui vinrent tantost. Et l'endemain, pour bonne compaingnie, il sov fisent saynier ensemble. Et ly sires de Hermalles les festiat et pontefiat de bon vin et de bones viandes solempnement et costablement, ensy que bin faire le savoit, par l'espasse de trois jour entir, sains departir. Et, por encharneir le dit monssaingnor Lambier, ilh, ly sires Hermalles, et ly atres IIII Chevaliers parloiient todis, al dyneir et al sopeir, de cesta noble journée qu'il atendoiient à avoir al encontre de cheaz qui voroiient defendre le porte do castelain à Geneffe. Et que vos yroie je mon compte prolongant? Ilh fisent tant qu'il atrahirent le dit monssaingnor Lambier de leur acort, et leur creanta de estre avoek eaz armeis sor la dicte journée. Se vout, à quar jour, prendre congier, por aleir à Hautepenne et ordineir de ses besongnes ensy que ly fais le requeroit, sy que, quant ly sires de Hérmalles passeroit Mouze qu'il soy trahist avoek ly sor les champs. Adont fut ly sires de Hermalles en grant angoisse, car ilh soy dotoit que, tantost que ly dis messires Lambier siieroit retrais en son hosteit, que ses freires et si amis ne fuissent si al desoir de ly qu'il ne pouwist venir sor la dicte journée. Se priat al dit monssaingnor Lambier qu'il demorast tot fer deleis ly juxes à la dicte journée, là ilh n'avoit que v jours, et mandaist ses armes et son diestrier; car, s'ilh en raloit, ilh ne ly poroit tenir covent, por l'empechement, conselh et castiement de son freire et de ses amis; si que, finalment, après pluseurs parolles dites entre eaz, ly dis messires Lambier mandat ses armes et son dyestrier à Hermalles et tot ce que mestier ly estoit; et onkes ne vout raleir, por mandement, conselhe, manache ne atre choze, que ses freires et amis li fesissent.

  40. Et que a vos soiiez informeis do noble estat, parement et aournement, que gens d'armes, chevaliers et escuwiers avoiient à cely temps et orent encors xx ans après, car, en ma jovente, je en veys useir; je vos en recorderay pure veriteit, affin que vos aiiez admiration do cangement del honeur do monde; car, adont, estoiient assi honorablement armeis ly garchons qui sont à present ly chevaliers, et armeis estoiient adont assy richement chevaliers et escuwirs qui sont à present ly contes et ly dus. Se vous diray coment.

  41. A cely temps des werres, et encors par l'espasce de x ans après les pais faites, tos chevaliers et escuwiers d'oneur soy kebatoiient sor diestriers ou sor coursirs de teile bonteit qu'il soy powissent sus assegureir. Et estoiient sor hautes selles de tournoy, sains satoir, tos coviers de covertures overéez d'oevre de brosdure de leurs blazons armoiiez. Et estoiient armeis de plattes et de bon harnas de menut fier, de chachez de menut fier, et, lachiet sor les plattes, bons ryches wardecors d'armes, armoiiez de leurs blazons. Et avoit cascons on heame sor son bachinet, à on timbre bin jolit. Et pluseurs saingnors, chevaliers et atres, y avoit, qui, al desoz de leurs covertures avoiient leurs diestriers armeis de covertures de menuez mailhes de fier, por la dotanche de leurs chevaz. Et adont faisoiient plus grant parement, en une plache, cent armures de fier en teil habit que dois cens à present, et sembloit que plus en y awist. Je meïsmes ay veüt, de mon temps, que, quant on faisoit on champ de batailhe à Liege, que les wardes del champ estoiient monteis sor diestriers à hautes selles, armeis de wardecors d'armes assy joliement que ce sembloiient angeles enpenneis; si que c'estoit ly plus gran plaisanche, ly plus riches habis et ly plus grans solas que on powist avoir, de nobles gens d'armes à veioir en teil estat. Car nus n'ozoit estre coars, par tant que on conissoit les bons et les mavais à leurs blazons. Et duroit plus longement une batailhe adont que maintenant trois; car ly saingnors estoiient sormonteis et dotoiient honte, sy que ly estours estoit bin ferus et ly fais longement sortenus anchois que nus soy partist. Mais, à present, cascons est armeis d'unne cotte de fier appelée panchire, sor petis chevaz; et ont vestut on joupon de festaine alle deseur, sy que nus n'est conus encontre son compangnon Et, en liu de wardecors d'armes, ilh portent on eskuchet de leur blazon, atagiet à leur barbire. Neïs ly prinches n'ont atres habit, excepteit que leurs desoirtrains a warnimens est overeis d'alconne envozure, sains atre connissance, si qu'il ne semblent nint saingnors ne gens d'armes, mais garchons. Et ensy est perie tot honeur et tout gentilhece, car à poynes scit on, al jour d'uy, queis armes ne queilz blazons ly nobles et gens de linage doiient porteir, ne queis timbres sor leur heame.

  42. Encors vos fay savoir que, anchois la batailhe à Domartien, entront en ceste morteile fait, avoek cheaz de Warous, ly Gailhars de Chaiienéez, chilh de Pret alle comble et de Noevis, assavoir ly skenissaz de Preit, ly Henroie de Pret, chilh de Colonster, ly Chabos, chilh de Julemont et de Charneur, estrais delle damme de Wythemme, qui fut sereur à monssaingnor Breton le viez, chilh de Riwage de Viseit, et ly Coirlawe, et ly Moilhés d'Aleure. Et, à Huy, y entront chilh de Revins, chilh de Pexheuriwe, chil de Vynalmont, ly Houbins, chilh de Fanchons, de Monroial, et ly Wavereaz.

  43. Item, semblament entront adont en la dicte werre, avoek cheaz d'Awans, ly Sorlés de Liège, ly enfans d'Oire ly Romans, ly enfans de Parfonriu, ly Chayveaz de Vivengnis, et ly Diavelos de Harsta, dont messires Johan Ruzemuse de Harsta, chevalier, estoit capitaine, par tant qu'il issit d'unk des bastars d'Awans; et y entront chilh de Mommesteghen de Meliens portans le chiveron de Bollezéez, assavoir Wilhelmes Prost et ses partiiez. Mais ly dis Wilhelmes cangat ses armes après le pais faites et prist les armes de Hamalle. Encors soy misent avoek cheaz d'Awans Johan de Preit et si dois freires Lambuche de Weys ct Ernus de Pret, enfans monssaingnor Thiry de Preit, qui portoiient les armes de Preit sains combles, Johan de Braybant, leur cuzins, qui fut esquevins de Liege, Boynans de Preit, Henry del Solier; item ly dois enfans monssaingnor Johan d'Orelhe assavoir messires Wilhelme, sires de Romynes, et Reynechon, ly enfans de Vileir az Tours, en Condros, messires Godefrois delle Capelle et pluseurs atres.

  44. Ors retournerons à nostre principal mateire. Quant temps fut d'armeir, le jour del Saint Bertremeir, anchois que les warnizons dont chi devant est faite mention fuissent venuez à Geneffe, ly bons chastelains de Waremme, que le jour devant, estoit venus en sa porte à Geneffe, soy fist armeir de forte et de mut poissant harnas, car ilh estoit desmezuréement fors et ly plus poissans chevaliers de corps, de membres et de grandeche de stature, qui fuist en ce paiis. Et, quant ilh fut armeis, on ly aminat on gran fort dyestrier, qui estoit ly miedres chevaz d'armes qui fuist nul paiis et l'apeloit on Moreal de Daveles; se l'avoit ly dis castelains enpronteit alle saingnor de Daveles, qui des werres ne soy vout onk entremetre. Et bin ly estoit besongne qu'ilh awist on fort cheval, car on trovoit pau de chevaz qui, en cest estat, le powissent servir une journée. Ilh montat asseis à malaize, com chis qui estoit grans et poissans de corps, et pensamment armeis. Se ly fut durement blameit ly grans faixs d'armes qu'il portoit; mais ilh respondit ces semblans parleirs, ensy que j'ais out recordeir Thomas de Hemericourt, qui fut à son armeir: « Or taziez, tazies, et ne vos emmaiiez de rins ! Car je vos jure Dieu et saint Gorge que, s'ilh at covenut eaz dois à moy aydier monteir, puisque je suy sor Moreal, qu'il y farat eaz quatre ou plus anchois que je soiie demonteis. Laissiez en Dieu et saint Goir covenir, en cuy warde je suy commendeis. »

  45. Arlont furent, par l'acort des commons amis, ordineis eaz dois por estre à son frain et son corps wardeir cely journée, assavoir Robier de Truwengéez, escuwirs, et Thomas de Hemericourt, borgois de Liege, qui estoiient grans et fors, et de grant sens, conselhe et atemprance. Mais, quant chilh d'Awans furent tos ensemble, alle partir de Geneffe por traire en la terre de Warfezéez et chevachier al encontre de cheaz de Warous, voir anchois la venue des saingnors de Haneffe, de Seraing, de monssaingnor Ameile et monssaingnor Fastreit de Bovengnistirs et leurs freres, et de leurs pitons, chilh d'Awans n'avoiient nint tos ensemhie n armures de fier à cheval, par tant que leur mandemens estoit brisiez. Mais, anchois qu'il parvenissent à Horrion, leur vinrent al devant ly saingnors chi devant nomeis, à gran planteit de pitons de leurs vilhes et do rivage d'Yrne, et avoiient bin le nombre de LXX armures de fier à cheval. Se soy conjoiirent ly uns l'atre, et alont ordineir leurs batailhes, quant ilh sorent par leurs wardemaneurs le covenant de leurs annemis, et trahirent par graude ordinanche vers Domartin, sor une pice de terre qui, par l'acort des partiiez, avoit sor le champs esteit choizie por combatre cely journée. Et, d'atre part, asseis pres estoiient les capitaines et toutes les partiiez cheaz de Warous, en noble conroy et de grant parement; et avoiient bien III et L armures de fier, vailhans chevaliers et escuwirs, et warnis de bon conselh, et, avoek eaz, planteit de pitons do rivage de Mouze et de leurs sorseans.

  46. Quant cest partiiez furent mises en conroy, rengiez et mises en ordinance, et les banires des bannerés et ly pengnecheaz furent al vent desploiiez, et chis diestrirs henissoiient et soy contenoiient en leurs paremens, dont ilh en y avoit bin XI, tos coviers ensy que deviseit est, d'andois les partiiez, si qu'il m'at esteit conteit par pluseurs chevaliers et escuwirs qui furent sor la journée, et cascons tenoit son heame sor l'archon de sa selle por geteir en sa tieste: adont vinrent en grant haste, entre dois batailhes, Gerars Fongnés et Goffins de Fetines, citains de Liege, hommes de fiiez à monssaingnor de Liege, por geteir quaraintaines entre les partiiez, et monstroiient leur commission. Mais les partiiez getont leurs heame en leurs tiestes et fisent on grant bruyt, et ferirent chevaz des esporons de grant volenteit, les uns contre les atres, sy que à grant payne soy partirent li dois hommes de fief qu'il ne fuissent encloz entre dois batailles, ensy que ly jadis Gerars Fongnés m'at compteit sovent fois.

  47. A ceste assemblée, furent mis ly pitons al derier des batailhes, car, à cely temps, quant ly saingnors estoiient teilement sormonteis et ilh estoiient conforteis de conbatre à cheval, ilh roopoiient une batailhe de pitons, queil qu'elle fuist, et les foloiient tos. Là endroit, al assembleir, furent fort presseis ly basse mouleis, car ilh en y out pluseurs jus cukiez et reverseis par le force des grans chevaz.

  48. Quant ceste assemblée fut passée et ly heames jus geteis, et les partiiez soy connissoiient à leurs blazons, cascons chusissoit et assailhoit cely là ilh avoit plus grant hayme Et, par tant que ly binfais des bons ne doil nint estre oblieis, vos deveis savoir que, sor ceste journée, furent armeis, avoek cheaz d'Awans, ly sires de Cleiremont et ly viez Wilhekar d'Awans, qui estoiient avoiles; et, avoek cheaz de Warous, fut armeis messires Alixandre de Saint Servais, qui de dois mains et d'on piie estoit afoleis; se leur doit ons tourneir à grant et haute honeur qu'il en teil point aloiient servir leur linages. Et ne fut nul d'eaz quassiez à celle fois, si bin et si pres furent ilh servis et gardeis cely jour.

  49. Ors vos doit recordeir, par les aventures chi devant escriptes, qu'il avoit soveraine et singlere hayme entre le saingnor de Hermalles et ly bon castelain de Waremme et ses freires, et bin y avoit caze; sy gue, tantost après l'asemblee, ly uns queroit l'atre, et tant gu'il soy trovont, et soy corirent sus, en faisans grans reprovirs et grans maneches ly uns al atre. Ly sires de Hermalles estoit petis; mais corageuz estoit oultre mesure, et richement et noblement monteis, et esloit en la garde de ses dois cuziens germains, monssaingnor Rasse et monssuingnor Ystasse de Chantemierle, freires chevaliers. Là soy combatirent mervelheuzement ilh et ly caslelains et cheaz qui estoiient deleis eaz, et furent forment navereis. Mais ly diestrier do saingnor de Hermalles fut ochis; se cheyt. Et, quant messires Ernus de Jehainge, freires al dit castelain, le veyt cheioir, ilh saillit jus de son cheval et montat sor ly, anchois que releveir soy powist, et le traveilhoit durement. Sor ces dois fut grans ly chapeleys, et ly crys mervelheuz, tant al assaut com al rescosse. Mais ly bons sires de Hermalles y fut mors, tant par le dit monssaignor Ernus, com par la pres, et defoleis des chevaz. Nintmains, ly batailhe recomenchat entre eaz plus dure qu'en devant; sy que, anchois que ly dis messires Ernus soy powist releveir, ilh el ses freires Butoir furent mors par cheaz de Chantemierle, qui de ceste assaut soy partirent sains plus grant pierde.

  50. Adont que ly bons castelains parchuyt le domage de ses dois freires, ilh fut ensy que tos forseneis et alat waiier les bataihles avoek cheaz de sa rote, et crieir s'ensenge et raloiier ses amis. Et tournont vers cheaz de Langdris; se fut ly sires de Langdris vierseis à terre et mors à celle enpainte. Et messires Libier de Vileir l'Evesque, qui, por 1'enortement de sa femme, sereur à Ernus d'Oborne, estoit armeis avock cheaz de Warous cely journée, al encontre de ses freires germains et de son blazon et linage, car ilh portoit les armes d'Awans à on cor de geules, fut assy trais à terre, en presence de ses dois freires, Gerars de Streiles et Ystasse, qui, d'aventeur, estoiient tomeis en la rotte do dit castelain; lyqueis Ystasse deskendit et vout tuweir le dit monssaingnor Libier, son fréire, et mor l'awist, en faisans vilains reprovirs de ce quil avoit renoiiet son linage, se ne fuist Gerars, ly atres freires, qui le sorcorit et qui, par le congiet do caslelain, le mist à waran.

  51. Chest balailhe fut en pluseurs liiez, par tropeaz. Se durat plus; car, si ly alcons perdoiient en on liu, leurs partiiez gangnoyent en l'atre. Mais mult affloivit à cheaz de Warous ly mors do saingnor de Hermalles et do saingnor de Langdris. Et assy ly atres sangnors delle parlie d'Awans avoiient mort pluseurs de cheaz de Warous; si que, quant chilh d'Awans furent raloiiez, ilh getont on gran cry et retornont sus à cheaz de Warous, là ilh les veïrent le plus espès. Adont soy partirent chilh de Vilhe et de Berlouz, en une rotte, al defours des balailhes, si que chilh d'Awans quidont de certain qu'ilh les dewissent rassailhir; mais non fisent, anchois sen alont sereis et rengiez, sains fair semblant de fuyr, droit à Harduemont; et, entre Haneffe et Seraing, ilh moutont les tiers et chevachont vers leurs maisons, sains gran domage. Et ly remanans de cheaz de Warous demorans sor les champs attendit cely assaut vassalment; et fut chis dierains assauz bin ferus; et y furent faites pluseurs proeches d'ambedois les partiiez; et ly bons, ly apiers, ly preuz et ly hardis y furent bin cognus, et assy furent ly atres, tant del une com del atre partie; car cascons astoit armeis de wardecorps d'arme, si ne pooit ly bins ne ly maz estre celeis. Et faite en awisse alconne remonstrance en ce capitle, se ne fuist l'empechement des envieuz, qui tosjours ont leurs lenwes enveniméez; car, se je atribuoie plus grande honeur à cheaz d'Awans que al atre partie, on diroit que c'estoit par faveure et por linage, par tant que mes predecesseurs ont esteit tosjours armeis avoek eaz; et, se je attribuoie plus grande honeur à cheaz de Warous, on diroit que je le faisoie por lozenge et por flature; si qu'il moy fait taire en partie de ce que ly anchiens m'ont apris et recordeit. Nintmains, je moy raporte al tesmongnage de mon Createur, que je n'y traïs partie nulle, et que je n'ay mis en escript, ne voelh metre, choze que je ne l'ay apris à mes devantrains ou troveit escripte, ou que faite ne soit de mon temps, ja soice que je n'awisse que dois ans d'eage quant ly pais des linages deseurdis fut faite et acordée.

  52. Quanl chis dierains assauz fut fais, de cheaz d'Awans al encontre de cheaz de Warous, et cheaz de Vilhe et de Bierlouz furent parlis, si que dit est, fut ly melée aspre et dure. Et, par tant qu'il covint tosjours l'une des partiiez estre desconfite quant ly bataille dure juxes à outrance, fortunne encombrat cheaz de Warous, car ilh fùrent outreis et desconfis, et perdèrent le journée, et tres grant domage y rechurent cely jour, et assy fist tos ly paiis de Liege, car tote honeur et chevalerie en fut folée et ly paiis afloivis.

  53. A ceste desconfiteur furent mors, tant en combatant com en chachant, pluseurs vailhans chevaliers et escuwirs del partie de Warous, juxes alle somme de LXV armures de fier, et alcons pitons; dont je vos nomeray une partie des plus notables, assavoir: li bons et ly riches sires de Hermalles; messires Johan, ly viez sires de Langdris; messires Johan ly Polens de Warous, qui avoit la filhe do saingnor d'Awans mor à Lonchiens; messires Lambier de Harduémont; messires Johan del Chier; messires Heliens de Latines, chevaliers; Johan, dis ly Rosseaz de Warfezéez, et Gerars, ses freires, enfans do saingnor de Warfezéez qui out les xx enfans, lyquels Johan fut peires do bon monssaingnor Rasse de Gemeppe. Item, y furent mors Gilhes Becherons, esquevins de Liege; Wilhelmes, Lybotes et Baduwiens, freires, enfans Badewien de Casteal de Seliens et estoiient reputeis ly plus apiers et ly plus hardis de tout leur linage; Johans, lis saingnor Gilhe le Proydomme; Baroteaz de Bealfroipont; Johan de Bennes, manans à Aleure; Henrars d'Aleure et Bastiens, ses freires, qui estoiient hardis ultre mezure; Boyleawe de Gemeppe, Bilotes, ses fis, et Counars, freires al dit Boyleawe; ly trois enfans damme Beline de Gemeppe; ly dois enfans saingnor Gilhe de Revins, borgoys de Huy; ly uns des enfans de Monroiial, de Huy; et pluseurs atres.

  54. Et, delle partie cheaz d,Awans, y furent mors eaz quatre tant soilement, assavoir: ly dois freires do castelain de Waremme, messires Ernus et Butoirs, et Heynemans et Rennewars de Verbois, fréires; sy que, tantost le fait departit, ly castelains, qui avoit eut la victore, dest qu'il avoit plus perdat toz seulz que toz ly atres; mais ly victore delle journée ly fist son duelh oblieir.

  55. Item, deveis savoir que, aprés ceste pesante journée, furent, à coze des noveaz mors, commandéez et gettéez, entre ces parliiez, pluseurs quarantaines, qui long tierme pendirent entre les linages. Se soy remisent ly chevaliers al parsiere les tournois et l'oneur do monde tant qu'elles duront. Et, quant expiréez furent les quaraintaines, messires Waltier de Momale et messires Gontirs Concars de Bierlouz, avoweis de Sclachiens, prisent alcons de cheaz de leur linages et fisent et bastirent on wait, anchois l'adjournée, secretement, à Mouhiens, sor les enfans de Mouhiens, qui dormoiient en leur tour et Rasses de Waremme avoek eaz. Et prisent chis saingnors en leur rotte VI de leurs melheurs et plus apiers compaingnons, qui alont brisier par derier on pailhoul d'unne des boveriez, al plus pres del tour, et soy repousent ens, par tant qu'il estoiient bin informeis que ly dis freires de Mouhiens avoiient uzaige d'eaz leveir do matin et venir en leur basse court, por leurs mayniiez et varlés metre à oevre, si qu'il fisent; car, bin matin, ilh soy levont, et avalont le pont et vinrent en le basse court; et tantoist ly VI, qui gisoiient en la wait, issirent fours et leur tolirent le retourt do pont al derier, et cryont leur cry, et les assailhirent; et ly atres wais brisat ens devant; se furent ly trois bons freires sorpris, et ly dis Rasses de Waremme avoek eaz, et pitieuzement mors. Dont ly bons castelains de Waremme, qui estoit leurs cuziens germains, fut pres atretant affoleis et atargiez de leur mort com ilh avoit esteit de ses dois freires; car ilh n'avoit gens en tot son linage dont ilh foist sy pres ne si loiialment servis, ne qui tant faissent doteis de leurs annemis com estoiient ly trois freires deseurnomeis, ne qu'il awist si apparelhiez. Si les dolit et keplaindit ultre mezure; car nus prochains charneis cuziens ne ly estoit demoreis, fours que ses dois enfans, messires Badewiens et Wilhelmes, qui estoiient encors jovenes et n'avoiient nint porteit encors gran faix d'armes à cely jour; lesqueis dois enfans ilh perdit alle batailhe à Nyerbonne, deleis Huy, dedens trois ans après ce fait, sy que, de dont en avant, ilh fut si adoleis et sy afflis qu'il cheyt en male santeit, et onkes puys ne s'armat.

  56. Après ches chozes teilement avenuez, demoront toutes les partiiez asseis clossement sor leurs fortreces et en leurs warnizons, et ne fisent onk puys nul general mandement en assemblée de leurs amis, por revenir à journée determinée les uns contre les atres. Mais tamaintes belles skermuces y avoit; car les warnisons soy requeroiient sovent et chevachoiient juxes az liches des fortreces, traiioient, lanchoiient, fuoiient et chachoiient ly uns l'atre. Et, specialement, ly quatre enfans monssaingnor Ystasse, le Frank Homme de Holengnoul, tenoiient à Fouz en warnizon, deleis Gilhon de Fouz, leur freire, qui avoit I pau de fortrece; et estoit tot sa court enclosse de cez mureaz d'arsilhe dont ly Hasbengnons uzent, delle hautece de VI pies; et al defours, vers les champs, sor le tiege, avoit, altour de cez mureaz, on fosseit de quatre piiez de large ou environ, ensy que je ay oût recordeir Coirbeal de Holengnoul, qui fut esquevins de Liege et longtemps rechiveires delle evesqueit de Liege, et qui fut, en bonnes viertus, ly soverains de son linage et, en ses jovenes jours, hardis et apiers ultre mezure. Chis quatre freires estoiient tant apiers, legiers et de bonne volenteit, qu'il, armeis de panchirs tant soilement, cascons une glaive en son poing, aloiient tot à piiet, sovent fois, veioir leurs cheruwes az champs, et aloiient enbatre sor le tyege, tosjours sor leur warde, visant de tos costeis que nus de leurs annemis ne les sorpresist. Et avint pluseurs fois, ensy que je ay oüt recordeir, que, sor la fianche de leur apertie, ilh attendoiient que leurs annemis delle warnizon de Warous, bin monteis, les apprepoiient à moins d'on journal pres; et, quant ilh parchivoiient qu'il leur estoiient trop fors, ilh soy metoiient al corir, nint vers le porte, mais vers le mur, et, tantost qu'il apprepoiient vers le fosseit, ilh metoiient le struk de leurs glayves à terre et sailhoient tot delivrement ultre le fosseit et le mureal, dedens le jardien, que nus atres d'eaz ne poiioit faire. Et le fisent sovent fois, tant que leurs annemis en furent si fais qu'il soy relaiiont d'eaz à chechier. Et, de ceste viertut, ont ly enfans do dit Coirbeal, tant do promerain com do dierain mariage, tres bin resembleit leur bon peire; car ilh ont esteit, chis qui mors sont, et encors sont ly vivans à present, ly plus fors, ly plus rades et ly plus apiers, cascons selont la quantiteit de sa persone, que on pouwist troveir en ce paiis.

JACQUES DE HEMRICOURT

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