Au cours de cet ouvrage, l'on a eu plusieurs fois l'occasion de constater combien les touristes des siècles éloignés se trouvaient charmés par le nombre considérable de fontaines aux eaux jaillissantes, qui se dressaient en maintes rues et sur les places publiques de la vieille cité de Liege. Elles se chiffraient par plus d'une trentaine au commencement du XVIIIe siècle.
Hélas! « Tempus edax rerum. Le temps détruit tout». Ovide avait raison (1), mais Victor Hugo était autrement dans le vrai en disant que l'homme est encore plus destructeur que le temps. Une preuve irrécusable à l'appui de cet axiome réside dans la disparition d'une série de ces fontaines, monuments d'utilité générale dont nos aïeux avaient parsemé notre ville. Tel est le sort réservé trop souvent à toute oeuvre humaine qui contrarie l'esprit du jour ou une situation nouvelle.
La quiétude de ces ouvrages d'art commença à être troublée il y a quelque quarante ans. Le 20 février 1869, l'échevin Lion rappela en pleine séance du Conseil communal que, « à l'occasion du règlement sur les eaux adopté en 1865, il avait été entendu que petit à petit on supprimerait, comme on le fait partout, les fontaines publiques, afin, ajouta-t-il, que même les maisons les plus infimes puissent être desservies par le service des eaux. » Loin de protester contre ce langage, le Conseil de cette époque confirma cette doctrine ipso facto.
C'était, il faut l'avouer, pousser un peu loin l'amour de la nouveauté, de la caisse communale, voire de l'hygiène; car enfin les fontaines qu'on sacrifiait pouvaient être alimentées au moyen de l'eau de la Ville pour l'agrément public.
Heureusement, la compréhension de l'édilité pour les restes du vieux Liège s'est modifiée complètement depuis. Si elle ne multiplie pas inconsidérément le nombre des bornes-fontaines Montéfiore (2), si elle le réduit même, elle ménage les fontaines caractère historique. En attendant, et sans respect aucun des droits acquis par une longue carrière comme par les services rendus, quantité de fontaines, souvenirs précieux, ont été renversées successivement.
Ne sera-t-il pas juste que, dans une publication destinée à rappeler toutes les traditions locales en ce qui concerne les eaux alimentaires, je consigne la mémoire des principales au moins de ces petites constructions d'art, en même temps que je retrace le passé des fontaines qui ont survécu. Les unes et les autres ont rempli un rôle assez bienfaisant; elles ont assez de mérite utilitaire ou artistique, pour captiver l'intérêt des amis de l'histoire locale. Il va sans dire que je limite ici ma tâche à les apprécier, au point de vue non de leurs eaux, mais de leur construction proprement dite.
1. - Fontaines du Perron et autres de la place du Marché.
A tout seigneur tout honneur! Hommage, soit rendu d'abord à la fontaine centrale de la place du Marché, la plus ancienne de l'endroit et vraisemblablement de la ville entière.
Qu'on ne demande pas à l'archéologie locale de préciser l'origine première de ce monument. Elle n'est point en mesure de le faire. Je ne l'ignore pas, plusieurs chroniqueurs des derniers siècles, même des écrivains récents (3), avancent des dates. Je sais aussi que tous se bornent à reproduire ou à analyser les assertions du grand légendaire du XIVe siècle, Jean d'Outremeuse. Lui avant tout autre a attribué à l'évêque Richaire, le mérite d'avoir, sur le Marché, édifié, l'an 946, « une belle fontayne, machonée de beal ouvrage (4) ».
Qu'un bassin d'eau potable ait été installé sur le Marché, au Xe siècle, personne ne songera à en nier la possibilité, mais on ne possède aucun témoignage contemporain ou rapproché, affirmatif du fait. On peut seulement affirmer qu'au premier quart du XIIe siècle, l'abbé Hellin fit des travaux spéciaux pour doter, d'un service d'eau ménagère, l'hôpital de la place du Marché (5).
L'auteur anonyme de l'époque qui signale cet incident ne nomme point la fontaine du Marché. Selon Jean d'Outremeuse encore, elle tombait en ruine l'an 1285 et aurait été reconstruite cette année là (6).
Je ne suis nullement éloigné de croire qu'à cette date, la fontaine n'existait point. Son érection aura coïncidé avec l'arrivée, jusque sur la place du Marché, de l'areine de la Cité. Ce fait de notre histoire locale nous est révélé par Hocsem, chroniqueur très sérieux et très réfléchi de la première moitié du XIVe siècle. Le même Hocsem, le premier, cite à ce propos la fontaine centrale du Marché. Elle avait, dit-il, la forme d'une petite tour (7).
Si réellement la construction de la fontaine a été une conséquence de l'installation de l'areine de la Cité, elle aura été produite au plus tôt en l'année 1287, comme je l'ai établi en traitant de cette areine. En tout cas, la fontaine remplissait son office à la fin du XIIIe siècle, puisqu'elle est mentionnée dans un registre de l'hospice des Pauvres en Ile, de cette époque. On y apprend que les Communs pauvres avaient alors à payer 1 marc annuellement pour son entretien (8).
Dès cet âge lointain, on la proclamait un « noble joyau ». Ne renfermait-elle pas le principal et, pendant quelque temps, l'unique bassin d'eau alimentaire de la cité? Au surplus, ce monument n'était-ii pas couronné du Perron? Glorieux emblème toujours cher à nos pères, le Perron avait été posé, par eux, à dessein, au milieu de la place publique. Il octroyait, en quelque sorte, par sa présence une sanction solennelle à tous les grands actes de la vie civile.
Depuis le début du XIVe siècle et avant peut-être, nul ne pouvait être reçu bourgeois s'il n'avait été au préalable soumis à l'annonce publique sur les degrés du Perron. Celui-ci, dans tous les temps, demeura le représentant le plus fidèle des droits et des franchises liégeoises. Aussi, en toutes les circonstances critiques de notre histoire, chaque fois que l'ennemi envahira la cité, menaçant les privilèges et l'autonomie de nos ancêtres, il s'en prendra au Perron. Après la bataille d'Othée, en 1408, où les Liégeois, follement engagés dans cette équipée, avaient été écrasés par le duc de Bourgogne et ses alliés, la première pensée du lieutenant du vainqueur sera d' « abattre le noble Perron qui stat sour la fontaine en Marchiet et deshoneister (9) la dit fontaine », ainsi que s'exprime un contemporain, Jean de Stavelot (10). L'antique symbole de la liberté liégeoise ne sera sauvé que par l'intervention courageuse du seigneur Renard de Houffalize. Au même siècle, il fut enlevé, en 1467, par Charles le Téméraire, lorsqu'ont été supprimées nos libertés séculaires. Le Perron n'y reparaîtra qu'avec elles en 1478.
Sous la période révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle, qui fit aussi perdre à notre principauté ses franchises et son indépendance, le Perron offusqua la vue des chefs républicains. Ils le travestirent. En revanche, quand, en 1830, le moment sera venu de reconquérir pleinement et définitivement nos antiques libertés avec notre autonomie nationale, c'est sur la fontaine, aux pieds du. Perron encore, qu'on verra, le 28 septembre, le courageux Delemme, entouré d'une troupe de braves, planter fièrement le drapeau liégeois, gage victorieux de notre future indépendance (11).
Primitivement, le Perron du Marché était figuré par une croix pattée surmontant une colonne de pierre, élevée elle-même au dessus de trois marches en pierre également. On l'enjoliva ultérieurement, avant le XVe siècle, en posant sous la croix une boule, transformée ensuite en pomme de pin. Puis trois statues de pierre représentant des gens de mauvaise vie, des ribaudes, supportèrent la pomme de pin.
Telle était la conformation du Perron de la fontaine lorsque, l'an 1448, le jour de la Sainte-Lucie, une tempête violente le renversa (12) avec les faisceaux de verges qui y avaient été ajoutés l'an 1433, au dire d'Abry (13) et d'autres après lui. Il fut rétabli, non l'année suivante, comme le croit l'auteur du Recueil héraldique des bourgmestres (14), mais l'an 1457, selon un écrivain beaucoup plus rapproché de l'événement, le moine Jean de Looz. La balustrade, la croix et la pomme de pin, ainsi que les figures de la colonne étaient cette fois dorées et habilement travaillées (15). Le Recueil héraldique des bourgmestres en a conservé un dessin.
Dix ans à peine après l'achèvement de cette belle restauration, le Perron était enlevé par les troupes de Charles le Téméraire, qui le fit transporter a Bruges, pour y être installé place de la Bourse (16). Sur la base de ce monument, au pied duquel la guerre avait été déclarée par les Liégeois, le duc traça deux inscriptions: l'une en latin, l'autre en français, très humiliantes pour nos pères et reproduites dans plusieurs ouvrages (17). Ce transfert du Perron se trouvait compris parmi les conditions de la paix imposée. Le cruel vainqueur avait, de plus, stipulé que les bourgeois ne pourraient jamais rétablir ce vénéré symbole, sur le Marché ou autre part.
L'auteur de cette prohibition comptait sans les événements. Il périt misérablement le 5 janvier 1477, la bataille de Nancy. Sa fille Marie, qui lui succéda, se montrant aussi clémente que son père s'était révélé impitoyable, restitua le Perron aux Liégeois. Ceux-ci députèrent, pour aller le reprendre, les plus notables d'entre eux, et c'est en un cortège pompeux, au milieu d'une multitude remplie d'allégresse, qu'ils revinrent au mois de juin 1478, ramenant avec eux le précieux monument. Il fut réinstallé non moins solennellement, au lieu de son emplacement séculaire, le 18 juillet suivant. Sur une des faces du piédestal, on grava en vers latins une inscription commémorative (18).
La fontaine ainsi rétablie résista un siècle encore à toutes les intempéries. Elle fut reconstruite en 1568 et achevée au bout de deux ans. On l'enrichit alors de colonnes et de bassins de jaspe. Sur divers points se montraient des marmousets, des satyres, des dryades, etc. (19).
C'était, à coup sûr, l'un des plus remarquables ornements de la cité. Aussi frappait-il d'étonnement la plupart des voyageurs. Philippe de Hurges le trouva si intéressant en 1615, qu'il se plut à le décrire minutieusement dans ses récits de touriste. Des points de détail sont évidemment erronés dans sa description. Celle-ci, à l'encontre du dessin qu'il en a laissé, n'en prouve pas moins que la fontaine à ce temps avait, quant à la forme, maints traits de ressemblance avec la nôtre, comme on peut s'en rendre compte d'après le plan de Blaeu et des autres de cette époque (Planche n° XIV). Sous ce rapport, la note du célèbre touriste français du commencement du XVIIe siècle, mérite la publicité:
« La fonteine du Grand Marché me sembla de belle structure - j'entends parler de la grande - estant toute de gré, qui est une sorte de pierre grise la plus dure d'entre toutes. Elle est située tout devant la Maison de Ville et l'église de Saint Lambert, ayant plusieurs marches et degrez par lesquels on vient à son grand vase où tombe toute son eau. Sa forme est octogone, aiant huict piliers extérieurs fort industrieusement ciselez, qui soustiennent un ciel ou chapiteau fait en hemisphere, creusé par le dedans, ayant quinze pieds en diamètre et quatre de profond, tout d'une seule pièce et de gré comme le surplus. Sus ce chapiteau est une pyramide de bronze doré, portant un globe et une croix de mesme estoffe (20), au sommet, comme il y en a de semblables sur chasque pilier; mais sus les globes sont des bannerolles au lieu de croix. Le vase qui reçoit l'eau est de mesme pierre que les autres, profond, large et capable de trois muids et davantage; pour le faire paroistre davantage, il est posé sus un piedestal de quatre marches qui sont de beau prospect, mais incommodes et dangereuses pour le peuple qui aborde la fonteine en hyver quand la glace couvre ces degrez. Au milieu du grand vase s'eslève un gros perron carré, couvert comme d'une tiarre impériale, d'où jaillit l'eau la plus excellente qui soit en Liège, par huict canaux, dont les quatre sortent par chascune des faces du Perron, les autres par la tiarre qui luy est imposée. Il y a des barres de fer tout autour de ceste fonteine, pour empescher le charroy de luy porter dommage. Ses eaux se perdent par dessoubs et, par des chemins incogneux, vont emplir plusieurs canaux bien profonds qui sont tous proches, dont se servent les poissonniers (21)...
Ceste fonteine est vrayement belle et digne pour la rareté de sa structure, mais principallement pour l'excellence de ses eaux, d'estre mieux entretenue qu'elle n'est... Cette eau, tombée au grand vase, retombe dans quatre autres moindres vaisseaux, qui servent pour ceux qui ne veulent monter les degréz qu'il faut franchir avant qu'arrivés au grand vase (22). »
Les habitants du Marché qui découvraient alors un réel avantage à venir puiser à cette fontaine, s'intéressaient naturellement à son bon entretien et recouraient, au besoin, au Conseil de la cité (23). Celui-ci, pour maintenir le monument en état de propreté, défendait notamment aux vendeuses du Marché de laisser séjourner leurs marchandises dans le grand bassin (24), et aux ménagères d'y laver le linge (25).
En 1626, on enleva, dans le but de les remplacer, les dryades et les autres figures chimériques qui décoraient la partie supérieure du petit édifice et qui étaient totalement rongées de vétusté, mais la situation politique et civile de l'époque ne permit de procéder à cette restauration qu'en 1635 (26).
Une quarantaine, d'années plus tard, les bourgmestres songeaient à reconstruire entièrement la fontaine « à l'opposite (27) de l'église Saint-André, plus belle et d'une nouvelle façon. Afin que le public pût juger de l'oeuvre proposée, on exhiba le plan contre le mur du Palais, près de la porte d'entrée principale (28). Ce plan reçut-il un accueil défavorable, ou plutôt les finances de la Cité s'opposaient-elles plus encore à la réalisation du dessein? En tout cas, l'idée de renouveler le monument ne revint au jour qu'à la fin du XVIIe siècle Et encore les circonstances nécessitèrent-elles cette reconstruction.
En effet, le janvier 1693, vers 9 heures du soir, un vent impétueux culbuta de nouveau le Perron du haut de la fontaine. Celle-ci avait résisté tant bien que mal, deux ans auparavant, au bombardement à boulets rouges du maréchal français marquis de Boufflers, dans lequel bombardement avait péri l'Hôtel de Ville. Néanmoins, la fontaine était dans un état de caducité très avancé. Peut-être cependant eût-elle attendu longtemps encore une réédification si n'était survenu l'abattement de l'areine du Val Saint-Lambert, avec les changements qu'il introduisait dans la venue des eaux de la Cité. Celles-ci devaient être augmentées de ce chef de 9 xhancions. Le bassin de la fontaine du Marché devenait dès lors insuffisant. En cette occurrence, le Conseil de la cité déclara, le 7 septembre 1696, ne vouloir accorder son consentement à l'abattement proposé, qu'à la condition que les entrepreneurs produiraient un nouveau et plus grand bassin à leurs frais, et agrandiraient « le Peron ou endroit où le dit bassin doit reposer en apposant les armes du magistrat (29) modernes (30) ». Toutefois, la Cité profita de l'occasion pour renouveler tout le monument et intervint ainsi dans les dépenses générales.
C'est notre grand sculpteur Jean Delcour qui eut à dresser le projet de réédification, lequel fut accepté. Il le réalisa durant l'année 1697. De ce chef, la Ville lui paya, le 15 mai 1698, une somme de 4.560 florins (31).
L'habile artiste exécuta en marbre blanc les trois statues du haut du Perron, qu'on devait désormais appeler les trois grâces, au lieu de les trois garces, et six bustes de même pierre qui surmontaient les colonnes de la fontaine. Ces six bustes qui, en raison de la délicatesse des détails, restaient trop exposés là aux ravages des intempéries, ont été placés en 1717, dans la salle des pas-perdus du nouvel Hôtel de Ville, à ce moment en voie d'édification (32). Comme sur le précédent monument, quatre lions, emblèmes de la force, soutinrent le Perron. Sur la face du piédestal du côté de l'Hôtel de Ville, on grava les armoiries du prince Joseph-Clément de Bavière et des bourgmestres régents, Ant.-Théod. de Hilaire et Melchior de Bounameau.
Des 16 xhancions d'eau, destinés à la généralité des habitants, que recevait alors le bassin distributeur de la fontaine du Perron, 12 s'écoulaient dans ses bacs et 4 autres allaient au bassin d'une seconde fontaine de la place du Marché. C'est seulement lorsque le public, qui devait « être servi préférablement et avant tout particulier », avait reçu son contingent d'eau au basin, que le surplus allait aux fontaines privées (33).
Quant à la fontaine, entièrement rétablie, comme je l'ai dit, en marbre de Saint-Remy, elle subsista de la sorte jusqu'en 1752, année en laquelle le sculpteur N. Hallet fut chargé de la réparer, au prix de 600 florins (34). La Cité la fit encore consolider et repolir, l'an 1779 (35).
Cette même année, le graveur Henri-Joseph Godin entreprit de retracer par la gravure le monument comme étant l'un des plus intéressants de la ville. Le Conseil lui octroya, à titre d'encouragement, un subside de 100 florins de Brabant (36). C'est cette fontaine qui a été représentée en même temps et à l'eau forte aussi, par un autre peintre et graveur à la fois, Joseph Dreppe. Je reproduis ici son oeuvre. Lui également reçut du Conseil une indemnité de 100 florins (37). Notons que ces représentations ont été faites sur le modèle en cire qu'avait laissé Jean Delcour. Voilà pourquoi l'on y retrouve les six bustes couronnant les colonnes, alors qu'ils avaient disparu depuis longtemps (38).
Au XIXe siècle, le monument a été l'objet d'une première restauration, l'an 1825. Beaucoup plus conséquente a été celle de l'an 1848. Les bassins, la galerie supérieure, de même que les colonnes en forme de balustre soutenant cette galerie, qui était je l'ai signalé - en marbre de Saint-Remy, ont été remplacés par d'autres, soit en fonte, soit en pierre de taille. Néanmoins, les plans de l'ancienne construction ont été fidèlement respectés, sauf que le renflement des colonnes n'est plus aussi accentué (39). On a laissé intact le noyau même de la fontaine, le vieux Perron, de Delcour, en pierre de taille qui la surmonte, et les pièces décoratives de son piédestal.
L'amateur chercherait vainement sur ce monument, des armoiries qui y existaient anciennement. Une main coupable les a hachées à la Révolution française, conformément d'ailleurs aux décisions de l'autorité républicaine.
L'oeuvre de rénovation a coûté à la Ville près de 25.000 francs. Dès juillet 1848, la fontaine était rendue au public, quoique les travaux aient été poursuivis en 1849.
De nouveaux travaux de consolidation et de restauration ont dû y être effectués en 1905, à l'occasion de l'Exposition universelle, sans rien modifier à l'ensemble de l'édifice. Celui-ci continue de faire l'admiration des étrangers par sa structure gracieuse, sa légèreté apparente et son originalité hardie.
Depuis le 28 novembre 1865, son bassin est approvisionné par les eaux tirées du sous-sol de Hesbaye. Il en est de même évidemment des fontaines secondaires du Marché.
Pour faire connaître l'historique de celles-ci, je serai plus sobre de détails.
La fontaine qui se trouve maintenant à l'extrémité orientale du Marché, ou plutôt le monument qui l'a précédée était jadis sur le même alignement, mais en face de la rue du Pont. On l'y remarquait déjà au XVIe siècle, avec sa massive construction et ses amples bassins, bien que certains écrivains lui assignent pour date d'établissement l'année 1656. Philippe de Hurges qui la vit en 1615, la jugea, cela va sans dire, « de moindre ouvraige que la précédente, car », dit-il « il n'y a qu'un perron carré (sic) duquel elle (l'eau) saute en un vase de marbre gris, ceste eau plus de 20 pieds (40). »
Cette fontaine servit de base à la statue du bourgmestre Beekman, jusqu'à son enlèvement en 1649. Le monument fut renouvelé l'an 1656, ainsi que l'indiquaient les armoiries sculptées des bourgmestres Laurent de Méan et Paschal de Lambrecht (41). On le réédifia de nouveau tel que nous le voyons. aujourd'hui et sur l'emplacement actuel en l'année 1719. Entreprise par A.-J. Cramillon, la construction en pierre, y compris les quatre coquilles, coûta une somme de 700 florins.
Pour transmettre à la postérité la date de l'érection, avec le souvenir du prince régnant, Joseph-Clément de Bavière, et des bourgmestres régents Nic. -Dieud. de Trappe et Jacques-Matthias de Lambinon, la Cité fit tracer, l'année 1719, les armoiries du prince et des magistrats communaux, avec noms et devise, sur une porte de bronze encore existante. On y lit l'inscription ci-après
FAITTE PAR PIERRE LEVACHE,
qui révèle le nom du fondeur de la porte et du bassin.
C'est le même Pierre Levache qui a fondu les cloches du carillon du Palais royal de Belem, au bord du Tage, près de Lisbonne, en Portugal. Il doit être parent d'un autre fondeur du même temps, Jean-Baptiste Levache. Un Levache, fondeur, se trouvait encore installé à Liège, en 1738 (42), sur le balloir Saint-Léonard, à l'emplacement de la place Maghin.
Peut-être se demandera-t-on comment la plaque de bronze armoriée a pu échapper au creuset durant la Révolution française. C'est par un simple effet du hasard. Cette porte, ainsi que celle qui décorait l'autre fontaine latérale, après avoir été arrachée, une première fois, fut replacée en vertu d'une décision du Conseil de la cité, du 25 mars 1793 (43). A la seconde entrée des troupes républicaines françaises en juillet 1794, ces plaques furent derechef enlevées et remplacées par une clôture en bois. En attendant la vente comme vieux métal, sans doute, les deux oeuvres de bronze avaient été reléguées dans le magasin d'effets communaux. On les avait oubliées, lorsque, le 5 février 1811, le préfet Micoud d'Umons réclama du maire des explications à leur sujet. Le maire répondit qu'il se proposait de les rendre à leur destination primitive. Ce fut, peu après, un fait accompli.
Le peuple connaissait, au XVIIIe siècle, cette fontaine, sous la désignation petite fontaine ou fontaine des savetresses. C'était, en effet, autour de cet édicule que se faisait la vente des vieux souliers.
Une troisième fontaine s'élevait, voilà plus de trois centaines d'années déjà, au côté occidental du Marché. Un manuscrit du XVIIe siècle rapporte ce qui suit à l'année 1626:
« Cette année fut assis sur le bassin des fontaines bourgeoises scituées entre la grande fontaine et le rieu, où l'on monte plusieurs dégréez, la remembrance (44) de Saint Lambert, qui depuis fut otée et assis en son lieu le Peron à raison que toutes les buses des fontaines bourgeoises tiroient toute l'eau du bassin de la grande fontaine et elles furent menées il comme il peut se voir (45). »
On avait donc transféré le bassin de l'areine de la Cité, vers l'endroit où est maintenant la voie pavée qui sectionne le Marché. Ce bassin exigeait de sérieux développements, l'an 1719, les bourgmestres de Trappe et de Lambinon étant parvenus par de laborieux efforts et une vigilance attentive à récupérer de fortes venues d'eau.
La fontaine fut renouvelée en de plus grandes proportions, dans des formes identiques à celles du monument de l'autre extrémité de la place, avec même plaque en bronze et mêmes armoiries. On y inscrivit, en outre, les deux distiques et le chronogramme suivants:
Sollicite quaesita fluo cujusvis ad usum
Nec latices renuo, Gens Leodina tibi
Pando sinum ; Maheyna Fons tellure scatentes
Principe sub Bavaro multiplicabit aquas.
SENATV TRAPÉ ET LAMBIN0N LE0DIENSIBVS CONSVRGIT (46).
La confection du bassin et de la porte en bronze, confiée aussi à Pierre Levache, coûta une somme de 3.433 florins. Quant à la maçonnerie, la dépense se chiffra à 1.200 florins.
Peu avant le milieu du XIXe siècle, lorsqu'on aménagea la voie charretière qui relie les rues de la Violette et Sainte-Ursule à travers le Marché, il fut nécessaire de démolir la fontaine. En 1846, la Ville se décida à opérer cette démolition et à ériger un autre château d'eau en « fer de fonte », là où il existe encore, au milieu du carré, entre la rue, de Bex et la rue Royale. C'était, paraît-il, la première fois que l'on employait le « fer de fonte » à ce genre de monument (47). Au nouveau château d'eau, fut adaptée la vieille porte armoriée de 1719, de la fontaine qu'il remplaçait (48). Cette porte pourrait prêter à confusion quant à la date d'origine du monument, lequel fut coulé en 1847, dans les ateliers de M. Joins, sur les dessins de l'architecte de la Ville, Rémont. Ce monument n'a jamais été apprécié favorablement, surtout à cause de la matière dont il est formé. Dans le principe, le peuple, toujours narquois, ne le connaissait guère que sous la désignation li carolifère.
2. - Fontaine Saint-Lambert.
Voir chapitre ainsi intitulé, à la deuxième partie.
3. - Fontaine Saint-Jean-Baptiste - Pisserotte-Fontaine, etc.
La fontaine dont nous avons à parler ici était alimentée par l'areine Richonfontaine et a dépendu, depuis sa naissance jusqu'à nos jours, de la Cité proprement dite. Cette naissance doit être reportée au XIVe siècle au moins. Le monument était désigné alors Pixherotte (49) ou Pisseroule fontaine, ce qu'on traduirait de nos jours pissotière. Cette appellation lui fut conservée au siècle suivant (50); mais, dès ce temps, l'expression fontaine à deux Pixherottes (à deux jets) dominait (51), et ce nom persista jusque fort avant dans le XVIe siècle (52).
Vers le dernier quart de ce XVIe siècle, la fontaine à deux jets fut remplacée par une autre à trois bouches (53). Celle-là disparut à son tour en 1612, un nouveau bassin ayant dû y être placé. Erigée sous la bourgmaîtrise de Mathieu de Trouillet et de Jean Woot de Trixhe (54), à peu près au même emplacement, la fontaine fut renversée à son tour, l'an 1634, Puis, suivant un chroniqueur du XVIIe siècle, « réédifiée plus arrière des maisons sur la rue, plus belle qu'elle n'estoit auparavant, et fort commode pour les bourgeois, avec quatre beaux bassins de pierre, rendant ses eaux en abondance par des bouches de cuivre (55) ». Les armes des bourgmestres de l'époque, Jean de Mean et Jean de Liverloo, avaient été gravées sur l'ouvrage utilitaire (56), mais, à la fin du XVIIIe siècle, elles furent hachées comme tant d'autres.
Jusqu'en 1667, la fontaine n'avait à son sommet qu'une espèce de rocher. C'est alors qu'on plaça sur ce rocher l'ample statue en bronze de saint Jean-Baptiste, une des premières oeuvres de Jean Delcour, à son retour de la Ville éternelle. L'ouvrage porte les traces visibles du séjour de l'artiste en Italie, mais il reproduit fidèlement les formes anatomiques. Le saint est assis sur le rocher. De la main gauche il tient la croix, dans l'autre, une coquille pour verser les eaux baptismales. Sur un des pans du socle un bas relief, en bronze également, représente le baptême du Christ par saint Jean. L'ensemble du monument mesure environ 5 mètres 50 de hauteur. Le choix fait de saint Jean-Baptiste pour être représenté sur cette fontaine, s'explique uniquement par ce fait que celle-ci avait son siège en la paroisse répondant à ce vocable.
A l'occasion de l'embellissement de la fontaine, on avait cette fois encore gravé les armes des bourgmestres régents, Henri de Curtius et Pierre de Simonis.
L'an 1719, la Cité fit dorer la statue (57), suivant la coutume du temps, et poser autour du monument une grille en fer, qui fut payée 1.328 florins à G. Lincez. Cette grille a été enlevée l'an 1751 (58). Seize ans plus tard, la Société Richonfontaine, au moyen d'une taxe de 10 florins Brabant par xhancionnaire, fit un nouveau bassin en bronze.
C'est peu d'années après qu'a été gravée par Henri Godin, la représentation de la fontaine insérée ci-contre. On y reconnaît les armes des bourgmestres de Curtius et de Simonis, armes qui ont été aussi détruites à la Révolution française.
Peu s'en fallut que la statue elle-même ne pérît alors. Une, lettre des commissaires Saunier, Richebourg, Philips et Martiny, agents principaux de la Commission exécutive des armes, demandait à la municipalité « s'il ne seroit pas possible de déplacer et emmagaziner le nommé Jean (sic), placé au dessus de la fontaine qui porte son nom, avec son mouton ». La municipalité, indignée, fit remarquer que « ces morceaux de l'art ne concernaient nullement l'agence des armes, poudres, etc., mais celle des arts et monuments, qui, ayant examiné tout ce qu'elle voulait envoyer dans l'intérieur de la République (lire à Paris et dans le centre de la France), cette dernière n'a pas trouvé à propos de déplacer ces morceaux ». D'ailleurs, ajoutaient les administrateurs de la ville, « l'inspecteur des travaux publics, présent à la séance, annonce que la Commission des Arts a déclaré qu'elle voulait laisser ces morceaux à Liège (59). » Ultérieurement, le 8 vendémiaire an VI (60) un arrêté municipal mit « sous la sauvegarde publique », la statue de saint Jean-Baptiste.
En 1838, celle-ci et le monument furent complètement restaurés par M. Flesch, aîné. Ils ont de nouveau été remis à neuf en 1905.
4. - Fontaine Saint-Servais.
Voir chapitre areine de la Cité, p. 133.
5. - Fontaine Saint-Séverin.
Celle-ci également tenait son nom de la paroisse dans laquelle elle était située. Elle avait son siège au terminus de ce qu'on appelle maintenant rue Léon Mignon, à l'entrée de la place Saint-Séverin, à gauche. Réparée par voie de souscription, l'an 1651 (61), elle aussi figurait parmi les plus anciennes de Liège, mais n'avait aucun cachet artistique. On la connaissait d'une façon commune sous son nom séculaire, il y a cinq centaines d'années (62). Elle a dû être précédée au XIIIe siècle, par un simple puits public, à quelque distance de l'emplacement indiqué (63). La fontaine a été supprimée comme telle en 1736 (64); une pompe lui fut substituée. Elle a été déplacée vers 1835, supprimée en 1886, puis remplacée à un autre endroit par une borne-fontaine.
6. - Fontaine, à Sainte-Marguerite.
Le quartier Sainte-Marguerite eut aussi sa fontaine au moyen âge, mais celle-ci devait avoir son siège du côté d'Ans (65), où, de tout temps, l'on a vu l'eau de source abonder. Le faubourg Sainte-Marguerite a eu, en outre, des pompes publiques, notamment celle qui apparaissait en pierre avec le millésime 1748, à l'intersection de la montagne de Glain et de la Basse-Chaussée et qui a disparu depuis quarante ans; il avait également des puits publics. Pour l'un de ces puits, le sculpteur Jean Delcour avait gravé en 1680, les armoiries des bourgmestres régents, sur une pierre placée à la surface. Deux lampes brûlaient la nuit, aux deux côtés, à cette époque reculée.
7. - Fontaine de la Haille.
Voir areine de la Haille.
8. - Fontaine, à Saint-Laurent.
Le vivier de Saint-Laurent, formé jadis immédiatement en amont de ce qui est maintenant la caserne Saint-Laurent, était déjà connu, il y a cinq siècles (66). Or, l'étang avait pour l'entretenir, dès ce temps, une fontaine, composée d'un simple tuyau sortant du mur de l'abbaye Saint-Laurent. Elle tirait sa nourriture de la galerie dite delle Perier Saint-Laurent, comme nous l'avons vu sous cet intitulé.
Cette fontaine, qu'il ne faut pas confondre avec celle qui est maintenant adossée au mur de la caserne, à un autre emplacement, a été supprimée il y a quelque quarante ans, avec l'étang.
La fontaine actuelle, raccordée aux eaux alimentaires, avait été posée d'abord en 1853, contre l'hospice Sainte-Agathe. Elle fut placée peu après en face, contre la propriété Berleur. C'est de là qu'elle a été transférée, en janvier 1890, à sa situation présente.
9. - Fontaine du Cresson.
Elle aussi avait son siège au faubourg Saint-Laurent, en face à peu près de la rue du Calvaire. C'est de même la galerie delle Perier Saint-Laurent qui l'alimentait. La fontaine n'avait rien de remarquable. Elle a disparu il y a quelque huit lustres, faute d'être nourrie par la galerie.
10. - Fontaines du Palais.
Les deux cours principales de l'ancien Palais princier étant accessibles à tout le monde, à notre époque, il convient que je signale ici les fontaines qui s'y trouvaient et ce qu'il en reste. La deuxième cour ne s'ouvrait pas jadis au public. Réservée spécialement au Prince, elle avait été l'objet d'une grande abondance d'enjolivements et de décorations. Au côté Ouest de ce préau, sous les appartements du Prince, se dressait un superbe rocher d'où sortaient des flots d'eau argentés et des gerbes de fleurs odoriférantes. Au milieu de la cour toute couverte de verdure, une magnifique fontaine, ornée de statues et d'une balustrade en pierre sculptée, et au centre de laquelle l'aigle impériale étendait superbement ses ailes, remplaçait l'étang déjà connu il y a six centaines d'années. Elle contribuait à faire de ce lieu un séjour enchanteur. Du bec de l'aigle et des mamelles de sirènes, jaillissaient de vigoureux jets d'eau. Le bassin profond à degrés qui occupe le même emplacement est un reste de la riche fontaine, qu'alimenta depuis 1546 l'areine de la Cité (67) et qu'admirèrent les voyageurs des XVIe et XVIIe siècles.
Philippe de Hurges qui vit ces magnifiques ornements hydrauliques, nous en a laissé une description, un peu trop imagée sans doute, mais assez fidèle en somme.
« Au milieu de la cour est une fonteine très belle et très ample, toute ronde, enclose de piliers de jaspe soustenants des lions de bronze doré et en laquelle on descend par des degrés de marbre rangez en rond tout à l'entour, ainsi que l'on void ès amphithéâtres, et pour profonde qu'elle soit, comme elle n'a pas moins de 18 pieds en profondeur, on void le fond tout pavé de marbre, d'alebastre et de jaspe de diverses couleurs, tant l'eau en est claire et pure. Au milieu de ce fond s'eslève un perron de marbre gris, cizelé de merveilleux artifice pour la diversité des poissons y exprimez, ayant trente et deux pieds en hauteur, estant tout d'une pièce, gros comme un tonneau par le milieu et quelque peu plus mince aux deux extrémitéz. Sus ce perron est un vase de gré, tout rond comme un platteau ou une escuelle, et allant toujours diminuant en rond comme un globe, ou, pour mieux dire, comme un demy globe, depuis ses bords jusques au fond qui repose sus le perron.
Je ne veis jamais une plus grande pièce de gré, ny ainsi taillée, car ceste sorte de pierre est très dure, et d'ailleurs résiste au marteau, qui la fait plus souvent esclatter mal à propos, quand on la pense mettre en oeuvre, que la polir selon l'intention de l'ouvrier. Pourquoy ceste pièce doibt estre estimée plus rare et de tant plus admirable, vu qu'elle est arrondie par le dehors comme un demy globe accomply, et par le dedans creuse comme un platteau, ayant les bords espois de six palmes et seize pieds royaux en diamètre.
Au milieu de ce beau vase s'eslève un autre perron de marbre gris, tout pourfilé de veines perses et rougeastres, mignonnement élabouré en forme de branchages, fleurs et fruicts de diverses sortes avec plusieurs oiselets paroissant entre deux. Sus ce deuxième perron qui n'est haut que de cinq pieds et moindre de juste moitié en grosseur que le premier, est un aigle de bronze doré, tel que sont les aigles et non à deux testes, entr'ouvrant les aesles, comme s'il voulust prendre son vol par dessus le Palais. Cet animal vomist continuellement l'eau qui emplit toute ceste fonteine, qui tombe de son bec dedans le vase de gré que j'ay descrit cy-dessus, et à ce compte on peut comprendre que ceste eau monte près de quarante pieds en droite ligne, sçavoir depuis le fond de la fonteine jusques à l'aigle...
Il y a une autre fonteine en ceste mesme cour, façonnée en forme de rochers, sus lesquels paroissent les statues de plusieurs dieux et déesses que se feignoit l'antiquité idolâtre, des nymphes, driades, hamadricules, Pan, des faunes, des satyres, des luitons, des fées, des syrènes et semblables, les uns de bronze, les autres de divers marbres précieux, avec les formes de plusieurs poissons... Les forests et roches sont de pierre blanche, fort bien peintes en huiles; et l'eau en jaillit de tous costez par des canaux de bronze qui sont cachez; elle contient 18 pieds en hauteur et 30 en large; la grotte qui est dedens estant capable de six personnes; et tant dehors aux environs comme dedans icelle, sont d'autres canaux sousterrains, desquels l'eau saute contre mont, au mouvement de certains ressorts cogneuz à celui qui tient la charge des fontaines... On void ceste seconde fonteine sous la gallerie qui tire du Midy au Septentrion et ce au bout du costé du Midy, qui fait qu'elle est continuellement en ombrage et pleine de frescheur... Quand je la veis, elle estoit fort endommagée et rompue en beaucoup d'endroits (68). »
Ce rocher et ses ornements ont disparu depuis longtemps, mais, je l'ai dit, le bassin central subsiste. C'est en août 1869 que les eaux dites alimentaires ont commencé à fonctionner dans ce bassin (69).
Celui que l'on voyait dans la première cour et qui a été supprimé il y a trois ans, les avait reçues en septembre 1869 également. Il venait d'être creusé à l'occasion d'un banquet, qui fut donné le 21 septembre suivant, en cette cour durant les fêtes de tir internationales célébrées à Liège.
Dans la première cour encore existait, depuis des siècles, adossée à l'antépénultième colonne de l'aile nord, près la porte de Pierreuse, une petite fontaine en pierre, sans caractère aucun, qui a été enlevée voilà une trentaine d'années. Elle était alimentée par l'areine de la Cité.
C'est par les fontaines Roland, au contraire, que recevait sa nourriture la fontaine en pierre que les Etats avaient fait poser en 1754, contre la façade de leur Hôtel, vers ce que nous nommons place Saint-Lambert. Oeuvre du sculpteur Julien Halet, ornée de pilastres encadrant une vaste niche à coquilles d'où sortait un dauphin lançant de l'eau dans un large bassin, elle a vécu jusqu'au milieu du XIXe siècle. Sa démolition a coïncidé avec l'ouverture de la place Notger. Alors aussi a été supprimée une dernière fontaine, sculptée par le même artiste et qui avait été placée dans la cour de l'Hôtel des Etats (70).
11. - Fontaine du Perron - de la Vierge, en Vinâve d'Ile.
La fontaine du Perron, dite de Vinâve d'Ile, avait son siège primitivement juste en face de la rue du Pont d'Avroy. Certains vieux chroniqueurs racontent qu'en la première moitié du XVIe siècle, se dressait à la Goffe un perron en pierre, de quarante pieds de hauteur, avec les lions reposant sur le sol même. Ils ajoutent que lorsque, l'an 1548, on établit le quai de la Goffe, le monument aurait été démoli et transféré en Vinâve d'Ile.
Ce dire doit être le produit d'une confusion. Celle-ci vient, à n'en pas douter, de ce fait qu'à la Goffe même, un perron servait d'enseigne, voilà quatre et cinq cents ans, à une taverne de l'endroit (71).
La fontaine du Perron de Vinâve d'Ile n'a été installée qu'en 1584 au plus tôt, puisque cette année-là seulement on voit l'autorité communale prendre des « mesures pour les buyses (buses) d'unne fontaine qui soy poroit miner au Vinabie d'Isle (73), au moyen d'une conduite en plomb à adapter, à Saint-Séverin, sur l'areine de la Cité, et qui, d'après les devis inédits, devait coûter 5.760 florins liégeois.
Dès le principe, toutefois, on la connut sous le nom fontaine du Perron. Ainsi l'appelait, au début du XVIIe siècle, Henri Vanden Berch, dans son Abrégé de l'Etat tant sacré que civil de la très fameuse cité de Liège. En 1659, le Perron menaçant de tomber, force fut de le démolir (74).
Qu'advint-il ensuite de la fontaine même? Il semble résulter d'indications de l'époque qu'elle était tarie et qu'elle resta longtemps en cet état. C'est évidemment par erreur que le plan du bourgmestre de Grati la représentait en 1676, comme alimentée par l'areine bâtarde de Gersonfontaine, laquelle n'avait point à lui fournir ses eaux.
On ne songea à renouveler le monument qu'à la fin du XVIIe siècle, après que Jean Roland et ses associés eussent fait arriver en ville, au quartier de l'Ile notamment, l'eau de marne du sous-sol de Hesbaye. Plusieurs xhancions de cette eau avaient été, à cet effet, exigés des entrepreneurs par la Cité. C'est à ce moment, en 1695, que la Ville recourut aux talents de Jean Delcour, afin de lui faire confectionner pour la fontaine, la belle statue de la Vierge en bronze qui a été conservée jusqu'à nos jours.
Suivant un manuscrit vieux de deux siècles, dû à la plume d'Abry, le métal qui a servi à couler cette statue comprendrait les parties en cuivre doré du Perron s'élevant jadis place du Marché, de celui-là même qui avait été emporté par Charles le Téméraire en 1467 et ramené en 1478. A ces pièces on aurait joint « les cuivres du balcon de la Maison de Ville fondue au feu du bombardement de l'an 1691 (75). Mais n'y a-t-il pas ici encore confusion avec l'ancien Perron de Vinâve d'Ile, lequel cependant devait être de pierre ou plutôt, par Perron, ne faut-il pas entendre en l'occurrence, la rampe de l'escalier extérieur de l'hôtel de ville avec le « balcon », qui était qualifié aussi de perron et qui était devenu sans affectation ?
Quoi qu'il en soit, sur le devant du piédestal de la fontaine, on lisait le chronogramme suivant:
MAGISTRATVS LEODIENSIS POSVIT
EXTRVIQVE CVRAVIT
(Placé et construit par le magistrat de Liège, 1696).
Un autre chronogramme était gravé sur le flanc droit:
A L'HONNEVR DE LA REINE DV CIEL, LEVR
PRINCE, LEVR PATRIE, ET POVR L'VSAGE
PVBLICQVE (1695)
Enfin, la face postérieure portait les vers latins ci-après, qui rappellent notamment que la fontaine tirait ses eaux du terrain crétacé de Hesbaye, eaux amenées par la Société des fontaines Roland:
Marlea me genuit, scissis ab origine membris,
Providus huc duci voluit, ductum que parari et
Aurato fecit vestiri Consul amictu
Non ingratus ego, generoso Consulis actu
Motus, pando sinum et salubrem vomo profluus undam
Reginae coeli devotum, perpetuumque
Principe sub Bavaro, Leodini Civis ad usum (76).
(La marne me donne naissance; mes membres étaient d'abord dispersés. Une magistrature prévoyante a voulu me conduire ici, préparer la voie et me recouvrir d'un vêtement doré. Dédiée à la Reine du Ciel, je ne suis point ingrate. Entraînée par l'action généreuse du Magistrat, sous un prince de Bavière, j'ouvre mon sein et répand une eau salubre à l'usage perpétuel des bourgeois de Liège.)
On voit, par ces vers, que la mode de couvrir de dorure les statues des places publiques n'était point passée. Se conformant encore à cette manie, les chefs de la cité s'en remirent l'an 1721, au sieur Termonia, du soin de redorer la madone avec les quatre lions (77).
Lorsque, quelque vingt ans plus tard, Saumery écrivait les Délices du pays de Liège, il pouvait faire cette description du monument: « On voit à l'entrée de la place qui aboutit à une belle et large rue, parfaitement bien bâtie, une superbe fontaine dont le massif peut être nommé une grosse colonne sur laquelle est posée une Vierge debout et de hauteur naturelle, de bronze doré, qui porte l'Enfant Jésus sur un bras. L'eau qui coule des quatre faces, tombe dans un bassin de figure carrée qui règne à l'entour, dont chacun des quatre angles sont ornés d'un lion de bronze doré. Tout le reste de cet ouvrage est de beau marbre. Une grille de fer proprement travaillée où il est renfermé en défend non seulement les approches, mais elle contribue encore à son ornement (78). »
La grille, qui était de forme carrée comme le monument, avait aussi été forgée et placée l'an 1721, par le nommé J. Tilman. Quant à la pierre qui entrait dans la composition du monument, c'était du marbre de Limbourg, à couleur mélangée de rouge et de blanc (79). Pour la facilité du public, le Conseil de la cité fit poser en 1788, par le marbrier J. Dumont, à l'extérieur de la grille, une cuve carrée en pierre, qui fut payée 1.000 florins (80).
Des gravures de cette époque représentent la fontaine de Vinâve d'Ile, entourée d'arbres. L'estampe en a été dessinée en 1780, par le peintre Dreppe. Henri Godin la grava, telle qu'on la trouve ci-jointe.
Sous la Révolution française, qui triompha quelques années après, le groupe religieux était évidemment très menacé. Dans sa séance du 22 octobre 1794, la Municipalité prenait connaissance d'une lettre de la Commission exécutive des armes, réclamant de la Ville « de faire enlever la statue de femme (sic) et les quatre lions qui sont à la fontaine en Vinâve d'Ile ». Si ces « ignares commissaires des guerres», ainsi que s'exprime Adolphe Borgnet, dans son Histoire de la Révolution liégeoise, proposaient d' « emmagasiner» ces oeuvres d'art; c'était évidemment pour en convertir le bronze en canons (81). La municipalité, mieux inspirée, fit observer que « tous ces morceaux de l'art ne concernent nullement l'Agence des armes, poudres, etc. » Ce ne fut qu'à la date du 8 vendémiaire an VI (82) qu'un arrêté de l'Administration municipale mit sous la sauvegarde publique la statue de « la femme Marie », suivant les termes de l'arrêté (83).
Le magnifique groupe était sauvé, mais, pendant longtemps, loin d'entretenir le monument, l'autorité le laissa se dégrader affreusement. En 1834, à propos de cette fontaine, on pouvait constater que la haute grille qui en masquait autrefois la beauté en cachait alors le délabrement.
L'année suivante, le Conseil communal s'occupa cependant de la restauration de l'ouvrage. Le 18 juillet, la reconstruction était décidée. Le 18 septembre, l'édilité déclarait que la fontaine serait posée « sur l'alignement de la rue de la Cathédrale, du côté de la rue Vinâve d'Ile ». Pour la réédification même du monument, une Commission spéciale fut nommée l'an 1838. Composée d'artistes et de professeurs de l'Académie des Beaux-Arts, elle fit d'abord choix de la pierre des carrières de Crix, près de Tonnerre, en France.
On se hâta lentement. En 1851, rien n'était encore effectué. Au contraire, revenant sur son vote de 1834, et sur la première décision de la Commission, le Conseil communal ordonna le 25 avril 1851, la reconstruction du monument au moyen du granit bleu, en exhaussant le socle de 1 mètre environ, au milieu de la place de la Cathédrale, après avoir pavé cette place et abattu ses arbres. Le 13 juin, la question de l'emplacement revenait de nouveau sur le tapis. On ne voulait point réédifier la fontaine à l'endroit où elle se trouvait, parce qu'elle formait une cause permanente d'embarras pour la circulation depuis l'ouverture complète de la rue de la Cathédrale, mais l'hésitation était grande. Quoiqu'il y eût urgence de rétablir la fontaine qui tombait réellement en ruines, la décision définitive fut de nouveau ajournée. Pourtant, un premier crédit de 12.000 francs figurait au budget pour les dépenses des travaux. Le 7 novembre 1851, le Conseil se prononçait pour la seconde fois en faveur de la place de la Cathédrale comme emplacement.
Il y eut derechef un revirement. C'est seulement le 23 juin 1854, que fut prise la résolution finale. Le Conseil voulut que le petit monument fût reporté « au milieu de la rue Vinâve d'Ile, de manière », dit la décision, « que son trottoir se trouve à deux mètres d'une ligne droite tracée entre les deux angles de la rue Vinâve d'Ile vers la place ». Il exigea aussi que la figure de la Vierge fût tournée vers la Cathédrale, et donna une forme circulaire au soubassement, afin de dissimuler autant que possible le défaut de parallélisme de toutes les lignes formées par les maisons et édifices de la localité. Les travaux ont été exécutés peu après sous la direction de l'architecte de la Ville, Rémont.
La grille a été supprimée et des cuves en petit granit ont été substituées aux bassins de jadis. On a conservé et placé en face encore de la Cathédrale, la porte en bronze où est représentée la Religion, couronnée par un ange et embrassant le Perron du bras gauche.
12. - Fontaine de l'hôpital Saint-Jean-Baptiste, rue Féronstrée.
J'ai signalé cette fontaine dans le corps même de l'article relatif à Richonfontaine. On sait qu'un bassin distributeur a été établi en l'hôpital Saint-Jean-Baptiste, dont les locaux ont servi de siège, au XIXe siècle, pendant plus de soixante ans, à l'Académie des Beaux-Arts.
13. - Fontaine Saint-Georges, rue Féronstrée.
Avant que la distribution d'eau de l'areine Richonfontaine ne se fit par une société spéciale, une fontaine avait été installée, dans la paroisse Saint-Georges, contre l'église de ce nom, rue Féronstrée, à l'angle de cette rue et de la rue Saint-Georges. Cette fontaine, qui n'offrait aucun cachet artistique, avait été érigée sous les bourgmestres Georges Goswin et Herman de Trappé. L'auteur du Recueil héraldique, qui s'arrête à l'an 1720, dit que, de son temps, cette fontaine était déjà tarie (84).
14. - Fontaine de la rue Sur les Foulons.
J'ai raconté, au chapitre areine Richonfontaine, l'origine de cette fontaine, de l'assentiment des divers participants des eaux de cette areine, en 1612. C'est parce qu'elle remontait à cette date que les armes des bourgmestres Mathieu de Trouillet et Jean Woot de Trixhe s'y trouvaient gravées (85). Insignifiante comme monument, elle a cessé d'exister depuis longtemps.
15. - Fontaine de la rue de la Poule.
Cette fontaine, alimentée par la même areine Richonfontaine, a subsisté jusqu'à nos jours, nonobstant son origine plusieurs fois séculaire également, au centre de la rue de la Poule. Dans les derniers temps, c'est par intermittences qu'elle a fourni son faible filet d'eau.
16. - Fontaine de la Madeleine.
Un château-d'eau qui se trouvait adossé à l'église de la Madeleine, au quartier de ce nom, est déjà mentionné dans la carte des mahais de l'areine de la Cité, reproduite par le légiste de Louvrex, au premier quart du XVIIIe siècle. Cet ouvrage hydraulique, lors de la démolition des locaux de l'église, en 1860, fut transporté au milieu de la place qui venait d'être créée à cet emplacement. Place et fontaine ont disparu quand a été percée la rue Léopold.
17. - Fontaines Roland.
Les fontaines se sont multipliées au quartier de l'Ouest et au quartier de l'Ile, dans les premiers temps qui suivirent l'institution de la Société des fontaines Roland. Nous allons rencontrer quelques-unes des fontaines qu'alimentait cette galerie, mais la première qu'elle ait nourrie est celle de Vinâve d'Ile, signalée plus haut. Plusieurs eurent leur siège rue Sainte-Marguerite.
18. - Fontaine de la Sirène, à Sainte-Marguerite.
Ce petit monument d'utilité épanchait son eau à l'entrée de l'impasse qui avait reçu le nom de la Sirène et qui avait son emplacement au pied de la rue Publémont. C'est pour l'installation de cette fontaine que la Cité alloua pendant l'exercice 1711-1712, un crédit de 160 florins. La fontaine a été supprimée depuis quelque trente ans.
19. - Fontaine, près l'église Sainte-Marguerite.
Contre le logement, aujourd'hui démoli, du sacristain, logement qui était lui-même adossé à l'ancienne église Sainte-Marguerite, on remarquait une haute dalle de pierre d'où s'échappait un filet d'eau. Cette banale fontaine datait de l'an 1718, comme en témoignait une inscription aux armes des bourgmestres M.-N. de Lohier et Louis-Lambert de Liverloo (86). Blasons et inscriptions avaient été détruits à la fin du XVIIIe siècle. Seule la date 1718 avait été respectée. Quant à la fontaine, elle a survécu jusqu'à la destruction de la vieille église Sainte-Marguerite, en 1866.
20. - Fontaine de la Samaritaine, rue Sainte-Marguerite.
Plus intéressante, au point de vue artistique, est la fontaine dite de la Samaritaine. Le millésime 1721, qui y est tracé, précise l'époque de l'érection du monument. Cette érection se fit sous les bourgmestres Jérôme de Favereau et Jacq.-Franc. de Tombeur, comme l'indiquaient des inscriptions.
L'ensemble des sculptures eut pour auteur le sculpteur Julien Hallet (87). Reposant sur un rocher, au pied duquel croît une vigoureuse plante aquatique, la Samaritaine, représentant ici la Cité de Liège, embrasse le Perron de la main gauche, tandis que de la droite, elle tient une urne d'où coule une eau bienfaisante. Si l'allégorie a échappé à l'oeuvre vengeresse des agents républicains, sous la Révolution française, le Perron, les armoiries des bourgmestres régents, qui l'accostaient, et l'inscription même ont été impitoyablement hachés.
Quand fut achevé ce monument, on le plaça contre l'immeuble qui portait alors pour enseigne une Pomme d'Or. Le propriétaire, le capitaine Brabant, ne reçut aucune indemnité pécuniaire pour l'usage qui était ainsi fait du mur de sa maison. Toutefois, par décision du 20 avril 1725, le Conseil de la cité l'autorisa à insérer à la buse de la fontaine, un robinet propre à desservir séparément ce particulier. Les voisins s'étant plaints de manque d'eau, le Conseil eut à s'occuper plusieurs fois de cette concession, dans le cours du siècle, et à la changer. Finalement, le 27 août 1777, il déclara la « révoquer par défaut d'eau » (88). La maison appartenait à ce moment à Leonard Deneumostier.
Au XIXe siècle et jusqu'au début de l'an 1909, la fontaine était adossée au mur de la propriété Caverenne. Ce mur devant être démoli pour être remplacé par de nouvelles bâtisses, la fontaine a été reportée à quelques mètres en amont, entre les nos 216-218. La Ville en a profité pour faire réparer le petit édicule.
21. - Fontaine de la place aux Chevaux ou du Théâtre.
Etablie en 1718, sur la place dite maintenant du Théâtre, presqu'en face de la rue Saint-Mathieu, cette fontaine était de forme peu gracieuse. A ce point de vue, sa disparition, décrétée et effectuée en 1848, n'a guère suscité de regrets.
22. - Fontaine du Pont d'Ile.
L'installation de cette fontaine fut accomplie aussi en 1718, sous l'administration des bourgmestres Arn.-Nic. de Chokier et Guill. de Blochouse, bien que décidée longtemps auparavant comme la précédente (89). Le petit monument avait son siège tout à côté de la brasserie des Dominicains (maintenant Dejardin), dans la partie en retrait, occupée présentement par le corridor de la maison n° 42. Les quelques pieds de terrain situés en avant de cette fontaine et en dehors de l'alignement étaient donnés en jouissance à un petit boutiquier ou à un modeste artisan. Le 8 mai 1750, par exemple, le Conseil de la cité reçut une supplique d'un savetier, J.-B. Lecomte, lequel faisait ressortir qu'il était « placé depuis l'an 1741, au pied du Pont d'Ile, proche la brasserie des Pères Dominicains, pour réparer les souliers ». Il demandait et obtint la permission « jusqu'à révocation, de se placer audit endroit à charge de veiller qu'on ne jette des ordures ou saletés dans ou alentour des fontaines et de les nettoyer au besoin (90). » Deux ans plus tard, en 1752, puis en 1754, octroi semblable était accordé d'établir « une petite boutique contre la porte du bassin des fontaines du pont d'Ile pour y vendre du tabac (91) ».
L'humble monument rencontra plusieurs déceptions dans sa longue existence. Lorsqu'il fut conçu, on se félicitait qu' « il ne serait pas seulement agréable aux yeux des passants, mais aussi très utile à toutes les personnes de ce quartier (92) ». Bientôt on le trouva gênant pour la circulation. C'est pour satisfaire à des réclamations réitérées que, le 20 août 1770, le Conseil de la cité le fit déplacer quelque peu. Dans la suite des ans, tandis que des gens de l'endroit sollicitaient son maintien, d'autres plaidaient en faveur de sa suppression. Au XIXe siècle, M. Lion, échevin, entra dans la mêlée. Le 20 février 1869, il fit valoir que Liège étant dotée d'eaux alimentaires avait intérêt à voir disparaître les fontaines publiques; il exposa que « la rue du Pont-d'Ile se présentait parfaitement pour commencer l'expérience ». Le Conseil communal partagea sa manière de penser. Le 29 avril 1870, la fontaine était enlevée; on la transporta ensuite dans la seconde cour du Palais, où elle a fait partie depuis lors des collections du Musée archéologique liégeois. Le vieux monument, formé de pierres sculptées, représentait le Perron de Liège.
23. - Fontaine de la rue des Fossés à Saint-Laurent ou du boulevard Saint-Martin.
En examinant la fontaine du haut de la rue des Fossés, en lisant surtout ce chronogramme qui court sur le rebord du bac:
CONCEDVNT FLVENTEM (93)
on pourrait croire que l'établissement premier remonte à l'année 1760. Il n'en est rien. La fontaine avait été installée l'an 1711, sous les bourgmestres JeanBapt., comte d'Oultremont et Guill. de Sluse, mais à quelque distance de là, plus haut encore. A cause de sa situation trop élevée, l'eau faisait souvent défaut par manque de pression et ne tarda pas à disparaître entièrement.
Les habitants du faubourg Saint-Laurent firent alors entendre leurs doléances au Conseil de la cité, qui finit, le 19 août 1757, par décider le transfert de la fontaine à une altitude plus basse (94). Il ordonna en même temps le renouvellement de la pierre armoriée de l'an 1711, qui avait été brisée accidentellement. C'est seulement le 30 novembre 1759, que le Conseil accepta l'offre de Grégoire Hallet de sculpter les Perron, chronogramme et attributs au prix de 40 florins de Brabant (95). La restauration du monument s'est donc effectuée dans les premiers mois de l'an 1760, non sous les bourgmestres J.-G.-E.-F. baron van der Heyden a Blisia et Jacques de Heusy, comme on l'a écrit, mais sous la magistrature de Nic.- Math. de Graillet et Edm.- Dieud. baron de Hubens. Aujourd'hui le Perron, les armoiries et les diverses inscriptions ont disparu. Seul le chronogramme subsiste. Quant à la fontaine, elle n'a point cessé d'être alimentée par les eaux de la Société des fontaines Roland. Dans le XVIIIe siècle, on la désignait fontaine du boulevard Saint-Martin, parce qu'elle se trouvait à côté des remparts de ce nom.
Par suite de l'ouverture de la rue Publémont, il y a quelque vingt ans, la fontaine qui était établie de ce côté a dû être reportée à peu près en face.
24. - Fontaine du Trixhay Saint-Martin.
La dénomination Trixhay s'appliquait jadis et s'applique encore dans le peuple à la partie en retrait, la plus escarpée du Mont Saint-Martin, en face et au-delà de l'église de ce nom. Immédiatement en deça de l'emplacement du mur de soutènement, avait été posé un réservoir ou château d'eau des fontaines Roland. C'était un gros massif carré en pierre avec porte en bois, sur lequel on lisait le millésime 1781, date d'une réédification et de l'exhaussement du bassin. Alors fut supprimée une fontaine publique attenant au château d'eau, depuis de longues années. La fontaine était devenue inutile par la construction d'une autre fontaine dans une rue voisine. D'autre part, le chapitre de l'église collégiale de Saint-Martin venait d'acquérir, de la Société Roland, un quart de xhancion pour l'usage des maisons claustrales, dont un bon nombre se développaient sur le Trixhay. Après la suppression des corporations ecclésiastiques, sous la Révolution française, les habitants du Trixhay continuèrent d'avoir la jouissance des eaux du chapitre. En 1839, cependant, la fabrique de l'église Saint-Martin en revendiqua la possession absolue et, passant du principe â la pratique, supprima l'accès de sa fontaine, par la substitution d'une serrure nouvelle.
Le château d'eau a été enlevé en février 1870, lors de l'appropriation de la petite place, et reporté à quelques mètres de distance de l'ancienne situation, mais il n'est pas accessible au public.
25. - Fontaine du Mont Saint-Martin.
De tout temps, le Mont Saint-Martin a été abondamment pourvu des moyens de se procurer des eaux potables. Voilà six centaines d'années, il comptait déjà plusieurs puits publics (96). L'un, d'eux continuait d'exister au XVIIIe siècle (97). En ce siècle, cependant, ils furent remplacés par des fontaines. Celle dont j'ai à parler ici fut dressée, l'an 1767, mi-côte, à gauche en montant, dans la partie en retrait, en face de la cheminée d'appel du tunnel du chemin de fer de ceinture. C'était un obélisque en pierre de taille, surmonté d'une grosse boule en pierre également. Il portait au XVIIIe siècle, sur un de ses flancs, le perron, les blasons et les noms des bourgmestres de cette année, E.-F. van der Heyden a Blisia et J.-B. baron de Hayme. Je reproduis ci-joint ce monument tel qu'il a été dessiné par M. l'architecte Edmond Jamar, au moment où la fontaine allait être renversée à jamais, en décembre 1876. (Planche n° XVIII.)
26. - Fontaine des Degrés des Tisserands.
Jusqu'au dernier quart du XVIIIe siècle, une simple pompe publique desservait les habitants de cette populeuse voie de communication. En 1776, l'administration communale témoigna l'intention à la Société Roland, « de prendre un » demi xhancion à la fontaine de Vinâve d'Ile, à effect de placer une fontaine dans l'endroit appelle le Thier des Tisserands ». La Société Roland se prêta à ce changement, mais elle l'ajourna jusqu'au moment où elle aurait surélevé son château d'eau du Trixhay (98). De la sorte, ce ne fut qu'en 1783, que le Thier des Tisserands put être doté de la fontaine désirée. Sur celle-ci, avait été gravé ce chronogramme effacé depuis longtemps
DE GRAILLET D'OTHEEQVE C0NSVLIBVS, VOBIS
REDONANTVR AQVIE (99)
(Sous les bourgmestres de Graillet et d'Othée, les eaux vous sont rendues - 1783.)
En 1782, la Cité avait payé 102 florins pour la fourniture et la pose des conduites en plomb. Cette fontaine est celle qui alimente encore la localité. Elle reçoit son eau de la même source.
27. - Fontaine à l'extrémité de la rue Saint-Séverin.
La dernière fontaine ne doit pas être confondue avec celle qui avait son siège à l'extrémité de la rue Saint-Séverin, à gauche, entre les rues des Fossés et Degrés des Tisserands. Sortant de la façade d'une maison qui a servi de bureau d'octroi, la conduite d'eau lançait le liquide salutaire dans un bac en pierre sans ornementation. Cette fontaine qui a eu une existence des plus modestes, a disparu depuis un demi-siècle, sans avoir fait parler d'elle.
28. - Fontaine Saint-Denis.
La petite fontaine en fonte avec vasque et jets d'eau de la place Saint-Denis, a été acquise en 1835, au prix de 1.500 francs, en vertu d'une décision du Conseil communal du 13 août, puis installée en septembre 1836. Il s'agissait de desservir d'eau la place où venait d'être inauguré le marché au beurre et aux fromages, lequel s'y tient encore.
(ADDENDUM)
29. - La belle fontaine du Pont des Arches.
Dans beaucoup de Chroniques, on lit que « en faisant le grand pont de pierre, on trova une belle fontaine au fondement en la Moeuse, et l'evesque la fist venir par conduct des buis de cuvre sur le pont, laquelle faisoit grand solagement au peuple; mais elle fut destruicte par deffaut d'entretenance. »
Cette « belle fontaine » vient de reparaître au milieu de la deuxième arche du ci-devant pont, à la grande surprise des liseurs de nos chroniques. Nous l'avons vue, et nous avons bu de son eau, qui est très limpide. Nous doutons cependant que ce soit une source véritable. Par suite du barrage momentané, les eaux doivent exercer une grande pression sur le fond s'infiltrer à travers le gravier, et revenir au jour par la première crevasse venue. C'est là un phénomène qui a dû se produire à chaque reconstruction du pont.
Extrait de Note sur le pont des arches, F, Henaux, renvois n° 16
(1) Métamorphoses, XV, 234.
(2) Les fontaines-abreuvoirs datent de l'an 1888. Elles ont été offertes, au nombre de dix, par Mme Montefiore-Levi. L'année suivante, la Société protectrice des animaux a aussi fait don de la fontaine-abreuvoir installée place Saint-Séverin.
(3) SCHUERMANS, L'areine de la Cité, pp. 39-50.
(4) Ly myreur des histors, t. IV, p. 106.
(5) Cf. chapitre areine de la Cité.
(6) Op. cit., t. V, p. 670.
(7) Années 1285-1305: « Quo tempore, strato Foro fontem fistulis, plumbeis in medio conduxerunt turricula sicut apparet venuste desuper fabricata. » (Apud CHAPEAUVI LLE, t. II, p. 317).
(8) Année 1294: « Ale fontaine del Marchiet, 1 marc por le detenir » (Archives des Pauvres en Ile, reg. 13. fol. 171.)
(8) « Fontaine du Marchiet qui est si noble joyau » (Pawilhart A, fol. 262 V° et Pawilhart G, fol. 432 V°, aux Archives de l'Etat.)
(9) Avilir.
(10) Chroniques, p. 122.
(11) Ce drapeau est conservé respctueusernent au Musée archéologique liégeois.
(12) 1448: Magnus ventus... etiam confregit stipitem et ribaldos qui sculpti fuerant de lapidibus et positi super fontem in foro Leodiensi portantes Peronem et projecit in terram ». (JEAN DE STAVELOT, Chroniques, p. 601.)
(13) Recueil héraldique des bourgmestres, pp. 155 et 188.
(14) Page 188.
(15) JEAN DE Looz, Chroniques, dans les Documents relatifs aux troubles du pays de Liège, au XVe siècle, publiés par DE RAM, p. 7.
(16) IDE RAM, Op. cit., p. 304 ; BORMANS, Mémoire du légat Onifrius, p. 21.
(17) MELART, Histoire de Huy, Liège, 1641, p. 267; Recueil héraldique des bourgmestres, p. 188; P. HENRARD, Les campagnes de Charles le Téméraire contre les Liégeois, p. 72.
(18) JEAN DE Looz, Chroniques, p. 78. Voir l'inscription dans le Recueil héraldique, p. 189.
(19) Manuscrit Van den Berch, n° 987, p. 751, la bibliothèque de l'Université de Liège; manuscrit 174, fol. 110 et manuscrit 1014, idem ; MELART, Histoire de Huy, p. 415.
(20) Metal, matière.
(21) Le narrateur fait ici confusion entre le canal de la Légia - le rieu des Pécheurs - et les eaux de la fontaine qui étaient complètement distinctes.
(22) Voyages de Philippe de Hurges à Liège et à Maestricht, en 1615, publiés par la Société des Bibliophiles liégeois. Liège, 1872, pp. 116 - 118.
(23) Recès du Conseil, reg. 1566-1568, fol. 139.
(24) Recs du Conseil de la cité, reg. 1640-1643, fol. 278.
(25) Ibidem, reg. 1778-1780, fol. 101 V° et suiv.
(26) Manuscrit 174, p. 258, à la bibliothèque de l'Université de Liège.
(27) En face.
(28) Manuscrit 174, p. 258.
(29) Bourgmestres.
(30) Voir Pièces justificatives, n° XXIV.
(31) Comptes de la Cité, aux Archives de l'Etat.
(32) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 516. - On trouve une description de la fontaine dans les Délices du pays de Liège, de SAUMERY, t. I, p. 246.
(33) « Le bassin est de cuivre », écrivait de Louvrex, « et est séparé en deux parties égales en superficie par une digue qui a sept pouces de hauteur, dont celle qui reçoit l'eau par les deux buses la distribue par hancions attachées au fond du bassin, et qui ont chacun deux lignes de diamètre, aux maisons bourgeoises, scavoir par une maîtresse buse au bassin de la petite fontaine, II hancions, par une autre maîtresse buse 7 autres hancions, au bassin de devant la Magdelaine, et le reste des hancions se distribue au grand bassin par buses particulières. » (Recueil des édits, t. II, Carte des mahais, in fine).
(34) Recès du Conseil de la cité, reg. années 1752-1753, fol. 93 v° et 113 V°. - Le 17 décembre 1781, le Conseil fit placer une « guérite sur pivot » au Marché, pour abriter l'archer chargé de veiller à la propreté des fontaines.
(35) Ibidem, reg. 1778-1780, fol. 75.
(36) Recs du conseil de la cité, reg. 1778-1780, fol. 128 v°.
(37) ibidem, reg. 1783-1785, fol. 99.
(38) Manuscrit Hoyoux, n° 1165, p. 145, à la bibliothèque de l'Université de Liege.
(39) Le Musée archéologique liégeois possède quelques restes de la vieille fontaine.
(40) Op. cit., p. 118.
(41) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 435.
(42) Recès du Conseil de la cité, reg. 1735-1738, fol. 228.
(43) Ibidem, reg. 1792-1793, fol. 107.
(44) La statue, le buste.
(45) Manuscrit 174, p. 258.
Comme on le voit par cette citation, déjà alors le mot perron, tant il était populaire, se trouvait devenu synonyme de fontaine ou bassin.
(46) Recueil héraldique, p. 575.
(47) DELVAUX, Dictionnaire géographique de la province, supplément à la 2e partie, p. 11.
(48) Plusieurs mascarons en bronze fondus également par Levache, en 1719, pour les mêmes fontaines du Marché, reposent au Musée archéologique.
(49) 1395: « Domus sita in vico Extra Castrum ante le Pixherotte.» (Cartulaire de Sainte-Croix, reg. 1 bis, fol. 243 V°, aux Archives de l'Etat à Liège.)
(50) 1433: « Bicheroul Fontaisne. (Echevins de Liège, reg. 9, fol. 42 V°, aux Archives de l'Etat à Liège.)
(51) 1431I-1502. (Ibidem, reg. 7, fol. 15; reg. 16, fol. 113; reg. 34, fol. 178 v°; reg. 57, fol. 133.)
(52) 1573: « ... Fontaine aux deux Pixherottes.» (Cris du Perron, reg. A, 268, fol. 143 V°.)
(53) 1585: « Fontaine de la Cité, condist des trois Pixherottes, extante à l'opposite de la ruelle de la Blanche Roese. » (Recès du Conseil de la cité, du 26 juillet.)
(54) Manuscrit 174, p. 230; manuscrit 1015, p. 268, à la bibliothèque de l'Université de Liège.
(55) Manuscrit 174, p. 398.
(56) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 395.
(57) ibidem, p. 576.
(58) Recès du Conseil de la cité, reg. 1750-1752, fol. 150 v°.
(59) Procès-verbaux de l'Administration municipale, reg. du 20 vendémiaire au 10 nivôse, an III, p. 41, aux Archives communales.
(60) 29 septembre 1797.
(61) Recès du Conseil, reg. 1649-1653, fol. 204.
(62) « Maison en la paroisse Saint-Severin près del fontaine, joignant al hiretage del hospital Pakeaul. » (Echevins de Liège, reg. 4, fol. 52 v°.)
(63) 1294: « Maison deleis le puch ki siet devant les Bons Enfants.» (Archives des Pauvres en Ile, reg. 13, fol. 254.)
(64) Recès du Conseil, reg. 1735-1738, fol. 155-156.
(65) 1476: « Rualle delle Fontaisne, à Sainte-Marguerite, joindant a cortil condit delle Thour. » (Echevins de Liège, reg. 36, fol. 228 V°, aux Archives de l'Etat. Voir aussi reg. 21, p. 270.)
(66) 1429: « Manant deseur le vivier à St Lorent. » (Echevins de Liège, reg. 6, fol. 199 v°.)
(67) Voir Pièces justificatives, n° VIII.
Avant cette année 1546, des conduits de l'areine Messire Louis d'Ouffet traversaient déjà le Palais. (Cathédrale Saint-Lambert: Fabrique, Cartulaire, fol. 63.)
(68) op. Cit., pp. 98-102.
(69) D'après les contrats, la Ville est tenue de fournir gratuitement l'eau nécessaire à l'alimenation du bassin pour autant que les besoins de la Ville soient satisfaits. (Bulletin administratif de la Ville, année 1870, p. 653; année 1871, p. 692; année 1872, 2e semestre, p. 222.)
(70) GOBERT, Le palais de Liège, 1896, pp. 201-202.
(72) GOBERT, Les rues de Liège, t. I, p. 587.
(73) Je reproduis ici, à titre de curiosité rétrospective, les données et calculs qui se trouvent en tête du registre aux Recès du Conseil de la cité, des années 1585-1586, et qui se rapportent à l'année 1584:
« Mesures pour les buyses (buses) d'unne fontaine qui soy poroit miner au Vinable d'Isle.
Premier, depuis le bassin, dessoubs l'hospital à St Severin jusques aux Bons Enffans, suyvant le riwe, 3oo pieds.
Item, depuis le dit lieu jusque à Meuse suyvant la Layde rualle (maintenant Degrés de la Montagne).
Item, pour passer la rivière, 5oo pieds.
Item, depuis Meuse, de costé vers St Johan, et jusques à siège, 1ooo pieds.
Somme des pieds, 24oo.
Et en faisant les bueses et mectant sur chacun pied de buse 8 livres de plomb, les cent pieds viennent à 8oo livres de plomb. Par ainsy les 2400 pieds reviendroient 19.2oo livres, et pour chacun cent livres de buyses ouvrées, souldées et assieses en leurs lieux, 3o florins liégeois; les mille livres montent à 3oo fi. liégeois. - Some en tout 5.760 fl. liégeois.»
(74) Recès du Conseil de la cité, reg. 1658-1662, fol. 24.
(75) Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XXI, p. 453.
(76) Recueil héraldique des bourgmestres de Liège, pp. 515-516.
(77) Termonia, qui avait aussi doré le grand bassin de la fontaine du Marché, reçut en paiement de ces travaux une somme de 280 florins.
(78) Tome I, p. 129.
(79) CONSTANS, Tableau politique du département de l'Ourte, Bruxelles, an IX, p. 43.
La fontaine est représentée avec la grille, dans le Guide de Liège, de GUILLAUME, de 1850.
(80) Recès du Conseil de la cité, du 21 novembre 1788.
(81) Tome II, p. 517.
(82) 21 septembre 1797.
(83) Courrier de l'Ourte, an VI, p. 96.
(84) Page 355.
(85) Ibidem, p. 365.
(86) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 566.
(87) 1721-1722: « A Julien Hallet, pour pierre et sculpture, posée à la fontaine proche la fausse porte de Ste Marguerite, 200 florins. » (Comptes de la Cité.)
(88) Recès du Conseil, reg. 1735-1738, fol. I110; reg. 1748-1750, fol. 107; reg. 1774-1775, fol. 123 V°; reg. 1777-1778, fol. 49, 54, etc.
(89) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 575.
(90) Recès du Conseil, reg. 1750, fol. 72.
(91) Chambre des Comptes: Rendages et octrois, reg. 102 K, fol. 48 et 336 v°, voir aussi Recès du Conseil de la cité, reg. 1778-1780, fol, 89-90.
(92) Recueil héraldique des bourgmestres, p. 570.
(93) Ils donnent de l'eau vive.
(94) Recès du Conseil de la cité, reg. 1756-1759, fol. 76 V°.
(95) Ibidem, reg. 1759-1761, fol. 86.
(96) XlIIe siècle: « Maison ki siet devant le puich, en le rue de St-Martin en Mont ». (Reg. des Pauvres en Ile, fol. 91.) - 1337: « Maison ki siet contre le promier puche de St Martin. » (Ibidem. Voir aussi charte de la collégiale Saint-Martin, du 8 mai 1315, n° 160.)
(97) I73-I714: «A ceux qui ont nettoyé le puits dans la montagne S Martin, 8 florins». (Comptes de la Cité.)
(98) Recès du Conseil de la cité, reg. 1775-1776, fol. 158 v°.
(99) OPHOVEN, Suite du Recueil héraldique des bourgmestres, p. 255.
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