L'exposition fut temporairement fermée suite à l'explosion de deux ponts minés mis à feu par la foudre d'un orage.
Elle ne réouvrit jamais ses portes.
UN SOIR D'ANGOISSE. Un orage d'une rare violence avait éclaté au dessus de la région de Liège, à la fin de l'après-midi, du 31 août. La ville, comme le pays et le monde, sentait plus que jamais peser sur elle les angoisses de l'heure, quand une déflagration épouvantable, suivie d'une seconde explosion, secoua toute la ville. Que se passait-il? Etait-ce la guerre, un bombardement? La frayeur se répandit dans la population atterrée... Sur un rayon d'un kilomètre environ, les vitres volaient en éclats, des verrières et des vérandas s'effondraient. D'aucuns furent secoués comme par un tremblement de terre.
On apprit bientôt que les ponts minés d'Ougrée et du Val-Benoît venaient de sauter, la foudre ayant mis le feu aux explosifs. Sur les lieux, vers lesquels s'affairèrent aussitôt sauveteurs, ambulances et une foule angoissée, c'était un spectacle de ruine et de mort.
LE VIEUX PONT D'OUGREE, à gauche, offre un spectacle lamentable. Il est situé à quelques minutes de Val Benoit et sauta le premier. Destiné à être mis prochainement hors service, il avait été néanmoins miné. Une des sentinelles, précipitée dans l'eau se sauva à la nage, l'autre disparu dans la catastrophe. Un troisième pont eût sauté, le nouveau étant connecté avec l'ancien, si un jeune lieutenant n'eût coupé, grâce à une remarquable présence d'esprit, les cordons reliant les charges des deux ponts
LE DOUBLE PONT DU VAL-BENOIT EFFONDRE. - Les quatre culées construites dans le fleuve ont sauté, provoquant l'effondrement du tablier métallique en trois parties et des grands arcs d'acier. On voit, ci-dessus, une vue générale du désastre avec les deux ponts jumelés, voie principale entre la Belgique et l'Allemagne. Indescriptible vision de ruine s'élargissant de ce centre dans tous les alentours, véritable spectacle de bombardement.
LE TRAIN LlEGE-GOUVY-LUXEMBOURG, qui s'était arrêté attendant l'ouverture du signal, traversait le pont quand s produisit la déflagration. La locomotive fut renversée par la secousse et alla s'appuyer contre un des arcs métalliques Vingt-huits voyageurs se trouvaient dans le premier wagon et furent violemment jetés les uns contre les autres, tous plus ou moins gravement blessés. Ce fut dans un inextricable enchevêtrement que les sauveteurs durent accomplir leur tâche, dégageant les morts et les blessés. On a relevé, par ailleurs, des victimes dans tout le quartier éprouvé par la catastrophe. Des consommateurs se trouvant à la terrasse d'un petit café furent tués sur le coup.
BILAN DE DEUIL ET DE RUINE. Dix-sept morts, trois disparus, quatre-vingts blessés, tel est le bilan des victimes parmi lesquelles des soldats, gardiens du pont. Un sergent, conduisant une auto dans les environs, fut tué sous l'avalanche des blocs de béton volant en éclats, s'écrasant sur le sol ou lancés comme de véritables projectiles allant jusqu'à défoncer les murs. Sous la violence de la secousse des bateaux furent arrachés de leurs amarres et descendirent le courant. Plus loin, des incendies éclataient dans l'obscurité produite par la rupture des conduites de gaz et d'électricité.
S. M, LA REINE ELISABETH, toujours prête à secourir ceux qui souffrent, à leur porter son aide et ses consolations, s'est rendue sur les lieux de la catastrophe, accompagnée d'une dame d'honneur et d'un officier supérieur. Elle parcourut les ruines, guidée par Mr l'échevin Buisseretet le commissaire de police Strauwens. Sa Majesté se rendit ensuite dans les maisons environnantes, dans les hôpitaux où les victimes avaient été transportées.
LES ARCS METALLIQUES ROMPUS. - Ci-dessus, une vue de face des ponts du Val Benoit. On remarque la rupture de l'arc d'acier. Le second pont apparait à droite, au second plan. L'explosion produisit un soulèvement de l'eau et trois bateaux coulèrent tandis que d'autres s'en allèrent à la dérive. Qui embrasse une vue générale aperçoit non seulement les ponts baignant dans le fleuve, mais tout le quartier criblé d'éclats, les toitures défoncées, des pignons éventrés, des cheminées démolies. Les dégâts matériels se chiffrent par centaines de millions.
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