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Château de Chokier

Les seigneurs d'Aigremont

Hauts-Voués de Hesbaye

par Louis Abry

Louis Abry, peintre et graveur médiocre, mais généalogiste de premier ordre, naquit à Liège, le 28 juillet 1643.

II y a vingt ans à peine que son nom fut tiré de l'oubli où il avait été injustement relégué. M. Stanislas Bormans publia un intéressant article dans le Bulletin des Bibliophiles (1) sur le Recueil héraldique des Bourgmestres de la noble cité de Liège, où il restitua à Abry la paternité de cet ouvrage, faussement attribué jusqu'à cette époque à l'avocat Loyens. Il s'étonnait avec raison, de ne pas voir figurer le nom d'Abry dans la Biographie nationale. Espérons que cette regrettable omission sera réparée.

Dans le courant de l'année 1867, les Bibliophiles liégeois publièrent un second travail de ce généalogiste, sous le titre: Les hommes illustres de la nation Liégeoise. Peu après, la Société scientifique et littéraire du Limbourg, publia le Recueil héraldique des Abbés de Saint-Gilles.

Ce sont les seules oeuvres d'Abry qui aient été imprimées jusqu'aujourd'hui. Nous connaissons encore de cet auteur plusieurs travaux restés inédits et qui témoignent tous de son activité et de sa sincérité.

Nous citerons parmi ceux-ci:

Le Recueil des Grands-mayeurs et échevins de Liège.

Le Recueil des Commissaires de la Cité.

Le Recueil des Seigneurs du Conseil ordinaire.

Les Seigneurs de Jehay.

L'économie du palais épiscopal de Liège.

Les mambours de la Cité de Liège.

Tous ces manuscrits faisaient jadis partie de la riche bibliothèque du château de Warfusée, aujourd'hui malheureusement dispersée.

Nous avons encore trouvé au château d'Aigremont, un manuscrit généalogique, avec armoiries coloriées, sur les seigneurs d'Aigremont. Quoique ce manuscrit ne porte pas de nom d'auteur, le style, l'orthographe, l'écriture et le dessin des armoiries ne laissent aucun doute qu'il est de Louis Abry.

Nous avons cru qu'il était assez intéressant pour le publier, sans toucher au texte de l'auteur, nous bornant à y introduire une ponctuation pour le rendre plus clair.


Ingihoul, le 15 février 1882.

Eugène POSWICK,



LES SEIGNEURS D'AIGREMONT


Les anciens comtes d'Aygremont, haut vouez de la Hesbaye, et, en cette qualité, seigneurs des Awirs. Fexhe, Stroel, etc. pasez plus de cinque cents ans, possédoit un château ou forteresse de ce nom, situez entre Huy et Liège du coté de Hesbaye, ont pris leur origine de plus haut, et descend visiblement de la famille des Prez, qui ont possédez si longtemps la dite vouerie et la laisset par alliance à la famille de Walcour aussy descendus des anciens comtes de Rochefort.

Cecy se prouve par un Rausse de Walcourt qui portat le grand étandart de l'Eglise de Liège, en cette qualité de vouez en l'an 1213, à la fameuse bataille de la Warde de Steppe, gardez par une partie des seigneurs de la Cathédrale et autres seigneurs de marck, comme il se voit par l'histoire. Il étoit frère de Thierry de Walcourt qui portet également le nom des Prez comme en étant descendu et apparentez avec les principaux seigneurs du pays, qui ont print les armes également pour la deffence de l'Eglise et Pays de Liege, selon la ditte histoire manuscript et autres autheurs célèbres de l'antiquité.

Il appert assez que le dit Rausse de Walcourt eut épousez une fille des comtes d'Aygremont, et que ceux cy en descendet du cotez des de Prey, sénéchal du pays, ainsy titrez de longtemps.

De plus, qu'un Henry, fils Walerand de Lymbourgh, épousat la fille dudit comte ou seigneur de Walcourt qui luy aportat la ditte seigneurie d'Aygremont avec la vouerie et ses dépendances, mère de Henry le jeune.

Le dit Henry de Lymbourgh étoit seigneur de Lumay en Hesbay, etc. épousat la fille du seigneur de Dyest, du sang d'Oudenard, etc. de laquelle il a engendré Henry.

Ledit Henry de Lymbourg, seigneur comme dessus, que l'on a cru descendre des Roys de Bohème selon d'aucuns, épousat Alix, fille héritière du seigneur de Hermal nommez Henry, second du nom. Voyez Hemricourt en son Miroir, folio 67. Il n'en vint que cinque filles de ce mariage dont Ide l'ainée, qui va suivre.

Ide de Lymbourg susdit épousat Louis d'Agimont, de la famille de Looz, seigneur de Warck lez Maisier, duquel il n'est restez qu'une fille, nommée Marie, aussy dame d'Agymont.

Marie, des comtes de Looz, epousat Everard, comte de la Marck et d'Aremberge, qui remportat par sa femme, la seigneurie de Lumay, d'Aygremont, de Neuchateaux et haut vouez de la Hesbaye avec ses appartenances. Voyez encore la propre généalogie des comtes de Looz, sur tout celle de la Marck, qui conviennent de tout ce que dessus, avec le dit de Hemricourt, le P. de Rye, Van dem Bergh, et autres anciens héraldies, qui ont cy devant prin plaisirs a receuilhr la plus haute mémoire de touttes les charges et seigneuries du pays, entre lesquelles Aygremont, est comprise. Je trouve cependant que Margueritte de la Marck, princesse d'Arembergh, etc. et vefve du seigneur Jean de Ligne, seigneur de Barbençon, obtint de Rudolphe, second du nom, Empereur, l'an 1590, un diplôme donnez à Prague, le 24 de novembre, pour l'érection de la seigneurie d'Aygremont en comté du Saint-Empire, du temps de S. A. S. Ernest de Bavierre, Evêque de Liège.

Je trouve de plus dans un très vieux manuscrit qu'en l'an 802, Oger le Danois, grand favoris de Charlemagne empereur, s'interpose pour remettre en grâce dudit Empereur, Boine d'Aigremont, son oncle, qui étoit un des trois fils de Renaut de Montabay, qui étoit en guerre contre le dit Empereur.


SACRARII LEODIENSIS VENERABILE SIGNVM


La haute vouerie de Hesbaye avoit seul le droit de porter le grand etandart qui se conservoit dans la Cathédrale, quand il s'agissoit de prendre les armes pour la deffence de l'Eglise et du Pays, pour quel effet, ledit voué se trouvet dans la ditte Cathédrale où on l'abilloit de blanc, soub la grande couronne de cette Eglise, avec beaucoup de cérémonies, après quoy on le conduisoit sur le Marchez pour monter un cheval aussy blanc et luy confier ledit étandart, qu'il juroit de porter et deffendre au prix de sa vie. V. le Père Fisen, Tome I, fol. 108. 799 ce doit être 809.

Cet étandart ou gonfanon étoit d'étoffe rouge attachez à une lance surmontée d'une croix nichée de Saint Antoine à laquelle pendoit une sonnette pour inviter également les clerques et le peuple armé pour le suivre. Il étoit soutenus et gardez par une partie des seigneurs de la Cathédrale aussy armez, avec quelques gentilhommes de considération.

Cette charge fut institué en l'an 799 par la promotion même qu'en fit Charlemagne Empereur, qui la conférat à Oger le Danois très fameux dans l'histoire.

Elle a depuy succedez héréditairement à la famille des Prez qui l'a conservez plus de 300 ans et jusque à l'an 1129 qu'Oger des Prez la portat à la bataille de Duras donnée le 16 février du temps Alexandre, premier de la famille de Geldre, évecque de Liège, contre Ghisbert, comte de Duras qui maltraitoit tout le voisinage et principalement la ville de Saint-Trond, sur les confins de la Hesbaye, qui avoit attirez à son secource les Brabansons et autres dont il s'étoit rendus vassal contre la dévotion qu'il devoit à Monsieur de Liège et son Eglise. Le dit châteaux de Duras fut rasez et les Brabansons entièrement défait dont le grand étandart du duc de Brabant fut print et ramenez à Liège, avec les quatre boeuf qui le trainet sus un chariot richement parez. Ledit étandart avait étez accomodé et brodez par la Reyne d'Angletere qui en fit présent à ce duc qui eut le déplaisir de le laisser conduire tous les ans en processions pour marcque de cette victoire.

Le dit Evecque avoit de son party, les comtes de Salmes, de Clairmont, de Mohaut, de Lymbourg et quantité d'autres seigneurs de marck qu'on obmetrat icy, avec quantité d'autres seigneurs et voisins. Lesdits des Prez se diset comte de Huy, et Jean d'Outremeuse en son histoire raporte leurs descente très curieuse.

La ditte vouerie a depuy succédez à la famille de Walcourt très anciene sortie, selon d'aucuns, des comtes de Rochefort.

Rasse de Walcour, seigneur dudit lieux et autres, intitulez aussy de comte, portat ledit étandart à la bataille de Steppe donnée en Brabant l'an 1213, accompagnez de Thiery des Prez et autres illustre de son parenté. Il avoit selon d'aucuns, épousez une fille du comte d'Aygremont, par laquelle la hautte vouerie changeat de maître, selon les plus anciens mémoires de Liège, et n'en vint qu'une fille.

Cette fille épousat Henry, fils de Valerand, comte de Lymbourg qui assistat à la susdit bataille de la Warde de Steppe, il se disoit comte de Lumay en Hesbaye et haut vouez d'icelle par sa feme qui luy donnat un fils nommez Henry.

Henry de Lymbourg, comte de Lumay descendoit effectivement des comtes de Lymbourgh souverains. Il fut aussy haut voué de Hesbaye et épousat une fille de Dyest, dame du lieux, du sang d'Oudenard etc. de laquelle il a engendrez Arnould.

Arnould de Lymbourgh, leur fils, chevalier banneret, comte de Lumay etc. relevat la ditte vouerie de Hesbaye l'an 1315.

Il épousat Alid, fille héritier de Henry, second baron de Hermalle et de la fille Eustache Persant de Haneffe, de laquelle il eut cinque filles, toutes établies. Voyez Hemricourt.

Ide, fille ainée dudit Arnould seigneur de Lumay, portat la ditte seigneurie et la vouerie à Louis, comte de Looz et d'Agymont, seigneur de Warck lez Maisiere etc. qui fut fils de Jean, comte de Looz engendrez de son second mariage en Isabeau, fille de Jacques, sire de Condé, Bailleiulle, Mariomé etc., et de la seure Eustache, sire de Rheux, de laquelle il n'eut qu'une fille nommée Marie. Marquez qu'Arnould, frère dudit Louis, s'est titrez de seigneur de Lumay et vouez de la Hesbaye en preiudice de sa ditte nièce, dans la lettre de la ditte vouerie de l'an 1321, signée des premiers seigneurs du pays et du magistrat.

La ditte Marie, comtesse de Looz et d'Agymont, dame de Lumay et hautte voueresse de Hesbaye etc. porta ses seigneuries à Everard, comte de la Marck et d'Arembergh, frère d'Englebert de ce nom, évecque de Liege élut l'an 1344 et neveux d'Adolphe son prédécesseur. Elle eut entre autres enfants un autre Everard de la Marck qui va suivre. Elle est qualifiée comme dessus sus sa sépulture gisante soub le clocher de Sainte Croix à Liège, étante décédée l'an 1387, dame de Neufchateaux en Ardenne.

Everard, comte de la Marck et d'Arembergh, seigneur de Neuchateaux, de Lumay et haut vouez de la Hesbaye, épousat en premieres noces, Marie de Brackmont, en Bretaigne. Il relevat la ditte vouerie et autres l'an 1370, et ont engendrez Jean de la Marck et autres fort vanté dans l'histoire.

Ce Jean, aussy titrez de comte de la Marck et d'Arembergh qu'il n'avez pas, seigneur de Lumay, de Neufchateaux, fut aussy haut vouez de la Hesbaye. Il épousat dame Anne de Vernembourgh en l'Eyffelt.

Son relief féodal est de l'an 1464 et ont engendrez entre autres enfants Everard, Robert, qui fut sire de Sedan, Guilheaume, Adolphe et Jean de la Marck, archidiacre de Haynaut en l'Eglise Cathédrale de Liège.

Guilheaume, comte de la Marck et d'Arembergh, seigneur de Lumaye et d'Awyr et ses dépendances, et haut-vouez de Liége, homme belliqueux et de grande entreprise, surnommez le Grand sanglier d'Ardenne, premier ministre de Louis de Bourbon, évecque de Liège et son chambelain, grand mayeur de Liège instituez l'an 1477, seigneur aussy de Serain le Chateaux, de Lumay etc., mambour des Eglises du pays, gouverneur de Franchimont et de Longne que l'on captivat tant qu'on put pour le retenir en son devoir, ne put s'empècher de brouiller avec du monde déterminé qui portet une hurre de sanglier sur l'épaule gauche qui se tenet au dit Aygremont au grand preiudice du pays. Pour laquelle maison et forteresse en partie ruinée, il toucha de la princesse Marie de Vallois, fille de Charles de ce nom dit le Hardy, duc de Bourgogne, nièce dudit seigneur de Bourbon, évecque, la somme de 400 florins d'or du Rhin pour réparer ledit chateaux d'Aygremont et ce à l'instance de son seigneur évecque pour le captiver davantage. Mais tout ces bienfaits semble l'avoir irrité davantage jusque à l'extremité de la vie l'an 1481.

Il avoit épouset dame Jenne de Sconhouve, de la maison d'Arscot, qualifiée par lettre de dame douarier de Lumay et hautte voueresse de Hesbay en l'an 1489.

Luy mourut honteusement à Maestrecht l'an 1484, ont laissez entre autres, Jean de la Marck leur fils.

Pardevant la ditte dame et sa cour relevat la seigneurie de Chokier comme plein fief. Jean et Willem de Surlet, seigneurs du dit lieux, presents: Collar des Ecolliers, son lieutenant, et ses hommes, l'an 1481, le 12 d'avril, sique fief de la vouerie de Hesbaye et dame de Lumay.

Ledit Jean, comte de la Marck leur fils, fut aussy seigneur de Lumay, d'Aygremont, Serain le Chateaux et haut vouez de Liège. II épousat dame Margueritte de Ronckelle laquelle étante vefve l'an 1534, relève les dittes seigneuries pour les convenances de Jean son fils avec Marguerite de Wassenaer pour la chatelenie de Franchimont etc.

Ledit Jean, comte de la Marck etc comme dessus, rend vesture l'an 1518 à Everard, comte de la Marck et d'Arembergh qui vat suivre, avec Robert son frère tous deux, très bien qualifiez, de la forteresse, seigneurie et maison d'Aygremont, d'Awyr, de ses appendices et appartenances avec la ditte hautte vouerie engagée cy devant par feu de bonne mémoire Everard, comte de la Marck le vieux, à Jean son frère. La seigneurie de Lumay a succedez aux descendants de la ditte Ronckel et Wassenaer tant seulement avec la chatelenie de Franchimont.

Everard, comte de la Marck et d'Arembergh le jeune, fils d'Everard le vieux, frère de Guilheaume susmentionez, et cousinger main dudit Jean le dernier marquez, est au susdit document qualifiez de seigneur de Mircwar, de Neufchateaux en Ardenne, de Longprez, de Villance, haut vouez de Saint Hubert en Ardene, et de souverain mayeur de Liège dez l'an 1492.

Il épousat dame Margueritte de Horne, nièce de Jean de ce nom, évecque de Liège l'an 1484, et fille de Jacques, comte de Home, seigneur de Montigny etc; mais il mourut sans hoirs l'an 1528, desquels conioints pourtant on a les portraits et quartiers sus des verières au coeur de Saint Jacque en Liege, très curieux.

Robert, comte de la Marck et d'Arembergh, frère du précédant Everard et son héritier, seigneur aussy de Bouchou etc., vicomte de Bruxelle, épousa Mechtilde de Montfort, dame de Nadewick, desquels conjoints une très belle veriere aux Croisiers à Liège, grand-mayeur de Liège en 1528.

Robert, comte de la Marck et d'Arembergh, fils et héritier du précedent Robert, est aussy qualifiez de seigneur de Bouchou, de Hunbeck, vicomte de Bruxelle, maréchal héreditaire de Hollande, senechal de Lymbourgh et Doihen, seigneur d'Aygremont, Awyr et ses dépendances, et haut vouez de Hesbaye.

Il avait épousé dame Walburgh d'Egmond, fille de Florice de ce nom, seigneur d'Iselstein, et de Marguerite de Bergh, desquels conjoints il y avoit des verieres aux F. Croisier avec leurs quartiers très bien peints comme aussy des sépultures considérables ou la plus parte de cette famille repose.

Dames Marie et Mechtilde, seures à feu seigneur Everard et Robert, comte de la Marck et d'Arembergh, seigneur comme dessus, vient relever les dittes seigneuries avec celles d'Aygremont et la hautte vouerie de Hesbaye l'an 1545.

Margueritte, comtesse de la Marck, princesse souveraine d'Arembergh apprès la mort de Robert, son frère, mort sans hoirs et marié pourtant Anne de Bergh, épousat Jean de Ligne, seigneur de Barbenson, chevalier de la Toison d'or, gouverneur de Frise, Oost Frise, et Groning. Ils ont succedez aux seigneuries susdittes et ont engendrez Robert de Ligne qui va suivre.

Ledit baron de Barbenson étoit fils de Louis de ce nom, seigneur de la Buissier, et de Margueritte de Berghes-op-Zoom, dame de Zevenbergh. Il relève Aygremont etc. C'est elle qui fit ériger en comté la ditte seigneurie d'Aygremont comme dessus, l'an 1590.

Robert, premier prince de Ligne et de Barbenson, second fils dudit Jean, et seigneur d'Aygremont du chef de sa mère avec toutes les appendices, fut capitaine des gardes de l'archiduc Albert d'Autriche, souverain des Pays-Bas.

Il épousa Claudine, la fille de Jean Philippe comte Sauvage du Rhin et de Saline, soigneur de Neuvillers et Ogenvillers engendrée en Diane de Donmartin, comtesse de Fontenoy, dame souveraine de Fenestrange. Des susdits conjoints est nez Albert de Ligne, qui relève Aygremont l'an 1598.

Albert, prince de Ligne, de Barbenson et d'Arembergh, seigneur d'Aygremont, de la Roche en Ardenne, chevalier du Toison d'or, épousat une fille de la même famille de Barbenson, vicomtesse de Dave.

ALTIORA DEFICIVNT, OMNIA ET ALIENA FIVNT

La ditte seigneurie d'Aygremont cy devant cognue pour une comté avec les seigneuries d'Awyr, de Fexhe, Streel, et la haute vouerie de la Hesbaye, iointe de très beaux droits et patronage de Theux, furent enfins saisys par les seigneurs le Fevbre de Bruxelle, et des seigneurs Nivolara de Liège qui en ont iouys quelque teins.

Le seigneur Mathyas de Graty par plusieurs foys bourgmestre de Liège et seigneur de Maysenbroeck, a depuy acquis la ditte seigneurie d'Aygremont avec la hautte vouerie et touttes les dépendances, desquels titres il s'est qualifiez ez l'an 1665 et quoy qu'il fut trésorier général et conseiller de Son Altesse Sérénissime; et pour la troisième foys bourgmestre de la Cité de Liège l'an 1684. Il n'a put se soutenir dans ces beaux prérogatives, que les susdit représentant les seigneurs de Barbenson, on dut de nouveaux resaisir. Il avait épousez dame Marie de Saive de laquelle il a engendrez plusieurs enfants qui sont demeurez dans l'impuissance d'y revenir aussy bien que leurs plus proche.

Entre les terres et seigneuries du Pays de Liège, il n'y en a guaire érigées en comtés par diplômes des souverains, qui doit précéder celle d'Aygremont, encore que divers familles illustres portente ce titre comme attaché à leurs familles tant seulement, soit par pattentes ou autrement, dont les seigneurs de Merode dit de Waroux, de Marchin, de Berlo, d'Outremont et autres se sont qualifiés.

Celle dit d'Aygremont doit être considérée comme une des plus anciene érigée comme dit est, dez l'an 1590. Les représentants de laquelle, ont droit de porter ses prérogatives, ce que d'autres n'ont pas.

Ce beaux titre de comté appartient depuy peu au très réverend seigneur Mathias Clerx, écolatre de la très illustre Eglise de Liège etc., avec touttes ses appendices, et appartenances de la hautte vouerie de Hesbaye, etc.

Sa maison et forteresse avoit besoin d'un nouvaux maitre aussi intelligent que luy pour les rétablir en leurs ancien lustre. Quoyque batie à la gotiques, elles mérittent bien d'être réparées pour en conserver le nom et d'avoir etez habitez depuis tant de siècles, par, les comtes de Ligne et Barbenson, qui en ont prins tant de soins.

Il y a assé prez d'icelles du terrain assé, pour y batir un assortissement à la moderne, qui porterat de plus à la postérité la beauté de l'une, et l'antiquité de l'autre, qui feront plaisir aux curieux, en distingant, l'industrie de l'art par le bon goux des scavant entrepreneurs.



(1) Tome II, 1867, page 270.

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