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Le couvent des Dominicains à Liège

Notes archéologiques et architectoniques

par Camille BOURGAULT


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L'ordre des Dominicains fut fondé par saint Dominique vers 1215. Ces religieux eurent pour mission spéciale la prédication et le pape Innocent III, qui approuva l'ordre, leur donna le nom de Frères Prêcheurs. Ils s'attachèrent surtout à la répression de l'hérésie albigeoise; celle-ci fut la cause de leur existence, elle leur valut l'entrée dans la célébrité.

L'estime profonde que les souverains pontifes avaient eue dès le principe pour les Dominicains et qu'ils ne cessèrent de leur témoigner, leur ouvrit largement les portes de la chrétienté. On s'inclina devant la science profonde, l'étendue du savoir, la sûreté de doctrine des Frères Prêcheurs.

Leur renommée arriva bientôt dans la capitale de la principauté de Liège. Dès 1232, l'évêque Jean d'Eppes les fit recevoir partout pour exercer les fonctions ecclésiastiques.

Leur première église chez nous, dédiée à sainte Catherine, fut consacrée le 13 août 1242 par l'évêque Robert de Torote, successeur de Jean d'Eppes, Gui, évêque de Cambrai, et Boniface, évêque de Lausanne. Trois liégeois aidèrent les Dominicains dans l'élévation de leur couvent: Erasme Boulanger et les chevaliers Jean et Pirard ou Pierre de Neuvice (1).

Des installations du XIIIe siècle, chez les Prêcheurs, il ne nous reste rien. On en connaît seulement l'emplacement; c'était le même, ou peut s'en faut, que celui que le couvent conserva jusqu'à sa destruction. Il était borné au nord par ce qui est aujourd'hui la rue Hamal, à l'est par un petit bras de Meuse, au sud par le côté droit de la rue du Pont d'Ile et à l'ouest par la rue des Dominicains.

Réunissant en un faisceau les données très concordantes que nous ont fournies les multiples paronamas qu'à tous moments on a fait de notre ville depuis la seconde moitié du XVIe siècle, nous présentons (fig. 1) l'aspect du couvent vers 1650, c'est à dire quelques années avant la démolition de l'église du XIIIe siècle. On peut voir que cette église A, orientée, avait trois nefs; la toiture est surmontée vers l'abside d'une fine flèche avec lanterne octogonale, les fenêtres des bas-côtés sont toutes surmontées de gables. L'absence de transept est à remarquer. Faisant angle des rue du Pont d'Ile E et des Dominicains F, apparaît une sorte de grand portail B relié à l'église par un couloir longeant la rue des Dominicains, Il n'y a pas trace de porte dans la façade occidentale de l'église. Cette façon de pénétrer dans l'église par une face latérale, est un des caractères de nos églises liégeoises romanes et gothiques. Le cloître se trouve en C, au nord de l'église. A la suite du cloître, s'étendent en D les dépendances aboutissant à une sorte de tour de défense à toiture conique. Vers l'est, en G, on voit le petit bras de Meuse longeant le couvent; vers le sud, en E, la rue du Pont d'Ile où l'on remarque en H la brasserie que nous décrirons plus loin (2), et, en I, les trois dernières arches du pont, les seules existant encore en 1650; vers l'ouest en F, la rue des Dominicains. C'est là tout ce que l'on possède sur ce couvent au XIIIe siècle; les documents véritables font totalement défaut (3). Et de cette vue, il faudrait encore pouvoir retenir les constructions qui auraient pu être élevées depuis la seconde moitié du XIIIe siècle jusqu'en 1650.

L'importance de l'ordre des Dominicains alla toujours en s'accentuant et il eut le bonheur de se trouver parmi les préférés du roi de France, saint Louis.

On ignore encore aujourd'hui les raisons véritables pour lesquelles ce dernier porta une affection toute spéciale au couvent de Liège, affection qu'il manifesta somptueusement en le dotant de reliques précieuses que nous allons décrire. Ce don dépasse en valeur tous les dons analogues que saint Louis envoya à de multiples communautés religieuses.

Ce roi, comme on sait, ramena, à Paris, le 19 août 1239, la couronne d'épines du Christ qui, après une lamentable épreuve, allait devenir la propriété d'un négociant vénitien, Nicolas Quérini. Saint Louis la racheta et la déposa d'abord à Notre- Dame de Paris, puis à la chapelle Saint-Nicolas du Palais, puis, à la démolition de cette dernière pour édifier la Sainte-Chapelle, à Saint-Denis, le 3 octobre 1239 (4).

Trois ans après l'arrivée de la sainte couronne à Paris, Pierre de Montereau commença, sur l'ordre du saint roi, la Sainte-Chapelle du Palais de Paris, splendide édifice, élevé avec une rapidité incroyable, achevé en 1247. C'était là l'écrin que le roi voulait pour une semblable relique. La sainte couronne y fut placée le 25 mars 1248; la dédicace de la chapelle eut lieu le 26 avril suivant. Immédiatement après l'installation à la Sainte- Chapelle de la couronne d'épines, saint Louis commença à en distribuer les épines aux églises et aux communautés religieuses qu'il affectionnait tout particulièrement. Chaque envoi ou presque chaque envoi était accompagné d'une lettre. L'original de la lettre qu'il écrivit aux Dominicains de Liège est aujourd'hui, selon toute apparence, perdu, mais on en connaît cependant la teneur (5):

« S. Ludovicus mittit Leodium S. Spinam. »

« Ludovicus Dei gratia Francorum Real Dilectis sibi in Christo Priori et Conventui Fratrum Fraedicatorum Leodiensium salutem et dilectionem. Ex sincero charitatis affectu, quem erga vos gerimus et ordinem vestrum, exigentibus ejus meritis tam praeclaris, domum et Ecclesiam vestram Leodiensem, pretioso volentes munusculo decorare; vobis per latorem praesentium unam de spinis sacrosanctae coronae Jesu Christi transmittimus cum praesentium testimonio litterarum, charitatem vestram rogantes in Domino, quatenus eandem spinam recipiatis honorifice, sicut decet, ob ipsius Salvatoris reverentiam: et ipsam débita honore conservare studeatis; et in vestris orationibus nostri memoriam habeatis facientes pro nobis, et Regina, et liberis, a devotis personis quea in vestris partibus abundare dicuntur. Regem Regum et Dominum exorari. Actum Silvanceti. in festo nativitatis B. Mariae Virginis, anno Domini millesimo ducentesimo sexagimo septo. »

Dans sa lettre, saint Louis ne parle que de l'épine de la sainte couronne. Cependant, des relations précises existent, prouvant qu'à cette relique se trouvaient jointes d'autres reliques aussi précieuses.

Les P.P. Martène et Durand, qui visitèrent le couvent des Dominicains en 1723, écrivent: « On y conserve une croix très belle, dans laquelle il y a du bois de la Vraie Croix, une Epine de la Couronne de Notre Seigneur, donnée par saint Louis, comme il paraît par ses lettres qu'on nous fit voir, un calice d'un très beau travail, dans le pied duquel il y a du bois de la Croix de notre Seigneur, donné aussi par saint Louis, un ornement du manteau de ce Saint Roy, qui sert le jour de sa feste, le jour de Noël à la messe de minuit, et le jour de l'Epiphanie » (6).

Avant eux, le chanoine Van den Berch (7), qui vit les Dominicains en 1633, rapporte que saint Louis envoya aux Frères Prêcheurs « divers présents entre lesquels y avait une de ses couronnes, ung calice de platine d'or, qui se voient présentement aux frères prêcheurs et spécialement une des espines de la Couronne du Saulveur du monde, ainsi que le tesmoigne la lettre suivante que j'ai copiée hors de celle des dits prêcheurs estant escript sur parchemin ».

Une partie des reliquaires autrefois conservés en l'église Sainte-Catherine des Frères Prêcheurs de Liège et parmi ceux-ci différentes pièces de l'envoi du roi de France, existe encore (8).

Voici, fig. 2, le reliquaire de la sainte croix; il a une hauteur totale de 1m32 et la largeur des grands bras de la croix est de 0m46. Comme nous espérons que notre dessin le fera voir, il s'agit d'une admirable pièce d'orfèvrerie d'une hauteur extraordinaire en argent doré. Elle se compose de deux parties (9): la croix et le support ou pied. A la face antérieure (fig. 2), les six extrémités de la croix double, sont toutes composées d'une grande fleur de lis sortant d'une petite rosace à quatre lobes contenant elle-même un carré à côtés curvilignes. Chaque carré contient une petite rose finement modelée en platine d'or découpée; le fond est d'argent niellé.

Au centre delà croix se trouve la relique, important fragment de la vraie Croix, qu'abrite une feuille de cristal de roche. Au second croisillon, on voit une sorte de petit médaillon contenant différents morceaux de tissus anciens, attachés sur une feuille de parchemin portant des caractères indéchiffrables, le tout protégé par une feuille ronde de cristal de roche. Toute cette face de la croix est abondamment ornée de pierres précieuses et de perles.

Le revers est orné, en lieu et place de ces perles, de trente roses en argent doré semblables à celles dont il a déjà été question. A la hauteur de la relique se trouve un petit quatre-feuille portant l’Agnus Dei sur fond décoré de feuilles de vigne. A la hauteur des tissus et du parchemin, un second quatre-feuille contenant une petite figure du Christ assis, sur fond de feuilles de vigne. La fig. 3 donne, en grandeur naturelle, un détail du revers de la croix, à hauteur de cette figure du Christ. A droite et à gauche de cette dernière, c'est à dire aux extrémités des petits bras, on voit deux figures assises, dans des quatre-feuilles, en des attitudes bizarres, toutes deux devant un pupitre, l'une se retournant (fig. 3), l'autre taillant sa plume: deux évangélistes, sans doute, se détachant sur fond de feuilles de chêne. Les quatre autres extrémités de la croix sont occupées par les symboles évangélistiques dans l'ordre suivant :

Aigle

Lion Boeuf

Ange

Les fonds de ces quatre derniers sujets sont ornés de feuilles de chêne.

Toutes ces figures sont dorées, sur fond niellé noir, la décoration de ce fond en blanc.

Les fleurs de lis occupant les six extrémités de la croix sont ornées dans leurs lobes inférieurs - les lobes médians étant vides aujourd'hui - de très délicates branchettes (fig. 3), admirablement travaillées. Cette décoration si particulière fait de ces fleurs de lis de charmants morceaux.

Le pied du reliquaire n'est qu'un motif d'architecture, très fin, très délicat, indiquant clairement l'époque à laquelle remonte cette pièce. La partie supérieure de ce pied se compose d'un édifice carré, sorte de tour, soutenu aux angles par deux contreforts à multiples glacis. Chaque face de cette tour est ornée d'une longue fenêtre à lancette aiguë, divisée en deux parties par une fine colonnette surmontée d'un fenestrage. Celui-ci se compose de deux petites ogives redentées et d'une rose à quatre lobes, le tout aveugle, se détachant sur un fond orné d'une sorte de gaufrure, le fenestrage ne descendant pas plus bas que le niveau des naissances du grand arc. Cette fenêtre est surmontée d'un gâble à crochets et fleuronné. Les contreforts d'angle se prolongent au-dessus du niveau des fleurons et portent des pinacles sans crochets. Un second étage existe à cette tour, en retrait sur l'étage déjà décrit. Il est orné sur chacune de ces faces d'une fenêtre plus simple à arc aigu, redenté, aveugle et ornée encore de cette gaufrure ou gravure en creux; aux angles, des contreforts, reposant sur des colonnettes, en porte-à-faux. Des arcs boutants soutiennent ces angles et reposent sur les contreforts du premier étage prolongés. Au faîte, une balustrade à quatre feuilles. Les profils et l'ornementation de toute cette partie du reliquaire sont de la plus grande finesse. Les proportions de l'ensemble font penser à la plus belle époque de l'art gothique. Et le souci d'exactitude, de vérité de ce petit monument révèle bien aussi un artiste consommé.

Cette tourelle à deux étages repose sur un plateau octogonal, à peu près horizontal, et divisé en huit portions, comme on peut le voir sur notre dessin. Les quatres parties vis-à-vis des faces de la tour, sont décorées: au centre d'un cercle, mouluré, orné de rosettes sur le pourtour, contenant une tête de lion avec un quatre-feuille. Ce cercle est entouré lui-même d'un quatre-feuille contenu à son tour dans un second cercle enserrant le tout et laissant quatre triangles qui sont ornés d'animaux fantastiques niellés. Le reste de cette portion supérieure du plateau, de même que les quatre autres parts triangulaires vis-à-vis des contreforts de la tourelle, est couvert d'une végétation délicate de feuilles de chêne, dont de nombreux fragments sont aujourd'hui perdus. Ce plateau octogonal repose sur une riche arcature à colonnes et à arcs redentés dont les huit angles, renforcés par un petit contrefort, reposent: quatre sur des lions, quatre sur de petits animaux à tête humaine encapuchonnée.

Cette description, si sommaire soit-elle, pourra sans doute faire voir le soin avec lequel a été traitée la moindre des parties de ce reliquaire, le souci de précision, la finesse d'exécution, de compréhension exacte dont l'orfèvre qui l'exécuta fit preuve.

La figure 4 donne le reliquaire de la sainte épine, seule relique dont saint Louis ait parlé; il a une hauteur de 1m5.

Il est indispensable de remarquer les proportions grandioses et surtout peu ordinaires de ces deux pièces. Comme le premier décrit, ce reliquaire se compose encore de deux parties: la croix contenant la relique et le pied. Cette fois, la croix est simple. Au centre on remarque un disque, au milieu duquel est posée la sainte épine sous une feuille de cristal de roche en forme d'amande. Quatre médaillons de même forme, portant gravés et dorés, se détachant sur un fond d'émail bleu translucide, les symboles des Evangélistes, la réunissent au cercle du disque. Les deux triangles restants sont ajourés en forme de trèfles. Cette première partie du reliquaire est, à ses deux axes vertical et horizontal, terminée par de grandes fleurs rappelant celles du lis, ornées de pierreries: une perle fine et trois perles se détachant sur fond d'émail bleu translucide. Entre ces quatre grandes fleurs, existent quatre plus petites ornées chacune de quatre perles fines. Les deux bras de la croix et la tige supérieure portent trois petites roses à dessin architectural, très finement dessinées, dont le centre est une perle fine et qui sont surmontées de sortes de trèfles à forme bizarre portant chacun cinq pierres, rubis ou saphirs. L'extrémité inférieure de la croix repose sur un croissant d'un travail étrange, décoré d'émaux cloisonnés verts, dont les losanges sont relevés de points blancs et roses et dont les extrémités sont rehaussées de fines touches de vert et de rouge. Trophée, oriental peut-être, attaché au reliquaire? Sous ce croissant, une grosse pierre noirâtre posée sur une boule de cristal relie la croix à la partie supérieure du pied.

Au revers de cette croix, on retrouve le disque reliquaire orné ici d'une bordure à dessin architectural précisant encore davantage le style de la pièce. Au revers de la rose ornant la tige supérieure, se voit une tête de Christ nimbée de rouge, gravée; elle se détache sur fond d'émail translucide et est posée au centre de deux triangles se pénétrant et dont les petits triangles obtenus par cet enlacement sont ornés d'émaux de couleurs variées. Le reste de la croix: roses, bras, trèfles terminaux, est recouvert d'émaux curieux, vert, jaune et bleu, représentant des paysages: arbres, chiens poursuivant des cerfs ou des lièvres.

La seconde partie, le pied, de ce reliquaire se compose d'une petite logette à six faces, surmontée d'un toit pyramidal très aigu, sur lequel vient s'attacher la croix. Chaque face de cette loge est percée d'une fenêtre à double lumière. Chaque angle est renforcé par un contrefort surmonté d'un pinacle; chaque fenêtre est surmontée d'un gable avec crochets et fleurons. La toiture possède, sur ses arêtes, des séries de pierres à sertissures très saillantes, en manière de crochets, quelque pierres de plus grandes dimensions et des découpages sur les versants.

Cette loge repose sur un chapiteau à feuillage très riche dont l'abaque prend de grandes proportions, chapiteau terminant une colonnette de section hexagonale. Chaque face de cette colonnette est ornée d'une rinceau de feuilles de vigne; elle est divisée en deux parties par une bague fortement moulurée, et sa base s'appuie sur un plateau hexagonal orné de plusieurs camées et pierres précieuses et portant cinq lentilles circulaires en cristal de roche, recouvrant des reliques que des inscriptions font connaître

1) DE . CONFESSORIBVS

2) DE . APOSTOLIS

3) IOH . BAPT. MAR MAGD.

4) DE . MARTIRIBVS

5) DE . VIRGINIBVS.

Ce plateau repose lui-même sur six petits lions passant.

Il paraît cependant, à toute première vue, que ce reliquaire est une oeuvre remaniée, que q'est là un ensemble de pièces qui jadis ont été séparées et que l'on a rassemblées, ou tout au moins de plusieurs morceaux, oeuvres peut-être d'artistes différents et exécutés sans projet total bien défini. Des défauts de proportion, et spécialement l'attache de la croix sur la toiture de l'édicule, défauts que l'on ne rencontre nulle part dans le premier reliquaire décrit, le feraient supposer.

Il est au moins douteux que ce soit là le reliquaire de saint Louis. Peut-être, comme le dit M. Helbig, le centre seul de la croix, le disque avec la relique a-t-il été isolé jadis. Cela paraît absolument vraisemblable, comme il est facile de s'en rendre compte par l'examen de notre figure. Dans la suite, les Frères Prêcheurs ont très bien pu enrichir, agrandir leur reliquaire, le ficher finalement sur un pied, tout en conservant jalousement la portion venant du royal donateur.

A hauteur de l'édicule, de la logette du pied, se trouvait encore attachée, lors de la découverte de ces reliquaires, par deux solides fiches d'argent, la couronne que, comme nous l'avons dit déjà, saint Louis envoya aux Frères Prêcheurs de Liège.

Nous donnons, fig. 5, cette couronne. Elle est en argent doré et mesure 205 millimètres de diamètre. Elle se compose de huit plaques articulées de 38 mm. de haut sans compter la fleur de lis, sur 60 mm. de large, rattachées l'une à l'autre par huit charnières dissimulées derrière de plus petites plaques de 15 mm. de largeur portant chacune une figurine d'ange de 72 mm. De hauteur jusqu'à la pointe des ailes. Chaque grande plaque contient une relique qu'un des anges désigne de la main. Chacun de ces anges tient un livre ou une banderole portant le nom de la relique. La plaque centrale, de front, renferme une petite croix à double traverse en bois; l'ange de gauche tient un phylactère avec l'inscription :

1) DE . LIGNO . V .

Les anges qui suivent portent successivement:

2) une banderole :

CORONA et quelques caractères illisibles

3) un livre:

lOH . BABT

MAR .

MAG .

4) une banderole:

DE . MARTIRIB

5) un livre:

DE . VIRG

INIB

6) un livre:

DE

COPE

SS

7) une banderole:

DE . APOSTOLIS

8) un livre:

DE . L

A C E

A.

Chaque plaque est ornée de perles et pierres précieuses: onyx, rubis, turquoises, saphirs, etc. La plaque de devant contenait, paraît-il, un camée antique (10). L'articulation de ces plaques rendant plus complète l'adhérence à la tête de celui qui portait cette couronne, permet de croire que cette pièce d'orfèvrerie a été portée ou faite pour être portée et qu'elle n'a jamais été exécutée spécialement pour le reliquaire auquel elle était attachée.

Nous avons dit plus haut que l'envoi de saint Louis comportait un calice et un ornement d'étoffe. Ces pièces ont malheureusement disparu.

La lettre du roi de France qui est reproduite ci-dessus ne parle, comme on a pu le voir, que d'une seule relique, la sainte épine et d’aucun reliquaire. Selon la tradition et les relations d'anciens auteurs dignes de foi cités plus haut, il faudrait admettre que l'envoi de saint Louis comporta bien les riches et nombreux dons dont ils parlent. Mais - sauf la couronne dont la forme et la confection rappellent absolument les couronnes royales françaises de l'époque (11), - en est-il de même des récipients, des reliquaires? En un mot, faut-il voir dans les deux pièces d'orfèvrerie qui viennent d'être décrites, des oeuvres françaises ?

M. J. Helbig, à l'époque où il écrivit l'ouvrage déjà cité « Les reliques et reliquaires donnés par saint Louis, roi de France, aux Dominicains de Liège. » paraissait assez de cet avis, bien qu'il avouât ne rien pouvoir assurer et surtout - chose importante - ne pas connaître chez nous d'oeuvres pouvant être considérées comme analogues et partant comparables à celles-là.

Mais, quelques années après, vers 1889, au chapitre III de son Histoire de la sculpture et des arts plastiques au Pays de Liège, il déclara que, après un examen des reliquaires, fait de visu, à Dresde, à la suite de nombreuses protestations d'archéologues français tendant à prouver que le style et le caractère de ces monuments n'étaient pas français et ce avec exemples à l'appui, il déclara qu'il y a lieu de faire honneur de ces reliquaires aux orfèvres des bords de la Meuse.

Nous avons, ci-dessus, attiré spécialement l'attention sur la partie centrale de la croix du reliquaire de la sainte épine et nous avons dit que cette portion devait certainement avoir été isolée jadis. N'est-ce pas là seulement le reliquaire de saint Louis? On peut voir d'ailleurs qu'il est totalement différent comme travail du reste de la pièce. Dans la suite, les Frères Prêcheurs l'auraient fait poser sur un pied très orné, en agrandissant en même temps les bras de la croix, travail qui aurait donc été exécuté chez nous.

Or, le pied de ce reliquaire a des ressemblances frappantes, évidentes avec celui du reliquaire de la sainte croix: mêmes pinacles avec fleurons, sans crochets, mêmes gables, mêmes crochets à enroulements très simples.

Et ce reliquaire de la sainte Croix paraît bien une œuvre sortie tout entière et sans reprise de la même main. Sa pureté de formes et de conception surtout ne laisse apercevoir aucune faiblesse, aucune dissemblance imputable soit à des transformations, soit à des ajoutes. Ceci tendrait à rendre parfaitement admissible que ces reliquaires auraient été faits chez nous. Et quoi d'étonnant d'ailleurs?

Nos artistes d'alors n'étaient-ils pas des descendants immédiats, les élèves de ceux qui venaient de créer ces admirables chefs-d'oeuvres que sont les châsses de Saint-Remacle à Stavelot, de sainte Ode à Amay, de Notre-Dame à Huy, travaux considérables marquant nettement l'état de perfection auquel arriva dans nos contrées, au XIIIe siècle, l'art de l'orfèvrerie. Lumineuses épaves, dont les auteurs sont sans doute à jamais inconnus !

Un trait bien défini, entre cent, rapproche ces châsses, des reliquaires des Dominicains: c'est l'emploi identique dans tous d'une architecture abondante, savamment étudiée, complète, impeccable et d'une finesse extraordinaire, les rendant en tout pareils à de véritables petits édifices. Les différences remarquées entre l'architecture des châsses et celle des reliquaires, la loudeur de l'une, à côté de la sveltesse de l'autre, ne peuvent avoir pour cause que l'évolution même de l'art de l'architecture, se mirant dans l'orfèvrerie, pendant les quelques années qui ont séparé les époques de leur confection.


* *

Ce fut donc dans cette modeste église que donne notre fig. 1, qu'arriva le précieux cadeau du roi de France, et que l'on montra, pour la première fois, ces prestigieux reliquaires aux Liégeois du XIIIe siècle.

Bientôt l'importance du couvent des Dominicains s'accrut considérablement; son rôle dans la cité de Liège s'élargit, s'amplifia, se précisa de plus en plus; une école s'y ouvrit. Nous en trouvons relation en 1432: « Fait en lieu condist l'escholle delle église des Prêcheurs (12) ».

Les nobles Liégeois, les chevaliers, l'aristocratie en quelque sorte, tinrent comme insignes honneurs d'y être reçus en novices ou de s'y faire enterrer. La petite église contint bientôt les dalles funéraires des plus importants citoyens de Liège. Une longue liste de ces noms nous a été conservée heureusement par Langius (13) qui la releva au XVIe siècle, à une époque donc où de nombreuses dalles devaient très probablement déjà avoir disparu et, comme il le dit lui-même, où l'on avait déjà « malencontreusement enlevé à de nombreuses de ces dalles, les lames de cuivre qui, tout en en faisant l'ornement, rappelaient la mémoire des défunts ».

De cette foule de précieux et très rares documents pour notre histoire locale, pour l'étude du costume, des inscriptions, il ne reste que quelques menus morceaux. Signalons d'abord quelques fragments d'une dalle qui nous ont conservé le début d'une inscription en lettres gothiques, mais à date incomplète:

CHY . GIST . COLAS . DE . CERSES . LI . MERCHIER . CLXXIII

puis une seconde intéressante, en morceaux aussi, et que nous donnons fig. 6 (14). Cette dalle qui porte en belles majuscules gothiques:

... OBIIT . DNS . LAMBERTVS . DEFOSSA . CIVIS . ET . SC {abinus) (leodiensis)... (15)

n'est pas renseignée dans le relevé du chanoine Langius; mais M. le baron C. de Borman, dans « Les Echevins de la Souveraine Justice de Liège », révèle l'existence de Lambert delle Fosse, échevin en 1282, mort en 1283.

C'est bien l'époque à laquelle appartient cette dalle, qui est celle de l'un de nos premiers échevins. Il est regrettable que la partie haute de cette pièce ait disparu; elle constituerait un curieux document pour l'histoire du costume de ces magistrats. Langius décrivant les dalles d'Henri de Neuvice, mort en 1272 et de Henri Pollard, mort en 1299, échevins, dit: « Ils sont tous deux accoustrés d'ornemens selon la coutume des anciens eschevins, d'un manteau long au pied doublé d'hermine, un chaperon comme les chanoines portent pleins d'hermine... ». Cette dernière dalle est large de 1m32. Lambert délie Fosse y était représenté, sans doute dans le costume ci-dessus décrit et dont on n'aperçoit plus qu'une infime partie de la base, les pieds reposant sur un chien, entre deux sortes de contreforts portant un appareil bien régulier et contrebutant deux colonnettes dont les bases subsistent.

Lambert delle Fosse, dans son testament, demanda a être enterré en l'église des Frères Prêcheurs, dans une chapelle à y bâtir en l'honneur de Notre-Dame, de saint Lambert et de saint Jean (16).

Que sont devenues les autres dalles funéraires des Dominicains? Il est à supposer qu'une grande partie d'entre elles ont été détruites lors de la reconstruction de l'église, mais aussi que maintes autres sont encore enfouies sous ces constructions neuves, élevées il y a quelque temps, et qui recouvrent la partie orientale de l'église du XIIIe siècle y compris le choeur.

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* *

Nous ignorons les transformations ou reconstructions que subirent les bâtiments du couvent depuis l'époque que nous quittons, c'est à dire la fin du XIIIe siècle, jusqu'à la seconde moitié du XVe siècle. Nous pouvons seulement assurer que lesFrères Prêcheurs enrichirent l'intérieur de leur église vers 1450; deux sculptures qui nous sont parvenues le prouvent.

Voici d'abord une Piéta (fig. 7) (17) dont le style est bien celui de cette époque, le XVe siècle, où l'art de la sculpture s'en vint franchement vers une imitation véritable de la nature, voulant la reproduction exacte des proportions, recherchant la souplesse des étoffes et abandonnant les principes passés d'hiératisme grandiose des lignes, d'austère hauteur des figures. On remarque cependant que cette Piéta n'est qu'un essai dans le genre, et que, si les draperies couvrant la Vierge révèlent bien chez leur auteur un tempérament hautement artistique, il n'en est pas de même de la figure du Christ dont les défauts de proportion et la lourdeur endommagent l'allure. Les extrémités sont fortes; la tête, d'un type assez ordinaire, trop importante, est recouverte d'une pesante couronne d'épines fort disgracieuse. La Vierge, d'un meilleur travail, est vêtue d'un ample manteau, la tête et la gorge complètement couvertes; la pose est aisée, naturelle, un peu raide peut-être; les mains sont fines et bien modelées. Les plis du vêtement sont surtout remarquables.

La seconde pièce est un Christ en croix provenant vraisemblablement d'un calvaire qui orna sans doute une trabès posée à l'entrée du choeur de l'église, sous l'arc triomphal. Ce crucifix (fig. 8) (18) mérite de retenir l'attention; il est sûrement l'un des plus beaux spécimens qui nous restent.

La figure du Christ montre, il est vrai, encore les défauts signalés dans l'autre groupe: quelque lourdeur, les membres inférieurs trop courts. Mais ces imperfections disparaissent complètement devant la grandeur, l'harmonie de l'ensemble. La croix, très riche, est une oeuvre de sculpture de tout premier ordre. Les quatres bras, ornés de délicats fenestrages soigneusement composés, sont terminés par les symboles évangélistiques posés dans un ordre différent de ceux que nous avons déjà rencontrés ici, dans des quadrilobes :

Aigle

Ange Lion

Boeuf.

L'ange et le lion ont aujourd'hui disparu. De belles fleurs de lis, magistralement galbées, surmontent chacun de ces médaillons. Elles sont à double face et feraient donc bien admettre que ce Christ a été visible des deux côtés, suspendu à la voûte. Nous avons cherché en vain sous l'épaisse couche de couleur qui recouvre cette oeuvre admirable et l'endommage considérablement, des traces de la peinture ancienne qui, sans aucun doute, a dû exister.

Ces calvaires à l'entrée des choeurs d'église, dont le Christ, suspendu à l'arc triomphal, était accompagné presque toujours de la Vierge et de saint Jean posés sur une trabès plus ou moins ornée (19), ne nous ont guère été conservés dans leur ensemble; mais il nous reste encore un certain nombre plus ou moins complets. C'est de semblables monuments que proviennent, par exemple, la Vierge et saint Jean de Lowaige près de Tongres (XIIIe siècle), le Christ et la Vierge de la Gleize, près de Spa, le Christ de Saint-Christophe, à Liège (XIIIe siècle), le Christ de Saint-Gilles, à Liège (XIVe siècle), le Christ de la Cathédrale, le Christ de Seraing (?) (XVIe siècle), au Musée diocésain, la Vierge et saint Jean, de Saint-Jean l'Evangéliste à Liège (XIIIe siècle), et d'autres encore. Mais, si certaines de ces figures, telles celles de l'église de Saint-Jean sont des oeuvres vraiment remarquables, aucune cependant ne pourrait rivaliser avec le Christ des Dominicains sous le rapport de la majesté, de l'allure grandiose.

Ce Christ est encore aujourd'hui à Liège; lors de la démolition des derniers vestiges du couvent, il a failli quitter la ville et peut-être le pays.

C'eût été là une perte énorme pou notre art. Le propriétaire actuel, conscient de ses devoirs, ne voudra pas sans doute que nous soyons dépossédés d'une oeuvre bien à nous, et qui n'a toute sa valeur que là où elle est née, là où des artistes, descendants de son auteur peut-être, pourront l'admirer et s'en inspirer encore.

*
* *

Le XVe siècle se termina à Liège par une désastre sans précédent, on le sait.

Le dimanche 30 octobre 1468, Charles le Téméraire et Louis XI entrèrent dans la ville et vinrent la mettre à feu et à sang. En quelques jours, l'oeuvre des siècles écoulés était anéantie. Les maisons n'étaient plus que des ruines informes, noires et fumantes recouvrant quelques cadavres pantelants; la Meuse chariait des corps en masse, précipités des ponts. Liège avait presque disparu. Au milieu de cette dévastation s'élevaient encore quelques églises, quelques couvents et parmi elles la Cathédrale de Saint-Lambert, dont la flèche dorée brillait quand même. Protégé par sa situation, le quartier de l'Isle fut plus heureux et avec lui le couvent des Dominicains survécut à la catastrophe.

Le duc de Bourgogne, quittant Liège et abandonnant son oeuvre, y laissa un lieutenant Gui de Brimen, sire de Humbercourt, qui se logea d'abord à la Violette en partie conservée sans doute ou peut-être hâtivement réparée. Mais s'y sentant très peu en sûreté, le sire de Humbercourt préféra se retirer dans ce quartier de l'Isle déjà préservé par la nature. Cédé par Louis de Bourbon à Charles le Téméraire, le 1er juillet 1469, s'appelant alors l' « Isle le Duc », il lui fut inféodé; Humbercourt le fortifia et bâtit en 1471 une porte surmontée d'une tour en bois, sur le pont d'Isle (20). Il habita la maison d'un patricien, Cloes d'Amagne, situé au Pont d'Isle, et redoutant probablement de traverser la rue, il fit construire un pont de bois qui relia le jardin de cette maison à l'église des Frères Prêcheurs où il alla tous les jours entendre la messe (21).

Quelque dix ans se passèrent. Puis, soudain, parvint à Liège la nouvelle de la terrible mort de Charles le Téméraire, tombé devant Nancy, le dimanche 5 janvier 1477. C'était la délivrance, la disparition de celui qui avait ruiné nos contrées, qui les avait plongées dans la plus noire misère.

La cité de Saint-Lambert, ressucitant véritablement, se releva. Une fièvre de construction s'empara des derniers habitants. A la hâte d'abord, puis plus posément, des maisons furent bâties. L'élan donné en ce domaine, n'eut point d'arrêt, secondé qu'il fut peu après par un prince artiste, qui vint à son heure : Erard de la Marck (1505-1538).

Les Frères Prêcheurs, au début de ce règne, entrant dans le vaste mouvement architectonique, si l'on peut dire, qui animait nos pères, bâtirent chez eux une annexe qui est parvenue jusqu'à nous et a été démolie en 1912. — On pourrait supposer que celle-ci a dû remplacer un bâtiment endommagé par le sac, vu sa situation vers la rue donnant au Pont d'Isle. - C'est ce que l'on appelait la « brasserie ».

Fut-elle élevée comme brasserie ? Nous ne saurions l'assurer. Comme on le verra dans la description qui va suivre, rien de ce qui était encore en place n'aurait pu justifier cette destination. Cependant, un manuscrit de 1580 mentionne une « maison en le pont d'Ile, vis-à-vis la brassine des Frères Prêcheurs » (22).

Nous donnons (fig. 9, en I), le plan du rez-de-chaussée de ce bâtiment qui occupait l'extrême pointe sud-est du couvent.

Le terrain, borné en A par le Pont d'Ile et en B par la descente au rivage, força l'architecte à adopter un plan difforme.

Le rez-de-chaussée comprend une vaste salle voûtée, divisée en deux nefs dans le sens de la longueur par une épine centrale de trois colonnes donnant en largeur quatre travées inégales. Les deux premières vers l'ouest sont relativement régulières. Les arcs formerets retombent sur des pilastres le long des murs et les arcs doubleaux, d'une part, sur les colonnes et d'autre part sur les pilastres, sans aucun soulagement pour ceux-ci, par des contreforts extérieurs qui eussent pourtant été nécessaires, car la pression des voûtes avait, à la suite des temps, déformé les murs. La troisième et la quatrième travée sont les plus difformes. L'architecte s'obstinant à laisser les colonnes en ligne droite et non suivant l'axe de la construction, fit des arcs inégaux reposant sur une même colonne qui déversa vers le plus petit arc. Cette colonne était dans cet état lors de la démolition. Dans cette dernière travée se trouve une disposition spéciale de voûte, en C, qui fait penser à l'existence d'une cheminée à cet endroit; aucune trace cependant n'en restait dans les étages supérieurs.

La fig. 10 reproduit l'intérieur de cette salle. Tous les arcs et remplissages sont de briques. Les nervures, épaisses, puissantes, sont simplement posées sous les remplissages sans pénétration dans ceux-ci, qui à certains endroits étaient appareillés en coupole en quelque sorte, c'est à dire avec les lits horizontaux. Il était assez visible que c'était ce parti que l'on aurait voulu employer partout, mais le peu de soin apporté à cette partie de la construction fit qu'il ne fut pas respecté.

La fig. 11 donne le détail d'une colonne. Le fût en calcaire est divisé en trois tambours. C'est là un type simple, mais plein de goût et surtout parfaitement situé dans un bâtiment utilitaire: aucun ornement, rien qu'un fut cylindrique sur une base carrée, surmontée d'un chapiteau carré, tous deux ramenés au cercle par un octogone et dont les angles, parties inutiles et gênantes, étaient de la sorte enlevés.

Il y a encore là, un bel exemple de plus du sens si juste de nos architectes de cette époque, de leur goût et de leur habileté à rendre intéressants des morceaux même simplement utiles d'une construction et à les adapter, bien exactement, à leur place.

La fig. 9, en II, donne le plan de l'étage, comprenant une grande salle, sans disposition spéciale, à plafond simplement composé de solives reposant sur des poutres d'assez fortes dimensions, soulagées par des corbeaux, et éclairée, vers le nord, c'est à dire vers la cour, par cinq fenêtres auxquelles il est bon de s'arrêter. En voici, fig. 12, le détail. Elle sont en réalité de deux genres: celui à quatre lumières, à croisillon de pierre, surmonté de l'accolade, avec le profil ordinaire et caractéristique d'encadrement; l'autre, plus petit à une seule lumière plus large, en plein cintre, avec le même profil. Ce sont-là – avec celui que nous décrivons dans les pignons - de beaux types de fenêtres de notre architecture gothique du XVIe siècle. On en rencontre d'autres du même genre, soit avec deux ou six lumières, en plusieurs endroits de Liège. A part quelques variantes d'ornementation du linteau, le type à plusieurs lumières est le seul employé dans l'architecture civile, ou plus exactement bourgeoise, du premier quart du XVIe siècle. La petite fenêtre en plein cintre est beaucoup moins commune; on peut en juger par les rares morceaux de cette époque que nous conservons encore. Ce n'est sans doute que la nécessité de réserver des baies suffisamment larges pour l'introduction d'objets d'assez fortes dimensions qui en fait admettre l'emploi ici.

Le plan du deuxième étage est donné en III, fig. 9; on y voit une belle charpente et deux petites fenêtres dans les pignons, dont la fig. 13 rend le détail.

La fig. 16 donne l'ensemble de trois fermes de la charpente. Il nous semble indispensable de décrire une des ces fermes.

Chaque ferme repose tout entière sur une poutre A (0m47 x 0m36) du plafond du premier étage, qui joue le rôle d'entrait véritable. Les jambes courbées B (0m22 x 0m22) - pour les fermes de la partie large vers l'ouest seulement, la courbure disparaissant dans la partie plus étroite vers l'est – portent un premier entrait retroussé C (0m18 x 0m26) sur les extrémités duquel viennent s'appuyer les arbalétriers D (0m18 x 0m24); ceux-ci soutiennent un second entrait retroussé E, dans lequel viennent s'assembler deux derniers tronçons des arbalétriers F et le poinçon G qui est très court. Les arbalétriers portent deux cours de pannes H et I (0m18 x 0m18), soulagées chacune par deux liens J et K. Dans les jambes s'assemblent des esseliers L (0m17 x 0m18), soutenant le premier entrait retroussé. Le tronçon d'arbalétrier D est soulagé avec une jambette M reposant sur cet entrait; dans cette pièce D s'assemble à son tour un esselier N arrêtant le fléchissement du deuxième entrait E. Les poinçons G sont reliés entre eux par la verne faitière O et par des entretoises P. Entre ces pièces O et P, se placent des croix de Saint-André, Q, soulageant le faîtage. On voit tout de suite la grande simplicité de ce système de ferme, et tout aussi vite sa logique, sa vérité. On sent bien l'attachement étroit, indissoluble qui unit tous les membres (23).

Ce qu'il faut surtout remarquer dans cet exemple, ce qui en constitue en somme les caractères distinctifs, c'est d'abord l'absence à peu près complète de la pièce centrale, verticale, le poinçon, dont un petit bout existe seul au faîte; c'est ensuite la façon savante et originale de consolider la verne faîtière, à l'aide d'entretoises et de croix de Saint-André, formant ensemble un membre extraordinairement puissant et rigide à la partie supérieure de l'ouvrage, la courbure (24) ou plus exactement la cassure des jambes B, caractéristique de nombreuses charpentes de cette époque chez nous, permettant de reporter, à peu près verticalement sur les murs, la pression oblique des arbalétriers et enfin le niveau d'assise des entraits à un mètre du sommet des murs dégageant ceux-ci, à leur partie haute, de la grande partie du poids de la charpente.

Ces quelques remarques suffisent à montrer la science avec laquelle cette charpente a été composée et surtout exécutée. Elle appartient d'ailleurs à une époque où ce métier si complexe, si ardu du charpentier était admirablement connu. Nous avons déjà eu l'occasion de le dire ici (25): la charpenterie de tous les édifices grands et petits, élevés à Liège entre 1500 et 1625 environ, est vraiment remarquable et presque toutes ces constructions contiennent des exemples extrêmement intéressants à étudier, révélant une puissance de conception véritablement extraordinaire de la part de leurs auteurs qui maniaient ces principes si épineux de la résistance de la charpente et de ses points d'appui avec une prodigieuse aisance, réalisant des oeuvres qui ont bravé les effets des temps et sont arrivées à nous absolument intactes.

Aucune trace d'escalier intérieur n'existait nulle part dans cette « brasserie ». A notre sens, il faut admettre que l'accès ancien aux étages se faisait par le dehors et peut-être par une tourelle. Comme preuve de ceci, nous signalons l'existence d'une porte en D au premier étage (en II, fig. 9) et une autre en E dans la rive nord du deuxième étage (en III, fig. 9). Il est à supposer qu'une porte existait aussi en cet endroit au rez-de-chaussée.

Rue du Pont d’Ile, s'élevait, du côté sud donc, une façade sans grand caractère (fig. 15): rez-de-chaussée de calcaire, étages en briques avec chaînages de pierres de sable aux angles. Une porte en plein cintre donne accès au rez-de-chaussée. Au dessus de cette porte, s'appuyant sur un petit cordon à profil caractéristique, se trouve une niche en anse de panier avec un beau profil finement découpé du XVIe siècle, dont les pieds-droits sont peints en rouge. Le petit cordon, signalé déjà, court sur toute la façade. Quelques ancrages d'un dessin vulgaire sont parsemés sur cette façade, dont la corniche se compose de cinq assises de briques posées alternativement de face et sur angles; de nombreux et beaux exemples existent encore chez nous de ces corniches, qui par leurs multiples lumières et ombres produisent le meilleur effet. Aux deux extrémités de la corniche, deux oreilles en pierres de sable taillées en son imitation, viennent recevoir les rampants en briques des deux pignons, rampants dépassant la toiture en façon de « coupe-feu ». Les pierres formant rez-de-chaussée montrent une taille spéciale: un heppelage central avec une bordure ciselée, taille souvent employée chez nous à la fin de l'époque gothique (26).

Vers la cour, du côté nord, s'élève une façade beaucoup plus intéressante (fig. 16).

Le rez-de-ehaussée est partiellement bâti à l'aide de moellons de calcaire. On y remarque la même porte que celle de la façade sud, puis deux fenêtres déjà décrites, éclairant le rez-de-chaussée, avec leurs encadrements de calcaire non moulurés, grillées dans leurs lumières inférieures. Tout le reste de la façade est de briques. Le premier étage contient cinq fenêtres, dont les détails sont donnés ci-dessus, ayant à hauteur du seuil le même cordon qu'à la façade à rue, avec le profil connu. La corniche est la même que son pendant. Quelques ancrages se remarquent encore de-ci, de-là.

Du côté ouest, se trouve un pignon (fig. 17) présentant les mêmes caractères que les deux autres façades.

Voici enfin (fig. 18) les coupes longitudinale et transversale de cette annexe du couvent qui permettront de se rendre compte de l'allure de chacun des étages et spécialement des belles proportions des arcs du rez-de-chaussée (27).

Lors de la démolition, il restait encore au premier étage un fragment de menuiserie datant aussi du premier quart du XVIe siècle: trois beaux panneaux de parchemin orné, dont l'exécution est très fine et très soignée (fig. 21) (28).

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C'est assez peu ici la place d'une étude de l'état de l'architecture à Liège au début du XVIe siècle et spécialement à partir de 1505. Ouvrons cependant une parenthèse: l'étude de l'édifice ci-dessus décrit le demande. Nous pourrons montrer par là qu'il était véritablement un reste précieux et que même dans sa simplicité, avec son allure seulement utilitaire et outre des formes caractéristiques, il possédait tous les signes distinctifs des productions architecturales de cette époque (29).

Ce premier quart du XVIe siècle fut pour la cité liégeoise un vrai moment de renouveau artistique. Après les sanglantes convulsions du XVe siècle, les guerres, les luttes incessantes avaient comme paralysé les artistes liégeois, leur avaient enlevé tout le temps de produire; après le sac de 1468 qui endommagea à peu près toute la ville, brûlant des maisons accolées aux églises et au palais qui naturellement ne purent rester insensibles à l'épreuve, démantelant des remparts qu'il fallait relever, il restait à Liège un merveilleux champ qui n'attendait qu'un semeur: Erard de la Marck fut celui-ci.

Pendant son règne calme surgirent non seulement dans sa capitale, mais sur tout le territoire de la principauté, une foule d'édifices qui aujourd'hui encore sont de vrais objets d'art dont l’étude, féconde et productive toujours, est spécialement attrayante.

Tous, de la même manière nette, révèlent la prodigieuse puissance de conception, de création des architectes, l'étonnante imagination des sculpteurs, en un mot montrent un « style » neuf, à productions originales, oeuvres d'artistes vraiment personnels; mais tous, aussi, portent bien la marque, même dans leurs moindres détails, de la période de décadence, de fin en quelque sorte de cet art gothique auquel tous cependant appartiennent encore au moins par leurs formes. Et cette décadence apparaît spécialement marquée dans leur construction, et plus spécialement encore dans celle des grands monuments. A côté de la majesté d'ensemble de l'église Saint-Jacques, du choeur de Saint-Martin, de l'élégance du Palais, il est véritablement étonnant de voir la façon réellement pitoyable dont ils furent bâtis.

Et vraiment, on peut dire de notre architecture du début du XVIe siècle, qu'elle est l'oeuvre d'une part d'artistes incomparables, d'autre part de bien pauvres constructeurs.

Il est, par exemple, curieux de constater combien la hardiesse vraiment remarquable de composition de la grande nef et du choeur de Saint-Jacques, contraste avec l'incorrection de leur exécution. Les voûtes si originales, mais mal bâties – on peut d'ailleurs en dire autant de celles du choeur de Saint-Martin - sont composées d'une multitude de bouts de nervures dont les pressions s'éparpillent un peu en tous sens, retombant sur des murs peu épais qui se sont déversés, non soulagés qu'ils étaient par des contreforts suffisants ou des arcs boutants. Voyez les galeries du Palais dont les arcs et les voûtes fortement surbaissés, se sont écroulés plusieurs fois déjà et ne se maintiennent que grâce à des tirants de fer. Les tours du Palais, élégantes et fines, compléments indispensables du monument, se sont effondrées - une déjà en 1538 - à cause de leur maçonnerie défectueuse dont il reste encore de grands morceaux sur l’angle Nord-Est de la grande cour. Le portail des cloîtres de Saint-Paul - on l’a bien vu lors de sa restauration - avait été bâti à l'aide de pierres informes, sans queues, qui ont dû fortement compromettre la construction elle-même.

La « brasserie » des Dominicains, édifice conçu, comme tous ceux dont il vient d'être question, par un architecte qui fut un véritable artiste, a été non moins mal bâtie. Nous pensons avoir montré suffisamment par nos dessins, la finesse des moindres détails, l'adaption exacte, à leurs places, des diverses et des plus petites parties; nous avons aussi relevé avec quel constant souci artistique, l'artiste a veillé sur l'éclosion des divers membres, soit fenêtres, soit colonnes, soit corniches, soit profils. Et déjà aussi nous avons signalé des vices constructifs, le plan, les arcs inégaux retombant sur une même colonne, des voûtes mal soignées, des murs peu épais recevant ces voûtes et non munis de contreforts. Négligences graves et à effets néfastes, comme on pouvait le voir.

Un seul métier, au XVIe siècle, se rapportant à l'art de bâtir, atteignit, chez nous, véritablement l'apogée de sa puissance scientifique: ce fut celui des charpentiers. Tous les édifices élevés à cette époque à Liège et dans toute la principauté montrent des charpentes dont les auteurs furent exceptionnels; tels le Palais, les églises Saint-Jacques et Saint-Martin; toutes les maisons de cette époque qui nous restent et en particulier celles de bois, puis un peu plus tard, la Maison Porquin, la Maison Curtius, etc., ont révélé des charpentes admirables non seulement comme facture - d'un fini irréprochable - mais surtout comme composition (30).

La fig. 14 ci-avant, donnant en détail la charpente de la brasserie des Frères Prêcheurs, suffît pour montrer, nous le pensons du moins, que c'est bien là un bel et savant ouvrage à ajouter à tous ceux qui font la gloire de nos anciens « cheptis ».

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Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, en 1674, la vieille église Sainte-Catherine des Frères Prêcheurs, sur « l'avis des experts » (31) fut déclarée considérablement endommagée et les religieux furent obligés de la démolir. C'est, à cette époque, que l'on suspendit, sans doute, à la façade vers la cour de la vieille brasserie, le beau crucifix dont il a été question ci-dessus et qui fut déclaré probablement alors hors de place.

Les Dominicains firent dresser les plans du nouvel édifice par un peintre, célèbre alors, Bertholet Flémalle (32), qui, imitant en cela son illustre prédécesseur Lombard, faisait aussi, à ses heures, de l'architecture. Il s'était bâti en 1663, une maison, au rivage Saint-Remy, dont la façade « à l'Italienne, fort galante » (33) était ornée de colonnes dans le style antique et de peintures murales qui se dégradèrent très vite (34). Cette même année 1663, Bertholet peignit pour les Dominicains, en collaboration avec son élève Carlier, un grand tableau représentant

L’Assomption de la Sainte-Vierge. donnée au couvrent par les demoiselles Pereze. Les apôtres, dans cette peinture, représentaient, paraît-il, suivant une habitude de Bertholet - qui en fournit d'autres exemples entre autres aux Capucins de Sainte-Marguerite et aux Conceptionnistes d'Outre-Meuse – des hommes célèbres ou connus de son époque. On y voyait: Carlier, son aide, le chanoine Carmanne, Louis de Louvrex, Jean Detrixhe et l'auteur lui-même.

Bertholet projeta pour l’église des Prêcheurs, un vaste édifice circulaire, riche, luxueux et fort coûteux. Il en fit exécuter un modèle en bois de sept pieds de hauteur (35).

Le 10 juin 1674, on posa les premières pierres du choeur du nouveau temple. La première fut posée par le prince-évêque comme l'atteste la pierre elle-même, qui existe encore et qui porte l'inscription suivante (36):

MAX . HENRIC' . D . G.

ARCHIEP ' . COLON . S . R . I .

PRINCEPS LEODI . HILDE .

ETC . V . B . D . IIUXC PRIMVM

PONEBAT LAPIDEM A° 1674.

Nous ignorons par qui fut posée la seconde pierre. Cependant, Th. Gobert dans Les Rues de Liège, cite un passage du manuscrit de Gossuart: « M. le chancelier de Liverloo, tant au nom de son altesse qu'en son propre nom, y mist la première pierre, les bourgmestres, la deuxième, et le P. Hervia, la troisième, en considération de ce que son père a contribué quelque somme pour l'édification de la dite église » (37).

La première pierre fut, comme le prouve l'inscription ci-dessus, posée par l'évêque Maximilien Henri de Bavière. Le nom du chancelier n'y figure pas. Posa-t-il la seconde?

Les deux bourgmestres Jean-Philippe Fabri et Conrard de la Haxhe, posèrent la troisième - et non la seconde - qui nous est aussi conservée (38) et qui porte:

D . JOES PHILIP' . FABRI

IVRIS ' ET . D . CONRARDVS

DE LA HAXHE CIVIT .

LEOD . CONSULES

3VM PONEBANT LA

PIDEM A° 1674.

Enfin le père Hervia scella la quatrième - et non la troisième - qui a aussi été retrouvée (39) avec son inscription :

D . GVILHELMVS DE

HERVE CANONICVS

CAMERACENCIS 4VM

PONEBAT LAPIDEM

A° 1674

»,.

Il est curieux de rapprocher ce Guillaume de Hervé, chanoine de Cambrai, de Gui, évêque de la même ville qui, en 1242, vint consacrer la primitive église.

Bertholet Flémalle mourut le 10 juillet 1675, alors que seul le choeur du vaste sanctuaire, son oeuvre, était élevé. On l'enterra, selon son désir, aux Dominicains, où reposait déjà son maître, Douffet. On connaît son épitaphe (40) :

ERGO SUB OBSCURO REVOLUTUS MARMORE DEGIS

BERTHOLETTE: TUAE QUI LATITARE DOMI

CORRUET HUC NISI QUIS SAPIENS ORBATA MAGISTRO

TECTA COLAT, NULLUS REDDET ADEMPTA VIGIL

QUID CORRUTA LICET, FUNDO SEPULTA RUINIS.

OBSTET, UT INGENIII STENT MONUMENTA TUI

FAMA SUIS PROPENSA MORTALIBUS ILLA

NOMEN HIC AETERNO SCULPTIT IN ARE TUUM.

La construction de l’église proprement dite ne put guère être commencée qu'en 1700 sous la direction d'un frère du nom de Columbar qui fit pour le dôme, une charpente qu'on disait un « ouvrage admirable » (41). Lentement, péniblement, la construction avançait. Saumery écrit dans les Délices du Pays de Liège, vers 1738, à propos du portail que « les conjectures des temps n'avaient permis que d'en jeter les fondements », et il ajoute: « Le dôme est vaste et très éclairé. L'architecture de toutes les parties de cet édifice est très exacte. Il est pavé de marbre et on y admire en divers endroits plusieurs morceaux travaillés avec délicatesse. Toutes les fenêtres ornées de beaux pilastres forment un agréable coup-d'oeil et la riche propreté de ses autels satisfait pleinement le goût des spectateurs. Il n'est pas moins riant au dehors qu'au dedans. C'est un des monuments publics qui contribuent le plus à l'embellissement de la ville » (42).

Nous ne possédons aujourd'hui que quelques reproductions plus ou moins justes de ce dôme, mais cependant, on peut dire que, malgré sa forme spéciale, il ne devait pas être un monument bien gracieux. Très lourd d'aspect, moins bien composé que celui plus récent de l'église de Saint-André, ce devait être une production bien caractéristique de l'art, du styledécadent de cette fin du XVIIe siècle. Le reste du couvent fut-il recontruit ou agrandi ou restauré? Les documents font défaut à cet égard. Saumery dit que les bâtiments sont « très vieux mais vastes et commodes ». Cependant, aussi frustes et incorrectes que soient les deux gravures que nous reproduisons ci-après, fig. 27 et 28, on peut cependant dire que tous les bâtiments qui y sont visibles ne paraisseut plus dater de la construction primitive.

La brasserie fut conservée après la reconstruction de l'église, dont elle était très voisine. Mais elle fut cédée à la famille Dejardin, dès avant 1752 (43).

En 1718, on éleva, proche de son pignon Est, une fontaine alimentée par les eaux de la galerie Roland. Cette fontaine, engagée dans la muraille (fig. 20), se composait d'une vasque cannelée en forme de coquiIle surmontée d'un perron posé sur trois lions avec la pomme de pin et la croix (44). C'était un intéressant et gracieux exemple de ces nombreuses fontaines adossées, qui ornaient jadis nos rues et dont quelques-uns seulement existent encore.

Il est très difficile, et très hardi, vu l'absence complète aujourd'hui de constructions, points de repère, etc., de restituer, en plan, le couvent des Prêcheurs.

Voici, fig. 21, l'allure qu'il devait avoir vers 1780 (45). En A est le dôme, en B le choeur élevé par Bertholet Flémalle, en C l'entrée, le portail vers la rue des Dominicains F. La brasserie, dernier reste vraisemblablement de l'ancienne maison est en D, vers la rue du Pont d'Ile E. Le cloître est en G au nord de l'église, les dépendances en H. Le couvent est borné au nord par une ruelle I — sensiblement à l'emplacement de l'actuelle rue Hamal - qui donne accès au rivage près du passage d'eau de la Sauvenière, dont la maisonnette du passeur est en J -; à l'est par un bras de Meuse passant sous le pont d'Ile invisible; au sud, par la rue du pont d'Ile, à l'ouest par celle des Dominicains. En K sont lestrois dernières arches du Pont d'Ile, en L, la place aux Chevaux et en M, l'île des Prêcheurs.

La vue (fig. 22) (46) donne un panorama du couvent vers 1730, cinquante ans avant l'époque où fut dressé leplan précédent. Quelques changements insignifiants dans les abords se remarquent seuls: le couvent est resté le même et ne devait d'ailleurs plus subir de transformations avant sa destruction. On y retrouve toutes les parties indiquées dans la description du plan. Il est cependant utile de remarquer l'importance considérable du dôme, église bizarre, cylindrique et nue. Elle n'était pas admirée par tous et très probablement avec raison.

(46 Cette vue a été dessinée à l'aide duprécieux panorama de Liège, en relief, exposé à la salle Wittert, à l'Université, dont l'auteur M. G. Ruhl, que nous remercions ici, à bien voulu nous laisser copier un fragment, et à l'aide de quelques vues qui sont restées du célèbre couvent.

Le doyen Delvaux de la Colléoiale de Saint-Pierre, à la fin du XVIIIe siècle disait: « L'architecture de l'édifice n'est point aussi exacte que l'expose le flatteur auteur des Délices du Pays de Liège, car ses piliers portent à faux » (46). Du mobilier qui le garnissait, il ne nous reste rien, sauf " deux bustes reliquaires, en bois argenté, impossibles à identifier. Ce sont des œuvres secondaires, mais dont l'allure tranquille, la physionomie sereine et certaine délicatesse dans la chevelure et les plis du vêtement méritent seules d'êtres signalées (47).

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Un peu plus d’un demi siècle après l'époque que nous quittons, les Dominicains virent arriver la tourmente révolutionnaire. Dès avant la première occupation française du 28 octobre 1792, le procureur du couvent, le père Saint-Trond, prit le chemin de Leipzig avec ce que la maison contenait de plus précieux et notamment avec les reliquaires de la Passion et la couronne de saint Louis (48). Ces objets furent mis, là, en gage, au prix de 200 louis (49). Ils n'en revinrent jamais. La lettre, le calice et le manteau de saint Louis n'accompagnèrent sans doute pas les reliquaires. On ignore encore aujourd'hui ce qu'ils sont devenus. Cependant les Frères Prêcheurs essayèrent encore de faire passer une partie de leurs biens - les pièces dont il vient d'être question peut-être - à l'étranger. Mais deux caisses furent découvertes par le procureur de la commune de Liège, Bassenge l'Aîné, près de Chèvremont. Voici la lettre annonçant la trouvaille à l'administration de Liège (50):

« 26 Messidor, an IV (14 juillet 1796).

n° 592.

Au Commissaire près l’administration comnunale de Liège.

Les Dominicains de Liège, citoyen collègue, avaient sauvé près Chèvremont, deux caisses contenant des effets à eux. Par hasard, j'ai découvert cette cache et à ma requête le Commissaire près le canton de Fléron s'est transporte au lieu indiqué et a déniché la couvée. Les Dominicains ont alors déclaré eux-mêmes que ces caisses contenaient des effets cachés là par ordre de quelques-uns d'entre eux. Sans doute, les cachants ne se justifieront pas d'avoir gardé le silence jusqu'à ce que notre découverte leur ait délié la langue. Quoi qu'il en soit, voilà les caisses arrivées, les Dominicains m'en préviennent et ils voudraient avoir quelqu'un qui fut présent à leur ouverture. Veuiller donc requérir l'Administration municipale de députer quelqu'un, cette besogne étant une conséquence du répertoire déjà l'ait par elle.

Salut fraternel,

Bassenge, aîné. »

Cette année 1796, le couvent fut supprimé et les Frères Prêcheurs ayant à leur tête le dernier prieur le P. V. Pirard, furent dispersés. Le maître autel fut dépouillé de son tableau de Bertholet dont un journal de l'époque le « Troubadour liégeois «, du 5 frimaire an V (25 novembre 1796), relate la misérable fin:

« Beaux-arts. A Liège, le chef-d'oeuvre de notre célèbre compatriote Bertholet, le tableau du maître autel des Dominicains, de 24 à 25 pieds de hauteur a été découpé par les conducteurs des chariots, pour raccommoder les couvertures d'un fourgon.

« Ce chef-d'oeuvre de composition et de coloris, l’Assomption de la Sainte-Vierge, avait été mis de côté, d'après les principes révolutio-vandalistes, dans une écurie du palais épiscopal par qui? je l'ignore! par un honnête citoyen bienveillant p? sans doute (51). »

Le 5 floréal an V, furent mis en vente « les meubles, effets, boiseries, autels, etc. » (52). Le 6 frimaire an VI « la croix de dessus le dôme et celle de dessus la flèche » (quelle flèche ?) disparurent (53).

La fig. 27 donne une vue du couvent en 1812 (54), d'après un dessin de J. Dreppe pris de la place aux chevaux. On voit le dôme encore entier avec le choeur et les vieux bâtiments du couvent. Derrière, on remarque, vers la gauche, la flèche de Saint-Paul, récemment élevée et à droite, l’église de Saint-Jean avec le quai Micoud.

Depuis 1808, sur l'ordre de Napoléon 1er, l'église des ci-devant Dominicains, après avoir servi de magasin de fourrage pour l'armée, avait été mise à « la disposition du ministre de la guerre, pour compléter l'établissement d'artillerie formé dans le dit couvent qui restera définitivement affecté à ce service » (55).

Le 10 août 1816. le roi des Pays-Bas, d'accord avec la Commission municipale de Liège, arrêta que « le bâtiment des Dominicains serait cédé à l'effet d'établir un nouveau débouché et de construire une salle de spectacle » sur l'emplacement des jardins du couvent (56). Une société par actions fut bientôt instituée et le 26 février 1817, la Ville lui remit le vieux et célèbre couvent qui fut livré à l'entrepreneur de la construction du théâtre pour la somme de 30.000 francs. Le plan (fig. 21) donne en pointillé, en a, l'emplacement chi théâtre. Il ne devait pas, comme on peut le voir, se trouver sur l'emplacement de l'église, mais l'état de celle-ci était si lamentable qu'il fallut la démolir.

La fig. 24. D’après un dessin fait en 1817, est le dernier souvenir qu'il nous en reste. On peut voir là que ce dôme est très endommagé, le choeur partiellement écroulé. La démolition commença au mois d'août 1817. Toute l'ancienne maison disparut alors, sauf la brasserie - appartenant toujours à la famille Dejardin, - qui survécut jusqu'en 1912 et que l'on fut incapable, malgré toute sa valeur, de conserver.

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Que devinrent pendant ce temps, les reliquaires et la couronne à Leipzig?

Après la dispersion des moines, ils eurent comme gardien le père Mossart; lorsqu'il jugea la situation absolument désespérée et se rendit compte de ce que la reconstitution de son couvent était devenue impossible, celui-ci les vendit, vers 1803 ou 1804, à la princesse Caroline de Saxe (57). Cette dernière, vraisemblablement, demanda qu'une enquête sur l'authenticité de ces reliques fût faite. Monseigneur Casimir, baron de Stockheim, évêque de Canope et jadis suffragant de Liège, s'en chargea et, sur sa demande, deux anciens prieurs de la maison de Liège, les Pères Davenne et Leduc écrivirent, en date du 20 mars 1804 que « les reliques avaient toujours été regardées connue authentiques et exposées publiquement à la vénération des fidèles » (58).

Puis on ne parla plus des célèbres pièces d'orfèvrerie jusqu'en 1875. A cette époque, on voulut faire à Dresde une exposition rétrospective d'arts industriels. Au cours des recherches faites pour rassembler les oeuvres dignes d'y figurer, les reliquaires furent « découverts » dans la sacristie de la chapelle du palais de Brühl. M. J. HELBIG, dans l'ouvrage cité souvent ci-dessus, les révéla, les identifia, les décrivit en détail, faisant ressortir toute leur valeur artistique.

De toutes les richesses, du vaste et ancien couvent des Frères Prêcheurs de Liège, c'est aujourd'hui ce qu'il reste de plus précieux.


(1) Pour l'installation des Prêcheurs à Liège, voyez notamment: Th. GOBERT, Les rues de Liège, tome I, article: rue des Dominicains, pp. 413-418 et J. Helbig, Les Reliques et reliquaires donnés par saint Louis, roi de France, au couvent des Dominicains de Liège, page 20.

D'autre part, M. Yernaux, attaché aux Archives de l'Etat à Liège et qui a terminé l'analyse de toutes les chartes des Dominicains, prépare en ce moment une monographie complète du couvent.

(2) Nous avons fait figurer dans cette vue, la brasserie, bien qu'aucun plan consulté ne la montre; mais il est certain, vu les détails de sa construction, qu'en 1650 elle était bâtie et cela depuis plus d'un siècle.

(3) Les constructions neuves qui occupent aujourd'hui l'emplacement de la brasserie et de la cour, n'ayant nécessité aucune fondation importante, aucune fouille n'a été pratiquée et rien n'a pu faire venir au jour des restes qui certainement doivent encore être là.

(4) Voyez à ce sujet, Renne de l'art chrétien, 1899 : Les reliques de Constantinople: la sainte couronne d'épines, par F. DE MÉLY, pp. 92 et suiv. et J. HELBIG, op cit., pp. 9 et suiv.

(5) Voyez B. FiSEN, Historiarum Ecclesiae Leodiensis, parte secunda, libro I, n° XLIII, p. 17.

(6) Voyage littéraire de deux Bénédictins, t. II, p. 182.

(7) Voyez J. HELBIG, op. cit., p. 16.

(8) Ces reliquaires sont aujourd'hui à Dresde où ils ont été retrouvés en 1875, comme il sera dit plus loin.

(9) Cette description des reliquaires est faite à l'aide de celle de M. J. Helbig.

(10) Elle est reproduite avec ce camée la pl. XXVI du 2e volume des Monuments de la monarchie française par le P. de Montfaucon, 1730.

(11) VlOLLET-LE-DUC, Dictionnaire du mobilier français, t. III, pp. 314 et 315.

(12) Voyez Th. Gobert, Les rues de Liège, s. v. « rue des Dominicains », p. 414, en note citant conv. et tostam. reg. 224 aux Archives de l'Etat.

(13) Langius reproduit par Delvaux; man. n° 1017, p. 394, à l'Université de Liège. — Th. Gobert op. cit. p. 414 et suiv.

(14) Chronique archéologique du pays de Liège, année 1907. p. 22.

(15) Ces deux dalles, propriété de l'Institut archéologique liégeois, sont aujourd'hui déposées dans la seconde cour du Palais provincial.

(16) Voyez Chronique archéologique, 1907, p. 23. Ces dalles furent trouvées: la première, le 6 juillet 1877, rue du Pont-d'Ile, n° 46 et la deuxième en décembre 1906, rue de l'Harmonie, n° 7.

(17) Cette statue, propriété de l'Institut archéologique liégeois, est aujourd'hui déposée au Musée diocésain. C'est grâce aux patientes recherches du conservateur actuel du Musée archéologique, M. .T. Servais, dans les papiers de son prédécesseur, feu le Dr Alexandre, que nous avons pu connaître 1) la provenance des fragments de la dalle de Colas de Cerses et sa date d'entrée au Musée; 2) la provenance de cette Piéta et savoir qu'elle fut donnée à l'Institut par M. Dejardin; 3) la provenance des pierres, avec inscriptions datant de la construction du dôme, et qui gisaient dans la seconde cour du Palais; 4) enfin la provenance des deux bustes reliquaires qui seront signalés plus loin. Nous remercions vivement M. Servais des précieux renseignements qu'il a bien voulu nous donner.

(18) Nous donnons (fig. 25) à la fin du présent travail, son état actuel.

(19) Plusieurs de ces trabès existent encore dans le pays, entre autre une à Goé, où l'on voit représenté le Christ et les apôtres, deux fragments au Musée archéologique liégeois, dont un porte les armes d'Erard de la Marck, etc.

(20) E. Fairon, Notes sur la domination bourguignonne dans la principauté de Liège, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. LXII (1912) pp. 2 et 46.

(21) LOYENS, Recueil Héraldique, p. 177; J. HELBIG, Les Reliques et Reliquaires, etc., p. 22.

(22) Th. GOBERT, L'ancienne Brasserie des Dominicains au Pont-d'IIe à Liège, dans Chronique archéologique du pays de Liège, aunée 1912, p. 62.

(23) A la suite des temps, on avait enlevé à cette charpente une bonne partie de tous ces petits soutiens intermédiaires mais si précieux: lien, esseliers, jambettes. Et, sans tarder, aux endroits amputés, l'ouvrage s'était affaissé, ouvert, disloqué.

(24) Que nous avons déjà signalée ici dans Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, 1912, p. 115, où nous en donnons un autre exemple beaucoup plus formel. La charpente des Dominicains montre une autre forme, cassure à proprement parler. D'ailleurs, on pourrait n'y voir qu'une incorrection, courbure mal réussie, mais le résultat semble cependant atteint.

(25) Ibidem, p. 115.

(26) On la retrouve à la ferme de Loncin, à Saint-Laurent, à la maison rue Saint-Laurent, 114, dépendance de l'abbaye, etc.

(27) La description que nous venons de faire de cette brasserie s'applique à un projet de restauration de l'ensemble que donnent nos figures. Nous pensons qu'il n'est guère possible de décrire clairement des ruines défigurées, surtout, et c'est ici le cas, quand ces ruines sont complètes encore, renferment tous les détails utiles et rendent très aisée une reconstitution, une restauration à peu près certaine. Mais pour rendre tout contrôle possible et le conserver aussi, nous présentons ci-après le relevé de l'état à la démolition, fig. 26, 27, 28, 29, 30. Un seul point nous a paru sinon obscur, du moins propre à soulever des objections: les portes. Nous avons trouvé en pIace en 1912 du côté Nord, une brèche servant déporte, et du côté Sud, une large porte en anse de panier datant du XVIIe siècle avec à côté deux fenêtres à quatre lumières de la même époque. Il ne paraissait donc pas y avoir là trace des portes anciennes. Mais dans un mur fermant vers l'Est la première travée vers Ouest, se trouvaient réemployées (fig. 26) deux petites portes en plein cintre dont les pierres portaient la taille caractéristique qui se voyait, comme il est dit ci-dessus, sur les pierres du rez-de-chaussée, façade rue du Pont-d'Ile. On pourrait trouver étranges et mal en place ces petites portes larges à peine d'un mètre, donnant accès à l'intérieur d'une brasserie, où il fallait à tout instant pénétrer avec des objets d'un assez fort volume. Mais, comme nous l'avons déjà fait remarquer ci-dessus, cette annexe, à l'usage d'une brasserie a-t-elle été construite comme « brasserie »? C'est, d'après les restes connus, ce que l'on ne saurait assurer. On a pu très vite la transformer et percer, peut-être au début du XVIIe siècle, la grande porte et les fenêtres.

(28) Cette pièce appartient aujourd'hui à M. Emile Beaujean-Poullet, à Liège, qui nous a très obligeamment autorisé à la reproduire.

(29) Pour ne parler que des monuments encore debout à Liège, les plus beaux et les plus grands datent de ce temps. Les églises Saint-Jacques, Saint-Martin, le portail de Saint-Paul, et surtout le Palais remontent au règne d'Erard de la Mark (1505 i538). Parmi les maisons, on peut placer la construction des plus anciennes, des plus curieuses, des plus précieuses, à peu près à ce temps.

(30) Le choeur de l'église de Visé élevé sous Erard de la Marck – dont les armoiries se voyaient naguère dans les vitraux - renferme encore un exemple de ces charpentes, qui montre notamment, un moyen véritablement remarquable de soulager les chevrons, à l'aide de bouts de contrefiches recevant des esseliers s'assemblant dans ces chevrons, en supprimant dans la mesure du possible, les entraits. Presque toutes ces charpentes se distinguent ainsi par un détail qui, comme celui-ci, trouve la science extraordinaire, la connaissance profonde de la matière qui étaient l'apanage de nos charpentiers d'alors.

(31) Chambre des Finances, reg. 84, p. 59 aux Archives de l'Etat, cf. Th. GOBERT, Les Rues de Liège, art. rue des Dominicains.

(32) V. J. HELBIG. La Peinture un Pays de Liège, ch. XI, p. 262.

(33) Les voyages de Monsieur de Monconys en Angleterre et aux Pays-Bas, Suite de la seconde partie, page 240; J. HELBIG, op. cit., p. 263.

(34) Cette maison fut démolie en 1692. J. HELBIG, op. cit., p. 263.

(35) Ce modèle, conservé dans la bibliothèque du Couvent, brûla plus tard avec elle et les précieux volumes qu'elle contenait. J. HELBIG, Reliques et reliquaires, p. 23 et Th. GOBERT, op. cit. p. 415.

(36) Elle a été retrouvée le 8 juin 1877, rue du Pont-d'IIe, n° 40. Elle est aujourd'hui avec les deux suivantes dans la cour du Palais.

(37) GOSSUART, Manuscrit n° 1152, pp. 148-149. à l'Université de Liège.

(38) Trouvée, avec la précédente le même jour et à la même place. Jean-Philippe de Fabry, jusriconsulte, et Courard, Baron de Haxhe et du Saint Empire, seigneur de Bierset, furent élus bourguemaîtres de la noble Cité de Liège en 1678, le premier pour la troisième fois. Voyez LOYENS, Recueil Héraldique, page 40.

(39) Trouvée à la même place que les précédentes, le 2 juin 1877.

(40) Manus. n° 1165, p. 76, à l'Université de Liège. Th. GOBERT, op. cit. p. 416.

(41) Ibidem.

(42) Délices du Pays de Liège, t. I, p. 192.

(43) Voyez Th. GOBERT. L'ancienne brasserie des Dominicains au Pont-d’Ile à Liège dans Chronique archéologique du pays de Liège, année 1912, page 60.

(44) Cette fontaine fut, démontée en 1870. Elle achève maintenant de se détruire dans la cour du Palais. La colonne de pierre du Perron, monolithe, s'est brisée tout récemnent.

(45) Ce plan a été reconstitué à l'aide de celui d'une partie de l'Isle reproduit dans A. HOCK, Liège au XVe siècle, et dressé en 1780; nous nous sommes servi aussi du plan de Liége, 1ere moitié du XVIIIe siècle (Musée d'Ausembourg) avec frontispice orné représentant les métiers et gravé par Remacle Le Loup. Nous avons également eu recours au plan parcellaire de Liège, levé en 1843 par T. R. Bayet, inspecteur du cadastre et dessiné par J.-J. Jamar, inspecteur des travaux publics de la Ville.

(46) Manuscrit n° 1017, p. 293, à l'Université de Liège - Tu. Gobert,op. cit.. p. 416.

(47) Ces deux bustes sont conservés au Musée archéologique liégeois.

(48) J. HELBIG, Les Reliques et Reliquaires, etc., p. 42.

(49) Th. GOBERT, Les rues de Liège, op. cit.. p. 416.

(50) J. HELBIG, op. cit., p. 39.

(51) A. MICHA. Les peintres célèbres du pays de Liège, p. 79.

(52) Th. GOBERT, op. cit., p. 41.

(53) Ibidem, p. 416.

(54) A. HOCK, Liège au XIXe siècle. La Vie, p. 165. L. BÉTHUNE., Le Vieux Liège, pl. XXIII.

(55) Th. GOBERT, op. cit., p. 147.

(56) Ibidem, p. 147.

(57) Mémoires pour servir à l’Histoire monastique du pays de Liège, par le P. J. B. A. Stéphani, publiés par J. Alexandre, Liège 1877, tome II, p. 110. — J. Helbig, Reliques et Reliquaires, pp. 42 et 43.

(58) J. Helbig, Reliques et Reliquaires, p. 43.

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