Les religieux mendiants Fratres ou « les clercs réguliers », constituent en principe le clergé proprement apostolique de l'Eglise universelle, en ce sens que n'étant liés à aucune église particulière, ils sont soumis directement à l'autorité du pape. Ils se distinguent donc des anciens ordres monastiques et canoniques. Pour ceux-ci, leur monastère de profession, - celui dans lequel ils entrent -, ou leur église particulière constitue leur point d'attache. Pendant de longs siècles, les moines et les chanoines n'ont reconnu d'autre autorité que celle de l'abbé ou de l'évêque. Les religieux au contraire, se caractérisent par le lien d'un pouvoir central. Le supérieur général de l'ordre réside habituellement à Rome et est placé sous l'autorité immédiate du Saint-Siège.
L'apparition des ordres mendiants au XIIIe siècle marquait donc un renforcement de l'autorité pontificale. Les abbayes des anciens ordres monastiques - les Bénédictins et ensuite les Cisterciens -, avaient grandi au milieu des campagnes, qu'elles avaient défrichées. Les couvents des ordres mendiants se logèrent de préférence dans les villes, où la vie se concentre de plus en plus (1).
Sans vouloir épuiser le sujet, nous voudrions donner ici quelques suggestions au sujet des relations entre les pouvoirs urbains et les communautés religieuses. Nous nous limitons toutefois en ne prenant nos exemples que dans les trois principales villes de la principauté, Liège, Huy et Dinant.
On a dit déjà comment immédiatement après les invasions normandes, les évêques de Liège favorisèrent tout spécialement les fondations de collèges de chanoines. C'est avec l'aide de ceux-ci que les princes entreprirent la réorganisation religieuse, économique et politique du pays. Les chanoines seront préférés aux moines notamment à l'intérieur des villes naissantes pour des raisons diverses, mais surtout d'ordre juridique. Leur dénomination de « chanoines séculiers » évoque suffisamment leur distinction des moines, dont la condition juridique est essentiellement « canonique ». Le développement des chapitres séculiers résulte spécialement de la politique sécularisatrice des princes carolingiens, mais aussi de l'opposition marquée déjà au sein des villes entre le droit séculier et le droit canonique.
Le but essentiel de ces fondations de chapitres est sans doute d'assurer le service divin et la prière publique, mais aussi subsidiairement de remplir certaines fonctions d'ordre économique, administratif et stratégique (2). Pour ce dernier point, il suffit de voir l'emplacement des collégiales situées à Liège sur le pourtour de l'enceinte de Notger ou à Huy et Dinant au pied même de la citadelle pour se rendre compte que ces corps de chanoines ont collaboré de quelque manière aux fortifications urbaines. La construction de tours massives aux avant-corps montre assez le rôle que devaient jouer ces édifices religieux dans la défense même de la cité.
Cette assertion est d'autant plus plausible que dans les époques plus récentes, nous voyons d'autres institutions ecclésiastiques et religieuses accueillies à l'intérieur des villes, qui aideront également soit financièrement soit par leur travail à la construction ou à la réfection des remparts urbains. La plupart des fondations religieuses dans les villes en effet datent des époques pendant lesquelles les enceintes urbaines furent créées ou exigèrent un élargissement ou une reconstruction comme par exemple au XIIIe siècle à Liège, après les désastres de 1467-1468 à Liège et à Dinant ou après le siège de Huy en 1595.
Après une première poussée d'institutions canoniales au Xe siècle, surgit au XIe siècle un mouvement parallèle de réaction contre la formule carolingienne de vie canoniale. C'est un retour aux traditions de l'Église primitive, qui provoque l'apparition de nouveaux prieurés bénédictins et de chanoines réguliers. Contrairement aux chapitres, ceux-ci s'installent d'ailleurs en dehors des enceintes urbaines et quelques-uns seulement seront englobés à l'intérieur lors de l'agrandissement de celles-ci.
Telles sont pour les Bénédictins à Liège, l'abbaye de Saint-Laurent fondée sous Eracle (959-975) mais organisée réellement en 1026, l'abbaye de Saint-Jacques (1015) et ses deux prieurés fondés au XIIe siècle, l'un dans l'Ile, Sainte-Marie -Madeleine-au-Treit (1151), et l'autre au faubourg SaintLéonard (1112). Les chanoines réguliers s'installent à Saint-Gilles près de Liège en 1080 et à Neufmoustier près de Huy en 1101. Au XIIe siècle, les Prémontrés sont au Mont-Cornillon près de Liège vers 1140 et à Leffe sous Dinant en 1152. Pour le reste du pays, on peut signaler encore l'abbaye bénédictine de Florennes (1002), les prieurés de Couvin (872-996) et de Bouillon (1040), et enfin à Huy, le prieuré clunisien de femmes à Saint-Victor (XIIe s.).
Mais au fur et à mesure que les villes prirent de l'extension et que la population s'accrut à l'intérieur et autour des enceintes ou des places fortes, un certain nombre de ces prieurés et même d'abbayes furent englobées dans des enceintes nouvelles ou élargies. On comprend que les frais qu'entraînaient de telles entreprises nécessitaient une fois de plus la collaboration des communautés religieuses avec la « Commune » des bourgeois. C'est le cas notamment à Liège, où après l'élargissement de l'enceinte au début du XIIIe siècle, le quartier de l'Ile avec l'abbaye de Saint-Jacques et les collégiales de Saint-Paul et de Saint-Jean entrèrent dans le système défensif de la cité.
Sur ces domaines ecclésiastiques immunitaires, sur des parcelles excentriques dénommées « Werixhas », sur les chemins de rondes, les murs, les fossés, les bandes de terrain désormais affranchis de toute servitude depuis la désaffectation de l'ancienne enceinte, d'autres communautés religieuses furent bientôt accueillies. Les Frères Mineurs se fixèrent en 1242 en HorsChâteau, tandis que les Carmes en 1249, les Croisiers en 1272 et les Prémontrés de Beaurepart en 1288 furent reçus sur le territoire urbain de l'abbaye de Saint-Jacques.
On ne peut nier que la fondation de ces prieurés et de ces couvents ne soit pas en relation directe avec l'extension de la ville. De nouvelles églises étaient nécessaires pour le besoin spirituel de ces quartiers. Si la constitution de paroisses, avec le droit de percevoir la dîme, avait présenté quelque intérêt à l'époque ancienne où des vastes terrains étaient encore livrés à la culture, il n'en était plus ainsi à cette époque où les constructions s'étaient considérablement multipliées (3). Ceci explique aussi la situation généralement plus centrale des églises paroissiales, tandis que les prieurés de chanoines et les couvents sont le plus souvent situés à la périphérie de l'enceinte.
Toutefois les princes-évêques et les villes n'accueillirent pas ces communautés religieuses sans certaines garanties et sans une contrepartie de leur entrée à l'intérieur de l'enceinte urbaine. On sait par exemple, d'après la chronique de Renier de Saint-Jacques, que le clergé et les religieux intervinrent dans la construction de la nouvelle enceinte de la cité au XIIIe siècle. En 1470, les Chartreux, les Carmes et les Croisiers contribuèrent également à la réfection des murs de la cité (4). Dans les autres villes également, les religieux mendiants furent maintes fois réquisitionnés pour aider les bourgeois dans l'entretien ou la réfection des murs ou des fossés de l'enceinte. En échange de leur admission, les couvents s'engagèrent fréquemment à fournir certaines prestations en nature telles que des corvées, de prêter leurs services en cas d'incendie. A Huy comme à Liège et à Saint-Trond, les couvents des Frères Mineurs et à Hasselt celui des Ermites de Saint-Augustin servent de lieux de réunion pour le magistrat et les corps de métiers (5).
Mieux que d'autres naturellement, les religieux mendiants répondirent aux voeux des autorités urbaines et ecclésiastiques. En effet pour construire leurs couvents, ceux-ci ne demandent qu'une parcelle, portiuncula, de terre. A l'origine, les Frères Mineurs ne prétendent même pas au droit de propriété pour leur ordre, mais ils abandonnent ce droit au donateur ou au Saint-Siège.
Le voeu de pauvreté ainsi conçu ne fut toutefois pas maintenu uniformément par tous les groupes: assez tôt et au moins au XVe siècle déjà seuls les Frères Mineurs Observants s'en tinrent au voeu strict de pauvreté à savoir de renoncer tant à la propriété personnelle que collective. Les Frères Mineurs Conventuels, les Carmes, les Dominicains et les Ermites de Saint-Augustin au contraire abandonnèrent cet idéal de stricte pauvreté. A l'époque moderne, le sens de l'appellation « ordre mendiant » est quelque peu modifié, car en dehors des Frères Mineurs Observants soit les futurs Récollets et les Capucins, ils furent tous autorisés à posséder des biens immeubles en commun.
Les Jésuites et les Carmes déchaussés ne renoncèrent pas non plus entièrement à ce droit. Dès lors seuls les Frères Mineurs Observants et les Capucins sont reconnus « mendiants » au sens strict ex regula, les autres en conservèrent le titre et les privilèges ex privilegio (6).
Les Frères Mineurs et les Dominicains arrivèrent à Liège en 1232. Les Frères Prêcheurs s'installèrent dans l'Ile au bord d'un bras de la Meuse. Les anciens tenanciers du terrain qui leur fut cédé semblent bien appartenir à une famille de ministeriales du prince (7). Des documents du XVIe siècle nous prouvent qu'ils avaient accepté la charge d'intervenir dans l'entretien des fortifications urbaines (8). Après un séjour d'environ dix ans à Beaurepart, les Frères Mineurs, furent installés en 1244 en Hors-Château. Les servitudes auxquelles, ils étaient tenus envers la ville ne laissent pas de doute sur leur dépendance vis-à-vis du pouvoir communal (9.).
Mais les ordres mendiants ne pouvaient suffire aux exigences de l'organisation de la ville agrandie. Avant leur arrivée à Liège, deux prieurés de chanoines réguliers avaient déjà trouvé place à l'intérieur de la nouvelle enceinte. Celui des Écoliers, situé sur l'île Sainte-Marie-d'Outre-Meuse, fut construit en grande partie sur les terrains vagues de Gravioule alors à la disposition du prince (10). L'hôpital à la Chaîne fut installé dans l'enceinte du cloître de Saint-Lambert (11).
Le rôle que devaient remplir ces religieux est d'ailleurs bien indiqué par leur dénomination. Le couvent dit des Bons-Enfants, fondé vers 1260 par une fille de sainte Elisabeth de Hongrie, dame Sophie duchesse de Brabant, était à l'origine un hôpital pour les pauvres. Trois ou quatre chanoines réguliers seulement devaient y résider sous la direction de l'abbé de Neufmoustier. Il était situé d'ailleurs à proximité ou sur un point de l'ancienne enceinte notgérienne. Plus tard, ce couvent fut confié aux Frères de la Vie Commune, qui se consacrèrent à l'enseignement, ce qui leur valut le titre de « BonsEnfants » (12).
L'emplacement même de ces communautés laisse supposer encore une fois leur utilité non seulement pour assurer le ministère pastoral, le soin des malades ou l'éducation de la jeunesse, mais aussi pour participer de quelque manière aux frais importants de la construction des nouveaux remparts.
Les religieux mendiants furent préférés à tout autre dans la mesure où ils observèrent la règle de pauvreté en commun, s'interdisant notamment la possession de biens immeubles. Leur développement prodigieux à partir du XIIIe siècle et leur nombre considérable dans les villes est à coup sûr la conséquence en partie de l'observance de cette règle. On conçoit en effet que l'enrichissement de ces communautés religieuses et l'acquisition par elles de terrains ou d'immeubles urbains pouvaient présenter de graves préjudices pour l'avenir et les intérêts des familles bourgeoises. La question prendra de plus en plus d'acuité au fur et à mesure que la population urbaine augmentant, la crise du logement vint à s'aggraver et cela spécialement après la destruction des villes liégeoises par les troupes bourguignonnes.
L'opposition des laïques devait se marquer surtout contre la pratique de la dotation religieuse au profit des communautés religieuses et davantage encore par l'introduction de lois sur la mainmorte ecclésiastique (13). Ces mesures se justifièrent d'autant plus à l'époque moderne, lorsque la plupart des religieux mendiants abandonnèrent le voeu strict de pauvreté en commun. C'est pour des raisons d'ordre juridique aussi que sauf de rares exceptions, les communautés de chanoines réguliers situées à l'intérieur des villes ne purent guère prendre de l'extension et restèrent de simples prieurés jusqu'à la fin de l'Ancien Régime (14).
A Liège, la fondation de nouveaux couvents à l'intérieur de la nouvelle enceinte fut interrompue dès la fin du XIIIe siècle, puisqu'à partir de cette date aucun couvent ne parvint plus à s'y installer avant la seconde moitié du XVe siècle.
La fondation donc de ces nombreux couvents au cours du XIIIe siècle semble bien être en relation directe avec la construction de la nouvelle enceinte et prouvé l'importance que prend la capitale liégeoise à cette époque. La présence de l'évêque favorisa à coup sûr l'entrée de ces nombreux religieux en même temps que le développement de la ville.
Les deux autres grandes villes wallonnes de la principauté montrèrent moins d'empressement à accueillir des couvents à l'intérieur de leur enceinte, pour la raison peut-être que celle-ci ne fut pas élargie comme celle de Liège. A Huy, quelques maisons religieuses importantes se logèrent dans les faubourgs pendant les XIIe et XIIIe siècles et restèrent hors les murs jusquà la fin de l'Ancien Régime. Ce sont le prieuré clunisien de femmes à Saint-Victor, les chanoines réguliers de Neufmoustier fondé vers 1101, les Croisiers vers 1211 et les Soeurs de la pénitence de Sainte-Marie-Madeleine au couvent de Saint-Quirin en 1287. Jusqu'à la moitié du XVe siècle, les Frères Mineurs furent les seuls religieux installés à l'intérieur des remparts (15).
A Dinant, on sait qu'en plus de l'enceinte urbaine proprement dite, la plupart des faubourgs étaient également entourés de murailles. C'est à Leffe que l'abbaye des Prémontrés fut édifiée en 1152, tandis que les Frères Mineurs entrèrent vers 1232 à l'intérieur du faubourg de Leffe, qui s'étendait entre cette localité et les murs de Dinant (16).
Mais le nombre des couvents dans les villes augmente considérablement au cours de l'époque moderne. Ces nouvelles fondations se situent spécialement après les guerres ruineuses de la période bourguignonne et davantage encore après les troubles religieux du XVIe siècle.
Ici, un fait nouveau est à signaler à savoir l'entrée des couvents de femmes à l'intérieur des enceintes urbaines, où l'on ne rencontrait jusqu'à la moitié du XVe siècle que des petits béguinages. Les premières communautés furent celles de soeurs hospitalières ou de chanoinesses régulières se consacrant à l'éducation des filles.
Les villes de Liège et de Dinant, dont la situation financière était devenue très précaire après les désastres de 1467 et 1468, furent heureuses notamment d'accepter le concours des religieux pour la reconstruction de leurs remparts. Ainsi l'installation des Frères Mineurs Observants en 1487 à Liège au lieu-dit de Jérusalem fut acceptée à la suite d'un contrat avec la Cité. Ces religieux s'engagèrent à construire à leurs frais le long de la rivière les murs de la ville, qui devaient clôturer en même temps leur propriété. Ces murs devaient être édifiés avec l'accord des bourgmestres et du conseil (17). Un peu plus tard en 1495, les Frères de la Vie Commune, autorisés à ouvrir un collège pour la jeunesse sur l'île Hochet, à l'emplacement actuel de notre université, accepteront également d'améliorer en cet endroit les fortifications de la cité (18).
Les communautés féminines par contre, eurent bien de la peine à briser les résistances des autorités urbaines pour s'installer à l'intérieur des remparts. Le premier couvent de femmes à Liège fut celui des Carmélites chaussées, qui se. fixèrent en 1457 au faubourg Saint-Léonard. Les Clarisses Urbanistes installées en 1488 au-dessus de l'église Saint-Servais durent recourir à l'autorité du Saint-Siège pour rentrer en possession de leurs biens (19). L'exiguité du couvent des Bons-Enfants et d'autres raisons sans doute obligèrent les religieux des différents ordres qui s'y installèrent successivement à abandonner cette maison. Après les Soeurs Tertiaires dites Soeurs de Hasque et les Frères Cellites, les Chanoinesses régulières du Saint-Sépulcre s'y fixèrent en 1496. Le fait que ces religieuses se consacraient à l'enseignement des filles favorisa sans doute leur admission par la ville (20).
Les Soeurs de Hasque n'étant sans doute pas désirées à cet endroit, échangèrent le couvent des Bons-Enfants contre celui des Frères Cellites situé dans l'Ile à proximité de la collégiale Saint-Paul et donnèrent leur nom à cette rue. Cette hypothèse est vraisemblable, puisque l'on sait que la première religieuse de ces Soeurs Tertiaires, Jeanne Schaetz, brouillée avec le restant de la communauté de Hasselt, passa peu après chez les Sépulcrines. Celle-ci en effet avait demandé son transfert dans le but précis de se consacrer à l'enseignement, ce qu'elle n'avait pu réaliser dans l'ordre des Soeurs Tertiaires (21).
Au début du XVIe siècle, deux ordres hospitaliers seulement furent admis à Liège. Les Soeurs Grises pourtant ne furent guère récompensées de leur dévouement aux malades, puisque malgré la promesse du conseil de la Cité en 1513 de les installer à l'hôpital Saint-Jean-Baptiste, elles furent forcées en 1516 d'acheter un terrain situé sur le domaine abbatial de SaintJacques et d'accepter les conditions de l'abbé (22). Après leur départ en 1495 contre le gré de leur général et du conseil de la Cité, les Frères Cellites ou Alexiens, qui avaient séjourné rue Sœurs-de-Hasque depuis 1464, furent rappelés en 1519. Installés auprès du cimetière des pestiférés, le prince Erard de La Marck, conjointement avec le chapitre cathédral et la ville, se réservait un droit de contrôle sur les biens de la communauté (23).
A la fin du siècle, Ernest de Bavière négocia l'entrée à Liège de deux ordres nouveaux, dont on louait partout déjà l'action bienfaitrice. Les Jésuites remplacèrent en 1581 les Frères Hiéronymites au collège de l'île Hochet et les Capucins furent installés comme les Alexiens à proximité du cimetière des pestiférés. L'admission de ces deux couvents s'affirmait d'une nécessité urgente à cette époque (24). En 1604, les Pauvres Clarisses expulsées de l'hôpital de Bavière où le prince-évêque voulait les placer, vinrent se fixer à côté des Soeurs Grises sur le territoire de l'abbaye de Saint-Jacques (25).
Mais le grand siècle de l'expansion des couvents dans les villes est à Liège comme ailleurs le XVIIe siècle. Sous le règne de Ferdinand de Bavière, qui, au même titre que les archiducs Albert et Isabelle aux Pays-Bas, se présente comme un fervent promoteur de la réforme catholique, le nombre de couvents de la cité de Liège sera plus que doublé. Ces couvents se situent soit rue Hors-Château adossés à la colline qui descend de la citadelle, soit sur des terrains restés libres à la périphérie de l'enceinte soit enfin dans les faubourgs.
En général, ces fondations de couvents sont dues à la protection du prince-évêque ou de puissants bienfaiteurs, car la plupart de ces religieux ou religieuses ne furent pas accueillis avec bonne grâce par les bourgeois. Les couvents de femmes notamment subirent les plus graves représailles de la part des populations urbaines et ne parvinrent à s'installer définitivement qu'après bien des vicissitudes (26).
Considérant la politique des princes-évêques de Bavière en conflit constant avec la Cité, on peut aisément supposer que ces différentes maisons religieuses étaient à juste titre considérées comme autant de bastions nouveaux situés à l'intérieur ou à l'extérieur des remparts, qui pouvaient éventuellement suppléer à la vulnérabilité de ceux-ci. C'est pourquoi la population s'inquiète, lorsque l'on construit au Péry le couvent des Minimes que certains considèrent comme « une citadelle future si ce n'étoit le baloir qui les commande » (27).
Impuissante à résister à la volonté du prince-évêque, la Cité entendait toutefois faire respecter ses droits de contrôle sur les propriétés situées à proximité des remparts. En 1614, le conseil communal défendit aux Jésuites Anglais la construction de leur mur de clôture, parce que celui-ci était trop rapproché des murailles de la cité. En 1634, les deux parties étaient encore en procès à ce sujet (28). Aux Annonciades Célestes fixées dans l'Ile et aux Récollectines en Bêche, la Cité réclame l'entretien des remparts situés le long de leur domaine (29). Aux religieuses Capucines, le conseil de la Cité ordonne de fermer la porte donnant accès sur les remparts (30). Le chapitre de Saint-Lambert également impose des conditions draconiennes aux Carmélites déchaussées de la rue du Potay, en les forçant d'acquérir l'ensemble des terres plantées de vignobles situées entre les remparts et leur propriété (31).
Les religieux comme le clergé d'ailleurs furent régulièrement dans l'obligation d'intervenir dans les frais de construction et de réparation des remparts (32). En 1676, le conseil de la Cité réquisitionne les ordres mendiants pour faire les corvées nécessaires à la réfection de l'enceinte à Sainte-Walburge (33).
La reconstruction de Dinant après le sac de 1467 réclamait également l'aide de communautés religieuses. Les Carmélites chaussées installées au faubourg de Leffe en 1455 à l'ancien béguinage des Saint-Jean Évangéliste et Marie-Madeleine avaient quitté la ville en 1466. Pour assurer le soin des malades, la ville fit appel en 1487 aux Soeurs Grises hospitalières, qui se fixèrent dans la rue Grande sur l'emplacement de l'ancien hôpital Bonnechose et de l'ancien béguinage Lambert Le Sage. Ce lieu d'ailleurs ressortissait de la juridiction du chapitre collégial (34).
Le couvent des Croisiers fut bâti dans le quartier dit Sous-Dinant, près de là porte Saint-Nicolas, à proximité de l'ancienne église Saint-Laurent détruite lors du sac. La ville les autorisa à bâtir en utilisant les matériaux des maisons démolies et des fortifications. En 1497, la ville leur céda encore une partie des fossés situés du côté du bras de la Meuse pour y faire un vivier, mais elle se réservait le droit de construire sur le mur qui le fermait des tours et des demi-lunes (35). Ces deux couvents étaient donc les deux premiers édifiés à l'intérieur, des remparts urbains.
Au XVIIe siècle, trois communautés religieuses seulement parvinrent à se fixer à Dinant. On sait que le premier collège institué en 1563 dut être abandonné faute de ressources suffisantes. Les Jésuites rentrèrent définitivement en 1608 et incorporèrent à leur maison l'église Saint-Vincent (36). Les Capucins se fixèrent en 1613 au faubourg de Saint-Médard- Outre-Meuse. Ils se trouvaient à proximité des remparts, puisque leur couvent était défendu par deux tours et la porte dite des Capucins solidement restaurées au XVIIe siècle (37). Les Ursulines, protégées de l'évêque-suffragant Etienne Strecheus, arrivèrent à Dinant en 1627 pour se consacrer à l'éducation des filles. Leur couvent était proche aussi de l'enceinte, puisqu'elles furent autorisées à rehausser la muraille de la ville à leur frais (38).
Après les Frères Mineurs installés à Huy au début du XIIIe siècle, deux communautés féminines parvinrent à entrer à l'intérieur de l'enceinte au milieu du XVe siècle. Les Chanoinesses régulières de Saint-Augustin se fixèrent au couvent de Sainte-Aldegonde en 1449 et les Carmélites chaussées dénommées ici Dames Blanches s'installeront en 1466 dans l'ancien hôpital Saint-Germain situé près de la porte du même nom (39).
En dehors des Frères Cellites, qui séjournèrent peu de temps à partir de 1536, toutes les autres fondations de couvents datent du XVIIe siècle. Les Capucins furent accueillis en 1607 pour assurer le soin des malades pendant les épidémies. Les Augustins furent préférés aux Jésuites pour ouvrir un collège. Les murs de clôture de leur propriété venaient heureusement combler les brèches des anciens remparts (40).
Sauf les Jésuites, qui dans le principe ne devaient avoir à Huy qu'une résidence, les propriétés des autres communautés religieuses qui parvinrent à briser les résistances du pouvoir communal pour entrer dans la ville, étaient également situées à proximité des remparts urbains. Après bien des difficultés, les Soeurs Grises se fixèrent en 1630 dans la rue qui prit leur nom, dans l'ancien immeuble des Frères Cellites (41). La propriété des Annonciades Célestes était limitée vers Tihange par un chemin longeant les remparts de Rioul, tandis que le mur de clôture du domaine des Ursulines, situé en face du couvent des Jésuites, prolongeait le long de la Meuse la muraille des Augustins, qui, comme disent les archives de la ville, servaient de « fortification et embellissement de la ville» (42).
Nous n'avons guère parlé ici des couvents logés dans les faubourgs. Ceux-ci pourtant pouvaient jouer également un rôle subsidiaire dans les systèmes défensifs urbains, sans peut-être qu'un plan préconçu ait présidé à leur création, à leur situation ou à leur fonction. Mais il est plausible de croire que les princes, toujours soucieux de leur sécurité personnelle et de la défense de leurs territoires, ne manquèrent pas de voir dans l'élévation de ces couvents à l'intérieur et autour des villes, un moyen facile pour renforcer les fortifications urbaines. Situés pour la plupart à la périphérie ou à l'extérieur des remparts urbains, et se confondant rarement avec ceux-ci, les murs plus élevés et plus épais de ces couvents pouvaient servir d'écran aux projectiles et aux assauts de l'ennemi. De telles perspectives s'imposaient à ces époques où l'on avait réalisé d'énormes progrès dans l'art de faire la guerre. Les inventions de la poudre et de l'artillerie transformaient toutes les règles de la fortification.
Toutefois on ne peut croire que la préoccupation défensive fut le seul ni même l'essentiel problème dans l'organisation urbaine. A côté des ingénieurs militaires, théoriciens de la ville forte, nous trouvons à partir de la Renaissance des architectes théoriciens et des mécènes partisans de ville belle. Des raisons d'urbanisme à côté des exigences religieuses, économiques et stratégiques ont pu présider à la politique des princes, qui favorisèrent plus particulièrement l'expansion des communautés religieuses. La construction d'églises et de couvents était de nature à embellir et à assainir, ces terrains vagues appelés à Liège les « werixhas » ou les « aisemences », où se pratiquait fréquemment encore au Moyen Age l'élevage du bétail. Les grands espaces de verdure, les parcs aménagés par ces religieux auxquels le public avait parfois, accès, constituaient des avantages précieux pour la salubrité et l'esthétique urbaine. ,
Quant aux difficultés qu'éprouvèrent les religieux à s'installer dans les villes de la principauté, elles se situent spécialement à ces époques où la politique des princes-évêques est en désaccord avec celle des villes. C'est pourquoi au XVIIe siècle, la fondation des, couvents dans les villes est le plus souvent favorisée ou imposée même par les princes-évêques plutôt que de se présenter comme ce fut le cas auparavant comme un contrat d'entraide mutuel entre les communautés religieuses et la « commune » des bourgeois.
1. A. GREA, L'état religieux et le clergé paroissial, p. 47, Daris, 1904.
2. Ch. DEREINE, Clercs et moines au diocèse de Liège du 10e au 12e siècle, dans ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, t. 45, pp. 190-191, Namur, 1950.
3. E. PONCELET, Les domaines urbains de Liège, pp. 65.66, Liège, 1947.
4. RENIER DE SAINT-JACQUES, Annales Sancti Jacobi (1066-1230), M. G. SS., XVI, éd. G. PERTZ, p. 665, Hanovre, 1859. - ADRIEN D'OUDENBOSCH, Chronique, éd. C. DE BORMAN, p. 258, Liège, 1902.
5. J. FRÉSON, Notice historique sur l'ancien monastère des Frères Mineurs-Franciscains de Huy, dans ANNALES DU CERCLE HUTOIS DES SCIENCES ET BEAUX-ARTS, t. 7, p. 231 sv., Huy, 1886. Un conflit surgit avec la ville à ce sujet au XVIIe siècle. - TH. GOBERT, Liège à travers les âges, t. IV, p. 216, Liège, 1926. - STRAVEN, Inventaire analytique des archives de Saint-Trond, t. I, pp. 234 et 252, t. II, p. 372, t. III, p. 89 et t. V, p. 211, Saint-Trond, 1886. - C. VANDERSTRAETEN, De augustijnen en hun klooster te Hasselt, dans VERZAMELDE OPSTELLEN... TE HASSELT, t. 9, pp. 246-247, Hasselt, 1933. - Ces religieux prirent part également en 1296 à la construction de l'enceinte de Hasselt, cfr N. CRUSENIUS, Monasticon Augustianum, p. 141, Monachii, 1623. Cfr ci-dessous n. 17.
6. J. PEJSKA, Jus canonicum regularium, p. 120, Fribourg en Brisgau, 1927. - E. JORDAN, Le premier siècle franciscain dans Saint-François d'Assise..., p. 101 sv., Paris, 1927. - MARGUERITE MARIE CLÉMENT, L'administration des biens chez les Frères Mineurs des origines au milieu du XVIe siècle, dans École nationale des chartes. Positions des thèses, pp. 41-47, Nognt le Rotrou, 1943.
7. A. MIRAEUS et F. FOPPENS, Opera diplomatica, t. 3, p. 393, Louvain et Bruxelles, 1723-1748. L'un des donateurs appartient à la famille des Neuvice. - Cfr E. PONCELET, o. c., pp. 150 et 171-172
8. BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE (B. U. L.), ms. 188 C, H. VAN DEN BERGH, 1re partie, fol. 142. Quittances données aux Frères Prêcheurs de Liège pour leur part dans les travaux des fossés de la ville, 6 août 1542, 13 juillet et 16 septembre 1552.
9. Th. GOBERT, o. c., t. IV, p. 216. - E. FAIRON, Régestes de la Cité de Liège, t. I, pp. 146, 318, 383, 396 et 522, Liège, 1933, signale plusieurs conventions faites avec les Prémontrés de Beaurepart au sujet des remparts.
10. E. PONCELET, o. c., pp. 36 et 172.
11. J. P. R. STEPHANI, Mémoires pour servir à l'histoire monastique du pays de Liège publies par J. ALEXANDRE, t. I, p. 78,. Liège, 1876.
12. L. HALKIN, La maison des Bons-Enfants à Liège dans BULLETINDE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS, t. 64, p. 38 note, Liège, 1940.
13. Voir notre article à paraître, La législation sur la mainmorte ecclésiastique et les couvents à Liège spécialement au XVIIe siècle dans BULLETIN DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS.
14. Nous ne connaissons guère que le cas des Écoliers de Liège, dont le couvent fut érigé en abbaye par un bref du pape Paul V du 26 septembre 1614. Cfr STEPHANI, o. c., t. I, p. 145.
15. R. DUOIS, Les rues de Huy, p. 247, HUY, 1910.
16. E. CLOSE, Dinant, Notes d'histoire et de Folklore, p. 19. Bruxelles, 1936. - F. JACQUES, Les paroisses de Dinant et de Leffe, dans ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, t. 45, p. 107, Namur, 1949.
17. R. BRAGARD, Le couvent des Récollets à Liège et la reconstruction des remparts d'Outre-Meuse, dans BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE LE VIEUX-LIÈGE, n°98, p. 138, Liège, 1952. - Cfr sur ce sujet E. BUCHIN, Érard de La Marck et la restauration des forteresses liégeoises dans Leodium, t. 21, pp. 66-81, Liège, 1928. - A Verviers, les Récollets intervinrent au XVIIe siècle également dans la construction de l'enceinte de la nouvelle ville. Cfr J. LEJEAR, Les fortifications de Verviers, dans BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VERVIÉTOISE D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE, t. 2, p. 108, Verviers, 1900.
18. E. PONCELET, Cartulaire de l'Église Saint-Lambert à Liège, t. V, pp. 234-235, n° 3279 et 3280, Bruxelles, 1913 (C. R. H.).
19. STEPHANI, o. c., t. I, p. 15 et t. II, pp. 234-235. - Th. GOBERT, o. c., t. 2, p. 375.
20. R. BRAGARD, o. c., p. 139. - Z. HERESWITHA, De vrouwenkloosters van het Heilig Graf in het prinsbisdom Luik... 1480-1798, pp. 38-40, Louvain, 1941.
21. Ibidem, p. 38 note 7.
22. ARCHIVES DE L'ÉTAT A LIÈGE (A. E. L.), Couvent des Soeurs Grises, liasse (1513-1525).
23. STEPHANI, o. c., t. II, pp. 327-340.
24. L. HALKIN, Les origines du collège des Jésuites et du séminaire de Liège, dans BULLETIN DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS, t. 51, Liège, 1927. - P. HILDEBRAND, De Kapucijnen in de Nederlanden en het prinsbisdom Luik, t. I, pp. 206-210 et 404-409, Anvers, 1945.
25. Th. GOBERT, o. c., t. 2, p. 379. - STEPHANY, o. c., t. II, pp. 237-239.
26. Voir à ce sujet notre article à paraître sur La législation sur la mainmorte...
27. Th. GOBERT, o. c., t. IV, p. 230.
28. Ibidem, t. 2, p. 55. - B. U. L., ms. 2632, Dom Hugues DE FLEURY, Traité de la profession des moines.., fol. 86 v°.
29. Th. GOBERT, o. c., t. 2, p. 300 et t. 3, p. 174.
30. A. E. L., Dépêches du Conseil privé, reg. 29, fol. 306 v°, 19 septembre 1666.
31. Th. GOBERT, o. c., t. 5, p. 83.
32. A. E. L., Recès de la Cité, reg. 2 (1568-1570) fol. 115 v°, 14 avril 1569. « Le conseil ayant décidé de faire fortifier et remparer la cité, on assignera au clergé et aux bourgeois les quartiers qu'ils devront respectivement faire réparer à leurs frais ». - B. U. L. ms. 174 C Sommaire historial de Liège depuis l'an 1538 jusqu'à 1668: L'an 1574 furent par les bourgmestres Jaques de Hodeige et Philippe du Saint-Esprit travaillé aux fortifications des murailles de la cité.., où les ecclésiastiques déboursèrent une bonne somme de deniers.. ». - Le Saint-Siège avait pourtant interdit aux religieux de contribuer de leurs deniers, à la défense des villes. Cfr J. VENDEUVRE, L'exemption de visite monastique, p. 157, Dijon, 1906.
33. A. E. L. Recès de la Cité, reg. 12 (1676-1678) fol. 32, 27 août 1676 et 2 septembre. - Le 24 mai 1678, le Conseil accorde cent patagons aux Récollets « en considération que leur muraille serve de closture a la Cité ».
34. Cartulaire de la commune de Dinant, éd. St. BORMANS, L. LAHAYE et DD. BROUWERS, t. 3, pp. 82-83 et t. 7, pp. 379 et 391, Namur, 1882 et 1907.
35. Ibidem, t. 3, p. 172. - DD. BROUWERS, Privilèges accordés aux Croisiers, dans NAMURCUM, t. 12, p. 17, Namur, 1935. - DD. BROUWERS, La reconstruction de Dinant à la fin du XVe siècle dans Mélanges God. Kurth, t. 2, pp. 213 sv., Liège, 1908.
36. F. JACQUES, o. c., p. 98.
37. E. CLOSE, o. c., p. 64.
38. Cartulaire de la commune de Dinant, t. V, 251.
39. STEPRANI, o. c., t. I, p. 112 et t. II, pp. 71-81. - R. DUBOIS, o. c., p. 662.
40. F. DISCRY, La hotte du chiffonnier, dans ANNALES DU CERCLE HUTOIS DES SCIENCES ET BEAUX-ARTS, t. 22, p. 131, Huy, 1948. « Le baron de Groesbeeck, comte du Saint-Empire, gouverneur de Huy etc. aiant exactement visenté et prins inspection oculaire du lieu et de la muraille où les Pères Augustins prétendent de bastir at trouvé que suyvant leurs modelle et projet ce bastiment servira de fortiffication et embellissement de la ville. Fait à Huy, le 24e d'avril 1617 ». Le Conseil communal réclamera pourtant « qu'en cas de nécessité de guerre on puisse avoir libre entrée et accès aux murailles desdis Pères Augustins ».
41. R. DUBOIS, o. c., p. 590. - R. BRAGARD, Les provinces religieuses des ordres mendiants dans la principauté de Liège, dans BULLETIN DE LA COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE, t. 117, p. 251, Bruxelles. 1952.
42. J. FRESON, Notice historique sur les anciens monastères des Ursulines, des Annonciades Célestes, des Carmélites déchaussées et des Sépulcrines de Huy dans ANNALES DU CERCLE HUTOIS DES SCIENCES ET BEAUX-ARTS, t. 7, pp. 284 et 314, Huy, 1886.