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Liège Expo 1930

EXPOSITION DU CENTENAIRE
DE L'INDEPENDANCE NATIONALE A LIEGE

La première Exposition internationale des Sciences et de leur enseignement.

par Ernest GODEFROID


LES GRANDS TRAVAUX

Liege Expo 1930 - Grands travaux - Suppression des écluses entre Chokier et Monsin: ici au niveau du remblais de l'Heliport de liège

Suppression des écluses entre Chokier et Monsin: ici au niveau du remblais de l'Héliport.
Au loin, les Terrasses et le Pont du Commerce devenu le Pont Albert Ier
voir sa position précise sur le plan de Blonden de 1880


L'Exposition de 1905 a été l'occasion, pour la ville de Liège, de voir entreprendre et conduire à bonne fin d'utiles travaux d'appropriation et d'embellissement: construction des ponts de Fragnée, de Fétinne, des Vennes et Mativa; rectification du cours inférieur de l'Ourthe; construction de la gare du Palais; création d'avenues; établissement de nouvelles voies de tramways; mise en valeur de vastes terrains, aujourd'hui transformés en quartier aristocratique; élargissement de la rue du Pont d'Avroy, etc.

C'est à la faveur de l'Exposition de Liège 1930 que furent décidés et entamés d'autres travaux publics indispensables que la région liégeoise réclamait depuis bien longtemps, ou qui s'imposaient par suite de la guerre.

Il s'agissait d'abord de mettre Liège et sa banlieue à l'abri des désastreuses inondations périodiques du fleuve: on a endigué la Meuse et la dérivation sur tout leur parcours, et démergé les communes riveraines d'amont. Il fallait aussi améliorer les communications fluviales entre le bassin de Liège et Anvers: le cours de la Meuse est rectifié vers l'aval, à travers les terrains de l'île Monsin; la navigation se trouve facilitée par la suppression des écluses, de Chokier à Jupille, et par l'établissement d'un pont-barrage unique Monsin; la Dérivation est devenue navigable; un port fluvial moderne est en construction au nord de la ville, et un canal direct pour bateau de 1350 tonnes mettra prochainement Liège à trois jours de la Métropole.

Tout un nouveau quartier sera créé, dès après l'Exposition, sur l'emplacement de la plaine des manoeuvres; il sera desservi par de nombreux moyens et voies de communications. A proximité, s'élève déjà la nouvelle gare de Bressoux.

La « question des ponts » de la Meuse et la Dérivation est enfin résolue: établissement du nouveau pont de Coronmeuse, le plus long du pays, pour relier la nouvelle agglomération et Bressoux au quartier du Nord; reconstruction du pont des Arches, du pont Maghin, du pont d'Amercœur et du pont sur le canal, à Rivage-en-Pot.

Faut-il ajouter encore l'installation d'une aérogare à Ans, la résolution du difficile et impérieux problème des voies d'accès, l'introduction du téléphone automatique, I'amélioration du trafic ferroviaire, la restauration et la modernisation de la gare des Guillemins, la rationalisation et l'extension du service des tramways, l'appropriation d la place Saint-Lambert, le creusement d'une galerie souterraine en face du Grand Bazar, l'assainissement de toute une partie de l'insalubre quartier d'Outre-Meuse, le percement de nouvelles artères; la construction d'habitations ouvrières sur le coteau de Naniot, l'inauguration de nouveaux monuments, la restauration des bâtiments publics, la construction d'un Palais communal des Fêtes au Jardin d'Acclimatation, de la nouvelle église Saint-Vincent, à Fétinne, de fontaines lumineuses, etc.

On le voit: pour prospérer, Liège s'est délibérément régénérée; elle a trouvé chez ses enfants de clairs génies, d'industrieux talents, de fervents réalisateurs; pendant près d'un lustre, ingénieurs, techniciens, artistes, artisans, se sont dépensés sans compter pour la grande oeuvre commune.

Les liégeois sont redevables à l'exposition de 1930 d'importantes améliorations qui, d'une part, promouvront l'activité industrielle de la région en dotant celle-ci de meilleures conditions de salubrité et de travail, et d'autre part, embelliront le visage aimé de leur ville, appelée à faire désormais figure de grande cité moderne.



Les Nouveaux Ponts


Le pont d'Amercoeur.

La démolition de l'ancien pont, trop étroit (10 m à peine) pour l'intense charroi du quartier, fut entamée fin juin 1927. Il fallut plus de deux années pour mener à bien cette entreprise et celle de la reconstruction, car la circulation des véhicules ne put être reprise qu'en août 1929.

Le nouvel ouvrage est loin de présenter un cachet artistique, à cause du type qui s'imposait, à arc supérieur métallique avec tirants. Sa portée est de 6 mètres en une arche. La largeur est de 18 mètres, dont 7 m pour les trottoirs.


Le pont Maghin.

Le pont Maghin a été reconstruit par la Société John Cockerill, à laquelle l'entreprise avait été adjugée en 1927 pour la somme de 7.600.000 francs.

C'est un ouvrage métallique reposant sur deux piles et deux culées. Il est d'allure tout à fait légère et élégante.

Sa longueur totale est de 142 mètres, et sa largeur de 17 mètres.

Du type dit « Cantilever », il est constitué par neuf poutres ou longerons parallèles; la travée indépendante médiane a 18 m de portée et est suspendue par des bielles aux consoles principales. Ce pont comporte une arche centrale de 70 m d'envergure, et deux demi-arches de 36 m. de portée. L'ensemble des pièces métalliques atteint un poids de 1450 tonnes.

C'est le service communal d'architecture qui en a dressé les plans.

On a profité de la reconstruction du pont pour élargir les rampes d'accès et établir sur la rive gauche une grande voirie (16 m au lieu de 10).

Les garde-corps en fer forgé, les huit supports d'éclairage et de fils de trolley, les pierres de taille qui revêtent les murs de soutènement place des Déportés, contribuent à la décoration de ce bel ouvrage d'art.


Le pont des Arches.

Le nettoyage du lit du fleuve commencé en 1927, l'enlèvement des pilotis et des vieilles pierres de taille jonchant le lit de la Meuse, la démolition des anciennes piles, furent effectués par la Société belge du Béton, de même que l'édification des nouvelles piles en béton, avec parement en pierre de taille, et celle de la culée droite.

La maison Lecharlier construisit la culée gauche, le raccordement à la rue du Pied-du-Pont-des-Arches, et l'escalier donnant au quai Sur-Meuse.

Le 22 avril 1929 commença le montage de la partie métallique construite par la S.A. des Ateliers de Willebroeck, qui effectua également le placement des appuis sur piles et culées. Poids de la charpente: 1.600 tonnes.

Le pont est aussi du type « Cantilever », mais. à 6 poutres. Il a une longueur de 132 mètres. La chaussée a 11 m de largeur, et chacun des trottoirs (construits partiellement en encorbellement), 3 mètres. Le garde-corps a été fabriqué par la maison Van Bockel.

Le travail a été terminé fin février 1930.

Les statues qui reposent sur le socle des piles proviennent de l'ancien pont. En amont, rive gauche: l'Industrie; rive droite: la Navigation, par Drion. En aval, rive gauche: le Braconnier; rive droite: le Glaneur, par Sopers.


Le pont de Coronmeuse.

L'ouvrage fut confié, en janvier 1927, par adjudication publique, à la Société générale d'Entreprises de construction, de Bruxelles, pour la somme de 7.000.000 francs environ.

Les travaux commencèrent en avril de la même année.

C'est un des plus longs ponts de la Belgique; il mesure 315 mètres. En réalité, il est constitué de trois ouvrages, enjambant: par une arche de 21 mètres d'ouverture, le canal de Liège à Maestricht; par trois arches, d'une longueur totale de 133 mètres, la Meuse elle-même; par deux arches de 35 mètres, la dérivation de la Meuse.

La culée de la rive gauche, à double rampe monumentale, s'amorce à peu près en face de la Fonderie royale de canons; celle de la rive droite se rattache à l'ancien champ de manoeuvres, aujourd'hui secteur Nord de I 'Exposition.

La largeur du pont est de 18 mètres entre les garde-corps; les trottoirs ont chacun un développement de 3 mètres.

L'ouvrage a été complètement construit en béton - béton non armé pour les voûtes, béton armé pour le tablier - sur les plans établis par le service d'architecture de la voirie communale. Vingt-deux mille mètres cubes de matières ont été employés. Les fondations furent poussées jusqu'à la roche.

C'est un pont en anneaux», c'est-à-dire qu'il a été construit, sur deux files de voûtes ayant chacune 4 mètres de largeur et séparées par des intervalles de 6 m 5o. Deux mètres de trottoir sont portés en encorbellement.

L'ensemble apparaît en grisaille; les surfaces qui le permettent ont été bouchardées, tandis que les autres sont parachevées au moyen d'un mouchetis de gros sable.

L'ornementation du pont, comme ses grandes lignes architecturales, est simple et sobre. Au niveau du tablier, les emplacements des supports sont soulignés par les bahuts en béton flanqués de lampadaires à deux branches construits en tôle et fonte.


Le pont de Renory.

C'est un des plus beaux ouvrages d'art du pays. Il est établi sur la nouvelle ligne de chemin de fer de Fexhe-le-Haut-Clocher à Kinkenpois, qui enjambe la Meuse et la voie du Nord-Belge. Il a une longueur de 600 mètres.

Le tablier repose sur neuf arches de 60 mètres d'ouverture, et une dixième de dimensions plus réduites. L'ouvrage est en béton, et deux de ses piles plongent dans la Meuse.

Le pont coûtera 26 millions.

Il supporte deux voies de chemins de fer et un passage pour piétons. Ceux-ci y ont accès par un escalier aménagé sur la rive gauche, et, sur l'autre rive, par une
rampe. Commencé au début de 1926, le travail est pour ainsi dire achevé.

On prévoit que la ligne Fexhe-Kinkempois pourra être mise en service fin 1931.


Le pont du canal, à Rivage-en-Pot.

II remplace l'archaïque pont-levis, au pied de la rampe du pont de Fragnée, sur la rive droite. Sa reconstruction complète l'aménagement de cet important accès vers la ville - aménagement amorcé par l'établissement d'un viaduc dans le remblai du pont du Val-Benoît.

Le nouveau pont de Rivage-en-Pot a été construit en béton armé. Il a 16 m 50 de largeur, dont 11 mètres de chaussée.


Le pont-barrage de Monsin.

C'est un ouvrage qui relève des grands travaux de la Meuse. C'est le premier d'aussi vaste envergure entrepris en Belgique. Son rôle est de retenir les eaux de telle sorte que, de Flémalle à Monsin, le fleuve ne constitue plus qu'un bief unique de 18 km de longueur, sans écluses (les écluses existantes vont être désaffectées), avec un niveau de flottaison porté à 60 mètres

La construction du barrage (à environ un km en aval du pont de Coronmeuse) a commencé en mai 1928. On a employé le béton. Il est percé de six pertuis de 27 mètres d'ouverture libre, fermés chacun par une vanne en acier laminé de 5 m 35 de hauteur (la chute d'eau pourra atteindre 5 mètres). Ce sont les usines John Cockeriil qui ont exécuté la partie métallique.

La manoeuvre des vannes se fait électriquement. Les cabines de commande se trouvent sur les piles et dans les culées et sont reliées par une passerelle de service.

A trois mètres de cette passerelle, en amont, s'allonge le pont-route, de 9 mètres de largeur, dont 6 mètres de chaussée, pour établir la liaison entre Herstal et Jupille.

L'ensemble est d'un caractère architectural de grande allure.

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